RACINES238 - dec 2012
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RACINES238 - dec 2012 21/11/12 18:13 Page48 RACINES. Vivre entre Sèvre et Loire Maison à pignons et grands volets : l’architecture typique d’Amsterdam. Par Delphine Blanchard ! m a rd e st m A à , e r b li e u o r En Amsterdam, la ville aux 165 canaux et 1 280 ponts. Une cité “gezellig” comme disent les Amstellodamois. Comprenez une cité sympathique, chaleureuse et tolérante. Après quelques coups de pédales dans la capitale historique des Pays-Bas(1), cela se confirme ! n sortant de la gare, ce qui saute aux yeux immédiatement, c’est cet immense parking… à vélo ! Plus de 5 000 vélos alignés là sur plusieurs étages. Comptez-en près de 600 000 pour un peu plus de 700 000 habitants. Ce n’est donc pas une légende : Amsterdam est une ville presque sans voiture. Et quel bonheur de pouvoir se balader en toute quiétude sans klaxon et embouteillage. Amsterdam est reposante. Elle a tous les atouts d’une grande ville sans ses mauvais côtés. On ne sait presque rien des débuts de la ville. Jusqu'au XII e siècle, la E région est un endroit marécageux, peu hospitalier. Mais il semble qu’à la fin du XIIe siècle, des pêcheurs s'installent sur la rive droite de l'embouchure de l'Amstel, en construisant une digue pour se protéger des marées. Ils édifient également un passage sur le fleuve équipé d'écluses, tout près de l'embouchure, appelé Dam. Le lieu puis le village qui s'y développe prennent alors le nom d'Amstel-Dam, qui deviendra Amsterdam. Le centre historique La ville se décompose en dix quartiers dont le principal est le centre his- RACINES 48 torique, au milieu duquel on retrouve la place appelée le Dam. Elle accueillait jadis le marché central ; aujourd’hui, c’est le lieu des manifestations et fêtes populaires. On y trouve, au numéro 11, la maison la plus ancienne de la place ; le Palais royal, impressionnant avec ses 13 659 pilotis de bois et la Nieuwe Kerk (Nouvelle église) qui est aux Néerlandais ce que Westminster est aux Anglais. Au numéro 20, le surprenant… Madame Tussaud ! Et oui, le musée de cire de Londres a un petit cousin. Mais le lieu le plus atypique et improbable de ce quartier reste sans décembre 2012 La reproduction ou l'utilisation sous quelque forme que ce soit de nos articles informations et photos est interdite sans l'accord du magazine RACINES238 - dec 2012 21/11/12 18:13 Page49 RACINES. Vivre entre Sèvre et Loire . doute le Begijnhof (le Béguinage), un havre de paix et de verdure au cœur de la ville. Propriété privée, mais ouverte au public dans la journée, c’est un espace clos entouré d’élégantes demeures à pignon, architecture typique de la ville. C’est ici que les béguines, femmes célibataires ou veuves issues d’une communauté mireligieuse, mi-laïque, partageaient leur temps entre prières, actions de bienfaisance et travaux manuels. La maison d’Anne Frank Aller à Amsterdam sans s’arrêter dans le quartier du Jordaan, où se trouve la maison d’Anne Frank, est inimaginable. Ici, ce ne sont pas les meubles ou les objets de décorations qui occupent les lieux, mais l’âme de l’endroit qui y prend toute sa place. Malgré le dépouillement extrême, on suffoque en se souvenant de cette histoire familiale. En 1933, la famille Frank quitte l’Allemagne nazie pour venir s’installer à Amsterdam. Otto Frank y ouvre une boutique d’épices au 263 Prinsengracht. Quand les Pays-Bas sont envahis par les Nazis en 1940, les mesures de discrimination envers les juifs se multiplient. Le 6 juillet 1942, Otto et Édith Frank décident d’entrer dans la clandestinité. Avec leurs filles Anne et Margot, ainsi qu’une autre famille, ils se réfugient dans la maison se trouvant derrière la boutique. Les employés de bureau aident au ravitaillement tandis que les magasiniers, eux, ne sont pas au courant. Anne a 13 ans. On lui offre un cahier dont elle fera son Journal. Publié en juin 1947 et traduit dans plus de 60 langues, le Journal d’Anne Frank raconte les 25 mois passés dans cette maison dont l’entrée était dissimulée derrière une bibliothèque. Aux murs de la chambre d’Anne, quelques posters et cartes postales nous rappellent que cette maison abritait la peur, mais aussi la vie et une part de rêve. La dernière pièce du musée abrite l’original du journal. Le quartier Rouge À quelques encablures du centre historique, impossible de ne pas faire un détour par le fameux quartier Rouge. De jour, un quartier calme aux étroites ruelles et au charme architectural indéniable. C’est d’ici que l’on a la plus belle vue sur la ville en montant tout en haut de l’Oude Kerke, la plus ancienne église érigée en 1306, miraculeusement épargnée par les incendies. Depuis 1642, elle abrite la dépouille de l’épouse du peintre Rembrandt, Saskia von Uylenburgh. De nuit, les néons rouges des vitrines des prostituées s’allument… Malgré une tentative d’interdiction par les calvinistes dès1578, on comptait ici 20 000 prostituées au XIXe siècle. C’est ensuite la politique sociale libérale des Ouvert tous les jours de 9 h à 19 h (jusqu’à 21 h d’avril à août). Entrée : 7,50 €. Livret en français gratuit. Un conseil : venir tôt ou en fin de journée pour éviter de faire la queue. années 1970 qui a autorisé le travail dans les vitrines. Une curiosité qui ne doit pas faire oublier les nombreuses autres qualités du quartier ! Les canaux sud Ancien fief de l’aristocratie, c’est dans le périmètre des canaux sud que se trouvent les places les plus animées de la ville ; la place de la Monnaie avec son kiosque à poissons ; Rembrandtsplein et ses terrasses ombragées, lieu phare de la vie nocturne ; sans oublier, le marché aux fleurs le plus célèbre et le plus grand d’Amsterdam, installé le long du Singel depuis 1862. L’endroit idéal pour repartir avec les incontournables bulbes de tulipe. Le Béguinage : havre de paix et de verdure au cœur de la ville. Un canal, des vélos et un pont : Amsterdam est une carte postale vivante ! RACINES 49 décembre 2012 La reproduction ou l'utilisation sous quelque forme que ce soit de nos articles informations et photos est interdite sans l'accord du magazine RACINES238 - dec 2012 21/11/12 18:13 Page50 RACINES. Vivre entre Sèvre et Loire Le Rijksmuseum : escale obligée pour Du côté du quartier juif, admirer les œuvres de Rembrandt et Vermeer. c’est dans ces rues que Rembrandt croisait la plupart de ses modèles. Le quartier des musées Au sud de la ville, direction l’esplanade des musées (Museumplein) pour un bol d’air culturel. Autour d’un vaste espace gazonné, vous avez devant vous les trois plus grands musées d’Amsterdam : le Rijksmuseum (le Louvre local), le musée Van Gogh et le Stedelijk Museum (musée municipal d’art contemporain). Pour suivre la chronologie de l’histoire de l’art, commençons par le Rijksmuseum où vous pourrez admirer les tableaux les plus célèbres de la peinture néerlandaise, comme La Ronde de Nuit de Rembrandt ou La Laitière de Vermeer. Juste en face, le musée Van Gogh, qui contient la plus importante collection d’œuvres de l’artiste. Les tableaux les plus célèbres sont ici : Les Mangeurs de pommes de terre, Les Tournesols et surtout, Champ de blé aux corbeaux, sa dernière toile, peinte quelques jours avant qu’il se donne la mort. Impossible de ne pas y voir l'état d'esprit préoccupé de Van Gogh, avec un ciel foncé et menaçant, l'indécision de trois chemins allant dans différentes directions et les corbeaux noirs, signes de pressentiment et de mort. Émotion garantie devant ce chef-d’œuvre. S’il vous reste encore un peu de temps, terminez par le Stedelijk Museum pour admirer les toiles Pratique de Cézanne, Kandinsky, Picasso et Mondrian. Le quartier juif On remonte vers le Nord pour une escale dans l’ancien quartier juif (Jodenbuurt). Au programme : balade sur la grande place Waterlooplein – très animée en semaine – visite de la maison de Rembrandt et marché aux puces. Au XIXe siècle, le Jodenbuurt était l’un des quartiers les plus denses de la ville et l’un des plus commerçants : peuplé de libraires, de marchands et de tailleurs de diamants. L’ambiance y reste particulière, chargée d’histoire, évoquant cette prospérité d’antan. Les docks de l’Est Comment y aller ? En avion. Deux compagnies proposent des vols Nantes-Amsterdam sans escale : Air France et KLM (1 h 35 de vol). En train. De Paris Gare du Nord, le Thalys est direct (3 h 19 de trajet). Quand y aller ? Amsterdam bénéficie d’un climat océanique tempéré. Le printemps et l’été sont les meilleures périodes. En 2013, la ville sera en fête pour les 400 ans des canaux et les 40 ans du musée Van Gogh. Comment se faire comprendre ? Tout le monde accepte volontiers de communiquer en anglais, malgré tout, quelques mots de néerlandais seront les bienvenus. Comment se déplacer ? En vélo, bien sûr, mais aussi en tramway qui circule de 6 h à 0 h 30 (ticket simple : 1,60 €). Pour en savoir plus avant de partir. L’office du tourisme néerlandais à Paris envoie des brochures sur demande au 01 43 12 34 20. Sur Internet, un site d’informations pratiques : www.amsterdam.info/fr. RACINES 50 Une escapade à Amsterdam ne serait pas complète sans une escale au port, cher à Jacques Brel. De ces bassins historiques partaient les navires de la Compagnie des Indes. Ce vaste quartier, à l’identité très forte et en pleine reconversion, est un des plus surprenants. Finissez en beauté sur le toit du Nemo, bâtiment vert que l’on repère de loin et qui évoque une proue de navire surgissant de l’eau. En été, des transats vous y attendent pour une pause bien méritée avec une vue imprenable sur la ville. (1) Si La Haye est le siège du gouvernement, et est par ce fait considérée comme la capitale administrative du pays, Amsterdam reste, quant à elle, la capitale historique et géographique. décembre 2012 La reproduction ou l'utilisation sous quelque forme que ce soit de nos articles informations et photos est interdite sans l'accord du magazine