La seconde guerre mondiale

Transcription

La seconde guerre mondiale
La seconde guerre
mondiale
Les grandes périodes du conflit
Les vict
oires de l’Ax
e (1
939-1
941)
victoires
l’Axe
(1939-1
939-19
Une guerre éclair en Europe
1er septembre 1939 : Hitler décide
d’envahir la Pologne. Deux jours plus tard,
le 3 septembre 1939, les alliés de la
Pologne, la France et le Royaume-Uni
déclarent la guerre à l’Allemagne mais ils
ne bougent pas. En moins de trois
semaines la Pologne est sous contrôle
allemand et soviétique (ces derniers ont
envahi la partie est de la Pologne
conformément à une clause secrète du
Pacte Germano-Soviétique signé le 23 août
1939).
Le 10 mai 1940, l’armée allemande
envahit les Pays-Bas, le Luxembourg et la
Belgique (3 pays pourtant neutres). En
faisant cela, Hitler tend un piège aux Alliés :
en effet les Alliés se précipitent en Belgique
alors que le gros des troupes allemandes
passe par les Ardennes et prend à revers
les armées françaises et anglaises. Sedan
passe sous contrôle allemand le 13 mai. Le
15 mai les Pays-Bas capitulent suivis de la
Belgique le 28. La France quant à elle
(envahie aux trois quarts) signe l’Armistice
avec les nazis le 22 juin 1940.
Le 20 novembre 1939, Staline attaque
la Finlande afin de repousser la frontière
finnoise, trop proche à son goût de
l’importante ville de Leningrad. La Finlande
signe la paix le 12 mars 1940 et abandonne
une partie de ses territoires (au passage,
200 000 soldats soviétiques sont morts,
confortant Hitler dans l’idée que l’Armée
Rouge est impuissante).
Sur le front occidental, le 9 avril 1940
les troupes d’Hitler occupent le Danemark
et débarquent en Norvège. Les Alliés (qui
étaient alors les Français et les Anglais)
tentent désespérément de barrer la route au
Führer.
Fort de cette victoire, Hitler espère
alors pouvoir débarquer en Angleterre. Pour
cela, il souhaite acquérir la supériorité
aérienne. Le 8 août il lance la Luftwaffe
(l’armée de l’air allemande) contre la Royal
Air Force. C’est un échec total pour les
nazis… Grâce à l’usage du radar les
Anglais sont parvenus à conserver la
1
supériorité aérienne. Hitler renonce alors au
débarquement, mais il décide de s’en
prendre aux villes britanniques, espérant
ainsi briser le moral des anglais et paralyser
le pays. Pour cela, toutes les nuits et ce
jusqu’en mai 1941 l’aviation allemande va
se déchaîner sur les villes anglaises (c’est
la fameuse « bataille d’Angleterre», la
première 100% aérienne de l’histoire de
l’humanité).
Rouge est rapidement détruite. Les
soviétiques reculent de plus de 1500 km en
jetant sans arrêt de nouvelles divisions dans
la bataille. Les pertes allemandes grimpent,
les pertes soviétiques sont énormes. En
novembre le front se bloque à cause du
mauvais temps, pourtant, le 3 décembre, les
allemands pénètrent dans la banlieue de
Moscou.
La méditerranée à feu et à sang
Le 28 octobre 1940, l’Italie de Mussolini
attaque la Grèce à partir de l’Albanie. C’est
un échec ! Churchill (le Premier ministre
britannique) en profite pour envoyer 4
divisions sur le continent européen.
En Afrique du nord, l’armée italienne
subit une série de défaites devant les
troupes britanniques parties d’Egypte.
Entre décembre 1940 et janvier 1941 les
Italiens reculent de 600 km et perdent 130
000 hommes.
Mais Hitler envoie en février 1941 un
corps expéditionnaire, l’Afrikakorps,
commandé par Erwin Rommel. Ce dernier
parvient à faire reculer les Anglais jusqu’en
Egypte.
En avril 1941, la Wehrmacht (l’armée
de terre Allemande) attaque la Yougoslavie.
Elle écrase ensuite les Grecs et rejette les
Anglais à la mer. Par la suite, la Hongrie, la
Roumanie, la Slovaquie, la Bulgarie et la
Croatie rejoignent l’Axe Berlin-Rome-Tokyo.
C’est une chance pour Hitler qui peut ainsi
mettre la main sur le précieux pétrole
roumain.
Opération Barbarossa
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Le 22 juin 1941, 4 millions de soldats
attaquent l’URSS par surprise. L’Armée
La guerre dans le Pacifique
Le 7 décembre 1941, 400 avions
japonais décollent de 6 porte-avions pour
bombarder la base américaine de Pearl
Harbor, île où est regroupé l’ensemble de
la flotte américaine. En une heure cette
dernière est détruite. Mais le succès est
limité pour les Japonais, en effet, la plupart
des navires coulés sont renfloués et, manque
de chance, les 4 porte-avions américains
n’étaient pas là…
De décembre 1941 à mai 1942 les
Japonais s’emparent des colonies
occidentales en Asie : les Anglais perdent
la Malaise et Singapour. Les Indes
néerlandaises (aujourd’hui Indonésie et
ancienne colonie hollandaise) sont
conquises, la Birmanie est elle aussi
envahie tout comme les Philippines,
évacuées par le Général Américain
MacArthur.
Le Tournant de la Guerre (1942)
La bataille de Midway
Les Japonais veulent à tout prix
conquérir Midway, une petite île
commandant le Pacifique central. Si les
Japonais réussissent, ils seront à l’abri de
la puissance américaine pour longtemps…
Les Japonais disposent de 6 porte-avions
équipés de 272 appareils. Seulement, les
Américains (par le biais de leurs services
secrets) connaissent la date de l’attaque :
le 4 juin 1942. Et comble de malchance pour
les Japonais, une escadrille américaine
tombe par hasard sur la flotte japonaise en
plein ravitaillement ! En seulement 5
minutes 3 porte-avions sont coulés, et avec
eux, les exceptionnels pilotes de
l’aéronavale japonaise. Quelques heures
plus tard un quatrième porte-avions est
coulé par les Américains. L’attaque de
Midway est donc annulée, 6 mois après le
début de la guerre dans le pacifique le Japon
est déjà sur la défensive.
tout naturellement que l’armée de l’Axe perd
cette bataille et doit reculer face à la contreattaque des Alliés le 23 octobre. Ils
s’arrêteront 2 000 km plus loin, en Tunisie.
Le 8 novembre, les Américains commandés
par le Général Eisenhower débarquent au
Maroc et en Algérie et parviennent à prendre
l’armée allemande à revers. Hitler prend
alors conscience du danger : il envahit le 11
novembre la moitié sud de la France, restée
libre sous l’autorité du Maréchal Pétain. Ce
dernier autorise les Allemands à déverser
en Tunisie (colonie française) des renforts
pour stopper les Américains. Mais c’est un
échec, l’aviation alliée empêche le
ravitaillement allemand, et ces derniers
capitulent le 7 mai 1943, faisant au passage
275 000 prisonniers. Les Alliés sont
désormais maîtres de l’Afrique et de la
Méditerranée.
Les Américains vont à nouveau
remporter une bataille décisive contre le
Japon : c’est la Bataille de Guadalcanal. Le
général américain MacArthur débarque
dans cette île le 7 août 1942. C’est une
bataille longue et difficile. Elle ne prendra
fin qu’en mars 1943 lorsque les Japonais
se retireront de l’île.
L’Allemagne chassée d’Afrique
La bataille de Stalingrad
En septembre 1942, l’Afrikakorps et
l’armée italienne sont devant le village d’ElAlamein (situé à 100km d’Alexandrie). Le
Britannique Montgomery accumule 3 fois
plus de matériel que Rommel. C’est donc
Une fois le beau temps revenu en
URSS, Hitler veut se contenter d’un objectif
limité : les champs de pétrole du Caucase.
Le 28 juin 1942, les divisions allemandes
se lancent à l’assaut du sud de la Russie.
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Ils arrivent jusqu’au Caucase et à la Volga.
Mais Hitler ne se rend pas compte du
danger de cette offensive : désormais le
front s’étend sur plus de 4 500 km de long !
Fin août les Allemands entrent dans les
faubourgs de Stalingrad. Staline décide de
se battre pour la ville portant son nom. Les
troupes allemandes vont commettre l’erreur
fatale d’engager leurs chars dans des
combats de rue alors qu’ils ne sont pas fait
pour cela… C’est une véritable bataille
d’usure qui a lieu… Mais Hitler veut à tout
prix la ville et ne voit pas que les soviétiques
sont en train d’encercler les troupes
allemandes au nord et au sud. De plus, les
soviétiques amassent de plus en plus de
renforts. Ils frappent le 19 novembre et
réalisent un encerclement spectaculaire :
300 000 allemands sont pris au piège.
Hitler commet à nouveau une erreur qui va
lui être fatale : il refuse de donner l’ordre à
ses troupes de percer, comptant sur un
gigantesque pont aérien pour ravitailler ses
troupes. C’est un échec total et le 2 février
1943 les allemands se rendent à moitié mort
de faim et de froid. C’est une véritable
humiliation pour l’armée allemande.
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La Vict
oire des Alliés (1
943 – 1
945)
Victoire
(19
19
Le front italien
Le 10 juillet 1943 les anglo-américains
débarquent en Sicile. Le régime de
Mussolini s’effondre et ce dernier est arrêté
sur ordre du roi Victor-Emmanuel III. Dès
que les Alliés débarquent dans le sud du
pays, Hitler envoit des troupes et un
commando délivre Mussolini. La résistance
allemande est extraordinaire (notamment
grâce au terrain très montagneux), les
armées alliées progressent très lentement
: elles n’entrent à Rome que le 5 juin 1944 !
Le rouleau compresseur soviétique
Hitler, conscient des difficultés de ses
troupes sur le front soviétique, décide de se
contenter d’un succès limité pour obliger
Staline à signer la paix : ce sera la bataille
de Koursk. La Wehrmacht attaque Koursk
le 5 juillet 1943 où les Soviétiques ont
amassé une quantité impressionnante de
leurs troupes. 4 000 blindés soviétiques
s’affrontent contre 2 700 blindés allemands.
L’armée rouge se défend à merveille et
prend le dessus sur les Allemands en
détruisant leur réserve de blindés. La bataille
s’achève le 15 juillet. Staline est en position
de force, Hitler ne peut plus lui résister.
l’aviation plus de 30 divisions allemandes
autour de la ville de Minsk. L’armée rouge
atteint le même jour Varsovie.
Les Soviétiques entrent par la suite en
Roumanie, qui, paniquée, change de camp
et déclare la guerre à l’Allemagne le 23 août
(la conséquence pour l’Allemagne est la
perte des champs de pétrole roumains, les
chars allemands vont désormais tomber
fréquemment en panne). Les Bulgares
changent eux aussi de camp, ce qui facilite
l’avancée des troupes soviétiques en
Hongrie et en Yougoslavie. Par conséquent,
les Allemands évacuent la Grèce où
Churchill organise un débarquement pour
éviter que ce pays ne tombe aux mains de
Staline.
La Finlande, qui avait attaqué l’URSS
lors du déclenchement de l’opération
Barbarossa (22 juin 1941), signe la paix
avec les Soviétiques. Sa résistance
héroïque lui vaut de rester indépendante.
Dès la fin de la bataille de Koursk,
Staline déclenche toute une série d’attaques
auxquelles les Allemands ne peuvent
résister. L’armée rouge avance de 800 km,
reprend aux mains des allemands la
capitale ukrainienne, Kiev.
Le 22 juin 1944 les Soviétiques lancent
l’opération Bagration, détruisant à l’aide de
5
Les débarquements en France
La fin du Reich
Staline n’avait pas cessé de demander
à Roosevelt et Churchill d’ouvrir un second
front à l’Ouest pour prendre les Allemands
en sandwich. L’opération Overlord, la plus
grande opération amphibie et aéroportée
de l’Histoire en sera la démonstration :
Hitler tente un dernier coup à l’Ouest :
le 16 décembre 1944 il profite du mauvais
temps qui contraint l’aviation alliée à rester
au sol pour lancer une contre-offensive dans
les Ardennes. L’objectif est Anvers, la
principale base alliée. Les Américains sont
surpris mais l’avancée des allemands est
vite bloquée. Le beau temps revient dès
Noël et permet à l’aviation alliée de
regagner le terrain perdu. Au final, c’est une
catastrophe pour Hitler : il a perdu 100 000
hommes et ses derniers blindés…
Le 6 juin 1944, 5 800 navires, 10 000
avions et 100 000 hommes débarquent sur
les plages de Normandie : les premières
défenses allemandes sont vite détruites. De
plus, ils ne vont pas envoyer de renforts tout
de suite, et c’est là le succès des Alliés qui
sont parvenus à faire croire aux Allemands
grâce à une formidable opération
d’intoxication que le gros des troupes alliées
allait débarquer dans le Nord Pas de Calais,
et que le débarquement en Normandie
n’était qu’une diversion !
Malgré cela, la résistance allemande
est remarquable puisque les Alliés
n’avancent que lentement et difficilement.
Paris est libéré le 25 août par les divisions
du général Leclerc. De Gaulle défile sur les
Champs-Élysées, acclamé par plusieurs
centaines de milliers de parisiens.
Le 15 août, les troupes Américaines et
les Françaises du Maréchal de Lattre de
Tassigny débarquent en Provence. La
résistance allemande est très faible et la
jonction avec les troupes du Nord se fait
rapidement. A partir du mois d’octobre toute
la France sauf l’Alsace est libérée, mais les
Allemands ont eut le génie de laisser des
divisions dans les ports du Havre, Brest,
Saint-Nazaire et Lorient et bloquent le
ravitaillement allié ! Les troupes du Général
Montgomery sont obligées de s’arrêter
faute d’essence. Le front se retrouve bloqué
à l’automne.
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A l’Est, les Soviétiques reprennent
l’offensive dès le 12 janvier 1945. La
Pologne est libérée et l’Allemagne est
envahie. En mars, l’armée rouge fait une
pause à 80 km de Berlin. Les AngloAméricains sont encore sur le Rhin.
En mars 1945 les occidentaux finissent
par franchir le Rhin. Plus aucune résistance
ne s’oppose à eux, ce qui leur permet de
s’enfoncer facilement et rapidement dans
tout le pays, mais Eisenhower ne veut pas
risquer la vie de ses hommes lors de
combats à Berlin. De plus, Roosevelt est
mort le 12 avril et laisse donc ses troupes
sans directives. Staline va en profiter pour
prendre Berlin.
Berlin est encerclé en avril 1945. Les
Allemands de tous âges sont envoyés dans
les rues par les nazis pour se battre contre
les Soviétiques. Les pertes humaines sont
astronomiques. Le 30 avril l’armée rouge
n’est plus qu’à 300 mètres du bunker d’Hitler
qui se suicide. Le 25 avril les Américains et
les Soviétiques opèrent leur jonction à
Torgau, sur l’Elbe. Le 8 mai, l’Allemagne
signe la capitulation sans conditions à
Reims. La cérémonie est répétée le 9 mai
à Berlin.
La guerre est finie en Europe.
La fin de l’empire Nippon
MacArthur met plus de 18 mois pour
conquérir les Philippines qui tombent en
octobre 1944. Les derniers porte-avions
japonais sont détruits rapidement.
L’Américain Nimitz supervise des dizaines
de débarquements faisant tomber les îles
de l’archipel Japonais les unes après les
autres, mais les pertes humaines sont
immenses : les Japonais se battent jusqu’au
dernier.
En juin les Américains sont enfin aux
portes du Japon, mais plus de 20 000
hommes sont tués pour prendre deux îlots.
Des milliers de Japonais se suicident plutôt
que de se rendre.
C’est cette résistance qui décide le
nouveau président des Etats-Unis, Harry
Truman, à employer l’arme atomique. Le 6
août Hiroshima est bombardée, suivi par
Nagasaki le 9 août. Début août l’URSS, sur
la demande des Américains, a déclaré la
guerre au Japon et envahi la Chine du Nord.
Le 15 août l’empereur Hiro-Hito annonce la
reddition de son pays. La capitulation sans
conditions est signée le 2 septembre 1945.
La seconde guerre mondiale est
terminée…
Mémo
Victoires de l'Axe (1939-1941)
- Invasion du nord de l'Europe et de la Méditerranée
- Guerre du Pacifique (7 décembre 1941: Pearl Harbor)
Tournant de la Guerre (1942)
- Bataille de Midway, Guadalcanal, Stalingrad
- Allemagne chassée d'Afrique
Victoire des Alliés (1943-1945)
- Effondrement du régime de Mussolini
- Débarquement de Normandie (6 juin 1944)
- Capitulation de l'Allemagne (8 mai 1945)
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Les per
sonnages im
por
tants
personnages
impor
portants
Hitler et ses hommes
Adolf Hitler (1889-1945)
8
Né en 1889, et issu d’une famille de
paysans et de petits fonctionnaires (son
père était douanier), il fut orphelin à l’âge
de quatorze ans. Il suivit sa scolarité à Linz
et, élève médiocre, quitta l’école en 1905,
à la suite d’une maladie, sans obtenir son
baccalauréat. Il resta toute sa vie un
autodidacte et un dilettante dans tous les
domaines. Féru de peinture, il nourrissait
des rêves d’artiste et partit pour Vienne se
présenter au concours d’entrée de
l’Académie des beaux-arts où il échoua par
deux fois. Il passa cinq années de bohème
à Vienne, occupant ses journées à la lecture
d’auteurs pangermanistes et antisémites
(Gobineau, Vacher de Lapouge, H.S
Chamberlain mais aussi Gustave le Bon,
Schopenhauer et Nietszche). Passionné de
politique, le jeune Hitler prit conscience,
dans cet État multinational où le contact était
constant avec tant de non-Allemands
(Polonais, Serbes, Hongrois), de l’acuité du
problème des nationalités et découvrit sa
haine des sociaux-démocrates et des juifs,
que le climat antisémite régnant à Vienne
ne fit qu’encourager. Quand il quitta Vienne,
en mai 1913, pour Munich, il portait déjà en
lui, à vingt-quatre ans, une forte dose de
haine et de ressentiment. Le 3 août 1914,
après la déclaration de guerre, Hitler
s’engagea dans l’armée bavaroise. Deux
fois blessé, décoré de la Croix de fer, il ne
dépassa pourtant jamais le grade de
caporal, ses supérieurs n’ayant qu’une
confiance toute relative en ses aptitudes au
commandement. À la suite de la défaite de
l’Allemagne, en 1918, Hitler retourna à
Munich, alors en proie à l’agitation
révolutionnaire conduite par Kurt Eisner, qui
fut assassiné en février 1919. Militaire
jusqu’en 1920, Hitler attira l’attention
d’officiers (dont le capitaine Röhm qui
dirigea plus tard les sections d’assaut du
parti nazi, les SA) de la Reichswehr qui firent
de lui un commissaire politique chargé de
l’éducation et de la propagande, avec pour
mission de lutter contre la propagation des
idées pacifistes et démocratiques au sein
de l’armée. En septembre 1919, sur ordre
de ses supérieurs, il rejoignit le parti
nationaliste des ouvriers allemands, qui ne
comptait que quelques dizaines de
membres, et ne tarda pas à en devenir le
tribun désigné. En février 1920, il rebaptisa
ce mouvement Parti national-socialiste des
ouvriers allemands (parti nazi) et en fut élu
président et maître absolu (Führer) en 1921.
De 1922 à 1923, il multiplia le nombre des
adhérents à son parti, qui atteignit le chiffre
de cinquante-six mille membres, et entraîna
avec lui ses alliés, les forces bavaroises de
Kahr et de Lossow et les corps francs du
général Ludendorff dans un soulèvement
insurrectionnel contre la République de
Weimar, en profitant du mécontentement
provoqué par l’occupation de la Ruhr. Le
putsch de la Brasserie (8 et 9 novembre
1923), pendant lequel il se proclama
chancelier d’un nouveau régime autoritaire,
fut un échec total mais lui permit, au cours
du procès qui suivit son arrestation, de faire
connaître son nom et ses idées dans toute
l’Allemagne. Il fut condamné à cinq ans de
détention. Pendant son incarcération qui ne
dura en fait que huit mois, il rédigea le
premier tome de son autobiographieprogramme, Mein Kampf (Mon combat),
ouvrage dans lequel il exposait l’ordre
nouveau qu’il entendait imposer à l’Europe.
Relâché à la suite d’une amnistie générale
en décembre 1924, il réorganisa son parti
sans que n’interfèrent les autorités de
Weimar dont il avait pourtant essayé de
renverser le gouvernement. Malgré une
interdiction de tenir des réunions publiques
pendant deux ans, Hitler trouva des
capitaux, créa les SS (SchutzStaffel, en
français «!échelon de protection!») avec
quelques fidèles (Himmler, Goebbels,
Goering) et, méditant les leçons du putsch
manqué de Munich, se prépara à la
conquête du pouvoir par la voie légale.
Lorsque éclata la grande crise économique
de 1929, il en attribua l’origine à un complot
juif et communiste, explication qui séduisit
de nombreux Allemands à nouveau
confrontés à la misère, quelques années
seulement après le traumatisme de la
défaite de 1918. Profitant du désarroi de la
population et de la montée du chômage,
promettant une Allemagne forte et du travail
pour tous, Hitler attira des millions
d’électeurs et remporta d’importants succès
électoraux : de douze sièges aux élections
de 1928, le NSDAP obtint cent sept
députés au Reichstag (le Parlement
allemand) en 1930 et deux cent trente en
juillet 1932. Hitler fut nommé chancelier d’un
gouvernement de coalition par Hindenburg,
le 30 janvier 1933, et arracha dès le début
une des positions clés du gouvernement en
appelant Goering au ministère de la
Défense. Malgré des crises occasionnelles,
il imposa sa dictature par étapes
successives : en mars 1933, après la
dissolution du parti communiste qui suivit
l’incendie du Reichstag qu’il avait lui-même
fomenté, il obtint les pleins pouvoirs pour
quatre ans par un vote où seuls les sociauxdémocrates s’abstinrent!; en avril 1933, la
Gestapo (Geheime Staatspolizei, en
français «!police secrète d’État!») fut créée,
et Hitler entreprit alors de mettre en œuvre
le programme d’épuration raciale qu’il avait
exposé dans Mein Kampf. Enfin, en juin
1933, une loi d’habilitation lui permit
d’imposer une prestation de serment à
l’administration et au pouvoir judiciaire,
d’interdire les syndicats et tous les partis
politiques, à l’exception du parti nazi. Au sein
de son propre parti, il réduisit toute
opposition et n’hésita pas à sacrifier les SA
de Röhm pendant la «!nuit des longs
couteaux!» (30 juin 1934) afin de s’assurer
le soutien et la loyauté de l’armée.
Hitler échappa à plusieurs tentatives
d’attentats organisées par ses plus proches
collaborateurs,
qu’il
élimina
impitoyablement (Ludwig Beck, Wilhelm
Canaris, Claus Von Stauffenberg). Dans les
derniers mois de la guerre, il jeta
l’Allemagne toute entière dans la guerre,
réquisitionnant vieillards et adolescents
pour les envoyer au front. À partir du mois
de novembre 1944, il se réfugia dans le
bunker souterrain de la chancellerie de
9
Berlin. C’est de là qu’il dirigea les ultimes
opérations militaires sur le Rhin et dans la
Ruhr et qu’il attendit l’arrivée des troupes
alliées. Enfin, le 30 avril 1945, alors que les
Russes progressaient dans Berlin en ruine,
Hitler se suicida d’une balle dans la bouche
(ou dans la tempe) en compagnie de sa
compagne, Eva Braun, qu’il venait
d’épouser la veille, après avoir désigné
comme successeur Goebbels puis l’amiral
Dönitz.
Heinrich Himmler (1900-1945)
Né en 1900, il entre au NSDAP après
des études d’agronomie, et participe au
putsch de la Brasserie. Il devient chef de la
SS en 1929. Il s’occupe de la formation de
l’élite de la nouvelle Allemagne. Himmler est
également l’architecte de la « Solution finale
» et procède à de nombreux déplacements
de population. Il est nommé ministre de
l’Intérieur en 1943. Malgré ses liens forts
avec Hitler, il tentera de prendre contact
avec les Alliés en 1945. Il sera finalement
désavoué et démis de ses fonctions par
Hitler. Himmler se suicide en mai 1945.
Joseph Goebbels (1897-1945)
Né en 1897, il fut l’un des principaux
lieutenants d’Hitler, responsable de la
propagande au sein du IIIe Reich. Il obtint
un doctorat de philosophie. Il rejoignit le parti
national-socialiste en 1922 adhérant à l’aile
gauche du parti conduite par Georg
Strasser, dont il se détacha en 1925 pour
se rapprocher d’Hitler. En 1926, il fut nommé
gauleiter, et fonda le journal officiel nationalsocialiste Der Angriff. Élu au Reichstag en
1928, il se révéla un orateur exceptionnel. Il
se fit alors le chantre d’une haine
extrêmement violante contre les Juifs et
contre tous les autres groupes «nonaryens», tels les Slaves. Nommé ministre
de la Propagande et de l’Information dès
1933, il mit la main sur la radio et sur
l’ensemble des institutions culturelles afin de
servir l’idéologie nazie. En 1944, Hitler le
chargea de la direction totale de la guerre.
Le 1er mai 1945, alors que les troupes
soviétiques prenaient d’assaut Berlin, il se
suicida.
Franz von Papen (1879-1969)
Né en 1879 et diplomate, von Papen
est membre du Zentrum. Il est Chancelier
du Reich en juin 1932 et mène une politique
ouvrant la voie au parti Nazi. Il démissionne
en décembre 1932 et négocie avec Hitler
la formation d’un nouveau gouvernement
dirigé par le leader nazi. Vice-Chancelier
et ministre-président de Prusse en janvier
1933, il démissionne le 30 juin 1940 après
la nuit des longs couteaux. Il est acquitté lors
des procès de Nuremberg et meut en 1969.
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Hermann Göring (1893-1946)
Rudolf Hess (1894-1987)
Né en 1893, il est un héros de la
Première Guerre Mondiale pour ses exploits
aériens. Il participe au putsch de la
Brasserie en 1923. Après quatre années
d’exil, il est élu député du Reichstag en 1928
et en devient le Président en 1932. Ministre
prussien de l’Intérieur en Janvier 1933, il
commande la police et la Gestapo de
Prusse. Il est l’un des organisateurs de
l’incendie du Reichstag et de la nuit des
longs couteaux. Il commande l’armée de l’air
en 1935. En 1936 il prépare
économiquement l’Allemagne à la guerre.
Né en 1894 il rejoint le parti nazi en
1920. Emprisonné après le putsch de la
Brasserie en 1923, il devient le secrétaire
privé d’Hitler. Faisant parti des proches du
Führer, il devient à partir de 1933 le
représentant d’Hitler comme chef du parti.
En 1941 il tente de conclure un compromis
avec le Royaume-Uni qu’il estime
correspondre au souhait profond du Führer.
Il est emprisonné puis transférer à
Nuremberg où il est condamné à la prison
à perpétuité. Il meurt en 1987.
Albert Speer (1905-1981)
En 1938 il préside la confiscation des biens
juifs en Allemagne et demande à la SS de
persécuter les Juifs. En 1940 il tente de
négocier un compromis avec le RoyaumeUni, mais c’est un échec, et celui de la
bataille d’Angleterre va ternir son image
auprès d’Hitler. Mais il Göring reste tout de
même l’homme clé du régime, en particulier
grâce à ses liens étroits avec les milieux
industriels. En 1945 il dirige à Nuremberg
la défense des accusés. Il est condamné à
mort et se suicide en prison en 1946.
Né en 1905, Speer fut l’architecte
d’Hitler. Il adhéra au Parti national socialiste
en janvier 1931 après avoir entendu un
discours d’Hitler lors d’un rassemblement
à Berlin. Son efficacité et son talent en firent
l’un des favoris d’Hitler et lorsque celui-ci
devint chancelier, en 1933, il confia à Speer
de nombreuses commandes, dont la
réalisation du stade de Nuremberg, où se
tint le Congrès du Parti national socialiste
en 1934. En 1942, Speer fut nommé
ministre de l’Armement et de la Production
de guerre, et utilisa une main-d’œuvre de
travailleurs réquisitionnés et de conscrits
pour construire des routes et des lignes de
défenses stratégiques. À partir de 1944, se
rendant compte que l’Allemagne allait
perdre la guerre, il essaya en vain de
convaincre le Führer de se rendre, et lorsque
celui-ci donna l’ordre d’anéantir toutes les
infrastructures d’Allemagne, il aurait même
envisagé de l’assassiner. Au procès de
Nuremberg, Speer plaida coupable pour
crimes de guerre et fut condamné à vingt
ans de prison; il purgea sa peine à Spandau.
Ses Mémoires (1969) sont un précieux
témoignage sur la période nazie.
11
Alfred Rosenberg (1893-1946)
Reinhard Heydrich (1904-1942)
Né en 1893, Rosenberg fut un
théoricien nazi qui développa une
mythologie raciste fondée sur la «vérité du
sang aryen». Né à Reval (aujourd’hui Tallinn,
en Estonie), de parents allemands, il
rencontra Adolf Hitler et Ernst Röhm, en
1919, et rejoignit le nouveau Parti nationalsocialiste. En 1921, il fut nommé rédacteur
du journal officiel du parti, le Völkischer
Beobachter. Il publia de la propagande
antisémite et anticommuniste, et écrivit le
Mythe du XXe siècle (1930), où il tente de
démontrer la supériorité raciale des
Allemands sur tous les autres peuples. En
1933, Rosenberg dirige le service des
Affaires étrangères du parti nazi. En mars
1941, il est nommé ministre des Territoires
occupés de l’Est. Les exactions qu’il
commit en URSS le firent condamner à mort
pour crimes de guerre par le tribunal de
Nuremberg. Il est exécuté en 1946.
Né en 1904, il fut le chef adjoint des
SS (Schutzstaffel, «échelon de protection»),
qui présida la conférence de Wonnsee, au
cours de laquelle fut organisée «la solution
finale». Entre 1922 et 1931, il servit dans la
marine comme premier lieutenant de
vaisseau, fut révoqué pour indiscipline, puis
adhéra au parti nazi. Lorsque Hitler devint
chancelier en 1933, Heydrich fut nommé
chef de la police à Munich et fut responsable
du camp de Dachau. Capitaine des SS dès
1934, adjoint d’Himmler, il dirigea le service
de renseignements (SD). Il fut chargé de
veiller à la soumission des pays conquis,
ce qu’il fit avec un telle rigueur impitoyable
que, en 1941, il fut nommé «protecteur du
Reich» en Bohême et en Moravie. En cinq
semaines, il fit exécuter 300 résistants
tchèques. La brutalité de son action
policière lui valut d’être surnommé le
«Boucher». Le 27 mai 1942, alors qu’il
roulait sur l’axe Prague-Berlin, des
résistants tchèques firent sauter son
véhicule; en représailles, les Allemands
rasèrent complètement le village de Lidice
et massacrèrent les habitants.
Ernst Röhm (1887-1934)
Né en 1887 et officier de carrière. Il fut
l’un des premiers compagnons d’Hitler et il
commanda les SA (Sturmabteilung), ou
sections d’assaut, la branche militaire du
parti national-socialiste. Après l’échec du
putsch de la Brasserie en 1923, il passa
plusieurs années en Bolivie. À la demande
d’Hitler, il revint en Allemagne en 1931 et fut
de nouveau chargé de diriger les SA.
Lorsque les nazis arrivèrent au pouvoir en
1933, Röhm insista pour que les SA
obtiennent le contrôle de l’armée allemande,
afin de créer une véritable armée
révolutionnaire. Afin de rassurer l’armée et
les industriels, inquiets de cet extrémisme,
Hitler fit assassiner Röhm et les autres
dissidents SA lors de la «nuit des Longs
Couteaux», le 30 juin 1934.
12
Erwin Rommel (1891-1944)
Karl Dönitz (1891-1980)
Né en 1891 et maréchal allemand, il
est célèbre pour ses victoires remportées
dans le désert au cours de la Seconde
Guerre mondiale. Il rejoignit l’armée
allemande en 1910. Plusieurs fois
récompensé pour sa bravoure lors de la
Première Guerre mondiale, il enseigna dans
les académies militaires. Au cours de la
poussée allemande en Manche en 1940,
Rommel commanda la 7e division. Il fut
promu lieutenant général l’année suivante
et reçut la direction de l’Afrikakorps en
Afrique du Nord. Grand tacticien de l’art
militaire dans le désert, ce qui lui valut le
surnom de «renard du désert», il mena son
armée jusqu’à El Alamein en juin 1942, mais
fut repoussé par Montgomery. Contraint de
se replier, Rommel rejoignit l’Allemagne en
mars 1943 avant la reddition finale de
l’Afrikakorps. En 1944, alors qu’il avait
acquis la conviction de la défaite de l’armée
allemande, Rommel fut nommé à la tête du
groupe d’armées B en France, mais il ne
put résister au débarquement de Normandie
et fut blessé. Accusé de complicité dans le
complot du 20 juillet 1944 contre Hitler, il
préféra s’empoisonner.
Né en 1891, amiral allemand,
organisateur de la flotte sous-marine et
successeur d’Hitler. Il servit comme officier
sous-marinier pendant la Première Guerre
mondiale, puis, après l’arrivée au pouvoir
d’Hitler, supervisa la création d’une nouvelle
flotte de sous-marins, malgré les clauses du
traité de Versailles, qui interdisaient à
l’Allemagne d’en posséder. Nommé
commandant de la flotte, en 1936, il
organisa l’offensive contre la GrandeBretagne, faisant subir de lourdes pertes à
la marine anglaise. Ses succès lui valurent
de remplacer l’amiral Raeder au
commandement en chef de la marine
allemande en janvier 1943. À la fin de la
guerre, il devint commandant militaire et civil
de la zone Nord. En avril 1945, Hitler le
désigna dans son dernier testament
politique comme son successeur, président
du Reich, ministre de la Guerre et
commandant suprême. Dönitz entra en
fonction le 2 mai 1945 et tenta de mettre en
œuvre un plan de paix avec les Alliés, mais
il dut accepter, le 7 mai, une reddition sans
condition. Le tribunal de Nuremberg le
condamna à dix ans d’emprisonnement.
13
Les Alliés
Sir Winston Leonard Spencer
Churchill (1874-1965)
Né en 1874, homme d’État
britannique, chef du gouvernement pendant
la Seconde Guerre mondiale, il fut l’un des
principaux artisan de la résistance du
Royaume-Uni et des Alliés contre l’Axe.
Diplômé de l’école militaire royale de
Sandhurst, il servit en Inde et au Soudan, et
démissionna de son commandement de
cavalerie en 1899 pour devenir
correspondant pendant la guerre des Boers.
Il fut fait prisonnier, et son évasion
spectaculaire en fit un héros national. En
1900, il fut élu au Parlement dans les rangs
des conservateurs, puis il rejoignit le parti
libéral en 1904. Ministre du Commerce
dans le gouvernement libéral d’Herbert
Henry Asquith(1908), puis ministre de
l’Intérieur (1910-1911), il travailla en
collaboration avec David Lloyd George.
Nommé premier lord de l’Amirauté (19111915), il modernisa considérablement la
flotte britannique.
14
L’effondrement du parti libéral et du
gouvernement de Lloyd George éloigna
Churchill du Parlement de 1922 à 1924.
Réélu en 1924, cette fois comme député
conservateur, il devint chancelier de
l’Échiquier du gouvernement de Stanley
Baldwin (1924-1929). Il fut écarté du pouvoir
par la défaite des conservateurs en 1929,
et durant les années 1930, se consacra
principalement à l’écriture. Churchill prit
rapidement conscience de la menace que
représentait le nazisme pour le RoyaumeUni. Pendant la crise tchèque de 1938, il
plaida en vain pour une action de la France,
du Royaume-Uni et de l’URSS, et
condamna les accords de Munich signés
par Neville Chamberlain. Il insistait sur la
nécessité d’un réarmement. D’abord peu
suivie par l’opinion publique, sa position
rallia un soutien grandissant, et Chamberlain
dut le nommer premier lord de l’Amirauté
après la déclaration de guerre à
l’Allemagne, en septembre 1939. La
politique d’apaisement de Chamberlain
ayant été un échec, Churchill lui succéda au
poste de Premier ministre le 10 mai 1940.
Pendant les jours sombres de la bataille
d’Angleterre, la pugnacité et les discours
passionnés de Churchill persuadèrent les
Britanniques de poursuivre la lutte. Avec
l’aide d’Antony Eden, il développa une
collaboration fructueuse avec le président
Franklin D. Roosevelt, obtenant le soutien
militaire et moral des États-Unis. Après
l’entrée en guerre de l’Union soviétique et
des États-Unis, en 1941, Churchill tissa des
liens étroits avec les responsables de ce
qu’il appelait la «Grande Alliance», y
compris avec le général de Gaulle (qui ne
fut reconnu par les États-Unis qu’en 1942).
Se déplaçant pendant toute la durée de la
guerre, il contribua dans une large mesure
à la coordination de la stratégie militaire
alliée. Il eut un rôle de premier plan dans les
grandes conférences de paix, notamment
à Yalta (1945). Il ne participa qu’aux
premières négociations de Potsdam, car il
perdit les élections de juillet 1945; le
travailliste Clement Attlee le remplaça à la
tête du gouvernement.
Il critiqua les réformes de «l’État
providence» introduites par son successeur.
Dans le célèbre discours du «!rideau de
fer!» qu’il prononça dès 1946 à Fulton
(Missouri), il mit en garde le «!monde libre!»
contre les dangers de l’expansion
soviétique. À nouveau Premier ministre de
1951 à 1955, il fut, en raison de son âge
avancé et de sa santé défaillante, empêché
de diriger le pays de façon aussi dynamique.
Il céda le pouvoir en avril 1955 à Anthony
Eden, et consacra ses dernières années à
la peinture et à l’écriture. Il reçut pour son
œuvre le prix Nobel de littérature en 1953. Il
mourut le 24 janvier 1965, à l’âge de quatrevingt-dix ans. Des funérailles nationales
eurent lieu à Bladon, près du palais de
Blenheim.
Égypte, qui permit d’expulser d’Égypte, puis
de Cyrénaïque et de Tripolitaine, les forces
armées germano-italiennes commandées
par Rommel. En 1943, il remporta une autre
victoire sur Rommel lors de la bataille de
Mareth, dans le sud de la Tunisie.
Commandant en chef des armées
britanniques sur le front occidental, il servit
sous les ordres d’Eisenhower, de décembre
1943 à août 1944, et participa aux
débarquements alliés en Sicile, en Italie et
en Normandie. À la tête du 21e groupe
d’armées, il progressa vers l’Allemagne et
reçut la capitulation des armées allemandes
du Danemark et de Hollande. Nommé
maréchal, il fut anobli en 1946 et se vit
confier le commandement de chef de l’étatmajor impérial, puis fut commandant adjoint
des forces atlantiques en Europe de 1951
à 1958. Il meurt en 1976.
Bernard Law Montgomery of Alamein
(1887-1976)
Né en 1887, maréchal britannique qui
dirigea de nombreuses offensives alliées
en Afrique et en Europe pendant la Seconde
Guerre mondiale. Né à Londres, il fit ses
études à l’école militaire de Sandhurst.
Entré dans l’armée britannique en 1908, il
servit pendant la Première Guerre mondiale
en qualité de capitaine. En 1942, il fut
nommé commandant de la VIIIe armée
britannique en Afrique. Deux mois plus tard,
il lança une offensive à El-Alamein, en
15
Edouard Daladier (1884-1970)
Né en 1884-1970), président du
Conseil de 1939 à 1940.
16
Il fut élu après la Première Guerre
mondiale député radical-socialiste du
Vaucluse. Brillant orateur, il entra, après la
victoire du Cartel des gauches en 1924, au
gouvernement formé par Herriot. Il le
remplaça à la présidence du parti radical
l’année suivante. Nommé ministre de la
Guerre en 1932, Daladier se spécialisa
dans les questions de défense. Il allait diriger
la politique militaire de la France de 1932 à
1934 puis de 1936 à 1940. Président du
Conseil de janvier à octobre 1933, il fut
rappelé à ce poste le 30 janvier 1934.
Daladier, surnommé «le taureau du
Vaucluse», apparaissait comme un homme
fort et intègre, seul capable de s’opposer
aux ligues d’extrême droite. Il dut pourtant
démissionner après l’émeute du 6 février
1934, après avoir perdu le soutien du
président de la République, Albert Lebrun,
et celui du président du groupe radical à la
Chambre des députés, Édouard Herriot.
Daladier revint pourtant au premier plan de
la scène politique, à la faveur du Front
populaire. Daladier reprit la présidence du
parti radical en janvier 1936. Après la
victoire du Front populaire et la formation
du gouvernement de Léon Blum, au
printemps, il devint vice-président du
Conseil et retrouva le ministère de la
Défense nationale. Toutefois, dès l’automne,
il prit ses distances avec le Front populaire,
conscient que la politique économique et
sociale menée par le gouvernement ne
satisfaisait pas la classe moyenne, principal
soutien électoral des radicaux. En juin 1937,
la position prise par Daladier, candidat
déclaré à la succession de Blum, contribua
à la chute de ce dernier. Président du
Conseil de 1938 à 1940, Daladier
concrétisa la rupture des radicaux avec le
Front populaire. En septembre 1938,
Daladier signait, avec Chamberlain, Hitler
et Mussolini, les accords de Munich.
Accueilli triomphalement à son retour dans
la capitale française par une opinion
majoritairement pacifiste, il dut affronter
l’hostilité des communistes, qui lui
reprochaient d’avoir failli aux engagements
antifascistes du Front populaire. Pour
Daladier cependant, les accords, qui
maintenaient la paix en sacrifiant la
Tchécoslovaquie, ne constituaient qu’un
sursis devant permettre le réarmement de
la France. Il opposa dès lors une attitude
très ferme aux revendications territoriales
de l’Allemagne nazie et de l’Italie fasciste.
Après la signature du pacte germanosoviétique en août 1939, le gouvernement
Daladier fit prononcer la dissolution du Parti
communiste français, dont les députés
allaient être arrêtés en 1940. Le 3
septembre 1939, la France déclarait la
guerre à l’Allemagne. S’il avait contribué de
manière décisive à l’effort de réarmement
de la France, Daladier avait manifesté une
trop grande confiance envers un état-major
que la «drôle de guerre» devait désavouer.
Sa politique militaire, qui fera de lui, au
regard de l’histoire, l’un des responsables
de la défaite de 1940, fut désavouée par
les députés. Daladier fut contraint à la
démission le 20 mars 1940. Arrêté en
septembre par le gouvernement de Vichy,
il comparut, ainsi que d’autres dirigeants de
la IIIe République, devant la cour de Riom
en février 1942. Après la suspension du
procès, Daladier fut livré aux Allemands et
déporté en 1943. Après la Libération, il
revint à la vie politique et fut député radical
jusqu’en 1958, sans retrouver cependant de
fonctions gouvernementales.
Charles de Gaulle (1890-1970)
Né en 1890 dans un milieu
traditionaliste et conservateur, de Gaulle
s’orienta vers la carrière militaire et fut
admis en 1908 à Saint-Cyr. Affecté au 33e
régiment d’infanterie commandé par le
colonel Pétain, il avait atteint le grade de
lieutenant lors de la déclaration de guerre.
Blessé à trois reprises, promu capitaine, il
se distingua à Verdun. Fait prisonnier à
Douaumont le 2 mars 1916, il fut interné au
fort d’Ingolstadt après plusieurs tentatives
d’évasion. En 1925, son ancien colonel
d’Arras, devenu le maréchal Pétain, l’appela
à son cabinet (il était alors vice-président
du Conseil supérieur de la guerre) comme
officier rédacteur, chargé d’écrire une
histoire du soldat français. Nommé
commandant d’un bataillon de chasseurs à
pied à Trèves (1927), de Gaulle,
définitivement éloigné de Pétain, ne put
obtenir la chaire qu’il briguait à l’École de
guerre et fut envoyé au Liban où il devint de
1929 à 1931 chef des 2e et 3e bureaux de
l’état-major. De retour à Paris en 1931, il fut
affecté au Secrétariat général de la défense
nationale. Il publia Vers l’armée de métier
(1934), ouvrage dans lequel il plaidait pour
un changement radical de la stratégie
française et la création d’unités de
«!moteurs cuirassés!» capables de prendre
l’ennemi par surprise et confiées à des
militaires professionnels. Nommé à la tête
du 507e régiment basé à Metz il s’aliéna le
soutien d’un autre chef militaire prestigieux,
le général Giraud, gouverneur militaire de
la ville, qui se montra un adversaire résolu
de l’emploi autonome des chars tel que le
préconisait de Gaulle. Après l’entrée en
guerre de la France contre l’Allemagne
nazie, il adressa à quatre-vingts
personnalités civiles et militaires un
mémorandum intitulé l’Avènement de la
force mécanique, dans lequel il critiquait
sévèrement la stratégie définie par le grand
état-major (janvier 1940). Nommé à la tête
de la quatrième division cuirassée (en cours
de formation) alors qu’il n’était encore que
colonel, il mena quelques brillantes contreoffensives en mai 1940 (à Montcornet et à
Abbeville, notamment), donnant ainsi la
preuve que le théoricien de la stratégie
militaire pouvait également être un bon
praticien. Promu général de brigade à titre
temporaire, il fut appelé à Paris le 5 juin 1940
par le président du Conseil Paul Reynaud,
qui lui offrit le poste de sous-secrétaire
d’État à la défense dans le gouvernement
resserré (douze ministres) qu’il dirigeait.
17
18
Déterminé avec le président du Conseil à
poursuivre la guerre en prévoyant, au
besoin, un repli du territoire métropolitain, il
rencontra l’opposition des partisans de
l’armistice (Pétain, Weygand, Laval) et,
après la formation du cabinet Pétain,
s’envola pour Londres le 17 juin. Le 18 juin
1940 vers 20 heures, au micro de la BBC,
Charles de Gaulle lança son fameux appel
du 18 juin, dans lequel il plaidait pour la
continuation de la lutte contre les forces de
l’Axe aux côtés de la Grande-Bretagne.
Rebelle à l’autorité officielle de la IIIe
République agonisante dont Philippe Pétain
venait de prendre la tête, de Gaulle se
consacra dès lors à l’organisation de son
Comité de la France libre. Seulement
entouré à l’origine de militaires inconnus et
de journalistes aventureux, il obtint assez
rapidement le soutien de Churchill qui le
reconnut le 7 août 1940 comme «!chef des
Français libres!». Condamné à mort par le
tribunal militaire de Clermont-Ferrand le 2
août 1940, de Gaulle rassembla autour de
lui une équipe de militaires, d’universitaires,
d’hommes politiques et de journalistes.
Confronté à l’hostilité du président
Roosevelt qui voyait en lui un aventurier et
cherchait à ménager le gouvernement de
Vichy, de Gaulle chercha à rallier à sa cause
les possessions de l’Empire français, mais
échoua lors de sa tentative de
débarquement à Dakar à la fin de
septembre 1940. Il parvint néanmoins à
obtenir le ralliement du Tchad, de l’AfriqueÉquatoriale française, de Madagascar et
de la Réunion, et constitua le Conseil de
défense de l’Empire (octobre 1940). Bien
que ne disposant que de très maigres forces
militaires, de Gaulle s’employa, par son
attitude, à interdire à ses alliés, Anglais et
Américains, de traiter la France libre en
légion étrangère, et défendit partout où il le
put les intérêts et les positions de la France
dans le monde. Parallèlement à son activité
internationale, le général de Gaulle entretint
un contact constant avec la Résistance
intérieure par l’intermédiaire d’un ancien
préfet de la IIIe République révoqué par
Vichy, Jean Moulin, dont les efforts
d’unification de la Résistance aboutirent en
1943 à la création du Conseil national de la
Résistance (CNR), qui reconnut de Gaulle
comme chef de la France libre. Cinq jours
après le débarquement des forces
anglaises, américaines et canadiennes en
Normandie (juin 1944), de Gaulle débarqua
à Courseulles. L’accueil qu’il reçut sur le sol
français établit définitivement sa légitimité
aux yeux des Américains, qui durent
renoncer à l’établissement d’une
administration alliée pour gouverner la
France jusqu’à sa libération totale. Le 26
août 1944, de Gaulle descendit les
Champs-Élysées en compagnie des chefs
de la Résistance intérieure, acclamé par un
million de Parisiens. Le 3 septembre 1944,
de Gaulle prit la tête d’un gouvernement
provisoire qui perdura jusqu’en 1947.
Craignant un retour aux institutions et aux
pratiques de la IIIe République (division des
partis,
instabilité
ministérielle,
parlementarisme), de Gaulle proposa un
projet de Constitution renforçant le pouvoir
exécutif et dut faire face à l’opposition d’une
majorité de l’Assemblée heurtée par ses
conceptions
«présidentialistes».
Après avoir été confronté à plusieurs crises
avec les partis, le président du
gouvernement choisi par la première
Assemblée constituante finit par se
convaincre que ses options étaient
inconciliables avec celles de la classe
politique, et il démissionna brusquement de
toutes ses fonctions le 20 janvier 1946.
À partir du printemps de 1958, les
appels en direction du général de Gaulle se
multiplièrent jusque dans les milieux
politiques qui lui étaient peu favorables et,
en mars 1958, une «!antenne!» algéroise
installée par le ministre de la Défense,
Jacques Chaban-Delmas, se mit à
préparer ouvertement son retour au pouvoir,
et son nom fut intentionnellement mis en
avant par le général Salan lors de
l’insurrection du 13 mai 1958. Entre menace
de coup d’État militaire et intrigues
politiques, de Gaulle s’imposa comme le
seul capable de résoudre la crise de
régime, simultanément appuyé et par les
tenants de l’Algérie française et par ceux
qui voyaient en lui l’homme de la
décolonisation. Le 15 mai, il se déclara
«prêt à assurer les pouvoirs de la
République» et, quatre jours plus tard, alors
que la tension ne cessait de monter, il
convoqua la presse pour bien marquer le
«légalisme» de ses intentions, déclarant
avec humour : «Ce n’est pas à soixante-sept
ans que je vais commencer une carrière de
dictateur.». De Gaulle se montra d’une
grande intelligence politique pendant ces
jours d’agonie de la IVe République,
manœuvrant entre déclarations publiques et
contacts privés jusqu’à se voir appeler par
le président de la République René Coty à
la présidence du Conseil le 29 mai.
Bénéficiant d’un large soutien, il reçut de
l’Assemblée les pleins pouvoirs pour réviser
la Constitution. Pendant l’été de 1958 fut
rédigée la nouvelle Constitution, que 80%
des Français approuvèrent par référendum
en septembre 1958 et, en janvier 1959, de
Gaulle fut élu président de la République.
Désavoué par les Français en 1969, de
Gaulle démissionna de ses fonctions de
président de la République le 27 avril 1969.
Il s’éteignit en 1970…
Jean-Marie de Lattre de Tassigny
(1889-1952)
Né en 1889, Jean-Marie Gabriel de
Lattre choisit la cavalerie à la sortie de
l’École militaire de Saint-Cyr en 1908.
Versé à sa demande dans l’infanterie en
1915, un an après le déclenchement de la
Première Guerre mondiale, quatre fois
blessé, il termina la guerre comme
capitaine, après avoir gagné huit citations
au combat. Il fut affecté en 1931 à l’étatmajor du général Weygand, puis resta
jusqu’en 1935 sous les ordres de son
successeur, le général Georges. Nommé
colonel, il commanda, de 1935 à 1937, le
5e régiment d’infanterie, basé à Metz. Chef
d’état-major de la Ve armée en Alsace, il
combattit en 1940, lors de la guerre éclair
de mai-juin, à la tête de la 14e division
d’infanterie, et opposa une résistance
acharnée à la Wehrmacht, dans l’Aisne et
les Ardennes. Nommé commandant militaire
du Puy-de-Dôme, puis placé à la tête de la
XIIIe région militaire après l’armistice, il
fonda plusieurs écoles de cadres, dans la
lignée du programme de régénération de
la jeunesse prôné par la révolution nationale
qu’appelait de ses vœux le maréchal Pétain.
19
Nommé en 1941 commandant des troupes
de Tunisie, où il s’employa à remettre en
état le dispositif de défense à la frontière
libyenne, il revint en France en janvier 1942
et prit le commandement de la 16e division
militaire à Montpellier. Cependant, l’invasion
de la zone libre par les troupes allemandes,
en novembre de la même année, et les
consignes de passivité données par le
gouvernement à l’armée d’armistice
déterminèrent sa rupture avec le régime.
Ayant tenté de résister, il fut arrêté et
condamné à dix années d’emprisonnement
pour trahison. Transféré en février 1943 à
Riom, il s’échappa en septembre et gagna
Londres, puis Alger. Chargé par le général
Giraud du commandement de l’armée B, il
prépara le débarquement de Provence, au
sein de l’état-major franco-américain, placé
sous les ordres du général Patch. Après la
prise de l’île d’Elbe (du 17 au 20 juin), de
Lattre débarqua en Provence le 17 août
1944. Après Arles, Toulon et Marseille,
l’armée B remonta vers le Rhône, jusqu’à
Lyon (3 septembre), puis gagna la Saône
et le Jura. Atteignant les Vosges, puis le
Rhin, mais buttant sur la poche de Colmar,
la Ire armée pénétra en Allemagne en février
1945 . De Lattre fut ensuite nommé
commandant en chef de l’armée
d’occupation française en Allemagne.
Malade, très affecté par la mort de son fils
Bernard, il dut être rapatrié en France en
novembre 1951. Après sa mort, survenue
en janvier 1952, il fut élevé à titre posthume
à la dignité de maréchal de France.
Alphonse Juin (1888-1967)
20
Alphonse Juin sortit major de l’école
militaire de Saint-Cyr en 1911 et servit au
Maroc entre 1912 et 1914. Durant la
Première Guerre mondiale, il fut grièvement
blessé sur le front de Champagne et
rejoignit le Maroc pour être aide de camp
de Lyautey. Il intégra, en 1937, l’état-major
du Conseil supérieur de la Guerre. Promu
général, il commanda, en 1940, la 15e
division motorisée qui combattit dans le
nord de la France et en Belgique. Fait
prisonnier par les Allemands à Lille, il fut
libéré en 1941 sur une requête du maréchal
Pétain, qui le nomma commandant en chef
des forces françaises en Afrique du Nord
en remplacement du général Weygand.
Après le débarquement des Alliés, en
novembre 1942, il se rallia au général
Giraud. Commandant les troupes
françaises lors de la reconquête de la
Tunisie en 1943, il prit ensuite la tête du
corps expéditionnaire français en Italie. Juin
remporta la victoire du Garigliano qui ouvrit
la route de Rome aux Alliés.
Rappelé à Alger par le général de
Gaulle, il fut nommé chef d’état-major de la
Défense nationale en 1944. De 1947 à
1951, il fut résident général au Maroc.
Élevé au rang de maréchal de France
en 1952, Juin occupa de très hautes
fonctions, tant dans l’armée française —
dont il fut inspecteur général — qu’au sein
de l’Alliance atlantique : de 1951 à 1956, le
maréchal Juin fut le commandant interallié
des forces atlantique pour le secteur CentreEurope. Ayant manifesté publiquement son
désaccord avec la politique algérienne du
général de Gaulle, il fut mis à la retraite en
1962.
Philippe de Hauteclocque, dit Leclerc
(1902-1947)
Philippe de Hauteclocque, sorti de
l’École militaire de Saint-Cyr en 1924, de
l’École d’application de la cavalerie de
Saumur l’année suivante, servit au Maroc
où il participa à des opérations de
pacification. Instructeur à Saint-Cyr après
son retour en France, capitaine en 1934, il
réussit en 1938 le concours de l’École de
guerre, dont il sortit major l’année suivante.
Mobilisé comme capitaine d’état-major au
sein de la 4e division au début de la
Seconde Guerre mondiale, il combattit sur
le front belge. En mai 1940, alors que sa
division était encerclée par les Allemands,
il obtint de son général l’autorisation de
rejoindre les lignes françaises. Capturé, il
s’évada, retourna au combat dans un
régiment de cuirassiers, fut blessé, et parvint
encore à échapper aux troupes allemandes.
Ayant pris connaissance de l’appel du
général de Gaulle, incitant à continuer le
combat malgré la conclusion de l’armistice,
il quitta la France par l’Espagne et gagna
Londres, où il se présenta au chef de la
France libre, le 25 juillet 1940. Nommé chef
d’escadron, celui qui se fera désormais
appeler Leclerc fut envoyé en Afrique avec
la mission de gagner l’Afrique-Équatoriale
française à la cause de la France libre,
mission qui fut accomplie dès la fin du mois
d’août 1940. Gouverneur du Cameroun,
puis commandant militaire du Tchad, Leclerc
s’empara le 1er mars de l’oasis de Koufra,
tenue par les troupes italiennes, dans le
désert de Lybie, et fit devant ses hommes
le serment «de ne déposer les armes que
lorsque [les] couleurs [nationales] flotteront
sur la cathédrale de Strasbourg». Général
de brigade en août 1941, il lança ses forces
sur le Fezzan et, le 26 janvier, put faire la
jonction avec les forces de Montgomery,
qu’il rejoignit à Tripoli. Il participa à toutes
les batailles menées dans le Sud tunisien,
puis prit part aux combats en Tripolitaine.
Général de division au mois de mai 1943,
Leclerc fut chargé par le général de Gaulle
de former au Maroc la 2e division blindée.
La 2e DB rejoignit la Grande-Bretagne en
avril 1944 pour préparer le débarquement
en Normandie. Parvenu le 1er août 1944 sur
le sol français à la tête de ses troupes,
Leclerc mena sa division jusqu’à Paris, où
elle entra triomphalement le 24 août.
Nommé commandant supérieur des
forces françaises en Extrême-Orient l’année
suivante, Leclerc assista à la capitulation du
Japon, puis s’appliqua à rétablir la
souveraineté française en Indochine. Sa
mort, survenue lors d’une tournée
d’inspection, dans un accident d’avion près
de Colomb-Béchar, fut ressentie comme un
drame national. Il fut élevé à la dignité de
maréchal de France à titre posthume en
1952 et fut inhumé aux Invalides.
21
Jean Moulin (1899-1943)
22
Jean Moulin entra dans l’administration
du ministère de l’Intérieur et devint en 1930
le plus jeune sous-préfet de France. Il fut
nommé préfet de Chartres en juin 1940.
Peu après l’invasion allemande, il refusa de
signer, à la demande de l’occupant, une
déclaration accusant à tort une troupe de
tirailleurs sénégalais d’avoir commis
diverses exactions. Menacé, il tenta alors
de se suicider pour ne pas commettre un
acte déshonorant. Le gouvernement de
Vichy, qui le jugeait suspect en raison de
ses convictions républicaines, le révoqua le
2 novembre 1940. Il noua alors divers
contacts en zone libre, au sein de
l’administration comme dans les premiers
groupes isolés qui commençaient à mener
des actions contre l’occupant. Il acquit ainsi
la conviction qu’il était essentiel de
coordonner l’action de la Résistance pour
la rendre plus efficace. Rejoignant le général
de Gaulle à Londres en 1941, il s’attacha à
lui faire un état aussi exact que possible de
la Résistance française, et reçut de lui la
mission de réaliser l’unité de tous les
mouvements en zone libre. Parachuté en
Provence dans la nuit du 31 décembre 1941
au 1er janvier 1942, Jean Moulin accomplit,
en un an et demi, une tâche considérable :
placé à la tête d’une véritable
administration, supervisant un service des
parachutages, un bureau d’information et de
presse, un comité général d’étude (chargé
de préparer la réforme de la France après
la libération du territoire) ainsi qu’un
organisme chargé du noyautage des
administrations publiques (NAP), il réussit,
tout en changeant en permanence de lieux
et d’identité, à remplir la mission qui lui avait
été confiée. Il revint d’un second séjour à
Londres, en février 1943, investi d’une
nouvelle mission, celle de constituer un
organe politique représentatif de toutes les
tendances de la Résistance : ce fut le
Conseil national de la Résistance (CNR),
groupant mouvements de résistance,
syndicats et partis politiques, qui, sous la
présidence de Jean Moulin, tint sa première
séance à Paris, rue du Four, le 27 mai 1943.
Cependant, dès le 9 juin suivant, une
trahison permit à la Gestapo d’arrêter à
Paris le général Delestraint, chef de l’Armée
secrète. Le 21 juin, lors d’une réunion à
Caluire, près de Lyon, Jean Moulin fut à son
tour arrêté par la Gestapo de Lyon, conduite
par Klaus Barbie, sans doute à la suite d’une
dénonciation au sujet de laquelle témoins
de l’époque et historiens ont avancé de
nombreuses hypothèses. Soumis à la
torture, celui qui portait le pseudonyme de
«Max» refusa obstinément de parler.
Agonisant, il succomba à ses blessures lors
de son transfert vers l’Allemagne. Ramené
à Metz, puis à Paris, son corps fut inhumé
au cimetière du Père-Lachaise.
En 1964, ses cendres furent
transférées au Panthéon.
Franklin Delano Roosevelt (1882-1945)
Né en 1882, il était le cousin du
président Théodore Roosevelt. Après
l’obtention de son diplôme à l’université
Harvard en 1904, Franklin Roosevelt suivit
les cours de l’École de droit de l’université
de Columbia. Élu sénateur démocrate de
l’État de New York en 1910, il soutint la
candidature du démocrate Woodrow
Wilson à l’élection présidentielle de 1912,
et fut nommé, après la victoire de ce dernier,
au poste de ministre-adjoint de la Marine
qu’il occupa pendant la Première Guerre
mondiale. Il fut choisi comme vice-président
par James Cox pour l’élection présidentielle
de 1920, mais les deux hommes furent
battus par le républicain Warren Harding.
L’année suivante, Roosevelt fut atteint de
poliomyélite, mais continua à remplir ses
obligations politiques. Élu gouverneur de
New York en 1929, il mit en œuvre, dès le
déclenchement de la crise économique de
1929, des mesures d’assistance sociale.
Présenté par le parti démocrate comme
candidat à l’élection présidentielle de 1932,
il battit le président républicain Hoover.
L’imminence de la guerre en Europe et
l’engagement américain dans celle-ci
suscitèrent un consensus qui permit à
Roosevelt d’être réélu en 1940 et en 1944.
En politique étrangère, Roosevelt, s’adapta
aux aspirations de l’électorat lorsque ce
dernier se tourna vers l’isolationnisme au
cours des années 1920. Puis, à la fin des
années 1930, inquiet de la politique
agressive d’Hitler en Europe et de
l’expansionnisme japonais dans le
Pacifique, Roosevelt engagea à nouveau
les États-Unis dans les affaires mondiales.
Il fut toutefois entravé par le fort sentiment
isolationniste de son électorat et par la série
de lois sur la neutralité passée par le
Congrès pour empêcher tout engagement
américain dans un conflit mondial.
Roosevelt remporta la bataille lorsque le
Congrès, alarmé par la victoire allemande
sur la France en 1940, vota la loi prêt-bail
pour aider la Grande-Bretagne dans sa
résistance contre l’Allemagne. L’attaque
japonaise sur Pearl Harbor, le 7 décembre
1941, entraîna les États-Unis dans la guerre
aux côtés de la Grande-Bretagne et de
l’Union soviétique. Durant la période de
guerre, Roosevelt formula un certain nombre
d’objectifs diplomatiques dans une série de
conférences qui réunirent les Alliés. A Yalta
(URSS, février 1945), il obtint l’admission
de la Chine aux discussions de paix, insista
sur la libéralisation du commerce
international qu’il voyait comme un moyen
de prévenir les guerres futures, et parvint à
faire accepter la création de l’organisation
des Nations unies pour maintenir la paix.
23
Dwight David Eisenhower (1890-1969)
Né en 1890, il fit ses études à
l’Académie militaire de West Point, dont il
sortit officier d’infanterie. Il fut appelé à servir
au côté du général George Marshall, chef
d’état-major de l’armée. À ce poste, il
prépara, en liaison avec l’état-major
britannique, des projets de débarquement
allié en Europe. Commandant en chef du
débarquement en Afrique du Nord, il fut
nommé en 1943 à la tête des forces alliées
en Europe, et dirigea les débarquements
en Italie (1943) et en Normandie (1944). Le
9 mai 1945, il reçut la capitulation allemande
à Berlin. Jouissant d’une très grande
popularité, il fut présenté par le Parti
républicain à l’élection présidentielle de
1952, et remporta une large victoire sur son
rival démocrate, Adlai Stevenson. Confronté
dès la deuxième année de son mandat à
une majorité démocrate au Congrès, il fut
cependant réélu en 1956. La crise cubaine
(1960-1961) et l’implication jugée
insuffisante du président dans les affaires
intérieures firent préférer son vice-président,
Richard Nixon, comme candidat républicain
à l’élection présidentielle de 1960, mais
celui-ci fut battu par John Kennedy. À
l’expiration de son mandat, Eisenhower se
retira de la vie politique.
les troupes américaines aux Philippines, il
organisa la résistance à l’agression
japonaise à Bataan et à Corregidor, mais
reçut l’ordre, en mars 1942, de gagner
l’Australie. Placé à la tête des forces alliées
du Pacifique sud, il dirigea, conjointement
avec l’amiral Nimitz, la contre-offensive
alliée jusqu’à la prise des Philippines
(octobre 1944-juillet 1945). MacArthur reçut
la reddition du Japon à bord du cuirassé
Missouri le 2 septembre 1945 puis, à la tête
des troupes d’occupation américaines
(1945-1950), joua un rôle politique décisif
dans la démilitarisation du pays et dans sa
transition démocratique. Il mourut à
Washington le 5 avril 1964.
Douglas MacArthur (1880-1964)
24
Né en 1880, fils de général, il sortit
major de sa promotion à l’académie militaire
de West Point, en 1903, et poursuivit une
brillante carrière qui le conduisit aux
Philippines et au Japon. Conseiller du
président Theodore Roosevelt, il dirigea la
42e division américaine en France au cours
de la Première Guerre mondiale puis prit le
commandement de West Point (19191922) avant d’être nommé chef d’état-major
de l’armée (1930-1935). Rappelé au
service actif en juillet 1941 pour commander
Georges Smith Patton (1885-1945)
Né en 1885, aide de camp du général
américain John Joseph Pershing lors de
l’expédition au Mexique en 1917, il fut
envoyé durant la Première Guerre mondiale
en France, où il participa notamment à
l’attaque de Saint-Mihiel. Au cours de la
Seconde Guerre mondiale, il commanda
les troupes américaines en Tunisie et en
Italie et reçut, au début de l’année 1944, le
commandement de la IIIe armée, qu’il lança,
le 2 août, à la conquête de la Normandie
puis de la Bretagne. Poursuivant son
avancée fulgurante, Patton franchit le Rhin
en mars 1945. Ayant atteint Kassel, il se
dirigea vers le Sud-Est et atteignit le
territoire de la Tchécoslovaquie. Après la
guerre, il fut nommé gouverneur militaire de
Bavière mais fut démis de ses fonctions,
soupçonné d’indulgence envers l’ancien
ennemi. Il fut nommé à la tête de la XVe
armée à la fin de 1945, peu de temps avant
d’être mortellement blessé dans un accident
de la circulation.
Joseph Staline (1879-1953)
Né en 1879, il fut envoyé au séminaire
orthodoxe de Tiflis (aujourd’hui Tbilissi).
Gagné aux idées socialistes, il adhéra au
Parti socialiste géorgien en 1898, fut
expulsé du séminaire l’année suivante et se
consacra dès lors à l’action révolutionnaire.
Il poursuivit son action en Géorgie, puis en
Russie : arrêté et déporté par la police du
tsar à plusieurs reprises, chaque fois libéré
ou évadé, il entra en 1904 au Parti socialdémocrate russe, où il rejoignit l’aile
bolchevique, puis participa à la révolution
de 1905. En 1912, Lénine l’appela au
Comité central du parti bolchevique qu’il
venait de créer et lui confia la direction du
journal du parti, la Pravda (la «Vérité»).
Commissaire du peuple aux Nationalités
dans le premier gouvernement formé par
Lénine, membre du Conseil du travail et de
la défense et du Politburo (bureau politique
du parti), Staline participa activement à la
guerre civile, en inspectant les fronts et en
organisant en 1918 la défense de Tsaritsyne
(rebaptisée Stalingrad de 1925 à 1961),
puis en 1919 celle de Petrograd (aujourd’hui
Saint-Pétersbourg). Dans le même temps,
il s’employa habilement à renforcer sa
position au sein du Parti, ce qui lui permit
d’être élu en 1922 au poste clé de secrétaire
général
du
Comité
central.
À la fin de sa vie, Lénine tenta de s’opposer
à cette ascension qui lui semblait
dangereuse pour la révolution; sa mort en
1924 ouvrit une guerre de succession au
sein des instances dirigeantes du Parti : face
à Staline, Trotski faisait lui aussi figure de
dauphin. Staline, appuyé un temps par
Nikolaï Boukharine, représentant de l’aile
droite du parti, se retourna bientôt contre ses
partenaires, purgeant progressivement le
parti des derniers compagnons de Lénine
et de toute opposition. Assisté par une
bureaucratie comblée de privilèges et une
police politique omniprésente (le NKVD),
devenu secrétaire général du Parti
communiste de l’Union soviétique, Staline
régna dès lors en maître sur le pays. Malgré
le pacte germano-soviétique signé en 1939
par Molotov avec l’Allemagne nazie, les
armées du Reich attaquèrent l’URSS sans
déclaration préalable en juin 1941. Les
pertes subies dès le début de l’invasion
amenèrent Staline à concentrer entre ses
mains l’essentiel des pouvoirs militaires,
comme président du Comité de défense
nationale et commissaire du peuple à la
Guerre en 1941, puis comme maréchal
(1943) et généralissime (1945). Faisant
appel au patriotisme russe, il réussit, au prix
de lourds sacrifices humains, à renverser
le cours de la guerre, en particulier lors de
25
la bataille de Stalingrad (1942). Poursuivant
l’armée allemande jusqu’à Berlin, il apparut
comme l’un des grands vainqueurs de la
Seconde Guerre mondiale. Lors des
conférences de Téhéran (1943), Yalta
(1945) et Potsdam (1945), réunissant les
États-Unis, la Grande-Bretagne et l’Union
soviétique, il manœuvra habilement pour
obtenir la reconnaissance d’une sphère
d’influence soviétique en Europe de l’Est où
il imposa le communisme après la chute du
IIIe Reich. Dans la période de l’aprèsguerre, le culte de la personnalité entourant
Staline atteignit un niveau inégalé. Isolé au
sommet du pouvoir et affaibli physiquement,
Staline, atteint d’une paranoïa de plus en
plus aiguë, se voyait partout environné de
complots : en janvier 1953, il ordonna
l’arrestation de plusieurs médecins
moscovites, juifs pour la plupart, les
accusant d’avoir perpétré des assassinats
dans l’exercice de leurs fonctions. Le
prétendu complot des «blouses blanches»
semblait annoncer un retour à la terreur des
années 1930, quand Staline mourut
soudainement d’une hémorragie cérébrale,
le 5 mars 1953.
Mémo
Adolph Hitler (1889-1945)
- Maître absolu (Führer) du Parti national-socialiste
- Créateur des SS (Echelons de protection)
- Dirige les actions militaires de l’Allemagne pendant la guerre
Winston Churchill (1847-1965)
- Chef du gouvernement britannique
- A réuni l’URSS, les Etats-Unis et la France sous la « Grande Alliance »
Charles de Gaulles (1890-1970)
- Appel du 18 juin 1940 depuis Londres
- Président de la République de 1959 à 1969
Franklin Roosevelt (1882-1945)
- Président Démocrate américain
- Création de l’ONU
Joseph Staline (1879-1953)
- Secrétaire Général du Parti Communiste de l’Union Soviétique
- Bataille de Stalingrad 1942
26
Les Conséquences de la Guerre
Bilan de la guerre
Près de 60 millions de morts
Pendant la seconde guerre mondiale,
il y eut 6 fois plus de morts qu’en 1914/18,
mais surtout, il y eut de nombreuses victimes
civiles. On peut d’ailleurs remarquer que les
victimes civiles touchent à certains groupes
ethniques et religieux. De même, l’URSS
devait être colonisé, les nazis avaient
d’ailleurs prévu de tuer 30 millions de russes
et de réduire les autres en esclavage. Cette
guerre a été une guerre idéologique.
En revanche, certains pays n’ont pas
eu ou presque de victimes civiles, c’est le
cas des Etats Unis ou du Canada. En effet,
ces pays n’ont pas été occupés, à contrario
de l’Europe. C’est pourquoi, le 11
septembre, les Etats Unis ont été touchés
pour la première fois de manière importante
sur leur sol. Les pertes sont énormes, entre
22 et 26 millions de morts pour l’URSS, soit
14% de la population, 14 millions de morts
pour la Chine, 7 millions pour l’Allemagne.
La Pologne paye un lourd tribut, avec
18% de sa population, majoritairement des
civils dont de nombreux juifs. D’ailleurs, en
1959, l’URSS compte 4 hommes pour 7
femmes. Conséquence de tout cela, il y aura
un déséquilibre des sexes et des classes
creuses, en URSS comme dans les autres
pays.
Cette guerre « innove » sur de
nombreux points. Tout d’abord, il n’y a plus
de distinction entre le front et l’arrière.
Ensuite, tous les belligérants ont pratiqué
des bombardements stratégiques. Au début
les allemands bombardèrent Rotterdam ou
Londres. Plus tard, des bombardements
américains firent par exemple à Dresde, le
8 février 1945 135000 morts. De même, à
Hiroshima, il y aura de nombreuses victimes.
Un autre aspect important concerne la
sous alimentation et les épidémies, par
exemple la tuberculose. En effet rien qu’à
Leningrad, il y aura 700000 morts. Au pays
Bas, au cours de l’hiver 1945/1946, il y aura
26000 morts. De plus 90% des prisonniers
soviétiques mourront, notamment de faim.
Varsovie, pillée est aussi la proie de la
famine.
Enfin, la guerre civile entre serbes et
croates fera 1 million de morts, tandis que
les allemands ou les japonais ( en Chine
notamment ) massacreront des civils ( par
27
exemple à Oradour sur Glane).
Des destructions matérielles
considérables
En Allemagne, après la guerre, 70%
des villes sont détruites. En URSS, des
centaines de villes ou de villages sont
réduits à l’état de cendres, notamment à
cause de la stratégie de la terre brûlée
adoptée par les russes et des destructions
systématiques de la Wehrmacht. D’ailleurs,
l’URSS compte 50% des destructions
mondiales, pendant la guerre et un tiers du
cheptel a disparu. En Pologne, Varsovie a
été entièrement détruite par les allemands,
du fait des différents soulèvements
populaires et du pillage systématique par
les Nazis. D’autres villes comme Coventry
ou Dresde n’ont pas été épargnées.
Le japon est également en cendres et
dépend des américains pour son
ravitaillement. Tous les grands centres
industriels, dont Tokyo, sont détruits tandis
que Hiroshima et Nagasaki ont subi le feu
nucléaire.
Dans toute l’Europe, le potentiel
économique a été réduit de moitié. Le PNB
du Japon et de l’Allemagne a été réduit de
70%, tandis que celui de la France a
diminué de 46%. Les états sont ruinés sur
le plan financier, et sont endettés envers les
Etats Unis. Les conditions de vie sont
dramatiques, il y a des famines et le
rationnement par ticket durera en France
jusqu’en 1948.
28
D’n autre côté, 30 millions d’Européens
ont été déplacés à cause des modifications
de frontière, où fuirent l’avance de l’armée
rouge. 13 millions d’Allemands fuient. En
parallèle, 7 millions de japonais fuient
depuis la Mandchourie, la Corée ou Taiwan.
Souvent faute de « patrie définie », il
attendront dans des camps.
Un monde traumatisé
Il y aura de nombreux sans abris (8
millions en Allemagne). Le marché noir et
l’inflation accentuent encore la misère.
Il y aura des modifications territoriales.
En effet Staline récupéra la frontière des
tzars, en déplaçant la frontière de 200
kilomètres à l’ouest. L’URSS engloba alors
la Biélorussie et les Etats Baltes et s’ouvrit
encore plus sur la Baltique.
Les effets de la brutalisation
Ce mot, issu de l’anglais brutalization,
a été inventé par l’anglais G. Mosse pour
expliquer un processus qui a rendu les
hommes plus sauvages, après les deux
guerres. Selon lui, la guerre entraîne une
banalisation de la mort, pour des soldats
confrontés à la mort de masse. Ils ne
reprennent plus une psychologie normale,
ce qui explique l’emploi de moyens de
destruction massives jusqu’alors interdits.
Des hommes « normaux » sont
intégrés à des Einsatzgruppen et la science
sert la barbarie. Ainsi, le Zyklon B des
chambres à gaz ou les expériences
scientifiques atroces.
Enfin, il y a le problème de la
responsabilité collective de l’Allemagne,
des millions de personnes sont interrogées
pour dénazifier le pays, certains sont privés
de leurs droits civiques. Mais il est difficile
de les condamner. Certains responsables
pourront fuir.
La découverte du système
concentrationnaire et de la Shoah
Après la libération des camps, les
documentaires sur les camps de
concentration passent en boucle dans les
cinémas. On parle d’ailleurs des camps de
la mort sans faire la distinction entre camps
de concentration et camps d’extermination.
Il faudra attendre le procès Eichmann pour
que tout change et que la Shoah entre dans
les consciences. Eichmann était
responsable de l’organisation industrielle
de l’extermination. C’était donc une
mécanique INDUSTRIELLE. La découverte
des camps plonge l’Europe dans une
atmosphère de désespoir. Le tribunal de
Nuremberg est une grande première. En
effet, les vainqueurs jugent les vaincus, c’est
la justice des vainqueurs.
Tout cela a conduit à l’émergence d’une
culture de guerre, les normes de la vie de
tous les jours sont abolis, tuer devient un
acte de bravoure. Il y a une action
psychologique visant à déshumaniser
l’ennemi. D’où les discours racistes des
allemands.
Dans le même registre, on peut parler
du génocide du Rwanda.
29
Au cours de ce procès on inventa
plusieurs nouvelles notions, comme le crime
contre l’humanité. Le crime de guerre
concerne les infractions aux règles de la
guerre tandis que le crime contre l’humanité
est un synonyme de génocide. On reproche
aux hommes d’être nés. De plus, on parle
de la participation de Vichy. Les inculpés
du procès sont de nature diverse, militaires,
politiques, fonctionnaires du régime ... Il y a
une gradation des crimes, certains seront
pendus, d’autres acquittés. Goering se
suicidera dans sa cellule, tandis que Hess
sera emprisonné à Spandow. Mais
beaucoup échapperont au jugement,
puisqu’ils auront fui ou seront utilisés par les
servies spéciaux des deux blocs.
Le crime contre l’humanité est
imprescriptible, tout comme les droits de
l’homme. En 1948 est publiée la déclaration
universelle des droits de l’homme. Il y a
maintenant un droit international même pour
les chefs d’état. Les accusés sont inculpés
individuellement, car leur défense consistait
à dire qu’ils ont obéi aux ordres. Ils auraient
du désobéir. Pour finir, la dénazification est
le fait des alliés et non des allemands.
Beaucoup d’allemands seront interrogés,
privés de leurs droits civiques puis relâchés
faute de chef d’inculpation. Au Japon, les
soldats Japonais seront aussi jugés.
Une interrogation sur l’ « espèce
humaine ».
Le traumatisme de la guerre conduit à
une réflexion psychologique. Voir Anthelme
et son livre « l’espèce humaine ».
Il n’est pas facile de raconter ce que
l’on a vécu pendant la guerre, mais si on ne
transmet pas son expérience, elle sera
perdue. C’est pourquoi il a écrit son livre.
30
Un monde reconstruit par les vainqueurs
Une autre question est : « Peut-on
croire en Dieu après Auschwitz ». Il n’y a
pas de réponse simple. Enfin, on s’interroge
sur le rôle des scientifiques dans la création
d’armes de destructions massives. Il y un
côté de fierté et un coté de honte quand au
projet Manhattan.
Chaque pays cotise, pour aider un pays en
difficulté.
- La BIRD : Banque internationale
pour la reconstruction et le développement.
Cet organisme doit veiller à ce que les
décisions de Bretton Wood soient
appliquées.
Truman a dit “ le jour d’Hiroshima est le
plus grand jour de l’histoire de l’humanité “.
Tous ces organismes sont installés aux
USA, qui ont 75% des réserves d’or
mondiales. Ainsi, les US appuient leur
domination sur leur zone d’influence.
Mais pour que cette guerre soit la
dernière, on a aussi créé l’ONU...
« Il va falloir choisir, dans un avenir plus
ou moins proche, entre le suicide collectif
ou l’utilisation intelligente des conquêtes
scientifiques ».
La reconstruction économique
L’ONU, espoir de la paix
En plus de la question de la
reconstruction, on se demande comment on
est arrivé à la guerre. On a rapidement
compris le rôle joué par la crise de 1929. Il
faut donc reconstruire l »humanité de telle
manière que ça ne se reproduise pas, pour
envenimer la montée des fascistes. Il faut
trouver des moyens de régulation pur qu’il
n’y ait plus de crise du capitalisme. C’est
pourquoi en 1944, les 44 pays les plus
puissants du globe se retrouvent à Bretton
Wood. Leur objectif c’est créer un nouveau
système monétaire international, un SMI.
Cette organisation est une idée
américaine chère à Roosevelt, à laquelle
Churchill s’associe. La décision de crée
l’ONU date de la conférence de San
Francisco, en Avril-Mai 1945.
Les monnaies vont être gagées sur l’or
ou sur une monnaie convertie en or : le dollar.
Le dollar est donc la nouvelle monnaie de
référence Chaque monnaie a une parité
fixe, c’est çà dire que son cours ne peut
changer brutalement. De plus, on va créer
des institutions :
- FMI : fond monétaire international.
L’ONU émet des recommandations. Un
de ses organes primordiaux est le conseil
de sécurité. Il y a 5 membres principaux qui
ont un droit de veto et 6 membres non
permanents élus pour 2 ans.
31
Ce conseil s’occupe de toute question
qui pourrait mettre en péril la paix dans l
monde. Il peut néanmoins prendre des
sanctions économiques et déclarer la
guerre. Il a les casques bleus et les
embargos comme arme. Il y a aussi une cour
de justice internationale à La Haye aux Pays
Bas qui est un outil de maintien de ma
déclaration universelle des droits de
l’homme.
Dans cette déclaration, il y a de
nouveaux droits :
- droit à la protection sociale
- droit à la culture
- droit au travail
Le sort des vaincus
Le sort des pays vaincus est décidé au
cours de deux conférences, celles de Yalta
et celle de Postdam. A ce moment, la France
n’est pas encore au banc des vainqueurs.
Ils veulent régler la fin de la guerre.
A Yalta, Roosevelt obtient de l’URSS
une guerre contre le Japon et Churchill
obtient que la France ait une zone
d’occupation. Mais Staline, dont l’armée est
toute puissante ne s’engage pas sur les
frontières.
A Postdam, Staline, Truman et Attlee
fixent le sort de l’Allemagne. Mais l’alliance
se fissure et ils ne sont d’accord que sur le
fait que l’Allemagne doit payer des
réparations et sur les 3D : Allemagne
démilitarisée et désarmée, décentralisée
(Länder) et dénazifiée (Nuremberg). Ils y a
le problème des zones d’occupation et des
frontières de l’URSS et de la Pologne.
32
Un nouveau rapport de forces entre
lles puissances
Comme en 1918, l’Europe s’efface de
plus en plus, au profit des USA. La France
et la Grande Bretagne deviennent des
puissances secondaires et leurs colonies
commencent à douter. Ils sont ruinés et
endettés. Le 8 mai 1945 il y a des
massacres en Algérie. Les mouvements
nationalistes sont renforcés.
Le Japon perd également son statut de
grande puissance, il est occupé par les
américains, est démocratisé, démilitarisé et
passe sous l’aire d’influence des USA.
Il y a deux grandes puissances :
- Les Etats Unis qui ont 75% du stock
d’or, 50% de la production mondiale et
l’arme atomique.
- L’URSS apparaît comme le grand
vainqueur de la guerre, en effet, le drapeau
rouge flotte sur le Reichstag et le PCF se
fait passer pour le seul grand mouvement
de résistance. De plus, « aucune armée au
monde, même la plus puissante ne pourrait
résister à 10 millions de russes soutenus
par la machine de guerre soviétique ».
C’est l’avancée des armées qui fixera
les frontières. A l’Est , les communistes
s’emparent du pouvoir. Mais la Yougoslavie
a été libérée par Tito et la Tchécoslovaquie
fait exception. En Grèce il y aura une guerre
civile jusqu’en 1947.
En 1946, Churchill dans son discours
de Fulton, parle de « Rideau de fer ».
Le monde vient d’entrer dans la guerre
froide.
Mémo
Bilan de la Guerre
- 60 millions de morts
- 70% de villes détruites
Traumatisme
- Banalisation de la mort
- Emergence d'une culture de guerre
- La Shoah entre dans les consciences
- Interrogation sur l'espèce humaine
Reconstruction
- Economique (création du SMI, FMI, BIRD)
- ONU: Droits à la protection sociale, à la culture, au travail
- Conférences de Yalta et de Postdam
Le nouveau rapport de force entre les grandes puissances mènera à la
Guerre Froide.
33
Témoignages
“Je n’ai à offrir que du sang, du labeur,
des larmes et de la sueur. Nous avons
devant nous de longs, de très longs mois
de lutte et de souffrance. Vous me
demandez quelle est notre politique ? Je
vous réponds : faire la guerre, sur mer, sur
terre et dans les airs, avec toute la puissance
et toute la forcé que Dieu peut nous donner
; faire la guerre contre une tyrannie
monstrueuse, qui n’a jamais eu d’égale […].
Voilà notre politique. Vous me demandez
quel est notre but ? Je vous réponds en deux
mots : la victoire, la victoire à tout prix, la
victoire malgré toutes les terreurs […].”
Discours radiodiffusé du 13 mai 1940,
Churchill
“Nous ne nous rendrons jamais. Et
même s’il arrivait, ce que je ne crois pas un
seul instant, que cette île fut réduite en
esclavage, alors notre empire au-delà des
mers, armé et protégé par la forcé
britannique, poursuivrait la lutte.”
Discours du 4 juin 1940, Churchill
Témoignage sur l’exode
34
Gérard Avran, 13 ans, écolier parisien,
est évacué dans la Sarthe. Il raconte son
exode (mi-juin 1940).
“Un jour, le directeur nous fit évacuer.
On disait que les boches n’étaient pas loin.
De l’école de Loué à la gare du Mans, il y a
plusieurs kilomètres que nous fîmes à pied.
A peine arrivés à la gare, nous voilà pris
sous un bombardement aérien. Le fracas
était assourdissant, les gens hurlaient, les
trains sautaient.
Nous quittâmes la gare pour revenir à
Loué. Sur la route, l’exode avait comencé.
De longues files de charette, souvent
abandonnées, des chevaux cevés dans les
fossés, des chiens dans maîtres, des
milliers de gens qui poussaient une charette
ou une simple brouette, des bagages pleins
les routes. Les avions continuaient leur
sinistre ballet et nous mitraillaient en rasemottes. […]
Ce n’est que le soir que nous sommes
revenus à la gare du Mans. Nous sommes
alors montés dans un train en partance pour
Angers […].
Jeune rescapé d’Auschwitz 1999
La bataille de Stalingrad
“ 22 octobre. Notre régimen n’a pas
réussi à pénétrer dans l’usine que nous
attaquons depuis trois semaines. Nous
avons perdu beaucoup d’hommes.
27 octobre. Nos troupes se sont enfin
emparées de l’usine, mais nous ne
parvenons pas à atteindre la Volga. Les
Russes, ce ne sont pas des hommes, mais
des automates métalliques. Ils ne
connaissent pas la fatigue et ne craignent
pas le feu.
10 novembre. En Allemagne, on est
convaincu que la ville de Stalingrad est
entièrement entre nos mains. Quelle terrible erreur !
29 novembre. Nous sommes
encerclés.
14 décembre. Nous sommes tous
torturés par la faim.
28 décembre. On a mangé tous les
chevaux. Je suis prêt à manger de la viande
de chat. Les soldats sont devenus
semblables à des cadavres ou à des fous ;
ils ne cherchent qu’un aliment quelconque
à se mettre sous la dent. Ils ne se terrent
plus devant les obus russes. On n’a plus la
force de marcher, de se coucher. Qu’elle soit
maudite, cette guerre ! »
« Journal d’un soldat allemand » Paris
Match 23 janvier 1965
Le 6 juin 1944,
« L’assaut venant du large, sous le
commandement général du maréchal
Montgomery, eut lieu sur un large front […].
A six heures trente, les premières vagues
d’assaut d’infanterie et les chars
débarquaient sur les plages d’invasion.
Les défenses allemandes sur toutes les
plages étaient formidables. Elles
consistaient d’abord en une serie
d’obstacles sous-marins ; les mines étaient
fréquemment employées pour rendre ces
obstacles mortels. Les plages elles-mêmes
étaient abondamment minées et obstruées
de fils barbelés. Des casemates et des
emplacements bétonnés d’artillerie étaient
disposés de façon à couvrir les plages de
leur feux croisés. Tous les accès vers
l’intérieur des terres étaient bloqués par des
murs et des fossés antichars, des champs
de mines et des barrages de fils de fer
barbelés.
Le secteur de débarquement
américain comprenait au total 9400 mètre
de plage. A l’heure H, un bateau de
débarquement chargé d’infanterie d’assaut
accosta tous les 60 mètres. Les troupes
d’assaut s’ouvrirent un chemin à travers les
obstacles […]. Les tirs de marines et les
bombardements aériens pilonnèrent les
blockhaus et emplacements d’artillerie
allemands. »
C. Marshall, La victoire dans le Pacifique
et en Europe, DR.
Lettre d’un collaborateur français
« j’ai fait don de ma carcasse pour la
victoire de l’Allemagne […]. Il y en a qui
croient que ceux qui servent l’Allemagne
sont des traîtres ou des vendus et eux se
prétendent de purs Français. Il faut
collaborer à fond, il faudrait même faire une
alliance avec le peuple allemand. […]
35
Il nous faut aider le peuple allemand et
par tous nos moyens écraser cette Russie
bolchevique qui ne songe qu’à semer la
haine, la misère et la mort partout, et cette
perfide Albion qui s’est toujours servie du
sans français pour remplir les coffres de la
City. Moi-même, je haïssais les Allemands
parce que je ne les connaissais pas.
Maintenant que je les connais, je dis que ce
sont des hommes dignes de notre amitié et
auxquels nous pouvons avoir confiance.
Après la victoire, ils nous donneront ce qu’ils
nous ont promis.»
de mères allemandes, c’est notre propre
sang. »
Discours d’Himmler à Poznan, le 4 octobre
1943
Correspondance d’un Français engagé
dans la SS, 1943
36
Les SS et les Slaves
Le ghetto de Varsovie
« Un membre de la SS doit être
honnête, fidèle et bon camarade envers ses
compatriotes, mais pas envers les
représentants d’autres pays. Par exemple,
le destin d’un Russe ou d’un Tchèque ne
l’intéresse pas. Il nous est absolument
indifférent de savoir dans quelles conditions
ces peuples vivent, dans le bien-être ou
dans la misère. Ce peuple nous intéresse
uniquement du point de vue de notre besoin
d’esclaves. Que dix mille femmes russes
crèvent d’épuisement en creusant un fossé
antitank ne m’intéresse qu’autant que le
fossé sera prêt pour l’Allemagne […].
Nous Allemands, qui sommes les seuls
au monde à avoir une attitude correcte
envers les animaux, nous aurons également
une attitude correcte envers ces animaux
humains. Mais ce serait un crime contre
notre race de nous soucier d’eux. Si
quelqu’un vient à me dire : « je ne puis utiliser des femmes et des enfants à creuser
des fossés antitanks, c’est inhumain, ils vont
en mourir », je dois lui répondre : « Tu es un
meurtrier de ta race, car si la tranchée n’est
pas finie, alors ce sont des soldats
allemands qui vont mourir, ce sont des fils
« Je veux voir ce mur de brique qui
monte, s’allonge et nous enferme. Près de
la place de Parysowski, il ressemble au mur
d’une prison et tout notre quartier (car nous
n’avons même pas le droit, a ordonné le
haut-parleur, de l’appeler ghetto) sera une
prison. »
Quelques jours plus tard…
« Nous sommes enfermés et nous
sommes impuissants ! Le long du mur, la
foule massée, silencieuse, fascinée. Les
morceaux de verre, les barbelés en haut du
mur sont parfaitement visibles. Les gens
regardent, repartent […]. J’ai suivi le mur du
ghetto. Je ne voyais que ce mur, je
n’entendais qu’une phrase en moi : ils ne
m’enfermeront pas. »
Quelques semaines plus tard…
« Toute la journée, j’ai marché dans le
ghetto. Cela faisait longtemps que je n’allais
plus au hasard dans ces ruelles
surpeuplées. Des enfants fouillent dans les
poubelles, une femme, son bébé mort dans
les bras, mendie ; un couple élégant,
l’homme superbe, les bras croisés, la
femme maquillée, chante au milieu de la
chaussée. Là, on vend des livres par paniers
entier, ici un homme est allongé sans
connaissances : sans doute le froid et la
faim. Tout va mal : la mort est partout, une
mort rongeante, rampante. »
Martin Gray 1971
fixes, tremblait, les poings et les mâchoires
serrés.
-Où vont-ils les autres, ceux du train, les
femmes, les enfants ?
-Le gaz. […]
Je me suis recroquevillé contre le mur
de bois. Les miens, des milliers, tout
Varsovie… »
Martin Gray, 1971
Témoignage sur les chambres à gaz
La déportation à Treblinka
« Un grincement, des hurlements, la
lumière crève les yeux, le wagon qui se
déverse sous les coups et les
rugissements. C’est Treblinka. […]
Des hurlements : des SS, des
Ukrainiens, le fouet à la main, une matraque
haute qui tombe sur les têtes et sur les dos.
Un haut-parleur, d’une voix tranquille, répète
: hommes à droite, femmes et enfants à
gauche. Adieu les miens, je les ai déjà
perdus dans la foule courbée, les cheveux
gris, les cheveux blonds, ma mère, Rivka,
mes frères. […]
Alors j’ai commencé à courir sous les
coups et les cris, suivant les autres, portant
des paquets de vêtements sur la place de
tri. Les Ukrainiens, le fouet à la main,
frappaient et parfois un SS tirait ou tuait d’un
coup de crosse […]. On nous a ensuite
rassemblés sur une place. Les SS
passaient, désignant des hommes qui
sortaient du rang et s’en allaient, entourés
d’Ukrainiens. Puis éclataient des coups de
feu. Enfin, on nous a poussés dans une des
baraques. J’étais en vie. Je me suis
accroupi auprès d’un homme qui, les yeux
« A auschwitz, deux médecins SS
examinaient les arrivages de transports de
prisonniers. Les prisonniers devaient
passer devant l’un des médecins qui, à
l’aide d’un signe, faisait connaître sa
décision. Ceux qui étaient jugés aptes au
travail étaient envoyés dans le camp, les
autres, dirigés sur les lieux d’extermination.
Les enfants en bas âge étaient exterminés
sans exception, puisque du fait de leur âge,
ils étaient incapables de travailler […].
J’avais reçu l’ordre de mettre au point
des procédés d’extermination à Auschwitz
[…].
Je décidais d’employer le Zyklon B, un
acide prussique cristallisé qui nous
intraduisions dans la chambre à gaz par une
petite fente. Il fallait de trois à quinze minutes pour tuer les gens se trouvant dans la
chambre à gaz […].
Nous attendions d’habitude une demiheure avant de rouvrir les portes et de sortir
les cadavres. Nos groupes spécialisés leur
retiraient alors bagues, alliances ou dents
en or. »
R Hoess, commandant du camp
d’Auschwitz, avril 1946.
Extrait du statut des Juinfs (octobre
1940)
« Nous, Maréchal de France, chef de
37
l’Etat français, décrétons :
Article 1. Est regardé comme Juif toute
personne issue de trois grands-parents de
race juive […].
Article 2. L’accès et l’exercice des
fonctions publiques et mandats énumérés
ci-après sont interdits aux Juifs : Chef de
l’Etat, membre du gouvernement […] ;
fonctionnaires de tous grades attachés aux
services de police ; membres des corps
enseignants ; officiers et sous-officiers des
armées.
Article 5. Les Juifs ne pourront exercer
l’une quelconque des professions suivantes
: drecteur, administrateurs, gérants,
rédacteurs de journaux, revues et
périodiques […], metteurs en scène, entrepreneurs de spectacles […] ; gérants de
toutes entreprises se rapportant à la
radiodiffusion.
l’appui des anciens combattants que j’ai eu
la fierté de commander, je fais à la France
le don de ma personne pour atténuer son
malheur. En ces heures douloureuses, je
pense aux malheureux réfugiés qui, dans un
dénuement extrême, sillonnent nos routes.
[…]
C’est le cœur serré que je vous dis
aujourd’hui qu’il faut cesser le combat. Je
me suis adressé cette nuit à l’adversaire,
pour lui demander s’il est prêt à rechercher
avec nous, entre soldats, après la lutte et
dans l’honneur, les moyens de mettre un
terme au hostilités.
Que tous les Français se gropent
autour du gouvernement que je préside pendant ces dures épreuves et fassent taire leur
angoisse pour n’écouter que leur foi dans
le destin de la patrie. »
17 juin 1940
Vichy, 3 octobre 1940
La pénurie dans les villes
Discours de Pétain
38
« Français !
J’assume à partir d’aujourd’hui la direction du gouvernement des la France. Sûr le
l’affection de notre admirable armée, qui
lutte avec un héroïsme digne de ses longues
traditions militaires, contre un ennemi
supérieur en nombre et en armes ; sûr que
par sa magnifique résistance, elle a rempli
ses devoirs vis-à-vis de nos alliés ; sûr de
A Sanary, près de Toulon.
« 20 avril 1941. Le ravitaillement empire ici : avec ou sans tickets, on ne trouve
ni fromage, ni œufs, ni beurre. Les légumes
sont hors de prix.
17 mai 1941. Queue chez l’épicier.
D’abord une heure ce matin, pour me voir
ferme la porte au nez sur le coup de midi.
M.V. l’a faite cette après-midi à 14h30 et je
lui ai succédé à 15h30 jusqu’à 18h15. Tout
ça pour 100g de saucisson par personne,
deux boites de sardines, du faux au
roquefort. »
A Toulouse.
« 4 déc. 41. L’électricité est réduite un
peu partout au point que les grands
magasins sont obligés de fermer boutique.
5 déc. 1941. Le papier devient de plus
en plus rare. Les enveloppes sont de plus
en plus grises ou brunes et manquent de
colle.
24 sept. 41. Plus un légume à Toulouse
depuis 15 jours. Queues interminables pour
toucher pommes de terre ou lait.
24 octobre 1941. On ne trouve plus une
seule chemise, ni pantalon, pyjama,
caleçon, bas. Au marché noir, les bas se
vendent 140 francs la paire (10 francs l’an
passé).
15 mars 1942. Menu dans les hôtels :
radis, salade crue, salade cuite et parfois
une mandarine. »
G. et A. Valloton (deux
adolescentes) 1939-1944
jeunes
Etre Juif sous l’occupation
Roger Herman, Juif français vivant à
paris.
« A l’école, nous avions des blouses
noires et ma mère avait cousu l’étoile jaune
sur la mienne.
On n’avait pas le droit de la cacher. Le
port de l’étoile entraînait tout une série
d’interdictions : nous ne pouvions plus aller
à la piscine, ni au cinéma, ni même jouer
dans les squares. J’avais l’habitude de jouer
dans le square de la place de la
République. Du jour au lendemain, je n’eus
plus le droit d’y entrer. Alors je jouais à
l’extérieur du square et mes camarades à
l’intérieur […].
Hélène Rosental, Juive française vivant
à Paris.
« Je suis restée à Paris jusqu’à l’été
1942. J’avais assisté à des arrestations. On
arrêtait les Polonais, les Allemands, les
Autrichiens, tous juifs bien sûr. Nous autres,
Juifs français, on n’imaginait pas qu’un jour
cela pouvait nous arriver et j’ai été
particulièrement choquée lorsqu’on a arrêté
ma meilleure amie. Elle était Française. Je
ne l’ai jamais plus revue.
Nous étions sur leurs listes, mieux valait
partir au plus vite […].
Hélène s’enfuira à Grenoble, où elle
cachera ses origines juives.
Les bombardements à Rouen
« Les premières bombes éclatèrent.
L’alerte ne fut donnée qu’après ces explosions. Suivirent cinquante minutes de
terreur. Près de 6000 bombes furent jetées
cette nuit-là sur la région, dont 300 sur la
ville de Rouen. Sirènes, canons de la DCA,
ronflement des avions, bombes, cris de
blessés, appel des pompiers, ce fut une nuit
infernale. Ceux qui la vécurent n’en ont
conservé que le souvenir d’un cauchemar.
Toute la ville n’était alors que flamme,
décombres, cadavres.
Beaucoup d’habitants, qui s’étaient
réfugiés dans les caves, y avaient été
enterrés. Sous les maisons écroulées, des
femmes et des enfants étaient murés
vivants.
André Maurois, Rouen dévasté, Nagel,
1948
L’appel du 18 juin 1940
« Ce gouvernement, alléguant la défaite
de nos armées, s’est mis en rapport avec
l’ennemi pour cesser le combat. Certes,
nous avons été, nous sommes submergés
par la force mécanique terrestre et aérienne
de l’ennemi. Infiniment plus que leur nombre,
ce sont les chars, les avions, la tactique des
Allemands qui ont surpris nos chefs au point
de les amener là où ils sont aujourd’hui.
Mais le dernier mot est-il dit ?
39
L’espérance doit-elle disparaître ? La
défaite est-elle définitive ? Non ! Croyezmoi, moi qui vous en parle en connaissance
de cause et qui vous dit que rien n’est perdu
pour la France. Les mêmes moyens qui
nous ont vaincus peuvent faire venir un jour
la victoire.
Car la France n’est pas seule. Elle n’est
pas seule. Elle a un vaste empire derrière
elle. Elle peut faire bloc avec l’Empire
britannique qui tient la mer et continue la
lutte. Elle peut, comme l’Angleterre, utiliser
sans limite l’immense industrie des EtatsUnis. Cette guerre n’est pas limitée au
territoire malheureux de notre pays […].
Moi, général de Gaulle, actuellement à
Londres, j’invite les officiers et les soldats
français qui se trouvent en territoire
britannique ou qui viendraient à s’y trouver
[..], j’invite les ingénieurs et les ouvrier
spécialistes des industries d’armement qui
se trouvent en territoire britannique ou qui
viendraient à s’y trouver, à se mettre en rapport avec moi. Quoi qu’il arrive, la flame de
la résistance française ne doit pas
s’éteindre et ne s’éteindra pas. Demain,
comme aujourd’hui, je parlerais à la radio
de Londres. »
Discours du général
radiodiffusé par la BBC.
40
de
Gaulle,
En 1942, Evelyne Sullerot est élève
dans un collège d’Uzès, dans le sud de la
France.
« Le samedi, on défilait en chantant «
Maréchal nous voilà » [un hymne à la gloire
du Maréchal Pétain] et, un jour, un lundi
matin, on me demande de lever le drapeau
au milieu de la cours du collège. Il y avait ce
jour là quelque chose qui avait à faire avec
Jeanne d’Arc et, comme je venais de
Compiègne, ville où elle a été emprisonnée,
on me demande : « Mademoiselle, voulezvous lever le drapeau en l’honneur de
Jeanne d’Arc et du Maréchal Pétain, notre
nouvelle Jeanne d’Arc ? » Tous les
professeurs et les élèves étaient rangés
alentour. Je me suis avancé jusqu’au pied
du mât et, d’une voix forte, j’ai crié : « Jeanne
a repoussé les ennemis hors de France.
Quand le Maréchal Pétain en fera autant, le
lèverais le drapeau mais pas avant ! » et je
suis retournée à ma place. Deux heures
après, les gendarmes sont venus
m’arrêter.»
Un mouvement de résistance :
Libération
Rémi Aubrac est un des fondateurs du
mouvement Libération.
« Dès 1941, nous avions compris qu’il
fallait faire porter nos efforts sur
l’information, qu’on appela rapidement
propagande, pour dénoncer sans relâche
le pillage du pays par l’occupant et l’appui
sans réserves que lui prêtait Vichy sans
contrepartie. L’idée de produire un journal
s’imposa assez vite. Le premier numéro de
Liberation sortit en juillet 1941. Les «
porteurs de valises » sillonnaient la zone du
Sud et livraient leur paquets à Lyon,
Grenoble, Marseille, Avignon, Montpellier.
Dans chaque ville, la distribution était
organisée jusqu’à la remise de chaque journal individuellement […].
En 1942, l’exemple de Combat et plus
encore la mission de Jean Moulin nous
avaient convaincus de créer dans notre organisation un secteur orienté vers l’action
militaire, et j’avais été chargé de le mettre
sur pied. Les militants motivés pour le combat armé devaient s’organiser en petit
groupes et se procurer des armes […]. Il leur
revenait d’effectuer des actions de sabotage dans les usines, les dépôts, et les communications utiles à l’ennemi […].
Extrait de Raymond Aubrac, Où la
mémoire s’attarde, Odile Jacob, 1996
Les combats d’un maquis
En 1944, René entre dans le maquis
du mont Mouchet, en Auvergne.
« Le capitaine Bertrand, commandant
la compagnie, le lendemain, nous réunit et
nous remit nos armes. Ce fut un grand moment, un instant d’émotion. La distribution
se fit au petit bonheur, fusil, ou mitraillette.
Les premiers jours, nous nous bornons
seulement à l’installation du camp et d’un
système défensif. Dans la section, nous
sommes une vingtaine : un adjudant, un
sergent, un caporal ; comme armement
collectif : trois fusils mitrailleurs ; je suis aus
ordres du sergent Riberolles.
2 juin : première attaque allemande.
Les Fritz se replient à 16 abandonnant sur
le terrain deux camions, 70 morts. »
accompagnés chaque fois de « passages
à tabac » tels qu’ils se pratiquaient ils y a
cent ans. A chaque interrogatoire, on était
certain de recevoir sa ration de coup de
bâton avec un clou au bout, de coups de
matraque et de cravache. Il fallait dénoncer
les camarades, autrement, c’était la grèle
de coups qui tombait […]. Notre grand
camarade Humbolt est mort en cellule, sans
soins, la colonne vertébrale brisée par les
coups reçus parce qu’il ne voulait pas
dénoncer ses camarades.
Ces barbares vous font croire que vous
avez une chance de sauver votre tête. Ils
vous disent que l’un a dit ceci, que l’autre a
dit cela, pour faire avouer les pauvres
diables qui n’ont pas le cran de résister.
Puis, le 8 juillet, nous avons été conduits au tribunal. Le tribunal a condamné à
mort 22 d’entre nous sur 27 […]. Ce qui me
rend heureux, c’est le cran et le courage
montré par les camarades. »
Lettre de Joseph Delobel, Arras, le 16 juillet
1942
René Crozet, Enfants le l’ombre, Horvath,
1980
La mort au bout du chemin
« A ma famille, à notre grand Parti et
aux jeunesses communistes.
Ce n’est pas sans peine que je vous
écrit ces dernières lignes […]. Nous avons
tous été arrêtés fin avril, début mai. Dans
les quinze premiers jours, nous avons subit
interrogatoires sur interrogatoires,
41
Mémo
42