ANEL – Rencontre Dans le cadre du Salon international du livre de

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ANEL – Rencontre Dans le cadre du Salon international du livre de
ANEL – Rencontre
Dans le cadre du Salon international du livre de Québec (SILQ), l’ANEL a organisé une
rencontre entre éditeurs sur les relations éditeur-distributeur.
Cette rencontre, réservée aux membres de l’ANEL, était gratuite et a été suivie d’un cocktail. Elle
se tenait le 11 avril à 16 h 30 à l’hôtel Delta Québec, Salle Wolfe/Montcalm. Elle a réuni 46
personnes.
Note : Afin de ne pas alourdir le texte, le masculin est utilisé pour désigner tant les hommes que
les femmes.
Présentée par Marc-André Audet, Éditions Les Malins, et animée par Jean-Marc Gagnon,
Éditions MultiMondes, cette rencontre a abordé trois thèmes :
1) Ventes, fermetures et concentration de gros joueurs : la nouvelle donne de la
distribution au Québec et ses conséquences pour les membres de l’ANEL.
Selon les éditeurs présents, voici quelques grands bouleversements qu’a connus le secteur de la
distribution ces dernières années. Non seulement la vente des livres dans les grandes surfaces
prend de plus en plus d’importance, mais le nombre de pieds linéaires accordé aux éditeurs en
librairie serait différent selon un distributeur. Tout comme la relation entre le distributeur et
l’éditeur serait plus floue qu’auparavant.
Dorénavant, les librairies veulent surtout des nouveautés et les livres de fonds ont de moins en
moins de place. Comme il y a un très grand nombre de nouveautés, le mouvement rapide de ces
nouveautés fait en sorte que les livres restent moins longtemps dans les librairies. Cette situation
incite les librairies à se comporter comme les grandes surfaces, mais elles n’en n’ont pas les
moyens. Pour les éditeurs, c’est de plus en plus difficile à gérer et il en coûte aussi plus cher de
positionner leurs livres dans les librairies.
Pour les livres de fonds, les éditeurs peuvent toujours les offrir en numérique, mais les ventes ne
sont pas encore intéressantes.
Les représentants ont des milliers de nouveautés à présenter aux libraires chaque année. Parmi ces
titres, il y a les livres venus de France et les traductions de livres anglais. Les représentants n’ont
que quelques secondes pour présenter un titre. Ils vont souvent prioriser les bons vendeurs
(bestsellers). Les petites maisons d’édition sont alors défavorisées par ce système.
Certains éditeurs jouent le rôle du représentant et présentent eux-mêmes leurs nouveautés aux
libraires. Ils ont ainsi moins de titres à défendre que le représentant d’un distributeur. D’autres
éditeurs préfèrent assurer leur diffusion et engagent des représentants. Ici encore, les petits
éditeurs sont défavorisés, ils n’ont pas les ressources humaines et financières pour accomplir ce
travail. Le Regroupement des éditeurs canadiens-français (RECF) fonctionne sur ce modèle. Les
libraires sont très sollicités et les éditeurs doivent faire preuve de créativité et déployer une
grande énergie pour promouvoir leurs titres.
Selon un autre éditeur, les représentants des distributeurs n’ont plus le temps pour développer
d’autres marchés que les librairies : musée, associations, institutions d’enseignement, etc.
Enfin, un éditeur universitaire qui assure sa propre distribution mentionne qu’il a l’avantage
d’avoir un secteur ciblé. Quand un professeur inscrit un titre au programme de son cours,
l’éditeur ajuste alors le tirage en conséquence. Le travail du représentant est ainsi plus large et ne
s’adresse pas seulement qu’aux libraires.
Parmi d’autres préoccupations de la part des maisons d’édition, mentionnions les fermetures en
grand nombre de librairies, mais aussi de maisons de distribution, dont DLM et Benjamin tout
récemment.
D’autres sont inquiets de la succession éventuelle des distributeurs et se questionnent également
sur les maisons de distribution de propriété étrangère.
2) Relations avec le distributeur : qu’est-ce qui a changé depuis dix ans et comment
s'adapter?
Un éditeur résume les grands changements survenus ces dernières années.
a) Le nombre de nouveautés est passé de 12 000 à 25 000 par année. La valise des
représentants grossit, mais le marché reste le même.
b) Les données de vente sont maintenant disponibles et souvent en temps réel, mais il faut
être vigilant dans leur interprétation.
c) Les canaux de diffusion et de distribution sont plus variés. La grande diffusion bouleverse
les habitudes.
d) Le numérique interpelle toute la chaîne du livre. Les livres en version numérique posent
différemment les questions de la distribution, de la diffusion et de la vente.
Certains éditeurs ont l’impression de travailler de façon isolée et d’être plus efficaces que le
représentant du distributeur. Ils doivent souvent insister auprès de leur représentant pour que leurs
livres soient bien représentés. Les représentants ont trop de titres et l’éditeur n’a pas le choix de
créer des liens étroits avec certains libraires.
Un autre éditeur fait remarquer que l’information fournie aux représentants sur chaque titre est
plus élaborée et plus efficace. Alors, où sont les livres?
Les éditeurs s’interrogent sur le nombre de titres étrangers sur le marché québécois, surtout les
titres français. Est-ce normal que les livres québécois ne soient pas privilégiés par les
distributeurs? Surtout qu’il n’y a pas de réciprocité avec la France.
Un éditeur invite à une grande réflexion sur la distribution et la diffusion. L’éditeur doit
maintenant faire le travail que le libraire n’a plus le temps de faire : informer le lecteur. Les
médias sociaux sont un bon moyen de joindre les lecteurs, mais ils demandent du temps et des
ressources humaines.
Un participant mentionne qu’il y a d’autres moyens de joindre le lecteur : participer à des
colloques, des congrès, faire du placement publicitaire dans les sites web, etc.
Il faut aussi tenir compte de l’importance de la vente en ligne par les maisons d’édition ou par les
chaînes.
Plusieurs éditeurs font un travail remarquable sur les métadonnées, mais souvent elles sont mal
utilisées par les libraires.
En librairie, les livres de niche ont un avantage sur les livres généralistes.
Pour les livres en tome, le premier doit bien se vendre pour que les libraires poussent les suivants.
Un éditeur soulève le fait que l’éducation a un rôle à jouer pour augmenter le lectorat au Québec.
Les ministères concernés doivent être sensibilisés.
3) Tarifs, surremises et facturation : quels sont les pièges à éviter?
Un éditeur mentionne que les données de vente d’un livre sont accessibles dans le site web du
distributeur dans la plupart des cas, mais que 50 % des éditeurs n’ont pas demandé leur code
d’accès ou négligent de faire le suivi de leurs ventes. Certaines petites maisons manquent de
personnel et de temps pour surveiller les ventes.
Un éditeur fait remarquer que le système s’enlise dans une spirale malsaine. L’éditeur paie le
libraire pour un présentoir et il paie le distributeur pour le remplir. L’éditeur prend tous les
risques.
Souvent, les contrats avec les distributeurs stipulent que le délai pour les comptes à payer est plus
court que le délai des comptes à recevoir. L’éditeur doit absorber les frais. Cette pratique
contreviendrait à un article du code civil. Un éditeur s’engage à fournir un document qui traite de
ce point.
Le rôle des surremises a-t-il encore sa place?
Jean-Marc Gagnon demande aux éditeurs de relater des expériences positives avec les
distributeurs.
Un éditeur jeunesse signale qu’il est le seul dans ce créneau chez son distributeur. Ses livres ont
donc une belle visibilité.
Un autre éditeur pense engager un représentant pour les régions que ne sont pas touchées par le
distributeur, par exemple, la Gaspésie.
En résumé de cette rencontre, un éditeur lance un appel à la mobilisation des éditeurs.