Profits 2010 des sociétés du CAC 40 : de bons ch

Transcription

Profits 2010 des sociétés du CAC 40 : de bons ch
L'ÉVÉNEMENT
JEUDI 10 MARS 2011 - LA TRIBUNE
PAGE 2
Profits 2010 des sociétés du CAC
A
vec plus de 80 milliards
d’euros de bénéfices en
2010, les sociétés du
CAC 40 se rapprochent de leur
record de 2007. Une résurrection qui ne se lit pas dans les
valorisations. Et pour cause,
l’avenir reste très incertain.
PAR GAËL VAUTRIN
L
a précision vaut d’être soulignée. C’est par
un retour aux bénéfices qu’EADS a donc
conclu mercredi la saison des résultats
annuels du CAC 40 au titre de l’exercice
2010. Un retour en grâce qui peut être généralisé à l’ensemble des sociétés de l’indice phare si l’on sait que leurs bénéfices, après avoir
touché le fond à 49,6 milliards d’euros en 2009,
ont atteint l’an dernier un peu plus de 80 milliards
d’euros. Soit 20 milliards de moins que le record de
100 milliards d’euros enregistrés en 2007. Un rebond qui tient tout à la fois aux efforts pour réduire
leurs coûts et pour capter au mieux la croissance
frénétique des pays émergents.
Mais cette résurrection financière fait parallèlement ressortir un paradoxe criant à l’heure où les
marchés fêtaient mercredi, jour pour jour, un anniversaire : celui des deux ans de l’amorce du plus
important rally boursier de l’histoire. Si, depuis le
9 mars 2009, nombre d’indices ont largement retrouvé leurs niveaux de valorisation pré-Lehman,
le CAC 40, dont les bénéfices flirtent donc avec des
plus hauts historiques, peine pourtant à regagner
le terrain perdu malgré son rebond de 60 %. Un
écart de valorisation qui tient à plusieurs facteurs.
« La décennie qui vient de s’écouler a été particulièrement exceptionnelle en raison de facteurs très
favorables. Les matières premières et énergétiques
bon marché ainsi que des taux d’intérêt très bas
ont permis aux entreprises d’afficher des niveaux
de marge de 9 %. Cette parenthèse enchantée ne
pouvait pas durer. Dès lors, il faut considérer que
le niveau moyen de PER sera désormais plus proche de 11 que de 14 ou 15 comme ce fut le cas sur
les quinze dernières années », explique Pierre Sabatier, stratégiste chez PrimeView. Un avis en partie partagé par Frédéric Buzaré, responsable de la
gestion actions de Dexia AM : « Cette contraction
des multiples interpelle. Sans revenir aux excès de
valorisation d’avant-crise, la correction qui a ramené les PER de 16 à 10 peut paraître trop sévère.
Un marché qui se paierait 12 fois les bénéfices pour
2011 est peut-être plus justifié. »
¢ MANQUE DE CONFIANCE DES INVESTISSEURS
Au-delà des excès de valorisation d’hier, le manque de considération du marché tient aussi aux
incertitudes qui pèsent sur leurs perspectives. La
surchauffe dans les pays émergents et désormais
la flambée des cours du pétrole menacent effectivement la dynamique de la croissance mondiale
et assombrissent donc les perspectives bénéficiaires des entreprises. « Les profits des entreprises
ont rebondi mais pas les niveaux de valorisation
en raison d’un manque de confiance des investisseurs en l’avenir », estime Frédéric Buzaré. Plus
généralement, « le monde actuel est en situation
de surendettement. Dans ces conditions, il est
difficile d’imaginer que les entreprises puissent
conserver durablement les niveaux de bénéfices
et d’activité auxquelles elles nous avaient habitués, sachant que le désendettement va passer soit
par la hausse des taxes sur les ménages, soit par
une fiscalité accrue sur les entreprises », souligne
Pierre Sabatier. Par-delà la problématique des bénéfices, le retour en force des fusions-acquisitions
semble être aujourd’hui l’un des seuls vecteurs de
revalorisation.