La seconde guerre mondiale
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La seconde guerre mondiale
La seconde guerre mondiale Les grandes périodes du conflit Les vict oires de l’Ax e (1 939-1 941) victoires l’Axe (1939-1 939-19 Une guerre éclair en Europe 1er septembre 1939 : Hitler décide d’envahir la Pologne. Deux jours plus tard, le 3 septembre 1939, les alliés de la Pologne, la France et le Royaume-Uni déclarent la guerre à l’Allemagne mais ils ne bougent pas. En moins de trois semaines la Pologne est sous contrôle allemand et soviétique (ces derniers ont envahi la partie est de la Pologne conformément à une clause secrète du Pacte Germano-Soviétique signé le 23 août 1939). Le 10 mai 1940, l’armée allemande envahit les Pays-Bas, le Luxembourg et la Belgique (3 pays pourtant neutres). En faisant cela, Hitler tend un piège aux Alliés : en effet les Alliés se précipitent en Belgique alors que le gros des troupes allemandes passe par les Ardennes et prend à revers les armées françaises et anglaises. Sedan passe sous contrôle allemand le 13 mai. Le 15 mai les Pays-Bas capitulent suivis de la Belgique le 28. La France quant à elle (envahie aux trois quarts) signe l’Armistice avec les nazis le 22 juin 1940. Le 20 novembre 1939, Staline attaque la Finlande afin de repousser la frontière finnoise, trop proche à son goût de l’importante ville de Leningrad. La Finlande signe la paix le 12 mars 1940 et abandonne une partie de ses territoires (au passage, 200 000 soldats soviétiques sont morts, confortant Hitler dans l’idée que l’Armée Rouge est impuissante). Sur le front occidental, le 9 avril 1940 les troupes d’Hitler occupent le Danemark et débarquent en Norvège. Les Alliés (qui étaient alors les Français et les Anglais) tentent désespérément de barrer la route au Führer. Fort de cette victoire, Hitler espère alors pouvoir débarquer en Angleterre. Pour cela, il souhaite acquérir la supériorité aérienne. Le 8 août il lance la Luftwaffe (l’armée de l’air allemande) contre la Royal Air Force. C’est un échec total pour les nazis… Grâce à l’usage du radar les Anglais sont parvenus à conserver la 1 supériorité aérienne. Hitler renonce alors au débarquement, mais il décide de s’en prendre aux villes britanniques, espérant ainsi briser le moral des anglais et paralyser le pays. Pour cela, toutes les nuits et ce jusqu’en mai 1941 l’aviation allemande va se déchaîner sur les villes anglaises (c’est la fameuse « bataille d’Angleterre», la première 100% aérienne de l’histoire de l’humanité). Rouge est rapidement détruite. Les soviétiques reculent de plus de 1500 km en jetant sans arrêt de nouvelles divisions dans la bataille. Les pertes allemandes grimpent, les pertes soviétiques sont énormes. En novembre le front se bloque à cause du mauvais temps, pourtant, le 3 décembre, les allemands pénètrent dans la banlieue de Moscou. La méditerranée à feu et à sang Le 28 octobre 1940, l’Italie de Mussolini attaque la Grèce à partir de l’Albanie. C’est un échec ! Churchill (le Premier ministre britannique) en profite pour envoyer 4 divisions sur le continent européen. En Afrique du nord, l’armée italienne subit une série de défaites devant les troupes britanniques parties d’Egypte. Entre décembre 1940 et janvier 1941 les Italiens reculent de 600 km et perdent 130 000 hommes. Mais Hitler envoie en février 1941 un corps expéditionnaire, l’Afrikakorps, commandé par Erwin Rommel. Ce dernier parvient à faire reculer les Anglais jusqu’en Egypte. En avril 1941, la Wehrmacht (l’armée de terre Allemande) attaque la Yougoslavie. Elle écrase ensuite les Grecs et rejette les Anglais à la mer. Par la suite, la Hongrie, la Roumanie, la Slovaquie, la Bulgarie et la Croatie rejoignent l’Axe Berlin-Rome-Tokyo. C’est une chance pour Hitler qui peut ainsi mettre la main sur le précieux pétrole roumain. Opération Barbarossa 2 Le 22 juin 1941, 4 millions de soldats attaquent l’URSS par surprise. L’Armée La guerre dans le Pacifique Le 7 décembre 1941, 400 avions japonais décollent de 6 porte-avions pour bombarder la base américaine de Pearl Harbor, île où est regroupé l’ensemble de la flotte américaine. En une heure cette dernière est détruite. Mais le succès est limité pour les Japonais, en effet, la plupart des navires coulés sont renfloués et, manque de chance, les 4 porte-avions américains n’étaient pas là… De décembre 1941 à mai 1942 les Japonais s’emparent des colonies occidentales en Asie : les Anglais perdent la Malaise et Singapour. Les Indes néerlandaises (aujourd’hui Indonésie et ancienne colonie hollandaise) sont conquises, la Birmanie est elle aussi envahie tout comme les Philippines, évacuées par le Général Américain MacArthur. Le Tournant de la Guerre (1942) La bataille de Midway Les Japonais veulent à tout prix conquérir Midway, une petite île commandant le Pacifique central. Si les Japonais réussissent, ils seront à l’abri de la puissance américaine pour longtemps… Les Japonais disposent de 6 porte-avions équipés de 272 appareils. Seulement, les Américains (par le biais de leurs services secrets) connaissent la date de l’attaque : le 4 juin 1942. Et comble de malchance pour les Japonais, une escadrille américaine tombe par hasard sur la flotte japonaise en plein ravitaillement ! En seulement 5 minutes 3 porte-avions sont coulés, et avec eux, les exceptionnels pilotes de l’aéronavale japonaise. Quelques heures plus tard un quatrième porte-avions est coulé par les Américains. L’attaque de Midway est donc annulée, 6 mois après le début de la guerre dans le pacifique le Japon est déjà sur la défensive. tout naturellement que l’armée de l’Axe perd cette bataille et doit reculer face à la contreattaque des Alliés le 23 octobre. Ils s’arrêteront 2 000 km plus loin, en Tunisie. Le 8 novembre, les Américains commandés par le Général Eisenhower débarquent au Maroc et en Algérie et parviennent à prendre l’armée allemande à revers. Hitler prend alors conscience du danger : il envahit le 11 novembre la moitié sud de la France, restée libre sous l’autorité du Maréchal Pétain. Ce dernier autorise les Allemands à déverser en Tunisie (colonie française) des renforts pour stopper les Américains. Mais c’est un échec, l’aviation alliée empêche le ravitaillement allemand, et ces derniers capitulent le 7 mai 1943, faisant au passage 275 000 prisonniers. Les Alliés sont désormais maîtres de l’Afrique et de la Méditerranée. Les Américains vont à nouveau remporter une bataille décisive contre le Japon : c’est la Bataille de Guadalcanal. Le général américain MacArthur débarque dans cette île le 7 août 1942. C’est une bataille longue et difficile. Elle ne prendra fin qu’en mars 1943 lorsque les Japonais se retireront de l’île. L’Allemagne chassée d’Afrique La bataille de Stalingrad En septembre 1942, l’Afrikakorps et l’armée italienne sont devant le village d’ElAlamein (situé à 100km d’Alexandrie). Le Britannique Montgomery accumule 3 fois plus de matériel que Rommel. C’est donc Une fois le beau temps revenu en URSS, Hitler veut se contenter d’un objectif limité : les champs de pétrole du Caucase. Le 28 juin 1942, les divisions allemandes se lancent à l’assaut du sud de la Russie. 3 Ils arrivent jusqu’au Caucase et à la Volga. Mais Hitler ne se rend pas compte du danger de cette offensive : désormais le front s’étend sur plus de 4 500 km de long ! Fin août les Allemands entrent dans les faubourgs de Stalingrad. Staline décide de se battre pour la ville portant son nom. Les troupes allemandes vont commettre l’erreur fatale d’engager leurs chars dans des combats de rue alors qu’ils ne sont pas fait pour cela… C’est une véritable bataille d’usure qui a lieu… Mais Hitler veut à tout prix la ville et ne voit pas que les soviétiques sont en train d’encercler les troupes allemandes au nord et au sud. De plus, les soviétiques amassent de plus en plus de renforts. Ils frappent le 19 novembre et réalisent un encerclement spectaculaire : 300 000 allemands sont pris au piège. Hitler commet à nouveau une erreur qui va lui être fatale : il refuse de donner l’ordre à ses troupes de percer, comptant sur un gigantesque pont aérien pour ravitailler ses troupes. C’est un échec total et le 2 février 1943 les allemands se rendent à moitié mort de faim et de froid. C’est une véritable humiliation pour l’armée allemande. 4 La Vict oire des Alliés (1 943 – 1 945) Victoire (19 19 Le front italien Le 10 juillet 1943 les anglo-américains débarquent en Sicile. Le régime de Mussolini s’effondre et ce dernier est arrêté sur ordre du roi Victor-Emmanuel III. Dès que les Alliés débarquent dans le sud du pays, Hitler envoit des troupes et un commando délivre Mussolini. La résistance allemande est extraordinaire (notamment grâce au terrain très montagneux), les armées alliées progressent très lentement : elles n’entrent à Rome que le 5 juin 1944 ! Le rouleau compresseur soviétique Hitler, conscient des difficultés de ses troupes sur le front soviétique, décide de se contenter d’un succès limité pour obliger Staline à signer la paix : ce sera la bataille de Koursk. La Wehrmacht attaque Koursk le 5 juillet 1943 où les Soviétiques ont amassé une quantité impressionnante de leurs troupes. 4 000 blindés soviétiques s’affrontent contre 2 700 blindés allemands. L’armée rouge se défend à merveille et prend le dessus sur les Allemands en détruisant leur réserve de blindés. La bataille s’achève le 15 juillet. Staline est en position de force, Hitler ne peut plus lui résister. l’aviation plus de 30 divisions allemandes autour de la ville de Minsk. L’armée rouge atteint le même jour Varsovie. Les Soviétiques entrent par la suite en Roumanie, qui, paniquée, change de camp et déclare la guerre à l’Allemagne le 23 août (la conséquence pour l’Allemagne est la perte des champs de pétrole roumains, les chars allemands vont désormais tomber fréquemment en panne). Les Bulgares changent eux aussi de camp, ce qui facilite l’avancée des troupes soviétiques en Hongrie et en Yougoslavie. Par conséquent, les Allemands évacuent la Grèce où Churchill organise un débarquement pour éviter que ce pays ne tombe aux mains de Staline. La Finlande, qui avait attaqué l’URSS lors du déclenchement de l’opération Barbarossa (22 juin 1941), signe la paix avec les Soviétiques. Sa résistance héroïque lui vaut de rester indépendante. Dès la fin de la bataille de Koursk, Staline déclenche toute une série d’attaques auxquelles les Allemands ne peuvent résister. L’armée rouge avance de 800 km, reprend aux mains des allemands la capitale ukrainienne, Kiev. Le 22 juin 1944 les Soviétiques lancent l’opération Bagration, détruisant à l’aide de 5 Les débarquements en France La fin du Reich Staline n’avait pas cessé de demander à Roosevelt et Churchill d’ouvrir un second front à l’Ouest pour prendre les Allemands en sandwich. L’opération Overlord, la plus grande opération amphibie et aéroportée de l’Histoire en sera la démonstration : Hitler tente un dernier coup à l’Ouest : le 16 décembre 1944 il profite du mauvais temps qui contraint l’aviation alliée à rester au sol pour lancer une contre-offensive dans les Ardennes. L’objectif est Anvers, la principale base alliée. Les Américains sont surpris mais l’avancée des allemands est vite bloquée. Le beau temps revient dès Noël et permet à l’aviation alliée de regagner le terrain perdu. Au final, c’est une catastrophe pour Hitler : il a perdu 100 000 hommes et ses derniers blindés… Le 6 juin 1944, 5 800 navires, 10 000 avions et 100 000 hommes débarquent sur les plages de Normandie : les premières défenses allemandes sont vite détruites. De plus, ils ne vont pas envoyer de renforts tout de suite, et c’est là le succès des Alliés qui sont parvenus à faire croire aux Allemands grâce à une formidable opération d’intoxication que le gros des troupes alliées allait débarquer dans le Nord Pas de Calais, et que le débarquement en Normandie n’était qu’une diversion ! Malgré cela, la résistance allemande est remarquable puisque les Alliés n’avancent que lentement et difficilement. Paris est libéré le 25 août par les divisions du général Leclerc. De Gaulle défile sur les Champs-Élysées, acclamé par plusieurs centaines de milliers de parisiens. Le 15 août, les troupes Américaines et les Françaises du Maréchal de Lattre de Tassigny débarquent en Provence. La résistance allemande est très faible et la jonction avec les troupes du Nord se fait rapidement. A partir du mois d’octobre toute la France sauf l’Alsace est libérée, mais les Allemands ont eut le génie de laisser des divisions dans les ports du Havre, Brest, Saint-Nazaire et Lorient et bloquent le ravitaillement allié ! Les troupes du Général Montgomery sont obligées de s’arrêter faute d’essence. Le front se retrouve bloqué à l’automne. 6 A l’Est, les Soviétiques reprennent l’offensive dès le 12 janvier 1945. La Pologne est libérée et l’Allemagne est envahie. En mars, l’armée rouge fait une pause à 80 km de Berlin. Les AngloAméricains sont encore sur le Rhin. En mars 1945 les occidentaux finissent par franchir le Rhin. Plus aucune résistance ne s’oppose à eux, ce qui leur permet de s’enfoncer facilement et rapidement dans tout le pays, mais Eisenhower ne veut pas risquer la vie de ses hommes lors de combats à Berlin. De plus, Roosevelt est mort le 12 avril et laisse donc ses troupes sans directives. Staline va en profiter pour prendre Berlin. Berlin est encerclé en avril 1945. Les Allemands de tous âges sont envoyés dans les rues par les nazis pour se battre contre les Soviétiques. Les pertes humaines sont astronomiques. Le 30 avril l’armée rouge n’est plus qu’à 300 mètres du bunker d’Hitler qui se suicide. Le 25 avril les Américains et les Soviétiques opèrent leur jonction à Torgau, sur l’Elbe. Le 8 mai, l’Allemagne signe la capitulation sans conditions à Reims. La cérémonie est répétée le 9 mai à Berlin. La guerre est finie en Europe. La fin de l’empire Nippon MacArthur met plus de 18 mois pour conquérir les Philippines qui tombent en octobre 1944. Les derniers porte-avions japonais sont détruits rapidement. L’Américain Nimitz supervise des dizaines de débarquements faisant tomber les îles de l’archipel Japonais les unes après les autres, mais les pertes humaines sont immenses : les Japonais se battent jusqu’au dernier. En juin les Américains sont enfin aux portes du Japon, mais plus de 20 000 hommes sont tués pour prendre deux îlots. Des milliers de Japonais se suicident plutôt que de se rendre. C’est cette résistance qui décide le nouveau président des Etats-Unis, Harry Truman, à employer l’arme atomique. Le 6 août Hiroshima est bombardée, suivi par Nagasaki le 9 août. Début août l’URSS, sur la demande des Américains, a déclaré la guerre au Japon et envahi la Chine du Nord. Le 15 août l’empereur Hiro-Hito annonce la reddition de son pays. La capitulation sans conditions est signée le 2 septembre 1945. La seconde guerre mondiale est terminée… Mémo Victoires de l'Axe (1939-1941) - Invasion du nord de l'Europe et de la Méditerranée - Guerre du Pacifique (7 décembre 1941: Pearl Harbor) Tournant de la Guerre (1942) - Bataille de Midway, Guadalcanal, Stalingrad - Allemagne chassée d'Afrique Victoire des Alliés (1943-1945) - Effondrement du régime de Mussolini - Débarquement de Normandie (6 juin 1944) - Capitulation de l'Allemagne (8 mai 1945) 7 Les per sonnages im por tants personnages impor portants Hitler et ses hommes Adolf Hitler (1889-1945) 8 Né en 1889, et issu d’une famille de paysans et de petits fonctionnaires (son père était douanier), il fut orphelin à l’âge de quatorze ans. Il suivit sa scolarité à Linz et, élève médiocre, quitta l’école en 1905, à la suite d’une maladie, sans obtenir son baccalauréat. Il resta toute sa vie un autodidacte et un dilettante dans tous les domaines. Féru de peinture, il nourrissait des rêves d’artiste et partit pour Vienne se présenter au concours d’entrée de l’Académie des beaux-arts où il échoua par deux fois. Il passa cinq années de bohème à Vienne, occupant ses journées à la lecture d’auteurs pangermanistes et antisémites (Gobineau, Vacher de Lapouge, H.S Chamberlain mais aussi Gustave le Bon, Schopenhauer et Nietszche). Passionné de politique, le jeune Hitler prit conscience, dans cet État multinational où le contact était constant avec tant de non-Allemands (Polonais, Serbes, Hongrois), de l’acuité du problème des nationalités et découvrit sa haine des sociaux-démocrates et des juifs, que le climat antisémite régnant à Vienne ne fit qu’encourager. Quand il quitta Vienne, en mai 1913, pour Munich, il portait déjà en lui, à vingt-quatre ans, une forte dose de haine et de ressentiment. Le 3 août 1914, après la déclaration de guerre, Hitler s’engagea dans l’armée bavaroise. Deux fois blessé, décoré de la Croix de fer, il ne dépassa pourtant jamais le grade de caporal, ses supérieurs n’ayant qu’une confiance toute relative en ses aptitudes au commandement. À la suite de la défaite de l’Allemagne, en 1918, Hitler retourna à Munich, alors en proie à l’agitation révolutionnaire conduite par Kurt Eisner, qui fut assassiné en février 1919. Militaire jusqu’en 1920, Hitler attira l’attention d’officiers (dont le capitaine Röhm qui dirigea plus tard les sections d’assaut du parti nazi, les SA) de la Reichswehr qui firent de lui un commissaire politique chargé de l’éducation et de la propagande, avec pour mission de lutter contre la propagation des idées pacifistes et démocratiques au sein de l’armée. En septembre 1919, sur ordre de ses supérieurs, il rejoignit le parti nationaliste des ouvriers allemands, qui ne comptait que quelques dizaines de membres, et ne tarda pas à en devenir le tribun désigné. En février 1920, il rebaptisa ce mouvement Parti national-socialiste des ouvriers allemands (parti nazi) et en fut élu président et maître absolu (Führer) en 1921. De 1922 à 1923, il multiplia le nombre des adhérents à son parti, qui atteignit le chiffre de cinquante-six mille membres, et entraîna avec lui ses alliés, les forces bavaroises de Kahr et de Lossow et les corps francs du général Ludendorff dans un soulèvement insurrectionnel contre la République de Weimar, en profitant du mécontentement provoqué par l’occupation de la Ruhr. Le putsch de la Brasserie (8 et 9 novembre 1923), pendant lequel il se proclama chancelier d’un nouveau régime autoritaire, fut un échec total mais lui permit, au cours du procès qui suivit son arrestation, de faire connaître son nom et ses idées dans toute l’Allemagne. Il fut condamné à cinq ans de détention. Pendant son incarcération qui ne dura en fait que huit mois, il rédigea le premier tome de son autobiographieprogramme, Mein Kampf (Mon combat), ouvrage dans lequel il exposait l’ordre nouveau qu’il entendait imposer à l’Europe. Relâché à la suite d’une amnistie générale en décembre 1924, il réorganisa son parti sans que n’interfèrent les autorités de Weimar dont il avait pourtant essayé de renverser le gouvernement. Malgré une interdiction de tenir des réunions publiques pendant deux ans, Hitler trouva des capitaux, créa les SS (SchutzStaffel, en français «!échelon de protection!») avec quelques fidèles (Himmler, Goebbels, Goering) et, méditant les leçons du putsch manqué de Munich, se prépara à la conquête du pouvoir par la voie légale. Lorsque éclata la grande crise économique de 1929, il en attribua l’origine à un complot juif et communiste, explication qui séduisit de nombreux Allemands à nouveau confrontés à la misère, quelques années seulement après le traumatisme de la défaite de 1918. Profitant du désarroi de la population et de la montée du chômage, promettant une Allemagne forte et du travail pour tous, Hitler attira des millions d’électeurs et remporta d’importants succès électoraux : de douze sièges aux élections de 1928, le NSDAP obtint cent sept députés au Reichstag (le Parlement allemand) en 1930 et deux cent trente en juillet 1932. Hitler fut nommé chancelier d’un gouvernement de coalition par Hindenburg, le 30 janvier 1933, et arracha dès le début une des positions clés du gouvernement en appelant Goering au ministère de la Défense. Malgré des crises occasionnelles, il imposa sa dictature par étapes successives : en mars 1933, après la dissolution du parti communiste qui suivit l’incendie du Reichstag qu’il avait lui-même fomenté, il obtint les pleins pouvoirs pour quatre ans par un vote où seuls les sociauxdémocrates s’abstinrent!; en avril 1933, la Gestapo (Geheime Staatspolizei, en français «!police secrète d’État!») fut créée, et Hitler entreprit alors de mettre en œuvre le programme d’épuration raciale qu’il avait exposé dans Mein Kampf. Enfin, en juin 1933, une loi d’habilitation lui permit d’imposer une prestation de serment à l’administration et au pouvoir judiciaire, d’interdire les syndicats et tous les partis politiques, à l’exception du parti nazi. Au sein de son propre parti, il réduisit toute opposition et n’hésita pas à sacrifier les SA de Röhm pendant la «!nuit des longs couteaux!» (30 juin 1934) afin de s’assurer le soutien et la loyauté de l’armée. Hitler échappa à plusieurs tentatives d’attentats organisées par ses plus proches collaborateurs, qu’il élimina impitoyablement (Ludwig Beck, Wilhelm Canaris, Claus Von Stauffenberg). Dans les derniers mois de la guerre, il jeta l’Allemagne toute entière dans la guerre, réquisitionnant vieillards et adolescents pour les envoyer au front. À partir du mois de novembre 1944, il se réfugia dans le bunker souterrain de la chancellerie de 9 Berlin. C’est de là qu’il dirigea les ultimes opérations militaires sur le Rhin et dans la Ruhr et qu’il attendit l’arrivée des troupes alliées. Enfin, le 30 avril 1945, alors que les Russes progressaient dans Berlin en ruine, Hitler se suicida d’une balle dans la bouche (ou dans la tempe) en compagnie de sa compagne, Eva Braun, qu’il venait d’épouser la veille, après avoir désigné comme successeur Goebbels puis l’amiral Dönitz. Heinrich Himmler (1900-1945) Né en 1900, il entre au NSDAP après des études d’agronomie, et participe au putsch de la Brasserie. Il devient chef de la SS en 1929. Il s’occupe de la formation de l’élite de la nouvelle Allemagne. Himmler est également l’architecte de la « Solution finale » et procède à de nombreux déplacements de population. Il est nommé ministre de l’Intérieur en 1943. Malgré ses liens forts avec Hitler, il tentera de prendre contact avec les Alliés en 1945. Il sera finalement désavoué et démis de ses fonctions par Hitler. Himmler se suicide en mai 1945. Joseph Goebbels (1897-1945) Né en 1897, il fut l’un des principaux lieutenants d’Hitler, responsable de la propagande au sein du IIIe Reich. Il obtint un doctorat de philosophie. Il rejoignit le parti national-socialiste en 1922 adhérant à l’aile gauche du parti conduite par Georg Strasser, dont il se détacha en 1925 pour se rapprocher d’Hitler. En 1926, il fut nommé gauleiter, et fonda le journal officiel nationalsocialiste Der Angriff. Élu au Reichstag en 1928, il se révéla un orateur exceptionnel. Il se fit alors le chantre d’une haine extrêmement violante contre les Juifs et contre tous les autres groupes «nonaryens», tels les Slaves. Nommé ministre de la Propagande et de l’Information dès 1933, il mit la main sur la radio et sur l’ensemble des institutions culturelles afin de servir l’idéologie nazie. En 1944, Hitler le chargea de la direction totale de la guerre. Le 1er mai 1945, alors que les troupes soviétiques prenaient d’assaut Berlin, il se suicida. Franz von Papen (1879-1969) Né en 1879 et diplomate, von Papen est membre du Zentrum. Il est Chancelier du Reich en juin 1932 et mène une politique ouvrant la voie au parti Nazi. Il démissionne en décembre 1932 et négocie avec Hitler la formation d’un nouveau gouvernement dirigé par le leader nazi. Vice-Chancelier et ministre-président de Prusse en janvier 1933, il démissionne le 30 juin 1940 après la nuit des longs couteaux. Il est acquitté lors des procès de Nuremberg et meut en 1969. 10 Hermann Göring (1893-1946) Rudolf Hess (1894-1987) Né en 1893, il est un héros de la Première Guerre Mondiale pour ses exploits aériens. Il participe au putsch de la Brasserie en 1923. Après quatre années d’exil, il est élu député du Reichstag en 1928 et en devient le Président en 1932. Ministre prussien de l’Intérieur en Janvier 1933, il commande la police et la Gestapo de Prusse. Il est l’un des organisateurs de l’incendie du Reichstag et de la nuit des longs couteaux. Il commande l’armée de l’air en 1935. En 1936 il prépare économiquement l’Allemagne à la guerre. Né en 1894 il rejoint le parti nazi en 1920. Emprisonné après le putsch de la Brasserie en 1923, il devient le secrétaire privé d’Hitler. Faisant parti des proches du Führer, il devient à partir de 1933 le représentant d’Hitler comme chef du parti. En 1941 il tente de conclure un compromis avec le Royaume-Uni qu’il estime correspondre au souhait profond du Führer. Il est emprisonné puis transférer à Nuremberg où il est condamné à la prison à perpétuité. Il meurt en 1987. Albert Speer (1905-1981) En 1938 il préside la confiscation des biens juifs en Allemagne et demande à la SS de persécuter les Juifs. En 1940 il tente de négocier un compromis avec le RoyaumeUni, mais c’est un échec, et celui de la bataille d’Angleterre va ternir son image auprès d’Hitler. Mais il Göring reste tout de même l’homme clé du régime, en particulier grâce à ses liens étroits avec les milieux industriels. En 1945 il dirige à Nuremberg la défense des accusés. Il est condamné à mort et se suicide en prison en 1946. Né en 1905, Speer fut l’architecte d’Hitler. Il adhéra au Parti national socialiste en janvier 1931 après avoir entendu un discours d’Hitler lors d’un rassemblement à Berlin. Son efficacité et son talent en firent l’un des favoris d’Hitler et lorsque celui-ci devint chancelier, en 1933, il confia à Speer de nombreuses commandes, dont la réalisation du stade de Nuremberg, où se tint le Congrès du Parti national socialiste en 1934. En 1942, Speer fut nommé ministre de l’Armement et de la Production de guerre, et utilisa une main-d’œuvre de travailleurs réquisitionnés et de conscrits pour construire des routes et des lignes de défenses stratégiques. À partir de 1944, se rendant compte que l’Allemagne allait perdre la guerre, il essaya en vain de convaincre le Führer de se rendre, et lorsque celui-ci donna l’ordre d’anéantir toutes les infrastructures d’Allemagne, il aurait même envisagé de l’assassiner. Au procès de Nuremberg, Speer plaida coupable pour crimes de guerre et fut condamné à vingt ans de prison; il purgea sa peine à Spandau. Ses Mémoires (1969) sont un précieux témoignage sur la période nazie. 11 Alfred Rosenberg (1893-1946) Reinhard Heydrich (1904-1942) Né en 1893, Rosenberg fut un théoricien nazi qui développa une mythologie raciste fondée sur la «vérité du sang aryen». Né à Reval (aujourd’hui Tallinn, en Estonie), de parents allemands, il rencontra Adolf Hitler et Ernst Röhm, en 1919, et rejoignit le nouveau Parti nationalsocialiste. En 1921, il fut nommé rédacteur du journal officiel du parti, le Völkischer Beobachter. Il publia de la propagande antisémite et anticommuniste, et écrivit le Mythe du XXe siècle (1930), où il tente de démontrer la supériorité raciale des Allemands sur tous les autres peuples. En 1933, Rosenberg dirige le service des Affaires étrangères du parti nazi. En mars 1941, il est nommé ministre des Territoires occupés de l’Est. Les exactions qu’il commit en URSS le firent condamner à mort pour crimes de guerre par le tribunal de Nuremberg. Il est exécuté en 1946. Né en 1904, il fut le chef adjoint des SS (Schutzstaffel, «échelon de protection»), qui présida la conférence de Wonnsee, au cours de laquelle fut organisée «la solution finale». Entre 1922 et 1931, il servit dans la marine comme premier lieutenant de vaisseau, fut révoqué pour indiscipline, puis adhéra au parti nazi. Lorsque Hitler devint chancelier en 1933, Heydrich fut nommé chef de la police à Munich et fut responsable du camp de Dachau. Capitaine des SS dès 1934, adjoint d’Himmler, il dirigea le service de renseignements (SD). Il fut chargé de veiller à la soumission des pays conquis, ce qu’il fit avec un telle rigueur impitoyable que, en 1941, il fut nommé «protecteur du Reich» en Bohême et en Moravie. En cinq semaines, il fit exécuter 300 résistants tchèques. La brutalité de son action policière lui valut d’être surnommé le «Boucher». Le 27 mai 1942, alors qu’il roulait sur l’axe Prague-Berlin, des résistants tchèques firent sauter son véhicule; en représailles, les Allemands rasèrent complètement le village de Lidice et massacrèrent les habitants. Ernst Röhm (1887-1934) Né en 1887 et officier de carrière. Il fut l’un des premiers compagnons d’Hitler et il commanda les SA (Sturmabteilung), ou sections d’assaut, la branche militaire du parti national-socialiste. Après l’échec du putsch de la Brasserie en 1923, il passa plusieurs années en Bolivie. À la demande d’Hitler, il revint en Allemagne en 1931 et fut de nouveau chargé de diriger les SA. Lorsque les nazis arrivèrent au pouvoir en 1933, Röhm insista pour que les SA obtiennent le contrôle de l’armée allemande, afin de créer une véritable armée révolutionnaire. Afin de rassurer l’armée et les industriels, inquiets de cet extrémisme, Hitler fit assassiner Röhm et les autres dissidents SA lors de la «nuit des Longs Couteaux», le 30 juin 1934. 12 Erwin Rommel (1891-1944) Karl Dönitz (1891-1980) Né en 1891 et maréchal allemand, il est célèbre pour ses victoires remportées dans le désert au cours de la Seconde Guerre mondiale. Il rejoignit l’armée allemande en 1910. Plusieurs fois récompensé pour sa bravoure lors de la Première Guerre mondiale, il enseigna dans les académies militaires. Au cours de la poussée allemande en Manche en 1940, Rommel commanda la 7e division. Il fut promu lieutenant général l’année suivante et reçut la direction de l’Afrikakorps en Afrique du Nord. Grand tacticien de l’art militaire dans le désert, ce qui lui valut le surnom de «renard du désert», il mena son armée jusqu’à El Alamein en juin 1942, mais fut repoussé par Montgomery. Contraint de se replier, Rommel rejoignit l’Allemagne en mars 1943 avant la reddition finale de l’Afrikakorps. En 1944, alors qu’il avait acquis la conviction de la défaite de l’armée allemande, Rommel fut nommé à la tête du groupe d’armées B en France, mais il ne put résister au débarquement de Normandie et fut blessé. Accusé de complicité dans le complot du 20 juillet 1944 contre Hitler, il préféra s’empoisonner. Né en 1891, amiral allemand, organisateur de la flotte sous-marine et successeur d’Hitler. Il servit comme officier sous-marinier pendant la Première Guerre mondiale, puis, après l’arrivée au pouvoir d’Hitler, supervisa la création d’une nouvelle flotte de sous-marins, malgré les clauses du traité de Versailles, qui interdisaient à l’Allemagne d’en posséder. Nommé commandant de la flotte, en 1936, il organisa l’offensive contre la GrandeBretagne, faisant subir de lourdes pertes à la marine anglaise. Ses succès lui valurent de remplacer l’amiral Raeder au commandement en chef de la marine allemande en janvier 1943. À la fin de la guerre, il devint commandant militaire et civil de la zone Nord. En avril 1945, Hitler le désigna dans son dernier testament politique comme son successeur, président du Reich, ministre de la Guerre et commandant suprême. Dönitz entra en fonction le 2 mai 1945 et tenta de mettre en œuvre un plan de paix avec les Alliés, mais il dut accepter, le 7 mai, une reddition sans condition. Le tribunal de Nuremberg le condamna à dix ans d’emprisonnement. 13 Les Alliés Sir Winston Leonard Spencer Churchill (1874-1965) Né en 1874, homme d’État britannique, chef du gouvernement pendant la Seconde Guerre mondiale, il fut l’un des principaux artisan de la résistance du Royaume-Uni et des Alliés contre l’Axe. Diplômé de l’école militaire royale de Sandhurst, il servit en Inde et au Soudan, et démissionna de son commandement de cavalerie en 1899 pour devenir correspondant pendant la guerre des Boers. Il fut fait prisonnier, et son évasion spectaculaire en fit un héros national. En 1900, il fut élu au Parlement dans les rangs des conservateurs, puis il rejoignit le parti libéral en 1904. Ministre du Commerce dans le gouvernement libéral d’Herbert Henry Asquith(1908), puis ministre de l’Intérieur (1910-1911), il travailla en collaboration avec David Lloyd George. Nommé premier lord de l’Amirauté (19111915), il modernisa considérablement la flotte britannique. 14 L’effondrement du parti libéral et du gouvernement de Lloyd George éloigna Churchill du Parlement de 1922 à 1924. Réélu en 1924, cette fois comme député conservateur, il devint chancelier de l’Échiquier du gouvernement de Stanley Baldwin (1924-1929). Il fut écarté du pouvoir par la défaite des conservateurs en 1929, et durant les années 1930, se consacra principalement à l’écriture. Churchill prit rapidement conscience de la menace que représentait le nazisme pour le RoyaumeUni. Pendant la crise tchèque de 1938, il plaida en vain pour une action de la France, du Royaume-Uni et de l’URSS, et condamna les accords de Munich signés par Neville Chamberlain. Il insistait sur la nécessité d’un réarmement. D’abord peu suivie par l’opinion publique, sa position rallia un soutien grandissant, et Chamberlain dut le nommer premier lord de l’Amirauté après la déclaration de guerre à l’Allemagne, en septembre 1939. La politique d’apaisement de Chamberlain ayant été un échec, Churchill lui succéda au poste de Premier ministre le 10 mai 1940. Pendant les jours sombres de la bataille d’Angleterre, la pugnacité et les discours passionnés de Churchill persuadèrent les Britanniques de poursuivre la lutte. Avec l’aide d’Antony Eden, il développa une collaboration fructueuse avec le président Franklin D. Roosevelt, obtenant le soutien militaire et moral des États-Unis. Après l’entrée en guerre de l’Union soviétique et des États-Unis, en 1941, Churchill tissa des liens étroits avec les responsables de ce qu’il appelait la «Grande Alliance», y compris avec le général de Gaulle (qui ne fut reconnu par les États-Unis qu’en 1942). Se déplaçant pendant toute la durée de la guerre, il contribua dans une large mesure à la coordination de la stratégie militaire alliée. Il eut un rôle de premier plan dans les grandes conférences de paix, notamment à Yalta (1945). Il ne participa qu’aux premières négociations de Potsdam, car il perdit les élections de juillet 1945; le travailliste Clement Attlee le remplaça à la tête du gouvernement. Il critiqua les réformes de «l’État providence» introduites par son successeur. Dans le célèbre discours du «!rideau de fer!» qu’il prononça dès 1946 à Fulton (Missouri), il mit en garde le «!monde libre!» contre les dangers de l’expansion soviétique. À nouveau Premier ministre de 1951 à 1955, il fut, en raison de son âge avancé et de sa santé défaillante, empêché de diriger le pays de façon aussi dynamique. Il céda le pouvoir en avril 1955 à Anthony Eden, et consacra ses dernières années à la peinture et à l’écriture. Il reçut pour son œuvre le prix Nobel de littérature en 1953. Il mourut le 24 janvier 1965, à l’âge de quatrevingt-dix ans. Des funérailles nationales eurent lieu à Bladon, près du palais de Blenheim. Égypte, qui permit d’expulser d’Égypte, puis de Cyrénaïque et de Tripolitaine, les forces armées germano-italiennes commandées par Rommel. En 1943, il remporta une autre victoire sur Rommel lors de la bataille de Mareth, dans le sud de la Tunisie. Commandant en chef des armées britanniques sur le front occidental, il servit sous les ordres d’Eisenhower, de décembre 1943 à août 1944, et participa aux débarquements alliés en Sicile, en Italie et en Normandie. À la tête du 21e groupe d’armées, il progressa vers l’Allemagne et reçut la capitulation des armées allemandes du Danemark et de Hollande. Nommé maréchal, il fut anobli en 1946 et se vit confier le commandement de chef de l’étatmajor impérial, puis fut commandant adjoint des forces atlantiques en Europe de 1951 à 1958. Il meurt en 1976. Bernard Law Montgomery of Alamein (1887-1976) Né en 1887, maréchal britannique qui dirigea de nombreuses offensives alliées en Afrique et en Europe pendant la Seconde Guerre mondiale. Né à Londres, il fit ses études à l’école militaire de Sandhurst. Entré dans l’armée britannique en 1908, il servit pendant la Première Guerre mondiale en qualité de capitaine. En 1942, il fut nommé commandant de la VIIIe armée britannique en Afrique. Deux mois plus tard, il lança une offensive à El-Alamein, en 15 Edouard Daladier (1884-1970) Né en 1884-1970), président du Conseil de 1939 à 1940. 16 Il fut élu après la Première Guerre mondiale député radical-socialiste du Vaucluse. Brillant orateur, il entra, après la victoire du Cartel des gauches en 1924, au gouvernement formé par Herriot. Il le remplaça à la présidence du parti radical l’année suivante. Nommé ministre de la Guerre en 1932, Daladier se spécialisa dans les questions de défense. Il allait diriger la politique militaire de la France de 1932 à 1934 puis de 1936 à 1940. Président du Conseil de janvier à octobre 1933, il fut rappelé à ce poste le 30 janvier 1934. Daladier, surnommé «le taureau du Vaucluse», apparaissait comme un homme fort et intègre, seul capable de s’opposer aux ligues d’extrême droite. Il dut pourtant démissionner après l’émeute du 6 février 1934, après avoir perdu le soutien du président de la République, Albert Lebrun, et celui du président du groupe radical à la Chambre des députés, Édouard Herriot. Daladier revint pourtant au premier plan de la scène politique, à la faveur du Front populaire. Daladier reprit la présidence du parti radical en janvier 1936. Après la victoire du Front populaire et la formation du gouvernement de Léon Blum, au printemps, il devint vice-président du Conseil et retrouva le ministère de la Défense nationale. Toutefois, dès l’automne, il prit ses distances avec le Front populaire, conscient que la politique économique et sociale menée par le gouvernement ne satisfaisait pas la classe moyenne, principal soutien électoral des radicaux. En juin 1937, la position prise par Daladier, candidat déclaré à la succession de Blum, contribua à la chute de ce dernier. Président du Conseil de 1938 à 1940, Daladier concrétisa la rupture des radicaux avec le Front populaire. En septembre 1938, Daladier signait, avec Chamberlain, Hitler et Mussolini, les accords de Munich. Accueilli triomphalement à son retour dans la capitale française par une opinion majoritairement pacifiste, il dut affronter l’hostilité des communistes, qui lui reprochaient d’avoir failli aux engagements antifascistes du Front populaire. Pour Daladier cependant, les accords, qui maintenaient la paix en sacrifiant la Tchécoslovaquie, ne constituaient qu’un sursis devant permettre le réarmement de la France. Il opposa dès lors une attitude très ferme aux revendications territoriales de l’Allemagne nazie et de l’Italie fasciste. Après la signature du pacte germanosoviétique en août 1939, le gouvernement Daladier fit prononcer la dissolution du Parti communiste français, dont les députés allaient être arrêtés en 1940. Le 3 septembre 1939, la France déclarait la guerre à l’Allemagne. S’il avait contribué de manière décisive à l’effort de réarmement de la France, Daladier avait manifesté une trop grande confiance envers un état-major que la «drôle de guerre» devait désavouer. Sa politique militaire, qui fera de lui, au regard de l’histoire, l’un des responsables de la défaite de 1940, fut désavouée par les députés. Daladier fut contraint à la démission le 20 mars 1940. Arrêté en septembre par le gouvernement de Vichy, il comparut, ainsi que d’autres dirigeants de la IIIe République, devant la cour de Riom en février 1942. Après la suspension du procès, Daladier fut livré aux Allemands et déporté en 1943. Après la Libération, il revint à la vie politique et fut député radical jusqu’en 1958, sans retrouver cependant de fonctions gouvernementales. Charles de Gaulle (1890-1970) Né en 1890 dans un milieu traditionaliste et conservateur, de Gaulle s’orienta vers la carrière militaire et fut admis en 1908 à Saint-Cyr. Affecté au 33e régiment d’infanterie commandé par le colonel Pétain, il avait atteint le grade de lieutenant lors de la déclaration de guerre. Blessé à trois reprises, promu capitaine, il se distingua à Verdun. Fait prisonnier à Douaumont le 2 mars 1916, il fut interné au fort d’Ingolstadt après plusieurs tentatives d’évasion. En 1925, son ancien colonel d’Arras, devenu le maréchal Pétain, l’appela à son cabinet (il était alors vice-président du Conseil supérieur de la guerre) comme officier rédacteur, chargé d’écrire une histoire du soldat français. Nommé commandant d’un bataillon de chasseurs à pied à Trèves (1927), de Gaulle, définitivement éloigné de Pétain, ne put obtenir la chaire qu’il briguait à l’École de guerre et fut envoyé au Liban où il devint de 1929 à 1931 chef des 2e et 3e bureaux de l’état-major. De retour à Paris en 1931, il fut affecté au Secrétariat général de la défense nationale. Il publia Vers l’armée de métier (1934), ouvrage dans lequel il plaidait pour un changement radical de la stratégie française et la création d’unités de «!moteurs cuirassés!» capables de prendre l’ennemi par surprise et confiées à des militaires professionnels. Nommé à la tête du 507e régiment basé à Metz il s’aliéna le soutien d’un autre chef militaire prestigieux, le général Giraud, gouverneur militaire de la ville, qui se montra un adversaire résolu de l’emploi autonome des chars tel que le préconisait de Gaulle. Après l’entrée en guerre de la France contre l’Allemagne nazie, il adressa à quatre-vingts personnalités civiles et militaires un mémorandum intitulé l’Avènement de la force mécanique, dans lequel il critiquait sévèrement la stratégie définie par le grand état-major (janvier 1940). Nommé à la tête de la quatrième division cuirassée (en cours de formation) alors qu’il n’était encore que colonel, il mena quelques brillantes contreoffensives en mai 1940 (à Montcornet et à Abbeville, notamment), donnant ainsi la preuve que le théoricien de la stratégie militaire pouvait également être un bon praticien. Promu général de brigade à titre temporaire, il fut appelé à Paris le 5 juin 1940 par le président du Conseil Paul Reynaud, qui lui offrit le poste de sous-secrétaire d’État à la défense dans le gouvernement resserré (douze ministres) qu’il dirigeait. 17 18 Déterminé avec le président du Conseil à poursuivre la guerre en prévoyant, au besoin, un repli du territoire métropolitain, il rencontra l’opposition des partisans de l’armistice (Pétain, Weygand, Laval) et, après la formation du cabinet Pétain, s’envola pour Londres le 17 juin. Le 18 juin 1940 vers 20 heures, au micro de la BBC, Charles de Gaulle lança son fameux appel du 18 juin, dans lequel il plaidait pour la continuation de la lutte contre les forces de l’Axe aux côtés de la Grande-Bretagne. Rebelle à l’autorité officielle de la IIIe République agonisante dont Philippe Pétain venait de prendre la tête, de Gaulle se consacra dès lors à l’organisation de son Comité de la France libre. Seulement entouré à l’origine de militaires inconnus et de journalistes aventureux, il obtint assez rapidement le soutien de Churchill qui le reconnut le 7 août 1940 comme «!chef des Français libres!». Condamné à mort par le tribunal militaire de Clermont-Ferrand le 2 août 1940, de Gaulle rassembla autour de lui une équipe de militaires, d’universitaires, d’hommes politiques et de journalistes. Confronté à l’hostilité du président Roosevelt qui voyait en lui un aventurier et cherchait à ménager le gouvernement de Vichy, de Gaulle chercha à rallier à sa cause les possessions de l’Empire français, mais échoua lors de sa tentative de débarquement à Dakar à la fin de septembre 1940. Il parvint néanmoins à obtenir le ralliement du Tchad, de l’AfriqueÉquatoriale française, de Madagascar et de la Réunion, et constitua le Conseil de défense de l’Empire (octobre 1940). Bien que ne disposant que de très maigres forces militaires, de Gaulle s’employa, par son attitude, à interdire à ses alliés, Anglais et Américains, de traiter la France libre en légion étrangère, et défendit partout où il le put les intérêts et les positions de la France dans le monde. Parallèlement à son activité internationale, le général de Gaulle entretint un contact constant avec la Résistance intérieure par l’intermédiaire d’un ancien préfet de la IIIe République révoqué par Vichy, Jean Moulin, dont les efforts d’unification de la Résistance aboutirent en 1943 à la création du Conseil national de la Résistance (CNR), qui reconnut de Gaulle comme chef de la France libre. Cinq jours après le débarquement des forces anglaises, américaines et canadiennes en Normandie (juin 1944), de Gaulle débarqua à Courseulles. L’accueil qu’il reçut sur le sol français établit définitivement sa légitimité aux yeux des Américains, qui durent renoncer à l’établissement d’une administration alliée pour gouverner la France jusqu’à sa libération totale. Le 26 août 1944, de Gaulle descendit les Champs-Élysées en compagnie des chefs de la Résistance intérieure, acclamé par un million de Parisiens. Le 3 septembre 1944, de Gaulle prit la tête d’un gouvernement provisoire qui perdura jusqu’en 1947. Craignant un retour aux institutions et aux pratiques de la IIIe République (division des partis, instabilité ministérielle, parlementarisme), de Gaulle proposa un projet de Constitution renforçant le pouvoir exécutif et dut faire face à l’opposition d’une majorité de l’Assemblée heurtée par ses conceptions «présidentialistes». Après avoir été confronté à plusieurs crises avec les partis, le président du gouvernement choisi par la première Assemblée constituante finit par se convaincre que ses options étaient inconciliables avec celles de la classe politique, et il démissionna brusquement de toutes ses fonctions le 20 janvier 1946. À partir du printemps de 1958, les appels en direction du général de Gaulle se multiplièrent jusque dans les milieux politiques qui lui étaient peu favorables et, en mars 1958, une «!antenne!» algéroise installée par le ministre de la Défense, Jacques Chaban-Delmas, se mit à préparer ouvertement son retour au pouvoir, et son nom fut intentionnellement mis en avant par le général Salan lors de l’insurrection du 13 mai 1958. Entre menace de coup d’État militaire et intrigues politiques, de Gaulle s’imposa comme le seul capable de résoudre la crise de régime, simultanément appuyé et par les tenants de l’Algérie française et par ceux qui voyaient en lui l’homme de la décolonisation. Le 15 mai, il se déclara «prêt à assurer les pouvoirs de la République» et, quatre jours plus tard, alors que la tension ne cessait de monter, il convoqua la presse pour bien marquer le «légalisme» de ses intentions, déclarant avec humour : «Ce n’est pas à soixante-sept ans que je vais commencer une carrière de dictateur.». De Gaulle se montra d’une grande intelligence politique pendant ces jours d’agonie de la IVe République, manœuvrant entre déclarations publiques et contacts privés jusqu’à se voir appeler par le président de la République René Coty à la présidence du Conseil le 29 mai. Bénéficiant d’un large soutien, il reçut de l’Assemblée les pleins pouvoirs pour réviser la Constitution. Pendant l’été de 1958 fut rédigée la nouvelle Constitution, que 80% des Français approuvèrent par référendum en septembre 1958 et, en janvier 1959, de Gaulle fut élu président de la République. Désavoué par les Français en 1969, de Gaulle démissionna de ses fonctions de président de la République le 27 avril 1969. Il s’éteignit en 1970… Jean-Marie de Lattre de Tassigny (1889-1952) Né en 1889, Jean-Marie Gabriel de Lattre choisit la cavalerie à la sortie de l’École militaire de Saint-Cyr en 1908. Versé à sa demande dans l’infanterie en 1915, un an après le déclenchement de la Première Guerre mondiale, quatre fois blessé, il termina la guerre comme capitaine, après avoir gagné huit citations au combat. Il fut affecté en 1931 à l’étatmajor du général Weygand, puis resta jusqu’en 1935 sous les ordres de son successeur, le général Georges. Nommé colonel, il commanda, de 1935 à 1937, le 5e régiment d’infanterie, basé à Metz. Chef d’état-major de la Ve armée en Alsace, il combattit en 1940, lors de la guerre éclair de mai-juin, à la tête de la 14e division d’infanterie, et opposa une résistance acharnée à la Wehrmacht, dans l’Aisne et les Ardennes. Nommé commandant militaire du Puy-de-Dôme, puis placé à la tête de la XIIIe région militaire après l’armistice, il fonda plusieurs écoles de cadres, dans la lignée du programme de régénération de la jeunesse prôné par la révolution nationale qu’appelait de ses vœux le maréchal Pétain. 19 Nommé en 1941 commandant des troupes de Tunisie, où il s’employa à remettre en état le dispositif de défense à la frontière libyenne, il revint en France en janvier 1942 et prit le commandement de la 16e division militaire à Montpellier. Cependant, l’invasion de la zone libre par les troupes allemandes, en novembre de la même année, et les consignes de passivité données par le gouvernement à l’armée d’armistice déterminèrent sa rupture avec le régime. Ayant tenté de résister, il fut arrêté et condamné à dix années d’emprisonnement pour trahison. Transféré en février 1943 à Riom, il s’échappa en septembre et gagna Londres, puis Alger. Chargé par le général Giraud du commandement de l’armée B, il prépara le débarquement de Provence, au sein de l’état-major franco-américain, placé sous les ordres du général Patch. Après la prise de l’île d’Elbe (du 17 au 20 juin), de Lattre débarqua en Provence le 17 août 1944. Après Arles, Toulon et Marseille, l’armée B remonta vers le Rhône, jusqu’à Lyon (3 septembre), puis gagna la Saône et le Jura. Atteignant les Vosges, puis le Rhin, mais buttant sur la poche de Colmar, la Ire armée pénétra en Allemagne en février 1945 . De Lattre fut ensuite nommé commandant en chef de l’armée d’occupation française en Allemagne. Malade, très affecté par la mort de son fils Bernard, il dut être rapatrié en France en novembre 1951. Après sa mort, survenue en janvier 1952, il fut élevé à titre posthume à la dignité de maréchal de France. Alphonse Juin (1888-1967) 20 Alphonse Juin sortit major de l’école militaire de Saint-Cyr en 1911 et servit au Maroc entre 1912 et 1914. Durant la Première Guerre mondiale, il fut grièvement blessé sur le front de Champagne et rejoignit le Maroc pour être aide de camp de Lyautey. Il intégra, en 1937, l’état-major du Conseil supérieur de la Guerre. Promu général, il commanda, en 1940, la 15e division motorisée qui combattit dans le nord de la France et en Belgique. Fait prisonnier par les Allemands à Lille, il fut libéré en 1941 sur une requête du maréchal Pétain, qui le nomma commandant en chef des forces françaises en Afrique du Nord en remplacement du général Weygand. Après le débarquement des Alliés, en novembre 1942, il se rallia au général Giraud. Commandant les troupes françaises lors de la reconquête de la Tunisie en 1943, il prit ensuite la tête du corps expéditionnaire français en Italie. Juin remporta la victoire du Garigliano qui ouvrit la route de Rome aux Alliés. Rappelé à Alger par le général de Gaulle, il fut nommé chef d’état-major de la Défense nationale en 1944. De 1947 à 1951, il fut résident général au Maroc. Élevé au rang de maréchal de France en 1952, Juin occupa de très hautes fonctions, tant dans l’armée française — dont il fut inspecteur général — qu’au sein de l’Alliance atlantique : de 1951 à 1956, le maréchal Juin fut le commandant interallié des forces atlantique pour le secteur CentreEurope. Ayant manifesté publiquement son désaccord avec la politique algérienne du général de Gaulle, il fut mis à la retraite en 1962. Philippe de Hauteclocque, dit Leclerc (1902-1947) Philippe de Hauteclocque, sorti de l’École militaire de Saint-Cyr en 1924, de l’École d’application de la cavalerie de Saumur l’année suivante, servit au Maroc où il participa à des opérations de pacification. Instructeur à Saint-Cyr après son retour en France, capitaine en 1934, il réussit en 1938 le concours de l’École de guerre, dont il sortit major l’année suivante. Mobilisé comme capitaine d’état-major au sein de la 4e division au début de la Seconde Guerre mondiale, il combattit sur le front belge. En mai 1940, alors que sa division était encerclée par les Allemands, il obtint de son général l’autorisation de rejoindre les lignes françaises. Capturé, il s’évada, retourna au combat dans un régiment de cuirassiers, fut blessé, et parvint encore à échapper aux troupes allemandes. Ayant pris connaissance de l’appel du général de Gaulle, incitant à continuer le combat malgré la conclusion de l’armistice, il quitta la France par l’Espagne et gagna Londres, où il se présenta au chef de la France libre, le 25 juillet 1940. Nommé chef d’escadron, celui qui se fera désormais appeler Leclerc fut envoyé en Afrique avec la mission de gagner l’Afrique-Équatoriale française à la cause de la France libre, mission qui fut accomplie dès la fin du mois d’août 1940. Gouverneur du Cameroun, puis commandant militaire du Tchad, Leclerc s’empara le 1er mars de l’oasis de Koufra, tenue par les troupes italiennes, dans le désert de Lybie, et fit devant ses hommes le serment «de ne déposer les armes que lorsque [les] couleurs [nationales] flotteront sur la cathédrale de Strasbourg». Général de brigade en août 1941, il lança ses forces sur le Fezzan et, le 26 janvier, put faire la jonction avec les forces de Montgomery, qu’il rejoignit à Tripoli. Il participa à toutes les batailles menées dans le Sud tunisien, puis prit part aux combats en Tripolitaine. Général de division au mois de mai 1943, Leclerc fut chargé par le général de Gaulle de former au Maroc la 2e division blindée. La 2e DB rejoignit la Grande-Bretagne en avril 1944 pour préparer le débarquement en Normandie. Parvenu le 1er août 1944 sur le sol français à la tête de ses troupes, Leclerc mena sa division jusqu’à Paris, où elle entra triomphalement le 24 août. Nommé commandant supérieur des forces françaises en Extrême-Orient l’année suivante, Leclerc assista à la capitulation du Japon, puis s’appliqua à rétablir la souveraineté française en Indochine. Sa mort, survenue lors d’une tournée d’inspection, dans un accident d’avion près de Colomb-Béchar, fut ressentie comme un drame national. Il fut élevé à la dignité de maréchal de France à titre posthume en 1952 et fut inhumé aux Invalides. 21 Jean Moulin (1899-1943) 22 Jean Moulin entra dans l’administration du ministère de l’Intérieur et devint en 1930 le plus jeune sous-préfet de France. Il fut nommé préfet de Chartres en juin 1940. Peu après l’invasion allemande, il refusa de signer, à la demande de l’occupant, une déclaration accusant à tort une troupe de tirailleurs sénégalais d’avoir commis diverses exactions. Menacé, il tenta alors de se suicider pour ne pas commettre un acte déshonorant. Le gouvernement de Vichy, qui le jugeait suspect en raison de ses convictions républicaines, le révoqua le 2 novembre 1940. Il noua alors divers contacts en zone libre, au sein de l’administration comme dans les premiers groupes isolés qui commençaient à mener des actions contre l’occupant. Il acquit ainsi la conviction qu’il était essentiel de coordonner l’action de la Résistance pour la rendre plus efficace. Rejoignant le général de Gaulle à Londres en 1941, il s’attacha à lui faire un état aussi exact que possible de la Résistance française, et reçut de lui la mission de réaliser l’unité de tous les mouvements en zone libre. Parachuté en Provence dans la nuit du 31 décembre 1941 au 1er janvier 1942, Jean Moulin accomplit, en un an et demi, une tâche considérable : placé à la tête d’une véritable administration, supervisant un service des parachutages, un bureau d’information et de presse, un comité général d’étude (chargé de préparer la réforme de la France après la libération du territoire) ainsi qu’un organisme chargé du noyautage des administrations publiques (NAP), il réussit, tout en changeant en permanence de lieux et d’identité, à remplir la mission qui lui avait été confiée. Il revint d’un second séjour à Londres, en février 1943, investi d’une nouvelle mission, celle de constituer un organe politique représentatif de toutes les tendances de la Résistance : ce fut le Conseil national de la Résistance (CNR), groupant mouvements de résistance, syndicats et partis politiques, qui, sous la présidence de Jean Moulin, tint sa première séance à Paris, rue du Four, le 27 mai 1943. Cependant, dès le 9 juin suivant, une trahison permit à la Gestapo d’arrêter à Paris le général Delestraint, chef de l’Armée secrète. Le 21 juin, lors d’une réunion à Caluire, près de Lyon, Jean Moulin fut à son tour arrêté par la Gestapo de Lyon, conduite par Klaus Barbie, sans doute à la suite d’une dénonciation au sujet de laquelle témoins de l’époque et historiens ont avancé de nombreuses hypothèses. Soumis à la torture, celui qui portait le pseudonyme de «Max» refusa obstinément de parler. Agonisant, il succomba à ses blessures lors de son transfert vers l’Allemagne. Ramené à Metz, puis à Paris, son corps fut inhumé au cimetière du Père-Lachaise. En 1964, ses cendres furent transférées au Panthéon. Franklin Delano Roosevelt (1882-1945) Né en 1882, il était le cousin du président Théodore Roosevelt. Après l’obtention de son diplôme à l’université Harvard en 1904, Franklin Roosevelt suivit les cours de l’École de droit de l’université de Columbia. Élu sénateur démocrate de l’État de New York en 1910, il soutint la candidature du démocrate Woodrow Wilson à l’élection présidentielle de 1912, et fut nommé, après la victoire de ce dernier, au poste de ministre-adjoint de la Marine qu’il occupa pendant la Première Guerre mondiale. Il fut choisi comme vice-président par James Cox pour l’élection présidentielle de 1920, mais les deux hommes furent battus par le républicain Warren Harding. L’année suivante, Roosevelt fut atteint de poliomyélite, mais continua à remplir ses obligations politiques. Élu gouverneur de New York en 1929, il mit en œuvre, dès le déclenchement de la crise économique de 1929, des mesures d’assistance sociale. Présenté par le parti démocrate comme candidat à l’élection présidentielle de 1932, il battit le président républicain Hoover. L’imminence de la guerre en Europe et l’engagement américain dans celle-ci suscitèrent un consensus qui permit à Roosevelt d’être réélu en 1940 et en 1944. En politique étrangère, Roosevelt, s’adapta aux aspirations de l’électorat lorsque ce dernier se tourna vers l’isolationnisme au cours des années 1920. Puis, à la fin des années 1930, inquiet de la politique agressive d’Hitler en Europe et de l’expansionnisme japonais dans le Pacifique, Roosevelt engagea à nouveau les États-Unis dans les affaires mondiales. Il fut toutefois entravé par le fort sentiment isolationniste de son électorat et par la série de lois sur la neutralité passée par le Congrès pour empêcher tout engagement américain dans un conflit mondial. Roosevelt remporta la bataille lorsque le Congrès, alarmé par la victoire allemande sur la France en 1940, vota la loi prêt-bail pour aider la Grande-Bretagne dans sa résistance contre l’Allemagne. L’attaque japonaise sur Pearl Harbor, le 7 décembre 1941, entraîna les États-Unis dans la guerre aux côtés de la Grande-Bretagne et de l’Union soviétique. Durant la période de guerre, Roosevelt formula un certain nombre d’objectifs diplomatiques dans une série de conférences qui réunirent les Alliés. A Yalta (URSS, février 1945), il obtint l’admission de la Chine aux discussions de paix, insista sur la libéralisation du commerce international qu’il voyait comme un moyen de prévenir les guerres futures, et parvint à faire accepter la création de l’organisation des Nations unies pour maintenir la paix. 23 Dwight David Eisenhower (1890-1969) Né en 1890, il fit ses études à l’Académie militaire de West Point, dont il sortit officier d’infanterie. Il fut appelé à servir au côté du général George Marshall, chef d’état-major de l’armée. À ce poste, il prépara, en liaison avec l’état-major britannique, des projets de débarquement allié en Europe. Commandant en chef du débarquement en Afrique du Nord, il fut nommé en 1943 à la tête des forces alliées en Europe, et dirigea les débarquements en Italie (1943) et en Normandie (1944). Le 9 mai 1945, il reçut la capitulation allemande à Berlin. Jouissant d’une très grande popularité, il fut présenté par le Parti républicain à l’élection présidentielle de 1952, et remporta une large victoire sur son rival démocrate, Adlai Stevenson. Confronté dès la deuxième année de son mandat à une majorité démocrate au Congrès, il fut cependant réélu en 1956. La crise cubaine (1960-1961) et l’implication jugée insuffisante du président dans les affaires intérieures firent préférer son vice-président, Richard Nixon, comme candidat républicain à l’élection présidentielle de 1960, mais celui-ci fut battu par John Kennedy. À l’expiration de son mandat, Eisenhower se retira de la vie politique. les troupes américaines aux Philippines, il organisa la résistance à l’agression japonaise à Bataan et à Corregidor, mais reçut l’ordre, en mars 1942, de gagner l’Australie. Placé à la tête des forces alliées du Pacifique sud, il dirigea, conjointement avec l’amiral Nimitz, la contre-offensive alliée jusqu’à la prise des Philippines (octobre 1944-juillet 1945). MacArthur reçut la reddition du Japon à bord du cuirassé Missouri le 2 septembre 1945 puis, à la tête des troupes d’occupation américaines (1945-1950), joua un rôle politique décisif dans la démilitarisation du pays et dans sa transition démocratique. Il mourut à Washington le 5 avril 1964. Douglas MacArthur (1880-1964) 24 Né en 1880, fils de général, il sortit major de sa promotion à l’académie militaire de West Point, en 1903, et poursuivit une brillante carrière qui le conduisit aux Philippines et au Japon. Conseiller du président Theodore Roosevelt, il dirigea la 42e division américaine en France au cours de la Première Guerre mondiale puis prit le commandement de West Point (19191922) avant d’être nommé chef d’état-major de l’armée (1930-1935). Rappelé au service actif en juillet 1941 pour commander Georges Smith Patton (1885-1945) Né en 1885, aide de camp du général américain John Joseph Pershing lors de l’expédition au Mexique en 1917, il fut envoyé durant la Première Guerre mondiale en France, où il participa notamment à l’attaque de Saint-Mihiel. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, il commanda les troupes américaines en Tunisie et en Italie et reçut, au début de l’année 1944, le commandement de la IIIe armée, qu’il lança, le 2 août, à la conquête de la Normandie puis de la Bretagne. Poursuivant son avancée fulgurante, Patton franchit le Rhin en mars 1945. Ayant atteint Kassel, il se dirigea vers le Sud-Est et atteignit le territoire de la Tchécoslovaquie. Après la guerre, il fut nommé gouverneur militaire de Bavière mais fut démis de ses fonctions, soupçonné d’indulgence envers l’ancien ennemi. Il fut nommé à la tête de la XVe armée à la fin de 1945, peu de temps avant d’être mortellement blessé dans un accident de la circulation. Joseph Staline (1879-1953) Né en 1879, il fut envoyé au séminaire orthodoxe de Tiflis (aujourd’hui Tbilissi). Gagné aux idées socialistes, il adhéra au Parti socialiste géorgien en 1898, fut expulsé du séminaire l’année suivante et se consacra dès lors à l’action révolutionnaire. Il poursuivit son action en Géorgie, puis en Russie : arrêté et déporté par la police du tsar à plusieurs reprises, chaque fois libéré ou évadé, il entra en 1904 au Parti socialdémocrate russe, où il rejoignit l’aile bolchevique, puis participa à la révolution de 1905. En 1912, Lénine l’appela au Comité central du parti bolchevique qu’il venait de créer et lui confia la direction du journal du parti, la Pravda (la «Vérité»). Commissaire du peuple aux Nationalités dans le premier gouvernement formé par Lénine, membre du Conseil du travail et de la défense et du Politburo (bureau politique du parti), Staline participa activement à la guerre civile, en inspectant les fronts et en organisant en 1918 la défense de Tsaritsyne (rebaptisée Stalingrad de 1925 à 1961), puis en 1919 celle de Petrograd (aujourd’hui Saint-Pétersbourg). Dans le même temps, il s’employa habilement à renforcer sa position au sein du Parti, ce qui lui permit d’être élu en 1922 au poste clé de secrétaire général du Comité central. À la fin de sa vie, Lénine tenta de s’opposer à cette ascension qui lui semblait dangereuse pour la révolution; sa mort en 1924 ouvrit une guerre de succession au sein des instances dirigeantes du Parti : face à Staline, Trotski faisait lui aussi figure de dauphin. Staline, appuyé un temps par Nikolaï Boukharine, représentant de l’aile droite du parti, se retourna bientôt contre ses partenaires, purgeant progressivement le parti des derniers compagnons de Lénine et de toute opposition. Assisté par une bureaucratie comblée de privilèges et une police politique omniprésente (le NKVD), devenu secrétaire général du Parti communiste de l’Union soviétique, Staline régna dès lors en maître sur le pays. Malgré le pacte germano-soviétique signé en 1939 par Molotov avec l’Allemagne nazie, les armées du Reich attaquèrent l’URSS sans déclaration préalable en juin 1941. Les pertes subies dès le début de l’invasion amenèrent Staline à concentrer entre ses mains l’essentiel des pouvoirs militaires, comme président du Comité de défense nationale et commissaire du peuple à la Guerre en 1941, puis comme maréchal (1943) et généralissime (1945). Faisant appel au patriotisme russe, il réussit, au prix de lourds sacrifices humains, à renverser le cours de la guerre, en particulier lors de 25 la bataille de Stalingrad (1942). Poursuivant l’armée allemande jusqu’à Berlin, il apparut comme l’un des grands vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale. Lors des conférences de Téhéran (1943), Yalta (1945) et Potsdam (1945), réunissant les États-Unis, la Grande-Bretagne et l’Union soviétique, il manœuvra habilement pour obtenir la reconnaissance d’une sphère d’influence soviétique en Europe de l’Est où il imposa le communisme après la chute du IIIe Reich. Dans la période de l’aprèsguerre, le culte de la personnalité entourant Staline atteignit un niveau inégalé. Isolé au sommet du pouvoir et affaibli physiquement, Staline, atteint d’une paranoïa de plus en plus aiguë, se voyait partout environné de complots : en janvier 1953, il ordonna l’arrestation de plusieurs médecins moscovites, juifs pour la plupart, les accusant d’avoir perpétré des assassinats dans l’exercice de leurs fonctions. Le prétendu complot des «blouses blanches» semblait annoncer un retour à la terreur des années 1930, quand Staline mourut soudainement d’une hémorragie cérébrale, le 5 mars 1953. Mémo Adolph Hitler (1889-1945) - Maître absolu (Führer) du Parti national-socialiste - Créateur des SS (Echelons de protection) - Dirige les actions militaires de l’Allemagne pendant la guerre Winston Churchill (1847-1965) - Chef du gouvernement britannique - A réuni l’URSS, les Etats-Unis et la France sous la « Grande Alliance » Charles de Gaulles (1890-1970) - Appel du 18 juin 1940 depuis Londres - Président de la République de 1959 à 1969 Franklin Roosevelt (1882-1945) - Président Démocrate américain - Création de l’ONU Joseph Staline (1879-1953) - Secrétaire Général du Parti Communiste de l’Union Soviétique - Bataille de Stalingrad 1942 26 Les Conséquences de la Guerre Bilan de la guerre Près de 60 millions de morts Pendant la seconde guerre mondiale, il y eut 6 fois plus de morts qu’en 1914/18, mais surtout, il y eut de nombreuses victimes civiles. On peut d’ailleurs remarquer que les victimes civiles touchent à certains groupes ethniques et religieux. De même, l’URSS devait être colonisé, les nazis avaient d’ailleurs prévu de tuer 30 millions de russes et de réduire les autres en esclavage. Cette guerre a été une guerre idéologique. En revanche, certains pays n’ont pas eu ou presque de victimes civiles, c’est le cas des Etats Unis ou du Canada. En effet, ces pays n’ont pas été occupés, à contrario de l’Europe. C’est pourquoi, le 11 septembre, les Etats Unis ont été touchés pour la première fois de manière importante sur leur sol. Les pertes sont énormes, entre 22 et 26 millions de morts pour l’URSS, soit 14% de la population, 14 millions de morts pour la Chine, 7 millions pour l’Allemagne. La Pologne paye un lourd tribut, avec 18% de sa population, majoritairement des civils dont de nombreux juifs. D’ailleurs, en 1959, l’URSS compte 4 hommes pour 7 femmes. Conséquence de tout cela, il y aura un déséquilibre des sexes et des classes creuses, en URSS comme dans les autres pays. Cette guerre « innove » sur de nombreux points. Tout d’abord, il n’y a plus de distinction entre le front et l’arrière. Ensuite, tous les belligérants ont pratiqué des bombardements stratégiques. Au début les allemands bombardèrent Rotterdam ou Londres. Plus tard, des bombardements américains firent par exemple à Dresde, le 8 février 1945 135000 morts. De même, à Hiroshima, il y aura de nombreuses victimes. Un autre aspect important concerne la sous alimentation et les épidémies, par exemple la tuberculose. En effet rien qu’à Leningrad, il y aura 700000 morts. Au pays Bas, au cours de l’hiver 1945/1946, il y aura 26000 morts. De plus 90% des prisonniers soviétiques mourront, notamment de faim. Varsovie, pillée est aussi la proie de la famine. Enfin, la guerre civile entre serbes et croates fera 1 million de morts, tandis que les allemands ou les japonais ( en Chine notamment ) massacreront des civils ( par 27 exemple à Oradour sur Glane). Des destructions matérielles considérables En Allemagne, après la guerre, 70% des villes sont détruites. En URSS, des centaines de villes ou de villages sont réduits à l’état de cendres, notamment à cause de la stratégie de la terre brûlée adoptée par les russes et des destructions systématiques de la Wehrmacht. D’ailleurs, l’URSS compte 50% des destructions mondiales, pendant la guerre et un tiers du cheptel a disparu. En Pologne, Varsovie a été entièrement détruite par les allemands, du fait des différents soulèvements populaires et du pillage systématique par les Nazis. D’autres villes comme Coventry ou Dresde n’ont pas été épargnées. Le japon est également en cendres et dépend des américains pour son ravitaillement. Tous les grands centres industriels, dont Tokyo, sont détruits tandis que Hiroshima et Nagasaki ont subi le feu nucléaire. Dans toute l’Europe, le potentiel économique a été réduit de moitié. Le PNB du Japon et de l’Allemagne a été réduit de 70%, tandis que celui de la France a diminué de 46%. Les états sont ruinés sur le plan financier, et sont endettés envers les Etats Unis. Les conditions de vie sont dramatiques, il y a des famines et le rationnement par ticket durera en France jusqu’en 1948. 28 D’n autre côté, 30 millions d’Européens ont été déplacés à cause des modifications de frontière, où fuirent l’avance de l’armée rouge. 13 millions d’Allemands fuient. En parallèle, 7 millions de japonais fuient depuis la Mandchourie, la Corée ou Taiwan. Souvent faute de « patrie définie », il attendront dans des camps. Un monde traumatisé Il y aura de nombreux sans abris (8 millions en Allemagne). Le marché noir et l’inflation accentuent encore la misère. Il y aura des modifications territoriales. En effet Staline récupéra la frontière des tzars, en déplaçant la frontière de 200 kilomètres à l’ouest. L’URSS engloba alors la Biélorussie et les Etats Baltes et s’ouvrit encore plus sur la Baltique. Les effets de la brutalisation Ce mot, issu de l’anglais brutalization, a été inventé par l’anglais G. Mosse pour expliquer un processus qui a rendu les hommes plus sauvages, après les deux guerres. Selon lui, la guerre entraîne une banalisation de la mort, pour des soldats confrontés à la mort de masse. Ils ne reprennent plus une psychologie normale, ce qui explique l’emploi de moyens de destruction massives jusqu’alors interdits. Des hommes « normaux » sont intégrés à des Einsatzgruppen et la science sert la barbarie. Ainsi, le Zyklon B des chambres à gaz ou les expériences scientifiques atroces. Enfin, il y a le problème de la responsabilité collective de l’Allemagne, des millions de personnes sont interrogées pour dénazifier le pays, certains sont privés de leurs droits civiques. Mais il est difficile de les condamner. Certains responsables pourront fuir. La découverte du système concentrationnaire et de la Shoah Après la libération des camps, les documentaires sur les camps de concentration passent en boucle dans les cinémas. On parle d’ailleurs des camps de la mort sans faire la distinction entre camps de concentration et camps d’extermination. Il faudra attendre le procès Eichmann pour que tout change et que la Shoah entre dans les consciences. Eichmann était responsable de l’organisation industrielle de l’extermination. C’était donc une mécanique INDUSTRIELLE. La découverte des camps plonge l’Europe dans une atmosphère de désespoir. Le tribunal de Nuremberg est une grande première. En effet, les vainqueurs jugent les vaincus, c’est la justice des vainqueurs. Tout cela a conduit à l’émergence d’une culture de guerre, les normes de la vie de tous les jours sont abolis, tuer devient un acte de bravoure. Il y a une action psychologique visant à déshumaniser l’ennemi. D’où les discours racistes des allemands. Dans le même registre, on peut parler du génocide du Rwanda. 29 Au cours de ce procès on inventa plusieurs nouvelles notions, comme le crime contre l’humanité. Le crime de guerre concerne les infractions aux règles de la guerre tandis que le crime contre l’humanité est un synonyme de génocide. On reproche aux hommes d’être nés. De plus, on parle de la participation de Vichy. Les inculpés du procès sont de nature diverse, militaires, politiques, fonctionnaires du régime ... Il y a une gradation des crimes, certains seront pendus, d’autres acquittés. Goering se suicidera dans sa cellule, tandis que Hess sera emprisonné à Spandow. Mais beaucoup échapperont au jugement, puisqu’ils auront fui ou seront utilisés par les servies spéciaux des deux blocs. Le crime contre l’humanité est imprescriptible, tout comme les droits de l’homme. En 1948 est publiée la déclaration universelle des droits de l’homme. Il y a maintenant un droit international même pour les chefs d’état. Les accusés sont inculpés individuellement, car leur défense consistait à dire qu’ils ont obéi aux ordres. Ils auraient du désobéir. Pour finir, la dénazification est le fait des alliés et non des allemands. Beaucoup d’allemands seront interrogés, privés de leurs droits civiques puis relâchés faute de chef d’inculpation. Au Japon, les soldats Japonais seront aussi jugés. Une interrogation sur l’ « espèce humaine ». Le traumatisme de la guerre conduit à une réflexion psychologique. Voir Anthelme et son livre « l’espèce humaine ». Il n’est pas facile de raconter ce que l’on a vécu pendant la guerre, mais si on ne transmet pas son expérience, elle sera perdue. C’est pourquoi il a écrit son livre. 30 Un monde reconstruit par les vainqueurs Une autre question est : « Peut-on croire en Dieu après Auschwitz ». Il n’y a pas de réponse simple. Enfin, on s’interroge sur le rôle des scientifiques dans la création d’armes de destructions massives. Il y un côté de fierté et un coté de honte quand au projet Manhattan. Chaque pays cotise, pour aider un pays en difficulté. - La BIRD : Banque internationale pour la reconstruction et le développement. Cet organisme doit veiller à ce que les décisions de Bretton Wood soient appliquées. Truman a dit “ le jour d’Hiroshima est le plus grand jour de l’histoire de l’humanité “. Tous ces organismes sont installés aux USA, qui ont 75% des réserves d’or mondiales. Ainsi, les US appuient leur domination sur leur zone d’influence. Mais pour que cette guerre soit la dernière, on a aussi créé l’ONU... « Il va falloir choisir, dans un avenir plus ou moins proche, entre le suicide collectif ou l’utilisation intelligente des conquêtes scientifiques ». La reconstruction économique L’ONU, espoir de la paix En plus de la question de la reconstruction, on se demande comment on est arrivé à la guerre. On a rapidement compris le rôle joué par la crise de 1929. Il faut donc reconstruire l »humanité de telle manière que ça ne se reproduise pas, pour envenimer la montée des fascistes. Il faut trouver des moyens de régulation pur qu’il n’y ait plus de crise du capitalisme. C’est pourquoi en 1944, les 44 pays les plus puissants du globe se retrouvent à Bretton Wood. Leur objectif c’est créer un nouveau système monétaire international, un SMI. Cette organisation est une idée américaine chère à Roosevelt, à laquelle Churchill s’associe. La décision de crée l’ONU date de la conférence de San Francisco, en Avril-Mai 1945. Les monnaies vont être gagées sur l’or ou sur une monnaie convertie en or : le dollar. Le dollar est donc la nouvelle monnaie de référence Chaque monnaie a une parité fixe, c’est çà dire que son cours ne peut changer brutalement. De plus, on va créer des institutions : - FMI : fond monétaire international. L’ONU émet des recommandations. Un de ses organes primordiaux est le conseil de sécurité. Il y a 5 membres principaux qui ont un droit de veto et 6 membres non permanents élus pour 2 ans. 31 Ce conseil s’occupe de toute question qui pourrait mettre en péril la paix dans l monde. Il peut néanmoins prendre des sanctions économiques et déclarer la guerre. Il a les casques bleus et les embargos comme arme. Il y a aussi une cour de justice internationale à La Haye aux Pays Bas qui est un outil de maintien de ma déclaration universelle des droits de l’homme. Dans cette déclaration, il y a de nouveaux droits : - droit à la protection sociale - droit à la culture - droit au travail Le sort des vaincus Le sort des pays vaincus est décidé au cours de deux conférences, celles de Yalta et celle de Postdam. A ce moment, la France n’est pas encore au banc des vainqueurs. Ils veulent régler la fin de la guerre. A Yalta, Roosevelt obtient de l’URSS une guerre contre le Japon et Churchill obtient que la France ait une zone d’occupation. Mais Staline, dont l’armée est toute puissante ne s’engage pas sur les frontières. A Postdam, Staline, Truman et Attlee fixent le sort de l’Allemagne. Mais l’alliance se fissure et ils ne sont d’accord que sur le fait que l’Allemagne doit payer des réparations et sur les 3D : Allemagne démilitarisée et désarmée, décentralisée (Länder) et dénazifiée (Nuremberg). Ils y a le problème des zones d’occupation et des frontières de l’URSS et de la Pologne. 32 Un nouveau rapport de forces entre lles puissances Comme en 1918, l’Europe s’efface de plus en plus, au profit des USA. La France et la Grande Bretagne deviennent des puissances secondaires et leurs colonies commencent à douter. Ils sont ruinés et endettés. Le 8 mai 1945 il y a des massacres en Algérie. Les mouvements nationalistes sont renforcés. Le Japon perd également son statut de grande puissance, il est occupé par les américains, est démocratisé, démilitarisé et passe sous l’aire d’influence des USA. Il y a deux grandes puissances : - Les Etats Unis qui ont 75% du stock d’or, 50% de la production mondiale et l’arme atomique. - L’URSS apparaît comme le grand vainqueur de la guerre, en effet, le drapeau rouge flotte sur le Reichstag et le PCF se fait passer pour le seul grand mouvement de résistance. De plus, « aucune armée au monde, même la plus puissante ne pourrait résister à 10 millions de russes soutenus par la machine de guerre soviétique ». C’est l’avancée des armées qui fixera les frontières. A l’Est , les communistes s’emparent du pouvoir. Mais la Yougoslavie a été libérée par Tito et la Tchécoslovaquie fait exception. En Grèce il y aura une guerre civile jusqu’en 1947. En 1946, Churchill dans son discours de Fulton, parle de « Rideau de fer ». Le monde vient d’entrer dans la guerre froide. Mémo Bilan de la Guerre - 60 millions de morts - 70% de villes détruites Traumatisme - Banalisation de la mort - Emergence d'une culture de guerre - La Shoah entre dans les consciences - Interrogation sur l'espèce humaine Reconstruction - Economique (création du SMI, FMI, BIRD) - ONU: Droits à la protection sociale, à la culture, au travail - Conférences de Yalta et de Postdam Le nouveau rapport de force entre les grandes puissances mènera à la Guerre Froide. 33 Témoignages “Je n’ai à offrir que du sang, du labeur, des larmes et de la sueur. Nous avons devant nous de longs, de très longs mois de lutte et de souffrance. Vous me demandez quelle est notre politique ? Je vous réponds : faire la guerre, sur mer, sur terre et dans les airs, avec toute la puissance et toute la forcé que Dieu peut nous donner ; faire la guerre contre une tyrannie monstrueuse, qui n’a jamais eu d’égale […]. Voilà notre politique. Vous me demandez quel est notre but ? Je vous réponds en deux mots : la victoire, la victoire à tout prix, la victoire malgré toutes les terreurs […].” Discours radiodiffusé du 13 mai 1940, Churchill “Nous ne nous rendrons jamais. Et même s’il arrivait, ce que je ne crois pas un seul instant, que cette île fut réduite en esclavage, alors notre empire au-delà des mers, armé et protégé par la forcé britannique, poursuivrait la lutte.” Discours du 4 juin 1940, Churchill Témoignage sur l’exode 34 Gérard Avran, 13 ans, écolier parisien, est évacué dans la Sarthe. Il raconte son exode (mi-juin 1940). “Un jour, le directeur nous fit évacuer. On disait que les boches n’étaient pas loin. De l’école de Loué à la gare du Mans, il y a plusieurs kilomètres que nous fîmes à pied. A peine arrivés à la gare, nous voilà pris sous un bombardement aérien. Le fracas était assourdissant, les gens hurlaient, les trains sautaient. Nous quittâmes la gare pour revenir à Loué. Sur la route, l’exode avait comencé. De longues files de charette, souvent abandonnées, des chevaux cevés dans les fossés, des chiens dans maîtres, des milliers de gens qui poussaient une charette ou une simple brouette, des bagages pleins les routes. Les avions continuaient leur sinistre ballet et nous mitraillaient en rasemottes. […] Ce n’est que le soir que nous sommes revenus à la gare du Mans. Nous sommes alors montés dans un train en partance pour Angers […]. Jeune rescapé d’Auschwitz 1999 La bataille de Stalingrad “ 22 octobre. Notre régimen n’a pas réussi à pénétrer dans l’usine que nous attaquons depuis trois semaines. Nous avons perdu beaucoup d’hommes. 27 octobre. Nos troupes se sont enfin emparées de l’usine, mais nous ne parvenons pas à atteindre la Volga. Les Russes, ce ne sont pas des hommes, mais des automates métalliques. Ils ne connaissent pas la fatigue et ne craignent pas le feu. 10 novembre. En Allemagne, on est convaincu que la ville de Stalingrad est entièrement entre nos mains. Quelle terrible erreur ! 29 novembre. Nous sommes encerclés. 14 décembre. Nous sommes tous torturés par la faim. 28 décembre. On a mangé tous les chevaux. Je suis prêt à manger de la viande de chat. Les soldats sont devenus semblables à des cadavres ou à des fous ; ils ne cherchent qu’un aliment quelconque à se mettre sous la dent. Ils ne se terrent plus devant les obus russes. On n’a plus la force de marcher, de se coucher. Qu’elle soit maudite, cette guerre ! » « Journal d’un soldat allemand » Paris Match 23 janvier 1965 Le 6 juin 1944, « L’assaut venant du large, sous le commandement général du maréchal Montgomery, eut lieu sur un large front […]. A six heures trente, les premières vagues d’assaut d’infanterie et les chars débarquaient sur les plages d’invasion. Les défenses allemandes sur toutes les plages étaient formidables. Elles consistaient d’abord en une serie d’obstacles sous-marins ; les mines étaient fréquemment employées pour rendre ces obstacles mortels. Les plages elles-mêmes étaient abondamment minées et obstruées de fils barbelés. Des casemates et des emplacements bétonnés d’artillerie étaient disposés de façon à couvrir les plages de leur feux croisés. Tous les accès vers l’intérieur des terres étaient bloqués par des murs et des fossés antichars, des champs de mines et des barrages de fils de fer barbelés. Le secteur de débarquement américain comprenait au total 9400 mètre de plage. A l’heure H, un bateau de débarquement chargé d’infanterie d’assaut accosta tous les 60 mètres. Les troupes d’assaut s’ouvrirent un chemin à travers les obstacles […]. Les tirs de marines et les bombardements aériens pilonnèrent les blockhaus et emplacements d’artillerie allemands. » C. Marshall, La victoire dans le Pacifique et en Europe, DR. Lettre d’un collaborateur français « j’ai fait don de ma carcasse pour la victoire de l’Allemagne […]. Il y en a qui croient que ceux qui servent l’Allemagne sont des traîtres ou des vendus et eux se prétendent de purs Français. Il faut collaborer à fond, il faudrait même faire une alliance avec le peuple allemand. […] 35 Il nous faut aider le peuple allemand et par tous nos moyens écraser cette Russie bolchevique qui ne songe qu’à semer la haine, la misère et la mort partout, et cette perfide Albion qui s’est toujours servie du sans français pour remplir les coffres de la City. Moi-même, je haïssais les Allemands parce que je ne les connaissais pas. Maintenant que je les connais, je dis que ce sont des hommes dignes de notre amitié et auxquels nous pouvons avoir confiance. Après la victoire, ils nous donneront ce qu’ils nous ont promis.» de mères allemandes, c’est notre propre sang. » Discours d’Himmler à Poznan, le 4 octobre 1943 Correspondance d’un Français engagé dans la SS, 1943 36 Les SS et les Slaves Le ghetto de Varsovie « Un membre de la SS doit être honnête, fidèle et bon camarade envers ses compatriotes, mais pas envers les représentants d’autres pays. Par exemple, le destin d’un Russe ou d’un Tchèque ne l’intéresse pas. Il nous est absolument indifférent de savoir dans quelles conditions ces peuples vivent, dans le bien-être ou dans la misère. Ce peuple nous intéresse uniquement du point de vue de notre besoin d’esclaves. Que dix mille femmes russes crèvent d’épuisement en creusant un fossé antitank ne m’intéresse qu’autant que le fossé sera prêt pour l’Allemagne […]. Nous Allemands, qui sommes les seuls au monde à avoir une attitude correcte envers les animaux, nous aurons également une attitude correcte envers ces animaux humains. Mais ce serait un crime contre notre race de nous soucier d’eux. Si quelqu’un vient à me dire : « je ne puis utiliser des femmes et des enfants à creuser des fossés antitanks, c’est inhumain, ils vont en mourir », je dois lui répondre : « Tu es un meurtrier de ta race, car si la tranchée n’est pas finie, alors ce sont des soldats allemands qui vont mourir, ce sont des fils « Je veux voir ce mur de brique qui monte, s’allonge et nous enferme. Près de la place de Parysowski, il ressemble au mur d’une prison et tout notre quartier (car nous n’avons même pas le droit, a ordonné le haut-parleur, de l’appeler ghetto) sera une prison. » Quelques jours plus tard… « Nous sommes enfermés et nous sommes impuissants ! Le long du mur, la foule massée, silencieuse, fascinée. Les morceaux de verre, les barbelés en haut du mur sont parfaitement visibles. Les gens regardent, repartent […]. J’ai suivi le mur du ghetto. Je ne voyais que ce mur, je n’entendais qu’une phrase en moi : ils ne m’enfermeront pas. » Quelques semaines plus tard… « Toute la journée, j’ai marché dans le ghetto. Cela faisait longtemps que je n’allais plus au hasard dans ces ruelles surpeuplées. Des enfants fouillent dans les poubelles, une femme, son bébé mort dans les bras, mendie ; un couple élégant, l’homme superbe, les bras croisés, la femme maquillée, chante au milieu de la chaussée. Là, on vend des livres par paniers entier, ici un homme est allongé sans connaissances : sans doute le froid et la faim. Tout va mal : la mort est partout, une mort rongeante, rampante. » Martin Gray 1971 fixes, tremblait, les poings et les mâchoires serrés. -Où vont-ils les autres, ceux du train, les femmes, les enfants ? -Le gaz. […] Je me suis recroquevillé contre le mur de bois. Les miens, des milliers, tout Varsovie… » Martin Gray, 1971 Témoignage sur les chambres à gaz La déportation à Treblinka « Un grincement, des hurlements, la lumière crève les yeux, le wagon qui se déverse sous les coups et les rugissements. C’est Treblinka. […] Des hurlements : des SS, des Ukrainiens, le fouet à la main, une matraque haute qui tombe sur les têtes et sur les dos. Un haut-parleur, d’une voix tranquille, répète : hommes à droite, femmes et enfants à gauche. Adieu les miens, je les ai déjà perdus dans la foule courbée, les cheveux gris, les cheveux blonds, ma mère, Rivka, mes frères. […] Alors j’ai commencé à courir sous les coups et les cris, suivant les autres, portant des paquets de vêtements sur la place de tri. Les Ukrainiens, le fouet à la main, frappaient et parfois un SS tirait ou tuait d’un coup de crosse […]. On nous a ensuite rassemblés sur une place. Les SS passaient, désignant des hommes qui sortaient du rang et s’en allaient, entourés d’Ukrainiens. Puis éclataient des coups de feu. Enfin, on nous a poussés dans une des baraques. J’étais en vie. Je me suis accroupi auprès d’un homme qui, les yeux « A auschwitz, deux médecins SS examinaient les arrivages de transports de prisonniers. Les prisonniers devaient passer devant l’un des médecins qui, à l’aide d’un signe, faisait connaître sa décision. Ceux qui étaient jugés aptes au travail étaient envoyés dans le camp, les autres, dirigés sur les lieux d’extermination. Les enfants en bas âge étaient exterminés sans exception, puisque du fait de leur âge, ils étaient incapables de travailler […]. J’avais reçu l’ordre de mettre au point des procédés d’extermination à Auschwitz […]. Je décidais d’employer le Zyklon B, un acide prussique cristallisé qui nous intraduisions dans la chambre à gaz par une petite fente. Il fallait de trois à quinze minutes pour tuer les gens se trouvant dans la chambre à gaz […]. Nous attendions d’habitude une demiheure avant de rouvrir les portes et de sortir les cadavres. Nos groupes spécialisés leur retiraient alors bagues, alliances ou dents en or. » R Hoess, commandant du camp d’Auschwitz, avril 1946. Extrait du statut des Juinfs (octobre 1940) « Nous, Maréchal de France, chef de 37 l’Etat français, décrétons : Article 1. Est regardé comme Juif toute personne issue de trois grands-parents de race juive […]. Article 2. L’accès et l’exercice des fonctions publiques et mandats énumérés ci-après sont interdits aux Juifs : Chef de l’Etat, membre du gouvernement […] ; fonctionnaires de tous grades attachés aux services de police ; membres des corps enseignants ; officiers et sous-officiers des armées. Article 5. Les Juifs ne pourront exercer l’une quelconque des professions suivantes : drecteur, administrateurs, gérants, rédacteurs de journaux, revues et périodiques […], metteurs en scène, entrepreneurs de spectacles […] ; gérants de toutes entreprises se rapportant à la radiodiffusion. l’appui des anciens combattants que j’ai eu la fierté de commander, je fais à la France le don de ma personne pour atténuer son malheur. En ces heures douloureuses, je pense aux malheureux réfugiés qui, dans un dénuement extrême, sillonnent nos routes. […] C’est le cœur serré que je vous dis aujourd’hui qu’il faut cesser le combat. Je me suis adressé cette nuit à l’adversaire, pour lui demander s’il est prêt à rechercher avec nous, entre soldats, après la lutte et dans l’honneur, les moyens de mettre un terme au hostilités. Que tous les Français se gropent autour du gouvernement que je préside pendant ces dures épreuves et fassent taire leur angoisse pour n’écouter que leur foi dans le destin de la patrie. » 17 juin 1940 Vichy, 3 octobre 1940 La pénurie dans les villes Discours de Pétain 38 « Français ! J’assume à partir d’aujourd’hui la direction du gouvernement des la France. Sûr le l’affection de notre admirable armée, qui lutte avec un héroïsme digne de ses longues traditions militaires, contre un ennemi supérieur en nombre et en armes ; sûr que par sa magnifique résistance, elle a rempli ses devoirs vis-à-vis de nos alliés ; sûr de A Sanary, près de Toulon. « 20 avril 1941. Le ravitaillement empire ici : avec ou sans tickets, on ne trouve ni fromage, ni œufs, ni beurre. Les légumes sont hors de prix. 17 mai 1941. Queue chez l’épicier. D’abord une heure ce matin, pour me voir ferme la porte au nez sur le coup de midi. M.V. l’a faite cette après-midi à 14h30 et je lui ai succédé à 15h30 jusqu’à 18h15. Tout ça pour 100g de saucisson par personne, deux boites de sardines, du faux au roquefort. » A Toulouse. « 4 déc. 41. L’électricité est réduite un peu partout au point que les grands magasins sont obligés de fermer boutique. 5 déc. 1941. Le papier devient de plus en plus rare. Les enveloppes sont de plus en plus grises ou brunes et manquent de colle. 24 sept. 41. Plus un légume à Toulouse depuis 15 jours. Queues interminables pour toucher pommes de terre ou lait. 24 octobre 1941. On ne trouve plus une seule chemise, ni pantalon, pyjama, caleçon, bas. Au marché noir, les bas se vendent 140 francs la paire (10 francs l’an passé). 15 mars 1942. Menu dans les hôtels : radis, salade crue, salade cuite et parfois une mandarine. » G. et A. Valloton (deux adolescentes) 1939-1944 jeunes Etre Juif sous l’occupation Roger Herman, Juif français vivant à paris. « A l’école, nous avions des blouses noires et ma mère avait cousu l’étoile jaune sur la mienne. On n’avait pas le droit de la cacher. Le port de l’étoile entraînait tout une série d’interdictions : nous ne pouvions plus aller à la piscine, ni au cinéma, ni même jouer dans les squares. J’avais l’habitude de jouer dans le square de la place de la République. Du jour au lendemain, je n’eus plus le droit d’y entrer. Alors je jouais à l’extérieur du square et mes camarades à l’intérieur […]. Hélène Rosental, Juive française vivant à Paris. « Je suis restée à Paris jusqu’à l’été 1942. J’avais assisté à des arrestations. On arrêtait les Polonais, les Allemands, les Autrichiens, tous juifs bien sûr. Nous autres, Juifs français, on n’imaginait pas qu’un jour cela pouvait nous arriver et j’ai été particulièrement choquée lorsqu’on a arrêté ma meilleure amie. Elle était Française. Je ne l’ai jamais plus revue. Nous étions sur leurs listes, mieux valait partir au plus vite […]. Hélène s’enfuira à Grenoble, où elle cachera ses origines juives. Les bombardements à Rouen « Les premières bombes éclatèrent. L’alerte ne fut donnée qu’après ces explosions. Suivirent cinquante minutes de terreur. Près de 6000 bombes furent jetées cette nuit-là sur la région, dont 300 sur la ville de Rouen. Sirènes, canons de la DCA, ronflement des avions, bombes, cris de blessés, appel des pompiers, ce fut une nuit infernale. Ceux qui la vécurent n’en ont conservé que le souvenir d’un cauchemar. Toute la ville n’était alors que flamme, décombres, cadavres. Beaucoup d’habitants, qui s’étaient réfugiés dans les caves, y avaient été enterrés. Sous les maisons écroulées, des femmes et des enfants étaient murés vivants. André Maurois, Rouen dévasté, Nagel, 1948 L’appel du 18 juin 1940 « Ce gouvernement, alléguant la défaite de nos armées, s’est mis en rapport avec l’ennemi pour cesser le combat. Certes, nous avons été, nous sommes submergés par la force mécanique terrestre et aérienne de l’ennemi. Infiniment plus que leur nombre, ce sont les chars, les avions, la tactique des Allemands qui ont surpris nos chefs au point de les amener là où ils sont aujourd’hui. Mais le dernier mot est-il dit ? 39 L’espérance doit-elle disparaître ? La défaite est-elle définitive ? Non ! Croyezmoi, moi qui vous en parle en connaissance de cause et qui vous dit que rien n’est perdu pour la France. Les mêmes moyens qui nous ont vaincus peuvent faire venir un jour la victoire. Car la France n’est pas seule. Elle n’est pas seule. Elle a un vaste empire derrière elle. Elle peut faire bloc avec l’Empire britannique qui tient la mer et continue la lutte. Elle peut, comme l’Angleterre, utiliser sans limite l’immense industrie des EtatsUnis. Cette guerre n’est pas limitée au territoire malheureux de notre pays […]. Moi, général de Gaulle, actuellement à Londres, j’invite les officiers et les soldats français qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s’y trouver [..], j’invite les ingénieurs et les ouvrier spécialistes des industries d’armement qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s’y trouver, à se mettre en rapport avec moi. Quoi qu’il arrive, la flame de la résistance française ne doit pas s’éteindre et ne s’éteindra pas. Demain, comme aujourd’hui, je parlerais à la radio de Londres. » Discours du général radiodiffusé par la BBC. 40 de Gaulle, En 1942, Evelyne Sullerot est élève dans un collège d’Uzès, dans le sud de la France. « Le samedi, on défilait en chantant « Maréchal nous voilà » [un hymne à la gloire du Maréchal Pétain] et, un jour, un lundi matin, on me demande de lever le drapeau au milieu de la cours du collège. Il y avait ce jour là quelque chose qui avait à faire avec Jeanne d’Arc et, comme je venais de Compiègne, ville où elle a été emprisonnée, on me demande : « Mademoiselle, voulezvous lever le drapeau en l’honneur de Jeanne d’Arc et du Maréchal Pétain, notre nouvelle Jeanne d’Arc ? » Tous les professeurs et les élèves étaient rangés alentour. Je me suis avancé jusqu’au pied du mât et, d’une voix forte, j’ai crié : « Jeanne a repoussé les ennemis hors de France. Quand le Maréchal Pétain en fera autant, le lèverais le drapeau mais pas avant ! » et je suis retournée à ma place. Deux heures après, les gendarmes sont venus m’arrêter.» Un mouvement de résistance : Libération Rémi Aubrac est un des fondateurs du mouvement Libération. « Dès 1941, nous avions compris qu’il fallait faire porter nos efforts sur l’information, qu’on appela rapidement propagande, pour dénoncer sans relâche le pillage du pays par l’occupant et l’appui sans réserves que lui prêtait Vichy sans contrepartie. L’idée de produire un journal s’imposa assez vite. Le premier numéro de Liberation sortit en juillet 1941. Les « porteurs de valises » sillonnaient la zone du Sud et livraient leur paquets à Lyon, Grenoble, Marseille, Avignon, Montpellier. Dans chaque ville, la distribution était organisée jusqu’à la remise de chaque journal individuellement […]. En 1942, l’exemple de Combat et plus encore la mission de Jean Moulin nous avaient convaincus de créer dans notre organisation un secteur orienté vers l’action militaire, et j’avais été chargé de le mettre sur pied. Les militants motivés pour le combat armé devaient s’organiser en petit groupes et se procurer des armes […]. Il leur revenait d’effectuer des actions de sabotage dans les usines, les dépôts, et les communications utiles à l’ennemi […]. Extrait de Raymond Aubrac, Où la mémoire s’attarde, Odile Jacob, 1996 Les combats d’un maquis En 1944, René entre dans le maquis du mont Mouchet, en Auvergne. « Le capitaine Bertrand, commandant la compagnie, le lendemain, nous réunit et nous remit nos armes. Ce fut un grand moment, un instant d’émotion. La distribution se fit au petit bonheur, fusil, ou mitraillette. Les premiers jours, nous nous bornons seulement à l’installation du camp et d’un système défensif. Dans la section, nous sommes une vingtaine : un adjudant, un sergent, un caporal ; comme armement collectif : trois fusils mitrailleurs ; je suis aus ordres du sergent Riberolles. 2 juin : première attaque allemande. Les Fritz se replient à 16 abandonnant sur le terrain deux camions, 70 morts. » accompagnés chaque fois de « passages à tabac » tels qu’ils se pratiquaient ils y a cent ans. A chaque interrogatoire, on était certain de recevoir sa ration de coup de bâton avec un clou au bout, de coups de matraque et de cravache. Il fallait dénoncer les camarades, autrement, c’était la grèle de coups qui tombait […]. Notre grand camarade Humbolt est mort en cellule, sans soins, la colonne vertébrale brisée par les coups reçus parce qu’il ne voulait pas dénoncer ses camarades. Ces barbares vous font croire que vous avez une chance de sauver votre tête. Ils vous disent que l’un a dit ceci, que l’autre a dit cela, pour faire avouer les pauvres diables qui n’ont pas le cran de résister. Puis, le 8 juillet, nous avons été conduits au tribunal. Le tribunal a condamné à mort 22 d’entre nous sur 27 […]. Ce qui me rend heureux, c’est le cran et le courage montré par les camarades. » Lettre de Joseph Delobel, Arras, le 16 juillet 1942 René Crozet, Enfants le l’ombre, Horvath, 1980 La mort au bout du chemin « A ma famille, à notre grand Parti et aux jeunesses communistes. Ce n’est pas sans peine que je vous écrit ces dernières lignes […]. Nous avons tous été arrêtés fin avril, début mai. Dans les quinze premiers jours, nous avons subit interrogatoires sur interrogatoires, 41 Mémo 42