Le XVIIIème siècle à l`écran : libertins, libertés

Transcription

Le XVIIIème siècle à l`écran : libertins, libertés
Cycle de films
Du 24 septembre
au 26 février
Auditorium du Louvre
Informations
01 40 20 55 55
www.louvre.fr
Le XVIIIème siècle à l’écran :
libertins, libertés
Programmation
Pascale Raynaud
assistée de
Nanxi Cheng
Casanova d’Alexandre Volkoff © Ciné-Alliance / The Kobal Collection
Réservations
01 40 20 55 00
Le XVIIIème siècle à l’écran :
libertins, libertés
Jean-Honoré Fragonard, Le verrou, 18e siècle, musée du
Louvre © RMN / D.Arnaudet
Les arts et la pensée du siècle des
Lumières constituent une source
d’inspiration généreuse autant qu’un
« magasin d’accessoires » comme l’a
souligné Jean Starobinski, auteur de
« L’invention de la liberté ». Partant de
cet ouvrage majeur, le cycle interroge
l’attrait singulier du cinéma pour un
siècle qui exalte la « pensée du plaisir » et
l’idée de liberté.
L’éclairage porté sur ces liens historiques
et transversaux, sur les anachronismes
et les hybridations, producteurs de
formes nouvelles, sur cette fascination
pour les formes et les idées qui ont
marqué l’Histoire, souligne combien
le cinéma a cherché à accroître, par ses
ressources propres, le pouvoir suggestif
des images et des mots pour construire
des univers d’émotions où triomphent les
bruissements de la volupté et « le frisson
du sublime ».
Si le septième art a plus souvent qu’à son
tour peint « l’image d’un XVIIIe siècle
élégant et frivole, libre de mœurs,
vif d’esprit, voué coupablement et
délicieusement à une fête insouciante »
(Jean Starobinski), il a aussi contribué
à rendre à ce siècle « sa complexité,
sa gravité, son goût des grands principes
et de la table rase ».
Ce cycle de films accompagne – entre
septembre 2010 et février 2011 – la saison
XVIIIème siècle au Louvre, et propose une
sélection de reconstitutions historiques
ou de transpositions modernes, de
« tableaux vivants » ou d’adaptations
d’œuvres littéraires, qui mettent en relief
la filiation des arts.
Vendredi 24 septembre
à 20 h
Duel au pistolet dans
le bois de Chapultepec
Fr., vue Lumière, 1896, réal. Gabriel Veyre,
n. b., 1 min
En introduction au cycle et au film de
Kubrick - dont Michel Ciment évoquait
la parenté avec le cinéma muet - l’une des
premières fictions de l’histoire du cinéma,
réalisée par un opérateur Lumière.
Barry Lyndon
G.-B. /E.-U., 1975, réal. Stanley Kubrick,
coul., 185 min, vostf
d’après Les Mémoires de Barry Lyndon
de William Makepeace Thackeray (1856).
Avec Ryan O’Neal (Redmond Barry),
Marisa Berenson (Lady Lyndon)
Décors : Ken Adams, costumes : Milena
Canonero (qui créera ensuite les costumes
de Marie-Antoinette de Sofia Coppola)
Copie neuve (Warner Bros)
En Irlande au XVIIIème siècle. Le jeune
Redmond Barry est contraint de fuir son
pays après un combat ayant mal tourné.
Il rejoint alors l’armée anglaise puis y
déserte rapidement. Il épouse ensuite la
comtesse de Lyndon… et devient ainsi
Barry Lyndon !
« À moins qu’on ne désire faire un
film irréaliste, il faut rechercher dans
l’éclairage, les décors et les costumes
les conditions premières du réalisme »
(Stanley Kubrick).
Partant de cette recherche de réalisme,
le réalisateur s’inspire de la peinture
anglaise d’époque – paysages et portraits
de Thomas Gainsborough et de Joshua
Reynolds pour les décors et les costumes,
portraits et cycles de William Hogarth
pour la satire sociale, et cherche à restituer
au cinéma l’esthétique et l’esprit du
XVIIIème siècle. Kubrick fait adapter pour
le cinéma un objectif qui, combiné à un
faible éclairage complémentaire venant
du plafond, permet de filmer des scènes
éclairées à la bougie. Pour les scènes de
jour, l’éclairage, naturel ou artificiel,
vient toujours des fenêtres. La musique
est très présente dans le film : « Je crois
bien, déclarait Kubrick, que j’ai chez
moi toute la musique du XVIIIème siècle
enregistrée sur microsillons. J’ai tout
Saison 2010 -11
Cycle de films
Du 24 septembre
au 26 février
où il fonda, avec la troupe Ermoliev la
société Albatros, dirigée par Alexandre
Kamenka, pour laquelle il réalisa un
serial, la Maison du Mystère, et plusieurs
films dont Casanova.
Note biographique
Barry Lyndon de Stanley Kubrick © Warner Bros
écouté avec beaucoup d’attention ».
« Le cinéma doit avoir l’air réaliste
puisque son point de départ est toujours
de faire croire à l’histoire qu’il raconte.
Et c’est aussi une autre espèce de plaisir :
la beauté visuelle et la recréation d’une
époque » (Stanley Kubrick).
Dimanche 26 septembre
à 16 h
Casanova
Fr., 1927, réal. Alexandre Volkoff, 133 min,
muet, n. b. et teinté
avec Ivan Mosjoukine (Casanova),
Suzanne Bianchetti, Diane Karenne
Copie restaurée par la Cinémathèque
française
Film accompagné au piano par
Hervé Niquet
Saison 2010 -11
Cette comédie espiègle et flamboyante est
l’une des premières adaptations à l’écran
des Mémoires de Jacques Casanova de
Seingalt, écrits par lui-même. Entre fêtes
vénitiennes et plaines et palais russes,
on y suit les péripéties du séducteur de
soubrettes et d’impératrices, de Venise
à Saint Pétersbourg en passant par
l’Autriche.
La reconstitution du film a été conduite
en 1985 par la monteuse Renée Lichtig à
partir d’un puzzle composé du négatif et
d’une bobine positive coloriée au pochoir
appartenant à la Cinémathèque française,
du négatif de la version sonore détenu
par Pathé et d’une copie incomplète
prêtée par la Cinémathèque de Prague.
Alexandre Volkoff (1878 ?-1942),
acteur dans des films de Protozanov,
devint réalisateur en 1916 et tourna une
dizaine de films avec Ivan Mosjoukine
en vedette. En 1920, il émigra en France
Hervé Niquet est claveciniste, organiste,
pianiste, chanteur, compositeur, chef de
chœur et chef d’orchestre. En 1987, il a
créé Le Concert Spirituel, avec l’ambition
de redécouvrir les œuvres oubliées du
répertoire baroque français. Il dirige
des orchestres tels que l’Akademie
für Alte Musik Berlin, le Sinfonia
Varsovia, l’Orchestre Philharmonique de
Radio France, le Rias Kammerchor, le
Kammerorchester Basel, avec lesquels il
explore le répertoire du XIXème siècle et
du début du XXème siècle. Régulièrement
invité à diriger des œuvres lyriques,
Hervé Niquet travaille avec des metteurs
en scène tels que Georges Lavaudant,
Jean-Paul Scarpitta, Christoph Marthaler,
Corinne et Gilles Benizio… Durant la
saison 2010-11, Hervé Niquet dirigera
notamment l’Orchestre de l’Opéra de
Rouen / Haute-Normandie, l’Orchestre
de Picardie, le Brussels Philarmonic et
l’Orchestre National de Lyon.
Vendredi 1er octobre
Les mondes de Watteau
Watteau « compose un monde en
rassemblant des éléments dispersés » et
exprime « la mélancolie d’un bonheur de
peindre qui a conscience de se substituer
3
4
Cycle de films
Du 24 septembre
au 26 février
au bonheur de vivre » (Jean Starobinski).
Une proximité avec l’univers illusoire du
cinéma qu’explorent plusieurs réalisateurs.
à 12h30
Fêtes galantes – Watteau
Fr., 1951, réal. Jean Aurel, 16 min,
narrateur Gérard Philippe (prod. Anatole
Dauman – Argos)
Jean Aurel a réalisé des courts-métrages
sur les peintres et la peinture, collaboré
à de nombreux scénarios de René Clair,
de Jacques Becker, François Truffaut. Il
a également réalisé des longs-métrages :
14-18 (1963), Lamiel (1967).
Watteau-Verlaine
Fr., 1953, réal Jean-Marie Drot, 12 min
« La correspondance entre les deux
artistes n’est pas ici le résultat d’un jeu
de l’esprit ; elle a existé. Une rencontre
s’est produite entre le peintre et le poète.
Verlaine encore jeune, fut parmi les
plus fervents à se rendre à cette salle
du Louvre qui avait été ouverte pour
Watteau. Il y vint souvent, séduit et
charmé par les personnages nostalgiques,
comme immobilisés dans leur dernier
geste, prisonniers d’un impénétrable
souvenir. Ces dames et ces seigneurs l’ont
inspiré dans Les Fêtes Galantes et dans
Jadis et Naguère ; ils l’ont aidé à passer
de la forme parnassienne à la musicalité
subtile qui caractérise son œuvre. Il y a ici
influence d’un peintre sur un poète ».
Pèlerinage à Cythère.
La fête galante
à 14 h 30
Les Liaisons dangereuses
Fr., 1995, réal. Alain Jaubert, 30 min, coul.
(Palettes)
Fr., 1980, réal. Charles Brabant, coul.,
132 min
d’après l’œuvre de Choderlos de Laclos
(1782)
Avec Jean Négroni (Choderlos de Laclos),
Claude Degliame (Marquise de Merteuil),
Jean Pierre Bouvier (Vicomte de Valmont),
Maïa Simon (Présidente de Tourvel),
Féodor Atkine (Prevan)
« Avec La Joconde, Le Concert Champêtre
ou Les Noces de Cana, ce tableau de
Watteau est une des gloires du musée
du Louvre. Vanté par Vivant-Denon,
Baudelaire, Nerval, Gautier, Verlaine,
Michelet, Rodin, Proust, copié par
d’innombrables peintres, sans cesse
commenté, il est à la fois une légende et
une utopie.
Peint par Watteau en 1717, répété sous
une forme légèrement différente un peu
plus tard (cette seconde version est au
château de Charlottenberg à Berlin),
Le Pèlerinage à l’île de Cythère
appartient au cycle des Conversations
galantes dans lequel le peintre de
Valenciennes a donné le meilleur de luimême. Tableau mystérieux (que fontils ? où vont-ils ?), il suscite un grand
nombre de questions et des réponses
tout aussi variées ».
Samedi 2 octobre
Liaisons dangereuses
Aux adaptations cinématographiques
célèbres et maintes fois présentées – celles
de Roger Vadim (Les Liaisons dangereuses,
1959), de Stephen Frears (Dangerous
Liaisons, 1988) et de Milos Forman
(Valmont, 1989), – ont été préférées deux
versions plus rares.
Laclos, dans sa cellule. Dans
l’imagination hantée de l’écrivain
emprisonné en 1793, revivent les
personnages des Liaisons dangereuses ;
les aventures libertines du vicomte de
Valmont et de la marquise de Merteuil,
à laquelle Laclos se retrouve confronté ;
l’écrivain et son héroïne, défigurée par la
petite vérole, dialoguent sur les thèmes
du libertinage, de l’amour et parlent de la
Révolution en cours.
« Brabant introduit, à l’intérieur même
du récit, la présence de l’auteur, incarné
par un comédien. Avec perspicacité, il
pense qu’en la solitude de sa maison,
le téléspectateur a besoin de s’identifier
à un « double », un personnage qui lui
ressemble et pourtant le magnifie » (JeanMarie Drot).
Note biographique
Charles Brabant réalisa pour le cinéma,
dans les années 50, la Putain respectueuse
(1952) d’après la pièce de Jean-Paul
Sartre, ou encore Carillons sans joie (1961).
En 1958, il rejoignit la première famille
Saison 2010 -11
Cycle de films
Du 24 septembre
au 26 février
Untold Scandal
d’E J-Yong © bom
Film Productions
Dimanche 3 octobre
à 14 h 30
La Fête ou l’invention
de la liberté
Fr., 1975, réal. Charles Brabant, coul.,
82 min
Conseillers artistiques Jean Starobinski
et Charles Ravier.
d’auteurs-réalisateurs de la Télévision
française. Il réalisa des « enquêtes sociales »,
des documentaires et des fictions. Charles
Brabant fut également le fondateur et deux
fois président de la Scam
à 17 h
Untold Scandal
Corée du Sud, 2003, réal. E J-yong
(Je-yong Lee), coul., 123 min, vostf
Avec Bae Yong-jun (Jo-won), Lee Mi-sook
(Lady Cho), Jeon Do-yeon (Lady Sook),
Cho Hyeon-jae (Kwon In-ho), Lee Soh-yeon
(Soh-ok)
Prix du meilleur réalisateur et de la
meilleure musique au Festival international
du film de Shanghaï 2004.
Prix du meilleur espoir masculin pour
Bae Yong-jun aux Blue Dragon Film Awards
en 2003.
Saison 2010 -11
L’intrigue d’Untold Scandal se situe dans
le milieu de l’aristocratie coréenne du
XVIIIème siècle, à la fin de la dynastie
Chosun. Lady Cho propose à son jeune
cousin, Jo-won, de déflorer l’innocente
Soh-ok, qui doit devenir la concubine de
son mari. Mais l’attention de Jo-won se
porte sur la gracieuse et réservée Lady
Sook, fervente catholique. Séduire cette
chaste jeune femme, célibataire depuis
la mort de son mari neuf ans plus tôt,
devient alors une véritable obsession.
En utilisant de la musique baroque pour
un drame historique coréen et en mêlant
érotisme élégant et nouveau regard sur la
culture Chosun, le réalisateur
E J-yong (An Affair, 1998) a joué sur
les anachronismes et cherché à briser
les clichés.
Le film – qui, selon Jean-Marie
Drot, brise « le moule traditionnel du
documentaire » – fait naturellement
référence à l’ouvrage de Jean Starobinski,
paru en 19641, et notamment au
chapitre intitulé L’inquiétude et la fête.
Starobinski y analyse comment, « des
fêtes galantes aux fêtes de la Révolution,
les transformations intérieures du siècle
se lisent dans les changements que subit
la cérémonie plurielle du plaisir »
à 16 h 30
Don Giovanni
Fr. /It. /All., 1979, réal. Joseph Losey, coul.,
185 min
Avec Ruggero Raimondi (Don Giovanni),
Kiri Te Kanawa (Donna Elvira), José van
Dam (Leporello), Terèsa Berganza (Zerlina),
Edda Moser (Donna Anna)
Scénario : Joseph Losey, Patricia Losey,
Frantz Salieri d’après le livret de Lorenzo
Da Ponte. Directeur artistique : Alexandre
Trauner. Direction musicale : Lorin Maazel
L’un des objectifs principaux du film
était de rendre la musique de Mozart
« accessible au plus vaste public populaire
5
6
Cycle de films
Du 24 septembre
au 26 février
possible, à tous ceux qui aiment l’opéra
et peuvent rarement se permettre de le
voir ou de l’entendre sur scène2 ». Joseph
Losey décida d’emblée de créer une
nouvelle forme – faire « un film d’un
opéra » et non « filmer une représentation
de cet opéra » : « Nous nous lançons le
défi de faire quelque chose d’entièrement
différent : un véritable film raconté en
langage cinématographique, se déroulant
dans des décors réels, avec des gens
jouant une histoire réelle exprimée
cinématographiquement et en paroles,
aussi bien qu’en musique3 ».
Le film fut tourné en majeure partie
à Venise, à Vicence et dans plusieurs
villas palladiennes. En effet, selon
Joseph Losey, on pouvait détecter
mathématiquement chez Mozart « les
lignes classiques et mathématiques de
Palladio » et l’idée de Rolf Liebermann
de rapprocher le XVIe siècle de Palladio
et le XVIIIe siècle de Mozart, « époques
troublées […] et néo-classiques » était
« parfaitement juste donc géniale ».
L’intention de confronter les époques fut
également à l’œuvre dans les références
à la peinture italienne des XVe et XVIe
siècles : « J’ai pensé, indiquait Losey, pour
les costumes, aux couleurs de Masaccio,
dans une tentative de neutralité et de
sobriété. Pour la lumière extérieure, la
référence était Giorgione ».
La confrontation des époques et des
genres donne au film de Losey un
caractère novateur : « Don Giovanni est
à mon avis une œuvre moderne. J’espère
que nous pourrons le démontrer4 ».
« Héroïnes paradoxales 5 »
« La femme règne (on lui fait croire
qu’elle règne). C’est autour d’elle que
flotte la promesse du bonheur. Mais sa
situation est ambigüe. Pour quelquesunes qui sont maîtresses d’elles-mêmes,
qui imposent respect par leur esprit
et leur science, combien d’autres, en
revanche, que l’on traite en objets :
enfermées dans des couvents, mariées
contre leur gré, conquises par ruse6. »
Samedi 9 octobre
à 14 h
Film présenté par Antoine de Baecque,
historien et critique de cinéma
Suzanne Simonin.
« La Religieuse »
de Denis Diderot
Fr., 1966, de Jacques Rivette, 135 min
avec Anna Karina (Suzanne Simonin),
Liselotte Pulver (madame de Chelles),
Micheline Presle (madame de Moni),
Francisco Rabal (Dom Morel), Yori Bertin
(sœur Sainte-Thérèse), Francine Bergé
(sœur Sainte-Christine)
Don Giovanni
de Joseph Losey
© Gaumont
En 1760 Diderot décrivait, sur un
mode épistolaire, le sort de l’infortunée
Suzanne Simonin qui, alors que ses
deux sœurs avaient été richement dotées,
fut contrainte par ses parents d’entrer
au couvent. Elle allait se retrouver
confrontée à la cruauté d’une abbesse et
aux avances d’une autre.
Saison 2010 -11
Cycle de films
Du 24 septembre
au 26 février
Avant de faire l’objet d’un film
La Religieuse fut adaptée pour le théâtre
en 1959 par Jean Gruault. C’est d’ailleurs
à partir de la pièce que, répondant à la
proposition du producteur Georges de
Beauregard, Jean Gruault et Jacques
Rivette écrivirent le scénario du film.
Malgré l’accord de la pré-censure et
deux avis favorables de la Commission
de contrôle cinématographique, le film
fut interdit au motif qu’il était de nature
à « heurter gravement les consciences
d’une très large partie de la population ».
L’interdiction entraîna de vives réactions
dans le monde de la culture : manifeste –
« des 1789 » – pétitions, questions orales
à l’Assemblée nationale, campagnes
de presse, déclarations des cinéastes de
la Nouvelle Vague, s’enchaînèrent. Le
Tribunal administratif de Paris finit
par annuler la décision ministérielle
et le film, ayant enfin obtenu son visa
d’exploitation, sortit à Paris le 26 juillet
1967 et rencontra un énorme succès.
Pour Jean-Louis Leutrat, Rivette
« propose une lecture attentive de
Diderot » en suivant le fil général de
l’intrigue tout en imposant une distance
toute bressonienne, et donne à l’histoire
une « coloration visuelle et sonore ».
Traversé par un souffle rythmique, les
scènes s’enchaînant de manière simple et
parfaite, le film est « le plus japonais de
Rivette », « comme la transposition d’un
art de la calligraphie ».
Film interdit aux moins de 18 ans lors de
sa sortie.
Saison 2010 -11
à 17 h
Manon
Fr., 1948, réal. Henri-Georges Clouzot,
110 min
Avec Serge Reggiani (Leon Lescaut),
Michel Auclair (Robert Dégrieux), Cécile
Aubry (Manon Lescaut), Andrex (le
trafiquant), Raymond Souplex (M. Paul),
Michel Bouquet.
D’après Histoire du Chevalier Desgrieux et
de Manon Lescaut de l’abbé Prévost
Lion d’Or à Venise en 1949
Juin 1944. Lors de la Libération d’une
petite ville normande, le jeune F.F.I.
Robert Desgrieux (Michel Auclair)
déserte, vole une jeep et enlève Manon
Lescault (Cécile Aubry), une fille facile
condamnée par la rumeur publique.
Ils fuient tous les deux à Paris où ils
retrouvent Léon (Serge Reggiani), frère
de Manon, un garçon qui gagne sa vie
grâce au marché noir et aux faveurs de
Monsieur Paul (Raymond Souplex), un
richissime trafiquant.
« Je cherchais une histoire sur les
jeunes dans la guerre et dans l’aprèsguerre » écrit Clouzot. Dans un
train qui le conduit à Bordeaux, une
image s’impose : celle d’une femme
cherchant un homme dans un train.
Plus tard, en rangeant sa bibliothèque
son regard s’arrête sur le roman de
l’abbé Prévost, qui l’avait « terriblement
frappé » quand il avait douze ans.
« Immédiatement, il comprend qu’il
a trouvé le vecteur romanesque idéal
pour brosser, presque à chaud, un
portrait précis et sans concession de ses
contemporains7 ». Manon n’en respecte
pas moins l’esprit de l’œuvre de Prévost.
« Prévost, souligne Clouzot, n’a pas
écrit un roman historique ; il a tracé
une étude de mœurs contemporaines.
Les milieux qu’il a dépeints au cours
de son intrigue n’existent plus et leur
évocation n’offrirait guère qu’un intérêt
rétrospectif. Mais si les ressorts qui
faisaient mouvoir ses personnages, si les
circonstances qui pouvaient les pousser
à agir en tel ou tel sens, ont changé,
les rapports de force entre ressorts et
circonstances correspondant à notre
époque doivent être demeurés les mêmes.
En somme, je me suis livré au jeu de me
demander ce que seraient, ce que feraient
de nos jours et très précisément en 1944,
au lendemain de la Libération, une
Manon, un Desgrieux, un Lescaut8 ».
Ce film au réalisme sombre et au style
magistral, « étrange et magnifique
orchidée qui s’épanouit sur le fumier de
l’après-guerre » (Libération), renferme
pour Ado Kyrou l’une des plus belles
scènes d’amour du cinéma9.
Dimanche 10 octobre
à 14 h 30
Une Aventure secrète
de Marie-Antoinette
Fr., 1910, Camille de Morlhon, 10 min
Copie restaurée AFF - CNC / Pathé
Production
1780, le jour du carnaval, MarieAntoinette accompagnée d’une
chambrière, se rend discrètement au
7
Cycle de films
Du 24 septembre
au 26 février
8
Bal de l’Opéra. Toutes deux masquées,
bien enveloppées dans leurs dominos,
jouissent de leur équipée, lorsqu’un
masque, prenant la reine par la taille,
cherche un baiser…
Camille de Morlhon (1869-1952)
a tourné pour Pathé plus d’une
centaine de films, dont de nombreuses
reconstitutions historiques. Il fut l’un des
premiers cinéastes à signer ses films et à
revendiquer le statut d’auteur (il crée en
1917 la Société des Auteurs de Films).
Marie-Antoinette
E.-U., 2006, réal. Sofia Coppola, 123 min
D’après le roman « Marie-Antoinette »
d’Antonia Fraser
Décors : K.K. Barrett, photo : Lance
Acord, costumes : Milena Canonero (qui
a également créé les costumes de Barry
Lyndon).
Musique : Jean-Philippe Rameau, Air,
The Cure, New Order, Phoenix,
Adam and the Ants, Bow Wow Wow,
Siouxsie and the Banshees…
Avec Kirsten Dunst (Marie-Antoinette),
Jason Schwartzman (Louis XVI),
Judy Davis (Comtesse de Noailles),
Marianne Faithfull (Marie-Thérèse
d’Autriche), Aurore Clément (Duchesse
de Chartres), Asia Argento (Comtesse du
Barry), Phoenix (Les musiciens du Petit
Trianon), Mathieu Amalric (Un homme au
bal masqué)…
Au sortir de l’adolescence, une jeune fille
découvre un monde hostile et codifié,
un univers frivole où chacun observe et
Marie-Antoinette de Sofia Coppola © Pathé
juge l’autre sans aménité. Mariée à un
homme maladroit qui la délaisse, elle
est rapidement lassée par les devoirs
de représentation qu’on lui impose.
Elle s’évade dans l’ivresse de la fête et
les plaisirs des sens pour réinventer un
monde à elle. Y a-t-il un prix à payer à
chercher le bonheur que certains vous
refusent ?
Jouant sur les anachronismes, Sofia
Coppola évoque très librement, sur fond
de musique New Wave, la vie de MarieAntoinette et la cour de Louis XVI au
château de Versailles. Inspirée par le
côté décadent, libre et irrespectueux
de Lisztomania (Ken Russell, 1975) –
qui retraçait l’histoire de Franz Liszt,
interprété par Roger Daltrey du groupe
The Who – Sofia Coppola a adopté
un point de vue purement ludique
qu’elle trouvait « en adéquation avec les
personnages adolescents » : « Pour moi,
Marie-Antoinette restait, avant tout, le
symbole d’un style de vie totalement
décadent. Je ne me rendais pas compte à
quel point ces gens, qui étaient appelés
à gouverner un pays, n’étaient en fait
que des jeunes adolescents. Le quotidien
au château de Versailles, c’est donc
aussi, pour ces adolescents, une forme
d’apprentissage dans un environnement
tendu et difficile. C’est cette position et
la complexité du personnage de MarieAntoinette qui m’ont intéressée […] Je
ne voulais pas faire de grande fresque
historique. J’étais plus intéressée par la
recherche du propre point de vue de la
jeune fille ». (Sofia Coppola)
« Résolument anachronique et
actualisante, écrit Martial Poirson, la
Saison 2010 -11
Cycle de films
Du 24 septembre
au 26 février
perspective adoptée par ce film qui
interroge de façon iconoclaste le rapport
entre cinéma et Histoire a le mérite de
révéler, en les télescopant, non seulement
les ambiguïtés de la figure de la reine
déchue, mais encore les ambivalences du
regard cinématographique sur un siècle
dont l’héritage fait, plus que jamais,
peut-être, débat aujourd’hui10 ».
à 17 h
Le bain des dames
de la cour
Fr., 1904, 1 min 14, prod. Pathé
Copie restaurée AFF - CNC
Scène grivoise
Justine ou les infortunes
de la vertu
It./All./E.-U./Liecht., 1967, coul., 119 min,
vostf
Film d’aventures « érotique » de Jésus
Franco d’après « Les infortunes de la
vertu » de Sade
Avec Romina Power (Justine), Maria Rohm
(Juliette), Klaus Kinski (Marquis de Sade),
Jack Palance (Antonin), Howard Vernon
(Clément), Akim Tamiroff (Du Harpin)
À la mort de leurs parents Justine et sa
sœur Juliette sont renvoyées du couvent
où elles étaient placées. Très vite Juliette
prend pension dans une maison close
tandis que Justine affronte bien des
épreuves pour sauvegarder sa vertu…
Auteur de près de 200 films, le réalisateur
Jess Franco a réalisé plusieurs adaptations
Saison 2010 -11
de l’œuvre de Sade : Justine ou les
infortunes de la vertu est le premier
d’une série de cinq films comprenant
Juliette (1969) (film inachevé), Eugénie de
Sade (tourné en 1969 mais sorti en 1975),
Les inassouvies (1970) et Plaisir à trois
(1974), adaptations de « La philosophie
dans le boudoir ».
Prenant le relais de la peinture et de
la littérature, le cinéma s’empare de la
Révolution pour en tirer des œuvres
d’une grande force esthétique ou
idéologique, décrivant un Paris dans
la tourmente ou évoquant, à travers le
siècle des Lumières, les révolutions du
XXe siècle .
Justine ou les infortunes de la vertu,
version cinématographique édulcorée
des « Infortunes de la vertu », est
emblématique des tensions qui peuvent
naître entre réalisation et production et
modifier profondément l’esprit d’un film.
Alors qu’il a en tête une œuvre sombre,
sulfureuse et perverse, le cinéaste se voit
imposer par les financiers pour le rôle de
Justine la fille de Tyrone Power, Romina,
alors seulement âgée de 17 ans, ce qui le
contraint à remanier profondément son
script.
Samedi 19 février
Copie de la Cinémathèque Suisse.
Version intégrale (« director’s cut »).
Film interdit aux moins de 18 ans lors
de sa sortie en France.
Fr., 2001, Eric Rohmer, coul. 129 min
Avec Lucy Russell (Grace Elliott),
Jean-Claude Dreyfus (Le Duc d’Orléans),
François Marthouret (Dumourier)
D’après Journal of my life during
the french revolution, de Grace Elliott
(1859)
Justine ou les infortunes de la vertu de Jess Franco ©
1968 Etablissement Sargon, Vaduz Liechtenchtein
Paris dans la tourmente
à 14 h 30
Le Roi du maquillage
Fr., 1904, Georges Méliès, 2 min
Méliès se transforme devant un décor
représentant Paris.
L’Anglaise et le duc
Sous la Révolution la vie périlleuse
d’une belle Anglaise royaliste résidant en
France, et ses relations, tantôt tendres,
tantôt orageuses, avec le duc d’Orléans,
cousin de Louis XVI, mais acquis aux
idées révolutionnaires. Elle parvient à le
persuader de l’aider à sauver un proscrit,
mais non à le dissuader de voter la mort
du roi.
9
10
Cycle de films
Du 24 septembre
au 26 février
Troisième film historique d’Eric
Rohmer – après La Marquise d’O et
Perceval le Gallois – L’Anglaise et le Duc
est né de la découverte d’un Journal,
celui commencé le 14 juillet 1789 par
Grace Elliott, Anglaise maîtresse du
duc d’Orléans, et du désir de partir
de son point de vue pour « peindre »
Paris pendant la Révolution : un Paris
intime, l’appartement paisible de la
jeune femme, et un Paris public, en
pleine tourmente révolutionnaire.
« Pour qui veut faire un film, précise le
réalisateur, la moindre impression d’un
témoin du temps sera plus véridique
que la recherche la plus poussée des
historiens ». Eric Rohmer, qui « aime
contribuer à entretenir chez le public le
goût de l’histoire », souhaite reconstituer
un Paris authentique, tel que le décrit
Grace Elliott dans son journal : la
place Louis XV (actuelle place de la
Concorde), la rue Saint-Honoré…
L’opération s’avérant impossible à
réaliser en studio ou en décors naturels,
le cinéaste aura l’idée d’incruster les
personnages – un procédé mis au
point par Méliès – sur des peintures.
37 tableaux, réalisés par Jean-Baptiste
Marot, vont donc constituer les décors
du film, une prouesse rendue possible
grâce aux techniques numériques.
Le Livre noir
(Reign of Terror)
à 17 h
Mort de Robespierre ;
Mort de Marat
Le Livre noir, à l’instar de bien des
productions hollywoodiennes, n’échappe
pas à cet imaginaire. Film sombre à
l’esthétique expressionniste poussée,
comme le souligne Lorenzo Codelli,
peuplé de personnages qui « cachent
quelque chose », « accumulation
Fr., vues Lumière, Alexandre Promio Georges Hatot, 1897, 2 x 1 min
E.-U., 1949, réal. Anthony Mann, n. b.,
89 min, vostf
Avec Robert Cummings, Arlene Dahl,
Richard Basehart, Richard Hart,
Russ Tamblyn
Un agent secret au service des contrerévolutionnaires doit retrouver le livre
noir dans lequel Robespierre consigne le
nom de ses victimes afin d’entraîner sa
chute.
Le cinéma américain n’a bien souvent
retenu de la Révolution française que
la Terreur, comme le révèle le titre
original de ce film « historique ». Une
certaine « conscience critique contrerévolutionnaire des ravages supposés
des Lumières radicales, souligne
Martial Poirson, a forgé son cortège de
héros paradoxaux : aristocrates en exil,
chouans spoliés, bourgeois désavoués,
ou monarques destitués constituant
les fondements d’un imaginaire
conservateur, voire franchement
réactionnaire, qui n’a pas peu influé
sur la perception cinématographique
contemporaine de la Révolution
française11 ».
de visages déformés, de monstres
épouvantables, grotesques, absurdes », il
dessine une capitale française infernale,
sans issue. Pièges, miroirs qui recèlent
des cloisons mobiles, prisons souterraines,
l’étouffant Café des Morts vivants : on
ne peut en sortir qu’en fourrant la
tête, comme le font les protagonistes, à
l’intérieur de la caméra12 ».
Dimanche 20 février
Révolution(s)
à 14h30
La Marseillaise
Fr., 1907, Production Georges Mendel
Chanté par M. Noté de l’Opéra.
La Marseillaise
Fr., 1938, réal. Jean Renoir, n. b., 135 min
avec Louis Jouvet (Roederer),
Lise Delamare (Marie-Antoinette),
Pierre Renoir (Louis XVI)
À Marseille, le 2 juillet 1792, à la veille
de la publication du Manifeste de
Brunswick, un bataillon de cinq cents
volontaires, les Fédérés, se met en marche
pour Paris.
En 1936 Jean Renoir ne cache pas ses
sympathies pour le Front Populaire. Le
projet du film est impulsé par la gauche
unie, puis par la C.G.T. « Le meilleur
sujet, confie Renoir à L’Avant-Garde au
Saison 2010 -11
Cycle de films
Du 24 septembre
au 26 février
printemps 1937, serait la vie actuelle :
la victoire de mai, les grèves de juin…
Ce serait magnifique, mais le film ne
sortirait jamais. Alors, nous nous sommes
rabattus sur l’époque qui offrait le plus
de similitude avec la nôtre : la Révolution
française ».
La grande idée de La Marseillaise, souligne
Charlotte Garson, est de faire « un film
sans vedettes, la fresque bigarrée et
cinématographiquement égalitaire de
la naissance d’une nation. Ce ne sont
pas Danton, Robespierre ou Marat qui
l’intéressent mais les anonymes : un
douanier, un maçon, un paysan qui
s’engagent dans un bataillon de fédérés
à Marseille et marchent sur Paris au
moment où le Manifeste de Brunswick
menace de massacrer le peuple parisien
s’il touche à la famille royale ». Renoir
brosse, dans ce film « construit comme un
western » selon François Truffaut, « tout
un monde, plaidant pour toutes les causes,
avec cette objectivité, cette générosité, cette
domination intelligente que nul ne lui a
jamais contesté ».
à 17 h
Danton
Fr./ Pol., 1983, réal. Andrzej Wajda, coul.
136 min, vostf
Avec Gérard Depardieu (Danton),
Wojciech Pszoniak (Robespierre),
Patrice Chéreau (Camille Desmoulins),
Roger Planchon (Fouquier-Tinville),
Angela Winkler (Lucile Desmoulins)
Césars du meilleur film, meilleur
réalisateur et meilleur acteur.
Prix Louis-Delluc.
Saison 2010 -11
11
Danton d’Andrzej Wajda © Gaumont
1794. Danton, « sur la touche » depuis
juillet 1793, tente, aidé par Camille
Desmoulins, de freiner la Terreur
mais se heurte à l’intransigeance de
« L’Incorruptible » Robespierre.
Selon Andrzej Wajda la Révolution
Française a toujours eu un grand écho
en Pologne. Le cinéaste s’est intéressé
au personnage de Danton lorsqu’il a
entrepris, en 1975, la mise en scène
au théâtre de « L’affaire Danton »
de Stanislawa Prybyszewska. À
travers l’évocation de la Terreur, et de
l’opposition entre Danton et Robespierre,
se dresse en filigrane un tableau de
la Pologne en 1982 et du combat de
Solidarnosc emmené par Lech Walesa.
« Je n’aurais pas pu imaginer cela à un
tel point, écrit Andrzej Wajda à ce sujet,
car lorsqu’on veut faire un film sur la
révolution, il faut répondre à la question :
- À quoi ressemble la révolution ?…
Sinon, on fait un film à costumes ».
Notes
1- Jean Starobinski, L’invention de la
liberté. 1700-1789 suivi de Les emblèmes
de la raison, Gallimard, [1964] 2006
2- Joseph Losey. L’oeil du maître, textes
réunis et présentés par Michel Ciment,
Lyon : Institut Lumière / Arles : Actes
Sud, 1994
3- Ibid.
4- Ibid.
5- Ce titre fait référence à l’article de
Martial Poirson, « Marie-Antoinette,
héroïne paradoxale d’une fiction
patrimoniale contrariée », in Laurence
Schifano et Martial Poirson (dir.), Filmer
le 18e siècle, Paris, Desjonquères, 2009
6- Jean Starobinski, op. cit.
7- José-Louis Bocquet et Marc Godin,
Clouzot cinéaste, Horizon Illimité, 2002
8- H.-G. Clouzot in José-Louis Bocquet
et Marc Godin, op. cit.
9- Ado Kyrou, Le Surréalisme au cinéma,
in José-Louis Bocquet et Marc Godin,
op. cit.
10- Martial Poirson, « Marie-Antoinette,
héroïne paradoxale d’une fiction
patrimoniale contrariée », in Laurence
Schifano et Martial Poirson (dir.), op. cit.
11- Ibid.
12- Lorenzo Codelli, « Pages arrachées
au Livre noir », dossier Anthony Mann,
Positif n° 527, janvier 2005
Salle audiovisuelle
Remerciements :
Hervé Niquet, Antoine de Baecque, Anne Smadja
(Warner Bros), Julie Pearce (British Film Institute),
Emilie Cauquy et Samantha Leroy (Cinémathèque
française), Eve-Marie Cloquet (Scam),
Stéphane Derdérian (Liliom Audiovisuel),
André Schäublin (Cinémathèque suisse), Ellen Kim
(bom Film Productions), Claude Diouri (Coopérative
Nouveau Cinéma), Hermine Cognie (Archives
françaises du film du CNC), Nathalie Morena
(Association frères Lumière), Maria Chiba (Lobster
Films), Alexandre Hemardinquer, Aude Massiet
du Biest, Céline Benezeth, Gaumont, Pathé, Mk2,
Tamasa Distribution, Les Films du Jeudi, Ina, Arte.
Les samedis
12, 19 et 26 février 2011
à partir de 10 h
Les Nuits Révolutionnaires
Fr., 1975, réal. Charles Brabant
Télésuite française en sept épisodes d’une
heure, d’après le roman Les Nuits de Paris
ou Le Spectateur nocturne (1788-1794) de
Nicolas Restif de la Bretonne
1. Le spectateur nocturne
2. Les deux n’en font qu’une
3. La Fête glorieuse
4. Bouchers de la liberté
5. Chute : nuits du 9 au 10 août et du 10
au 11 août 1792
6. La mort d’un père
7. La part de l’ombre: nuit du 31 mai au
1er juin - nuit du 1er juin au 2 juin 1793
Avec Michel Aumont (Restif de La
Bretonne), Michel Bouquet (Vilain,
l’usurier), María Casares (La Murène),
Isabelle Gélinas (Agnès / Julie), Guillaume
de Tonquédec (François), Gérard
Desarthe (Renaud de la Grimière), Daniel
Mesguich (L’homme inconnu), Bernard
Fresson (Le Bull)…
Au XVIIIe siècle un curieux insomniaque
déambule, nuit après nuit, dans les rues
de la capitale.
Les Nuits de Paris ou Le Spectateur
nocturne fut publié en trois fois, en 1788,
1790 et 1794. Aux yeux de leur auteur,
Restif de la Bretonne, ces Nuits étaient
« une de ces productions majeures, une
de ces vastes compositions destinées à
peindre les mœurs d’une nation ».

Documents pareils