L`arc de la Sonde
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L`arc de la Sonde
Jean-Paul TOUTAIN Observatoire Midi-Pyrénées - LMTG Université Paul Sabatier, Toulouse coordonateur COOPERATION FRANCO-INDONESIENNE EN VOLCANOLOGIE historique, objectifs et moyens 1. l’Indonésie : le pays des volcans 3. Les trois principaux aléas en Indonésie La cause du volcanisme : la subduction La surface terrestre est composée de plaques lithosphériques rigides qui se déplacent les unes par rapport aux autres : c’est la tectonique des plaques. Le processus de subduction se produit entre deux plaques convergentes, lorsque une plaque (ici la plaque indo-australienne) glisse sous la plaque des Iles de la Sonde. La vitesse de subduction peut atteindre 9 cm par an, et la plaque plongeante peut atteindre la profondeur de 700 km. Les zones de subduction sont à l'origine d'un volcanisme intense. Les températures atteignant plus de 1000 C en profondeur provoquent des phénomènes de fusion et la création de magmas. Le volcanisme créé dans les zones de subduction est de type explosif, les magmas ainsi formés étant chargé d’eau et de gaz et très visqueux. Les volcans de subduction s'alignent en général parallèlement à la zone de subduction, à une distance de l'ordre de 200 km de la fosse océanique. On en formant des arcs volcaniques. . L’arc de la Sonde : l’arc le plus long Merapi Dieng Soputan L’arc insulaire indonésien, appelé l’arc de la Sonde, est l’arc actif le plus long sur terre (3000 km). Cet arc volcanique appartient à la Ceinture de Feu du Pacifique, guirlande d’iles volcaniques qui entoure l’Océan pacifique. L’arc de la Sonde est caractérisé par une activité tectonique intense, avec plus de 200 volcans actifs et une activité sismique présentant des magnitudes très élevées. 2. l’Indonésie, site des 2 plus grandes éruptions de l’histoire L’éruption du Tambora : 1815 Entre le 5 et le 10 avril 1815, une série d’éruptions très puissantes décapitèrent le volcan, dont la hauteur fut amputée de près de 1500m. 150 Km3 de magmas furent émis, avec un panache de cendres s ’élevant à 44 km de hauteur. Les ondes sonores émises par les explosions furent entendues jusqu’à une distance de 1500 km. Près de 92.000 personnes moururent, des retombées de cendres, des nuées ardentes, de tsunamis ou de la famine qui suivit l’éruption. La cendre envoyée dans la stratosphère fit plusieurs fois le tour de la Terre, causant de magnifiques couchers de soleil rougeoyants. En 1816, les moyennes des températures dans l'hémisphère Nord chutèrent de 1 C. On appela cette année-là l'année sans été. C’est l’éruption la plus violente de l’Histoire. L’éruption du Krakatoa : 1883 Le 27 août 1883, l’île du Krakatoa est secouée par une éruption d’une exceptionnelle violence. Une série de grandes vagues franchissent le Détroit de la Sonde et déferlent sur les côtes de Java et Sumatra. Les vagues auraient atteint la hauteur de 30 à 40 m ! Enfin, l’explosion finale se produit et en quelques secondes, le cône volcanique haut de 800 m se volatilise. Près de 25 Km3 de magma ont été émis. La détonation est entendue jusqu’à Perth (Australie) et l’Iles Maurice (Océan indien). L'île de Krakatau a été en grande partie soufflée par l'explosion. 37.000 morts sont à déplorer, essentiellement suite aux tsunamis. CVGHM 4. L’action de la France en Indonésie La coopération franco-indonésienne en volcanologie Les nuées ardentes Ce sont des nuages de cendres, blocs et gaz, qui s’écoulent à haute température (plusieurs centaines de degrés) et grande vitesse (plusieurs centaines de km/heure) sur les pentes. Elles sont extrêmement destructrices, en rasant forêts et habitations. Elles sont provoquées en général par l’éclatement ou l’écroulement d’un dôme de lave visqueuse, riche en gaz croissent dans les cratères. En cas de déstabilisation du dôme (par un séisme par exemple), ou d’explosion sous l’effet d’une trop forte pression interne de gaz, les nuées ardentes dévalent les pentes. Le Mérapi (photo) à Java est le volcan type au monde pour l’écroulement des dômes et la génération de nuées ardentes. La coopération franco-indonésienne en volcanologie, initiée en 1986 par Haroun Tazzieff, alors secrétaire d'Etat à la Prévention des Risques Majeurs, s’est développée sous l'impulsion du MAE (Ministère des Affaires Etrangères). L’Ambassade de France en Indonésie est le principal soutien de nos actions, en finançant missions, petits équipements et bourses de formation pour les étudiants indonésiens. Une synergie entre instituts et établissements de recherche Cette coopération fédère, côté français, divers laboratoires mixtes CNRS-universités implantés à Toulouse, Clermont-Ferrand, Chambéry, Paris, des instituts (Commissariat à l’Energie Atomique, l’Institut de Recherche pour le Développement). Côté indonésien, le partenaire principal est le CVGHM (Pusat Vulkanologi & Mitigasi Bencana Geologi, Centre d’Etude des Risques Volcaniques et Géologiques dont le siège est à Bandung). Le CVGHM assure la tutelle des observatoires volcanologiques indonésiens, et est en charge de la surveillance instrumentale et de la gestion des risques. objectif formation et transfert de compétences L’objectif de cette coopération est d’abord de promouvoir la formation d’étudiants et experts indonésiens par la recherche. Grâce au financement de l’Ambassade de France, nous formons ainsi dans les laboratoires français des étudiants en thèse (une vingtaine depuis 1986). Il est ensuite de transmettre des compétences (méthodes, techniques) en associant les chercheurs indonésiens à nos activités de surveillance et de recherche sur les volcans indonésiens ou en concevant des outils de surveillance adaptés au contexte indonésien. 5. Les sites d’étude de la coopération Les lahars Les lahars, nom indonésien des coulées de boue, résultent de la conjonction entre la présence d’importantes quantités de cendres déposées sur les pentes par l’activité explosive et de pluies importantes. La vitesse des lahars est de 15 à 30 km/h. Ils s’écoulent sur des pentes même faibles et peuvent parcourir des distances de plusieurs dizaines de km. Les lahars transportent des cendres, des blocs de plusieurs mètres, des troncs, et ont donc un pouvoir destructeur énorme. C’est un des risques volcaniques principaux en Indonésie, qui fit 5110 victimes au Kelut (Java) en 1919. Les lahars sont fréquents aux volcans Agung, Merapi, Semeru et Galungung. Les éruptions gazeuses Les magmas sont des mélanges de lave et de gaz. Les principaux constituants sont l’eau (H2O), le dioxyde de soufre (SO2) et le gaz carbonique (CO2). Le CO2 est le plus dangereux, une concentration de 25% de CO2 dans l’air pouvant entaîner la mort. Généralement, le CO2 émis par les volcans est dilué par l’air ambiant et ne pose pas de problème notable. Mais certains volcans, peuvent émettre brutalement de grandes quantités de CO2 pur, qui, plus lourd que l’air, s’écoule sur les pentes et dans les vallées. Inodore et incolore il devient mortel pour les humains et les animaux. En février 1979, du CO2 émis à l’état pur lors d’une éruption mineure a tué 142 personnes sur le plateau de Dieng (Java centre). Trois volcans, dans l’ïle de Java, ont été sélectionnés : Mérapi, Kelut et Semeru, volcans explosifs constituant des risques majeurs pour les populations environnantes. Leur fréquence éruptive élevée (environ 5 ans pour le Merapi et le Semeru) en font des sites parfaitement adaptés à la mise en œuvre de nouvelles méthodes et techniques de surveillance. Le Mérapi (altitude 2950 m) est l'un des volcans les plus actifs et les plus explosifs d’Indonésie et menace la région densément peuplées de Yogyakarta. Ses éruptions sont généralement causées par l’effondrement d’un dôme de lave visqueuse qui s’installe dans le cratère sommital et le déclenchement de coulées pyroclastiques meurtrières. Ses éruptions paroxysmales dans le passé ont recouvert toute la région et ont enseveli le temple de Borobudur. Ses éruptions font souvent des victimes, un millier en 1930 et une vingtaine en 1994. La dernière éruption date de 2006. Le Semeru au nord de la caldera de Tengger, est le volcan le plus élevé de Java (3676 m). Il a produit 55 éruptions depuis 1818, modérément explosives. Le risque majeur au Semeru est constitué par les lahars (coulées de boue) qui se déclenchent à la saison des pluies et qui atteignent rapidement les premières zones habitées à faible distance du sommet. Ces coulées de boue firent plusieurs centaines de victimes en 1909 et 1981 dans la région densément peuplée de Lumajang, au pied du Semeru. Le Kelut (altitude 1731 m) est un complexe volcanique qui contient un lac de cratère et qui a été à l'origine de nombreuses éruptions dévastatrices (5000 morts en 1915). Il a produit plus de 30 éruptions explosives depuis l'an 1000, dont les dernières en 1990 et 2007. Les éruptions du Kelut sont souvent courtes et violentes, accompagnées d'importantes coulées pyroclastiques et de lahars massifs provoqués par l’expulsion brutale du lac de cratère. Elles peuvent être meurtrières et provoquer des destructions considérables.