Le tourisme spirituel et religieux contemporain

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Le tourisme spirituel et religieux contemporain
Le tourisme spirituel et religieux contemporain Conférencière
Madame Anne Godbout
Directrice-fondatrice de
Spiritours
Conférence du 17 avril 2011 Conférences Notre-Dame, Cathédrale de Québec
17 avril 2011
« Le tourisme spirituel et religieux contemporain »
par
Madame Anne Godbout
Le tourisme spirituel et religieux est en pleine croissance, c'est une tendance
internationale. L'Organisation Mondiale du Tourisme estime à 300 millions le nombre de
voyageurs «religieux» à travers le monde, dont plus de 50% de confessions catholiques.
Les médias sont fascinés par le sujet et en parlent de plus en plus.
Le tourisme s’ouvre plus que jamais à la spiritualité, à la quête de sens, au besoin de
comprendre d’autres cultures, de prendre un temps d’arrêt, vu le train de vie effréné des
temps modernes, et on remarque aussi un nouvel engouement pour les pèlerinages
traditionnels tels que Saint-Jacques de Compostelle et la Terre Sainte.
J’ai fondé Spiritours il y a huit ans et je travaille dans l’industrie du tourisme depuis
19 ans. J’aimerais d’abord vous partager ce qui m’a emmené à fonder une agence
spécialisée dans les voyages de ressourcement. Ensuite, je vous donnerai quelques
exemples concrets de ce qu’est le tourisme spirituel et religieux contemporain.
Je suis née à Saint-Nicolas, sur la Rive-Sud de Québec, dans une famille catholique. Mes
parents m’ont transmis leur foi par leur éducation et leur exemple d’engagement au sein
de l’Église. Quand j’étais encore une enfant, mon père était directeur d’un centre pour
les jeunes ayant des difficultés. Il y avait une petite chapelle et il m’avait expliqué que
Jésus était présent dans le tabernacle. Je me souviens que j’aimais beaucoup y aller en
secret pour être seule avec Jésus dans le silence et la pénombre, à la lueur de la lampe du
sanctuaire.
Ma foi a eu ses hauts et ses bas durant mon adolescence et mes tendres années d’adulte.
À l’âge de 25 ans, j’étais à un carrefour de ma vie et je ne savais plus quelle direction lui
donner. J’ai choisi de faire une retraite à la Maison du Renouveau et j’ai redécouvert la
miséricorde et la tendresse du Père, j’ai redécouvert la Source Vive en moi, j’ai reconnu
que Dieu m’aimait immensément. Par la suite, j’ai fait un voyage de trois mois en Asie
du sud-est qui a transformé ma vie. J’étais partie avec le livre à Chacun sa Mission de
Jean Monbourquette avec l’intention de trouver ma mission personnelle. Je faisais les
exercices proposés sur une base régulière. Ces exercices simples consistaient notamment
à revisiter mon passé, faire mes deuils, apprivoiser mon ombre, prendre conscience de
mes talents, de mes passions, etc. Dans un des exercices, je me suis découvert l’énoncé
de mission suivant : « Partager ce feu qui brûle en moi, l’amour de Dieu qui me fait
chanter et danser de joie » ! Oui, c’était bien mon désir profond, mais comment faire…
Un autre exercice consistait, lors d’une visualisation, à se projeter 5 ans plus tard, et je
me suis vue en train de faire ce que je fais aujourd’hui, organiser des voyages spirituels.
Il y a eu un OUI en moi, c’était le mariage de mes deux grandes passions, les voyages et
la spiritualité, pourquoi n’y avais-je jamais pensé avant? Je réalisais que le voyage que
j’étais en train de faire avait un impact immense sur moi, il m’avait permis d’ouvrir mes
yeux, mon esprit et mon cœur sur d’autres réalités, cultures, croyances, d’autres horizons
du monde et de mon monde intérieur. J’avais le goût de partager cette expérience avec
d’autres. C’est ainsi que l’intuition de Spiritours est né, à l’aube du nouveau millénaire.
Les trois années suivantes, mon projet mûrit doucement en moi. Durant cette période, je
fais la connaissance de quelques membres du mouvement ecclésial des Focolari. Leur
spiritualité, axée sur l’unité, m’interpelle vivement. En 2002, j’ai pris une année
sabbatique. Mon patron, à qui j’avais partagé mon intuition, me laissa partir en me disant
qu’a mon retour, il serait temps de mettre en œuvre mon projet… Je suis partie à
nouveau en voyage, non pas pour faire du tourisme, mais pour approfondir cette
spiritualité et ma relation avec Dieu. Je me suis retrouvée notamment dans un des petits
villages du Mouvement des Focolari, au Kenya. L’accueil et l’amour fraternel
extraordinaires qui y règnent m’ont émue profondément, souvent jusqu’aux larmes. J’y ai
appris à voir et à aimer Jésus dans l’autre et à offrir les moindres petites actions par
amour pour Lui. J’ai prolongé mon séjour pour participer à une Mariapolis, la rencontre
annuelle des Focolari. Là, je reçu une grâce spéciale : celle de désirer donner à Dieu la
première place dans ma vie. Mon «oui » Lui permet de faire éclater Sa lumière dans les
parties les plus sombres et les plus blessées de mon être. Éloignée de mon milieu, par
conséquent détachée de tous mes rôles, de mes fausses identités, des attentes des autres
sur moi, de mes nombreuses occupations et préoccupations, j’étais entièrement disponible
à entendre cet appel et à Lui laisser la place.
C’est dans cette même période que j’entends parler de l’économie de communion, un
nouveau modèle économique qui place l’humain au centre de ses priorités au lieu du
capital. Les bénéfices sont partagés en trois parts: la première pour venir en aide aux plus
démunis, la seconde pour éduquer à la « culture de don » et la dernière pour développer
l’entreprise. L’idée de l’économie de communion a été lancée par Chiara Lubich,
fondatrice du mouvement des Focolari, en 1991, pour diminuer le fossé séparant riches et
pauvres. Bien que Chiara Lubich ne soit pas économiste, son idée emballe de nombreux
experts : sociologues, économistes, philosophes… Aujourd’hui, plus de 800 entreprises
réparties sur tous les continents participent à ce projet et plus de 100 thèses universitaires
ont porté sur le sujet.
Cette façon d’être en affaires me semble une aide concrète aux démunis et un moyen de
mettre mes talents à leur service. Je venais de trouver le terreau dans lequel pourrait
s’épanouir mon intuition dans le respect de mes valeurs profondes et en cohérence avec
ma foi.
Peu de temps après mon retour, j’ai donc démarré mon entreprise dans cet esprit, avec
l’aide de mon patron qui m’a permis de m’affilier avec leur agence pour les 4 premières
années et de continuer à travailler pour eux à temps partiel, le temps de devenir autonome
financièrement.
Dans l’économie de communion, on laisse à Dieu la possibilité d’intervenir. Souvent,
lorsqu’on agit à contre-courant (ce que le monde des affaires déconseille fortement), Il
intervient sous la forme d’une chance à saisir, d’un contrat inespéré, d’une idée de
produit à succès… Autant d’encouragements pour moi à continuer sur cette voie et à Lui
remettre tout sans cesse. Dans les débuts, j’avais fait imprimé quelque 1000 dépliants
pour annoncer nos premiers voyages. Je pensais que cela suffirait pour faire sonner le
téléphone… Quelle illusion ! J’avais inscrit à mon agenda pour une certaine soirée : «
conférence : La route des abbayes d’Europe ». Le soir venu, je suis fatiguée, je n’ai plus
envie d’y aller. Pourtant, une petite voix intérieure m’assaille… Docilement, je fais un
petit effort. Non seulement c’est l’une des plus belles conférences que j’aie entendues,
mais le parcours du conférencier me touche tant que, peu après, je le recrute comme
accompagnateur pour Spiritours ! Avec lui, nous avons créé le circuit La Route des
monastères de France. De plus, ce même soir, l’organisme qui coordonnait cette
conférence m’offre d’inclure le dépliant publicitaire de mon entreprise naissante dans son
publipostage ! Dès lors, le téléphone s’est enfin mis à sonner et nous avons eu nos
premières inscriptions.
Un an plus tard, une dizaine de diocèses de la province, dont le Diocèse de Québec, me
confient l’organisation des Journées mondiales de la jeunesse à Cologne. Avec l’aide
d’une bénévole (moi-même je travaillais bénévolement à l’époque), nous avons géré plus
de 950 inscriptions. Cet important contrat permet de rembourser quelques dettes et de
partager enfin une partie des bénéfices pour l’économie de communion. L’entreprise
continua à croître, progressivement on lui confia d’autres contrats importants dont la
Rencontre Mondiale des Familles et plusieurs autres événements religieux dont la
canonisation de frère André en octobre 2010 avec l’Oratoire Saint-Joseph.
Aujourd’hui nous avons 5 employés à temps plein et une vingtaine d’accompagnateurs,
dont plusieurs prêtres, composent notre équipe. Nous offrons plus d’une vingtaine de
destinations à travers le monde et faisons voyager en moyenne 1500 personnes par an.
Au fil des ans, nous avons développé une expertise reconnue dans les voyages de
ressourcement, qui englobent aujourd’hui pour nous, autant le tourisme spirituel que le
tourisme religieux. À nos yeux, les deux tendances vont de pair et se complémentent,
mais il est tout de même important de les distinguer pour clarifier le langage, surtout dans
une société marquée par une révolution tranquille qui fait encore des vagues.
Une première précision est nécessaire : spiritualité et religion ne sont pas à confondre.
Ainsi, la foi est une valeur parmi d’autres en cet univers que nous appelons la spiritualité.
Il est possible de ressentir le besoin d’une vie spirituelle et de s’engager dans une
démarche de croissance intérieure sans pour autant appartenir à une religion ou être
pratiquant. Le besoin religieux prend sa source et peut s’approfondir dans une démarche
spirituelle, alors que le besoin spirituel peut se situer et s’épanouir hors du religieux.
En posant cette distinction, nous voulons tout simplement nous ouvrir à la vérité du
cheminement spirituel qui rejoint tout l’être et collabore à son mieux-être.
Que mettons-nous sous ce mot : spiritualité? Celui-ci vient du latin spiritus, esprit.
Lorsque nous parlons de spiritualité, nous faisons référence à une réalité qu’on ne peut ni
voir ni toucher, parce qu’elle est immatérielle et intérieure. Nous en percevons cependant
les effets dans notre vie. La spiritualité concerne ce qu’il y a de plus profond et de plus
authentique en nous. Elle implique l’idée de progrès personnel. Elle est quête de sens de
la vie. La spiritualité se développe, se vit, dans une démarche intérieure dite
cheminement spirituel. Elle implique un arrêt et une écoute de manière à saisir les
mouvements intérieurs, c’est-à-dire ce qui se passe en nous en réaction au vécu. Elle
nous conduit au cœur de notre être, en cette zone profonde où se découvrent les valeurs
fondamentales. De là vient l’idée des voyages de ressourcement, pour prend ce temps
d’arrêt nécessaire pour débuter, relancer ou approfondir son cheminement personnel, loin
de toutes ses préoccupations, ainsi que du flot envahissant d'information. Partir à
l'étranger permet cette retraite, cette distance nécessaire de son quotidien pour se
retrouver avec soi-même.
Nous avons commencé par offrir surtout des voyages spirituels, non pas religieux, axé sur
le développement personnel et spirituel. Par exemple : marche en silence dans le désert
du Sahara, safari en Afrique avec la rencontre des d’autres cultures, croisière dans les
Caraïbes avec ateliers de développement personnel, voyage en Asie du sud-est sur le
thème « l’art de la compassion »…
Notre mission est de permettre à des individus de s’arrêter, faire le point, se ressourcer,
favoriser la croissance personnelle et spirituelle et susciter la rencontre avec l’Autre.
Nos voyages ont toujours été un lieu d’accueil pour tous. Rapidement notre clientèle
grandit, elle se compose en grande partie de personnes âgées entre 45 et 70 ans qui ont
parfois du mal à nommer ce qu’elles cherchent au cœur d’elles-mêmes, ou qui restent
marquées par de mauvais souvenirs d’Église. Quelques clients m’ont confié qu’ils se sont
réconciliés avec l’Église grâce à leur rencontre avec des communautés vivantes lors d’un
séjour avec nous. Je vois là un signe véritable que Dieu est à l’œuvre, car Lui seul peut
opérer de tels miracles.
Tranquillement, nous avons développé des pèlerinages chrétiens, comme par exemple le
pèlerinage à Saint-Jacques de Compostelle, la Terre Sainte, sur les pas de Charles de
Foucauld en Algérie, etc., et avons sollicité des prêtres pour assurer l’animation
spirituelle. La demande a grandi plus rapidement dans ce créneau et aujourd’hui, plus
des 2/3 de nos voyages sont des pèlerinages, sans compter les grands événements
religieux internationaux qui nous sont confiés.
QU’EST-CE QU’UN PÈLERINAGE…
Le mot pèlerinage vient du latin « peregrinatio », dérivé de per ager, et signifie littéralement « à
travers champs ». Ce terme prend le sens d’un déplacement, d’un passage, mais aussi d’un
détachement, d’une transformation. L’engagement du pèlerin, la marche, les gestes qu’il pose
sont alors pour lui porteurs de sens et ont valeur de symboles. Ils l’unissent au sacré.
Le pèlerinage est vieux comme le monde. Il se retrouve dans l’infinie variété des
attitudes religieuses qui ont vu le jour « à travers l’espace et le temps » depuis les
origines. (Cardinal Poupard). Dans le monde chrétien, la vie sur terre est elle-même un
pèlerinage. Chaque pèlerinage n’est que la réalisation de cette assertion : on marche vers
un lieu saint, on en revient ressourcé, dans la conviction que la vie entière est une marche
dans un pays étranger où nous sommes entrés par la naissance et que nous quitterons par
la mort. (Henri Branthomme et Jean Chélini, « Les pèlerinages dans le monde »).
Tout dépend aussi de l’intention. Un pèlerinage à Saint-Jacques de Compostelle peut être
entrepris dans un but de dépassement personnel, de défi sportif ou de quête de soi sans
nécessairement être religieux… il y a cela qui joue aussi.
Et il y a aussi le nouveau phénomène des pèlerinages inter-religieux, qui sont assez rares,
mais qui existent. Nous avons eu la chance d’en organiser un en partenariat avec
Religions pour la Paix et l’Université de Montréal en Terre Sainte. Nous étions un groupe
de 35 personnes, juifs, musulmans, chrétiens. Ce fut une belle expérience de dialogue!
Des étudiants de l’école des sciences de la gestion de l’UQÀM ont fait une analyse sur le
tourisme religieux qui mérite notre attention. Voici les conclusions qu’ils en ont tirés :
Le tourisme religieux n’est pas simple à définir, puisqu’il englobe plusieurs formes de
voyage. Dans son sens large, il s’agit de voyages dont le but est la visite de lieux, de
bâtiments dits sacrés ou saints. Les touristes religieux contemporains continuent de visiter
des sanctuaires, de se nourrir de la force des lieux sacrés et veulent aussi vivre des
expériences sacrées qui les rapprochent du divin, ou tout simplement qui les connectent à
la beauté et à l’histoire du lieu visité.
Toutefois, le tourisme religieux s’est divisé en plusieurs segments et la plupart d’entre
eux semblent prendre de l’ampleur, quoiqu’il s’avère difficile d’en évaluer la taille
exacte.
Les quelques observations suivantes témoignent, malgré tout, d’un phénomène important
et en forte croissance.
Selon la Religious Conference Management Association, le segment des congrès
religieux est passé de 4,4 millions de participants en 1994 à 14,7 millions en
2009.
Les pèlerinages et les voyages vers les lieux de culte ne sont pas en reste. Le
Vatican a vu le nombre de ses visiteurs doubler au cours des dix dernières années
pour atteindre 12 millions en 2010. La croissance est forte également dans
d’autres lieux de culte tels que Lourdes, Fatima, la cathédrale de Canterbury,
Saint-Jacques de Compostelle, la route de l’apôtre saint Paul en Grèce et, bien sûr,
la Terre Sainte.
Il y a vingt ans, il n’existait aucune croisière à caractère religieux et spirituel, avec
des prestations de chorales gospel et où la librairie pieuse a remplacé le casino.
Aujourd’hui, plus d’une douzaine d’opérateurs reçoivent de 2000 à 3000
passagers chacun annuellement qui recherchent ce type de voyage.
Les missions de courte durée comptent environ 1,6 million de participants
annuellement, c’est à dire 6 fois plus qu’en 1979.
On dénote également un intérêt pour des expériences plus authentiques,
personnalisées et diversifiées. En plus de visiter des sites liés à la religion, 42%
souhaitent profiter d’autres activités non pieuses pendant la moitié de leur séjour.
Historiquement, les protestants ont rejeté l’idée que certains lieux étaient sacrés et
d’autres profanes. Cela a permis au tourisme religieux protestant d’innover constamment
en matière de développement d’expériences et de nouvelles pratiques. La notion voulant
que Dieu est omniprésent élargit l’espace religieux physique et ne le confine plus dans
des endroits sacrés tels que les églises ou des «terres saintes».
Aujourd’hui, ces mêmes pratiques protestantes qui se sont développées au fil du temps
servent d’options modernes pour le voyage religieux d’autres confessions et donnent lieu
à de nouvelles pratiques et un nouveau genre de sites religieux
COHÉRENCE
Le tourisme est devenu une marchandise alors qu’il devrait être avant tout la
RENCONTRE; rencontre d’une autre culture, rencontre de soi et rencontre de l’Autre. Le
tourisme équitable et solidaire doit permettre l’épanouissement du voyageur et de
l’accueillant. Ses ressources doivent encourager l’économie locale et le développement
durable des populations visitées. Afin d’encourager l’économie locale, nous favorisons
les professionnels du tourisme (hébergement, transport, restauration…) du pays visité.
Nous sommes respectueux de l’environnement et de la culture locale, cherchons à agir
concrètement dans ce sens et à sensibiliser les voyageurs à en faire autant. Nous
proposons des échanges avec la population locale pour qu’il y ait aussi un enrichissement
mutuel au niveau humain et culturel.
COMMENT SE PRÉPARER À UN PÈLERINAGE?
Il faut que le lieu ait un fort pouvoir d’attraction et que l’imaginaire investisse
grandement le voyage. (Pour ce faire, lire sur ce lieu.) Se renseigner sur les rites
de passage et sur la façon dont on faisait les pèlerinages autrefois.
Rencontrer des gens qui ont fait ce que l’on s’apprête à faire.
Apprendre à reconnaître les signes et à voir les obstacles comme des épreuves
initiatiques. Incorporer à sa vie quotidienne des pratiques intérieures.
Le pèlerinage est une aventure à la fois commune et solitaire. Le choix de la
communauté peut s’avérer important à cause des répercussions qu’il aura sur la
recherche de chacun. Pour ma part, je crois au pouvoir du silence et des pratiques
intérieures, mais je suis réticente aux structures rigides et aux communautés
dépourvues d’humour.
Finalement, je crois que c’est l’intensité de l’intention et la pratique quotidienne
de l’attention et de la contemplation qui font d’un voyage un véritable pèlerinage.
Le pèlerinage fait du voyage extérieur, l’occasion d’un voyage intérieur, durant lequel
vous apprenez à fouler deux territoires en même temps : le lieu sacré vers lequel vous
avancez est votre propre centre intérieur.
Le voyage est une extraordinaire métaphore de nos vies.
Après la prière de l’Angélus, le pape a reconnu que le tourisme est « un phénomène
social très important dans le monde contemporain ». Benoît XVI souhaite « que le
tourisme s’accompagne toujours du respect pour les personnes et les cultures et qu’il
puisse favoriser le dialogue et la compréhension ».
Le cardinal Sodano rappelle, au nom de Benoît XVI, que tous ceux qui travaillent dans le
secteur du tourisme sont appelés à « mettre en place des structures qui le rendent sain,
populaire et économiquement durable, ayant toujours clairement conscience qu'en toute
activité, et donc également dans le tourisme, l'objectif premier doit toujours demeurer le
respect de la personne humaine, dans le cadre de la recherche du bien commun ».
Le cardinal Sodano invite par ailleurs les touristes à être animés du désir de « rencontrer
les autres, les respectant dans leur diversité personnelle, culturelle et religieuse ».
« Il doit être prêt à s'ouvrir au dialogue et à la compréhension et, à travers son
comportement, à véhiculer des sentiments de respect, de solidarité et de paix », conclut-il.
« Le tourisme deviendra quête de silence et de solitude; se multiplieront les lieux,
religieux ou laïques, de méditation, d isolement, de retraite, de non-agir. »
(Jacques Attali)
NOUVELLE FORME D’ÉVANGÉLISATION.
Comme tous les baptisés, ma première mission est d’aimer mon prochain, tel que Jésus
nous l’a commandé. Dans mon travail, cela veut dire aimer concrètement les clients, les
employés, les fournisseurs et même les compétiteurs.
Pour aimer mes clients, je m’efforce de bien écouter leurs besoins, d’être patiente avec
eux, de ne pas abuser de leur confiance et de leur donner l’information juste. Pour aimer
mes employés, je les traite de façon juste et équitable, je les encourage à prendre des
initiatives et à développer leurs talents et leur créativité… Pour aimer mes fournisseurs, je
m’efforce d’établir une relation amicale et franche et de payer rapidement mes factures.
Pour aimer mes compétiteurs, je leur réfère des clients qui me demandent des destinations
que je n’offre pas et qu’ils offrent. Auprès des Focolari, j’ai appris l’art d’aimer : aimer
en premier (prendre l’initiative), aimer tout le monde (voir la présence du divin dans
l’autre), aimer même quand c’est difficile… Dans mes voyages, le contact avec la nature
tient une place importante. Dans le « safari spirituel » au Kenya, je suggère aux
participants de vivre l’excursion en silence, afin de s’intérioriser. La nature invite à la
contemplation ! À travers la Création, nous pouvons communier avec notre Créateur.
L’émerveillement, cet état de grâce, nous met en relation avec Dieu. Voilà pourquoi à
mes yeux le voyage ouvre une porte sublime pour Le rencontrer !

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