Le Franc CFA : le temps des mutations? Par Professeur Moustapha

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Le Franc CFA : le temps des mutations? Par Professeur Moustapha
Le Franc CFA : le temps des mutations?
Par Professeur Moustapha Kassé
Introduction
Fruit de l’histoire coloniale, la zone franc africaine a été avant tout un instrument de
coopération entre la France et ses colonies. Officiellement mise en place en 1939, elle se
définissait alors comme étant un espace où circulait le franc français, de même que le Franc
des Colonies Françaises d'Afrique (FCFA). A l'intérieur de cet espace géographique, les
activités économiques pouvaient se développer, protégées par des règles dissuasives vis à vis
de l'extérieur. La coopération était donc centrée sur des unions commerciales naissances et la
protection autour de territoires dépendants de la métropole.
Avec les indépendances, une redéfinition de la zone franc s'est opérée. Ainsi pouvait-on
noter1 la création de deux unions monétaires distinctes2 en Afrique. A l'intérieur de chacune
d'elles, les accords de création ont prévu l'existence d'une monnaie unique régie par des règles
communes. Le fonctionnement de la zone monétaire CFA se trouve alors fondé sur quatre
principes :
- La parité fixe entre les différentes monnaies et le franc français; convertibles entre
elles à des parités fixes et sans limitation de montants3.
- La convertibilité des monnaies CFA garantie sans limite par le trésor public français.
- La liberté des transferts à l’intérieur de la zone CFA, aussi bien pour les transactions
courantes que pour les mouvements de capitaux.
- La centralisation des réserves de changes des deux unions sur un compte d’opérations
ouvert auprès du trésor français4.
Les dispositions ainsi appliquées à la zone franc africaine ont assuré à ses membres un cadre
macroéconomique stable5 au moins pendant près de deux décennies. Par la suite et notamment
au cours de la dernière décennie, plusieurs événements ont cependant remis en cause le
symbole de la relation particulière entre la France et ses anciennes colonies. Si déjà la
dévaluation de janvier 1994 annonçait les couleurs, l’avènement de l’euro, lui, n’a fait que
confirmer ce qu’il était convenu d’appeler une nécessaire réforme de la coopération francoafricaine.
Il faut dire en effet que la création récente de l’union monétaire européenne dont fait partie
désormais la France, soulève des inquiétudes quant à l’avenir de la zone franc africaine. La
préoccupation se résume essentiellement en l’éclatement ou non de cette zone monétaire. Le
dénominateur commun qui revient le plus souvent sinon toujours dans les discussions touche
1
Outre la France et ses départements et territoires d’outre-mer et la République Islamique des Comores.
2
Les membres de ces deux unions y compris la République Islamique des Comores, sont désignés sous
l'appellation Pays Africains de la Zone Franc (PAZF).
3
Notons que La valeur du franc CFA est en rapport constant avec le franc français, inchangé entre Octobre 1948
et Janvier 1994 (1Franc Français équivalait 50FCFA). A partir de cette date, la cotation devient 1Franc Français
pour 100FCFA. Depuis l’avènement de l’euro, elle est demeurée à 655,957FCFA.
4
Les Banques Centrales de la zone franc africaine sont tenues de déposer 65% de leurs réserves en devises.
5
Pour un bilan institutionnel de la zone franc africaine, voir N’Guessan (1998, 2000).
à la parité fixe du franc CFA. A en croire le gouvernement français, on peut améliorer les
modalités de mise en œuvre ainsi que les modalités pratiques de gestion de la convention du
compte d’opérations sans toutefois en changer le principe fondateur. La question essentielle
est de savoir si une zone euro qui conserve les mécanismes de la coopération monétaire
franco-africaine constitue une perspective dynamique de coopération monétaire (Biao, 1998).
Au regard du contexte actuel, les principes fondamentaux de la zone franc sont-ils encore
valides et pertinents ?
Un renforcement de la coopération en appelle à une redéfinition d’options stratégiques pour
les PAZF dans leurs relations monétaires internationales et notamment celles européennes.
Dans l’optique du premier principe définit ci-dessus à savoir celui de la parité fixe, il semble
que la stratégie d’ancrage nominal du franc CFA depuis janvier 1999 paraît judicieuse (Ondo
Ossa, 2001) sans que la zone franc africaine ne satisfasse pour autant entièrement aux critères
traditionnels d’optimalité6 (Becart, 1997, Eboué, 1998 et Bénassy-Quéré et Coupet, 2003).
Parallèlement, bien que cette option de choix fixe à l’euro demeure en vigueur, certaines voies
continuent de percevoir ce choix comme étant une erreur et préconisent une dose de
flexibilité. Dans ce cas, les Etats membres de la zone disposeraient-ils alors de réels atouts
majeurs pour entreprendre des politiques monétaires souveraines ?
La présente communication tente de répondre à ces questions en s’efforçant d’analyser du
point de vue théorique et empirique la pertinence de la coopération franco-africaine sous
l’angle du principe de la parité fixe. Dans des études réalisées, il est noté une certaine
présomption de défaut de crédibilité des régimes de change au sein des pays de la CEDEAO
et notamment ceux de l’UMOA. Bien que la zone jouisse d’une certaine réputation récente en
matière de stabilité (Guillaumont et Guillaumont, 2002), il reste que le régime de change au
sein de l’UMOA aurait souffert de ce défaut dû à la dernière dévaluation (Ondo Ossa, 2001).
Nous montrons ici (dans une première section) que les chocs auxquels sont soumis ces pays
sont pour l’essentiel à l’origine de cette constatation. A la lumière de ces facteurs, nous
analysons ensuite dans la deuxième section l’optimalité de l’ancrage à l’euro dans le sens
d’une nouvelle coopération franco-africaine ou euro-africaine.
I-
Le franc des colonies françaises d’Afrique : symbole d’une coopération
I.1- Au commencement, à qui profite la coopération ?
Présentée comme un instrument de puissance de la métropole (Godeau, 1995), la zone franc
est vue comme une zone de repli à son industrie sinistrée. L’auteur résume en une seule
phrase la vision générale : « elle fournit à une économie française peu compétitive des
débouchés faciles et des matières premières à bon prix ». Bien que reposant en apparence sur
des considérations monétaires, cette caricature en dit long sur le caractère économique de la
coopération franco-africaine à l’endroit de la France.
Sur cet aspect de la question, on peut se rappeler que la dimension économique du pacte
colonial reposait sur cinq principes dont les grandes lignes traduisaient explicitement une
coopération centrée sur des unions commerciales naissances et la protection autour de
territoires dépendants de la métropole. Le pacte colonial réunissait ainsi (N’Guessan, 2001)
6
Elle serait une zone monétaire optimale sinon s’en rapproche par rapport à sa finalité qui est la solidarité (Ondo
Ossa, 2000).
les conditions suffisantes pour assurer à cette dernière un solde positif de son commerce
extérieur. Dans ce cas, il ne fait plus aucun doute que la question précédemment posée trouve
une réponse.
Cependant on pourrait toujours croire à une coopération au seul avantage exclusif de la
France. Et pourtant comme il ressortait du discours français, la zone franc est devenue, depuis
les années 1960, un outil de coopération sans équivalent dans les relations Nord-Sud. Certes,
cette zone regroupe dès sa création des pays à majorité dépendant des produits primaires
d’exportation. Et même si son fonctionnement reste très marqué par l’histoire coloniale de la
France, il n’est pas à nier que les règles communes appliquées aux pays membres l’ont
cependant isolée des perturbations du moment. Les dispositions ainsi appliquées à la zone
franc africaine ont assuré à ses membres un cadre macroéconomique stable7 au moins pendant
près de deux décennies.
Dans les années 1970, les secteurs exportateurs ont connu un développement important basé
sur des produits primaires. Les cours des matières premières ont évolué de manière favorable
aux pays africains en général et ceux appartenant à la zone franc en particulier. En effet, après
les hausses de 1973 et 1974 qui ont multiplié l'indice des prix pétroliers par cinq, les prix des
matières premières hors pétrole ont connu jusqu'en 1976 une augmentation de 100%. Les prix
agricoles et les prix alimentaires ont augmenté respectivement de 106% et 120%8. Le second
choc pétrolier de 1979 a entraîné de nouveau une hausse des prix des matières premières. Les
matières hors pétrole ont augmenté de 180%, en particulier le caoutchouc et la bauxite. Les
produits agricoles ont subi une hausse de 182%9, surtout le cacao, le café et le coton.
On pourrait imputer cette situation à d’autres facteurs exogènes. Une comparaison des
agrégats macroéconomiques montre cependant que les PAZF ont connu de meilleures
performances économiques que d'autres pays hors zone franc (tableau 1). En terme
d’exemple, le produit intérieur brut réel a cru de 4,6% par an sur la période 1975 à 1985
contre seulement 1,4% dans les pays d'Afrique subsaharienne hors zone franc. Le produit
intérieur brut par habitant a été en moyenne de 1,7% contre –1,3% pour les pays hors zone
franc et l’inflation plus favorable (11,2% contre 17, 8%).
Tableau 1 : Performances économiques : comparaison zone CFA/Afrique subsaharienne hors
zone CFA
7
Pour un bilan institutionnel de la zone franc africaine, voir N’Guessan (1998, 2000).
8
A. Bécart (1997), p. 150-151.
9
A. Bécart (1997), op. Cit.
Périodes
1975 à 1985
1986 à 1993
Zone Franc
Hors Zone Franc
Zone Franc
Hors Zone Franc
4,6
1,4
0,1
2,5
Taux de croissance réel du PIB/habitant (%
annuel moyen)
1,7
-1,3
-2,8
-0,3
Taux d'inflation (% annuel moyen)
11,2
17,8
1,1
22
Solde budgétaire (% PIB, moyenne)
-5
-6,1
-7,6
-5,6
Compte courant extérieur (% PIB, moyenne)
-6,5
-1,9
-7,4
-0,8
Exportations de marchandises (% PIB,
moyenne)
28
20,7
22,3
24
Importations de marchandises (% PIB,
moyenne)
23,8
18,9
18,7
20,9
Dette extérieure (% PIB, moyenne)
38,2
25,2
73,7
57
Taux de croissance réel du PIB
(% annuel moyen)
Source: Semedo et Villieu (1997), p. 96-97.
L’argument développé ci-dessus semble toute fois difficile à soutenir en examinant la dernière
colonne du tableau précédent. Visiblement, la situation inversée fait reposer la question
autrement. Cette contre performance serait-elle le fait de la faiblesse des arrangements
monétaires franco-africains ? La crise économique qui touche les PAZF dans les années 1980
est la conséquence de plusieurs types de chocs notamment celui des termes de l’échange (voir
graphique). Et si N’guessan (2001) attribue cette faiblesse à la perte de la politique de change
comme instrument de la politique économique, on réalise facilement le rapport d’avec ces
pertubations. La perte de l’autonomie monétaire dû au triangle d’incompatibilité de Mundell
contraint la zone franc africaine dans ses marges de manœuvres, les accords de coopération
reposant sur la fixité et le libre transfert.
Graphique 1: Termes de l'échange
Base 100: 1985
Pays à change fixe: Zone Franc Africaine sauf Tchad et Guinée
Equatorial..
Pays à change flexible: 17 pays subsahariens.
I.2- Le dénominateur commun ou le principe de parité fixe
Plusieurs auteurs ont tenté, en référence au triangle d’incompatibilité de Mundell, de justifier
la préférence des PAZF pour les changes fixes. Cette attitude qui reflète une exception à
l’époque où de nombreux pays ont abandonné le rattachement à une seule monnaie ne
pourrait a priori nuire aux économies en présence. La flexibilité risquerait en ce moment
(Semedo et Villieu, 1997) de provoquer des effets prix déséquilibrants sur la balance des
paiements étant donné la relative insensibilité du volume du commerce extérieur face aux
variations du taux de change.
S’il semble que le régime de change fixe a été de quelque secours pour les PAZF, la
dévaluation de janvier 1994 a cependant montré les signes réels d’une inadaptation du
principe de parité fixe. Même si la valeur du franc CFA a été réduite de moitié, passant de
deux à un centime français10, il reste que cette mesure met pour la première fois en évidence
la réelle nécessité de l’ajustement par le taux de change.
Cette politique d’ajustement par le taux de change trouve sa justification outre la dégradation
des termes de l’échange, dans la perte de compétitivité aggravée par la forte appréciation du
franc français par rapport aux monnaies des principaux concurrents commerciaux de la zone
franc. Avant 1985, on assistait souvent à des mouvements de hausse du taux de change
effectif réel des PAZF. Mais cette évolution était en partie masquée par celle favorable des
termes de l’échange. L’appréciation du change réel qu’ils ont subi depuis la deuxième moitié
des années 1980 témoigne de l'insuffisante flexibilité de ces derniers (graphique 2).
Graphique 2 : Taux de change effectif réel et termes de l’échange des pays de la zone
franc, 1980-1994 (pondérés par les PIB de 1994, 1985 = 100)
(1) Un mouvement à la hausse indique une appréciation des taux de change effectifs réels.
(2) Un mouvement à la baisse indique une dépréciation des termes de l’échange.
Source : Semedo et Villieu (1997), p. 101.
La décision prise était en partie fondée sur l’idée qu’elle permettrait aux PAZF de recouvrer
une compétitivité prix afin de faciliter le retour aux équilibres macro-économiques que
l’ajustement en termes réels n’avait pu susciter. Cette mesure visait de façon classique le
10
La fixité étant toujours maintenue.
rétablissement de l’équilibre des échanges extérieurs par le jeu de l’effet quantité.
Apparemment pour les études (Bekolo-Ebé, 2001, Bondoma Yokono, 2001 noatamment) qui
ont analysé les effets de la dévaluation, la conclusion semble quelque peu partagée selon les
pays. Conté [1997] qui a étudié l’efficacité du changement de parité du franc CFA à partir du
calcul d’un indicateur d’effectivité de la dévaluation (IED) trouve que plus de 30% de la
dépréciation nominale initiale (Pourcentage du gain de compétitivité externe engendrée par la
dévaluation) était encore effective trois ans après dans la majorité des PAZF. Pour l’UMOA,
l’année de la dévaluation a été marquée par une forte érosion de l’IED en raison de l’inflation
interne. Trois ans après le changement de parité, l’IED de la sous-zone s’élève à 38,1 soit un
écart en baisse de 4 points dans l'UMAC et 8,1 points au-dessus de la limite inférieure de
l’intervalle de succès.
Pour tout dire, l'amélioration de la situation économique des PAZF, même à court terme,
traduit quelque peu l'importance du régime de change dans la réalisation des grands équilibres
macroéconomiques. Dans des pays régis par des taux de change flexibles, la dégradation des
termes de l'échange peut être compensée par une dépréciation du taux de change effectif réel.
Pendant que les PAZF subissent constamment la détérioration de leur terme de l'échange, les
francs CFA sont demeurés à parité fixe avec le franc français, et depuis 1999, avec l'euro.
I-
L’ancrage à l’euro et la problématique du régime de change
En mai 1998, la création de l’euro, la monnaie unique européenne, est consacrée. Dans la
zone franc africaine, il était question des conséquences de l'intégration du franc français dans
une monnaie jugée a priori plus forte. En janvier 1999, l'ancrage nominal des francs CFA s'en
est suivi. Cette politique de change comporte selon certains auteurs, des contraintes et des
risques malgré les avantages qui en découlent.
II.1- Chasser le naturel…
En dehors des contraintes plus fortes en matière de gestion monétaire, d’équilibres budgétaire
et extérieur, les interrogations expriment en général la peur d'une seconde dévaluation au
regard de l'expérience passée. Cependant la possibilité offerte aux économies africaines
d’accéder librement au large marché européen n'est pas négligeable. Cette possibilité apparaît
d’autant plus probable qu’actuellement, les pays de l’union européenne constituent le premier
marché et les principaux fournisseurs de la zone franc africaine (Monga, 1998).
Dans le cadre de l’avènement de l’euro, plusieurs auteurs africains11 ont proposé et analysé le
réalisme des scénarii possibles d’évolution de la zone franc africaine. Il ressort de leur
réflexion des points de vue plus ou moins divergents. Néanmoins les propositions qui
s’accordent peuvent être résumées en général en trois composantes : l’éclatement de la zone
monétaire africaine et la création d’une monnaie nationale dans chaque ancien pays membre ;
le maintien de la zone CFA sans arrimage à l’euro et enfin l’élargissement de la zone CFA à
d’autres pays.
Le premier scénario est unanimement rejeté par tous. Au-delà du fait que le second scénario
traduit déjà “ la dose de flexibilité ” souhaitée par des auteurs, le maintien du change fixe
pourrait être souhaitable si des mécanismes rapides d’ajustement aux fluctuations
économiques des agrégats macro-économiques existent. D'une part, les PAZF sont soumis à
des chocs exogènes. D'autre part, ce sont des pays dont la majorité des échanges est effectuée
avec l'Union européenne. C’est pourquoi notre réflexion justifie qu’on s’intéresse au régime
11
Notamment D’almeida (1998). Voir également les éditions Hammouda et Kassé (2001), l’ouvrage édité à
l’issue du symposium international sur l'avenir du FCFA, organisé par le Codesria à Dakar, en novembre 1998.
de change des PAZF en référence à l’euro, dans un cadre beaucoup plus analytique : le critère
d’asymétrie des chocs.
II.2- L’ancrage et l’asymétrie des chocs
L’analyse de la théorie des ZMO s’intéresse en général aux coûts et bénéfices qu’implique la
perte de la souveraineté monétaire. Cette analyse pose le problème en terme de sacrifices que
consent un pays lorsqu’il renonce à une devise spécifique comme variable d’ajustement face à
un choc extérieur. La théorie des ZMO a développé progressivement un certain nombre de
critères relatifs à la structure des économies permettant de délimiter dans la mesure du
possible les chances de succès dont jouit une union monétaire dans la manière de gérer ses
chocs économiques. Les premiers critères qualifiés de traditionnels, ne s’intéressent qu’à
l’ajustement macroéconomique ; les avantages étant seulement perçus à travers la politique de
stabilisation. Les “ nouveaux ” arguments sont au contraire issus de la reconnaissance des
avantages microéconomiques de la monnaie unique. Ces nouvelles analyses sont affaiblies par
la difficulté de mesurer et de comparer les coûts macroéconomiques aux gains
microéconomiques (Semedo et Villieu, 1997). Cette difficulté a poussé de nombreux auteurs à
recourir à ce qu’ils définissent comme le critère central dans la théorie des ZMO : l’asymétrie
des chocs réels.
L’examen de ce critère permet ainsi de mesurer le coût d’ajustement qu’implique la
renonciation à l’instrument du taux de change. Plus les chocs affectant les pays diffèrent ou
sont asymétriques, plus le problème d’ajustement macroéconomique se pose de manière
importante et plus un canal de stabilisation tel que le taux de change s’avère utile. En d’autres
termes, plus les chocs affectant les candidats à une union monétaire sont asymétriques, plus
le coût lié à l’adoption d’une monnaie unique sera important. Si les bénéfices issus des
économies des coûts de conversion liés à l’échange de devises différentes supplantent les
coûts potentiels de stabilisation, les pays constituent une ZMO et ont dès lors intérêt à adopter
la même monnaie ou au moins un change fixe.
En fait, la mobilité des facteurs (Mundell), le degré d’ouverture des économies (Mc Kinnon),
le degré de diversification de la structure de production (Kenen)… se substituent au taux de
change en tant que mécanismes de stabilisation. Selon la théorie exposée généralement, si l’un
des facteurs cités précédemment venait à être défaillants pour que des ajustements de prix
relatifs s’opèrent rapidement, il est probable qu’en absence de taux de change flexible,
l’ajustement ne se réalise qu’au prix d’importants déséquilibres sur les marchés de la
production et de l’emploi. Dans un tel cas (DeSerres et Lalonde, 1994), les avantages liés à
l’adoption d’un taux de change flexible dépendront directement du degré d’asymétrie des
chocs touchant les différents pays aspirant à une zone monétaire ou à un régime de change
fixe.
Les études qui ont examiné ces différents critères, bien qu’elles ne soient pas restées
unanimes sur la forme, font ressortir l’échec inévitable d’une union monétaire en Afrique de
l’ouest. Malgré la faible volatilité du franc cfa par rapport à l’euro, comparée au yen et au
dollar (Ondo Ossa, 2001), la zone franc africaine n’en demeure pas moins une zone monétaire
optimale au regard des critères jugés traditionnels (Eboué, 1998 et Bénassy-Quéré et Coupet,
2003). Dans ce cas, on réalise déjà le besoin de recourir à l’ajustement par le taux de change
si les chocs affectant les PAZF sont asymétriques. Qu’en est-il exactement ?
II.3- Considérations pratiques
Les résultats de l’utilisation des critères traditionnels dénotent un manque d’unanimité quant
à la conclusion sur l’optimalité de la zone monétaire africaine. Mais plus qu’une question
d’optimalité, c’est du moins l’examen de quelques mécanismes d’ajustement dans la zone
monétaire africaine dont il est question dans ces études. Par ailleurs, les chocs touchant les
PAZF seraient de nature symétrique que l’examen des critères traditionnels serait sans aucune
importance majeure. L’étude des chocs touchant la zone CFA était donc nécessaire en de
pareilles circonstances.
Dans le cas d’espèce, les pays africains de la zone franc subissent des chocs d’offre et de
demande asymétriques (Fielding et Shields, 2000) mais des chocs monétaires communs
symétriques (N’Goma, 2000). Ce qui implique pour ce dernier que les pays de la zone
monétaire CFA sont plus proches de par leur monnaie que par leurs structures productives. En
réalité les corrélations entre les variations des termes de l’échange ont tendance à être plus
fortes entre les pays de l’UMOA qu’entre eux et les autres pays de la CEDEAO (Masson et
Pattillo, 2001).
En poussant plus loin l’analyse, Dedehouanou (2002) a procédé à une décomposition des
chocs en composantes spécifique et commune, africaine et européenne. La décomposition des
chocs d’offre laisse suggérer que la Côte d’Ivoire, la Centrafrique, le Tchad, le Sénégal et le
Togo pourraient former le noyau d’une union monétaire. Cependant, chaque pays africain de
la zone franc semble être affecté par des chocs d’offre ayant davantage de caractéristiques
communes avec le reste des PAZF qu’avec l’Union européenne. Le fait d'aboutir à des
regroupements de pays différents autres que ceux existant au sein de la zone franc africaine
renforce non seulement les conclusions des études antérieures sur l’optimalité de la zone mais
également pose des doutes quant au régime de change fixe par rapport à l’euro.
D’une manière générale, en nous basant sur les résultats de Dedehouanou (2002), deux
possibilités s'offrent aux PAZF. D'un côté, pour peu qu’ils acceptent, tout en maintenant les
sous zones monétaires respectives, de garder le régime de change fixe12, et que les chocs
soient d’origine européenne, il existerait des mécanismes qui faciliteraient l’ajustement rapide
des économies vers leur nouvel équilibre13. Des études approfondies dans ce sens seraient
alors plus indiquées. En nous restreignant à l’UMOA, puisque l’instrument de la Banque
Centrale, en occurrence le taux d’intérêt, a un effet sur la dispersion entre pays (Kamga,
1999)14, la substitution de la politique budgétaire à la politique monétaire doit requérir une
certaine coordination budgétaire dans la mesure où elle évite par-là même l’indétermination
globale du policy-mix. Une possibilité (Artus, 2000) serait alors de modifier la fonction
objectif de la Banque Centrale de façon à ce qu’elle soit définie comme moyenne pondérée
des fonctions objectifs nationales. D'un autre côté, les PAZF devraient réfléchir à l'avenir à
une zone franc intégrale qui s'affranchirait d'une fixité de change. Etant donné que les chocs
subis par ces pays ont une composante commune africaine dans leur ensemble plus importante
que celle européenne, une politique monétaire indépendante semble être plus adaptée qu’une
relation de fixité. Cette préoccupation est remise à l’ordre du jour dans la perspective
d’intégration régionale à l’échelle de la CEDEAO.
III- Les perspectives de mutation : implications pour la zone franc africaine
Les dysfonctionnements observés au sein de la zone franc depuis sa création l’ont amené à
modifier plus d’une fois ses pratiques. Plus récemment encore, le projet de création d’une
Union monétaire limitée à certains pays de la Communauté Economique des Etats de
l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et son élargissement à l’avenir à cette même institution, s’est
12
Et dans ce cas, garantir désormais la crédibilité de ce choix.
13
On pourrait voir par là le critère de solidarité tant invoqué par certains auteurs africains, notamment Ondo
Ossa (2000). Il est à souligner quand même que ce critère n’est pas de nature à s’identifier au fédéralisme
budgétaire (Aidara, 2001).
14
Cité par Cité par Aidara (2001), op.cit
dessiné. C’est dire que des réformes au sein de la zone sont imminentes, des changements
d’autant plus délicats qu’ils appellent à une éventuelle redéfinition des mécanismes de
coopération aussi bien régionale qu’internationale. Les évolutions nécessaires doivent donc
être examinées suivant les relations monétaires entre les pays africains d’une part et d’autre
part entre ces pays et l’extérieur.
III.1- La zone franc face au processus d’intégration régionale
Rappelons que le projet de création d’une union monétaire est déclaré en 2000 par six pays de
la CEDEAO non-membres de la zone CFA. L’ambitieuse initiative était d’œuvrer vers la
fusion de cette union avec l’UMOA afin d’adopter une monnaie commune au sein des deux
groupes constituant la CEDEAO. Comme le soulignait Konaté (2001), le projet impliquerait
de fait une suppression des accords de la zone franc, un découplage et une autonomie des
deux sous zones franc. Dans le cadre des relations monétaires entre ces dernières, le problème
ne se pose guère dans la mesure où depuis 1993 les deux zones observent la suspension du
rachat de leurs billets respectifs. Chaque sous zone peut donc définir les différentes modalités
de coopération monétaire avec le reste du monde.
A cet effet et en ce qui concerne le projet d’intégration monétaire régionale pour la CEDEAO,
plusieurs dispositifs institutionnels peuvent être envisagés. La deuxième zone monétaire tout
comme la fusion des deux sous zones pourrait prendre différentes formes notamment celle de
la création d’une nouvelle monnaie commune ou la désignation d’une monnaie existante à cet
effet ; la création d’une banque centrale unique ou sa coexistence avec les banques centrales
nationales ; et un arrimage (à l’euro ou à un panier de monnaies par exemple) ou un taux de
change souple pour la convertibilité externe de la monnaie commune.
La création d’une nouvelle monnaie commune tout comme l’arrimage ou la souplesse en
matière de convertibilité externe suppose que les critères de la théorie des ZMO soient
observés au sein de la communauté. Les études qui ont examiné ces différents critères, bien
qu’elles ne soient pas restées unanimes sur la forme, font ressortir l’échec inévitable d’une
union monétaire en Afrique de l’ouest.
La création d’une banque centrale unique ou la coexistence des banques centrales suppose
pour la première l’établissement d’une crédibilité en un temps record et pour les secondes, de
solides réputations en matière de responsabilité et de transparence. Une union monétaire
demande que l’on investisse dans des institutions garantes de l’irrévocabilité des parités et de
la politique monétaire commune. La mise en place de telles institutions engendrait à terme des
coûts lorsque l’option de coexistence des deux banques est choisie ; sinon une source de
discorde s’il s’avérait que l’une soit appelée à disparaître (Asante et Masson, 2001). De plus,
le pays ou la zone dont le manque de crédibilité est relativement peu élevé sera peu réticent à
entrer dans la nouvelle union monétaire intégrale. Or contrairement à leurs homologues
d’Afrique de l’ouest (Guillaumont et Guillaumont, 2002), les pays de la CEDEAO nonmembres de l’UMOA ne jouissent pas d’antécédents ni de réputation en matière de
convertibilité et de stabilité. Aussi il serait difficile pour la deuxième zone d’acquérir15 dans
un bref délai une certaine crédibilité même si elle devrait choisir parmi les deux repères de
politique monétaire à savoir un ancrage extérieur ou un objectif nominal interne (ciblage de
l’inflation). Ces différentes options de fond demeurent toujours même en supposant que la
première étape soit franchie.
Certes le fait d’appartenir désormais à une zone intégrale regroupant ses voisins de l’est met à
l’abri la zone UMOA de fréquentes dévaluations compétitives. Quelque soit le mode de
15
Malgré les divers critères de convergence qu’elle s’est imposés
critère adopté, il va s’en dire que les principes de fonctionnement de la zone franc subiront un
coup. Ces principes sont appelés soit à disparaître, soit à être modifiés.
III.2- Quels principes pour quelle coopération ?
Selon De Silguy (1999), l’introduction de l’euro, loin d’être une révolution, est une simple
évolution dans la gestion du CFA. Il faut dire en effet qu’avec l’avènement de la monnaie
unique européenne, les dispositions prévues dans les accords conclus par la France avec la
zone franc africaine sont maintenues et étendues à l’échelle de la zone euro. Cependant même
si l’évidence n’est pas actuellement acquise quant à la validité des accords, l’architecture qui
se dessine au sein de la CEDEAO laisse à prétendre à l’éventualité d’une nouvelle
modification.
Des modifications tenant seulement compte de l’euro
Avec l’avènement de l’euro, il est souvent mis en avant de nouvelles opportunités pour la
zone franc en terme commercial et de garantie de stabilité monétaire. Etant ainsi lié à une
monnaie utilisée dans la facturation d’une part croissante des échanges internationaux, le
franc CFA serait adossé à un grand marché de 290 millions de consommateurs. Les
exportateurs africains gagnent, de ce fait, en sécurité. S’il doit être tenu compte du seul
avantage résultant de l’élimination du risque de change entre monnaies européennes, les pays
de la CEDEAO hors UMOA, dont les monnaies sont dans la majorité non convertibles,
pourraient trouver en l’euro un refuge sûr. Dans ce cas, ils doivent donc définir, au même titre
que l’UMOA, des accords de coopération16 avec la zone euro ; ce qui faciliterait à moyen
terme l’intégration monétaire au sein de la CEDEAO, tant du point de vue de la convertibilité
interne qu’externe. Les deux sous zones pourront sans difficulté17 fusionner en une seule,
leurs monnaies uniques respectives déjà liées à l’euro.
Le raisonnement ci-dessous est mené seulement sous l’hypothèse de la pratique du régime de
change fixe. La modification qui sera intervenu dans ce cadre privilégiera alors la poursuite de
la coopération monétaire franco-africaine dans le cadre de l’arrimage à l’euro. On se place
tout juste dans la dynamique d’élargissement de la zone franc. Pourtant il serait plus que
logique de considérer, en plus de l’Union européenne, les pays émetteurs du dollar et du yen
dans l’analyse si tant est que la dette africaine est en grande partie libellée en cette première
devise et que la deuxième demeure quand même une monnaie véhiculaire.
Des modifications tenant compte du dollar et du yen
Dans le schéma ci-dessus, on ne doit pas ignorer le risque de perte de compétitivité résultant
d’une appréciation de l’euro par rapport au dollar. La surévaluation des monnaies des deux
sous zones ou finalement de la monnaie unique CEDEAO qu’elle pourrait induire devrait
conduire inévitablement à leur dévaluation renouvelant celui de janvier 1994. Les
modifications qui doivent intervenir ici en appellent au préalable à une définition du régime
de change au sein des deux sous zones composant la CEDEAO.
Si la CEDEAO opte pour la flexibilité comme le suggère plusieurs auteurs, il va s’en dire que
les accords de coopération définis entre l’UMOA et la France et donc l’union européenne
n’ont plus leur raison d’être, les pays hors UMOA étant déjà en régime flexible. Le problème
16
Ces accords doivent tenir compte des régimes de change existant
17
Sinon qu’il faudrait bien définir les modalités de la fusion.
qui reste néanmoins posé est celui du sacrifice de la garantie de stabilité monétaire dont jouit
cette zone. Comme le soulignent Guillaumont et Guillaumont (2002), « les Etats de l’UMOA
ne sauraient abandonner la proie pour l’ombre […]. Pour stabiliser leur taux de change […],
[les autres pays de la communauté] ont besoin d’une garantie du même type que la zone
franc ».
Enfin un troisième schéma est celui des parités ajustables au sein de la CEDEAO, un régime à
la fois in trop fixe, ni trop flexible18 et qui pourrait arranger les deux sous zones composant la
communauté. Dans ce cas, les modifications qui interviendront doivent impliquer tous les
partenaires en présence. La France (ou l’union européenne) doit donc rendre plus souple ses
accords de change vis-à-vis de l’UMOA.
Conclusion
Cette petite analyse des relations monétaires à l’intérieur et entre les sous-ensembles de la
CEDEAO rappelle que la mise en séquences de l’intégration monétaire a été peu coordonnée.
Aujourd’hui les questions qui demeurent concernent non seulement la coopération entre les
pays de la communauté mais également la coopération entre ces derniers et l’extérieur.
L’objectif d’intégration monétaire pour la CEDEAO implique l’adoption d’un nouveau
régime monétaire commun différent des régimes existant. Cela revient à dire que dans cette
perspective, chaque pays de la communauté doit rechercher en fonction de sa spécificité, la
stratégie la plus optimale possible d’abandon de son régime de change de façon à converger
vers une stratégie «optimale» commune définissant ainsi l’unique régime de change
approprié.
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