Sheila

Transcription

Sheila
SHEILA
CIRQUE ROYAL
BRUXELLES
20 janvier 2008, après avoir attiré 5000 spectateurs
Lchéeeà Binche
en septembre 2007, et conquis la foule scotpar son charisme et son punch, tout cela avec des
airs années 60, 70 et disco, Sheila est de retour en Belgique, à Bruxelles, dans l’écrin du Cirque Royal. Il s’agit
d’un concert beaucoup plus intimiste, déjà proposé à
Paris, au Cabaret Sauvage et à l’Olympia. 1500 fans,
même si la salle n’est pas comble, font une ovation à...
l’ex-petite fille de Français moyen, toujours svelte et
tonique. Elle conquiert un public tout aussi survolté avec
un récital dépouillé, composé de chansons moins
connues heureusement revisitées, de faces B et de tubes
incontournables.
Les spectateurs, debouts durant la seconde partie du
spectacle, acclament celle qui reste toujours très populaire malgré ses 45 ans de carrière. Vêtue d’une élégante
combinaison bleu-foncé striée de fines rayures style Bonnie & Clyde, coiffée d’une queue de cheval, la chanteuse,
élégante, entame son concert, de plus de deux heures,
sans entracte, avec « Sur Un Fil », de son époux Yves
Martin. Quel bonheur de retrouver en piano-voix celle qui
a été, si longtemps, surnommée la reine du play-back !
Ses deux musiciens polyvalents et deux choristes omniprésents la rejoignent sur scène pour l’accompagner
dans « Pendant Les Vacances » et « C’Est Ecrit ». Ce
dernier titre a été composé par Alice Dona, une copine de la promotion 1963, au milieu des années 70.
Après avoir rendu hommage à Carlos, parti peu
avant rejoindre les anges, Sheila lui dédie « Trinidad », signé par Henri Salvador en 1971. « Laisse-Toi Rêver», face B de «Quel Tempérament
De Feu », est revu façon bossa-nova avant de
laisser la place à un «Bang Bang» sud-américanisé, que Cher elle-même ne reconnaîtrait pas ! « On Sait Pas S’Aimer », des
années 80, bizarrement attribué à Yves
Martin & Alain Garcia, précède l’éternelle écuyère dont Sheila ne se lasse
pas, ce qui n’est pas notre cas. Les
rêves d’enfant ont la peau dure !
Enfin, l’incontournable « Les Rois
Mages », relifté d’arrangements
salsa acoustiques du plus bel
effet, laisse la place à « Dans Le
Regard Des Filles », un morceau émouvant écrit par la nouvelle génération. Merci Clarika et
Marie Nimier.
« Pilote Sur Les Ondes » sonne
un peu anachronique mais s’impose, repris en chœur par toute la
salle qui fait regretter une interprétation décalée et au second degré de l’oublié
« L’Amour Au Téléphone » figurant sur le même album des années 80. « Dense », qui fait
penser au « Believe » de Cher, amène le public, attentif, à bouger. On est prêt pour la surprise annoncée par la chanteuse sur les ondes de RTL-Belgique : le medley 70 de chansons kitschs jamais assumées mais que le public ovationne à chaque fois : « Patrick, Mon
Chéri » – en version clin d’œil aux gays – ; « Personne D’Autre Que Toi » qui aurait pu être
un tube début 1976 ; « Tanguer Le Bateau », le succès de la révélation de sa grossesse ; le
kitschissime mais ô combien réclamé « Prince En Exil » avec sa chorégraphie – personne
n’a semble-t-il oublié les mouvements de la fameuse cape rouge de 1976 – ; et, en bouquet
final, les inénarrables « Gondoles A Venise » où Gilles Morvan porte le costume symbole de
l’éphémère Ringo. L’hystérie gagne les spectateurs heureux de retrouver Sheila, la star populaire des années 70.
Retour au calme au son de « L’Amour Qui Brûle En Moi », en duo avec Bénédicte Lecroart.
Ce titre n’a pas très bien vieilli mais ma voisine le trouve sublime, alors... On sent que la disco
queen va se réveiller en Sheila. Il lui faut remuer et entraîner le public avec elle. Il faut que ça
groove, que ça secoue, qu’on se la fasse dance floor. En hors-d’œuvre, voici « Voiture »,
dont il vaut mieux oublier le texte pour ne retenir que l’interprétation tonique et décalée. Elle
enchaîne avec les méconnus et méconnaissables « Move It », « Sunshine Week End » et
« No No No No », qui donne lieu à un joli numéro, à quatre, entre Sheila, Bénédicte, Gilles et
une superbe liane-danseuse. Sheila se lâche, elle a prouvé, quelques minutes plus tôt, qu’elle pouvait émouvoir et qu’elle avait de la voix en partageant « L’Amour Pour Seule Prière »
avec ses deux complices. Chanteuse, choristes, musiciens et danseurs sont très présents.
Ils ne font qu’un et on a hâte de retrouver toute cette complicité sur le DVD à sortir bientôt !
Cerise sur le gâteau, « Spacer » revisité, et même si la version proposée par Manu Chao
n’égale pas l’originale, cela lui permet de s’éclater à l’unisson. Sheila adresse un petit message avant de s’en aller, le temps de « Je Serai Toujours Là Pour Toi », ou en direct de
l’idole à ses fans. La nostalgie, même tonique, est toujours ce qu’elle était. Et voilà l’indestructible Sheila qui s’en va vers d’autres aventures. Et si elle sera toujours là, au bout
de tant d’années de hauts, de bas, d’espoirs et de déceptions, on peut aussi dire que ses
fans seront toujours là pour elle, parce qu’elle fait partie de leur vie. En effet, très souvent
le courant passe, parfois avec quelques coupures, mais Sheila peut être tranquille, elle fait
toujours rêver.
Philippe LIÉNARD
C’EST ÉCRIT
Alors que Sheila se prépare à repasser à l’Olympia le
4 mars, est paru le 21 janvier
« C’Est Ecrit » le compte
rendu de ses concerts au
Cabaret Sauvage, à Paris,
cette salle ronde dans l’esprit du cirque. C’est le
spectacle du 22 décembre
2006 qui donne matière à
trois dérivés : en CD+DVD
standard (bonus de 30 mn
sur les coulisses, livret 8 p.);
en déclinaison luxe digibook (+ 4 titres en version public
inédits, livret 38 p.) ; en coffret artiste (numéroté, livre 70
p., fac-similé du billet et du passe, 45 tours « L’Amour
Pour Seule Prière »/« Je Serai Toujours Là »). Selon la
même approche que le concert de Bruxelles, Sheila revisite en finesse son répertoire, avec quelques incontournables (« Pendant Les Vacances », « Bang Bang », « Les
Rois Mages », pot-pourri avec « Les Gondoles A Venise »...) et des morceaux de fond de catalogue ou plus
récents qui ne demandent qu’à revivre. Bref une Sheila
de toutes les époques, pour tous les publics et toutes les
sensibilités. ■
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