pas d`avion, pas d`argent» des femmes rurales face aux risques de

« PAS D’AVION, PAS D’ARGENT »
DES FEMMES RURALES FACE AUX RISQUES
DE LA MONDIALISATION (BURKINA FASO)
Alexis Kabore 1
Les femmes maraîchères de Séguénéga, une commune rurale dans la
province du Yatenga au nord au Burkina Faso, se croyaient peu
concernées par cette histoire de la mondialisation. Elles se sont
rendu compte du contraire après les événements du 11 septembre
2001.
Pour écouler leur production de haricots verts, les femmes passent
par une ONG locale (le Groupement Naam) qui traite avec une
coopérative nationale, l’Union des Coopératives du Burkina (UCODEB), qui à son tour exporte les produits en France. Après les
attentats du 11 septembre 2001, Air France, qui assurait le transport, a suspendu le vol des cargos qu’elle affrétait spécialement pour
le convoi des fruits et légumes depuis le Burkina. Alors les femmes
se sont retrouvées désœuvrées cette saison, et donc sans revenus.
1
Etudiant en diplôme d'études supérieures à l'iuéd. Conseiller et coordinateur de projets.
128
ALEXIS KABORE
Parce qu’elles ne peuvent pas compter sur le marché local: celui de
la commune est trop faible pour absorber la production et les environs leur paraissent difficilement accessibles par manque de moyens
de transport. Une des femmes résuma la situation: «Maintenant
c’est grave : pas d’avion, pas d’argent». Il est apparu qu’il est plus
facile aux femmes de vendre en France que dans les villages voisins.
Il y avait tellement d’intermédiaires locaux que la plupart de ces
femmes ne percevaient pas leur dépendance vis-à-vis du contexte
international. Par cet exemple nous aimerions interpeller les partenaires au développement pour que la tendance actuelle vers «les
projets de développement local» n’oublient pas le global dans leurs
discours et actions à l’intention des populations, même les plus
rurales.