Les Labyrinthes du cœur

Transcription

Les Labyrinthes du cœur
ˇ Kylián / Emanuel Gat
Jirí
François Chaignaud & Cecilia Bengolea
Les Labyrinthes du cœur
Ballet de l’Opéra de Lyon
Sunshine - Création
Chorégraphie, lumières et bande son
Emanuel Gat
Musique
Georg Friedrich Haendel,
Water Music, suite n°2 en ré majeur, HWV 349 (ouverture et bourrée)
Assistante à la chorégraphie
Geneviève Osborne
Collaboration pour la bande son
Frédéric Duru
How Slow the Wind - Création
Chorégraphie et costumes
François Chaignaud et Cecilia Bengolea
Musique
Toru Takemitsu, How Slow the Wind
Lumières
Philippe Gladieux
Interprètes associées à la recherche
Erika Miyauchi et Siqi Dan
Création et impression des motifs
Unique en Série
Remerciements à la Maison de la Culture d’Amiens, au Théâtre des Amandiers
et au Centre national de la Danse.
Heart’s Labyrinth
Chorégraphie, scénographie et costumes
Jiří Kylián
Musique
Arnold Schoenberg Musique d’accompagnement pour une scène de film op.34
Arnold Schoenberg Ein Stelldichein
Anton Webern Cinq pièces pour orchestre op.10
Antonin Dvořák Nocturne en si majeur pour orchestre à cordes op. 40
Lumières
Jiří Kylián, réalisée par Joop Caboort
Assistants à la chorégraphie
Cora Bos-Kroese, Ken Ossola, Philip Taylor
Entrée au répertoire du Ballet de l’Opéra de Lyon
Orchestre de l’Opéra de Lyon - Direction musicale : Quentin Hindley
En coproduction avec la Biennale de la Danse
du 10 au 13 Septembre 2014
3 QUESTIONS À :
Yorgos Loukos, directeur du Ballet de l’Opéra de Lyon
et Dominique Hervieu, directrice artistique de la Biennale
de la danse
En quoi ce spectacle d’ouverture est-il particulièrement emblématique de la
diversité esthétique revendiquée par la Biennale ?
Yorgos Loukos : Le spectacle est emblématique de la diversité du Ballet de
l’Opéra de Lyon, qui n’est pas la compagnie d’un chorégraphe mais fait partie
des vraies compagnies de répertoire. Et parmi celles-ci, notre ballet est probablement l’une de celles dont la variété et la richesse du répertoire constituent
l’image même de la troupe.
Dominique Hervieu : C’est une forme de “précipité“ de l’esprit Biennale en une
soirée !
Il y a en effet dans ce programme des points de vue extrêmement différents sur
l’art chorégraphique. Dans ce sens, c’est bien la diversité esthétique qui est mise
en avant. D’une force d’abstraction chorégraphique à une danse très ancrée
dans l’émotion, d’une pièce historique à la nouvelle génération d’artistes. Pas
besoin de choisir son camp... On peut aimer les chorégraphies les plus actuelles
et les chefs-d’œuvre d’il y a trente ans. Ce grand écart esthétique et cette cohabitation de sensibilités très contrastées donnent la dynamique de ce programme.
La Biennale, quant à elle, propose une vision de la danse encore élargie, pas
seulement dans les esthétiques mais cette fois dans le temps avec une prise en
compte de l’histoire, en redonnant la chance au public de voir des œuvres cultes
du XXe siècle.
La présence des chorégraphes François Chaignaud et Cecilia Bengolea est-elle
en résonance avec le thème de la performance, fil rouge de l’édition 2014 ?
Yorgos Loukos : C’est sur une proposition de Dominique Hervieu que j’ai
commandé une création à François Chaignaud et Cécilia Bengolea.
Dominique Hervieu : Oui, il me semblait important que des artistes adeptes de
la performance relèvent le défi de la création pour le Ballet de l’Opéra de Lyon.
François Chaignaud et Cecilia Bengolea ont un parcours international fulgurant
depuis trois ans. Ils m’ont confié, il y a deux ans, leur souhait d’écrire une chorégraphie pour des danseurs d’un ballet avec l’envie d’utiliser les pointes. Ce
désir, très éloigné de ce que l’on connaît d’eux, me semble être une tentative
artistique à montrer dans le cadre de la Biennale de Lyon. N’oublions pas qu’en
écho à cette expérience de création, nous pourrons voir l’œuvre monstre de
Jan Fabre : C’est du théâtre comme il était à espérer et à prévoir. Cette pièce
mythique a été créée il y a trente ans à partir des expériences de Jan Fabre, en
tant que performer, qu’il a déplacées sur une scène de théâtre.
Dans l’éventail de propositions et d’expériences artistiques offertes par la
Biennale, quelle est la place spécifique occupée par une compagnie telle que le
Ballet de l’Opéra ?
Dominique Hervieu : Le Ballet de l’Opéra représente une force très importante de
la création pour la danse à Lyon. C’est légitime qu’un programme de création
du Ballet ouvre la Biennale de la Danse. La complémentarité Biennale, Maison
de la Danse et Ballet de l’Opéra est pour moi fondamentale. Cette synergie
donne à Lyon une place de premier plan sur la scène internationale.
Yorgos Loukos : La place spécifique qu’occupe le Ballet de Lyon dans la Biennale
est celle qu’il occupe, d’une manière générale, dans le monde de la Danse, l’un
et l’autre contribuant largement à la réputation de Lyon dans l’univers chorégraphique. La Biennale fait venir la danse du monde entier à Lyon, et le Ballet, une
des compagnies qui tournent le plus dans le monde, porte la danse lyonnaise
dans le monde entier.
Propos recueillis par Isabelle Calabre
KYLIáN, GAT, CHAIGNAUD-BENGOLEA :
Trois écritures de la danse
Deux créations et une entrée au répertoire. Pour son ouverture de saison et l’ouverture de la Biennale de la Danse, le Ballet de l’Opéra de Lyon fait coup triple. Si les
chorégraphes réunis dans ce programme, Jiří Kylián, Emanuel Gat, François Chaignaud
et Cecilia Bengolea, ont en commun une même exigence et une même foi en la
présence des corps, ils offrent chacun, dans une diversité stimulante, une écriture
différente de la danse. Dans la fosse, l’Orchestre de l’Opéra de Lyon, dirigé par
Quentin Hindley, sera l’interprète des musiques de ces trois pièces.
Dixième pièce de Jiří Kylián à entrer au répertoire du Ballet de l’Opéra de Lyon,
Heart’s Labyrinth est né en 1984 d’une interrogation personnelle douloureuse : comment vivre après le suicide d’un être proche ? La réponse, le chorégraphe la trouve
dans les méandres du cœur, ce labyrinthe d’émotions, de sentiments, de voies sans
issue et de questions sans réponse. Pour rendre compte de cette infinie complexité, il
a composé, sur des musiques de Schoenberg, Webern et sur le « terriblement beau »
Nocturne en si majeur de Dvořák, une « œuvre en chambre » pour onze danseurs.
Leurs duos, trios et autres figures sont à l’image des innombrables combinaisons
sensorielles qui font de chaque individu un être unique et mystérieux. Ou comment
l’art, la création et les relations humaines peuvent sauver du désespoir.
Emanuel Gat, dont l’inspiration se nourrit du travail avec ses différents interprètes,
collabore pour la première fois avec le Ballet de l’Opéra de Lyon. Le chorégraphe
d’origine israélienne, qui n’a abordé la danse qu’à l’âge de 23 ans après une première carrière de sportif et de musicien, a en quelques années renouvelé l’approche
du mouvement. A la fois sensible et abstrait, son langage se réinvente sur chaque
projet, dans une alchimie complexe qui sécrète elle-même ses propres émotions. Deux
extraits de la Water Music de Haendel composent la matière sonore de sa pièce.
Première encore pour François Chaignaud et Cecilia Bengolea, qui n’avaient jamais
jusqu’ici travaillé avec un grand groupe de danseurs ni avec un orchestre live. Bien
que considérés plutôt comme des performers, ils s’avouent fascinés par les écritures
du mouvement. Ils ont choisi, sans souci narratif, de faire confiance à la danse sur la
composition How Slow the Wind, de Toru Takemitsu. Dans la recherche de l’accord
le plus juste avec la musique, et sur pointes, en hommage à l’héritage académique
de la danse classique ! I. C.
SUNSHINE, EMANUEL GAT :
« Mes seules sources d’inspiration sont les gens avec qui
je travaille, et le processus de création lui-même. »
Le titre
L’un des procédés dont je me suis servi pour cette pièce était d’utiliser, dans un
contexte chorégraphique, différents modules provenant du langage écrit. Plus exactement, l’une des règles consistait à transcrire complètement ou à reconfigurer dans
une forme chorégraphique, une chanson que les danseurs avaient choisie. Dans ce
texte, le mot sunshine apparaissait plusieurs fois et avait une certaine résonance
chorégraphique : je l’ai donc choisi comme titre de cette création.
La musique
Je n’ai pas travaillé “sur“ une musique particulière, cela fait déjà des années que je
ne pratique plus ainsi. Excepté quelques rares cas, mes pièces ne sont jamais créées
sur une musique mais à côté, comme des entités parallèles. Pour cette pièce-ci, j’ai
utilisé deux sources musicales : tout d’abord la première et la dernière section de la
Suite n°2 de la Water Music de Haendel, c’est-à-dire une minute au début de l’œuvre
et une minute à la fin, qui seront jouées par l’orchestre ; les 23 minutes restantes
seront une bande son créée à partir d’enregistrements de répétitions de l’orchestre sur
ces deux mêmes passages de la Suite. Elle sera mixée quelques jours à peine avant
la Première et insérée à la chorégraphie la veille seulement du jour J.
Le Ballet de l’Opéra de Lyon
J’ai eu un très grand plaisir à travailler avec ces danseurs. Je les trouve extrêmement
intelligents, curieux, ouverts d’esprit. Ils ont soif de créativité et s’engagent à fond.
Leur connaissance variée et profonde d’un répertoire de référence pour la danse
est impressionnante. Il y a parmi eux des danseurs d’un niveau remarquable, tant
physique et technique qu’artistique, et j’ai énormément apprécié cette collaboration.
Nous avons travaillé en un temps extrêmement resserré, en moyenne deux heures par
jour. Mais c’était une bonne chose. Cela m’a forcé à accélérer et apporté à la pièce
une vitalité que j’aime beaucoup.
L’improvisation
J’ai travaillé avec eux comme je le fais habituellement avec ma compagnie. Ce sont
eux qui ont fait toute la pièce, s’agissant aussi bien du matériau chorégraphique
fourni par chacun que de la structure générale de l’œuvre. Toutefois, il ne s’agit pas
exactement d’improvisation. En fait, je ne me sers jamais d’improvisations. Je mets
plutôt en place un processus de différentes tâches définies par certaines règles, que
les danseurs doivent respecter. Ce qu’ils font, c’est en fait élaborer une construction à
partir de matériaux physiques et musicaux, en réponse à ces propositions.
La tonalité
Dans mes pièces, je ne recherche aucune tonalité particulière. Ce n’est pas une chose
à laquelle je pense durant la phase de création. Je me concentre plutôt sur le fait que
l’ensemble ait du sens, soit clair et cohérent. Tout ce qui relève de l’atmosphère, des
émotions, de la tonalité, est quelque chose qui émane de l’œuvre elle-même, sans que
je n’aie ni ne désire aucun contrôle dessus. Avec les années, j’ai appris aussi que la
même pièce peut susciter des réactions et des émotions très différentes d’une représentation à l’autre. Tout cela est beaucoup plus souple et moins définitif qu’on l’imagine.
Propos recueillis par I.C.
How slow the Wind, François chaignaud-Cecilia bengolea :
Haïku symphonique et chorégraphique
Nous commençons souvent nos créations par l’inspiration d’une musique, des images
et du monde qu’elle évoque. Ici, pour cette première création avec le Ballet de l’Opéra
de Lyon, nous avons choisi une courte pièce du compositeur japonais Toru Takemitsu,
How Slow the Wind.
Cette œuvre ouvre un paysage fait de lumières, de vents, de vitesses, de suspensions… Inspirée d’un poème d’Emily Dickinson, elle est très imagée – évoquant le
calme d’avant ou d’après la catastrophe (tsunami, guerre, explosion, tempête)…
Elle est pacifiée et pourtant menaçante. Par ailleurs, elle n’est l’application d’aucun
système de composition. Takemitsu a beaucoup étudié et navigué, aussi bien dans le
répertoire orchestral occidental, que dans les traditions musicales japonaises, ou les
avant gardes minimalistes et systématiques. Pourtant, cette pièce est complètement
hors des principes dialectiques de la composition orchestrale occidentale… et bien
loin du radicalisme formaliste de ses contemporains. C’est une œuvre « glouton », qui
fraternise avec ces différents registres compositionnels et chromatiques… Cela donne
à la musique une élégance harmonieuse, et un entêtement, qui restent irréductibles
à un système dogmatique et autoritaire. La récurrence du motif thématique, qui se
répète et varie continuellement, architecture la perception, mais n’impose aucune
borne.
Pour la danse, cela permet un lien poétique très fort, et en même temps une grande
lattitude, notamment rythmique. Ainsi, la chorégraphie partage l’insouciance de
cette composition dépourvue de nœuds dramatiques, dont les répétitions mélodiques
semblent pourtant présager d’une possible catastrophe écologique ou climatique.
La composition de Takemitsu confère à chaque instant unique, isolé, une force poétique
singulière, sans l’inquiétude d’un développement linéaire. Nous nous sentons aussi
amoureux de chaque mouvement dans sa singularité que Takemitsu semble l’être de
chacun de ses sons. Nous prenons cette même liberté dans la chorégraphie depuis
quelques années – l’appréciation de l’instant présent, comme s’il n’y avait pas de
futur. C’est avec bonheur que nous avons retrouvé cette intention si explicite dans
l’écriture fragmentée, libre de Takemitsu.
Les pointes nous intéressent depuis toujours et nous les avons déjà utilisées dans nos
pièces ; la dernière pièce Dublove est d’ailleurs entièrement sur pointes. Les pointes
sont à la fois un accessoire spirituel, une manière littérale de s’élever, de s’approcher
du ciel, et un outil chorégraphique, qui transforme la posture, la vitesse, l’équilibre.
Les défis et les formes qu’elles permettent d’imaginer dépassent largement le vocabulaire classique.
Pour cette pièce, les garçons et les filles sont sur pointes, avec une partition qui met à
l’épreuve leur endurance. Les pointes permettent d’éprouver le calme précaire, menaçant et menacé, cette paix fragile que suggère la musique. Les danseurs atteignent
sur pointes une forme d’immobilité vacillante, pacifiée et menacée, beaucoup plus
intense que sans chaussons de pointes. Le travail sur pointes décuple l’effort, mais
aussi la quiétude ou l’abandon. La danse classique masque l’effort. Ici la persévérance des danseurs est palpable. Ce défi, ce jeu révèlent chez les danseurs à la fois
leur puissance et leur vulnérabilité.
De la même manière que la musique joue avec des évocations de mélodies ou
d’harmonies empruntées, notamment à Claude Debussy, ici des bribes de danses
libres de l’entre-deux-guerres de François Malkovsky apparaissent et disparaissent.
Notre composition embrasse ces différents registres, qui se déploient et se rétractent
dans un ballet abstrait et très imagé.
Propos recueillis par I.C.
HEART’S LABYRINTH, JIŘí KYLIáN :
« La représentation visuelle de nos pensées et de nos émotions. »
Après le suicide d’une danseuse de sa compagnie, le Nederlands Dans Theater, Jiří
Kylián commençait à composer Heart’s Labyrinth. Un moyen, pour le chorégraphe,
de sublimer artistiquement la douleur de cette perte tragique et l’occasion d’explorer
de nouvelles voies dans la connaissance du cœur humain.
« Au bout d’un certain temps, tout créateur ressent la nécessité de trouver de nouvelles
façons de travailler, d’utiliser des méthodes différentes de celles utilisées jusqu’alors,
afin de revitaliser son processus créatif. Je ressens ainsi le besoin de m’autoriser à
m’aventurer sur des terrains plus risqués, que je ne connais pas encore.
C’est l’une des raisons pour lesquelles j’ai commencé une série de courtes pièces
intimistes intitulées “Le Labyrinthe du cœur“.
Il existe des expériences terriblement bouleversantes, qui peuvent changer totalement la vie
de quelqu’un et avoir une influence décisive sur toute production créative.
Le suicide d’un être qui fut proche de vous – Karen Tims, danseuse du Nederlands Dans
Theater – est un événement qui laisse une grande ombre sur ceux qui restent. Et qui
influence désormais leurs vies de différentes manières. Outre le sentiment du vide, celui du
caractère irréversible de cet acte et un profond chagrin, j’ai éprouvé le besoin impérieux
d’observer attentivement ce qui se passait au fond de moi et en quoi cela touchait à ma vie
privée et professionnelle. J’ai mis à plat mes sentiments comme ils venaient, et ensemble,
avec les danseurs qui avaient vécu aussi cette tragédie, nous avons créé la représentation
visuelle de nos pensées et de nos émotions. Ce furent mes premiers pas sur le chemin de
l’acceptation et de la compréhension de la mort de Karen Tims.
Mon travail sur “Le Labyrinthe du cœur I et II“ sera un processus en cours, sans
aucune limitation de durée. Je souhaite voir cette œuvre continuer à se développer à
la façon d’un auteur qui, pendant une période donnée, a écrit un certain nombre de
poèmes qu’il décide un jour de rassembler en volume, en donnant à chacun d’entre
eux un sens nouveau. Cette pensée fondamentale m’a donné l’opportunité d’explorer,
dans des petites formes, plusieurs dispositifs chorégraphiques différents, ce qui se
révèle être d’une grande utilité au moment de construire une œuvre plus ambitieuse.
Le titre Le Labyrinthe du cœur me laisse un espace quasi infini pour toute déclaration
artistique. Au sens poétique du terme, le cœur humain est le centre des émotions. La
chaîne sans fin des sentiments humains, les nuances subtiles de leur agencement et
leurs infinies combinaisons créent un inexplicable labyrinthe, avec un nombre illimité
de couloirs. Par ces couloirs, je cherche à m’approcher au plus près de questions
pour lesquelles, je le sais, il n’y a pas de réponses. »
Jiří Kylián - Propos traduits par I.C.
Biographies
Emanuel GAT
Emanuel Gat est né en 1969. Sa première rencontre avec la danse a lieu lors d’un
atelier d’amateurs sous la direction du chorégraphe Nir Ben Gal. Six mois après,
il rejoint la compagnie Liat Dror Nir Ben Gal avec laquelle il tourne dans le monde
entier. Très vite, il commence à travailler comme chorégraphe indépendant et crée
son premier solo Four Dances sur une musique de Bach, en 1994.
En dix ans il participe en tant qu’artiste chorégraphe à différents projets, parmi
lesquels Al-kuds (1996-1998) en collaboration avec le musicien et auteur Mariano
Weinstein, Good Year pièce pour neuf danseurs commandée par la Kibbutz Dance
Company sur une musique originale qu’il écrit, ou encore Two stupid dogs (2002)
création pour cinq danseurs accompagnés du groupe de rap Arabe MWR, commande du Israël/Jésuralem festival. En 2004 il crée sa compagnie : Emanuel Gat
Dance avant de choisir de s’installer en France, en 2007 à la Maison Intercommunale
de la Danse d’Istres.
Avec la compagnie indépendante Emanuel Gat Dance, il crée de nombreuses pièces
qui connaissent un succès international. Winter Voyage et Le Sacre du Printemps
proposées en 2004 au festival d’Uzès seront représentées plus de 250 fois partout
dans le monde. Emanuel Gat compose par la suite une pièce pour huit danseurs sur
le Requiem de Mozart : K626 ; elle sera présentée en 2006 au festival de Marseille.
L’année suivante, il chorégraphie 3for2007, un programme composé de trois pièces :
My Favorite things solo qu’il interprète sur une musique de John Coltrane, Petit torn de
dança duo sur une musique médiévale française, et Through the center… pièce pour
huit danseurs sur une musique électronique de Squarepusher.
Silent Ballet pièce en silence pour huit danseurs sera la première créée en France
et présentée au Festival Montpellier Danse en 2008. Un an plus tard Emanuel Gat
retrouve sur scène son interprète fétiche, Roy Assaf, pour le duo Variations d’hiver.
En 2011 il renoue avec les pièces de groupe et signe Brilliant Corners pour dix danseurs dont il compose également la bande son.
Emanuel Gat est artiste associé de la 33e édition du Festival Montpellier Danse en
2013. Avec sa compagnie, il développe le projet « Up Close Up » proposant deux
créations : The Goldlandbergs et Corner Etudes, une installation photographique
« It’s people, how abstract can it get ? », et un évènement chorégraphique, « Danses
de Cour ».
L’année suivante il réinvestit la cour de l’Agora avec Plage Romantique, une pièce
pour neuf danseurs.
Régulièrement invité de compagnies et de structures pour qui il crée ou transmet des
pièces, il travaille pour la première fois avec le Ballet de l’Opéra de Paris en 2009
(Hark).
En France il chorégraphie également des pièces pour le Ballet du Rhin (Observation
Action en 2010), le Ballet National de Marseille (Organizing Demons en 2012), ou
le Ballet de Lorraine (Transposition #1 et Transpositions #2 en 2013).
Chorégraphe invité de compagnies internationales prestigieuses, il chorégraphie trois
pièces en 2010 : Satisfying Musical Moments pour la Sydney Dance Company, The
Revised and Updated Bremen Structures pour le Tanztheater Bremen et In translation
avec la Candoco Dance Company – une compagnie professionnelle de danseurs
handicapés. L’année suivante c’est Préludes et Fugues pour le Ballet du Grand Théâtre
de Genève. A l’invitation de Benjamin Millepied il crée en 2013 Morgan’s last chug
pour le Los Angeles Dance Project. Cette même année, pour les danseurs du Ballet
Royal de Suède, il signe la pièce Time Themes.
Il collaborera en 2015 avec le CNSMD de Lyon.
François Chaignaud & Cecilia Bengolea
Né à Rennes, François Chaignaud étudie la danse depuis l’âge de 6 ans. Il est diplômé en 2003 du Conservatoire National Supérieur de Danse de Paris et collabore
ensuite auprès de plusieurs chorégraphes, notamment Boris Charmatz, Emmanuelle
Huynh, Alain Buffard, Gilles Jobin.
Depuis He’s One that Goes to Sea fo Nothing but to Make him sick (2004) jusqu’à
Думи мої (2013), il crée des performances, dans lesquelles s’articulent danses et
chants, dans les lieux les plus divers, à la croisée de différentes inspirations. S’y
dessinent la possibilité d’un corps tendu entre l’exigence sensuelle du mouvement
et la puissance d’évocation du chant, et la convergence de références historiques
hétérogènes – de la littérature érotique (Aussi bien que ton cœur ouvre-moi les
genoux, 2008) aux arts sacrés.
Également historien, il a publié aux PUR L’Affaire Berger-Levrault : le féminisme
à l’épreuve (1898-1905). Cette curiosité historique le conduit à initier des collaborations diverses, notamment avec la légendaire drag queen Rumi Missabu des
Cockettes, avec le cabarettiste Jérôme Marin (Sous l’ombrelle, 2011, qui ravive des
mélodies oubliées du début du vingtième siècle), avec l’artiste Marie Caroline Hominal
(Duchesses, 2009), avec les couturiers Romain Brau et Charlie Le Mindu, avec le
plasticien Theo Mercier, avec le photographe Donatien Veismann.
Il poursuit actuellement une recherche sur les répertoires de polyphonies (géorgiennes,
préchrétiennes et médiévales).
Née à Buenos Aires, Cecilia Bengolea se forme aux danses modernes-jazz, dancehall
et street danses.
Elle danse pour les chorégraphes Claudia Triozzi, Alain Buffard, Mathilde Monnier,
Mark Tompkins, Monika Gintersdorfer.
Elle a réalisé des courts films en dialogue avec l’ouvrage de Claude Levi-Strauss Tristes
Tropiques : La beauté (tôt) vouée à se défaire, avec Donatien Veisman et Cri de Pilaga.
En Argentine, Cecilia Bengolea poursuit un travail de vidéo et performance avec les
artistes Victoria Colmegna (Spa Urbano), Sebastian Bonet, Jackie Luduenia.
Elle prépare une pièce avec des danseurs de Dancehall de Jamaïque pour l’automne
2015.
Depuis 2005, un dialogue soutenu entre Cecilia Bengolea et François Chaignaud
donne vie à des œuvres hétéroclites, présentées dans le monde entier. En 2009,
ils reçoivent le prix de la révélation chorégraphique de la critique. Ensemble, ils
créent Pâquerette (2005-2008), Sylphides (2009), Castor et Pollux (2010). Ces trois
premières pièces placent le corps dans des dispositifs de transformation extrême
(pénétration, privation d’air, suspension) et lient l’écriture chorégraphique à un coefficient de réalité élevé. Ces situations exacerbent autant la puissance que la vulnérabilité des corps, leur puissance sexuelle, et leur infinie capacité de mutation.
En 2010, ils rencontrent Suzanne Bodak et exhument les Danses Libres de l’entredeux-guerres, d’après des chorégraphies oubliées de François Malkovsky.
Cette découverte aiguise leur désir d’une écriture chorégraphique rigoureuse et
joueuse, voluptueuse et acérée et porteuse d’idéaux. Ce travail se poursuit dans (M)
IMOSA (coécrit et interprété avec Trajal Harrell et Marlene Monteiro Freitas) qui
les confronte à la scène du voguing new yorkais. En 2012, altered natives Say Yes
To Another Excess – TWERK laisse fraterniser ces différentes influences – urbaines,
modernes, classiques – aux sons des DJ’s du label Butterz dont le grime mixe des
beats de provenances également diverses. C’est au son du dub d’High Elements qu’ils
créent avec Ana Pi, Dublove (2013), épreuve spirituelle et chorégraphique, entièrement sur pointes. Une conférence dansée (Le Tour du monde des danses urbaines en
10 villes) permet de partager avec les jeunes et adolescents leur fascination pour la
richesse, la grammaire et la créativité des danses urbaines. Ils préparent une création
avec le Ballet de Lorraine pour mai 2015.
Jiří Kylián
Jiří Kylián est né à Prague en 1947. Sa mère, danseuse et professeur, guide ses premiers pas de danse à 9 ans. Il entre à 15 ans au Conservatoire de sa ville natale, où
il suit les cours classiques, mais aussi ceux de modern dance (technique Graham) et
de danse folklorique. En 1967, bénéficiant d’une bourse du British Council, il vient à
Londres se perfectionner à la Royal Ballet School.
De passage dans la capitale anglaise, le chorégraphe John Cranko le remarque et lui
propose de rejoindre un jour sa compagnie à Stuttgart.
En 1968, Kylián quitte Prague envahie par les chars soviétiques, et se réfugie au Ballet
de Stuttgart. Il y devient bientôt soliste et y réalise ses premières chorégraphies. Invité
au Nederlands Dans Theater à La Haye en 1973, il est associé deux années plus tard
à la direction artistique (avec Hans Knill). Après les succès de La Cathédrale engloutie,
Return to a Strange Land, La Nuit transfigurée en 1975, de Symphony in D en 1976,
Symphonie de psaumes en 1978, œuvres faisant preuve déjà d’une belle écriture chorégraphique, Kylián est nommé directeur du NDT en 1978.
Il n’a alors que trente ans. Il va hisser la compagnie à un niveau international. Il
l’ouvre aussi à d’autres chorégraphes (William Forsythe, Mats Ek, Ohad Naharin,
Maurice Béjart) et fait naître auprès de lui des vocations chorégraphiques (Nacho
Duato, Paul Lightfoot et Sol Leon, Johan Inger).
Enfin, il donne naissance en 1990 au triple visage du NDT, en créant – à côté de la
troupe principale, le NDT1 – un groupe junior, le NDT2 (jeunes danseurs destinés à
entrer par la suite dans la grande compagnie), et un groupe senior, le NDT3 (réunissant quelques danseurs de plus de 40 ans).
Jiří Kylián a choisi de quitter ses fonctions de directeur général du NDT en juin 1999.
Il est conseiller artistique de la Saitama Arts Foundation à Tokyo. Et il vient de créer
sa propre Fondation.
Jiří Kylián a déjà confié dix de ses œuvres au Ballet de l’Opéra de Lyon.
Josseline Le Bourhis
Quentin Hindley Direction musicale
Chef résident de l’Orchestre national de Lyon depuis mai 2012, Quentin Hindley est
directeur musical des orchestres de jeunes de l’Académie de l’ONL et le chef assistant
de Leonard Slatkin pour trois saisons.
Altiste de formation, il a régulièrement été invité au pupitre d’alto de l’Orchestre de
l’Opéra national de Paris et a participé à une quarantaine de productions.
Au CNSMD de Paris, il a reçu entre 2007 et 2012 les premiers prix de direction
d’orchestre, d’orchestration, d’analyse et d’alto, et a travaillé avec le chef hongrois
Zsolt Nagy. Il s’est perfectionné notamment auprès de Pierre Boulez, Paavo et Neeme
Järvi, Susanna Mälkki, Jorma Panula et Michail Jurowski. Il a collaboré en tant de
chef assistant avec Evelino Pidò, François-Xavier Roth, Frank Strobel, Jean-Claude
Casadesus et Kazushi Ono.
Récemment, il s’est produit avec l’Orchestre national de Lille, l’Orchestre national de
Lyon, l’Orchestre de Pau-Pays de Béarn, l’Orchestre de Mulhouse et le Sinfonietta de
Berlin. Il a travaillé avec l’Orchestre des Pays de la Loire, l’Orchestre de chambre de
Paris, l’Orchestre de Bretagne, l’Orchestre des Pays de Savoie, l’Orchestre symphonique de Saint-Etienne, l’Orchestre d’Auvergne, l’Orchestre symphonique de Miskolc
(Hongrie), l’Orchestre philharmonique Janácek (République tchèque)… En 2014-15,
il travaillera avec Alain Altinoglu et l’Orchestre des Jeunes de la Méditerranée au
festival d’Aix-en-Provence, à la prochaine création de Tristan Murail avec l’Orchestre
national de Lille en octobre et donnera deux concerts avec Alexandre Tharaud et
l’Orchestre national de Lyon. Il se produira également avec l’Orchestre régional de
Basse-Normandie, l’Orchestre régional Avignon-Provence et l’Orchestre philharmonique de l’Opéra de Marseille.
L'Opéra national de Lyon remercie, pour leur généreux soutien, les entreprises
mécènes et partenaires
Mécènes
Mécène fondateur, les Jeunes à l’Opéra
et la vidéotransmission
Membre fondateur du Cercle Kazushi Ono
Mécène de la Journée
Portes Ouvertes
Mécènes du projet
“L'Opéra à l'école“ 2011-2014
Mécène de la vidéotransmission
Mécène de compétence
Mécène de la Maîtrise
Partenaires Médias
Textes : Isabelle Calabre (sauf biographie Kylián)
Opéra de Lyon : Directeur général Serge Dorny Directeur artistique du ballet Yorgos Loukos
L’Opéra de Lyon est conventionné par le ministère de la Culture et de la Communication, la Ville de Lyon,
le conseil régional Rhône-Alpes et le conseil général du Rhône.
Les Labyrinthes du cœur
Ballet de l’Opéra de Lyon - Distributions
Sunshine
Heart’s Labyrinth
10, 11, 12, 13 sept.
Kristina Bentz
Alexis Bourbeau
Aurélie Gaillard
Caelyn Knight
Tadayoshi Kokeguchi
Franck Laizet
Julian Nicosia
Mathieu Rouvière
Raúl Serrano Nuñez
Ashley Wright
10 et 13 sept.
Trio
Aurélie Gaillard
Raúl Serrano Nuñez
Julian Nicosia
11 et 12 sept.
Trio
Ashley Wright
Adrien Delépine
Alexis Bourbeau
1er duo
Dorothée Delabie
Simon Feltz
1er duo
Elsa Monguillot de Mirman
Marco Merenda
Quartet
Caelyn Knight
Raúl Serrano Nuñez
Julian Nicosia
Tadayoshi Kokeguchi
Quartet
Caelyn Knight
Raúl Serrano Nuñez
Julian Nicosia
Tadayoshi Kokeguchi
2e duo
Coralie Levieux
Mathieu Rouvière
2e duo
Annabelle Peintre
Simon Feltz
How Slow the Wind
10, 11, 12, 13 sept.
Carlos Láinez Juan
Coralie Levieux
Ruth Miro Salvador
Elsa Monguillot de Mirman
Chiara Paperini
Roylan Ramos
Pavel Trush
Orchestre de l'Opéra de Lyon
Karol Miczka
Frédéric Bardon
Haruyo Nagao
Calin Chis
Alex Diep
Florence Carret
Altos
Natalia Tolstaia
Donald O’Neil
Henrik Kring
Nagamasa Takami
Violoncelles
Ewa Miecznikowska
Alice Bourgouin
Henri Martinot
Jean-Marc Weibel
Contrebasses
Cédric Carlier
Jorgen Skadhauge
Flûtes
Eva-Nina Kozmus
Catherine Puertolas
Hautbois
Chi Hua Lu
Jacek Piwskowski
Clarinettes
Jean-Michel Bertelli
Sergio Menozzi
Bassons
Cédric Laggia
Nicolas Cardoze
Cors
Jean-Philippe Cochenet
Pierre-Alain Gauthier
Trompettes
Pascal Savignon
Philippe Desors
Trombone
Eric Le Chartier
Timbales
Sylvain Bertrand
Percussions
Yi-Ping Yang
Guillaume Séré
Anne Briset
Harpe
Sophie Bellanger
Piano, célesta
Graham Lilly
Harmonium
Agnès Melchior
Mandoline
Mathieu Sarthe
Guitare
Eric Franceries
photo : Heart’s Labyrinth © Rahi Rezvani
Violons
Nicolas Gourbeix
Laurence Ketels-Dufour
Camille Bereau
Tristan Liehr
Anne Vaysse
Fabien Brunon
Lia Snitkovsky
Dominique Delbart