dimanche 24 août 2014 Prix : Un sourire d`heureux Le festival

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dimanche 24 août 2014 Prix : Un sourire d`heureux Le festival
N°34
dimanche 24 août 2014
Prix : Un sourire d’heureux
EDITO
Le festival touche à sa fin. Cinq jours de festival soit
presque 120 heures ensembles ! Nous avons créé
des souvenirs, partagé des voyages et des émotions.
Après tous nos découvertes insulaires, tous ces films
marquants, retour dans notre quotidien les yeux remplis d’images et l’esprit enrichi. Nous avons navigué
au travers des îles grecques pour découvrir d’autres
réalités et nous pousser à être des acteurs plus que
des spectateurs. Cette fin de festival n’est que le
début d’une autre histoire, insulaire ou terrienne, à
écrire.
Le festival est aussi humain et nous autres, simples
journalistes, sortons changés de cette aventure grécogroisillonne. Après cette semaine passée loin de
chez nous, à nous délecter de beurre et de vent salés,
nous avons le sentiment d’avoir fait une véritable
découverte, un trésor : cette île et son dépaysement,
ce festival et sa richesse, tous ces gens et leur bonne
humeur. Nous en sommes devenus iliens, du moins
presque …. Et comme il a été dit au cours d’un
spectacle « Groix c’est mieux que Las Vegas. »
Nous tenons à tous vous remercier d’avoir pris part
au spectacle : d’avoir visionné et pensé avec nous.
Ce n’est pas un adieu mais un au revoir : à l’année
prochaine !
Programme
12h30, remise des prix.
14h30, à Port Lay 2 : « D’ïle en île » documentaire
réalisé par Maylen Villaverde.
Focus sur les pêcheurs des îes du Ponant et d’ailleurs
à partir de 18h30 à Port Lay.
Fin du festival en musique : à partir de 19h à Port
Lay.
Et n’oubliez pas d’ouvrir grands les yeux, et les
oreilles, pour les derniers impromptus circassiens.
Thé ou Café ?
Le thé, est aujourd’hui la boisson
la plus bue au monde après l’eau
et avant le café. Ainsi, le FIFIG
dispose de son propre salon de
thé entre découvertes, exposition
set détente. Un accueil chaleureux est reservé à ceux qui s’y
presentent. Entre les soupirs de
Rosalie, le regard bleu assassin
de Marie et le sourire pervers de
Loïse, laissez vous aller dans un
transat et degustez un doux thé
vert au riz soufflé ou plus corsé,
un « tonnerre de Brest» accompagné de biscuits de l’île de Groix
venu tout droit de Ti Dudi Breizh.
Le thé peut prendre des formes
très diverses: additionné de lait
et de sucre au Royaume-Uni, longuement bouilli avec des épices
en mongolie, préparé dans de
minuscules théières en Chine ou
battu comme au japon... Le thé
n’est pas originellement un produit insulaire mais il est l’exemple
parfait du produit transculturel qui
outrepasse les frontières et à ce titre, il a sa place
sur l’Île.
PS : Le salon de thé est actuellement à la recherche
d’un couple de plateaux fugueurs.
La vérité sort de la
bouche des
enfants….
Nous avons rencontré Marin, porte-parole du jury
jeune lors de la remise des prix. Malgré nos tentatives
d’intimidation, il n’a pas voulu nous dévoiler le résultat de leurs votes mais il a accepté de discuter avec
nous.
Il voulait aider le festival, il a été recruté dans le jury
jeune avec pour mission de visionner des films et d’en
Aimé Césaire : un
cri audible mais pas
forcément entendu
Hier était diffusé le film Cahier d’un retour : le cri
d’Aimé Césaire. Un appel de cet écrivain qui se re-
vendique « nègre » pour l’indépendance de son île :
la Martinique. Ce livre a maintenant presque 70 ans.
Retour sur la genèse de cette œuvre majeure du
XXème siècle, cette bombe venue des îles pour crier
: nous sommes « nègres » mais
nous pouvons et nous devons
penser par nous mêmes ! Un
souffle de la liberté des « nègres
», qu’ils soient Africains, Martiniquais ou autres. Un pavé dans
la mare, qui dépasse le cadre
de l’île. L’œuvre universelle dont
parle Kazantsakis. Un appel qui
cependant résonne peu sur la
Martinique, qui ne l’entend pas.
Cette île souhaite seulement être
française. Déception des réalisatrices. Une torpeur insupportable.
Un peuple prêt à abandonner
son histoire, son particularisme.
Il faut parler de Césaire. Il faut
parler de son Cahier d’un retour
au pays natal.
débattre afin d’en choisir un. Expérience non traumatisante car il souhaite la renouveler. En tout, les
jeunes ont vu 18 films, courts-métrages compris. Ils
se retrouvaient à 10h pour assister aux séances qui
se poursuivaient par des débats. En effet, le but n’est
pas seulement de voir le film mais d’y réfléchir et de
découvrir que le cinéma ce n’est pas qu’une histoire
agréable à voir.
Ils ont acquis des connaissances nouvelles qu’ils
pourront exporter hors des murs du festival auprès de
leurs copains et de leur famille…et en futurs adultes,
ils ont eu de houleuses discussions pour se mettre
d’accord sur un choix.
THEODORIS : Sa
vie dans les îles
grecques :
Principal protagoniste du documentaire « Little Land »,
Théodoris a accepté de répondre aux questions de l’îlot
« à la grecque » : une bière à la main sur la terrasse du
kiosque. Nous n’oublierons pas de remercier Mathilde
pour son aide, sa traduction et son complément d’information fort utile pour comprendre la vie de ce nouvel insulaire. Sa vie est atypique. Ce natif d’Athènes, dix millions
d’habitants, soit la moitié de la population Grecque, est à
la base programmateur informatique dans la capitale. Mais
l’ambiance ne lui plait plus. Il se sent mal à Athènes. Sa
solution : tout quitter pour changer de vie. Se trouver un refuge, une île. Et pas n’importe laquelle : Ikaria, 7 000 habitants, une île très particulière : Entraide et solidarité sont à
la base de la vie des iliens, originalité reconnue dans toute
la Grèce. Ainsi soit-il : Théodoris plaque son ancienne vie
et quitte Athènes pour Ikaria. Les deux premières années,
il y a beaucoup d’excitation de vivre sur l’île. Mais très vite,
la crise le rattrape. Fini définitivement la réparation d’ordinateurs à distance. Il veut se couper du monde et se rapprocher de la terre. Ses économies servent à acheter une
maison qu’il doit rénover de font en comble. Se couper du
monde ? Pas exactement : S’ouvrir aux autres, vivre loin
du continent mais proche des autres : une ouverture dans
une île qui fait repenser la notion d’isolement. Il vit de services rendus aux habitants et de la culture de la terre. Avec
des amis, pour la plupart d’autres jeunes
venus d’ailleurs, il
fonde une coopérative
agricole. Il apprend
parfois durement de
ne plus rechercher
ce qu’il désire, mais
à se satisfaire de ce
qu’il a, philosophie
de vie très répandue
à Ikaria. Maintenant,
il ne retourne plus à
Athènes, il ne s’y sent
plus chez lui. C’est
Ikaria chez lui. Et
quand on lui demande
comment il s’est retrouvé au cœur d’un
film
documentaire,
c’est avant tout une
histoire de rencontre.
Nikos Dayandas le
rencontre à un bar, par une amie commune. Une discussion qui inspire le réalisateur qui lance le film. Et Théodoris qui suit parce que le sujet l’intéresse et ils sont sur la
même longueur d’onde. Il ignorait jusqu’à ce que Nikos
lui montre le film qu’il en était le principal protagoniste.
Mais ça n’a rien changé à sa vie. Il est juste plus connu
dans l’île. Le FIFIG est le premier festival qui a le privilège
de le recevoir. Pour lui, c’est un moyen de faire connaître
son histoire, l’île, et aussi de passer de bonnes vacances.
Pour nous, c’est un honneur et une fierté.
ZORBA LE GREC :
FICTION ET REALITE
Ambiance plus littéraire hier au festival. C’est au salon de
thé que Georges Stassinakis est venu présenter Nikos Kazantsakis, cet incontournable écrivain, auteur notamment
de Zorba le Grec, monument de la culture grecque adapté
au cinéma et diffusé durant le festival. Sa vie, son rapport
à son île, la Crête, sa passion des voyages, et sa vision
de la littérature sont *abordés et nous font une fois de plus
prendre conscience qu’une île peut apparaître comme le
support d’une vision inédite du monde que le FIFIG tente
de mettre en lumière. Ce que Kazantsakis, appelle « la
vision crétoise », c’est un rapport exclusif à la terre. Un
enracinement dans sa nation qui permet de s’ouvrir sur
le monde et les autres cultures. C’est l’ouverture par le
prisme de sa propre culture qu’on peut s’ouvrir aux autres.
« Approfondir l’homme de son pays jusqu’à ce qu’on atteigne l’homme sans étiquette, français, grec ou chinois,
l’homme tout simplement », telle est l’ambition de l’écrivain pour cet auteur. Quand les cultures se réunissent,
quand l’insulaire cesse d’être sur son île et que l’océan
s’ouvre pour en faire un homme, juste un homme.
Mythe ou Mytho…le Sirtaki !
Les Grecs ont la danse dans leur culture. Et qui dit
danse, pense directement au Sirtaki. Faux ! Ce dernier est une invention récente du septième art. La
musique a été composée par Mikis Theodorakis
en 1964 et la chorégraphie est un mix de plusieurs
danses différentes, comme le syrto ou le zempekiko,
une danse masculine freestyle. Le sirtaki a été dansé
pour la toute première fois dans Zorba le Grec par
Anthony Quinn.
« Les limites de
mon langage signifient les limites
de mon propre
monde.»
Wittgenstein
Ulysse Ketselidis, peintre grec né à Istanbul et vivant
à Paris, participe au FIFIG cette année. Il a accepté
de traduire pour l’îlot quelques mots qui nous sont
familiers, nous les avons retranscrits pour vous !
Bienvenu est le Français de kalos orisate, kalimera
le grec de bonjour. Merci se dit efkaristo, oui devient
né quand non devient ochi. On dira adios ou geiasou
en Grèce, quand en France on choisira de dire au
revoir . Un bénévole est un ethelontis, cinéma se dit
kinimatografos, musique moussiki et festival… reste
festival ! Enfin, l’océan est okeanos quand l’île est
nissi.
Tous ces mots ne vous seront sûrement pas utiles
dans les 10 minutes. Ils ne le seront peut-être même
jamais, et pourtant, au fond de vous, vous savez que
vous voulez les connaître. D’où nous vient cette envie insatiable de connaître un langage qui nous est
inconnu ?
Ce festival est un voyage en Grèce. Et qui dit voyage
dit forcement découverte d’une nouvelle culture,
portée par une langue. Le langage, l’outil de communication par excellence s’il en est un, celui qui
marque la différence entre l’être humain et les autres
espèces animales sur terre puisque grâce à lui nous
avons la possibilité d’émettre plus que des signaux,
nous pouvons formuler des pensées, décrire des
sentiments, des sensations… Le langage nous a
donné la philosophie et la littérature, il est la musique originelle, le premier chant que le nouveau-né
perçoit … Et il existe autant de manières de l’utiliser
qu’il y a d’humains sur terre tant les variantes au sein
d’une même langue sont diverses et inépuisables. Il
existerait entre 3000 et 7000 langues vivantes sur
terre. Autant de manières d’exprimer une idée et ses
nuances, enrichies par l’apport purement linguistique
de chacune d’entre elles. Apprendre de nouveaux
mots (dans sa langue maternelle ou dans n’importe
quelle autre) permet d’élargir sa liberté de penser et
sa liberté d’expression. Bon voyage dans cette nouvelle langue … !
La langue
des signes
Vous les avez sans doute vues dans les dortoirs,
près du self ou à mi-chemin entre la salle d’expositions et le Bonobo. Elles sont discrètes, et c’est
grâce à elles que le FIFIG n’est pas encore devenu
une porcherie. Grâce à un sens de la propreté particulièrement
développé,
Thumette,
Sophie et
Estelle,
depuis respectivement
trois, quatre
et un an,
s’occupent
du nettoyage
du festival et
de l’entretien
de la salle
d’expositions.
Atteintes de
surdité à plusieurs degrés, on n’a pourtant eu aucun
mal à communiquer avec elles : elles nous ont
raconté, à l’aide de paroles et de gestes, les expériences et les difficultés qu’elles vivent en participant
à un tel rassemblement humain.
La langue des signes n’a été intégrée et développée
en tant que langue courante que très récemment. Interdite en France au XIXème siècle, elle a nécessité
le génie de ses pratiquants, ainsi que la bonne volonté du reste de la société pour pouvoir être utilisée
aujourd’hui en toute liberté. Mais tout n’est pas rose :
nos camarades redoutent encore les hommes – et
les femmes, on ne sait jamais – à moustache, les
interviewers qui parlent trop vite, et le manque de
sensibilité de certains des inconnus qu’elles rencontrent. La langue des signes est cependant un moyen
de communication concis et pratique, qui se passe
des nombreuses formalités de notre langue parlée.
Elle demande la proximité physique de l’interlocuteur
et le contact humain. Peu apte aux plus introvertis,
elle exige une forte présence de celui qui prend… la
« parole ».
Ces jeunes filles ont affiché sur le mur à côté du bar
toute une série de signes utiles à la vie quotidienne.
Vous apprendrez la politesse, à établir la communication, et surtout à proposer à vos potes un énième
verre quand vous ne serez plus en état d’articuler
une seule phrase !
Brèves du FIFIG
Pensées philosophiques d’une profondeur indicible,
traits d’esprits acérés, succulentes perles… Qu’elles
viennent de nos festivaliers ou de bénévoles, nous
avons recueilli les brèves du FIFIG sur notre îlot avec
un plaisir non feint… Les voici pour vous, lecteurs !
« C’est un caniche géant, ça ? – Non, c’est un mec
de la volante ! »
« Il fait plus froid la nuit que dehors ! »
« Attention au pipi-falaise … »
« Jamais trop tôt pour un tho ! »
« Nous les femmes, un grain nous habille … »
« Même pas peur ! Bande de vivants … »
Parce qu’on réfléchit parfois mieux
un
verre à la main…
Rencontre au Bar à Vin avec Annie et Raymond
Annie connait tout le monde. Elle vient de Ty Beudeff, a
conduit son taxi dans tous les coins de l’île avec des passagers internationaux. A cause de son dos, elle se fixe
dans le bar à vin..qui devient fixe comme elle. Elle rencontre Raymond qui ,lui , connait personne.
Pour les amateurs de grands crus naturels et de grandes
discussions.
Gout sa don !
Sonny, batteur-chanteur, Stéphane, guitariste-chanteur, et Bruno, bassiste, forment le groupe Mafate.
Leur musique festive, traditionnelle des îles de
l’Océan Indien comme La Réunion, mêlée d’instruments modernes et d’un héritage créole, est la
preuve sonore de ce que Ross Daly nous disait en
début de festival : la musique est en mouvement,
elle n’est jamais figée dans le passée ou dans une
recherche frénétique d’avenir. Pour nos trois musiciens d’origine malgache, bretonne et même réunionnaise, elle est en constante évolution, un métissage permanent d’influences aussi variées que la
musique traditionnelle bretonne, irlandaise, des îles
ou encore que le rock et la pop française. Sonny,
bilingue, parle le créole et le chante avec Stéphane;
la véritable identité de chacun se développe dans
le langage, et à travers cette langue mouvante et
vivante qu’est le créole, on entend l’âme de musiciens de naissance, qui ont grandi en musique au
milieu d’un panel d’instruments variés. Autodidactes,
ils sont devenus polyvalents et passionnés.
Les rythmes endiablés de leur prestation
d’hier soir, leurs voix douces et puissantes ont su
plaire aux spectateurs du FIFIG ! «J’adore, je n’avais
encore jamais vu un batteur chanter, c’est original ! »
dit même l’un d’eux en sortant du concert. Bien entendu on retient aussi l’intervention remarquable du
flûtiste Laurent Morisson ! Un concert qu’on n’oubliera pas… et personne ne doutera plus des bienfaits
du métissage… merci Mafate!
La discussion
jour :
du
-
Angélina Jolie a une maison sur l’île.
-
Non, c’est Eva Joly.
-
C’est qui, sa mère ? C’est fou, il y a Angélina,
Brad et leurs parents sur l’île.
Palmares 2014
Prix de l’Ile d’Or : Cendres réalisé par Mélanie Pavy
et Idrissa Guiro.
Prix Lucien Kimitété : Ananahi, Demain ... réalisé
par Cecile Tessier Gendreau
Coup de coeur : Evaporating Borders réalisé par Iva
Radivojevic
Prix du public : Ananahi, Demain ... réalisé par Cecile Tessier Gendreau
Prix du jury jeune : Documentaire
Little Palace of Aoria réalisé par Vassilis Panagiotakopoulos
Mention spéciale du jury : Comme des lions de
pierre à l’entrée de la nuit,réalisé par Olivier Zuchuat
Prix du jury jeune : Fiction
Vivre réalisé par Mahakari.
Dessins, Yann
Festival International du Film Insulaire
BP 35 Port Lay
56590 île de Groix
tél : 02 97 86 57 44
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