Contes fantastiques sur le monde Maya
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Contes fantastiques sur le monde Maya
Contes fantastiques sur le monde Maya Mystère rouge, par Celine, page 2 Pour GEO, une nature intacte, par Chloé, page 7 Les vacances entre amis, par Daniel, page 11 La résurrection du monde perdu, par Emily, page 14 Le Jaguar, par Floriane, page 18 La colère des dieux, par John, page 24 Chasse au trésor, par Karina, page 27 Le temple de la terreur, par Luma, page 32 Rencontre divine, par Marianne, page 35 Rencontre dans les ruines, par Mimi, page 38 Les serpents, par Raphaël, page 42 Le colibri, par Samuel D, page 47 L’arbre sacré, par Samuel St C, page 54 Classe de 4e1 – ISTP 2012 Mystère Rouge, par Celine Le soleil frappa ma nuque lorsque je bus l’eau de la fontaine à côté de notre bus. Mes amis, Luma, John, Nathan et Laure, regardèrent les cartes que nous avions reçues de notre guide. Auparavant, John et Nathan m’avaient suppliées de venir avec eux en expédition dans la jungle entourant Tikal. Je vérifiai si toutes nos bouteilles étaient bien remplies. Nous commençâmes notre marche en rappelant au conducteur de revenir après l’heure du dîner. John emprunta un chemin qui allait nous mener au centre de la forêt mystérieuse. Les cimes des grands arbres nous protégeaient des rayons du soleil, mais l’humidité nous faisait transpirer. Luma chanta des chansons mayas qu’elle avait apprises avec son professeur d’espagnol. Des singes hurlants et de petites bêtes au sol attirèrent mon attention. John s’arrêta et nous entraîna hors du chemin. Il croyait que c’était un raccourci pour arriver à la destination prévue. Il coupa les branches qui nous enfermaient dans la forêt. Laure nous indiqua les noms des animaux que nous avions rencontrés. Elle avait trouvé ces informations dans son magazine, « Découvrir tous les animaux du monde ». Nathan marcha à côté de John et lui montra les branches à couper avec la machette. Je regardais la nature qui m’entourait. Je vis de petites fourmis rouges qui essayaient de grimper dans mes bottes de marche et des oiseaux aux mille couleurs qui chantaient de leur voix mélodieuse. Quand nous nous arrêtâmes pour boire, je observai des empreintes d’un animal immense. Je demandai à Laure de prendre son magazine. Quels animaux possédaient ces pattes? Laure ne put trouver l’information mais, avec son esprit d’aventurière, elle voulut suivre ces empreintes. John était d’accord pour suivre ce chemin car nous pourrions peut-être trouver des lacs d’eau douce dans cette direction. Nous suivîmes les traces et nous découvrîmes un espace éloigné au cœur de la forêt. Le brouillard couvrait la canopée de la forêt. D’immenses roches se dressaient sous forme de pyramide et Luma cria de joie d’avoir trouvé les ruines d’un temple. Nathan regarda le GPS et ne put pas se repérer. Pendant ce temps, John enleva la mousse qui couvrait des fresques situées en bordure du temple. Je vis un trou assez grand pour qu’un corps humain puisse y passer. Je regardai et essayai de voir à l’intérieur du trou noir. Soudain, j’entendis les ronronnements d’un fauve. Je tapai sur le sol pour voir si 2 ce monstre aurait une réaction. Puis, une ombre sauta au-dessus de ma tête. Mes amis courraient dans ma direction. Un jaguar au corps transparent comme la brume laissa ses traces par terre. Il nous fixa avec ses yeux noirs d’encre. John pointa sa machette vers lui, mais celui-ci ne recula même pas. L’animal commença à murmurer des mots que je ne comprenais pas. Soudain, Luma, comprit que le jaguar chantait une chanson maya qu’elle avait apprise quand elle était petite. Elle dit que c’était la chanson de la mort utilisée lors des enterrements des rois et des empereurs. Nathan jeta de la terre en direction du jaguar mais, rien ne le fit bouger. John nous cria de rentrer dans le temple. Il commença à courir pour s’enfoncer dans la jungle. Laure lui avait dit de laisser sa machette par terre avant de fuir. Nous suivîmes le plan de John qui essaya d’attirer l’attention du jaguar et courûmes en direction de la ville. L’ombre accompagna notre ami en fuite. Cet animal ressemblait à un cumulus prêt à déverser son eau. Je priai que John fût sauvé et non pas dévoré par cette ombre féroce. L’intérieur du temple était sombre. Ma lampe éclaira la première salle où se trouvaient des escaliers qui descendaient sous terre. Nathan trouva une torche par terre et l’alluma avec une allumette qui tira de son sac. Je descendis en premier et mes amis me suivirent à la queue leu leu, comme à l’école. Laure et Luma voulurent rester dans la première salle parce qu’elles avaient peur des chauves-souris. En descendant les escaliers, nous entendîmes le souffle du vent qui venait des trous percés entre les pierres. Au cœur de la salle souterraine se tenait une grande tombe entourée de murs recouverts de fresques colorées. Sur le tombeau demeuraient des plateaux d’argents et un vase maya. Les fresques racontaient l’histoire d’un roi maya. Je demandai à Nathan d’essayer d’interpréter les fresques car c’était un spécialiste de BD. Quand nous étions petits, il en lisait toute la journée. Il observa les fresques avec ses yeux marrons, couverts de lunettes d’intellectuelle toutes rondes. Il marcha de fresque en fresque et ne dit rien. Il regarda la tombe avec curiosité. Nous lui demandâmes ce que les fresques signifiaient et il répondit simplement en disant « Oh, je comprends ». Puis, il monta sur la tombe et enleva les plateaux et le vase. Il nous appela pour l’aider à ouvrir le tombeau. Nous commençâmes à penser qu’il était 3 devenu fou. Laure m’amena à côté du tombeau et nous poussâmes le couvercle et le déposâmes par terre. Je pouvais sentir mes muscles se contracter sous la lourde charge. La peur me faisait frissonner en pensant qu’il allait peut-être se trouver un squelette dans cette cage de pierre. Je crus que nous allions trouver une momie, mais nous découvrîmes des escaliers qui descendaient encore plus profondément dans la pyramide. C’est alors que Nathan nous expliqua que les fresques vues plus haut racontaient l’histoire d’un homme qui quittait son village et allait s’allonger dans un tombeau. Il ajouta que, sur la dernière fresque, il avait remarqué ses yeux ouverts. Nathan en conclut que le tombeau avait un air secret et mystérieux. Je pris la lampe et illuminai les marches couvertes de toiles d’araignées, d’araignées et de poussière. Nous descendîmes lentement les escaliers qui nous menaient vers un couloir étroit et très long. Ce couloir nous emmena dans une salle carrée où la surface de la table en pierre était recouverte de signes mayas. Laure commença à déplacer les pierres en forme de mosaïque comme si c’était un puzzle. Soudain, le mur derrière nous se referma. Nous étions enfermés dans cette salle souterraine sans espoir d’en sortir. Laure continua à jouer avec les pierres et fit une ouverture sur le plafond. Elle était trop haute pour y accéder alors nous continuâmes à bouger les pierres. Après quelques essais, quatre pierres sortirent du mur comme des tiroirs et mirent à jour des marches. Nous escaladâmes ces pierres et sortîmes à côté de l’acropole principale de Tikal. Dehors, l’air frais envahit nos poumons. Nathan sortit son GPS et dit que nous pourrions retrouver la ville avant le lever du soleil. Nous courûmes dans la forêt dense et sombre en espérant que nous survivrions aux créatures de la jungle. Luma avait peur d’être dévorée par un animal sauvage. Nous commençâmes à marcher et je pensai à John. Est-ce qu’il allait retrouver la civilisation ou avait-il déjà été dévoré par l’ombre ? À cette pensée, je frissonnai. Nous trouvâmes une piste dans la jungle et décidâmes d’attendre là qu’un véhicule passe. Trois heures plus tard, un vieux camion au moteur bruyant et qui dégageait l’odeur qu’on respire dans une ferme, s’arrêta pour nous aider. C’était un vieux marchand qui allait probablement vendre ses poules au marché tôt le matin. Je lui demandai si nous pouvions monter dans son camion pour aller au 4 centre-ville. Il accepta. Laure et moi montâmes à côté de lui. Luma et Nathan s’étaient assis au milieu des cages de poules. On roula pendant une heure puis on vit les premiers signes de civilisation : des maisons, des fermes et des vaches se reposant dans les prairies. Nous arrivâmes finalement au centre-ville où nous courûmes directement vers le bureau de police. Nous nous séparâmes. Laure et Luma allèrent à l’hôpital pour voir si John y était. Nathan et moi, courûmes parler aux policiers qui contactèrent nos parents. Ils étaient malheureusement sans nouvelles de John. Nous commençâmes à nous inquiéter quand le policier nous promit de le retrouver. Les policiers décidèrent de partir dans un hélicoptère et me demandèrent de venir avec eux. Mes amis restèrent dans la salle d’attente avec des couvertures et de l’eau, attendant désespérément que le téléphone sonne enfin. Je pouvais voir Nathan essayant de lire un magazine, Laure en train de pleurer pour John, et Luma en train de composer une chanson pour John. Le policier dans l’hélicoptère me tendit un masque et je lui donnai les coordonnés du point de départ de l’expédition. Les villes, les maisons et les voitures devenaient aussi petites que des fourmis. Nous volâmes au-dessus de la canopée de la forêt dense. Les oiseaux tournaient en ronde et repartirent en nous voyant. Je demandai au pilote de voler plus bas pour mieux voir à travers la cime des arbres. Je vis les singes hurlant sauter d’arbres en arbres et les oiseaux s’envoler en direction des montagnes. L’hélicoptère ralentit chaque fois que le policier croyait voir quelque chose. Nous survolâmes pendant deux heures la région quand, tout à coup, je vis une tache rouge sur la terre recouverte de végétation. Je demandai au pilote de s’approcher et je reconnus la veste de John. Le pilote laissa le policier descendre de l’appareil avec un treuil. Je crus voir l’ombre du jaguar s’enfuir non loin du corps de John. Habilement, le policier ramena le corps de John dans l’hélicoptère. Ses mains étaient couvertes de sang. Je l’aidai à soigner les blessures de mon ami. Le seul mot audible à mes oreilles qu’il dit fut « Merci ». Le pilote contacta la police pour prévenir mes amis : « John est retrouvé. Rendez-vous à l’hôpital. ». Quelques minutes plus tard, l’hélicoptère atterrissait sur le toit et les infirmiers en blanc attendaient John. Ils le sortirent d’abord et m’aidèrent ensuite à descendre de l’appareil volant. 5 Dans la salle d’attente, nos parents nous rejoignirent et nous posèrent beaucoup de questions. On leur raconta l’aventure mystérieuse que nous venions de vivre. Leurs réactions nous déplurent. Ils ne nous croyaient pas. Un peu plus tard, le policier nous dit qu’il n’avait pas pu retrouver les ruines du temple. Après deux semaines passées à San Benito, mes amis et moi décidâmes de refaire le même chemin autour au cœur de la forêt tropicale de Tikal. Nous voulions montrer aux parents et aux policier les ruines que nous avions découvertes. Nous prîmes le chemin de la jungle et après quelques heures de marche, déçus, nous nous avouâmes vaincus. Nous n’avions pas pu trouver les ruines. J’avais cru que nous aurions pu retrouver le chemin grâce aux branches coupées par la machette, qui devaient recouvrir le sol. Après avoir tourné en rond dans la forêt, nous décidâmes d’arrêter les recherches. De retour en Californie, je pensai que peut-être d’autres personnes allaient subir les horreurs de la jungle, que nous avions vécues. Je sentais que je ne pouvais malheureusement rien faire pour épargner les vies d’autres jeunes explorateurs. Cela me désespérait et j’espérais qu’un jour, je pourrais retrouver dans la jungle de Tikal, le temple mystérieux. Je voulais prouver à mes parents que ce que nous avions vécu était bien la réalité et que c’était une région mystérieuse, mais aussi dangereuse. Je montrerais que mon aventure vécue n’était pas une simple hallucination mais la réalité, car cette réalité, si elle était un rêve pour eux, faisait partie de ma vie. 6 Pour GEO, une nature intacte, par Chloé Il y a à peine trois semaines, les rédacteurs de ce cher magazine GEO se sont décidés à envoyer un reporter au Yucatán pour faire une enquête sur l’écotourisme dans cette région tropicale du Mexique. J’ai sauté sur l’occasion pour m’offrir des vacances tous frais payés et, deux jours plus tard, j’étais dans un bateau qui fonctionnait au biodiesel en route vers le Golfe du Mexique. Après un arrêt à Cancún, une ville côtière très construite entourée d’une jungle qui me paraissait, à l’époque, impénétrable (au bout de quelques jours passés à trimballer un sac à dos lourd au milieu d’un enchevêtrement de lianes et de racines, j’ai bel et bien changé d’avis), j’ai visité plusieurs sites Mayas charmants. Les façons dont j’ai apprécié ces sites étaient assez singulières. Pour rester fidèle aux principes de l’écotourisme, je me suis engagée à ne pas influencer la culture indigène en oubliant la mienne, malgré mon envie d’enfiler de bonnes bottes en caoutchouc et de porter une moustiquaire étanche sur ma tête. Je n’allais tout de même pas échapper à mon identité d’européenne : j’ai les cheveux blonds et je suis d’une pâleur surprenante. Il a aussi fallu que je travaille mes muscles sans cesse, fut-ce en marchant ou en m’agrippant à la crinière de mon ânesse Rosa, qui, disait mon guide, avait « una personalidad muchísima interesante », ce qui, pour moi, se résumait à m’envoyer par terre à la première occasion… très intéressant ! Pourtant, toutes les deux, nous avons fait un bon voyage, ce qui se résume par un séjour d’une nuit au pied de la pyramide principale de Chichen Itza, el Castillo, et d’autres, suspendues à un arbre, protégées à chaque fois par du matériel biodégradable. Cela rimait toujours avec « attaque de moustiques incontrôlables » et « sac de couchage trempé ». Ça n’était pas le luxe, mais tout de même, je me suis amusée ; l’expérience était inoubliable. Même à cette phase du voyage, pourtant la plus ennuyeuse comparée au reste de mon aventure, le nombre d’artéfacts que j’ai vus était frappant. Le quatrième jour de mon voyage, tout a basculé. Notre groupe de trois se promenait dans la forêt en direction de ruines archéologiques peu connues au sud de Chichen Itza, quand, accompagné par des craquements de fin du monde et 7 un envol assourdissant d’oiseaux, un corps arriva, vraisemblablement du ciel, et atterrit avec un « BOUM ! » retentissant. L’ânesse s’est ébrouée, le guide est tombé dans un nid de fourmis rouges et j’ai tourné la tête en hurlant : l’homme ne portait qu’un slip marron qui laissait voir une masse terrible de graisse flasque, ce qui acheva de me répugner. Il regarda autour de lui avec surprise, puis commença à crier dans une langue incompréhensible. Autour de moi, la forêt s’est rapidement vidée, les branches vertes se sont dépeuplées de leurs animaux. Le guide, lui, n’était pas parti. Il se relevait avec peine, tout en brossant ses habits du bout de ses doigts pour y déloger les fourmis qui lui suçaient le sang. L’ânesse, elle, était restée tranquille dans un coin : elle mastiquait des petites fleurs rouges qui faisaient un bruit de froissement en s’écrasant entre ses chicots jaunes, presque aussi ignoble que le bruit qu’avait fait l’homme en slip lorsqu’il avait traversé le feuillage. Le guide commença à s’égosiller dans la même langue que l’homme qui venait manifestement de cette région car il avait des longs cheveux noirs, des yeux de même couleur et une peau mâte. Pourtant, à ce moment là, je n’étais pas sûre de sa nationalité : il était tellement enveloppé par sa graisse, qu’il aurait pu être un touriste ayant passé deux jours au soleil et tout juste venu de France. J’ai appris plus tard par l’intermédiaire du guide qu’il venait d’un village de mayas qui se trouvait un peu plus au nord du Mexique et qu’il parlait un dialecte ancien du maya yucatèque. Après quelques minutes de communication, le guide se retourna vers moi et me dit dans un mauvais anglais : —Cet homme, qui s’appelle Acan, dit que sa fille est devenue folle, et il nous demande de l’aider à retrouver ses esprits. Acan dit seulement qu’elle porte des habits bizarres. Il me semble qu’il décrit un short et un t-shirt occidentaux. —Dis-lui que nous allons l’assister, répondis-je en regardant dans les feuillages au-dessus de ma tête pour comprendre par quel moyen l’homme énorme avait pu arriver à cet endroit. Je vis quelques singes curieux passer leurs têtes entre le fouillis épais de branches, mais aucun signe d’échelle ou de passerelle. Acan me donna vite la réponse à ma question en se hissant avec peine à un arbre. L’épreuve de la montée fut complètement oubliée au moment même où notre petite équipe, sans Rosa, qu’on avait laissé à mâchouiller un arbuste, atteignit une plate-forme à une hauteur époustouflante. Là, les cahutes autour de nous, 8 construites en bois et en lianes, étaient suspendues en pleine forêt. Ces cabanes, quelques dizaines, touchaient le ciel, mais leurs murs de feuilles de palme ressemblaient à des robes végétales ornant la jungle. —Si les archéologues ont raison et si ces personnes sont vraiment des Mayas, elles ont construit le tout sans outils en métal, chuchota le guide. Acan a conduit notre groupe chez lui où une jeune fille d’une quinzaine d’années ouvrit la porte— du moins, elle écarta le rideau de lianes d’un vert sombre qui pendaient devant une ouverture encadrée de bois clair. Elle avait les mêmes yeux et les mêmes cheveux que son père, mais la ressemblance s’arrêtait là. La jeune fille était filiforme et, par-dessus tout, portait, heureusement, des habits complétement différents que ceux de son père. Elle était habillée de shorts usés et d’un t-shirt tamponné d’un logo d’un groupe musical obscur. Je ne trouvais rien de bizarre à cette tenue, mais, visiblement, elle affolait le père qui commença à parler de façon urgente à mon guide. —Acan veut que nous la guérissions, traduisit ce dernier. La jeune fille, en entendant une langue étrangère, commença à parler hystériquement en espagnol mexicain avec un accent bizarre, probablement maya. Mon ami le guide traduisit rapidement ses paroles : —Elle dit qu’elle s’appelle Ixazaluoh. Elle demande si nous sommes des étrangers bucherons. Elle dit que nous sommes bizarres pour des bucherons. Elle dit qu’ils ne portent habituellement pas des habits mayas. Que faut-il que je lui réponde? —Dis-lui que oui, nous sommes des étrangers, mais que nous ne sommes pas bucherons, répondis-je en regardant des gens en habits mayas traditionnels passer sans nous accorder un regard. Le guide fit ce que je lui demandais et la jeune fille nous regarda avec surprise, puis, d’après le guide, nous interrogea sur la raison pour notre présence. Je lui répondis, par voie de mon intermédiaire de service, que j’étais journaliste, tout en lui expliquant mon métier. Un oiseau roucoula dans un endroit lointain, apparemment revenu après la peur causée par Acan, qui se tenait assis par terre avec un verre de liquide rouge à la main, probablement du vin. La fille s’excita encore plus et nous expliqua que, depuis une certaine période de temps, des bucherons venaient et coupaient les arbres dont dépendait son peuple. Je l’avais 9 vu moi-même : des hommes avec des tronçonneuses énormes dépeçaient les troncs d’arbres superbes et énormes. La jeune fille m’a expliqué, qu’en fait, elle essayait de sauver sa famille en la convertissant à la modernité. Sa logique suivait ce cours : si sa famille, dans laquelle il n’y avait plus qu’elle et son père, s’adaptait aux idées des bûcherons, peut-être qu’il serait plus facile de s’habituer à vivre hors des arbres. Acan, lui, ne comprenait rien aux idées de sa fille ; il préférait siroter un verre de ce vin bizarre, allongé sur une paillasse de lianes séchées. Peut-être était-ce aussi la raison pour laquelle il croyait sincèrement à la folie de sa fille- les hommes ont peur de ce qu’ils ne comprennent pas, et l’histoire des bûcherons en plus de ce changement dans le comportement de sa fille étaient deux choses bien trop compliquées pour que ce personnage énorme et très savant les comprennent. Avec toutes ces idées sur l’écotourisme qui me passaient par la tête, je me suis dit que ce serait vraiment une triste histoire si Ixazaluoh et son père devaient changer complètement de culture pour se retrouver dans une société qui les opprimerait. En plus, je crois sincèrement que cette jeune fille changeait avec beaucoup de regrets : elle savait bien que son peuple mourrait, s’ils étaient brusquement expulsés hors des arbres, alors, de toute façon, sa culture était perdue. Moi, je savais bien que sa famille, sans aide et influencée par cette culture « bizarre » serait la proie des discriminations : les grands groupes peuvent bien se défendre, mais deux personnes ne sont pas en mesure d’affronter les insultes. Ainsi, depuis, je me suis décidée à les aider. Je reste dans cette région du Yucatán pour écrire des reportages régulièrement sur cette famille et leurs voisins, mais aussi pour les aider en les rendant célèbres. De jour en jour, je rédige des pétitions pour sauver ce petit bout de jungle et ses singes curieux, ainsi que ses oiseaux flamboyants. 10 Les vacances entre amis, par Daniel Je commençais une autre longue journée à travers la jungle du Mexique, avec une dizaine d’amis. Nous nous enfoncions dans la forêt vierge dans le but de découvrir un nouveau site, seuls, sans guide, que nous avions laissé au site archéologique de Coba, et sans route, seulement nous et la forêt sans fin. Nous étions sur le chemin depuis des jours et nous avions seulement assez de nourriture pour le voyage de retour au site archéologique. Je dirigeais le groupe. L’idée d’aller dans un site archéologique venait de ma mère. Je me rappelais de notre conversation la veille de notre départ pour le Mexique. — Il faut que tu sortes de la maison, tu ne fais rien ici ! s’était-elle exclamée le premier jour des vacances d’été. — Non, je déteste quitter la maison, tu le sais bien, répondis-je. — Voyons, tu vas voyager à l’étranger, sans tes parents… Quelle chance ! Je ne suis jamais allée dans la jungle du Mexique… Tu partiras pendant un mois. Quel bonheur de vivre sans jeu-vidéo, sans ordinateur, sans téléphone. Tu sais, tout le monde n’a pas cette chance, déclara ma mère. — Non, je ne peux pas vivre sans jeux-vidéos, annonçai-je. — Tu iras vivre avec les archéologues, c’est un programme que j’ai vu sur l’Internet. J’ai aussi parlé avec les parents de tes amis, qui sont d’accord pour envoyer leur enfants avec toi, répondit Maman, tu pars demain. Ça, c’est ma mère, toujours à décider pour moi ; je pensais à cela quand soudainement, j’entendis un cri qui venait de la personne qui traçait le chemin. Je courus et vis une pyramide d’origine maya. Tout le monde était excité, alors je dis : — Nous allons retourner au camp pour prendre de la nourriture et des outils, mais sans prévenir les adultes, comme cela, nous serons les découvreurs d’une nouvelle pyramide ou d’un grand trésor. Tout le monde était d’accord avec mon plan, et nous retournâmes au camp ; le chemin de retour nous prit seulement un jour. Quand nous sommes arrivés à notre campement, nous avons mangé un bon repas, et nous sommes 11 endormis très tôt en pensant au voyage de retour vers temple secret. Le lendemain matin, nous sommes partis pour la pyramide ; en route, nous fûmes exposés à des attaques de fourmis et de serpents venimeux. Nous étions si excités que nous sommes arrivés avant que le soleil ne se couche. Nous avons alors décidé de camper pour la nuit. Malheureusement, les moustiques nous attaquèrent dès que le soir était tombé, et nous nous sommes réveillés couverts de piqures. Nous pénétrâmes dans la pyramide quand soudain quelque chose apparut, c’était le serpent le plus venimeux du Mexique. Il mordit mon ami Paul, alors nous avons couru jusqu'à l’entrée de la pyramide, quand une grosse pierre tomba devant l’ouverture. Paul était déjà mort. Je pris le téléphone portable que m’avait donné un archéologue avant de partir, j’appelai la police, et dit qu’il y avait un mort et que nous étions perdu. Malheureusement, il me dit qu’il ne pouvait rien faire puisqu’il ne savait pas où on était. Alors, je lui donnai la référence du site archéologique, il nous promit de venir mais que cela prendrait peut-être longtemps. Nous nous sommes promis de revenir chercher Paul, mais nous nous sommes enfuis et nous nous sommes retrouvés dans un labyrinthe tropical. Je dis à mes amis qu’il nous fallait rester ensemble, mais après avoir emprunté quelques passages au hasard, nous avons perdu Charles et ne n’avons pas pu le retrouver. Tout à coup, un maya apparut. En fait, j’avais vu quelque chose par terre et, quand je levai les yeux, je vis tout de suite qu’il était là, très grand et musclé aux cheveux noirs, au visage rond et aux yeux en amande. Il attrapa George et lui trancha la tête. Cela faisait deux morts en moins de cinq minutes. Le Maya disparut instantanément. J’étais très triste mais je savais que je devais continuer à courir sinon, je serais tué. Nous avons entendu un cri, c’était Charles ; nous avons suivi le son mais quand nous sommes arrivés, il était trop tard, nous vîmes le cadavre de Charles avec deux petits trous dans sa jambe, il avait été mordu par le serpent qui, pensions-nous, devait être le même qu’à l’entrée. Mais un ami, qui avait étudié la mythologie maya avant de partir, nous dit que les Mayas croyaient en quelque chose appelé un µay ; ce µay correspondait à l’animal dans lequel s’incarnait chaque personne Maya. Il autorisait la métamorphose de l’humain. Nous le crûmes puisqu’il adorait histoire. Nous pensions alors que c’était le Maya que nous avions vu et qui était le gardien de la 12 pyramide. La pyramide est grande, usée par le temps. Elle était construite de blocs de pierres qui étaient maintenant couvert de mousses, il avait aussi des trous et des fissures en peu partout, je ne l’ai pas trouvée très belle. Nous avons décidé de continuer pour trouver une autre sortie de cette mauvaise pyramide. Cette fois nous marchions avec soin, j’étais en tête, le poste la plus dangereux. Nous marchions depuis dix minutes sans que rien ne se passe. J’entendis certains de mes amis sangloter, à cause de la disparition de Paul et de Charles, non seulement de chagrin, mais parce qu’ils avaient peur à leur tour. Nous trouvâmes un escalier qui montait très haut, nous le grimpâmes en silence et en espérant que cela nous permettrait d’accéder à la sortie, quand soudain, je distinguai un cri. Je me retournai et vis qu’une partie du plafond s’était écroulée sur mon ami Baptiste. Il était mort, une grosse pierre était tombée directement sur lui. Nous avons tous pleuré parce que Baptiste était un de nos meilleurs amis et que tout le monde l’aimait. Le voyage tournait mal, et nous en souffrions tous. Mais nous pûmes voir la lumière du jour grâce au plafond écroulé. Nous grimpâmes les dernières marches, et nous parvînmes à sortir par une dalle du temple, au sommet de l’édifice. Nous descendîmes lentement et avec soin puisque la pente était très raide. Il faisait presque sombre, car nous avions passé presque toute la journée dans ce piège. Nous étions enfin sortis de cette maudite pyramide. Nous décidâmes de dormir un peu plus loin parce que personne ne voulait être proche de tous ces morts. Le lendemain matin, après une nuit sans sommeil, nous sommes partis pour le camp. Quand nous sommes arrivés, nous avons expliqué tout ce qui s’était passé aux archéologues du site. Les archéologues appelèrent la police, qui était déjà en route et ils arrivèrent quelques minutes plus tard. Cette histoire est le récit que j’ai donné à la police. Je la diffuse pour montrer les dangers des pyramides mais aussi pour défendre l’idée qu’une civilisation Maya existe toujours. 13 La résurrection du monde perdu, par Emily Je retins un cri de douleur lorsqu’une branche d’arbre me fouetta la figure. Cela faisait trois heures que je cheminais dans la jungle derrière un guide. Je repensai à ces quelque mois auparavant lorsque mon chef m’avait demandé d’écrire un article sur le développement de l’écotourisme pour visiter les cités et pyramides Maya sans détruire l’environnement. J’avais essayé de le dissuader. Moi, dans la jungle! Cela me paraissait impossible. Mais après que toute ma famille me dit que cela me ferait du bien, je ne pus résister. C’était donc comme cela que je me retrouvai sur un âne à me casser le dos et à me faire écorcher ma figure. Quelle image ridicule je donnais. Le touriste européen au milieu de la jungle en train de jurer toutes les deux minutes, juste bon à prendre des photos et à se faire piquer par les bêtes ! Le guide m’annonça quelque chose en Maya. J’avais appris un peu de la langue avant de partir donc je pus comprendre que l’on arrivait à une vieille pyramide. Je lâchai un soupir de soulagement. J’avais enfin atteint mon but. Je ne devais plus me mordre les lèvres pour ne pas crier de douleur. Distrait, je n’aperçus pas la branche qui me fit tomber de l’animal. En me relevant, je réalisai que ma grosse bague attachée à une chaîne autour de mon cou s’était détachée. Je la repris et réalisai que la pierre où je me trouvais avait le même motif que celui de ma bague! D’une main tremblante, j’appuyais ma bague sur le dessin et entendis un bruit qui fit trembler la roche. Le guide commença à dire quelque chose mais je n’y prêtai aucune attention. Mon cœur se mit à battre très vite et je retins mon souffle. Je me relevai et pris mes sacs du dos de l’âne. Soudainement, la dalle se retourna et je lâchai un cri de surprise. Je soupirai. C’était la deuxième fois que je tombai aujourd’hui! En haut, j’entendis le guide crier en Maya : — Il est tombé dans la pyramide sacrée. Il faut partir avant que le dieu ne le dévore! Le guide prit le mors de l’âne et il partit en me laissant seul. Je criai pour le rappeler mais il semblait ne pas m’entendre. Je décidai de me sortir de ce trou tout seul. Je regardai autour et décidai que la meilleure façon de sortir était de 14 grimper aux parois. Je me levai, récupérai ma bague et l’attachai à mon cou. Elle appartenait à mon grand-père. Je passai ma main sur les parois et découvris avec horreur qu’elles étaient lisses comme un crâne. Décidant de ne pas paniquer, j’ouvris mon sac et sortis une corde attachée à un crochet. J’essayai plusieurs fois de la lancer hors du trou en espérant qu’elle s’accroche à une branche. Après plusieurs essais, j’arrêtai et bus une gorgée d’eau. Je conclus que cela ne marcherait pas. Je sortis mon téléphone portable et jurai lorsque je réalisai que je n’avais pas de couverture. Je me désolai de mon sort et me mis à rire hystériquement. J’allais mourir pour un stupide reportage ! Je restai plusieurs heures dans le trou et, par curiosité, commençai à observer mes alentours. Des fresques ornaient les pierres et représentaient des scènes de guerres. Les doigts sanglants des prisonniers me choquèrent. Les Maya semblaient atroces ! Dire qu’ils faisaient tout cela pour des Dieux ! Les fresques décrivaient des scènes où les Dieux parlaient aux rois Maya. Je tremblai à l’idée de rencontrer un de ces Dieux féroces. Comme si les Dieux m’avaient entendu, un grondement se fit entendre dans le noir, qui me fit paniquer au point que je transpirais. Je me retournai rapidement et regardai droit dans les yeux jaunes et menaçant d’un animal féroce, bien vivant. J’aurais préféré le voir en peinture. Le jaguar s’avança et je regardai autour de moi, cherchant désespérément une arme. Je pris ma lampe de poche et l’allumai. J’éclairai le jaguar et réalisai que cette femelle protégeait ses petits. Les bébés jaguars se réfugièrent derrière leur mère. Je regardai cette dernière et la vit s’avancer lentement vers moi. Mon sang se glaça et mon cœur se mit à battre à toute vitesse. J’allais mourir atrocement. J’ouvris ma bouche mais aucun son ne sortit. Je fermai mes yeux et mis mes bras devant moi, protégeant ma figure. Quand je ne sentis aucune douleur, j’ouvris un œil puis l’autre. Finalement, ce que je vis me laissa abasourdie et stupéfaite. Devant moi, se dressait un homme vêtu de peau de jaguar et de plumage d’oiseau. Je le reconnus comme un Maya immédiatement. Cela ne faisait aucun doute. Je vis seulement que sa tête semblait allongée, aplatie. Il me regarda et dit quelque chose Maya au jaguar. Elle plia ses pattes, s’accroupit, et commença à se lécher sa fourrure. Ses petits vinrent la voir en sautant autour d’elle. — Je t’attends depuis longtemps, Piettre de Suisse, annonça l’homme mystérieux. 15 Je ne dis rien. J’étais stupéfait. Cet homme mystérieux m’avait sauvé des griffes du jaguar. De plus, pour une raison inconnue, il connaissait mon nom! Après être revenu de mon choc initial, je réalisai que je ne savais pas comment il était parvenu à arriver dans le trou. J’ouvris ma bouche pour le lui demander lorsqu’il m’interrompit : — Je suis Itzamn, mais je parle pour toute la culture Maya. Lorsqu’il vit mon regard confus, il m’expliqua qu’il avait fait apparaître la branche pour que je tombe sur la dalle. J’en conclus aussitôt qu’il était fou. Apparemment, les Dieux avaient besoin de mon aide. Dans mon monde, j’étais quelqu’un de très influent et je pouvais changer la façon dont les personnes pensaient. Les Dieux Maya voulaient que je les aide à conserver leurs pyramides et le peuple des Forêts. Il me révéla que son peuple vénérait les mêmes Dieux que les Mayas. Mes genoux ne purent plus me soutenir et je tombai sur les fesses. Cela me semblait absurde, les Dieux Maya n’existaient pas ! D’un autre côté, quelque chose dans les yeux d’Itzamn me fit changer d’avis. Bon, supposons qu’ils existent. D’après tout, Itzamn connaissait mon nom alors qu’il n’y avait aucune façon qu’il puisse le connaître. Les Dieux Maya voulaient que moi, le reporter Suisse, je les aide à sauver la culture Maya. Cela me semblait surréel, mais comment aurais-je pu refuser ? — Que dois-je faire ? lui demandai-je, en notant l’écho de ma propre voix, preuve que je ne rêvais pas. Il m’expliqua qu’il me donnerait toutes les informations qu’il voulait révéler au monde. Les Dieux avaient décidé que tout le public pourrait voir les secrets mayas du moment qu’ils ne les détruisaient pas. Itzamn voulait que j’écrive des articles sur les Maya en mettant en valeur l’importance de la conservation des pyramides et les cités locales. Après plusieurs heures de débats et de témoignages, Itzamn me montra la sortie du trou et me dit de savourer ce qui restait des Mayas. Je marchai le long du chemin pour arriver au centre archéologique, ma destination initiale. Là-bas, le guide m’attendait nerveusement. Je ne lui expliquai pas ce qui s’était passé tout de suite, car il m’avait abandonné. Plusieurs jours après, je visitai plusieurs pyramides et cités Maya en prenant des notes 16 détaillées. Ces découvertes approfondirent ma passion pour cette région du monde, et je devins un fervent admirateur de ce peuple disparu. Lorsque je rentrai en Suisse, je me mis immédiatement à écrire les articles qui défendaient la culture des anciennes civilisations yucatèques. Itzamn m’avait dit de me dépêcher. Après un an, j’avais publié plusieurs articles et un livre détaillé sur la vie Maya. Il ne restait plus qu’à espérer que mes livres suffiraient à protéger cette civilisation magistrale. 17 Le Jaguar, par Floriane La cloche sonna, «driiiiiiiiiiiiiiiing!» — Papa! Mon fils s’élança vers moi en criant: — C’est les vacances. S’il te plaît, papa, raconte-nous ton voyage. — Mais je l’ai déjà raconté à Noël! Tu ne veux pas que je parle d’autre chose? — Non, c’est mon histoire préférée. Ce soir, au lit, je veux l’écouter. — Oui, oui, crièrent ses frères, en nous rejoignant. Je vivais en France et j’étais marié. On m’appelait Stéphane. Mes quatre enfants adoraient que je leur raconte une aventure de jeunesse qui m’était arrivée lors d’un voyage dans le Yucatán, dans les années 90. Ce soir-là, nous nous installâmes dans leur chambre, et je commençai à leur conter mes aventures. — Lorsque j’étais jeune, je vivais en Bretagne. J’avais à l’école deux super copains, Paco et Safir, et une copine, Laurence qui est votre mère maintenant. Nous trois allions partir pour le Yucatán car nous avions un projet en sciences sur la végétation et les plantes. Nous avons pris un avion. Arrivés à l’aéroport, nous avons raté notre bus pour Cancun. Il fallait attendre trois heures avant que le prochain bus arrive pour cette destination. Pendant ces trois heures je lus un livre intitulé La mémoire d’eau. Quand le bus arriva, nous montâmes à bord. Le trajet fut interminable. En effet, les roues plongeaient dans les grands trous pleins d’eau, les branches des palétuviers venaient rayer les fenêtres du bus dans un bruit infernal. Le véhicule s’arrêta à Izamal. Nous sommes descendus Safir et moi, pour acheter des cartes de la région, car nous ne voulions pas errer dans la forêt pendant des heures. Après nos achats, nous rejoignîmes Laurence et Paco qui étaient allés louer deux chevaux. Arrivés là-bas, nous avons commencé à charger les chevaux avec tout notre matériel. Moi et Laurence, nous prîmes un cheval, Paco et Safir montèrent sur un autre cheval. Nous partagions la selle avec notre compagnon. Nous avons commencé le trajet. J’étais épuisé. Laurence dirigeait le cheval pour moi. Après deux jours de voyage, nous avons installé notre campement et commencé nos recherches sur la végétation. Safir alla chercher 18 notre matériel dans nos sacs à dos pour prendre des prélèvements de la végétation. Pendant ce temps, j’accrochai les cordes des chevaux sur un arbre, pour ne pas qu’il s’enfuient. Paco lui inspectait les alentours afin de trouver un emplacement idéal pour monter notre campement. Pendant ce temps, Laurence cherchait une cascade afin de nous rafraîchir. Soudain, Paco cria : -AH AH AH. Stéphane, Safir, Laurence venez m’aider, je suis coincé. Apportez une corde. J’allai chercher la corde et la trousse de secours au cas où il saignerait. Safir et Laurence s’étaient rués vers Paco. Il était tombé dans un trou profond qui avait dû être recouvert par la végétation, mais pas assez solidement pour soutenir un poids lourd comme Paco. Nous ne pouvions même pas le distinguer tellement il faisait sombre et tant le trou était profond. Je fis un nœud autour de l’arbre le plus proche avec la corde. Laurence se prépara à descendre le rejoindre puisqu’il se plaignait de ne plus pouvoir bouger sa jambe. Safir, lui, était en train de préparer un lit pour Paco. Laurence était équipée d’une lampe de poche et d’un mousqueton pour accrocher Paco à elle et pour le remonter. J’examinai cela avec une grande attention, c’était épatant de voir comment Laurence était forte pour l’escalade. D’où je me postais, je lui indiquai où elle pouvait avoir de bonnes prises, pour ne pas rester coincée. Arrivée en bas, avec sa lampe torche, elle éclaira l’endroit : Elle s’écria : —Je vois Paco. Stéphane, il y a des fresques, je crois qu’il est tombé dans un temple. Je lui répondis : —Nous pourrons l’explorer demain, mais il fait trop sombre, nous allons nous perdre. En quelques bonds impressionnants sur la paroi, elle arriva jusqu’à Paco. En moins de quatre minutes. Elle l’avait accroché solidement à elle, alors que moi, j’aurais pris un temps infini et je ne garantis même pas que le nœud ne se serait pas défait pendant l’ascension. Elle me fit signe que c’était bon, et que moi et Safir pouvions les remonter. Sans 19 hésiter, nous avons commencé à tirer sur la corde. Nous étions tous les deux forts ; cependant, sans vouloir médire, ils étaient lourds comme un sumo. Une fois arrivée jusqu’à nous, Laurence détacha Paco, blessé. Puis nous le portâmes jusqu’au lit, préparé par Safir. Il avait mis Paco sous les branches d’un Arganier, sur l’herbe qui n’étaient pas mouillée, il avait placé une couverture très confortable, bleu-claire très douce. Sur le côté, il avait préparé du bois pour faire du feu, et installé un bol rempli d’eau qui venait de la bouteille que nous avions remplie à Cancun. Enfin, il avait ouvert la trousse de secours que je lui avais lancée avant qu’il parte préparer un lit pour Paco. Sa jambe saignait légèrement. Avec du coton, j’avais épongé le sang, puis j’appliquai des tampons d’alcool pour ne pas que la plaie s’infecte. Après cela, Safir lui fit un bandage pendant que j’allais chercher du matériel pour faire une plateforme dans les arbres. Nous allions rester un certain temps ici, car Paco s’était cassé la jambe et nous devions faire tous les tests et collecter des échantillons sur la végétation lors de nos explorations. Nous préférions dormir en hauteur sous une moustiquaire afin de nous protéger des insectes et d’autres animaux dangereux. J’étais allé chercher un drap pour nous protéger des moustiques, des cordes pour les accrocher à l’arbre et accrocher les branches ensemble entre elle, pour en faire une magnifique plate-forme. J’avais grimpé à l’arbre à mains nues. Je ne veux pas me vanter mais dans mon groupe, j’étais le plus doué, sans compter Paco, car lui, il me battait à plate couture. — Oh oui, papa. Tu es le plus fort ! me coupa mon plus jeune, tandis que je poursuivais mon récit. Je n’étais pas venu les mains vides, comme votre mamie me le rappelait toujours. J’avais pris des cordes que j’avais accrochées à ma ceinture. Pendant ce temps, Laurence coupait les branches, pour leur donner de belles formes pour pouvoir les accrocher ensemble. Elle maniait le couteau avec une telle agilité que je pouvais passer des heures à la regarder. Je redescendis grâce aux cordes. Laurence attacha la corde à mon harnais. Après deux heures, nous avions fini la cabane. Finalement, nous accrochâmes Paco, et grâce à un système de contrepoids, nous réussîmes à le monter jusqu’à notre plate-forme. Laurence avait préparé le feu de camp sur un lit d’argile pour ne pas que la plate-forme 20 prenne feu. Je fis griller de bons steaks. Ils étaient excellents. Safir et moi regardâmes la Jambe de Paco. Elle ne saignait plus et cela nous rassura. Après avoir dit bonsoir à tout le monde, j’étais allé me blottir dans mon sac de couchage, épuisé par cette première journée. Nous avions passé une super bonne soirée mais j’étais encore inquiet pour mon copain Paco. Cette nuit-là, en entendant vrombir des nuées de moustiques et d’insectes en tout genre, j’étais heureux d’être protégé par une moustiquaire. Malgré cela, le matin, je ne pus que constater que j’avais été bien piqué plus que de raison. J’avais l’air d’avoir la varicelle. Au réveil, je me suis levé tôt pour faire chauffer de l’eau pour la Ricoré. Malheureusement, nous n’avions pas de lait, alors je dus m’en passer. Puis, je descendis pour commencer à photographier et collecter des échantillons de végétaux. En y allant, je vis Laurence et Safir dans la grotte où était tombé Paco. Ils tenaient un livre à la main et ils essayaient de déchiffrer des lettres sur les fresques. Je descendis les rejoindre. Ils avaient retiré un tiers de la végétation dans la salle. Je me mis à la tâche. Laurence avait récupéré des échantillons de quelques plantes. Avec son ordinateur et quelques gadgets, elle les avait déjà examinés avec précision. Nous ne vîmes pas le temps passer, tellement ces fresques nous fascinaient. D’ailleurs, nous avons aperçu une dalle et, vous n’êtes pas obligés de me croire, mais sur cette dalle, on pouvait voir deux pieds, mais pas n’importe lesquels. Ils avaient six orteils chacun, comme Nando, le héros du roman que j’avais lu dans l’avion. Safir voulait continuer à explorer. Il ouvrit une autre porte et éclaira l’immense salle qui se détachait dans la pénombre. Un grand nombre de chauve-souris s’y trouvait. Elles prirent leur envol et nous foncèrent dessus. J’en pris une dans la tête et je tombai par terre. Je me réveillai trois heures plus tard. J’avais très faim, une faim de loup. Laurence me donna un gros Sandwich, mon sandwich préféré avec des tomates et du jambon et du beurre dedans. Je vis à côté de moi Paco qui m’épongeait le visage avec de l’eau. Je le remerciai et je lui demandai comment allait sa jambe. Je m’exclamai : —Laurence, tu n’aurais pas des cachets, ma tête me fait horriblement souffrir, j’ai l’impression de tourner dans un manège de fête foraine qui ne s’arrête pas. 21 Je passai ma main sur ma tête et je sentis une énorme bosse. Le fait de l’effleurer me procura une sensation horrible. Après avoir dévoré comme des loups, nous sommes allée explorer la jungle pour en savoir plus sur cette forêt. C’était magnifique. Nous voyions des oiseaux de différentes couleurs, rouges, verts, gris, noirs et de bleus ou du bleu-turquoise. Ils commencèrent à lâcher leurs fientes odorantes sur nous, alors nous nous sommes mis à courir en nous protégeant la tête avec nos bras. En courant, j’entendis un cri d’effroi. C’était Laurence, elle était prise au piège de sables mouvants. Deux minutes, après les oiseaux avaient arrêté de nous bombarder. Laurence s’agitait trop dans les sables mouvants. Le sable lui arrivait déjà au bassin. Nous avons cherché une corde mais nous n’avons rien trouvé. Safir s’écria: - Un long serpent, pas venimeux. Il va nous servir de corde. - Ça ne va pas la tête, il va nous mordre, c’est un anaconda, il a une force énorme et il peut nous étrangler, m’écriai-je. Mais il ne m’écouta point et lança le serpent géant à moitié endormi jusqu’à Laurence, elle le prit par la queue. Safir tirait sur le cou du serpent, qui ne se laissa pas faire. Je vins à son secours, en vain, nous dûmes abandonner l’idée. Laurence avait relâché sa prise visqueuse, et Safir le laissa s’en aller. Je partis couper quelques lianes. Grâce au serpent, nous avions ralenti sa progression, car notre amie s’enfonçait moins, le sable lui arrivait jusqu’aux cuisses. Je pris plusieurs lianes pour solidifier l’ensemble. Après plusieurs essais infructueux, nous réussîmes finalement à la sortir de là. Nous avions décidé de rentrer à notre plate-forme pour nous remettre de nos mésaventures. Arrivé sur la plateforme, Paco essaya de se mettre debout à l’aide d’une attelle et de béquilles de sa fabrication. Nous avons préparé un bon dîner pour nous remettre de nos émotions. C’était une salade chinoise que Laurence avait préparée après avoir nettoyé sa tête des fientes odorante des oiseaux. Ce soir-là, nous avons joué aux cartes tout en discutant. Nous étions en train de nous brosser les dents quand nous avons entendu le rugissement d’un jaguar. Cela me fit penser au dieu Kinich Ahqu, un dieu Maya qui se transforme en jaguar à la nuit tombée. Nous n’avions pas vraiment fait attention, mais je n’étais pas très rassuré. Je me mis 22 dans mon sac de couchage. Je fus réveillé par un bruit de frottements et soudain, je sentis que quelqu’un grattait un sac à dos. Je levai la tête et soudain, je vis le Jaguar. Il me vit lui aussi, et ses yeux jaunes brillaient dans la nuit. Il me regarda droit dans les yeux. Tout le monde était réveillé. Nous cherchions un plan pour nous débarrasser de notre indésirable visiteur. Je ne savais pas si j’avais à faire à un Jaguar ou à un dieu. Paco nous désigna de son doigt le sac à dos et nous fit signe de le jeter. Je ne compris pas son plan mais Laurence, elle, sut ce qu’elle devait faire. Elle se mit à faire le zouave et à sauter dans son sac de couchage. Elle distrayait le jaguar. Le jaguar, qui la fixait avec grande attention, regardait tous ses mouvements. Safir bondit sur le sac, sortit la viande, la montra au Jaguar qui s’élança dessus. Entre temps Safir s’était écarté en lançant loin dans la végétation le précieux butin. Le Jaguar sauta de la plate-forme pour se jeter sur la viande. Nous nous précipitâmes tous les quatre vers les chevaux toujours vivants pour nous diriger vers la ville la plus proche. Grâce à l’idée de Paco et la créativité de Laurence, nous avions pu nous enfuir et enfin rejoindre la civilisation. — Dis, papa, est-ce que tu as cru que tu allais être dévoré ? crièrent les enfants tous en cœur… — Voyons, bien sûr que non, avec maman dans les parages, rien ne peut m’arriver. — A toi, rien peut-être, mais aux enfants, oui ! annonça maman en déboulant dans la chambre. L’ogre va vous dévorer si vous ne filez pas au lit tout de suite, ajouta-t-elle. L’histoire touchait à sa fin et les petits feraient de beaux rêves animés dans la jungle du Yucatán. 23 La colère des dieux, par John J’étais en vacances avec mes deux frères et ma soeur et nous avions décidé de passer nos vacances au Yucatán pour visiter un temple Maya. Un ami archéologue de mon père nous avait invités à passer les vacances dans un site archéologique qu’il venait de trouver. En ville, nous avons trouvé le guide Uzi qui nous avait été envoyé par Frank, l’ami de mon père. Je me suis retrouvé pressé entre mon frère et ma soeur pendant six heures dans une Jeep. Nous sommes descendus de la voiture et avons pris nos bagages du coffre. Nous avions décidé de ne pas apporter plus que nécessaire pour le voyage. Uzi nous a montré le chemin à la tente de Frank, le commandant de l’expédition. J’étais encore fatigué par le voyage en voiture et je ne pouvais pas dormir parce que le chemin était bosselé. Frank nous embrassa et demanda comment était le voyage. Tout s’était bien passé et nous étions excités d’aider les recherches archéologiques. Il nous dit que Chokobe, un natif de la région, pouvait nous montrer nos chambres. J’étais excité par la chance que j’avais de dormir au beau milieu de la jungle mexicaine. Je me réveillai au son des marteaux piqueurs qui commençaient à 8 heures ! Je me levai et vis que mon frère aîné était encore endormi mais je me rendis compte que ma soeur et mon autre frère étaient déjà sortis. Je me précipitai hors de la tente, et toute la jungle m’encercla et les oiseaux me chantèrent une chanson. La veille, j’ai vu un singe qui a jeté un fruit pourri sur mon frère aîné et moi, et ma soeur avait explosé de rire. Je courus à la plus grosse tente du camp qui servirait de salle de manger. Quand j’arrivai, presque tout le monde était déjà parti pour inspecter les ruines Maya. Ma soeur était en train de manger seule, alors je décidai de manger avec elle, ma ration de flocons d'avoine, et du bacon. Notre cuisiner n’étaient pas fameux pour sa nourriture. Nous n’avons pas vu Frank longtemps, mais, ce matin, il nous dit que nous serions les premiers dans le temple Maya. Je ne savais pas si j’avais peur ou si j’étais excité. Il nous expliqua que les travailleurs Mayas ne voulaient pas entrer dans le temple pour des raisons religieuses. En effet, leurs chamans avaient toujours prévenu 24 que si quelqu’un pénétrait dans le temple sacré, il se produirait un cataclysme qui dévasterait le temple et tuerait les gens qui y seraient. Je savais en écoutant certains des natifs qu’ils pensaient que le temple était hanté par l’esprit du grand Roi Orio, un roi-démon protégé par le serpent à plumes Kukulkan. Orio avait commandé que lorsqu’il mourrait, tout son peuple serait enfermé dans le temple pour y trouver la mort. Mais il avait aussi décidé que toutes les précieuses possessions de son peuple seraient enterrées avec lui. L’ouverture du temple Maya ne pouvait être achevée parce que les natifs refusaient de l’ouvrir de peur de réveiller les morts, de peur de disparaître à leur tour. Alors Frank et les autres archéologues durent creuser l’accès tout seuls. Ce travail prit presque deux semaines pour qu’on creuse un tunnel au bas du temple. Frank me dit qu’il avait besoin de moi et de ma soeur pour explorer le temple. Ma soeur et moi l’avons suivi à l’entrée du temple où nous trouvâmes mes frères et les autres professeurs. A ce moment-là, le temple commença à vibrer, à craquer. La poussière se mit à tomber sur nos têtes dans un bruit effroyable, augmenté par l’écho des murs. Mais les pierres, construites par de grands architectes, résistaient au tremblement de terre. Instinctivement, nous nous jetâmes au sol, en protégeant nos têtes. Certains gémissaient, d’autres retenaient leurs cris. L’entrée que nous avions creusée s’effondra soudain sous la pression, dans un bruit de tonnerre, et la moitié de notre groupe se retrouva écrasée sous les pierres. Frank et ma soeur n’avaient pu fuir de cet endroit et je venais de les voir ensevelis sous les roches. Mon coeur accéléra dans la douleur et l’inquiétude. Pourrais-je survivre à ce cataclysme? Tout se passa si vite, comme dans un mauvais rêve... Enfin, avec soulagement, je sentis les tremblements s’éloigner, le danger s’écarter. Quand je retrouvai mes esprits, j'étais assis par terre pleurant, mes frères poussaient de côté certaines pierres qui s’étaient s'effondrées sur ma soeur, mais elle était déjà morte. Les autres survivants regardèrent la masse de pierres, stupéfaits, sans savoir quoi faire. Nous étions prisonniers comme les villageois d’Orio qui avaient été prisonniers presque mille ans auparavant. J’étais sûr qu’en réalité, nous avions réveillé la colère du roi démon Orio. Cette théorie faisait penser aux idées de fin du monde que les Mayas avaient transmises. J’y croyais... 25 Martin, un des biologistes, avait d’autres projets en tête, et il ne croyait à ces superstitions. Il nous demanda de laisser les morts et de poursuivre l’exploration les tunnels jusqu’au centre de temple pour trouver la sortie. Une partie du groupe décida de rester pour essayer de creuser, mais l’autre partie décida de poursuivre Martin au centre du temple. Nous sommes rapidement descendus au centre, par des volées d’escaliers usés par le temps, mais quand nous arrivâmes au coeur de l’édifice, nous marchions sur des os, et des crânes. Soudain, je me penchai en avant pour ramasser un objet qui ne ressemblait pas à un os. Il s’agissait d’un bracelet d’or pur. Un trésor immense dont on ne pouvait rêver, jonchait le sol. Nous restâmes dans la chambre centrale pendant des heures après heures. Ceux qui n’avaient pas voulu nous suivre croyaient que c’était la punition du démon Orio. Après presque deux où trois jours, notre groupe manqua d’eau et de nourriture. Le groupe paniquait dans ce sous-sol humide et sombre, si bien qu’après presque deux jours sans nourriture, je ne pouvais presque plus bouger. Puis, nous avons entendu des cris, des appels. Mon énergie revint, car c'étaient des cris de joie. Le groupe qui était resté en haut venait d’être libéré par la police. Nous remontâmes les escaliers le plus vite possible pour les rejoindre. La police nous annonça qu’un tremblement de terre de magnitude 8.2 avait frappé la région, le plus grand tremblement de terre jamais vu au Yucatan. Dans mon fors intérieur, je savais encore que c’était Orio le roi-démon qui avait causé le tremblement de terre. Malgré la catastrophe, nous étions ressortis riches d’une découverte qui allait beaucoup apporter à l’étude des peuples du Yucatán. 26 Chasse au trésor, par Karina Ce jour en fin d’été, le soleil brillait fortement, comme il l’avait fait pendant les cinq dernières journées. Le ciel, d’un bleu clair pareil à celle d’une lagune, avait l’air de se répandre jusqu’au bout du monde. Nous avions campé au bord de la jungle, près de l’endroit où la civilisation humaine se mêlait avec la forêt tropicale sud-américaine. Je m’assis sur une roche pour me reposer un moment. Mes trois amis et explorateurs, deux garçons et une fille, m’entourèrent pour essayer de me convaincre de continuer la marche. —Plus on marche, me dit Amélie, le plus on se rapproche du trésor. Nous reprîmes alors la marche vers la pyramide où le trésor se situait. Il y avait une semaine, un groupe d’archéologues m’avait contacté pour me dire que j’avais été choisi pour aller en expédition avec trois autres adolescents de mon âge. Ils me dirent de me rendre tout de suite à Mérida, la ville la plus proche de Chichen Itza, où les archéologues voulaient qu’on tente de trouver la pyramide et le trésor. Alors, j’ai préparé ma valise et me rendis à l’aéroport. Puis, à Mérida, j’ai fait la rencontre de trois autres adolescents, Amélie, Jacques et Tristan, et même le chef de l’expédition. C’est alors à ce moment qu’il nous dit ce qu’on devait faire. Nous devions chercher une pyramide Maya dont l’existence avait été rapportée par le prêtre Espagnol qui avait découvert le site de Chichen Itza. Malheureusement, personne ne l’avait jamais retrouvée. Des rumeurs nous informèrent qu’un trésor se cachait au coeur du monument. Après une longue discussion, nous, les quatre enfants, partîmes en direction de la pyramide avec nos quelques affaires: une tente, un téléphone portable et un ordinateur portable. C’était le premier jour que nous avons traversé la forêt. Les oiseaux, colorés avec leurs plumes vives, émirent des sons qui explosaient dans l’air. Les feuilles craquaient et cassaient sous nos pieds, et nous avons dû faire attention aux insectes. Soudainement, Jacques cria et sauta hors de la verdure, tout en agitant ses bras dans tous les sens. Nous voyions des petits points rouges, qui bougeaient tout autour de lui, et même sur ses jambes et chaussures! C’étaient des fourmis rouges! Je ne savais pas quoi faire, car je n’avais jamais rencontré un insecte si 27 dangereux et si petit à la fois. Mais Tristan, qui s’était déjà promené dans la jungle, ordonna à Jacques d’enlever ses chaussures et ses chaussettes, et puis il l’aspergea d’eau de sa bouteille. Immédiatement, les fourmis cessèrent de dévorer mon ami, et nous avons pu continuer notre chemin. Après quelques heures de marche, j’ai dressé la tente avec Amélie et nous décidâmes de nous coucher. Le jour suivant, nous nous sommes levés à une heure incroyablement avancée pour pouvoir gagner du terrain entre notre groupe et la pyramide. Jusqu’au moment du déjeuner, la randonnée me remplit de plaisir, car j’appréciais de plus en plus la beauté de la nature du Yucatán. Les couleurs vives des oiseaux, le bourdonnement des abeilles et des insectes, presque invisible et silencieux, même le feuillage des arbres que les rayons du soleil traversaient difficilement me fascinaient. Mais c’est alors que je pris une bouchée de mon sandwich et que j’ai aperçu le premier moustique. Avec ses petites ailes délicates, il semblait inoffensif. Nous le laissâmes à ses affaires et il disparut. Quelques moments plus tard, une grande nuée de moustiques surgit au bout de notre clairière. Amélie et moi, nous commençâmes à crier, et puis, tous les quatre, nous détalâmes comme des lapins. Qu’à cela ne tienne, nous avions déjà tous été piqués partout. Tandis que nous nous cachions dans les buissons, la nuée gigantesque d’insectes se dispersa peu à peu. Finalement, quand seulement un ou deux petits moustiques restèrent, Tristan nous dit: —Je crois que nous avons oublié de mettre le spray anti-moustique... Il ne semblait être que midi, selon la position du soleil. Mais j’étais déjà épuisée par notre aventure, et les autres avaient l’air fatigué. Cependant, nous ne pouvions pas laisser la fabuleuse pyramide à l’abri des regards dans l’obscurité. Alors, sans me plaindre, je me suis relevée et nous continuâmes notre expédition. La marche se poursuivit pendant une autre journée. Finalement, le huitième jour dans la jungle, nous sommes arrivés aux coordonnées écrites sur l’écran de mon GPS. Nous nous tenions dans une clairière, d’une taille considérable, mais qui paraissait très ancienne, comme si personne n’avait osé y marcher depuis des siècles. Je ne voyais presque pas d’arbres, seulement la grande colline qui se dressait devant nous. Je pouvais voir d’un coup d’oeil que la hauteur de la colline était égale à la hauteur d’une pyramide. Il n’y avait qu’une solution: elle devait se 28 trouver sous la colline. Mes amis paraissaient avoir réalisé la même chose. —Mais, comment va-t-on découvrir le monument? Nous n’avons pas de bulldozer, même pas de pelle, dis-je. —Oui, nous avons marché tous ces kilomètres pour rien. On ne peut même pas découvrir le trésor, se lamenta tristement Amélie. —C’est pas juste! J’ai gaspillé tout mon argent, toutes mes économies pour venir ici!, cria Tristan d’une voix enragée. Je croyais que je serais riche, que je serais célèbre. Mais non! Au lieu de cela, nous sommes coincés dans la jungle au milieu de nulle part! Il donna un gros coup de pied à une pierre, située en bas de la colline, à moitié cachée par la verdure. Instantanément, la pierre se cassa, et tomba au sol. Puis, après que la poussière s’est dégagée, nous vîmes ce qui se cachait derrière la pierre ancienne : un trou qui semblait être relié à un tunnel. Aucun de nous quatre ne parla. Soudainement, dans le silence, Jacques se mit à genou et regarda dans le trou sombre et noirâtre. Puis, il entra dans le tunnel en marchant à quatre pattes. Quelques secondes plus tard, Amélie se baissa et le suivit dans l’excavation. Elle disparut aussitôt. Tristan me regarda, et haussa ses épaules. Il entra dans le tunnel. Comme je n’avais pas d’autre choix, je soupirai et descendis moi-même dans le trou mystérieux, terrorisée par ce qui m’attendait. L’intérieur du tunnel semblait très vieux, et des toiles d’araignées couvraient les murs de couleur marron. Je toussai: l’air sentait le moisi. Finalement, nous étions arrivés dans une caverne, avec ses murs de pierre et le plafond arrondi mais délabré. Je regardai mes alentours: des fresques peintes sur les parois représentaient des jaguars de couleurs vives qui paraissaient régner sur la terre. Ils étaient assis sur une plate-forme assez longue, et des servantes leur offraient de la nourriture. Je n’avais jamais vu des fresques colorées comme celles-ci, dans mes cours et aux musées. À mon avis, ces images vraiment étranges montraient des scènes inconnues jusqu’alors. Tristan parla en premier: —Wow, qui aurait cru que tout ce labyrinthe se trouvait en dessous d’une si petite pyramide! —Oui, c’est vrai que c’est impressionnant, répondit Jacques. Du coin de l’oeil, je vis une issue, construite de pierres, à moitié-ouverte. Je me 29 tournai vers cette entrée, et les autres firent le même. Nous avons emprunté cette porte, jusqu’à ce que nous arrivions dans une pièce complètement plongée dans l’obscurité. Personnes ne bougea. Soudainement, une lumière apparut au loin, vers le fond de la chambre. Quelqu’un avait allumé une lanterne. Je retins mon souffle, car d’autres lanternes s’allumèrent une par une, jusqu’à ce que toute la pièce soit envahie d’une lueur jaunâtre. Je vis enfin les êtres qui se trouvaient dans le milieu de la caverne: deux jaguars, comme sur les fresques. Ils étaient assis sur une plate-forme, entourée de nourriture. Le plus grand des deux se leva et vint vers nous. Nous reculâmes jusqu’à ce que nous rencontrions le mur, mais l’animal avec ses dents féroces et ses yeux de vautours continuait à s’approcher. Puis, lorsque qu’il leva la patte pour essayer de nous attaquer, il disparut dans une nuée de fumée. La vapeur s’est dissipée, et ma bouche s’est ouverte tant j’étais surprise. A l’endroit où le jaguar se tenait, quelques instants auparavant, un homme musclé et très grand nous souriait. Il portait une peau de jaguar sur son corps, une peau qui paraissait être de même couleur que la peau du jaguar. L’homme nous parla en français avec un accent mexicain: —Pardon, mes amis, mais parfois, mon uay essaie de contrôler mon corps. Quand cela arrive, je ne suis plus humain mais animal. Il rit. Amélie le regarda avec un visage incrédule. Je regardai les garçons, ils aussi avaient l’air totalement confus et fort embrouillés. À ce moment, l’autre jaguar se leva aussi. Une nuée d’une couleur argentée surgit, et puis à la place de la bête, une jeune femme apparut, avec des yeux de couleur bleu-foncé, et un visage doux comme la lune. Elle nous parla d’une voix qui semblait craqueler joyeusement comme un petit feu. —Oui, c’est vrai. Mon mari a besoin de plus de pratique pour qu’il puisse contrôler son uay. Je ne pouvais pas en croire mes yeux. Deux minutes auparavant, je me tenais devant deux animaux, féroces et craints par l’homme. Mais, maintenant, nous avons découvert que dans ces bêtes vivait une âme humaine. Ceci paraissait impossible. Remis de nos émotions, nous parlâmes avec les deux créatures pendant 30 quelque temps, dans ce trou atroce qui sentait le renfermé et la poussière. De cette rencontre insolite, nous avons réussi à apprendre plusieurs choses : que l’homme et la femme demeuraient actuellement dans la cité de la Rosée, un site pas très loin de cette pyramide; qu’ils étaient le roi et la reine de cette cité; et qu’ils se transformaient souvent en animal pour pouvoir entrer dans la pyramide, où ils pouvaient se reposer et séjourner loin de l’activité de leur peuple. Nous apprîmes aussi que personne n’avait réussi à pénétrer dans ce monument depuis les années 1940. —Comme vous êtes les premiers à venir ici, et que vous êtes aussi les plus jeunes à tenter l’aventure. En récompense, et contre votre silence, nous vous offrons ce trésor que nous avons trouvé caché sous une dalle, le premier jour où nous sommes venus. Le trésor paraissait gigantesque. Dedans se trouvaient des gemmes de grosse taille et des diamants les plus purs, ainsi que des kilos de pièces d’or. Tristan semblait l’homme le plus content sur terre à ce moment-là. Il sautait de joie, en criant: “Je suis riche! Je suis riche!”, alors que moi et les autres, nous nous tenions tranquillement en le regardant conscients du fait que le Mexique réclamerait ce trésor comme un butin national et une trouvaille archéologique. Puis, lorsqu’il finit sa petite danse, nous avons remercié expressément et chaleureusement la reine et le roi du peuple de la Rosée. Ensuite, nous avons repris le chemin du retour. Et voici, mes amis, mon histoire. Lorsque nous sommes rentrés, les archéologues furent surpris que nous ayons pu trouver le trésor. Ma vie redevint normale. Oui, la presse me gêna beaucoup, mais après quelques mois, je pus me rendre à l’école sans qu’un tas de photographes et de reporters me prennent d'assaut. En conclusion, cette aventure m’avait fait du bien. Je serais heureuse d’embarquer pour une autre destination, mais plus tard. J’ai entendu des rumeurs concernant un temple au sud du Pérou. Peut-être en parlerai-je à mes compagnons aventuriers... 31 Le temple de la terreur, par Luma Je me rappellerai toujours de cette histoire, de cette aventure incroyable. Je me demanderai toujours comment j’ai pu en sortir vivant. Tout avait commencé un vendredi : notre professeur de français nous avait raconté une histoire à propos d’un temple immense avec un trésor caché. Il avait ajouté que ce temple se situait à côté d’un ancien village Maya, juste à une heure de conduite de notre école de Merida. Notre professeur nous expliqua que le temple était protégé par un jaguar féroce. Alors, évidemment, mes amis, Samuel, Lola, Maxime, Celine et moi voulions voir ce phénomène, et nous voulions déterminer si tout cela appartenait ou non à une légende. Alors, nous conduisîmes vers ce site pendant le weekend. Nous pénétrâmes dans une jungle, immense pleine de couleurs comme dans un film d’aventure. — Alon, regarde ! s’écrièrent mes amis pour attirer mon attention alors que je fouillais dans mon sac pour en tirer ma gourde. Je relevai le nez : on voyait des animaux partout, et des herbes dans tous les sens aussi hautes que nous. Nous avions décidé de garer la voiture au bout d’un chemin de terre, à une vingtaine de kilomètres de Merida, non loin de Chichen Itza. Nous avions pris nos sacs de provisions, et avions pénétré dans cette forêt inextricable. Nous marchâmes pendant des heures, sans rien trouver. Que nous avait dit notre professeur ? Aucune trace de ce village. Je me demandais si nous avions pris la bonne direction. Par contre, les moustiques nous attaquaient, c’était notre seule certitude. Alors, nous avons décidé de repartir à la voiture. Nous rebroussâmes le chemin, et avançâmes sur une dizaine de mètres avant de nous rendre compte que le chemin avait disparu. Impossible de retrouver notre route. Nous étions perdus. Soudainement, nous entendîmes un bruit horrible. J’ai regardé en avant, en écartant les branchages d’un coup de machette, et je distinguai des ruines enfouies sous la végétation. C’était le temple, un temple très grand de couleur marron comme celle d’un tronc d’arbre. Devant le temple, nous observâmes une 32 dizaine de marches qui montaient à l’édifice. Nous les empruntâmes, et nous arrivâmes au niveau de l’autel des sacrifices. Une pièce munie d’une porte se trouvait en retrait. Elle était fermée mais très abîmée aussi. Nous essayâmes de trouver une autre porte en faisant le tour du bâtiment, mais en vain. Comme cette porte était fermée, Lola, tout à coup, frappa sur la porte avec toute sa force, en poussant un cri. Elle s’ouvrit. Nous avons réussi à dégager l’entrée. Mais pendant que nous pénétrions dans le temple, Lola poussa un autre cri : —Mais que fais-tu, s’exclama Samuel, quelqu’un va nous trouver ! —Je ne sais pas ce qui me prend ! répliqua-t-elle excédée. Et tout à coup, nous entendîmes encore des bruits horribles, qui furent rapidement suivis d’un autre grand cri de Lola. Je regardai à coté de moi, elle n’y était pas. Je regardai en bas des marches. La pauvre était tombée. J’aperçus le corps de Lola déchiré, trente mètres en dessous de moi. Son sang s’échappait de son corps mutilé. Sa bouche semblait vouloir crier, mais elle n’en avait pas les moyens. Cette vision me coupa l’appétit. Maxime saisit aussitôt son portable tandis que nous redescendions pour nous rendre auprès d’elle : — La police ? Oui, buenos dias… je m’appelle Maxime, eh, je suis dans le grand temple Maya avec mes quatre amis, ah oui, en fait trois, car une personne de notre groupe est morte… oui, elle est tombée du temple… oui, un temple maya... non je ne connais pas l’adresse... bon, vous allez venir ? Bon, très bien. Adios. Il nous rejoignit auprès de notre amie qui avait perdu la vie. Nous restâmes auprès d’elle en sanglotant. Qui appellerait sa famille ? Nous nous regardions désespérés. Nous passâmes bien deux heures à attendre la police, et nous commencions à désespérer dans tout à coup, nous entendîmes le bruit d’un animal féroce. Nous regardâmes derrière nous, c’était un jaguar, immense avec un regard féroce. Ses yeux rouges nous regardaient et ses griffes blanches étaient prêtes à nous attaquer. Nous commençâmes à courir très vite vers la sortie, mais le jaguar nous poursuivait. Tout à coup, nous entendîmes des autres cris, des cris d’adultes. La police était là, le jaguar a fait demi tour et fonça sur les policiers stupéfaits! Nous nous s’évadâmes. Soudainement, nous vîmes un labyrinthe 33 immense. Nous décidâmes de nous séparer pour essayer de trouver la sortie d’une manière plus efficace. J’étais seule, marchant dans un labyrinthe, je ne savais pas où je allais quand j’entendis un cri. Celine avait trouvé la sortie. Je me dirigeai vers l’endroit où le cri avait été poussé, et j’ai vu Maxime et Celine. Mais il n’y avait pas Samuel, nous avions décidé de le chercher en poussant des cris pour qu’il puisse nous trouver, mais personne n’est venu. Nous attendîmes Samuel encore quelques minutes, quand tout à coup, nous vîmes la police, tenant le corps de mon cher ami. Ses dents étaient arrachées, et son nez était cassé. Je regardai Samuel avec regret. Pourquoi est-ce qu’on était venus ? Je voulais pleurer. Nous marchâmes un peu plus avec la police, lorsque nous vîmes quelques voitures et un hélicoptère. Il était temps de partir. Je lançai mon dernier regard au temple, et, effrayé, nous montâmes dans l’hélicoptère. Il ne restait plus que Maxime, Celine, la police et moi. 34 Rencontre divine, par Marianne Depuis plusieurs siècles, le milieu du Yucatán, en Amérique du Sud, est riche de culture d’origine indienne, de ses ressources naturelles et, particulièrement, de la diversité de sa faune et flore très impressionnante. Pourtant, son économie est principalement soutenue par le tourisme des environs, comme le site archéologique de Chichen Itza, et notamment El Castillo, la grande pyramide célèbre sur tout le continent. Cet été, j’étais venu écrire un article sur l’écotourisme à cet endroit précis. Je pris un grand plaisir à écrire sur cet univers autant qu’à voir les merveilles Maya. D’ailleurs, cette fois-ci, j’ai fait une découverte qui doit immédiatement être mise en lumière auprès de tous les chers lecteurs de GEO. Des découvertes, de nos jours, on en fait beaucoup de toutes les sortes. Pourtant, pour chaque découverte, une sur dix mille seulement, se révèle être d’une importance mondiale. Je vais donc vous parler de la découverte d’un peuple ancien d’indiens provenant du sud, dans les montagnes du Yucatán. Avant de vous révélez plus de détails à ce sujet, permettez-moi de vous raconter l’histoire de ma découverte. Après mon arrivée à l’aéroport de Merida, je me mis en route vers Chichen Itza. Bien sûr, j’étais venu étudier les caractéristiques typiques de l’écotourisme. En même temps, j’admirais la nature environnante et ne pouvais m’empêcher de prendre quelques photos de paresseux, de perroquets et même de tamanoirs. Un perroquet, en particulier, m’intéressa, pas en raison de son plumage magnifique mais à cause de ses mouvements méthodiques et réfléchis. Il s’envolait d’arbre en arbre à un rythme soutenu comme s’il suivait notre bus qui se dirigeait vers Chichen Itza. Je ne le lâchais pas des yeux de peur de le perdre. Une fois arrivé à destination, l’oiseau s’envola de l’arbre, virevolta vers le bus et piqua le sac d’un des touristes du bus. Le touriste s’en aperçut mais ne dit rien comme s’il s’attendait à ce que l’oiseau prenne le sac ce qui acheva d’éveiller ma curiosité. En bon reporter, je me mis à pourchasser le voleur des airs jusqu’aux confins de Chichen Itza. Épuisé, je repris mon souffle et hésitai à retourner au campement 35 ou à continuer ma chasse. Je n’avais pas eu le temps d’interroger le touriste puisque le perroquet s’était déjà envolé. Finalement, l’être volant des airs, aussi épuisé que moi, notamment parce qu’il devait porter ce sac plutôt lourd, de près de 5kg, se posa par terre. Je me cachai dans la verdure afin de mieux observer le petit spécimen, qui d’habitude n’interagissait pas tellement avec les humains. Puis, à ma grande surprise, devant moi, je vis les plumes du perroquet fondre en une surface lisse et brune. Le torse du perroquet, qui en fait, avait déjà pris l’allure d’un humain, s’élargit considérablement. Ses ailes, ses griffes et ses pattes s’allongèrent. La tête s’arrondit et augmenta de volume. Franchement, ce n’était pas beau à voir, au contraire, c’était repoussant au point de me retourner l’estomac. Alors là, je délirais, j’en étais sûr et certain. Le perroquet finit de se transformer en un être humain plutôt normal, si on oublie le fait qu’il incarnait deux secondes auparavant un perroquet au plumage superbe, et il semblait appartenir à un groupe ethnique venant du Yucatán. Sans doute, parce que je me pris les pieds dans les racines des arbres, l’homme se retourna vers moi. Bien évidemment, il m’aperçut. Dans un premier temps, il ne bougea pas, je pense qu’il était trop surpris pour réagir promptement. Pensant qu’il allait m’attaquer, à cause de son expression menaçante, je me mis en position défensive. Pourtant, à ma surprise, l’homme s’agenouilla à mes pieds. Que faire? L’individu ne semblait pas parler l’anglais et encore moins le français puisqu’il récitait des phrases en maya. Cinq secondes plus tard, il se retransforma en oiseau et s’envola dans la jungle. De cette rencontre, je conclus qu’il existait forcément un peuple, un peuple ancien, qui survivait encore de nos jours. Je voudrais vous donner plus de preuves pour renforcer ma crédibilité, et une équipe de chercheurs m’accompagne dans ma démarche. Nous sommes financés par l’ONU. J’espère avoir votre soutien dans cette recherche qui nous amènera à prouver que ce peuple existe bel et bien. 36 Rencontre dans les ruines, par Mimi « Mademoiselle Perrier, je vous envoie dans la région du Yucatán au Mexique pour écrire un article sur l’éco-tourisme, » me lança l’éditeur-en-chef du mensuel GEO, Monsieur Barnett, ajoutant : « J’ai déjà un billet d’avion et un guide qui sera à votre disposition. Vous passerez cinq jours au Yucatán et vous pourrez visiter les ruines à dos d’âne. Vous partez demain matin. Je compte sur vous ! » Il se précipita hors de la salle pour sa prochaine réunion, me laissant hébétée dans son bureau. Ce soir là, en faisant mes valises, je pris le cahier noir recouvert de cuir que mon père m’avait offert pour mon anniversaire il y avait un mois, avec un mot attaché : « Pour Madeleine, de ton père : pour tes prochaines aventures (ou mésaventures) comme journaliste de GEO. » Je le glissai dans mon sac à dos, en pestant intérieurement contre son pessimisme. Le lendemain matin, je pris l’avion pour la ville de Cancún. Ce fut ce jour là que je commençai mon journal de bord. Jour 1 — Le 17 mars 2006 : Il fait si chaud ici au Mexique. Aujourd’hui j’ai rencontré mon guide qui m’a accueilli à mon arrivée. Il me recommanda immédiatement de me tartiner ma peau exposée de crème solaire et de crème anti-moustique. Il me montra l’âne que j’allais utiliser durant mon séjour. Le guide, Martin, avait l’air de bien connaître son métier. Plus tard, je dus passer plusieurs heures sur mon âne à côté de Martin en direction de Chichen Itza. Il m’explique un peu l’histoire des Mayas. Cela me fascina. Pendant ce temps, j’eus la chance d’observer la magnifique forêt qui m’entourait : des centaines d’arbres, de plantes exotiques, et d’animaux de couleurs vives. Plus j’examinais mes environs, plus que je devins émerveillée. Ça m’avait coupé le souffle tant la forêt était magnifique. Finalement, j’arrivai à une immense pyramide Maya, où je commençai mes recherches pour améliorer les façons de pouvoir visiter les cités et pyramides Mayas sans détruire l’environnement. Après avoir passé mon après-midi à visiter le Castillo de Chichen Itza, découvert en 1566 par le prêtre Diego de Landa, je passai ma 37 première nuit sous la pleine lune. Jour 2 — Le 18 mars 2006 : J’ai mal dormi cette nuit. Un hurlement strident me réveilla à minuit, et je ne parvins pas à me rendormir. La lune était cachée par un nuage, voilant la plupart des étoiles brillantes dans l’immense ciel. Aujourd’hui, tandis que je visitais les ruines de l’observatoire à côté du Castillo, il m’est arrivé une aventure affreuse et je ne sais pas encore si j’en sortirai vivante. Les pierres lisses et froides tenaient parfaitement en place. Quelques touristes Américains prenaient sans cesse des photos de tout. Par accident, un petit enfant me bouscula et je tombai du haut de l’Observatoire jusqu’au sol. J’atterris avec un terrible fracas en pleine végétation. Des dizaines de branches craquèrent sous mon poids, me laissant tomber dans un immense trou. Je me relevai, difficilement, avec un terrible mal de tête. Heureusement, j’avais conservé mon sac à dos dans ma chute, et mon cher carnet. Je regardai autour de moi et je vis que j’avais atterri dans une grotte gigantesque. Au centre de la grotte se trouvait un bassin d’eau, où l’humidité et la pluie s’accumulaient. Dans le bassin, qui était de taille considérable, reposaient toutes sortes d’objets: de l’or, du jade, de la poterie, des os humains, de l’encens. Ce fut à ce moment que je sus que je me trouvais dans un vieux cenote, dédié au dieu Maya de la pluie, Chaac. J’étais stupéfaite. Après toutes ces années, personne n’avait découvert cet endroit dédié aux dieux Mayas! L’endroit avait probablement été scellé après la création de l’autre cenote à Chichen Itza, le cenote sacré. Je retenais mon souffle pendant que j’explorais la grotte, très excitée par ma découverte. Les os dans le bassin étaient bien les os de quelques misérables sacrifiés, conservés par miracle pendant huit-cents ans. J’oubliais qu’il fallait que je contacte Martin pour le rassurer de ma sécurité. Je sortis mon portable, mais en vain. Il n’y avait évidement aucun service à travers la grotte. Maintenant, il ne me restait aucun moyen de ressortir du cenote. Heureusement, mon carnet allait me permettre de laisser un témoignage de mon emprisonnement. Jour 3 — Le 19 mars 2006 : Martin avait probablement découvert ma disparition avant la tombée de la nuit cette nuit, mais personne ne m’avait retrouvée ce matin. Quelques faibles 38 rayons de soleil filtraient à travers quelques trous dans le plafond du cenote, me laissant savoir que j’avais passé la nuit dans la grotte. À présent, je transpirais car l’air dans la grotte était très humide. Dans un dernier acte de désespoir, j’errai à travers la grotte en espérant que je trouverais une sortie. Je découvris assez tôt que la grotte, très complexe, était constituée de nombreux passages souterrains. Je me perdais au fur et à mesure dans la grotte, oubliant quel passage j’avais emprunté auparavant. Il ne me restait plus beaucoup d’eau dans mon sac à dos, et je n’avais plus que deux barres de céréales. Les heures s’écoulaient peu à peu, jusqu’à ce qu’il fît nuit à nouveau. J’avais un terrible mal de tête à présent, mais je me résolus à bien dormir cette nuit pour avoir assez de sommeil pour continuer mon expédition à travers la grotte à côté du cenote le lendemain. Jour 4 — Le 20 mars 2006 : Je me levai ce matin et m’aperçus que mon mal de tête avait disparu pendant la nuit, et avait été remplacé par des crampes dans mon dos à cause du fait que je m’étais endormie sur le sol dénivelé par toutes sortes de petites roches de différentes couleurs et de différentes tailles. Je mangeai avec avidité ma dernière barre de céréale, et bus le reste de ma dernière bouteille d’eau. Après deux heures de marche, me perdant dans d’innombrables passages, et aboutissant devant des éboulements d’énormes roches de granite et de quartz, je me retrouvai devant le cenote, où je me trouvais deux jours auparavant. Mais cette fois, je n’étais plus seule. À côté du cenote se trouvait un homme à la peau bronzée, avec un corps mince et élancé. Ses bras étaient couverts d’écailles de serpent vertes et brillantes, sa tête inhumaine, et son nez long et fourchu. Il n’était pas un homme normal. Deux coquillages pendaient de ses oreilles. Son physique correspondait exactement à celui de la divinité Chaac, le dieu de la pluie dans la mythologie maya. Dans sa main se tenait un bouclier, et dans son autre main, une hache. En me voyant, il se mit à crier en pointant immédiatement son immense hache vers moi. Il commença à parler, en maya, mais étrangement, je ne saurais jamais pourquoi, j’arrivais à le comprendre : —Je suis le dieu Chaac ! Je suis revenu ici, à Chichen Itza, ma cité natale. Pourtant, voici presque cinq cents ans qu’on ne m’a pas offert un sacrifice dans ce cenote. Je suis impatient de réclamer une offrande, afin qu’il continue à pleuvoir 39 ici au Yucatán, s’exclama t-il. J’étais absolument stupéfaite. Cet homme, qui avait une queue de serpent et une tête de bête étrange prétendait être un dieu maya âgé de plus de cinq cents ans ! Je me retrouvais donc devant deux possibilités. Cet homme était-il vraiment le dieux Chaac, ou étais-je en train de rêver à cause du manque de nourriture ? —Alors, continua-t-il sur un ton absolument sérieux, mademoiselle, voudriezvous vous jeter dans ce cénote en sacrifice pour moi ? Il pointa le doigt en direction du bassin avec un sourire menaçant. En réalité, je me sentais victime d’une très mauvaise farce car, évidemment, le dieu Chaac n’existait pas, et je ne me sentais pas du tout d’humeur à aller me jeter dans une cenote où se trouvaient de multitudes d’os humains et d’autres objets mystérieux. Par malchance, je savais que l’homme-serpent qui s’appelait Chaac serait parfaitement capable de me tuer, et je n’avais aucune chance de lui échapper. Soudain, je me sentis beaucoup plus légère, comme si mon corps flottait. J’étais en train de voler. Par un miracle mystérieux, j’avais été transformée en un petit oiseau, un colibri, si commun dans la forêt tropicale. Je me dis que c’était probablement une autre partie de mon délire étrange. Je repensai aux légendes mayas, et déduisis que je m’étais transformée en mon uay. Tout à fait déconcertée par la tournure des évènements récents, je me réjouis simplement de ma liberté et m’envolai vers le plafond du cenote, où je passai agilement à travers une petite ouverture. Je me sentais très fatiguée à présent, et mes ailes devenaient de plus en plus lourdes, jusqu’à ce que je m’évanouisse de fatigue. Je pouvais entendre des petites voix très faibles : — Est-ce que… à temps…évanouie…cinq jours…se réveille… J’ouvris mes yeux lentement, et découvris que je n’étais pas au milieu de la jungle entourant Chichen Itza, mais sur un lit d’hôpital. Mon guide inquiet, Martin, me raconta : —Nous vous avons retrouvée il y a deux jours au bord du cenote! Vous vous étiez évanouie après le choc de la chute du haut de l’observatoire. Demain, vous prendrez l’avion jusqu’à Paris. Vous aurez sûrement le temps de finir l’article pour GEO dans l’avion. —Donc, je n’ai pas rencontré le dieu de la pluie ? Et toute mon aventure n’était 40 qu’un rêve? lui demandai-je d’une voix assez angoissée. Il me répondit avec un large sourire : —Une rencontre avec un dieu Maya ? Mademoiselle Perrier, vous avez fait un sacré rêve ! Venez, il faut que vous commenciez à faire vos valises pour préparer votre retour en France. Voilà comment se termina mon aventure au Yucatán, le 20 mars 2006. Quand je suis retournée au bureau, mon article fut publié par GEO. 41 Les serpents, par Raphaël Les autres dormaient tranquillement dans l’avion, mais je restais moimême, bien réveillé, trop excité par mon voyage au Mexique pour dormir. À ma gauche, Nicolas et Virginie se tenaient par la main avec les yeux fermés, tandis que de l’autre côté de l’avion, Alfred et Catherine se reposaient. J’avais déjà fini tous les livres que j’avais amenés avec moi depuis longtemps. Le film que l’on montrait à bord était la pire comédie romantique jamais écrite. Je n’avais ni faim, ni soif et l’utilisation de tous mes appareils électroniques était interdite. Je m’ennuyais. Enfin, après plusieurs longues heures d’attente, l’avion atterrit enfin à Guadalajara. Mes amis, bien reposés, restèrent réveillés dans le bus qui nous amenait au Yucatán. Nous bavardâmes avec excitation tout le trajet. Arrivés à notre hôtel, épuisés par la route longue et poussiéreuse, nous nous couchâmes très tôt car nous allions nous réveiller à cinq heures du matin le lendemain. Le réveil sonna à cinq heures, comme convenu, mettant fin à nos rêves et réveillant tout le monde. Lentement, nous nous préparâmes pour une visite des ruines d’un ancien observatoire Maya, celui de Coba. Nous marchâmes dans la jungle pendant une heure, constamment irrités par les moustiques et d’autres insectes qui nous avaient repérés. Arrivés aux ruines, nous nous y promenâmes tranquillement. À environ onze heures, du matin, nous nous arrêtâmes pour boire une petite gorgée d’eau et pour contempler l’édifice. L’observatoire possédait une forme unique, à moitié pyramidale et à moitié conique. Fabriqué de vieilles roches, et entouré d’arbres, le bâtiment semblait atteindre le ciel. Une petite entrée de bois permettait l’accès aux escaliers qui menaient au sommet de l’édifice. Ensuite, après avoir mis sur nos bras, nos jambes et notre cou du produit pour lutter contre les moustiques et les fourmis rouges, nous marchâmes jusqu’au site d’une ancienne pyramide Maya. Nous montâmes ses marches. Cela 42 fut très facile pour la majorité du groupe, mais Virginie éprouva quelques difficultés. D’abord, elle avait peur de monter en haut de la pyramide, et Nicolas dut la réconforter et lui assurer que rien n’allait lui arriver. Elle tenta donc avec une prudence excessive d’escalader quelques marches, mais s’arrêta après en avoir gravi quelques-unes. Elle supplia donc Nicolas de la porter. Le pauvre garçon la prit donc dans ses bras et la porta avec difficulté en haut de la pyramide. Puis, il la réconforta de nouveau. Enfin, il redescendit en bas de la pyramide pour chercher son sac. Il le porta avec sa main gauche, avec arrogance. Vers le sommet de l’édifice, le sac se cassa et toutes ses affaires roulèrent sur les marches. Il dut donc récupérer ses affaires avant que nous puissions commencer notre déjeuner tant attendu. Virginie ouvrit le sac où se trouvait notre repas et soudain un iguane en sortit, sautant sur sa tête. Nicolas regardait attentivement la bête tandis qu’elle bougeait sur le visage de sa copine. Il visa avec précision avant de tenter de frapper la bête. Mais l’iguane sauta au dernier moment et Virginie reçut une gifle à la figure. Nicolas lui demanda pardon lorsque nous mangions en riant, mais il y passa une bonne demi-heure. Quand il commença son repas, le reste du groupe avait déjà fini. Nous décidâmes qu’il valait mieux préparer nos tentes sans eux. Nous en avions deux. Pour nous débarrasser de Nicolas et de Virginie, il fut décidé que ces deux-là dormiraient seuls dans la même tente et que nous dormirions dans la deuxième. Mais Alfred insista pour dormir dans la même tente que Virginie. Donc, il rejoindrait les deux amoureux, me laissant seul avec ma copine. Lors de la nuit, calme jusqu’à ce stade, j’entendis un hurlement qui aurait pu faire saigner mes oreilles, sûrement un cri provenant de la bouche de Virginie. Catherine et moi sortîmes de notre tente. Dehors, nous rencontrâmes nos trois amis. Virginie essayait de se débarrasser d’un serpent qui glissait autour de son cou. Au moment où le reptile semblait vouloir la mordre, elle poussa de nouveau un cri, mais le serpent lui léchait simplement la figure. On pouvait voir la frayeur de la jeune fille dans ses yeux. Elle tremblait d’angoisse ; ses dents claquaient, sa peau avait pâli. 43 Nicolas voulut venir à son secours et tenta de prendre le serpent dans ses mains, mais il faisait noir et il tira par accident les cheveux de Virginie. Elle poussa encore un autre hurlement, cette fois-ci de douleur. Afin de la réconforter, Alfred prit Virginie dans ses bras et commença à chanter doucement, comme l’aurait fait la mère d’un bébé qui pleurait à deux heures du matin. Fiévreux de jalousie, Nicolas essaya de le gifler. Mais il faisait toujours noir et donc Virginie reçut une deuxième claque à la figure. Au moins son visage paraissait maintenant assez symétrique. Alfred réussit enfin à prendre le serpent dans ses mains, mais lorsqu’il tenta de le jeter, il s’agrippa à son bras. Il entra ensuite dans ses chaussures. Il finit donc par devoir enlever ses chaussures et par marcher en chaussettes qui rendraient l’âme probablement bientôt. Virginie nous dit que des serpents s’étaient retrouvés dans son sac de couchage. Mais, connaissant la jeune fille, Catherine et moi ne la crûmes pas. Celle-ci rentra dans la tente de nos trois amis. Elle en examina avec prudence l’intérieur ainsi que chaque sac de couchage. Elle n’y trouva rien. Mais nous avions vu le serpent qui l’effrayait ; nous voyions encore, en ce moment, la peur dans ses yeux, l’intensité avec laquelle elle tremblait et comment ses dents claquaient. Alfred et Nicolas paraissaient aussi effrayés qu’elle. Virginie faisait souvent un caprice pour un petit rien, mais cette fois-ci, elle avait sûrement dit la vérité. Cette aventure achevée, nous nous dîmes qu’il valait mieux rentrer dans nos tentes. Mais Virginie insistait pour qu’elle ne puisse pas rentrer dans sa tente. Fatigués par ce caprice, même s’il était justifié, Catherine et moi lui offrîmes de leur laisser notre tente tandis que nous dormirions dehors. Elle nous remercia sincèrement et m’embrassa sur la joue, ce qui rendit le visage de Nicolas si rouge que l’on pouvait identifier cette couleur dans le noir, avant qu’il ne s’installe avec Nicolas et Alfred dans sa nouvelle tente. Nous nous sentîmes bien avant de nous coucher, mais après nous être allongés, nous regrettâmes immédiatement de leur avoir laissé la tente. Même avec les couvertures laissées dans l’autre tente par nos trois amis, une douleur tourmentait nos dos. 44 Mais soudain, j’entendis de nouveau un hurlement de frayeur. Virginie sortit de sa nouvelle tente avec une famille de serpents accrochés à ses bras, ses jambes et ses cheveux. Honnêtement, à ce moment-là, Catherine et moi aussi avions peur. Même avec notre aide, elle se débarrassa difficilement des serpents. Mais était-ce pour toujours…? Enfin, elle nous rendit notre tente et décida de dormir dehors avec ses amis. Comme prévu, elle hurlait de douleur car son dos la tourmentait, mais peu à peu, elle s’y habitua et s’endormit. Mais plus tard cette nuit, il commença à pleuvoir. Quand nous entendîmes les première gouttes de pluies, Catherine et moi sûmes que Virginie n’allait pas être contente. Les précipitations nous réveillèrent et Virginie commença à pleurnicher. Mais elle refusait de rentrer dans une tente. Ce fut une très longue nuit. Au lever du soleil, j’aperçus un groupe de personnes se promenant près de la pyramide sur laquelle nous nous situions. Leur peau sombre, leurs longs cheveux lisses et leurs crânes bien allongés signifiaient qu’il s’agissait d’un groupe de Mayas ! L’un d’eux tourna la tête vers la pyramide. Quand il nous vit, il cria quelque chose que je ne pus comprendre. Les autres tournèrent la tête, immédiatement excités. En se léchant les lèvres, ils se précipitèrent vers notre pyramide. Inquiété, j’avertis les autres. Pétrifiée de frayeur, Virginie devint vulnérable. C’était exactement ce que voulaient les Mayas. L’un d’eux prit Virginie par la main, sûrement la confondant avec une déesse, mais Nicolas, enragé, le gifla, visant bien cette fois-ci, et sauva sa copine. Je pris ma lampe de poche et fis clignoter la lumière intense dans les yeux des Mayas. Confus et effrayés, ils tombèrent tous des escaliers. Mais même si ceux-là étaient éliminés, nous sûmes que cela ne suffirait pas pour sauver Virginie. Donc, nous fouillâmes dans nos sacs et lui donnâmes une paire de jeans, un t-shirt de garçon, des chaussures de sports, un grand chapeau bien masculin pour cacher ses cheveux et un produit pour enlever le maquillage avant de lui ordonner d’aller dans une tente pour se changer. À la sortie de la tente, elle ressemblait vraiment à un garçon. Maintenant, il aurait été difficile pour les Mayas de la reconnaître. 45 Nous observâmes le paysage du sommet de la pyramide. Il me semblait que nous étions entourés de Mayas. Mais j’avais mis des batteries toutes neuves dans ma lampe de poche. Je me sentais prêt. Nous descendîmes les marches, prenant uniquement les affaires essentielles. Il fallait se presser. Dans les bois qui entouraient la pyramide, nous entendîmes environ une douzaine de Mayas marchant sur les feuilles qui se retrouvaient par terre. Nous tentâmes de nous cacher. Mais nous entendîmes rapprocher les marches des Mayas. Quand ils nous rattrapèrent, tous portant une arme, Virginie ouvrit sa bouche, mais je la couvris de ma main afin de l’empêcher de crier comme une fille—il ne fallait surtout pas qu’on la reconnaisse. Ensuite, je pris ma lampe de poche et fis clignoter la lumière dans les yeux des guerriers Mayas. Aveuglés, ils nous laissèrent fuir. Vers la station de bus, un groupe de Mayas portant le trône de leur roi sur leurs épaules bloquait notre chemin. Le roi ordonna à l’un de ses serviteurs de faire quelque chose. Ce dernier marcha vers nous et nous examina. Il observa plus longuement Virginie et puis conclut sûrement qu’il s’agissait d’un garçon. Il discuta brièvement avec son chef avant de nous laisser passer. Donc nous rentrâmes à l’hôtel pour récupérer nos affaires. Ensuite, nous courûmes à l’arrêt de bus. Avec l’argent qu’il nous restait, nous calculâmes que nous pourrions nous réunir à l’aéroport par bus pour acheter cinq billets d’avion. Nous prîmes donc le bus jusqu’à l’aéroport et achetâmes cinq billets. Quand l’avion eut décollé, nous poussâmes tous un soupir de soulagement. * * * Je me réveillai. À ma droite, Virginie et Nicolas se tenaient par la main avec les yeux fermés comme avant. Alfred avait pu discrètement prendre la main de la jeune fille. Mais à ma droite, Catherine, épuisée, reposait sa tête son mon épaule. Je m’ennuyais comme je le faisais à l’aller, mais, sain et sauf, hors de portée de la tribu Maya qui nous cherchait probablement toujours dans les bois, et peut-être un peu amoureux, je souriais quand même. 46 Le colibri, par Samuel D. Nous étions enfin partis de cette colonie soit disant extrême. En fait la seule chose extrême c’est que nous devions écouter Bieber à longueur de journée. Après quatre jours d’ennui total, nous avions découvert que les animateurs s’étaient en réalité mis sur la piste d’un trésor maya. Or, Tang, super joueur de foot et grand fan de C. Ronaldo, mon copain de chambre avait réussi à voler la carte et tous les indices menant au trésor. La nuit suivante, Axel et moi dévalisions la cuisine pendant que Nat volait des cordes et des hachettes, Tang lui prenait la trousse de secours. Cette même nuit, nous partîmes, mais en prenant la fuite, nous tombâmes nez à nez avec le roi des cafards, la balance de service : Clément. Il nous dénoncerait si on ne l’autorisait pas à venir avec nous. J’étais dégoûté mais nous ne pouvions pas refuser. Nous sortîmes du campus sans regret, à pas de loup. Au bout d’une bonne heure de marche, au milieu des fougères géantes, des cris matinaux des singes hurleur, des toucans et des aras, nous nous posâmes sur les racines d’un palétuvier à l’orée d’une mangrove. Les hérons tigres et les loutres regardaient cette chochotte de Clément nous supplier de lui donner de la nourriture car il était exténué. Nous partîmes en le laissant se lamenter sur son sort. Une bonne vingtaine de minutes plus tard, par malchance, je me fis mordre par un serpent corail. J’avais l’impression que mon âme s’évaporait de mon corps, j’entendais au loin la voix de Tang me dire de surtout bien respirer. Au bout d’une journée d’hallucination complète, Nat put enfin me mettre une attelle. Histoire de me plomber le moral, le cafard de Clément nous avait retrouvés car notre progression s’était passablement ralentie avec ce contretemps. Axel me raconta que j’avais rêvé d’un jaguar avec qui je parlais de maths et d’astronomie. Cela me surprit car moi et les maths, cela faisait deux voire trois. Puis nous repartîmes vers la pyramide enfouie. Au cours de notre trajet, nous rencontrâmes un paresseux et je fis remarquer à Clément qu’ils étaient frères. Ce dernier maugréa quelque chose d’incompréhensible tandis que Nat, Tanguy et Axel acquiescèrent. La carte 47 indiquait que le trésor était caché dans une pyramide enfouie de Coba à la sortie d’un long labyrinthe. Nous devions traverser un pont suspendu où de nombreux iguanes se doraient au soleil. Nous dûmes assommer Clément car il ne voulait pas traverser de peur d’être mordu par ces gros lézards un peu fainéants. Tang le transporta sur ses épaules. La nuit suivante pour qu’il se souvienne de la leçon, nous le laissâmes dormir sans moustiquaire, une lampe allumée à côté de lui pour qu’il soit rassuré la nuit. Quel âne ! Le lendemain quand les oiseaux nous réveillèrent de leurs chants si harmonieux, il ressemblait à bouton de moustique géant. Il avait souffert et nous espérions l’endurcir ! Nous levâmes le camp et le soir, nous arrivâmes près d’un cenote. Je vis un ocelot s’enfuir en bondissant. Quelle souplesse ! Quel pelage ! Je n’en avais jamais vu auparavant. D’après Tang et Axel dans un ou deux jours, nous serions à Coba. Cette nuit-là, un coati nous réveilla. Dès l’aube, nous étions partis. Au cours de cette journée, nous fûmes sauvés par un fourmilier. En effet ce dernier nous indiqua d’un cri strident que nous allions nous poser sur son garde-manger : une énorme fourmilière. Il nous avait évité une nouvelle galère ! Enfin au bout de deux heures particulièrement difficiles à cause de la jungle très compacte, nous vîmes Coba. Maintenant, c’était de la rigolade pour accéder à la pyramide enfouie. Il nous suffisait de marcher 104 pas vers le nord puis 24 à l’est et nous nous trouverions pile poil à l’entrée de la pyramide. Les touristes nous regardaient bizarrement. Nous décidâmes d’entrer dans la pyramide à la nuit tombée. Une fois le soleil couché, nous nous badigeonnâmes d’anti-moustiques. La porte pesait le poids d’un âne mort et ce n’est qu’après de nombreux efforts que nous arrivâmes à l’ouvrir. Clément avait bien failli se perdre mais Axel le retrouva. Dans le labyrinthe, nous tombâmes nez à nez avec une pyramide d’ossements humains. J’en ai encore la chair de poule ! Le dernier couloir nous menait droit vers une pièce circulaire sur fond rouge avec des jaguars dévorant des hommes peints sur les fresques. Soudain, nous entendîmes un rugissement d’une puissante à nous hérisser les cheveux sur la tête, comme nous le disait la prof de maths. Une ombre de jaguar se déplaçait sur le mur, mon cœur battait 48 plus vite que le rythme de la chanson « Beat it ». Il avançait vers nous de sa démarche imposante et fière. Je sentais mes jambes se dérober sur moi et pour la première fois, je regrettais d’être parti dans cette aventure folle. Et si nous, à notre tour, nous allions participer à l’augmentation de la hauteur de la pyramide d’ossements ? Clément prit ses jambes à son cou, et, comble de malchance, il marcha sur un piège d’animaux qui s’ouvrit instantanément. Nous regardâmes au fond du trou et nous le vîmes agonisant une lance au travers du ventre, une autre dans la poitrine et une dernière lui transperçant la gorge. Quand nous nous retournâmes, le jaguar nous pétrifia sur place de son regard noir. Puis il nous dit d’une voix rauque : — Si vous ne voulez pas finir comme lui, il va falloir répondre correctement aux dix questions magiques préparées par Chac. Je me pinçai le bras et je vis que c’était bien la réalité. Waouh !! Questions pour un champion version Maya, je trouvais ça dangereux ! J’osai lui demander d’une petite voix craintive : — On peut déclarer forfait ? — Il a déclaré forfait, me répondit-il, en désignant Clément de la tête. J’essayai d’avaler ma salive. Une boule de stress grandissait dans ma gorge. Le jaguar déclara en se léchant les babines : —1er question : Quelle est la distance entre la terre et sa sœur jumelle ? Je réfléchissais le plus vite possible puis cela me revint. La sœur jumelle, c’est la lune ! La distance de la lune à la terre, on devait la calculer dans le devoir maison de maths et c’était 374 676 km. Je m’exclamai : —374 676 km !!!!! —Passons à la deuxième questions reprit le fauve sur un ton nerveux : Si Uxmal, Tulum et Chichen Itza forment un triangle rectangle en Chichen Itza et que Uxmal-Tulum est égale à 120km et que Tulum-Chichen Itza est égale à 90 km : Quelle est la distance entre Uxmal et Chichen Itza ? Le théorème de Pythagore allait décider de ma vie. Je cherchai et cherchai et finalement Nat trouva la réponse. Je ne souviens même plus de ce que c’était, pour vous dire à quel point les maths n’étaient pas mon fort. Les questions 49 défilaient et on trouvait les réponses les unes après les autres, jusqu'à ce que le jaguar nous dise enfin : —Dernière question : Citez moi dix animaux terrestres vivants sur le territoire des Mayas. Je vous préviens personne n’a jamais répondu à cette question. On était chanceux. Les animaux, c’était mon fort, et on venait juste de faire une petite balade en pleine jungle, les idées ne devraient pas trop me manquer. Mais au moment où on allait citer le nom de dizaines d’animaux. Le jaguar nous précisa d’une voix glaciale : — Une erreur, et c’est fini. Nous décidâmes donc que c’était moi qui citerait le nom des animaux. Je répondis d’une toute petite voix sachant qu’une seule erreur et mes amis et moi se transformerions… en chair à pâtée : —Tatou, coati, iguane, toucan, singe hurleur, loutre, ara, ocelot, serpent corail et … colibri (me rappelant enfin ces charmants petits oiseaux que nous croisions tous les jours). Nous attendîmes sa réaction plusieurs minutes… puis nous eûmes l’impression qu’il nous souriait. Cela ne ressemblait pas un sourire de tueur mais juste un vrai sourire. Nous explosâmes de joie, c’était le plus beau jour de notre vie, nous étions passés à un rien de la mort, mais c’était le plus beau jour de notre vie ! Après que nous fûmes tombés dans les bras l’un de l’autre, et que nous retombâmes sur terre, nous regardâmes enfin le jaguar. Ce n’était plus un jaguar mais un petit vieux avec un crâne allongé. Nous dûmes le regarder comme un extra-terrestre car il nous dit : —Le jaguar, c’était mon uay. Seuls les Mayas savent le contrôler. Venez au trésor, crânes ronds ! Tang et Axel faillirent lui envoyer une bonne droite, mais Nat mima les griffes et leur rappela ainsi qu’il pouvait se transformer en jaguar…cela les dissuada. Nous marchâmes pendant des heures et je me demandai de plus en plus si le pauvre vieux n’avait pas perdu la boule. Axel me lança un regard qui me fit comprendre qu’il n’en pensait pas moins. Une odeur de fruit nous chatouillait les narines. Peu de temps après, nous traversâmes un pont ou plutôt une racine géante comme dans le film Avatar. Je levai la tête et vis pour la première fois 50 l’arbre gigantesque. L’extrémité de ses branches transperçait la croûte terrestre. L’odeur de fruit venait donc de ses fruits géants qui servaient d’habitation. Le vieux nous dit : —Les enfants, le trésor est le savoir. Nous voici dans le grand monde souterrain des mayas. Je vais appeler Chac pour qu’il vous salue. En attendant Chac, je vis au loin un terrain de jeu de balle. Les joueurs étaient plus costauds que des basketteurs de NBA. Soudain, Chac arriva vers nous sur un nuage. Tous les mayas se prosternèrent, nous le fîmes aussi. Il nous demanda de nous relever. Il faisait bien deux têtes de plus que nous, même si sa jeunesse semblait lointaine. Il nous déclara : —Etrangers, vous êtes les premiers à pénétrer dans le royaume de paix des Mayas… Axel le coupa net : —Nous avons trouvé un tas d’ossements à l’entrée et d’après les livres d’Histoire, vous êtes un peuple sanguinaire qui adore les sacrifices. Alors, le mot paix, permettez moi de vous dire qu’il n’a pas sa place dans cette phrase ! Quand il dit cette phrase tous les mayas prirent leurs arcs et le bandèrent vers lui. Heureusement, Chac leur fit signe d’abaisser les arcs et répondit calmement : —Nous étions un peuple qui adorait les sacrifices mais nous avons changé depuis que les sacrifices ont conduit notre peuple à sa perte, lors de l’arrivée des conquistadores. Les dieux ont donc guidé le peu de Mayas qui restaient près de l’arbre souterrain. Nous acceptons de vous laisser partir si vous jurez de ne révéler à personne ce lieu et bien entendu vous serez toujours les bienvenus vous et votre famille. Nous jurâmes puis nous découvrîmes cet endroit si spécial. Un prêtre nous invita à déguster du maïs et du chocolat. Nous rentrâmes chez nous. L’affaire Clément fut classée sans suite. Un mois plus tard la famille de Tang, de Nat, celle d’Axel et la mienne retournèrent dans cette ville souterraine. Avant de pénétrer dans le monde parallèle pour toujours, je vis un tatou. Le seul animal que j’avais cité et que je n’avais jamais vu. C’était fait ! J’avais apporté avec moi la recette du 51 chocolat pour devenir célèbre dans ce monde et pour que mon père nous accompagne. Cela fait maintenant dix ans que je vis chez les Mayas avec le surnom de roi du chocolat. J’ai moi aussi trouvé mon uay : c’est le colibri et j’en suis ravi, car ce petit oiseau m’a sauvé la vie. 52 L’arbre sacré, par Samuel St C Je n’avais jamais visité le Yucatán, mais j’avais lu des livres sur ce sujet au lycée. Un jour, mon patron m’a envoyé là-bas pour écrire un article sur le développement de l’écotourisme et pour visiter les cités et pyramides Mayas sans détruire l’environnement. J’étais très fier. Mais je ne savais pas ce que j’allais découvrir. Il m’a envoyé avec un autre reporter qui s’appelait Britta, aux longs cheveux longs et blonds et de taille petite, et un guide local nommé Troy. Troy semblait même plus petit que Britta. Sa peau paraissait très sombre. Il possédait peu de cheveux mais ils étaient bouclés et marron foncé, de la même couleur que ses petits yeux. Ses yeux semblaient toujours un peu jaune. Il possédait une cicatrice sur son visage qui était très visible. Il vivait dans le village mais il s’habillait différemment des autres locaux. Il se vêtait avec des vêtements très américains. Il parlait l’anglais, l’Espagnol et le Maya. Nous arrivâmes au Yucatán le 12 mars à 4 heures du matin. Britta était épuisé mais Troy ne nous laissait pas dormir. J’avais dormi sur l’avion alors je n’étais pas trop fatigué. Il nous emmena au bord de la jungle où trois ânes nous attendaient. L’âne de Troy était plus petit que les nôtres mais c’était proportionnel à sa taille. Nous arrivâmes quelque part au milieu de la jungle pour manger quelques heures plus tard. Pendant que nous mangions, j’entendis des sons qui venaient des arbres. Des oiseaux volaient au-dessus de nous de différentes couleurs. Mais, ce n’était pas les oiseaux qui faisaient les sons. Troy entendit les sons aussi et se mit debout pour voir ce que c’était. Puis, un homme apparut à côté d’un arbre. Il semblait très grand mais maigre. Sa peau ressemblait à la peau de Troy mais pas si sombre et ses yeux très grands et noirs s’ouvraient largement comme un puits de mystère. Il possédait des cheveux courts et noirs. Il commença à parler avec Troy dans la langue Maya. Je ne comprenais rien. Troy nous dit en anglais que l’homme était un natif aussi mais qu’il ne le reconnaissait pas. Vivait-il dans la forêt ? Il voulait nous aider car apparemment nous étions perdus. Il s’appelait Abed. 53 Il nous mena à une montagne qu’il fallait traverser. Il n’était pas sur un âne mais il marchait très rapidement, si bien que je n’arrivais pas à le suivre facilement. Je n’avais jamais traversé les montagnes à dos d’âne. Troy savait se diriger avec les ânes mais son âne marchait plus lentement que le mien à cause de sa taille. Nous entendîmes des bruits d’eau pendant quelque temps. Nous arrivâmes à un fleuve. Soudainement, un homme nous attaqua. Il ne ressemblait pas aux gens du coin mais semblait plutôt d’origine chinoise. Troy nous dit de descendre de nos ânes rapidement. Nous nous cachâmes derrière un arbre. L’homme attaqua Abed mais juste avant qu’il le frappe, notre nouvel ami se transforma en chauve-souris. L’homme semblait extrêmement surpris, tellement qu’il ne nous vit pas fuir. Nous marchâmes à pied pendant quelques minutes, au cours desquelles mon esprit ne parvenait pas à penser à ce que je venais juste de voir. Est-ce que j’avais rêvé ? Britta semblait également surpris mais Troy trouvait la scène tout à fait naturelle. Un quart d’heure plus tard, une chauvesouris commença à voleter autour de nous. Nous reconnûmes notre ami Abed. Il se posa sur le sol pendant qu’il reprenait sa forme humaine. Cette nuit là, je ne pus pas dormir à cause de ce que j’avais vu. Le matin suivant, je demandai à Troy ce qui s’était passé la veille. Il ne savait pas de quoi je parlais et ne me répondit pas. Cela me troubla. Nous avions faim car nous n’avions pas mangé depuis le déjeuner de la veille. J’avais beaucoup de questions que je voulais demander à Troy ou à Abed mais je ne les posai pas, parce que je savais qu’ils ne me répondraient pas. Nous marchâmes pendant environ deux heures quand nous nous arrêtâmes pour manger un peu. Je décidai d’interroger Troy. En premier, je lui demandai quand je pourrais faire ma recherche pour mon article et il me dit que nous devions d’abord arriver à Chichen Itza avant que je puisse faire ma recherche car nous étions perdus depuis longtemps. Puis, j’ai demandai à Abed qui nous avait attaqués. J’espérais que peut-être en m’expliquant qui nous avait attaqués, je comprendrais sa transformation en chauve-souris aussi, mais il me dit seulement que c’était Benjamin Chang, un voleur infâme du Yucatán. Après le déjeuner, nous marchâmes encore quelques heures. Nous voyagions très lentement maintenant car nous avions perdu nos ânes. Soudain, un grand arbre qui semblait différent 54 des autres se dressa devant nous. Je savais qu’Abed avait remarqué sa différence parce qu’il commença immédiatement à toucher l’arbre et à l’observer très méticuleusement. Soudain, quand Abed toucha une partie de l’arbre, l’arbre se mit à résonner et nous vîmes des dizaines de marches qui partaient de ses racines. Les escaliers étaient en pierre et faisaient beaucoup de bruit quand nous les empruntâmes, alors nous devions descendre très lentement et discrètement. Quand nous arrivâmes en bas, je vis une porte qui laissait passer un peu de lumière. J’ouvris la porte et je vis un vieil homme avec peu de cheveux gris et sales. Il se retourna immédiatement et me vit. Abed entra par la porte. Sur la table dans la salle, il y avait un jaguar qui était presque mort. L’homme avait un couteau dans sa main comme il était prêt à sacrifier l’animal. Le jaguar est un animal sacré dans la religion Maya, alors c’était illégal de le tuer. Il commença à courir pour lui échapper. Abed le poursuivit rapidement. Troy commença à courir aussi. Nous arrivâmes dans un long couloir. Nous courûmes vers l’homme qui n’était pas très rapide mais qui jetait toutes les choses qui passaient à sa portée, comme des bancs de bois, pour nous ralentir. Soudainement, nous arrivâmes dehors sur une falaise. Troy approcha l’homme quand l’homme le prit par le cou et mit le couteau sur son cou. Il disait qu’il allait jeter Troy de la falaise si nous l’approchions davantage. Soudainement, Abed se transforma en chauve-souris pour essayer de sauver Troy. De terreur, l’homme lâcha Troy qui perdit l’équilibre et sauta de la falaise. Nous criâmes et l’homme s’échappa dans la forêt. Nous essayâmes de l’attraper mais il était déjà trop loin. Nous étions très tristes les jours suivants à cause de la mort de notre ami Troy. Trois jours plus tard, nous arrivâmes à une grande cité Maya. Nous étions finalement arrivés à Chichen Itza. Nous retournâmes pour dire merci à Abed mais il se transforma en chauve-souris et s’envola trop vite. Nous commençâmes à prendre des photos des pyramides quand j’aperçus quelque chose sur un arbre. C’était un oiseau. Il semblait petit et sombre. Il possédait des yeux sombres et jaunes. Sur son visage, j’aperçus une cicatrice. Il nous regarda puis s’envola dans la même direction qu’Abed. 55