compte rendu hipposandales + pieds nus - Pagesperso
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compte rendu hipposandales + pieds nus - Pagesperso
RAPPORT STATISTIQUE DE L’UTILISATION D’HIPPOSANDALES LORS D’UN VOYAGE AVEC DES CHEVAUX NON FERRES Période d’observation : du 20 Mai au 26 Septembre 2008, soit 129 jours au total. Parcours : en France et en Belgique. Départ du Var, dans le sud de la France, traversée Sud/Nord de la France, Belgique et Nord de la France, arrivée en Côte d’Or. Distance : 2051 km. Moyenne kilométrique observé : 21 km par jour de marche Temps de marche : 75 % de la période d’observation, soit 97 jours. Charge moyenne : 90 Kg Nature du terrain : 47 % de goudron et/ou cailloux grossiers 24 % de terrain herbeux, de sous bois et/ou terrain boueux 29 % de terrain varié, c'est-à-dire un mélange des deux premiers. Météo : 40 % de beau temps 10 % de pluie sans discontinue 50 % de variable, à forte tendance nuageuse. Les équidés observés : Inka : grande jument de 12 ans, toisant 1,65m, fortement charpentée, de robe léopard, ferrée sans interruption depuis ses 5 ans. Pieds nus depuis décembre 2007. Sabots striés mais à forte prédominance blonds, qui présentaient un dédoublement de paroi sur tout le pourtour des sabots et des éclats fréquents. Sensibilité moyenne. Kenny : sa sœur biologique, mais de couleur bai, toisant 1.60m, tout aussi charpentée mais plus épaisse en muscles. Agée de 10 ans, elle était ferrée sans interruption depuis ses 2 ans et demi. Ses sabots sont d’une couleur noire, ils sont plus solides et plus compacts que ceux de sa soeur. Pieds nus depuis décembre 2007. Ses sabots présentaient un petit décollement de paroi au niveau des talons. Le premier mois de déferrage a été très dur pour elle, elle était très sensible en tout terrain. Beaucoup d’amélioration durant les mois qui ont suivis. Romina : Mule de selle âgée de 7 ans issue d’une mère trotteuse, de couleur bai brun, toisant 1.60m. Elle était ferré depuis ?? Pieds nus depuis Novembre 2007. Ses sabots noirs sont très solides mais elle présente quelques défauts d’aplombs qui provoquent une usure très prononcée sur le bord externe des postérieurs, ainsi qu’une encastelure généralisée. Aucune sensibilité particulière, à l’aise sur tout terrain. L’équipe au complet Les hipposandales choisies : Pour les juments : des easyboot bare, taille 3 et 4, concept nord américain Pour la mule : des dallmer hinterhand taille 2, concept allemand Easyboot modèle BARE La Dallmer clog hinterhand Résultat des temps d’utilisation des hipposandales : Antérieurs Postérieurs INKA 73 % (1502 km) 63 % (1302 km) KENNY 67 % (1371 km) 60 % (1221 km) ROMINA 48 % (992 km) 45 % (931 km) N.B. : Afin de se familiariser avec les manipulations, les hipposandales ont été utilisées bien avant le départ. Observations concernant les easyboot Bare : Les semelles sont très résistantes : les boots les plus usagées (en fin de vie) sont celles qui étaient destinées aux antérieurs d’Inka, elles ont parcouru une distance totale estimée à 1800 km. Nous ne sommes pas arrivé à user les autres. Une voiture a malencontreusement roulé sur une hipposandale perdue : elle était un peu déformée, mais pas cassée. Quelques manipulations et la chaussure a pu reprendre sa forme. Des boots en fin de vie…après 1800 Km d’usage. Il n’en est pas de même pour les pièces annexes, telles que la gaine des paturons en néoprène (Gaiter) et les élastiques frontaux de serrage (Bungee). Il faut prévoir absolument quelques pièces de rechange. Néanmoins : Pour les Gaiters, il est possible de se dépanner soi-même avec du cuir et des morceaux de combinaison de plongée (trouvées sur les brocantes). Il suffit alors de récupérer la partie plastique de la Gaiter abîmée et de coudre les nouveaux matériaux. Pour préserver ses Gaiters : ne jamais tirer dessus lors des manipulations. Pour les Bungees, nous avons pu remplacer l’élastique central par de la lanière en toile, pliée en deux et rivée sur les extrémités métalliques récupérées sur ceux hors d’usage. On y perd un peu en tenue, mais ça dépanne…en attendant de se procurer des neufs ! Pas de souci avec le couvercle frontal (Cover). Nous avions fabriqué des filets en cuir pour pouvoir pendre les boots à la selle lorsque nous ne nous en servions pas. Une très bonne chose, car 4 hipposandales sont fort volumineuses dans des sacoches, surtout les tailles que nous avions. En haut à gauche : une Gaiter fabrication maison En bas à gauche : un Bungee endommagé et en dessous la Bungee de dépannage À droite : le « filet » fabrication maison pouvant contenir une paire d’hipposandales. Nous avons constaté que l’utilisation des boots en terrain boueux n’est pas idéale, celles-ci accentuent le phénomène de glisse. Dans un tel terrain, les juments étaient pieds nus. De plus cela évite le soir au bivouac la fastidieuse tâche de nettoyage de boots. Utilisation optimale sur goudron, piste caillouteuse et terrain plat. En fort dénivelé montant, les pertes des boots postérieurs ont été fréquentes. En dénivelé descendant nous n’avons rencontré aucun problème. Par contre, pas de soucis de perte au niveau des antérieurs En période d’humidité, les glomes deviennent blancs. Il en est pareil si le cheval reste pieds nus. Cela ne pose pas de problème. Au début, nous avons eu quelques soucis de blessures à la couronne des postérieurs d’Inka dû à des mauvais réglages (la sandale tournait) associé certainement à une démarche particulière (elle « écrase les mégots »). Nous avons resserré les vis et couper de la matière à l’hipposandale. Plus de souci de blessures ensuite, malgré la persistance du pivotement de boots. Le vieillissement des boots contribue à une tenue aux sabots de moins en moins fiable, car la matière « travaille », se détend, s’use. Pas de souci de blessures aux glomes. Quelquefois ceux-ci étaient marqués (lors des étapes avec du dénivelé montant) mais cela n’est jamais allé plus loin. Renseignements/fabricant/vendeur : http://www.easycareinc.com/ Revendeur : http://www.actionridertack.com/ Observations concernant les Dallmers : Elles sont très légères par rapport aux Bare, point non négligeable lorsque la mule devait les porter, et elles sont plus faciles à mettre. Le modèle Hinterhand est celui qui se rapproche le plus de l’anatomie d’un pied de mule. Mais à l’origine il est prévu pour des postérieurs de chevaux. Malheureusement la taille 2 est le modèle le plus petit (la taille 1 n’existe pas), et il faut déjà une mule ayant un gabarit assez important pour que les hipposandales correspondent. La notre remplissait à peu près ce contrat : hipposandale juste à la bonne longueur, mais avec cependant un léger jeu sur la largeur. Au début de notre voyage, nous avons utilisé pour la mule des Easyboot Bare modifiées (avec des cales sur les côtés) mais cela ne nous a pas donné satisfaction. Nous avons racheté des hipposandales Dallmers en cours de route. Le maintien des boots se faisant par deux lanières qui compriment chacune un glome, il est très facile de blesser si c’est trop serré, ou au contraire de les perdre si c’est trop lâche. Il est important de trouver la bonne tension. Pour notre mule avec ses défauts d’aplombs et ses usures irrégulières, toutes les boots ont un réglage différent entre les deux glomes d’un même sabot. Je laisse un trou de moins (donc plus lâche) sur le glome correspondant au côté du sabot qui s’use le plus. En cours de route, j’ai interverti les droites des gauches, pour que les hipposandales s’usent de manière régulière. La semelle, en forme de fer, s’use rapidement. Elle s’userait certainement moins avec une mule ayant une démarche normale. Avec moins de matière, la semelle devient plus « souple » et les pertes sont plus fréquentes. Les pattes d’accrochage entre l’hipposandale et la partie arrière sont fragiles, elles se détériorent très vite et ne remplissent plus leur fonction. Les clips frontaux sont solides, les vis tiennent bien. Je n’ai eu à changer qu’une vis (qui s’était perdu) au cours de la période observée. Lorsqu’on reçoit les Dallmers, un lien en plastique doit être vissé entre les deux branches de la semelle (il assure la rigidité de l’ensemble et permet un certain réglage concernant la largeur de la boots) : les vis étant trop usés par le terrain, il nous a fallu changer ce lien vers la fin de notre voyage. Utilisation extra sur du terrain plat, goudronné ou gravillonnée. Nous avons eu beaucoup de pertes lors d’utilisation dans la boue, dans du dénivelé montant, dans les devers (ornières). Je pense que le défaut d’encastelure de notre mule y a joué un rôle. Renseignements/ Fabricant : http://www.dallmer.info/hufschuh/index_2.html Renseignements/ Revendeur : http://www.utes-pferdeecke.de/dallmer/front.htm Observations concernant l’évolution des sabots des juments : Février Octobre Les changements constatés sur tous les sabots : - une paroi plus épaisse, plus solide. - la disparition des décollements et dédoublements de paroi. - une pousse plus rapide : le parage devait être rafraîchi chaque semaine. - une évolution de la morphologie : les antérieurs sont devenus plus compacts, plus « ronds ». De retour chez nous, après des sorties sans hipposandales en terrains caillouteux, nous nous sommes rendu compte d’une meilleure aisance de marche, surtout chez Inka. Par contre Kenny reste un peu plus sensible, mais cela se limite aux antérieurs. La morphologie des sabots de la mule ainsi que sa sensibilité (très faible au départ) n’ont pas évolué au cours du voyage. Photo prise le 10 Octobre 2008 : le cerclage noirâtre présent au milieu du sabot correspond à une blessure de couronne induite par les hipposandales début Juin 2008. On peut donc constater la pousse de la corne sur une période de 4 mois. Bilan et conclusion : Je ne développerais pas volontairement les bienfaits de la marche pieds nus sur l’organisme du cheval, qui relève plus de compétences vétérinaires ; je veux juste apporter mon vécu sur le coté pratique de cette méthode de gestion des sabots dans le cadre du voyage à cheval en France ou pays limitrophe. Elle comporte bien des avantages : - une totale autonomie : pas besoin d’avoir recours à un hypothétique bon maréchal plus ou moins disponible, ni d’avoir une solide formation et une expérience en maréchalerie classique. - Peu d’outils nécessaire à sa réalisation : une râpe, une rénette et un affiloir suffisent. Une économie de poids non négligeable est ainsi obtenue. Une hipposandale Bare pèse un peu moins qu’un fer correspondant au même pied. - La facilité : parer est rapide, relativement facile et il n’y a pas de caractère d’urgence à son exécution. - Avoir la satisfaction d’observer ses chevaux ayant de beaux sabots, avec une corne intacte. - Plus de dérapage sur le goudron et sur les plaques de roche. Mais aussi des inconvénients : - trouver des boots adaptés à la forme des pieds de ses chevaux n’est pas une mince affaire : une hipposandale donnant toute satisfaction sur un cheval ne le sera peut être pas pour le suivant. - composer sans cesse avec le terrain : on ne peux pas sans cesse mettre puis ôter les boots tout au long de la journée. Au pire, on change d’avis une fois ou deux, pas plus, sinon cela devient assez pénible. - Gérer les hipposandales chaque jour peut devenir fastidieux : les mettre, les enlever, les nettoyer, les réparer. Les meilleures journées sont celles où on ne les met pas ! - Une inspection minutieuse et quotidienne des sabots pour ôter les petits cailloux venant se loger dans la ligne blanche. A mes yeux, il y a plus d’avantages que d’inconvénients. Nous décidons donc de continuer dans cette optique de gestion des pieds, en espérant pouvoir à l’avenir augmenter considérablement les périodes de marche pieds nus. Nous étions limité cette année par le fait d’une transition « pieds nus » non achevé. Quelques améliorations supplémentaires pour limiter les pertes des boots postérieures (chez les juments) sont en cours de test. Se passer complètement d’hipposandales lors de grand parcours en autonomie, avec des chevaux chargés et en voulant effectuer un kilométrage correct, me paraît pour l’instant peu probable. Cathy Laurent-Tagnard