Les Discussions du soir - Fondation de L`académie de Médecine

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Les Discussions du soir - Fondation de L`académie de Médecine
10 Médecine & Santé publique
LE QUOTIDIEN DU MÉDECIN
Lundi 12 décembre 2016 – n° 9542
Autotests
Le diagnostic
à l’officine
Fondation de l’Académie de médecine
Un accord stratégique avec le « super AP-HP » de New Delhi
La fondation de l’Académie de
médecine poursuit son dialogue
avec les pays des BRICS, avec la
signature d’un accord-cadre
de partenariat de recherche
avec l’AIIMS, l’équivalent de
l’AP-HP à l’échelle de la ville de
New Delhi. Les académiciens
et les chercheurs espèrent qu’il
s’agit de la première étape pour
réussir à semer quelques cailloux français dans le pré carré
des anglo saxons.
Après l'auto-médication, la
tendance est désormais à l'autodiagnostic avec douze nouveaux
autotests lancés par le laboratoire Mylan pour dépister des
pathologies courantes. Des choix stratégiques
AFP
●●Après l’Académie des sciences
de Russie en juillet dernier, c’est
au tour de l’institut indien des
sciences médical (All India Institute
of Medical Science ou AIIMS), de
conclure un partenariat avec la fondation de l’Académie de médecine.
Reçu à l’occasion du deuxième
forum sur la santé publique et l’innovation organisée par la fondation,
le Pr Mahesh Misra, directeur de l’organisme indien, est venu en France
finaliser deux protocoles d’accords.
Le premier, signé avec le président
de la fondation de l’Académie de
médecine, Jean-Marie Dru, définit la
coopération en matière de maladies infectieuses et de pathologie
cardiovasculaire, tandis que le second porte sur la coopération entre
l’AIIMS, l’oncologue de Toulouse et
l’Institut national du cancer (INCa).
Pour le secrétaie général de la
fondation de l’Académie de médecin,
À ce titre, l’AIIMS est un partenaire de choix. Sorte de fusion entre
un « super AP-HP » et l’INSERM à
l’échelle de New Delhi, il cumule
600 publications scientifiques par
an en moyenne.
La chirurgie, un des points forts
de la formation en Inde
le Dr Yves Juillet, « L’inde est intéressée par notre organisation de la
médecine, plus proche de la leur que
celui de leurs habituels partenaires
anglo saxons. Notre sécurité sociale,
avec son modèle de prise en charge
par l’ensemble de la population est
quelque chose dont ils souhaitent
s’inspirer », explique-t-il.
Des forums sont désormais
organisés une à deux fois par an
pour mettre en relation les acteurs
de la recherche mobilisés par les
deux partenaires. La méthode de
la fondation se veut en effet pragmatique : « plutôt que de signer de
grands accords nationaux, nous
identifions un partenaire sur place,
comme l’AIIMS. On essaye d’être
des "go between", des facilitateurs
de collaborations. Nous favorisons
la mise en place de relations prolongées sur lesquelles les financements
des pouvoirs publics peuvent se
fixer », poursuit le Dr Juillet.
La mise en avant de la concérologie est choix stratégique. En
effet, l’institut indien vient d’investir 250 millions d’euros dans la
construction d’un grand centre de
recherche et de traitement du cancer. Le moment est donc idéal pour
que des Français y placent leurs
billes, à commencer par l’oncolopole de Toulouse qui a fait l’objet
d’une inspection en règle des officiels indiens.
En ce qui concerne les maladies
infectieuses, l’AIIMS a les yeux rivés
sur un certain nombre de sujets où
les Français disposent d’une bonne
expertise : la dengue, les résistances
bactériennes et les infections récentes par des mycobacterium non
tuberculeux.
Selon le Dr Lalit Dar, du département de microbiologie de l’AIIMS,
« nous devons opérer une veille et une
surveillance constante : dès qu’un
nouveau sérotype apparaît ou qu’un
ancien évolue, nous assistons à une
nouvelle épidémie. En 2016, nous observons en outre un retour du chikungunya ».
Damien Coulomb
DR
3 questions au Pr Mahesh Misra,
directeur de l’AIIMS
chaque année avec une capacité en
lits devrait dépasser les 6 000 dans
les années à venir.
Qu’attendez-vous de cet
accord avec la fondation
de l’Académie de médecine ?
Nous avons besoin d’améliorer
la prévention des maladies cardiovasculaires, et souhaitons monter
des cohortes pour comprendre les
mécanismes de l’insuffisance cardiaque chez les populations jeunes.
Des domaines de recherche comme
l’utilisation de cellules souches en
cardiologie ou dans la réparation
des lésions médullaires.
Il faut aussi monter des cohortes
dans le domaine des pathologies
cardiovasculaires ou du cancer :
en Inde 60 % des cancers sont des
cancers oraux causés par le tabac à
mâcher.
L’AIIMS a développé le concept
de la « frugal innovation », de quoi
s’agit-il ?
Les technologies de santé low
cost et la « frugal innovation » sont
les domaines dans lesquels nous tavaillons beaucoup.
L’ i d é e e s t d ’ o r g a n i s e r d e s
échanges entre médecins, ingénieurs, patients, biologistes etc,
afin d’identifier les besoins des
patients et de développer des proto-
types. À chaque étape, nous essayons
de garder à l’esprit qu’ils doivent être
accessibles à « la personne la plus
pauvre du village ». Cette approche
va de la mise au point de dispositifs
médicaux à faible coût de revient à
la production de médicaments génériques de haute qualité comme nous
sommes parvenus à le faire dans le
domaine du VIH.
Les coûts de la santé constituent
une grave problématique. C’est
particulièrement vrai en Inde ou
en Afrique, mais aussi dans des pays
développés comme la France qui
cherchent à pérenniser leurs systèmes de santé.
Propos recueillis par D. C.
David Bilhaut
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Les DRENÉ FRYDAMRADNI / 22H15 - 23H
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LE QUOTIDIEN : Que représente
le All India Institute of Medical
Science (AIIMS) en Inde ?
Pr MAHESH MISRA : Nous sommes
une ancienne institution, établie en
1956, moins de 10 ans après l’indépendance de l’Inde. Le pays avait
besoin de professeurs de médecine,
surtout en dehors des grandes villes,
ainsi que de spécialistes bien formés.
De 10 départements d’origine,
nous sommes passés à 55, avec
500 médecins présents sur le campus, environ 3 000 infirmières et
une faculté qui accueille 2 000 étudiants. Nous pratiquons près de
100 000 opérations de chirurgie
●●Cholestérol, tétanos, infection
urinaire, ménopause, carence en fer,
anomalies de la fonction rénale, infection urinaire, allergie, hypothyroïdie,
pathologies de l'appareil digestif ou de
la prostate…
Le nouveau catalogue d'autotests
« MyTest » de Mylan est large. Vendus
à l'unité à un prix public conseillé
de 15 euros, ces tests affichent des
niveaux de sensibilité et spécificité
variant de 88 à 100 %, indique Agnès
Callies, directrice Marketing chez
Mylan Medical. Lancée dans un premier temps uniquement en France,
cette gamme d'autotests sera disponible exclusivement en officine où
le pharmacien aura à jouer un rôle
majeur puisqu'il lui reviendra d'orienter (ou non) le patient vers tel ou tel
test, après une évaluation précise de
son cas. Un nouveau « service » pour
le pharmacien qui pourra notamment s'appuyer sur un « guide pratique » fourni par Mylan. Le reste de
la « formation » étant dispensé par
les équipes commerciales du laboratoire. Un numéro vert est également
mis en place (08.00.00.12.70) depuis
octobre pour les patients et les professionnels. Une brochure explicative
intitulée « Pour ma santé, je me teste »
sera disponible en pharmacie et dans
les cabinets médicaux (à la demande
des médecins intéressés). Le dispositif d'information va être complété
« début 2017 » par la mise en ligne du
site web « gamme-mylanmytest.fr ».
Du côté de Mylan, pas question
avec ces autotests de déposséder le
médecin de son rôle clé en matière de
diagnostic. Ces produits sont à considérer comme « une nouvelle opportunité d'accès au dépistage » pour
des profils de patients qui « n'iraient
pas consulter spontanément » ou qui
souhaitent être rassurés rapidement
après l'apparition de symptômes.
Ces autotests sont finalement des
« indicateurs » qui doivent orienter - si
nécessaire - vers le praticien adéquat,
insiste Philippe Bayon, directeur
marketing Mylan « automédication ».
Des tests qui pourraient même faire
gagner du temps aux médecins en
les déchargeant de certaines consultations inutiles, glisse-t-il. Mylan va
par ailleurs lancer un test « non-DM »
pour « détecter les usages de cannabis », évoque Agnès Callies.
CHAQUE M
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