Nul n`est prophète en son pays
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Nul n`est prophète en son pays
Vosges_Matin_2013-06-06 SDDV SDDV Culture Nul n’est prophète en son pays Injustement méconnu du grand public, le peintre déodatien Pierre Didier a pourtant la cote. C’est du côté de Metz que ce condisciple de Buffet et ami de Léger est allé récemment le prouver. B ien sûr les petits fours. Les hommes en blanc, vestes en presque queue-de-pie, impeccables et polis. Le champagne aussi, bien sûr. Peut-être du crémant, pétillant au château de Courcelles, dans la belle banlieue de Metz, à Montigny. Autour, un parc magnifique et vert et grand, avec un banc, près duquel une œuvre de l’artiste s’est posée, ainsi qu’un couple amusant. Deux vieux. Ils n’ont pas été invités. Ils passaient par là. Ils causent avec leurs chiens. Ils sont deux aussi, un gros, un petit. « Regardez-les, ils font causette avec leurs cleps », s’amuse un passant qui s’extraie du « pince-fesses » pour rejoindre les waters. De l’autre côté des fenêtres, c’est Pierre Didier qui, d’abord, disserte. Il n’aime pas, ça se voit, mais y prend tout de même plaisir. Soixante-dix de ses œuvres sont présentées ici, depuis le 18 mai et jusqu’au 7 juillet. Pierre Didier parle de Picasso, de leur rencontre, inoubliable. Pablo lui dit qu’on ne naissait pas peintre, qu’on le devenait. Pierre est né peintre, l’est Une exposition à découvrir jusqu’au 7 juillet, à Montigny, au château de Courcelles, du mercredi au dimanche, de 14 h à 18 h. devenu, l’est encore, persiste et signe, souvent d’un hippocampe. « L’abstraction et le surréalisme sont présents dans son œuvre dès le début des années cinquante » lit-on de lui dans Wikipédia. C’est vrai, ça ne se fait pas de citer Wikipédia dans un compte rendu chic artistique, mais quand même… Georges Pom- Le travail de Pierre Didier est paradoxalement méconnu en Déodatie. pidou, d’ailleurs, dont l’amour et la connaissance de l’art valaient celles de Chirac pour le cul des vaches, l’a dit un jour à Saint-Dié, c’était en 1969 : « Pierre Didier m’a fait connaître un apport nouveau du surréalisme. » Tous là Ils étaient là, tous là, à Montigny, le 18 mai, au vernissage. La famille. Les amoureux et fins connaisseurs, reconnaissables à leur sortie rapide de la cérémonie pour aller sentir les œuvres, humer peinards l’atmosphère de l’atelier sans la meute. Les amis aussi, beaucoup. Les condisciples, et compagnons, confrères, consœurs et complices. Et puis les passants, décorés de leurs bristols, cravates et sacs à main, qui s’extasient. Ou pas. Et puis les officiels, évidemment. Jean-Luc Bohl, l’hôte des lieux, président de l’agglomération messine et maire de la commune au château. Il eut un mot, plusieurs même, chaleureux et sincères, sur le parcours de Pierre, car Jean-Luc, dit-on ici, est chaleureux et sincère quand il Benoit Larger vice-adjoint à la Culture, l’artiste Pierre Didier et Jean-Luc Bolh, maire de Montigny. cause d’art. Le président eut quelques mots aussi sur SaintDié, son festival de géographie et son rayonnement. Comme il fallait bien que Saint-Dié, qu’on venait de citer, s’exprime, c’est Benoît Larger, vice-adjoint à la Culture de Saint-Dié, qui s’y colla, rapidement, sans micro, en aparté, pour dire plein de cho- ses magnifiques et intelligentes mais qui tombent sous le sens – sauf à Saint-Dié, peutêtre – que Pierre Didier est un immense artiste, qu’il faut aller, qu’il faut courir, le découvrir et le redécouvrir. Même à Metz. Un crochet par « Pompidou », le Centre, ne sera pas du temps perdu non plus. Des tableaux lumineux au réalisme souvent saisissant.