Grégory Milly-Le Refuge
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Grégory Milly-Le Refuge
Interview de Grégory Milly, délégué régional du Refuge Marseille- PACA Le Refuge héberge et accompagne de jeunes gays et lesbiennes victimes d’homophobie. L’association est présente à Montpellier, Paris, Lyon et Marseille. Grégory Milly, responsable de la délégation régionale de Marseille, présente ses missions. *** SIS : Qui sont les jeunes que vous accueillez ? Grégory Milly (GM) : L’équipe du Refuge Marseille accueille des jeunes garçons et des jeunes filles en situation d’isolement du fait de leur attirance pour une personne du même sexe. Les jeunes gens que nous accompagnons sont dans une situation de rupture familiale avérée ou connaissent des rapports très conflictuels au sein de leur famille qui laissent supposer un danger potentiel tant sur le plan physique que psychologique. SIS : Vous proposez un hébergement temporaire accompagnement. De quel accompagnement s’agit-il ? et un GM : C’est un accompagnement médical, psychologique et social. Au sein de la délégation marseillaise, nous avons un pôle psychologique avec la psychologue référente de la délégation Amélie Cordonnier qui fait des consultations hebdomadaires individuelles et plus si nécessaire. Nous avons un accompagnement social avec une conseillère en économie sociale et familiale Caroline Dubois qui informe les jeunes sur leurs différents droits pour l’accès aux soins. Nous avons des ateliers de vie quotidienne pour apprendre à gérer un budget, l’alimentation, la santé, le logement et l’entretien du linge. Nelly Lanquetin en tant qu’éducatrice spécialisée organise des bilans hebdomadaires consacrés à l’avancée des jeunes dans leurs démarches d’emploi, de logement et de relations avec les autres que ce soit au niveau de l’équipe, des autres jeunes ou avec les personnes de l’extérieur. Enfin, il y a un accompagnement professionnel avec un atelier de recherche d’emploi animé par Patrice Couvreur. Educateur spécialisé, il s’occupe de la valorisation des curriculum vitae, des lettres de motivation et des simulations d’entretiens d’embauche. SIS : De combien de places disposez-vous pour accueillir ces jeunes ? GM : Actuellement il y a 22 places au niveau national. 10 places sur Montpellier, 8 places sur Paris, 2 places à Marseille et 2 places à Lyon. SIS : Beaucoup d’études montrent que les jeunes gays et lesbiennes victimes notamment de l’homophobie au sein de la famille font parfois des tentatives de suicide. Est-ce que vous le vérifiez avec les jeunes reçus au Refuge ? GM : Tout à a fait. Différentes études étrangères montrent que le taux de suicide est 13 fois plus élevé chez les jeunes gays que chez les jeunes hétéros âgés de 16 à 39 ans. Une étude en France parue dans Le Monde en 2005 l’a à nouveau montré. Ce sont des jeunes en malêtre et du fait de ce rejet parental, de cette homophobie présente, oui on le vérifie assez fréquemment avec des passages aux urgences réguliers, des scarifications très présentes, la prise de produits psychotropes... SIS : La mésestime de soi entraîne aussi parfois des prises de risque lors des rapports sexuels. Parmi les jeunes gays qui arrivent au Refuge, y en a-t-il qui sont séropositifs au VIH ? GM : On va dire qu’il y en a environ 12 %. Ca peut arriver mais c’est loin d’être la majorité. SIS : Compte tenu de votre expérience, avez-vous le sentiment que le rejet de l’homosexualité a malgré tout tendance à reculer ou au contraire à augmenter depuis ces dernières années ? GM : Depuis ces dernières années, je pense qu’il y a une stagnation. La législation a évolué avec en 1982 la dépénalisation de l’homosexualité et en 1990 le retrait de l’homosexualité de la liste des maladies mentales de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Depuis 2004 les insultes et comportements homophobes sont punis par la loi et en 2010 la transidentité a été retirée des maladies mentales de l’OMS. C’est une évolution de la législation qui est lente, récente, tardive. Une fois que les lois passent, il faut petit à petit que les mœurs et la culture changent. Vous savez qu’au sein de Marseille et de la région PACA, il y a une culture méditerranéenne et des religions monothéistes assez présentes. Au niveau du Refuge, nous constatons que certains profils sont surreprésentés du fait de la religion ou de jeunes ayant un parcours de l’aide sociale à l’enfance, qui vivent donc un double abandon. Mais sincèrement cela touche toutes les religions et toutes les classes sociales. Il peut s’agir d’enfants de médecins, d’avocats ou d’ouvriers. SIS : Avez-vous un soutien de la Ville de Marseille ? GM : On est actuellement à la cité des Associations de Marseille. En attendant d’avoir notre propre local pour augmenter le nombre de permanences et organiser un suivi plus régulier des jeunes, nous faisons des permanences au cabinet de notre psychologue et au sein de l’appartement relais où sont hébergés les jeunes. Mais pour travailler dans de meilleures conditions et pour avoir un partenariat avec la Banque Alimentaire, il nous faudrait un local. SIS : Comment peut-on prendre contact avec la délégation du Refuge à Marseille ? GM : 06 60 07 15 56. C’est la ligne régionale du Refuge MarseillePACA. Ou par mail : [email protected] Interview réalisée par Alain Miguet pour Sida Info Service - Le site du Refuge www.le-refuge.org