profil epidemiologique des tuberculoses cutanees
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profil epidemiologique des tuberculoses cutanees
PROFIL EPIDEMIOLOGIQUE DES TUBERCULOSES CUTANEES COLLIGEES AU SERVICE DE DERMATOLOGIE D'AVICENNE (1985 - 1990) B. HASSAM, K. SENOUSSI, F. BENNOUNA-BIAZ, B. LAZRAK RESUME Cet article se propose d'étudier un profil épidémiologique des tuberculoses cutanées colligées au service de dermatologie d'Avicenne, de 1985 à 1990. Au cours de cette période, 43 cas ont été étudiés, leur évolution ayant été favorable, sans complications majeures. SUMMARY In this paper we wanted to study an epidemiologic aspect of cutaneous tuberculosis, we have seen in Dermatology (Avicenne), during six years (1985-90). During this time 43 cases have been studied, their evolution was very good, without major complications. I - INTRODUCTION Si la fréquence de la tuberculose en général est en constante régression dans les pays ayant une infrastructure sanitaire développée, cette affection constitue cependant chez nous un problème de santé publique. Bien que moins fréquente que la tuberculose pulmonaire par exemple, la tuberculose cutanée n'en demeure pas moins un problème de prise en charge par les services de dermatologie en particulier. Des conditions socio-économiques précaires, une hygiène et une alimentation défectueuses, la non généralisation de la vaccination par le B.C.G. font que la lutte contre ce fléau reste difficile à réaliser. II - ASPECTS CLINIQUES A) Tuberculoses cutanées vraies : 1 - Chancre cutané de primo-innoculation : s'observe surtout chez l'enfant non sensibilisé à la tuberculine, sans antécédents tuberculeux. Le chancre siège souvent au niveau de la face, d'un membre ; une adénopathie satellite se développe 2 à 3 semaines après l'apparition du chancre. 2 - Tu b e rculose verruqueuse : s'observe souvent en milieu rural chez l'adulte sensibilisé à la tuberculine. Le siège au niveau des mains, sous forme d'une plaque verruqueuse grisâtre, bien limitée, entourée d'un halo inflammatoire, avec des prolongements serpigineux est assez caractéristique. Cette lésion souvent unique à surface kératosique dont la pression laisse soudre du pus donne naissance à une adénopathie satellite. 3 - Le lupus tuberculeux : est l'apanage de la femme jeune ayant été en contact avec le bacille de Koch, présentant une forte sensibilité à la tuberculine. La lésion élémentaire (lupome) de siège facial ou cervical se présente sous forme de nodule dermique (tête d'épingle) rouge-orangé, mou, dont la vitro-pression montre une coloration jaune translucide "sucre d'orge". La coalescence des lupomes réalise un placard lupique hétérogène bigaré. Les variantes cliniques sont nombreuses (lupus timidus). 4 - Tuberculoses gommeuses : a) Les gommes hématogènes : se présentent sous forme d'abcès métastatiques tuberculeux avec dissémination surtout chez les sujets dénutris. b) Scrofulodermes : des régions latérales du cou en regard de lésions tuberculeuses ostéo-articulaires ; elles réalisent des nodules sous cutanés qui fistulisent avec issue de pus pour aboutir à des ulcérations déchiquetées, dont la cicatrisation ultérieure prendra un aspect chéloïdien. 5 - Tu b e rculose orificielle : s'observe par autoinnoculation muqueuse et/ou cutanée à partir d'une tuberculose viscérale grave (pulmonaire, digestive, urogénitale...). Cette forme particulière réalise des nodules violacés oedémateux évoluant vers une ulcération douloureuse à bords décollés. 6 - La tuberculose miliaire cutanée aiguë : Le bacille tuberculeux diffuse par voie hématogène avec Service de Dermatologie d'Avicenne, Rabat. Médecine du Maghreb 1991 n°27 B. HASSAM, K. SENOUSSI, F.BENNOUNA-BIAZ, B. LAZRAK 10 atteinte méningée, pulmonaire, cutanée (papules rosées ou bleutées, centrées par une vésicule). B) Les tuberculides : Réalisent des lésions cutanées très variées : . papulo-nécrotiques . lichen scrofulosorum . érythème induré de Bazin . tuberculides papuleuses du visage, dont l'image histologique est caractéristique d'une tuberculose cutanée ; ces lésions répondent bien à un traitement anti-tuberculeux ; le patient présente une bonne réponse à la tuberculine ; le bacille de Koch n'est jamais retrouvé à l'examen direct, ou en culture. C) Les complications cutanées du B.C.G. Vaccination B.C.G. I.D.R. cicatrice papule diam. 8 mm (6e sem.) ulcération + adénopathie Cette vaccination peut être à l'origine de complications très diverses locales ou générales. III - ARMES THERAPEUTIQUES Reposent sur les anti-bacillaires spécifiques du bacille tuberculeux. - I.N.H ; Rifampicine* ; Ethambutol* ; Streptomycine ; Ethionamide dont l'association ou la combinaison permet de juguler le plus souvent cette infection chronique. - Association de choix : I.N.H + Rifampicine + Ethambutol : (triple association pendant 2-3 mois), puis bithérapie sur une durée de 10-12 mois. IV - NOS OBSERVATIONS 43 cas de tuberculoses cutanées colligées au service sur une période allant de janvier 85 à décembre 90. Tous nos malades ont subi une biopsie de la lésion suspecte avec un examen bactériologique lorsque cela est possible. Le traitement a été dans tous les cas la bithérapie I.N.H-Streptomycine aux doses thérapeutiques 6 jours sur 7 durant les trois premiers mois, puis 3 jours sur 7 durant 9 mois. L'évolution a été favorable dans tous les cas et nous n'avons pas rencontré de résistance au traitement, ni de complications majeures inhérentes au traitement. 43 cas de tuberculose cutanée (85-90). Aspects cliniques ™ ¡ Diagnostic Traitement Gommeuses 5 5 Biopsie + bactério. S.M.Y. + INH Verruqueuses 2 15 Biopsie + bactério S.M.Y. + INH Lupus tuberculeux 3 1 Biopie S.M.Y. + INH Tuberculides 9 3 Biopsie S.M.Y. + INH Evolution Favorable dans tous les cas ; poursuite du traitement au D.A.T. S.M.Y. = Streptomycine A noter que l'hospitalisation n'a pas été obligatoire pour tous les cas, sauf pour les patients indigents et éloignés d'un centre de soins ; l'examen bactériologique de la lésion est entrepris lorsque la biopsie cutanée n'est pas concluante. L'antibiogramme n'a jamais été fait et l'association S.M.Y. + INH a toujours donné de bons résultats. Le traitement est parfois débuté au service puis le patient est adressé au dispensaire de lutte anti-tuberculeuse (D.A.T.). Les malades sont revus régulièrement à la consultation du service. Enfin il est à noter que l'on n'a pas eu à déplorer des complications majeures du traitement : neuropathies surtout, vite corrigées par une supplémentation vitaminique du groupe "B". BIBLIOGRAPHIE 1 - Guide technique à l'usage des médecins responsables de la lutte antituberculeuse. MS/DGS/DP n° 832, 20/09/1980. 2 - PERROT M. - Manifestations cutanées de la tuberculose. Méd. et Hyg. 43, 888-897, 1985. Médecine du Maghreb 1991 n°27 3 - SANDRON D., MARIN I., MUCHON G. - Le traitement de la tuberculose pleuro-pulmonaire en 1985. Ann. Méd. Interne. 136, 59-68, 1985. 4 - A. PALANGIE, D. WALLACH, 1981. Tuberculoses cutanées in EMC dermatologie 1981.