Les Labyrinthes du cœur
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Les Labyrinthes du cœur
ˇ Kylián / Emanuel Gat Jirí François Chaignaud & Cecilia Bengolea Les Labyrinthes du cœur Ballet de l’Opéra de Lyon Sunshine - Création Chorégraphie, lumières et bande son Emanuel Gat Musique Georg Friedrich Haendel, Water Music, suite n°2 en ré majeur, HWV 349 (ouverture et bourrée) Assistante à la chorégraphie Geneviève Osborne Collaboration pour la bande son Frédéric Duru How Slow the Wind - Création Chorégraphie et costumes François Chaignaud et Cecilia Bengolea Musique Toru Takemitsu, How Slow the Wind Lumières Philippe Gladieux Interprètes associées à la recherche Erika Miyauchi et Siqi Dan Création et impression des motifs Unique en Série Remerciements à la Maison de la Culture d’Amiens, au Théâtre des Amandiers et au Centre national de la Danse. Heart’s Labyrinth Chorégraphie, scénographie et costumes Jiří Kylián Musique Arnold Schoenberg Musique d’accompagnement pour une scène de film op.34 Arnold Schoenberg Ein Stelldichein Anton Webern Cinq pièces pour orchestre op.10 Antonin Dvořák Nocturne en si majeur pour orchestre à cordes op. 40 Lumières Jiří Kylián, réalisée par Joop Caboort Assistants à la chorégraphie Cora Bos-Kroese, Ken Ossola, Philip Taylor Entrée au répertoire du Ballet de l’Opéra de Lyon Orchestre de l’Opéra de Lyon - Direction musicale : Quentin Hindley En coproduction avec la Biennale de la Danse du 10 au 13 Septembre 2014 3 QUESTIONS À : Yorgos Loukos, directeur du Ballet de l’Opéra de Lyon et Dominique Hervieu, directrice artistique de la Biennale de la danse En quoi ce spectacle d’ouverture est-il particulièrement emblématique de la diversité esthétique revendiquée par la Biennale ? Yorgos Loukos : Le spectacle est emblématique de la diversité du Ballet de l’Opéra de Lyon, qui n’est pas la compagnie d’un chorégraphe mais fait partie des vraies compagnies de répertoire. Et parmi celles-ci, notre ballet est probablement l’une de celles dont la variété et la richesse du répertoire constituent l’image même de la troupe. Dominique Hervieu : C’est une forme de “précipité“ de l’esprit Biennale en une soirée ! Il y a en effet dans ce programme des points de vue extrêmement différents sur l’art chorégraphique. Dans ce sens, c’est bien la diversité esthétique qui est mise en avant. D’une force d’abstraction chorégraphique à une danse très ancrée dans l’émotion, d’une pièce historique à la nouvelle génération d’artistes. Pas besoin de choisir son camp... On peut aimer les chorégraphies les plus actuelles et les chefs-d’œuvre d’il y a trente ans. Ce grand écart esthétique et cette cohabitation de sensibilités très contrastées donnent la dynamique de ce programme. La Biennale, quant à elle, propose une vision de la danse encore élargie, pas seulement dans les esthétiques mais cette fois dans le temps avec une prise en compte de l’histoire, en redonnant la chance au public de voir des œuvres cultes du XXe siècle. La présence des chorégraphes François Chaignaud et Cecilia Bengolea est-elle en résonance avec le thème de la performance, fil rouge de l’édition 2014 ? Yorgos Loukos : C’est sur une proposition de Dominique Hervieu que j’ai commandé une création à François Chaignaud et Cécilia Bengolea. Dominique Hervieu : Oui, il me semblait important que des artistes adeptes de la performance relèvent le défi de la création pour le Ballet de l’Opéra de Lyon. François Chaignaud et Cecilia Bengolea ont un parcours international fulgurant depuis trois ans. Ils m’ont confié, il y a deux ans, leur souhait d’écrire une chorégraphie pour des danseurs d’un ballet avec l’envie d’utiliser les pointes. Ce désir, très éloigné de ce que l’on connaît d’eux, me semble être une tentative artistique à montrer dans le cadre de la Biennale de Lyon. N’oublions pas qu’en écho à cette expérience de création, nous pourrons voir l’œuvre monstre de Jan Fabre : C’est du théâtre comme il était à espérer et à prévoir. Cette pièce mythique a été créée il y a trente ans à partir des expériences de Jan Fabre, en tant que performer, qu’il a déplacées sur une scène de théâtre. Dans l’éventail de propositions et d’expériences artistiques offertes par la Biennale, quelle est la place spécifique occupée par une compagnie telle que le Ballet de l’Opéra ? Dominique Hervieu : Le Ballet de l’Opéra représente une force très importante de la création pour la danse à Lyon. C’est légitime qu’un programme de création du Ballet ouvre la Biennale de la Danse. La complémentarité Biennale, Maison de la Danse et Ballet de l’Opéra est pour moi fondamentale. Cette synergie donne à Lyon une place de premier plan sur la scène internationale. Yorgos Loukos : La place spécifique qu’occupe le Ballet de Lyon dans la Biennale est celle qu’il occupe, d’une manière générale, dans le monde de la Danse, l’un et l’autre contribuant largement à la réputation de Lyon dans l’univers chorégraphique. La Biennale fait venir la danse du monde entier à Lyon, et le Ballet, une des compagnies qui tournent le plus dans le monde, porte la danse lyonnaise dans le monde entier. Propos recueillis par Isabelle Calabre KYLIáN, GAT, CHAIGNAUD-BENGOLEA : Trois écritures de la danse Deux créations et une entrée au répertoire. Pour son ouverture de saison et l’ouverture de la Biennale de la Danse, le Ballet de l’Opéra de Lyon fait coup triple. Si les chorégraphes réunis dans ce programme, Jiří Kylián, Emanuel Gat, François Chaignaud et Cecilia Bengolea, ont en commun une même exigence et une même foi en la présence des corps, ils offrent chacun, dans une diversité stimulante, une écriture différente de la danse. Dans la fosse, l’Orchestre de l’Opéra de Lyon, dirigé par Quentin Hindley, sera l’interprète des musiques de ces trois pièces. Dixième pièce de Jiří Kylián à entrer au répertoire du Ballet de l’Opéra de Lyon, Heart’s Labyrinth est né en 1984 d’une interrogation personnelle douloureuse : comment vivre après le suicide d’un être proche ? La réponse, le chorégraphe la trouve dans les méandres du cœur, ce labyrinthe d’émotions, de sentiments, de voies sans issue et de questions sans réponse. Pour rendre compte de cette infinie complexité, il a composé, sur des musiques de Schoenberg, Webern et sur le « terriblement beau » Nocturne en si majeur de Dvořák, une « œuvre en chambre » pour onze danseurs. Leurs duos, trios et autres figures sont à l’image des innombrables combinaisons sensorielles qui font de chaque individu un être unique et mystérieux. Ou comment l’art, la création et les relations humaines peuvent sauver du désespoir. Emanuel Gat, dont l’inspiration se nourrit du travail avec ses différents interprètes, collabore pour la première fois avec le Ballet de l’Opéra de Lyon. Le chorégraphe d’origine israélienne, qui n’a abordé la danse qu’à l’âge de 23 ans après une première carrière de sportif et de musicien, a en quelques années renouvelé l’approche du mouvement. A la fois sensible et abstrait, son langage se réinvente sur chaque projet, dans une alchimie complexe qui sécrète elle-même ses propres émotions. Deux extraits de la Water Music de Haendel composent la matière sonore de sa pièce. Première encore pour François Chaignaud et Cecilia Bengolea, qui n’avaient jamais jusqu’ici travaillé avec un grand groupe de danseurs ni avec un orchestre live. Bien que considérés plutôt comme des performers, ils s’avouent fascinés par les écritures du mouvement. Ils ont choisi, sans souci narratif, de faire confiance à la danse sur la composition How Slow the Wind, de Toru Takemitsu. Dans la recherche de l’accord le plus juste avec la musique, et sur pointes, en hommage à l’héritage académique de la danse classique ! I. C. SUNSHINE, EMANUEL GAT : « Mes seules sources d’inspiration sont les gens avec qui je travaille, et le processus de création lui-même. » Le titre L’un des procédés dont je me suis servi pour cette pièce était d’utiliser, dans un contexte chorégraphique, différents modules provenant du langage écrit. Plus exactement, l’une des règles consistait à transcrire complètement ou à reconfigurer dans une forme chorégraphique, une chanson que les danseurs avaient choisie. Dans ce texte, le mot sunshine apparaissait plusieurs fois et avait une certaine résonance chorégraphique : je l’ai donc choisi comme titre de cette création. La musique Je n’ai pas travaillé “sur“ une musique particulière, cela fait déjà des années que je ne pratique plus ainsi. Excepté quelques rares cas, mes pièces ne sont jamais créées sur une musique mais à côté, comme des entités parallèles. Pour cette pièce-ci, j’ai utilisé deux sources musicales : tout d’abord la première et la dernière section de la Suite n°2 de la Water Music de Haendel, c’est-à-dire une minute au début de l’œuvre et une minute à la fin, qui seront jouées par l’orchestre ; les 23 minutes restantes seront une bande son créée à partir d’enregistrements de répétitions de l’orchestre sur ces deux mêmes passages de la Suite. Elle sera mixée quelques jours à peine avant la Première et insérée à la chorégraphie la veille seulement du jour J. Le Ballet de l’Opéra de Lyon J’ai eu un très grand plaisir à travailler avec ces danseurs. Je les trouve extrêmement intelligents, curieux, ouverts d’esprit. Ils ont soif de créativité et s’engagent à fond. Leur connaissance variée et profonde d’un répertoire de référence pour la danse est impressionnante. Il y a parmi eux des danseurs d’un niveau remarquable, tant physique et technique qu’artistique, et j’ai énormément apprécié cette collaboration. Nous avons travaillé en un temps extrêmement resserré, en moyenne deux heures par jour. Mais c’était une bonne chose. Cela m’a forcé à accélérer et apporté à la pièce une vitalité que j’aime beaucoup. L’improvisation J’ai travaillé avec eux comme je le fais habituellement avec ma compagnie. Ce sont eux qui ont fait toute la pièce, s’agissant aussi bien du matériau chorégraphique fourni par chacun que de la structure générale de l’œuvre. Toutefois, il ne s’agit pas exactement d’improvisation. En fait, je ne me sers jamais d’improvisations. Je mets plutôt en place un processus de différentes tâches définies par certaines règles, que les danseurs doivent respecter. Ce qu’ils font, c’est en fait élaborer une construction à partir de matériaux physiques et musicaux, en réponse à ces propositions. La tonalité Dans mes pièces, je ne recherche aucune tonalité particulière. Ce n’est pas une chose à laquelle je pense durant la phase de création. Je me concentre plutôt sur le fait que l’ensemble ait du sens, soit clair et cohérent. Tout ce qui relève de l’atmosphère, des émotions, de la tonalité, est quelque chose qui émane de l’œuvre elle-même, sans que je n’aie ni ne désire aucun contrôle dessus. Avec les années, j’ai appris aussi que la même pièce peut susciter des réactions et des émotions très différentes d’une représentation à l’autre. Tout cela est beaucoup plus souple et moins définitif qu’on l’imagine. Propos recueillis par I.C. How slow the Wind, François chaignaud-Cecilia bengolea : Haïku symphonique et chorégraphique Nous commençons souvent nos créations par l’inspiration d’une musique, des images et du monde qu’elle évoque. Ici, pour cette première création avec le Ballet de l’Opéra de Lyon, nous avons choisi une courte pièce du compositeur japonais Toru Takemitsu, How Slow the Wind. Cette œuvre ouvre un paysage fait de lumières, de vents, de vitesses, de suspensions… Inspirée d’un poème d’Emily Dickinson, elle est très imagée – évoquant le calme d’avant ou d’après la catastrophe (tsunami, guerre, explosion, tempête)… Elle est pacifiée et pourtant menaçante. Par ailleurs, elle n’est l’application d’aucun système de composition. Takemitsu a beaucoup étudié et navigué, aussi bien dans le répertoire orchestral occidental, que dans les traditions musicales japonaises, ou les avant gardes minimalistes et systématiques. Pourtant, cette pièce est complètement hors des principes dialectiques de la composition orchestrale occidentale… et bien loin du radicalisme formaliste de ses contemporains. C’est une œuvre « glouton », qui fraternise avec ces différents registres compositionnels et chromatiques… Cela donne à la musique une élégance harmonieuse, et un entêtement, qui restent irréductibles à un système dogmatique et autoritaire. La récurrence du motif thématique, qui se répète et varie continuellement, architecture la perception, mais n’impose aucune borne. Pour la danse, cela permet un lien poétique très fort, et en même temps une grande lattitude, notamment rythmique. Ainsi, la chorégraphie partage l’insouciance de cette composition dépourvue de nœuds dramatiques, dont les répétitions mélodiques semblent pourtant présager d’une possible catastrophe écologique ou climatique. La composition de Takemitsu confère à chaque instant unique, isolé, une force poétique singulière, sans l’inquiétude d’un développement linéaire. Nous nous sentons aussi amoureux de chaque mouvement dans sa singularité que Takemitsu semble l’être de chacun de ses sons. Nous prenons cette même liberté dans la chorégraphie depuis quelques années – l’appréciation de l’instant présent, comme s’il n’y avait pas de futur. C’est avec bonheur que nous avons retrouvé cette intention si explicite dans l’écriture fragmentée, libre de Takemitsu. Les pointes nous intéressent depuis toujours et nous les avons déjà utilisées dans nos pièces ; la dernière pièce Dublove est d’ailleurs entièrement sur pointes. Les pointes sont à la fois un accessoire spirituel, une manière littérale de s’élever, de s’approcher du ciel, et un outil chorégraphique, qui transforme la posture, la vitesse, l’équilibre. Les défis et les formes qu’elles permettent d’imaginer dépassent largement le vocabulaire classique. Pour cette pièce, les garçons et les filles sont sur pointes, avec une partition qui met à l’épreuve leur endurance. Les pointes permettent d’éprouver le calme précaire, menaçant et menacé, cette paix fragile que suggère la musique. Les danseurs atteignent sur pointes une forme d’immobilité vacillante, pacifiée et menacée, beaucoup plus intense que sans chaussons de pointes. Le travail sur pointes décuple l’effort, mais aussi la quiétude ou l’abandon. La danse classique masque l’effort. Ici la persévérance des danseurs est palpable. Ce défi, ce jeu révèlent chez les danseurs à la fois leur puissance et leur vulnérabilité. De la même manière que la musique joue avec des évocations de mélodies ou d’harmonies empruntées, notamment à Claude Debussy, ici des bribes de danses libres de l’entre-deux-guerres de François Malkovsky apparaissent et disparaissent. Notre composition embrasse ces différents registres, qui se déploient et se rétractent dans un ballet abstrait et très imagé. Propos recueillis par I.C. HEART’S LABYRINTH, JIŘí KYLIáN : « La représentation visuelle de nos pensées et de nos émotions. » Après le suicide d’une danseuse de sa compagnie, le Nederlands Dans Theater, Jiří Kylián commençait à composer Heart’s Labyrinth. Un moyen, pour le chorégraphe, de sublimer artistiquement la douleur de cette perte tragique et l’occasion d’explorer de nouvelles voies dans la connaissance du cœur humain. « Au bout d’un certain temps, tout créateur ressent la nécessité de trouver de nouvelles façons de travailler, d’utiliser des méthodes différentes de celles utilisées jusqu’alors, afin de revitaliser son processus créatif. Je ressens ainsi le besoin de m’autoriser à m’aventurer sur des terrains plus risqués, que je ne connais pas encore. C’est l’une des raisons pour lesquelles j’ai commencé une série de courtes pièces intimistes intitulées “Le Labyrinthe du cœur“. Il existe des expériences terriblement bouleversantes, qui peuvent changer totalement la vie de quelqu’un et avoir une influence décisive sur toute production créative. Le suicide d’un être qui fut proche de vous – Karen Tims, danseuse du Nederlands Dans Theater – est un événement qui laisse une grande ombre sur ceux qui restent. Et qui influence désormais leurs vies de différentes manières. Outre le sentiment du vide, celui du caractère irréversible de cet acte et un profond chagrin, j’ai éprouvé le besoin impérieux d’observer attentivement ce qui se passait au fond de moi et en quoi cela touchait à ma vie privée et professionnelle. J’ai mis à plat mes sentiments comme ils venaient, et ensemble, avec les danseurs qui avaient vécu aussi cette tragédie, nous avons créé la représentation visuelle de nos pensées et de nos émotions. Ce furent mes premiers pas sur le chemin de l’acceptation et de la compréhension de la mort de Karen Tims. Mon travail sur “Le Labyrinthe du cœur I et II“ sera un processus en cours, sans aucune limitation de durée. Je souhaite voir cette œuvre continuer à se développer à la façon d’un auteur qui, pendant une période donnée, a écrit un certain nombre de poèmes qu’il décide un jour de rassembler en volume, en donnant à chacun d’entre eux un sens nouveau. Cette pensée fondamentale m’a donné l’opportunité d’explorer, dans des petites formes, plusieurs dispositifs chorégraphiques différents, ce qui se révèle être d’une grande utilité au moment de construire une œuvre plus ambitieuse. Le titre Le Labyrinthe du cœur me laisse un espace quasi infini pour toute déclaration artistique. Au sens poétique du terme, le cœur humain est le centre des émotions. La chaîne sans fin des sentiments humains, les nuances subtiles de leur agencement et leurs infinies combinaisons créent un inexplicable labyrinthe, avec un nombre illimité de couloirs. Par ces couloirs, je cherche à m’approcher au plus près de questions pour lesquelles, je le sais, il n’y a pas de réponses. » Jiří Kylián - Propos traduits par I.C. Biographies Emanuel GAT Emanuel Gat est né en 1969. Sa première rencontre avec la danse a lieu lors d’un atelier d’amateurs sous la direction du chorégraphe Nir Ben Gal. Six mois après, il rejoint la compagnie Liat Dror Nir Ben Gal avec laquelle il tourne dans le monde entier. Très vite, il commence à travailler comme chorégraphe indépendant et crée son premier solo Four Dances sur une musique de Bach, en 1994. En dix ans il participe en tant qu’artiste chorégraphe à différents projets, parmi lesquels Al-kuds (1996-1998) en collaboration avec le musicien et auteur Mariano Weinstein, Good Year pièce pour neuf danseurs commandée par la Kibbutz Dance Company sur une musique originale qu’il écrit, ou encore Two stupid dogs (2002) création pour cinq danseurs accompagnés du groupe de rap Arabe MWR, commande du Israël/Jésuralem festival. En 2004 il crée sa compagnie : Emanuel Gat Dance avant de choisir de s’installer en France, en 2007 à la Maison Intercommunale de la Danse d’Istres. Avec la compagnie indépendante Emanuel Gat Dance, il crée de nombreuses pièces qui connaissent un succès international. Winter Voyage et Le Sacre du Printemps proposées en 2004 au festival d’Uzès seront représentées plus de 250 fois partout dans le monde. Emanuel Gat compose par la suite une pièce pour huit danseurs sur le Requiem de Mozart : K626 ; elle sera présentée en 2006 au festival de Marseille. L’année suivante, il chorégraphie 3for2007, un programme composé de trois pièces : My Favorite things solo qu’il interprète sur une musique de John Coltrane, Petit torn de dança duo sur une musique médiévale française, et Through the center… pièce pour huit danseurs sur une musique électronique de Squarepusher. Silent Ballet pièce en silence pour huit danseurs sera la première créée en France et présentée au Festival Montpellier Danse en 2008. Un an plus tard Emanuel Gat retrouve sur scène son interprète fétiche, Roy Assaf, pour le duo Variations d’hiver. En 2011 il renoue avec les pièces de groupe et signe Brilliant Corners pour dix danseurs dont il compose également la bande son. Emanuel Gat est artiste associé de la 33e édition du Festival Montpellier Danse en 2013. Avec sa compagnie, il développe le projet « Up Close Up » proposant deux créations : The Goldlandbergs et Corner Etudes, une installation photographique « It’s people, how abstract can it get ? », et un évènement chorégraphique, « Danses de Cour ». L’année suivante il réinvestit la cour de l’Agora avec Plage Romantique, une pièce pour neuf danseurs. Régulièrement invité de compagnies et de structures pour qui il crée ou transmet des pièces, il travaille pour la première fois avec le Ballet de l’Opéra de Paris en 2009 (Hark). En France il chorégraphie également des pièces pour le Ballet du Rhin (Observation Action en 2010), le Ballet National de Marseille (Organizing Demons en 2012), ou le Ballet de Lorraine (Transposition #1 et Transpositions #2 en 2013). Chorégraphe invité de compagnies internationales prestigieuses, il chorégraphie trois pièces en 2010 : Satisfying Musical Moments pour la Sydney Dance Company, The Revised and Updated Bremen Structures pour le Tanztheater Bremen et In translation avec la Candoco Dance Company – une compagnie professionnelle de danseurs handicapés. L’année suivante c’est Préludes et Fugues pour le Ballet du Grand Théâtre de Genève. A l’invitation de Benjamin Millepied il crée en 2013 Morgan’s last chug pour le Los Angeles Dance Project. Cette même année, pour les danseurs du Ballet Royal de Suède, il signe la pièce Time Themes. Il collaborera en 2015 avec le CNSMD de Lyon. François Chaignaud & Cecilia Bengolea Né à Rennes, François Chaignaud étudie la danse depuis l’âge de 6 ans. Il est diplômé en 2003 du Conservatoire National Supérieur de Danse de Paris et collabore ensuite auprès de plusieurs chorégraphes, notamment Boris Charmatz, Emmanuelle Huynh, Alain Buffard, Gilles Jobin. Depuis He’s One that Goes to Sea fo Nothing but to Make him sick (2004) jusqu’à Думи мої (2013), il crée des performances, dans lesquelles s’articulent danses et chants, dans les lieux les plus divers, à la croisée de différentes inspirations. S’y dessinent la possibilité d’un corps tendu entre l’exigence sensuelle du mouvement et la puissance d’évocation du chant, et la convergence de références historiques hétérogènes – de la littérature érotique (Aussi bien que ton cœur ouvre-moi les genoux, 2008) aux arts sacrés. Également historien, il a publié aux PUR L’Affaire Berger-Levrault : le féminisme à l’épreuve (1898-1905). Cette curiosité historique le conduit à initier des collaborations diverses, notamment avec la légendaire drag queen Rumi Missabu des Cockettes, avec le cabarettiste Jérôme Marin (Sous l’ombrelle, 2011, qui ravive des mélodies oubliées du début du vingtième siècle), avec l’artiste Marie Caroline Hominal (Duchesses, 2009), avec les couturiers Romain Brau et Charlie Le Mindu, avec le plasticien Theo Mercier, avec le photographe Donatien Veismann. Il poursuit actuellement une recherche sur les répertoires de polyphonies (géorgiennes, préchrétiennes et médiévales). Née à Buenos Aires, Cecilia Bengolea se forme aux danses modernes-jazz, dancehall et street danses. Elle danse pour les chorégraphes Claudia Triozzi, Alain Buffard, Mathilde Monnier, Mark Tompkins, Monika Gintersdorfer. Elle a réalisé des courts films en dialogue avec l’ouvrage de Claude Levi-Strauss Tristes Tropiques : La beauté (tôt) vouée à se défaire, avec Donatien Veisman et Cri de Pilaga. En Argentine, Cecilia Bengolea poursuit un travail de vidéo et performance avec les artistes Victoria Colmegna (Spa Urbano), Sebastian Bonet, Jackie Luduenia. Elle prépare une pièce avec des danseurs de Dancehall de Jamaïque pour l’automne 2015. Depuis 2005, un dialogue soutenu entre Cecilia Bengolea et François Chaignaud donne vie à des œuvres hétéroclites, présentées dans le monde entier. En 2009, ils reçoivent le prix de la révélation chorégraphique de la critique. Ensemble, ils créent Pâquerette (2005-2008), Sylphides (2009), Castor et Pollux (2010). Ces trois premières pièces placent le corps dans des dispositifs de transformation extrême (pénétration, privation d’air, suspension) et lient l’écriture chorégraphique à un coefficient de réalité élevé. Ces situations exacerbent autant la puissance que la vulnérabilité des corps, leur puissance sexuelle, et leur infinie capacité de mutation. En 2010, ils rencontrent Suzanne Bodak et exhument les Danses Libres de l’entredeux-guerres, d’après des chorégraphies oubliées de François Malkovsky. Cette découverte aiguise leur désir d’une écriture chorégraphique rigoureuse et joueuse, voluptueuse et acérée et porteuse d’idéaux. Ce travail se poursuit dans (M) IMOSA (coécrit et interprété avec Trajal Harrell et Marlene Monteiro Freitas) qui les confronte à la scène du voguing new yorkais. En 2012, altered natives Say Yes To Another Excess – TWERK laisse fraterniser ces différentes influences – urbaines, modernes, classiques – aux sons des DJ’s du label Butterz dont le grime mixe des beats de provenances également diverses. C’est au son du dub d’High Elements qu’ils créent avec Ana Pi, Dublove (2013), épreuve spirituelle et chorégraphique, entièrement sur pointes. Une conférence dansée (Le Tour du monde des danses urbaines en 10 villes) permet de partager avec les jeunes et adolescents leur fascination pour la richesse, la grammaire et la créativité des danses urbaines. Ils préparent une création avec le Ballet de Lorraine pour mai 2015. Jiří Kylián Jiří Kylián est né à Prague en 1947. Sa mère, danseuse et professeur, guide ses premiers pas de danse à 9 ans. Il entre à 15 ans au Conservatoire de sa ville natale, où il suit les cours classiques, mais aussi ceux de modern dance (technique Graham) et de danse folklorique. En 1967, bénéficiant d’une bourse du British Council, il vient à Londres se perfectionner à la Royal Ballet School. De passage dans la capitale anglaise, le chorégraphe John Cranko le remarque et lui propose de rejoindre un jour sa compagnie à Stuttgart. En 1968, Kylián quitte Prague envahie par les chars soviétiques, et se réfugie au Ballet de Stuttgart. Il y devient bientôt soliste et y réalise ses premières chorégraphies. Invité au Nederlands Dans Theater à La Haye en 1973, il est associé deux années plus tard à la direction artistique (avec Hans Knill). Après les succès de La Cathédrale engloutie, Return to a Strange Land, La Nuit transfigurée en 1975, de Symphony in D en 1976, Symphonie de psaumes en 1978, œuvres faisant preuve déjà d’une belle écriture chorégraphique, Kylián est nommé directeur du NDT en 1978. Il n’a alors que trente ans. Il va hisser la compagnie à un niveau international. Il l’ouvre aussi à d’autres chorégraphes (William Forsythe, Mats Ek, Ohad Naharin, Maurice Béjart) et fait naître auprès de lui des vocations chorégraphiques (Nacho Duato, Paul Lightfoot et Sol Leon, Johan Inger). Enfin, il donne naissance en 1990 au triple visage du NDT, en créant – à côté de la troupe principale, le NDT1 – un groupe junior, le NDT2 (jeunes danseurs destinés à entrer par la suite dans la grande compagnie), et un groupe senior, le NDT3 (réunissant quelques danseurs de plus de 40 ans). Jiří Kylián a choisi de quitter ses fonctions de directeur général du NDT en juin 1999. Il est conseiller artistique de la Saitama Arts Foundation à Tokyo. Et il vient de créer sa propre Fondation. Jiří Kylián a déjà confié dix de ses œuvres au Ballet de l’Opéra de Lyon. Josseline Le Bourhis Quentin Hindley Direction musicale Chef résident de l’Orchestre national de Lyon depuis mai 2012, Quentin Hindley est directeur musical des orchestres de jeunes de l’Académie de l’ONL et le chef assistant de Leonard Slatkin pour trois saisons. Altiste de formation, il a régulièrement été invité au pupitre d’alto de l’Orchestre de l’Opéra national de Paris et a participé à une quarantaine de productions. Au CNSMD de Paris, il a reçu entre 2007 et 2012 les premiers prix de direction d’orchestre, d’orchestration, d’analyse et d’alto, et a travaillé avec le chef hongrois Zsolt Nagy. Il s’est perfectionné notamment auprès de Pierre Boulez, Paavo et Neeme Järvi, Susanna Mälkki, Jorma Panula et Michail Jurowski. Il a collaboré en tant de chef assistant avec Evelino Pidò, François-Xavier Roth, Frank Strobel, Jean-Claude Casadesus et Kazushi Ono. Récemment, il s’est produit avec l’Orchestre national de Lille, l’Orchestre national de Lyon, l’Orchestre de Pau-Pays de Béarn, l’Orchestre de Mulhouse et le Sinfonietta de Berlin. Il a travaillé avec l’Orchestre des Pays de la Loire, l’Orchestre de chambre de Paris, l’Orchestre de Bretagne, l’Orchestre des Pays de Savoie, l’Orchestre symphonique de Saint-Etienne, l’Orchestre d’Auvergne, l’Orchestre symphonique de Miskolc (Hongrie), l’Orchestre philharmonique Janácek (République tchèque)… En 2014-15, il travaillera avec Alain Altinoglu et l’Orchestre des Jeunes de la Méditerranée au festival d’Aix-en-Provence, à la prochaine création de Tristan Murail avec l’Orchestre national de Lille en octobre et donnera deux concerts avec Alexandre Tharaud et l’Orchestre national de Lyon. Il se produira également avec l’Orchestre régional de Basse-Normandie, l’Orchestre régional Avignon-Provence et l’Orchestre philharmonique de l’Opéra de Marseille. L'Opéra national de Lyon remercie, pour leur généreux soutien, les entreprises mécènes et partenaires Mécènes Mécène fondateur, les Jeunes à l’Opéra et la vidéotransmission Membre fondateur du Cercle Kazushi Ono Mécène de la Journée Portes Ouvertes Mécènes du projet “L'Opéra à l'école“ 2011-2014 Mécène de la vidéotransmission Mécène de compétence Mécène de la Maîtrise Partenaires Médias Textes : Isabelle Calabre (sauf biographie Kylián) Opéra de Lyon : Directeur général Serge Dorny Directeur artistique du ballet Yorgos Loukos L’Opéra de Lyon est conventionné par le ministère de la Culture et de la Communication, la Ville de Lyon, le conseil régional Rhône-Alpes et le conseil général du Rhône. Les Labyrinthes du cœur Ballet de l’Opéra de Lyon - Distributions Sunshine Heart’s Labyrinth 10, 11, 12, 13 sept. Kristina Bentz Alexis Bourbeau Aurélie Gaillard Caelyn Knight Tadayoshi Kokeguchi Franck Laizet Julian Nicosia Mathieu Rouvière Raúl Serrano Nuñez Ashley Wright 10 et 13 sept. Trio Aurélie Gaillard Raúl Serrano Nuñez Julian Nicosia 11 et 12 sept. Trio Ashley Wright Adrien Delépine Alexis Bourbeau 1er duo Dorothée Delabie Simon Feltz 1er duo Elsa Monguillot de Mirman Marco Merenda Quartet Caelyn Knight Raúl Serrano Nuñez Julian Nicosia Tadayoshi Kokeguchi Quartet Caelyn Knight Raúl Serrano Nuñez Julian Nicosia Tadayoshi Kokeguchi 2e duo Coralie Levieux Mathieu Rouvière 2e duo Annabelle Peintre Simon Feltz How Slow the Wind 10, 11, 12, 13 sept. Carlos Láinez Juan Coralie Levieux Ruth Miro Salvador Elsa Monguillot de Mirman Chiara Paperini Roylan Ramos Pavel Trush Orchestre de l'Opéra de Lyon Karol Miczka Frédéric Bardon Haruyo Nagao Calin Chis Alex Diep Florence Carret Altos Natalia Tolstaia Donald O’Neil Henrik Kring Nagamasa Takami Violoncelles Ewa Miecznikowska Alice Bourgouin Henri Martinot Jean-Marc Weibel Contrebasses Cédric Carlier Jorgen Skadhauge Flûtes Eva-Nina Kozmus Catherine Puertolas Hautbois Chi Hua Lu Jacek Piwskowski Clarinettes Jean-Michel Bertelli Sergio Menozzi Bassons Cédric Laggia Nicolas Cardoze Cors Jean-Philippe Cochenet Pierre-Alain Gauthier Trompettes Pascal Savignon Philippe Desors Trombone Eric Le Chartier Timbales Sylvain Bertrand Percussions Yi-Ping Yang Guillaume Séré Anne Briset Harpe Sophie Bellanger Piano, célesta Graham Lilly Harmonium Agnès Melchior Mandoline Mathieu Sarthe Guitare Eric Franceries photo : Heart’s Labyrinth © Rahi Rezvani Violons Nicolas Gourbeix Laurence Ketels-Dufour Camille Bereau Tristan Liehr Anne Vaysse Fabien Brunon Lia Snitkovsky Dominique Delbart