Chapitre 7: LES ANTICONVULSIVANTS /LES ANTIEPILEPTIQUES
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Chapitre 7: LES ANTICONVULSIVANTS /LES ANTIEPILEPTIQUES
Chapitre 7: LES ANTICONVULSIVANTS /LES ANTIEPILEPTIQUES Item 235 : Epilepsie de l'enfant et de l'adulte : argumenter l'attitude thérapeutique et planifier le suivi du patient Objectifs: - Connaître les mécanismes d’action des anticonvulsivants - Connaître les propriétés pharmacocinétiques qui jouent un rôle dans le maniement des anticonvulsivants - Connaître les principaux effets indésirables - Connaître les interactions médicamenteuses et plus particulièrement les contre-indications (par interactions médicamenteuses ou de prescription) - Connaître les règles de maniement des anticonvulsivants au cours de la grossesse PLAN Introduction 1. Les médicaments 2. Mécanisme d’action et effets pharmacologiques 3. Pharmacocinétique 4. Pharmacologie clinique -Effets thérapeutiques- Indications 5. Effets indésirables 6. Interactions médicamenteuses 7. Maniement – Contre-indications IMPORTANT Pour vous aider à mémoriser les informations, elles sont présentées avec la mise en forme suivante Information importante (à connaître) Information complémentaire Faculté de Médecine de Strasbourg, Module de Pharmacologie Clinique DCEM3 « les anticonvulsivants » - M. Billing-Wolf - Mise à jour : mars 2012 1 Introduction Les anticonvulsivants sont les médicaments indiqués principalement dans le traitement pharmacologique de l'épilepsie. Ces médicaments sont considérés comme efficaces chez 70 % des malades épileptiques traités. 1 Les médicaments Anticonvulsivants de première génération Anticonvulsivants barbituriques Spécialités Phénobarbital Aparoxal®, Gardenal®, Alepsal®), Kaneurone® (+ caféine) Orténal® (+ amphétamine) Anticonvulsivants non barbituriques Phénytoïne Di-Hydan® (est considéré comme le médicament de référence de cette classe) Fosphénytoïne Prodilantin ® Valproate de sodium Dépakine® (issue de la recherche, est devenu un produit majeur) Carbamazépine Tégrétol ® Ethosuximide Zarontin® Benzodiazépines Clonazepam Diazépam Rivotril® Valium® Exemple d’Anticonvulsivants de 2ème génération Lamotrigine Lamictal ® Oxcarbazépine Trileptal® Gabapentine Neurotin ® Topiramate Epitomax ® Prégabaline Lyrica® Vigabatrin Sabril® Tiagabine Gabitril ® 2 Mécanisme d’action et effets pharmacologiques Les hypothèses physiopathologiques de l’épilepsie reposent sur une hypersensibilité des récepteurs de type NMDA aux acides aminés excitateurs (glutamate, aspartate) dans l'hippocampe. La transmission glutamatergique médiée par les récepteurs NMDA est exagérée alors que la transmission GABAergique est diminuée, notamment celle se projetant sur les neurones pyramidaux de l'hippocampe. L'exagération de la neurotransmision glutamatergique apparaît comme un marqueur de l'épileptogénèse, et expliquerait la perte cellulaire survenant dans l'épilepsie chronique ainsi que la morphologie dendritique anormale observée dans le lobe temporal épileptique. Une élévation marquée des concentrations de glutamate, d'aspartate et de glycine est associée à la crise focale. Quatre mécanismes d'action principaux sous-tendent l'effet pharmacologique bénéfique des anticonvulsivants : - Le blocage des canaux sodiques voltage-dépendants ; - L'augmentation de la neurotransmission GABA ergique, inhibitrice ; - Le blocage de la transmission glutamatergique ; - Le blocage des canaux calciques de type-T. Le site d'action de quelques produits peut être illustré au niveau de la neurotransmission GABAergique ou glutamatergique ou encore au niveau d'un courant sodique voltage dépendant comme l’illustre le schéma en annexe de ce chapitre. Faculté de Médecine de Strasbourg, Module de Pharmacologie Clinique DCEM3 « les anticonvulsivants » - M. Billing-Wolf - Mise à jour : mars 2012 2 3 Pharmacocinétique Les anticonvulsivants de première génération présentent des caractéristiques pharmacocinétiques particulières : 1) cinétique non linéaire (ex : phénytoïne) ; 2) forte liaison protéique ; 3) autoinduction de leur propre métabolisme hépatique ; 4) présence de métabolites actifs ; 5) interactions pharmacocinétiques nombreuses ; 6) cinétique variable selon l'âge (enfant, sujet âgé). Ces aléas expliquent le recours systématique, chez le malade, au suivi thérapeutique avec monitoring plasmatique, à la recherche de concentrations plasmatiques considérées comme optimales (fourchette de concentration), variables selon les médicaments. Voir page suivante le tableau illustrant les propriétés pharmacocinétiques des anticonvulsivants de première génération. Ci dessous quelques éléments illustrant la pharmacocinétique des anticonvulsivants plus récents. Les anticonvulsivants de deuxième génération représentent un progrès important sur le plan pharmacocinétique. Absorption Tous les anticonvulsivants de seconde génération sont bien absorbés, leur forte liphophilicité favorisant la pénétration dans le SNC. Seule, l'absorption de la gabapentine dépend de la saturation d'un transporteur ; la biodisponibilité de l'oxcarbazépine est augmentée de 17 % par la prise concomitante d'aliment. Volume de distribution Tous les anticonvulsivants de seconde génération se distribuent au niveau de l'eau totale (environ 0,6 L/kg).. Liaison aux protéines plasmatiques A l'exception de la Tiagabine (liaison à 96 %) tous les nouveaux produits sont peu liés aux protéines plasmatiques. Demi-vie d'élimination De grandes différences sont à noter d'un produit à un autre et surtout des modifications apparaissent lors des associations thérapeutiques (voir interactions). La Gabapentine et la Tiagabine impliquent de fréquentes administrations quotidiennes ; l'activité du Vigabatrin dépend de la vitesse de renouvellement de la GABA-transaminase (aucun lien avec la te1/2 plasmatique). Métabolisme Le Felbamate subit un métabolisme hépatique, inductible, la Lamotrigine est éliminée sous forme de métabolites glucuronides, la Tiagabine a un métabolisme qui passe par le cytochrome P450, le topiramate voit son métabolisme accéléré par les inducteurs enzymatiques. Elimination La Gabapentine et le Vigabatrin sont excrétés inchangés dans les urines. Le Vigabatrin a une élimination biexponentielle. Faculté de Médecine de Strasbourg, Module de Pharmacologie Clinique DCEM3 « les anticonvulsivants » - M. Billing-Wolf - Mise à jour : mars 2012 3 Tableau illustrant les propriétés pharmacocinétiques des anticonvulsivants de première génération Médicaments Résorption Tmax Métabolisme Elimination T1/2 80 % 8h Hépatique rénale ad: 50-140 h enf: 40-70 h Primidone 60-80% 4h Phénytoïne 20 - 90% dose-dépendante 3 -12 h Hépatique et saturable rénale 15- 60 h avec la dose 100 % 4-8h Hépatique rénale 10 - 20 h Clomazépam Diazépam 80 % 75 - 100 % 1-4 0,5 - 2 rénale rénale 19 -60 h 20 - 95 h Carbamazépine 75 - 85 % 6 -12 h rénale 15 - 20 h Phénobarbital Valproate de Na rénale dont en hépatique dont 15 % partie sous forme en phénobarbital active Hépatique hépatique avec métabolite actif Hépatique Point particulier Inducteur pas de relation entre posologie et efficacité, état d’équilibre: 15-20j 4 - 14 h Faculté de Médecine de Strasbourg, Module de Pharmacologie Clinique DCEM3 « les anticonvulsivants » - M. Billing-Wolf - Mise à jour : mars 2012 métabolisme saturable pas de “plateau” proportionnel à la dose état d’équilibre: 8 - 20 j forte fixation aux protéines plasmatiques. > 90% dosedépendante et saturable Inducteur 4 4 Pharmacologie clinique - Effets thérapeutiques – Indications Pharmacologie clinique La pharmacologie clinique des anticonvulsivants fait l’objet d’une réflexion spécifique sur les méthodes de développement des produits, les plans expérimentaux (exemple de l'ajout d'un deuxième produit ou d'un placebo à un traitement de base) la bioéthique (le recours au placebo seul n'est plus possible), les cas rebelles ou considérés comme pharmacorésistants, les études de recherche de doses (définition du meilleur ratio bénéfice/risque), les études consacrées à l'épilepsie de l'enfant. Conformément à l'evidence-based-medicine les indications précises et les posologies "optimales" seront issues des essais cliniques publiés. Effets thérapeutiques - Indications Médicaments Phénobarbital Primidone Phénytoïne Valproate de Na Carbamazépine Benzodiazépines Ethosuximide Progamide Vigabatrin Effets cliniques sédatif anticonvulsivant inducteur des enzymes hépatiques anticonvulsivant antiarythmique inducteur des enzymes hépatiques anticonvulsivant sans effet hypnotique sans effets périphériques (respiration, pression, fonction rénale) sédatif anticonvulsivant anti diurétique inducteur des enzymes hépatiques anticonvulsivants anxiolytiques sédatifs hypnotiques myorelaxants amnésiants anticonvulsivant sédatif anticonvulsivant sans effet sur la mémoire et les fonctions psychomotrices anticonvulsivant sédatif majoration de la [GABA] dans le liquide céphalo-rachidien Valpromide anticonvulsivant inducteur modéré des enzymes hépatiques Felbamate anticonvulsivant Indications Toutes formes d’épilepsies sauf petit mal Toutes formes d’épilepsies sauf petit mal névralgies faciales Toutes formes d’épilepsies Convulsions hyperthermiques de l’enfant Toutes formes d’épilepsies sauf petit mal Rappel autre indication : psychose maniaco dépressive en cas de contreindication du lithium Forme i.v. pour état de mal convulsif forme per os: traitement de fond des épilepsies Petit mal 2ème intention épilepsies rebelles à d’autres épileptiques Epilepsie partielle en complément d’un autre traitement épilepsie rebelle à d’autres traitements Traitement adjuvant dans les épilepsies avec manifestations psychiatriques Autre indication : Proposé dans la psychose maniaco dépressive en cas de contre-indication du lithium: Traitement chez l’adulte et l’enfant (à partir de 4 ans) du syndrome de Lennox – Gastaut non contôlé par d’autres anticonvulsivants et en complément du traitement antérieur e Faculté de Médecine de Strasbourg, Module de Pharmacologie Clinique DCEM3 « les anticonvulsivants » - M. Billing-Wolf - Mise à jour : mars 2012 5 Epilepsie partielle en complément d’un autre traitement Traitement des épilepsies réfractaires (crises partielles et généralisées) en anticonvulsivant complément d’un traitement antérieur ou en monothérapie en cas d’échec d’un traitement antérieur Epilepsie partielle en première intention ou en complément d’un autre traitement anticonvulsivant quand il est suffisamment efficace (réduction d’au moins 50% des crises) Anticonvulsivant Epilepsie partielle en complément d’un Inhibiteur de l’anhydrase carbonique autre traitement Topiramate anticonvulsivant Lamotrigine Gabapentine Tiagabine Globalement les anticonvulsivants de seconde génération ont tous pour indication les épilepsies partielles. Ils sont le plus souvent indiqués en bithérapie, sauf, pour l'instant la gabapentine et la lamotrigine. Ce dernier médicament est également indiqué dans les épilepsies généralisées. Le felbamate est strictement réservé au syndrome de LENNOX-GASTAUT et délivré par des centres de prescription réservés. Rappel : certains anticonvulsivants ont d’autres indications : douleur (carbamazépine), troubles bipolaires (carbamazépine, acide valproïque). 5 Effets indésirables Ils sont nombreux et fréquents. Ils conditionnent la compliance, les arrêts de traitement et les modifications de posologies. Ils peuvent être précoces ou d’apparition plus tardives et concernent aussi bien le système nerveux central que le système gastro-intestinal, cutané ou d’autres. Il est impossible d’en faire ici une liste exhaustive. Le tableau ci –dessous résume les effets graves et les plus fréquents. - Phénobarbital, Primidone Phénytoïne somnolence diurne anémie mégaloblastique, digestifs (nausées, vomissements) hypertrophie gingivale vertiges, troubles visuels rash cutané rares mais parfois fatals : thrombocytopénie, granulocytopénie, pancytopénie hépatites cytolytiques états confusionnels troubles digestifs chutes de cheveux tremblement leucopénie, thrombopénie, anémie - Valproate de Na - Benzodiazépines Amnésie asthénie somnolence dépendance - Carbamazépine - Ethosuximide Neutropénie, thrombopénie, agranulocytose rares mais imposant l’arrêt immédiat du traitement Somnolence Bouche sèche, nausées, vomissement Somnolence céphalées, vertiges, exacerbation possible de l’épilepsie urticaire Faculté de Médecine de Strasbourg, Module de Pharmacologie Clinique DCEM3 « les anticonvulsivants » - M. Billing-Wolf - Mise à jour : mars 2012 6 - Progamide - Vigabatrin - Felbamate - Topiramate - Lamotrigine - Gabapentine - Tiagabine 6 Stevens-Johnson lupus érythémateux disséminé hépatite cytolytique somnolence troubles gastro-intest. vertiges, asthénie Toxicité oculaire parfois irréversible Somnolence céphalées, vertiges, Hématologiques avec risque d’aplasie médullaire (mortelle dans 30% des cas) Hépatiques avec risque d’insuffisance hépatique aiguë (mortelle dans 30% des cas) Nausée, vomissements Confusion, difficultés de concentration, somnolence, agitation, hallucinations, dépression Lithiase urinaire, asthénie, perte de poids, Eruptions cutanées (éruptions maculo-papuleuses, Lyell ou Stevens-Johnson) imposant l’arrêt immédiat du traitement Diplopie, vertiges, somnolence, céphalées Sensations vertigineuses, asthénie et somnolence Céphalées et tremblements Sensations vertigineuses, asthénie et somnolence Céphalées et tremblements Interactions médicamenteuses Interactions entre anticonvulsivants Les interactions médicamenteuses essentielles à connaître sont d'ordre pharmacocinétique. Interactions pharmacodynamiques entre anticonvulsivants de première génération (d’après H. Alain les Anticonvulsivants , www.med.univ-rennes1.fr) Association médicamenteuse Effet anticonvulsivant Neurotoxicité PHT + PB PHT + CBZ CBZ + PB VPA + ESM VPA + PB VPA + CBZ VPA + PHT A A A A A A A ++ AA A AA AA CBZ : carbamazépine ; ESM : ethosuximide ; PB : phénobarbital ; PHT : phénytoïne ; A = effet additif ; A++ = forte potentialisation ; A - = très discrète potentialisation Les interactions pharmacocinétiques les plus classiques ont lieu au niveau des systèmes enzymatiques du métabolisme. Ainsi par exemple : - Le Felbamate augmente les concentrations plasmatiques de phénytoïne, d'acide valproïque, de carbamazépine, de lamotrigine. Faculté de Médecine de Strasbourg, Module de Pharmacologie Clinique DCEM3 « les anticonvulsivants » - M. Billing-Wolf - Mise à jour : mars 2012 7 - La clairance du tiagabine, topiramate et zonisamide est augmentée en présence d'inducteur enzymatique. La lamotrigine a une élimination ralentie par l'acide valproïque.. Interactions avec les oestroprogestatifs Très schématiquement tous les anticonvulsivants de première génération, inducteurs enzymatiques, interagissent avec les oestroprogestatifs ce qui implique une pilule contraceptive macrodosée. En dehors du topiramate (qui réclame également une pilule macrodosée), les anticonvulsivants de seconde génération sont considérés comme n'interférant pas avec les oestroprogestatifs. Notons toutefois qu'aujourd'hui, le recul est insuffisant et que les doses utilisées lors des études d'interactions étaient en général inférieures aux posologies recommandées en thérapeutique. Nouveaux anticonvulsivants et autres médicaments A l'inverse des anticonvulsivants de première génération qui présentent d'innombrables interactions PK (métabolisme, liaison au protéines) et PD (sédation, troubles cognitifs) , les nouveaux médicaments ne présentent pas ce genre d'inconvénients. Nous citerons simplement l'accélération du métabolisme de la lamotrigine par le paracétamol. En conclusion, les interactions avec les anticonvulsivants sont nombreuses. Leurs conséquences cliniques relèvent généralement d’un niveau de gravité moyen de type « précaution d’emploi ». Les interactions relevant des contre-indications figurent ci-dessous : Anticonvulsivants inducteurs enzymatiques (carbamazépine, phénobarbital, phénytoïne) + Saquinavir (antiprotéases) = risque de baisse de l’efficacité de l’antiprotéases par augmentation de son métabolisme hépatique par l’inducteur Phénobarbital + Ifosfamide = risque de majoration de la neurotoxicité par augmentation du métabolisme hépatique de l’ifosfamide par le phénobarbital. Phénytoine (à visée prophylactique de l’effet convulsivant du cytotoxique) + cytotoxiques Anticonvulsivants non inducteurs enzymatiques : Acide valproique + Méfloquine = risque de survenue de crises épileptiques par augmentation du métabolisme de l’acide valproïque et effet convulsivant de la méfloquine 7 Maniement – Contre-indications Suivi Thérapeutique Le dosage plasmatique des médicaments de première génération est utile, (prise de sang le matin à jeun avant la première prise de médicament, lorsque la cinétique est considérée à l'équilibre [steadystate]). Ce dosage est en particulier à pratiquer chaque fois qu'il y a modification posologique, coprescription ou échappement thérapeutique. L'intérêt de ce monitoring est quadruple : ajustement posologique; compréhension des interactions; limitation des effets indésirables; vérification de la compliance. Pharmacocinétique chez l’enfant et le sujet âgé En raison de modifications pharmacocinétiques en rapport avec l'âge, les posologies quotidiennes recommandées sont différentes et variables selon l'âge pour un même produit. Anticonvulsivant, grossesse et allaitement Tous anticonvulsivants confondus, il a été montré que, dans la descendance de femmes épileptiques traitées, le taux global de malformations est deux à trois fois supérieur à celui de la population Faculté de Médecine de Strasbourg, Module de Pharmacologie Clinique DCEM3 « les anticonvulsivants » - M. Billing-Wolf - Mise à jour : mars 2012 8 générale (2 à 3 % environ). Bien que l’on ait observé une augmentation du risque malformatif en cas de polythérapie, la part respective des traitements et de la maladie n’a pas été réellement établie. Les malformations les plus souvent rencontrées sont les fentes labiales et les malformations cardiovasculaires. Compte tenu de ces données, si une grossesse est envisagée chez une épileptique traitée, il n’est pas légitime de la lui déconseiller : c’est l’occasion de peser à nouveau l’indication des traitements anticonvulsivants. L’allégement d’un traitement est toujours souhaitable à condition de respecter son efficacité. Si une grossesse a déjà démarré sous traitement, l’arrêt brutal sans avis spécialisé peut être préjudiciable à la mère et au fœtus, de même qu’un changement intempestif d’une thérapeutique jusqu’alors efficace. L’attitude globale sera modulée en fonction des anticonvulsivants administrés. Risque tératogène - Carbamazépine : possibilité dans environ 1% des cas d’anomalies de la fermeture du tube neural (spina bifida, myéloméningocèle). - Phénytoïne : possibilité de survenue d’un syndrome particulier associant dysmorphie faciale, hypoplasie des phalanges distales, retard de croissance intra-utérin, retard mental. Ni sa fréquence, ni la relation de causalité avec la phénytoïne ne sont clairement établies . - Phénobarbital : les résultats de différentes études sont contradictoires. Le risque tératogène pour une exposition au premier trimestre, s’il existe, paraît faible. - Acide valproïque : le valproate de sodium semble induire des anomalies de fermeture du tube neural dans environ 1% des cas. Par ailleurs, quelques cas de polymalformations et de dysmorphie faciale ont été rapportés. Ceci justifie une surveillance anténatale spécifique. En fin de grossesse, un syndrome hémorragique est possible, selon un mécanisme probablement différent de celui des inducteurs enzymatiques. Il est souhaitable de rechercher des troubles hématologiques ( numération, plaquettes, fibrinogène, temps de coagulation ) à la naissance. - Lamotrigine : pas d’effet tératogène chez l’animal, en clinique, des données récentes montrent un effet tératogène moindre que celui observé avec l’acide valproIque - Ethosuximide : En l’absence d’information des effets malformatifs chez l’animal et chez l’homme, il est souhaitable de s’abstenir de prescrire ce médicament. - Progamide, vigabatrin : données limitées, innocuité non établie Risque néonatal Chez le nouveau-né de mère traitée, les anticonvulsivants inducteurs enzymatiques ont parfois provoqué un syndrome hémorragique dans les 24 premières heures de la vie (prévention par un apport de vitamine K). Plus rarement un syndrome de sevrage modéré (mouvements anormaux, succion inefficace) ou des perturbations du métabolisme phosphocalcique et de la minéralisation osseuse ont été observés. Allaitement Déconseillé en général. (Cf. ci dessous) Contre-indications En dehors de l’hypersensibilité au produit, elles sont spécifiques à chaque médicament. - Phénobarbital, Insuffisance respiratoire sévère, porphyries, - Phénytoïne Allaitement - Valproate de Na Hépatite aiguë ou chronique, antécédents familiaux d’hépatite sévère notamment médicamenteuse, - Benzodiazépines Insuffisance respiratoire, apnées du sommeil, myasthénie - Carbamazépine Bloc auriculo-ventriculaire, antécédents d’hypoplasie médullaire, porphyrie aiguë intermittente - Vigabatrin Toxicité oculaire connue due au vigabatrin - Felbamate Antécédents de troubles hématologiques ou hépatiques - Topiramate Insuffisance hépatique sévère, épilepsies généralisées et syndrome de Lennox-Gastaut - Lamotrigine Altérations graves des fonctions hépatiques Faculté de Médecine de Strasbourg, Module de Pharmacologie Clinique DCEM3 « les anticonvulsivants » - M. Billing-Wolf - Mise à jour : mars 2012 9 Faculté de Médecine de Strasbourg, Module de Pharmacologie Clinique DCEM3 « les anticonvulsivants » - M. Billing-Wolf - Mise à jour : mars 2012 10