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La littératie au Québec: pistes de solution à l’école préscolaire et primaire Christian Dumais Résumé Cette contribution propose tout d’abord un regard sur les différentes façons de considérer le concept de littératie au Canada francophone et plus précisément au Québec. Il est ensuite question de facteurs pou-­‐
vant favoriser la littératie chez les élèves du préscolaire et du primaire. Ces facteurs, d’ordre motivationnel et psychoaffectif, d’ordre social, d’ordre culturel, et d’ordre cognitif et métacognitif, sont traités principa-­‐
lement en lien avec la discipline du français. Pour terminer, des pistes de travail sont proposées pour ac-­‐
croître les effets de ces facteurs. Mots-­‐clés Littératie, Québec, préscolaire, primaire, facteurs d’ordre motivationnel et psychoaffectif, d’ordre social, d’ordre culturel, d’ordre cognitif et métacognitif ⇒ Titel, Lead und Schlüsselwörter auf Deutsch am Schluss des Artikels Auteur Dumais, Christian Doctorant en sciences de l’éducation à l’Université du Québec en Outaouais, Québec Chargé de cours à l’Université du Québec à Montréal et à l’Université de Montréal Enseignant de français au primaire et au secondaire, Commission scolaire de Montréal, Québec 7444, rue Chambord, Montréal, Québec, Canada, H2E 1X1 [email protected] www.forumlecture.ch | www.leseforum.ch – 2/2011 1 La littératie au Québec: pistes de solution à l’école préscolaire et primaire Christian Dumais Dans une société en mouvement, ouverte sur le monde et où la technologie ainsi que le savoir permettent d’innover sans cesse, tout individu, jour après jour, se doit d’être dynamique et à l’affût pour avoir la possi-­‐
bilité de s'y tailler une place de choix. Il ne suffit plus de savoir lire et écrire comme autrefois pour être en mesure de prendre sa place en société. Aujourd’hui, il est nécessaire de développer des compétences dans plusieurs domaines tels que l’informatique, la lecture, l’écriture, la communication orale, la résolution de problèmes, etc. Les individus ayant des difficultés à développer ce genre de compétences voient diminuer leurs possibilités d’accéder au monde qui les entoure, d’interagir, d’apprendre, etc. Pour permettre à un plus grand nombre possible d’individus de développer les compétences nécessaires à la vie en société, une intervention des plus précoces, c’est-­‐à-­‐dire dès la petite enfance, s’avère nécessaire (Sirois, Vanlint & Boisclair, 2011). En favorisant le développement de la littératie de leurs élèves, les enseignants peuvent contribuer de manière significative au développement de ces compétences. Cette contribution propose tout d’abord un regard sur les différentes façons de considérer le concept de littératie au Canada francophone et plus précisément au Québec. Il est ensuite question de facteurs pou-­‐
vant favoriser la littératie chez les élèves du préscolaire et du primaire. Ces facteurs sont traités principale-­‐
ment en lien avec la discipline du français. Pour terminer, des pistes de travail sont proposées pour ac-­‐
croître les effets de ces facteurs. 1. Le concept de littératie Le terme littératie, d’origine anglaise (literacy), est entré dans l’usage courant francophone en 1995 (Le-­‐
gendre, 2005). Ce terme est souvent confondu avec celui d’alphabétisation alors que les deux termes re-­‐
couvrent deux concepts différents (Pierre, 2003). Nous pouvons définir l’alphabétisation comme étant une « habileté ou [une] compétence dans l’utilisation du code écrit » ou comme étant l’« enseignement ou [l’]apprentissage de base du code écrit (lecture, écriture, calcul) » (Legendre, 2005, p. 41). Pour ce qui est du concept de littératie, notre recension des écrits démontre que ce concept ne se limite pas seulement à la connaissance du code écrit; sa définition est beaucoup plus vaste et elle varie selon les sources consul-­‐
tées. 1.1 La situation dans le Canada francophone Au Canada francophone, les définitions de littératie sont différentes d’une province à l’autre. À notre con-­‐
naissance, il n’existe pas de consensus en ce qui concerne la définition de ce concept dans la littérature franco-­‐canadienne. Nous proposons une recension de quelques définitions à partir d’écrits ministériels francophones canadiens. Selon le Service fransaskois de formation aux adultes (SEFFA), « la littératie d'un individu se définit par sa capacité à maîtriser l'écrit pour penser, communiquer, acquérir des connaissances, résoudre des pro-­‐
blèmes, réfléchir sur son existence, partager sa culture et se divertir. L'individu lettré ne peut donc se défi-­‐
nir sans l'écrit » (2010, para. 1). De plus, le concept de littératie « est lié au concept de culture en ce qui con-­‐
cerne la société et il tient compte de toutes les activités qui mènent à apprendre à lire et à écrire, y compris celles qui ont lieu en dehors du cadre scolaire » (para. 2). Pour le Conseil canadien sur l’apprentissage (CCA), « la littératie va au-­‐delà de la capacité de lire et d’écrire. Pour réussir sur les plans économique et social, un adulte doit avoir la capacité d’analyser l’information, de comprendre des concepts abstraits et d’acquérir de nombreuses autres compétences complexes » (2011, p. 1). Selon le ministère de l’Éducation du Manitoba, le concept de littératie correspond à « l’enseignement reçu par les élèves dans le but de les préparer à utiliser les livres, le papier et les crayons de façon efficace, mais Christian Dumais 2 englobe aussi de nouvelles habiletés en lecture, en écriture, en compréhension médiatique et en communi-­‐
cation exigées par les nombreuses et nouvelles TIC qui ne cessent de faire leur apparition » (2008, p.1). Le ministère de l’Éducation de l’Ontario (MÉO) définit, quant à lui, la littératie comme étant la capacité d’utiliser des formes riches et variées d’expressions orale, écrite ou visuelle pour lire, écrire, écouter, parler, visualiser, représenter et réfléchir de façon critique aux idées les plus di-­‐
verses. Elle permet de partager de l’information, d’interagir avec autrui et de saisir le sens des choses. La littératie est un processus complexe par lequel une personne acquiert de nouvelles connaissances et une meilleure compréhension du monde qui l’entoure en puisant dans sa cul-­‐
ture, son vécu et son acquis. Indispensable à la croissance personnelle et à une participation ac-­‐
tive à la vie d’une société démocratique, elle permet de tisser des liens entre particuliers et entre collectivités (2011, para. 1). Ces quelques définitions laissent entrevoir que la littératie ne se limite pas seulement à des habiletés ou à des compétences en lecture et en écriture, mais les dépasse largement et inclut un aspect culturel et social. 1.2 La situation au Québec La situation est similaire au Québec, aucun consensus ne semble être établi sur la définition de ce concept. D’ailleurs, il ne s’agit pas d’un élément central des programmes de formation. Le ministère de l’Éducation, des Loisirs et du Sport du Québec1 (MEQ, 2001 & 2004; MELS 2007a), dans ses programmes, a opté pour une perspective transversale, c’est-­‐à-­‐dire l’intégration à l’enseignement de domaines généraux de forma-­‐
tion (« un ensemble de grandes intentions éducatives et d’axes de développement destinés à structurer l’action collective de tous ceux qui font l’école » (MELS, 2007a, p. 15)) et de compétences transversales plutôt qu’une perspective de développement de la littératie tel que c’est le cas, par exemple, en Ontario. Dans cette province, en effet, la littératie est à la base des programmes et elle « fait partie de toutes les disciplines et son enseignement en particulier est la responsabilité partagée de toutes les intervenantes et de tous les intervenants, à tous les échelons et dans toutes les matières » (MÉO, 2003, p. 14). Selon Hébert et Lafontaine, « aucun des programmes scolaires publiés en français au Québec n’en [la littératie] fait men-­‐
tion » (2010, p.3). Cependant, un rare document ministériel (MELS, 2007b) intitulé « Réaffirmer l’école: Prendre le virage du succès » fait mention du concept de littératie. On parle de l’importance de développer les savoirs élémentaires, comme lire, écrire et calculer, puisque les exigences actuelles de la vie en société en réclament une maîtrise de plus en plus élevée. On dit que « cela est particulièrement vrai pour les capaci-­‐
tés de lecture au point qu'un nouveau terme a été créé pour en rendre compte, celui de "littératie". La litté-­‐
ratie, c'est la capacité de comprendre et d'utiliser l'information écrite pour fonctionner dans la société » (MELS, 2007b, Note de bas de page). Ce concept est donc peu présent dans les écrits ministériels québé-­‐
cois et semble plutôt limité à l’écrit. Du côté de la recherche en littératie, la situation est tout à fait différente. Plusieurs recherches scientifiques ont été menées au cours des dernières années afin de proposer aux enseignants du préscolaire, du primaire et du secondaire des pratiques et des outils pédagogiques concrets favorisant le développement des com-­‐
pétences en littératie (entre autres, Hébert & Lafontaine, 2010; Makdissi, Boisclair & Sirois, 2010). Quelques-­‐
unes de ces recherches se sont attardées à définir le concept de littératie. Pour Hébert & Lafontaine, dont la définition est inspirée de celle du ministère de l’Éducation de l’Ontario, la littératie renvoie « à des habile-­‐
tés de haut niveau telle la capacité d’utiliser le langage et les images, de formes riches et variées, pour lire, écrire, écouter, parler, voir, représenter et penser de façon critique » (2010, p. 4). Pour Moreau, Leclerc & Landry, la compétence en littératie se définit comme étant « les capacités d’utiliser le langage et les images de formes riches et variées pour voir, écouter, parler, lire, écrire, comprendre, communiquer, penser de façon critique afin d’atteindre un but et de développer ses connaissances en classe, à l’école, à la maison ou dans la communauté » (2010, p. 43). Selon Cardinal, la littératie serait le « bagage cognitif transité par le langage (oral, écrit, mathématique, imagé, signalétique, etc.) » (2004, p. 17). Ces quelques définitions pro-­‐
venant de la recherche démontrent une diversité de points de vue concernant ce concept. 1
Le ministère de l’Éducation du Québec est devenu le ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport en 2005. Christian Dumais 3 2. Des facteurs importants pour le développement de la littératie chez les élèves du présco-­‐
laire et du primaire Malgré l’absence de prescriptions précises dans les programmes québécois en ce qui a trait à la littératie, son développement est une préoccupation importante au Québec dans le milieu scolaire et dans le milieu de la recherche (Makdissi & Boisclair, 2010). Plusieurs recherches effectuées au cours des dernières années ont fait état de différentes raisons pouvant expliquer un faible niveau de littératie chez les élèves du pré-­‐
scolaire et du primaire. Ces raisons font apparaître l'importance de certains facteurs pour favoriser le déve-­‐
loppement de la littératie chez de jeunes enfants. Ces facteurs sont d’ordre motivationnel et psychoaffec-­‐
tif, d’ordre social, d’ordre culturel ainsi que d’ordre cognitif et métacognitif, et sont traités principalement en lien avec la discipline du français. 2.1 Les facteurs d’ordre motivationnel et psychoaffectif Selon Navarro & Le Deun (2004), les enfants privés de modèles en ce qui a trait à la lecture, à l’écriture et à l’oral ne peuvent pas construire des représentations gratifiantes des activités que sont la lecture, l’écriture et l’échange d’idées. En ce qui concerne plus particulièrement la lecture, ce sont des enfants à qui on ne lit généralement pas d'histoires et qui voient très peu de gens autour d’eux lire. Il en découle généralement «des carences importantes dans la découverte, la manipulation et l’exploration des livres» (Navarro & Le Deun, 2004, p. 12). Ces enfants n’arrivent pas à développer un sentiment d’appréciation des livres et de la lecture. Ils « n’ont pas la chance de connaître ce fameux "déclic", cette rencontre émotionnellement très marquante avec le livre qui conditionne tout leur avenir de lecteurs autonomes » (Navarro & Le Deun, 2004, p. 12). En conséquence, ces élèves ne sont pas motivés à lire, ils n’ont pas de lien affectif positif par rapport à la lecture et plusieurs d’entre eux ne peuvent se rendre compte qu’il y a quelque chose à comprendre dans les livres et que chaque livre peut apporter à leur vie une richesse supplémentaire. Les résultats obte-­‐
nus par le Programme international de recherche en lecture scolaire (MELS, 2006) nous apprennent d’ailleurs que 14 pour cent des élèves québécois âgés de 10 ans disent ne jamais ouvrir un livre par plaisir. 2.2 Les facteurs d’ordre social Plusieurs carences sur le plan social peuvent grandement affecter le développement de la littératie des élèves (Royer, 1995). « Disqualifiés par l’école en raison de leurs difficultés d’apprentissage, peu aidés par leur milieu familial où l’on ne discute pas de ses problèmes personnels, et encore moins de ceux qui rappel-­‐
leraient à leurs parents de mauvais souvenirs, certains [élèves] cessent de se battre pour revendiquer une place qui ne leur est pas accordée» (Navarro & Le Deun, 2004, p. 13). Par conséquent, certains élèves ne font pas la différence entre le code de communication utilisé à la maison et celui utilisé à l’école, ce qui amène certains d’entre eux à se retirer de la vie sociale de la classe et à surtout éviter de questionner l’enseignant. Lorsqu’ils éprouvent des difficultés scolaires, ils ont tendance à ne pas demander de l’aide et ils se résignent souvent « à faire partie des "exclus" de la culture écrite » (Navarro & Le Deun, 2004. p. 13). Également, le fait que certains élèves n’ont pas beaucoup de contacts sociaux, et ce, autant à l’école qu’à la maison, ne leur permet pas « de s’imprégner de l’écrit que notre société véhicule largement, à l’intérieur d’activités de collaboration avec l’adulte ou des pairs plus avancés » (Giasson & Saint-­‐Laurent, 1998, p. 165). Cela empêche d’enrichir l’apprentissage contextualisé, c’est-­‐à-­‐dire la croissance de la littératie par le con-­‐
tact avec des individus utilisant l’écrit pour des motifs fonctionnels. Ces élèves sont souvent privés de l’interaction sociale autour de l’écrit qui leur permettrait de mieux construire leurs connaissances en lecture (Giasson & Saint-­‐Laurent, 1998) et d’améliorer leur niveau de littératie. 2.3 Les facteurs d’ordre culturel Des facteurs d’ordre culturel ont également des répercussions sur le développement de la littératie des enfants. Lorsque les enfants arrivent à l’école primaire, ils n’ont pas tous le même bagage culturel. Il arrive fréquemment que l’école impose des normes « culturelles » qui sont celles de la classe dominante, ce qui ne permet pas toujours aux élèves des autres classes sociales de bien s’intégrer à l’école (Navarro & Le Deun, 2004). En conséquence, le lien entre l’école, la famille et la culture des élèves touchés par cette réalité ne s’effectue pas toujours ou bien il peut se briser. Si le lien entre l’école et la famille est rompu en raison de divergences culturelles, l’investissement de l’élève à l’école et le développement de la littératie peuvent être gravement compromis ou retardés (Epstein, 1995 et 2001). Christian Dumais 4 2.4 Les facteurs d’ordre cognitif et métacognitif Enfin, des facteurs d’ordre cognitif et métacognitif jouent également un rôle central dans l'évolution de la littératie chez les enfants. Il est important que, dès leur jeune âge, les élèves soient placés dans des situa-­‐
tions exigeant une réflexion et leur permettant de faire un retour sur leurs apprentissages. C’est notam-­‐
ment vrai en lecture et en écriture (Giasson, 2007). Or il arrive encore trop souvent que les élèves n’aient pas besoin d’avoir assimilé un texte pour répondre à des questions le concernant. Le repérage suffit, ce qui n’exige pas qu’ils aient compris ce qu’ils ont lu ou qu’ils aient réfléchi. (Giasson, 2007). De plus, lors de pé-­‐
riodes de lecture et d’écriture, une absence de retours sur les textes lus et écrits n’incite pas le développe-­‐
ment de la métacognition des élèves et nuit à l'acquisition de compétences en littératie. En ne revenant pas sur les lectures et les écrits des élèves, l’enseignant ne leur offre pas la possibilité d’intérioriser les proces-­‐
sus nécessaires pour maîtriser la lecture et l’écriture. De plus, présenter des situations d’apprentissage centrées sur les aspects formels de la langue plutôt que sur l’activité langagière (comme comprendre ou produire un texte) ne permet pas aux élèves de faire des liens avec leurs connaissances antérieures. Ces situations d’apprentissage, souvent hors contexte, ne sont pas transférables dans d’autres situations ou d’autres disciplines (Jaubert & Rebière, 2005). Ces activités réflexives, ces mises en lien entre les connais-­‐
sances acquises, doivent conduire les élèves à faire des transferts d'une discipline à une autre et à donner du sens aux apprentissages. Si un enfant n’est pas régulièrement en contact avec des activités fondées principalement sur le questionnement et sur le raisonnement, et s’il n’a pas la possibilité de faire de retours sur sa façon d’apprendre et de comprendre, il s’avèrera difficile pour lui de trouver des raisons pertinentes de lire, d’écrire, de parler, d’écouter et de réfléchir (MÉO, 2004). 3. Ce que la recherche nous apprend sur les différentes façons de développer la littératie des élèves du préscolaire et du primaire Plusieurs recherches scientifiques (Boutin, 2010; Carignan & Beauregard, 2010; Dumais, 2010; Maltais, Her-­‐
rey & Mougeot, 2010; Moreau, Leclerc & Landry, 2010; Sirois, Vanlint & Boisclair, 2011, etc.) ont été effec-­‐
tuées dans le but d’accroitre la littératie des élèves du préscolaire et du primaire et dans le but de contrer les facteurs susceptibles de nuire à son développement. Elles ont été effectuées afin de mettre en place des dispositifs et des outils pédagogiques permettant aux enseignants d’accentuer le niveau de littératie des élèves. Plusieurs écrits (Royer, 1995; Saint-­‐Laurent, 2002; Trehearne, 2005; Giasson, 2007, etc.) se sont aussi attardés à expliquer des stratégies pédagogiques favorisant le développement de la littératie des élèves du préscolaire et du primaire. À partir de ces recherches et de ces écrits, il a été possible d’identifier des pistes de travail pour accroître les effets des différents facteurs mentionnés précédemment. La pré-­‐
sente section s’attardera à les exposer. 3.1 Développer les facteurs d’ordre motivationnel et psychoaffectif Pour que l’enfant s’intéresse à l’écrit et à la lecture, il est essentiel que des modèles soient présents dans son environnement et qu’il puisse interagir avec eux (Giasson, 1995; Burns, Espinosa & Snow, 2003; Cari-­‐
gnan & Beauregard, 2010). Giasson affirme que « la présence de personnes qui lisent et écrivent dans l’environnement de l’enfant joue un rôle primordial » (1995, p. 115) dans le développement de la littératie chez cet enfant. Chauveau & Rogovas-­‐Chauveau (1993), dans une recherche qui traite de l’entrée dans le système écrit, ont demandé à des enfants de cinq ans pourquoi ils voulaient apprendre à lire et à quoi cela pouvait servir. Ils ont constaté que plusieurs enfants donnaient des réponses qui faisaient état de leur dé-­‐
couverte des principales fonctions de la lecture alors que d’autres avaient de la difficulté à préciser les avantages et les finalités de la lecture. Les résultats de leur recherche ont pu démontrer que 80 pour cent des enfants qui se situaient dans le premier groupe ont réussi, par la suite, à apprendre à lire sans problème alors que la majorité des enfants qui n’avaient pas une conception claire des fonctions de l’écrit ont eu des difficultés dans leur apprentissage de la lecture. Ainsi, cette recherche a démontré l’importance d’amener les enfants à prendre conscience des fonctions de l’écrit, et ce, le plus tôt possible. Adams (1991, dans Gias-­‐
son, 1995) abonde dans le même sens en faisant état de l’importance de faire la lecture aux enfants: « les enfants à qui les parents ont fait régulièrement la lecture durant leurs années préscolaires se trouvent parmi ceux qui ont le plus de chances de réussir leur apprentissage de la lecture » (p. 116). Lire des histoires aux enfants les aide grandement à prendre conscience des fonctions de l’écrit et à enrichir leur vocabulaire, Christian Dumais 5 la structure de leurs phrases, leurs connaissances des caractéristiques du langage écrit et à intensifier leur intérêt pour la lecture (Giasson, 1995). La motivation a d’énormes répercussions sur le développement de la littératie puisque les élèves lisent davantage lorsqu’ils sont motivés à le faire. Pour stimuler le désir de lire, les enseignants peuvent varier les supports et focaliser la lecture sur la compréhension (Courchesne, 1999; Navarro & Le Deun, 2004). Ils peu-­‐
vent aussi mettre leurs élèves « en contact avec un large éventail de textes multimodaux de tous genres [pour les] aider à prendre conscience des textes qu’ils voient quotidiennement et à reconnaître les nom-­‐
breuses occasions qui leur sont données de lire chaque jour » (MÉO, 2004, p. 70). Cette exposition à un plus grand nombre de textes favorise la compréhension des élèves, leur ouverture sur le monde, le lien avec la lecture et donc, la littératie (Guthrie, Wigfield, Metsala & Cox, 1999; MÉO, 2004; Navarro & Le Deun, 2004). 3.2 Développer les facteurs d’ordre social Donner aux élèves des occasions fréquentes de discuter de leurs lectures et de leurs écrits leur permet d’approfondir leur compréhension et de poser des questions s’ils ont des incompréhensions. Ils peuvent prendre conscience des effets positifs de l’interaction sociale autour de l’écrit et de la lecture, ce qui peut encourager davantage, chez eux, le développement de la littératie (MÉO, 2004; Dumais, 2010; Hébert, 2010). De plus, selon une enquête du Programme international de recherche en lecture scolaire (MELS, 2006), l’échange des idées entre l’enseignant et les élèves, après la lecture, stimule l’intérêt de ces derniers. « Les élèves tirent pleinement profit de la lecture quand ils peuvent réagir aux textes, y réfléchir et établir des rapprochements entre ce qu’ils ont lu et ce qu’ils ressentent et savent déjà, et lorsqu’ils peuvent trou-­‐
ver de nouvelles idées, de nouvelles questions et de nouvelles informations dans leurs lectures » (MÉO, 2004, p. 74). Discuter de leurs lectures ou encore de leurs écrits permet aux élèves de partager leur percep-­‐
tion du monde, d’avoir des échanges différents avec leurs pairs et l’enseignant, et leur donne la possibilité de développer leur pensée critique (Viau, 1993). Tout cela amène les élèves à prendre conscience des ré-­‐
percussions possibles de l’interaction sociale dans leurs apprentissages, en particulier en lecture et en écri-­‐
ture, mais aussi dans les activités orales ou portant sur les médias. (MÉO, 2004). 3.3 Développer les facteurs d’ordre culturel Différentes recherches nous apprennent que lorsque les enfants arrivent à l’école, ils n’ont pas tous le même bagage culturel. « L’identité de l’élève se forge à partir d’expériences personnelles, culturelles et sociales reliées à sa famille, sa langue maternelle, sa religion, sa communauté, ses passe-­‐temps, ses inté-­‐
rêts, ses habiletés particulières et ses antécédents scolaires» (MÉO, 2004, p. 20). Il est donc primordial que les élèves soient valorisés à l’école dans leur identité et dans leur culture, car cela influe sur leurs apprentis-­‐
sages. Il est important que les élèves « fassent des rapprochements entre ce qu’ils sont, leurs valeurs et ce qu’ils apprennent à l’école afin d’interpréter les notions apprises et [de] les intégrer dans leur personnalité » (MÉO, 2004, p. 20). Selon Cummins (2000), cet engagement identitaire culturel est essentiel au dévelop-­‐
pement langagier et à la réussite scolaire. En classe, les enseignants peuvent tenir compte « de la vision qu’ont les élèves d’eux-­‐mêmes, individuellement et au sein de leur culture » (MÉO, 2004, p. 70) en choisis-­‐
sant des textes à lire ou à écrire qui véhiculent des points de vue reflétant la diversité de la société et de la communauté mondiale. Le fait de présenter différents types de récits peut aussi « aider les élèves à com-­‐
prendre d’autres modes de vie et influencer ainsi leur décisions quant à la façon dont ils vont vivre dans le monde pluriel d’aujourd’hui » (Giasson, 2000, p. 8). Le choix des textes, la façon de les présenter et la façon d’en parler aideront les élèves à mieux comprendre les qualités humaines véhiculées, à élargir leur vision du monde et cela les incitera à devenir plus tolérants (Emery, 1996). 3.4 Développer les facteurs d’ordre cognitif et métacognitif Finalement, en ce qui concerne les facteurs d’ordre cognitif et métacognitif, plusieurs recherches font res-­‐
sortir l’importance de mettre les élèves en contact avec des activités fondées principalement sur le ques-­‐
tionnement et sur le raisonnement, et permettant de faire des retours sur la façon d’apprendre et de com-­‐
prendre (Lafortune & Dubé, 2004). Pratiquer des expériences scientifiques, participer à des activités d’art visuel, regarder des pièces de théâtre et résoudre des problèmes mathématiques sont quelques exemples d’activités fondées principalement sur le questionnement et sur le raisonnement et occasionnant des re-­‐
tours métacognitifs. Dans la discipline du français, un moyen efficace de travailler l’aspect cognitif et méta-­‐
Christian Dumais 6 cognitif de la littératie est la lecture. En effet, le fait d’amener les élèves à réfléchir à leurs stratégies de lecture et à leur façon de comprendre et d’interpréter un texte leur permet de porter un regard sur les processus présents dans l’acte de lire. Cette réflexion peut être encore plus bénéfique si elle est partagée à travers des discussions. Ces dernières permettent aux élèves d’apprendre « à reconnaître des imprécisions dans leur compréhension, à expliquer leur position, à chercher de l’information pour résoudre des incerti-­‐
tudes, à considérer le point de vue de l’autre et à confronter leurs idées de façon plus réflexive » (Giasson, 2000, p. 8). Les enseignants peuvent utiliser des stratégies comme la réflexion à haute voix pour modeler les processus de pensée de leurs élèves et leur fournir le soutien pédagogique dont ils ont besoin (MÉO, 2004). Conclusion Malgré l’absence de consensus au Canada francophone et au Québec sur ce qu’on entend par littératie et le peu de place accordée à ce concept dans les programmes scolaires québécois, la littératie occupe une place importante dans la recherche en éducation et dans l'enseignement. Les nombreuses recherches des der-­‐
nières années laissent entrevoir une place de plus en plus grandissante à ce concept au Québec. Dans cette contribution, les recherches et écrits scientifiques nous ont permis de constater quels sont les facteurs pouvant favoriser le développement de la littératie des élèves du préscolaire et du primaire, en particulier dans la discipline du français, mais aussi dans toutes les disciplines scolaires. Bibliographie Boutin, J.-­‐F. (2010). Innover en littératie: pratiques de lecture/écriture à partir de la bande dessinée. In M. Hébert & L. Lafon-­‐
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ven, kognitiven, metakognitiven, gesellschaftlichen und kulturellen Faktoren werden im Hinblick auf den Französischunterricht betrachtet. Abschliessend werden Möglichkeiten aufgezeigt, wie die Wirkung dieser literalitätsfördernden Faktoren verstärkt werden könnte. Schlüsselwörter Literalität, Französischunterricht, Québec, Vorschule, Primarschule, Motivation, Kognition, Metakognition, Gesellschaft, Kultur Cet article a été publié dans le numéro 2/2011 de forumlecture.ch Christian Dumais 10