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mardi 22 octobre 2013 LE FIGARO - N° 21 528 - www.lefigaro.fr - France métropolitaine uniquement
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« Sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloge flatteur » Beaumarchais
MUNICIPALES
SNCF
ART CONTEMPORAIN
DES DRONES POUR
SURVEILLER
LE RÉSEAU FERRÉ PAGE 8
LA FIAC S’OFFRE
UNE SEMAINE DE FOLIE À PARIS
Gaudin passe
à l’offensive
à Marseille PAGE 5
SYRIE
Une conférence
pour ressouder
les rebelles PAGE 6
FOOTBALL
La France favorite
face à l’Ukraine en
match barrage pour
le Mondial PAGE 10
CHAMPS LIBRES
PAGES 12 À 15
NEW YORK TIMES
JC MARMARA/LE FIGARO
HÉDIARD
articles
dePAGE
la 24
semaine,
en français
@
FIGARO OUI
FIGARO NON
Réponses à la question
de lundi :
Approuvez-vous
la décision de Hollande
concernant l’affaire
Leonarda ?
NON
81,6%
TOTAL DE VOTANTS : 41 470
Après les nouvelles révélations sur l’espionnage mené en
France par l’Agence de sécurité nationale américaine (NSA),
Paris s’indigne et demande des «réponses claires». Lundi
soir, la Maison Blanche a indiqué que Barack Obama s’était
entretenu à ce sujet avec François Hollande. Mardi, Laurent
Fabius prévoit également d’aborder cette affaire avec le secrétaire d’État américain John Kerry (en photo). PAGES 2, 3 et 14
Après avoir pris le contrepied du président de la République, samedi, sur le retour
en France de Leonarda, le secrétaire du PS Harlem Désir
est finalement rentré dans le
rang, après s’être fait sévèrement recadrer. Une caco-
phonie peu appréciée au
sommet de l’État où les dissensions qui règnent au PS
inquiètent suffisamment pour
que l’exécutif tente de reprendre en main une majorité de plus en plus divisée.
PAGE 4
Votez aujourd’hui
sur lefigaro.fr
L’Europe doit-elle prendre
une sanction diplomatique
contre les États-Unis ?
PHILIPPE DESMAZES/AFP, GALERIE
NATALIE SEROUSSI, PARIS ©ADAGP,
SÉBASTIEN SORIANO/LE FIGARO
O
n en viendrait presque à
l’oublier, mais pendant le tintamarre de l’affaire Leonarda, la
vie continue. Elle continue
même comme avant, devraiton dire, à en juger par le débat budgétaire de
la semaine dernière, et par celui qui s’engage
sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale: le gouvernement et sa turbulente
majorité y font preuve d’une créativité fiscale
sans égale, qui donne le tournis aux épargnants et aux entreprises.
Pour ceux qui en doutaient, la pause fiscale
attendra bien 2015, comme a fini par l’admettre Jean-Marc Ayrault. En attendant, il
va d’abord falloir digérer le paquet de 2014,
dont on découvre chaque jour les subtilités.
Car, dans le fatras des hausses de prélèvements en discussion - TVA, cotisations, ISF,
impôt sur le revenu, sur les sociétés… -, nos
orfèvres de la fiscalité sont parvenus à glisser
quelques perles, que les contribuables vont
sentir passer. À commencer par celle-ci: les
détenteurs de contrats d’assurance-vie, de
PEA ou de PEL subiront la hausse des prélèvements sociaux (CSG, CRDS)… rétroactivement. Quant aux entrepreneurs, contraire-
ment à ce qu’on leur avait promis, ils paieront
plein pot la taxation des plus-values lorsqu’ils
vendront leur affaire, pour peu qu’ils aient
bénéficié d’un coup de pouce au départ.
Ces deux cas de figure - il en existe, hélas,
bien d’autres - illustrent le double discours
du gouvernement, qui alimente une grogne
fiscale inédite dans le pays. D’un côté, on jure
en avoir terminé avec le yo-yo fiscal et les
hausses d’impôts; de l’autre, on s’échine à
accroître les prélèvements, tout en entretenant un système
d’insécurité chronique.
Derrière les professions de foi pro-entreprise et les promesses
de modération fiscale,
les vieux réflexes ont la vie dure. Épargner
reste considéré comme un luxe qui mérite
d’être abondamment ponctionné au nom de
la solidarité. Entreprendre demeure une vertu, à condition de ne pas faire fortune, faute
de quoi il convient de la partager avec l’État.
Non, pendant l’affaire Leonarda, rien n’a
vraiment changé en France… ■
La Tradition Breguet
Tant
de créativité
fiscale
donne
le tournis
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PORT. CONT. :2,30 € . SVN : 2,40€ . MAR : 15DH . TUN : 2,9DTU . ZONE CFA : 1800CFA .
ISSN 0182.5852
M 00108 - 1022 - F: 1,60 E
L’ÉPARGNE DES MÉNAGES
TAXÉE À HAUTEUR
DE 600 MILLIONS D’EUROS
PAGE 18
L’ASSURANCE-VIE MENACÉE
PAR UN DURCISSEMENT FISCAL
PAGE 18
LE GOUVERNEMENT REVIENT
SUR LES PROMESSES FAITES
AUX « PIGEONS » PAGE 19
LA DÉPENSE PUBLIQUE
EST-ELLE À LA BASE DU
« PACTE RÉPUBLICAIN »?
PAGE 13
L’ÉDITORIAL
FIGARO PLAY
’:HIKKLA=]UV[UW:?b@k@c@m@a"
hausse des prélèvements sociaux, qui vont être portés à
15,5%, y compris ceux ouverts
dans le passé.
Par ailleurs, également mises
à contribution, les mutuelles
dénoncent l’accroissement
continu des taxations qui les
frappent. Dans un entretien
au Figaro, le président de la
Mutualité française, Étienne
Caniard, prévient que cette
hausse « se répercutera sur le
prix des contrats ». PAGE 18
ÉDITORIAL par Gaëtan de Capèle [email protected]
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marquées du logo rouge
et votre journal s’anime ...
OUI
18,4 %
Après avoir adopté la semaine dernière plusieurs amendements visant à durcir le régime fiscal des entrepreneurs
- ce qui relance le mouvement contestataire des « pigeons » -, les députés entament aujourd’hui l’examen
du projet de loi de financement de la Sécurité sociale.
Plusieurs placements parmi
les plus répandus, comme le
PEA, le PEL et l’assurancevie, sont amenés à subir une
Les meilleurs
FRANCE
TV
Reportage au cœur
des collèges
où la notation
chiffrée a disparu
«Leonarda ou
la triple ignorance
du président»,
par François-Xavier
Bellamy
L’analyse
d’Albert Zennou
Pougatchev jette
l’éponge et dépose
le bilan de son
épicerie de luxe PAGE 17
PAGES 26 ET 27
mardi 22 octobre 2013 LE FIGARO
L'ÉVÉNEMENT
L'ÉVÉNEMENT
)! !" #! ," LAURE MANDEVILLE [email protected]
CORRESPONDANTE À WASHINGTON
J. MARTIN/AP
70
millions
de communications
téléphoniques
de Français interceptées
en un mois
NSA, MODE
D’EMPLOI
L’Agence nationale de sécurité
américaine (NSA) récupère
des données sur les réseaux
téléphoniques, les serveurs
informatiques et sur les câbles
sous-marins. Chacun de
ses programmes d’espionnage
à un nom. « Prism » gère
les accès aux géants du Web
(Apple, Microsoft, Google,
YouTube, Yahoo,
Facebook, etc.). « Fairview »
concerne les communications
téléphoniques et Internet.
Avec le système « Upstream »,
l’agence se branche
directement sur les câbles
sous-marins par lesquels
transitent 99% des
communications mondiales.
Tous ces programmes (dont
certains demeurent encore
mystérieux) alimentent un
moteur de recherche géant
baptisé « XKeyscore ».
Grâce à cet outil, la NSA trie
les informations. Nombre
de données sont rapidement
effacées, mais les analystes
de l’agence gardent les
métadonnées (qui a contacté
qui, à quelle heure, combien
de fois) le temps nécessaire
à la constitution de dossiers.
Il est urgent
que les ÉtatsUnis et leurs alliés
mettent fin
à ces actions
d’espionnage
une bonne fois
pour toutes
DILMA ROUSSEFF, PRÉSIDENTE
DU BRÉSIL, LE 7 OCTOBRE.
ERALDO PERES/AP
Lune de miel mise à mal
Entre le 10 décembre 2012 et le 8 janvier
2013, 70,3 millions d’enregistrements de
données téléphoniques ont été effectués
en France. Les documents d’Edward
Snowden décrivent aussi les techniques
utilisées pour capter illégalement les informations. Ils sont assez précis pour
donner à penser que les cibles de la NSA
concernent aussi bien des personnes
soupçonnées d’être liées à des activités
terroristes que des individus appartenant
au monde des affaires, de la politique ou
de l’administration française.
Ce coup de froid entre Paris et
FIGARO
PLAY
L’ambassadeur américain en France, Charles Rivkin, quitte le Quai
d’Orsay, lundi, après sa convocation par Laurent Fabius au sujet des
activités de la NSA (à droite, le siège, à Fort Meade, dans le Maryland).
EN VIDÉO : Laurent Fabius convoque l’ambassadeur des États-Unis
Washington intervient à une période
compliquée pour les relations transatlantiques. Après la brouille consécutive à
l’invasion américaine de l’Irak, en 2003,
le complexe lien franco-américain a vécu
une lune de miel, marquée par le retour
de la France dans le commandement intégré de l’Otan en 2009, une solide coopération militaire en Afghanistan et une
intervention rondement menée par Paris
et Londres, avec le soutien de Washington, dans la Libye de Kadhafi en 2011.
Mais, depuis l’été, l’Amérique de Barack Obama a « lâché » à deux reprises
son allié français, brisant d’un coup l’intimité diplomatique créée de part et
d’autre de l’Atlantique. En Syrie d’abord,
lorsque la Maison-Blanche a renoncé à
intervenir militairement et à faire respecter la « ligne rouge » tracée par Obama lui-même sur l’utilisation des armes
chimiques. Sur le dossier iranien ensuite,
lorsque le président américain a brusquement assoupli son seuil de tolérance visà-vis de la bombe nucléaire, jusque-là
considérée, à Washington comme à Paris, comme une limite infranchissable.
« Il est tentant de rapprocher tous ces
événements. Mais l’affaire des écoutes n’a
rien à voir, c’est une histoire plus structurelle », souligne une source diplomatique.
L’ambassadeur américain a d’ailleurs insisté sur l’étroitesse des liens francoaméricains, ancrés à jamais dans l’Histoire par le soutien français à la guerre
d’indépendance et le débarquement
américain sur les plages de Normandie.
« Nos valeurs communes »
«Les États-Unis et la France jouissent
d’une longue amitié, basée sur un socle de
valeurs communes et d’une coopération
tout au long de l’histoire, pour faire progresser leurs intérêts respectifs partout
dans le monde», a déclaré Charles Rivkin
dans un communiqué. «Cette relation au
niveau militaire, du renseignement, des
forces spéciales (…) est la meilleure depuis
une génération», a-t-il aussi dit.
La France n’est d’ailleurs pas le seul
pays visé par ces pratiques, qui concernent aussi les pays anglo-saxons proches
de Washington, plusieurs pays européens
et des États d’Amérique latine comme le
Mexique et le Brésil. «Choqué» par les
révélations, le premier ministre JeanMarc Ayrault a demandé lundi aux ÉtatsUnis d’apporter des «réponses claires»
sur ces pratiques d’espionnage et de créer
«les conditions de la transparence pour
qu’il y soit mis fin».
« Cette affaire aura sans doute un prix
diplomatique. Les Américains vont devoir
faire un geste pour étouffer l’affaire »,
commente Jean-Dominique Giuliani, le
président de la Fondation Schuman. $# * , $! $ "# "" +
PROPOS RECUEILLIS PAR
CHRISTOPHE CORNEVIN ccornevin
ANCIEN directeur du renseignement à
la DGSE (2002-2003), Alain Juillet
préside le Club des directeurs de sécurité des entreprises et l’Académie de
l’intelligence économique.
LE FIGARO.– Êtes-vous surpris
par l’envergure quasi industrielle
de l’espionnage effectué par la NSA ?
Alain Juillet.– Même si les responsables
politiques ont toujours eu du mal à croire que nos alliés puissent se livrer à telles pratiques, les experts de la sécurité
et du renseignement savent depuis
longtemps que les Américains écoutent
qui ils veulent. La seule grande surprise,
c’est l’ampleur colossale du pillage mis
au jour même si les récentes
protestations d’Angela Merkel après des
espionnages similaires en Allemagne ou
celles de la présidente brésilienne Dilma
Rousseff, qui a même annulé un voyage
aux États-Unis, en disent long sur
l’échelle planétaire des interceptions.
Qui est visé ?
Tous ceux qui peuvent représenter
une menace, voire une simple
concurrence. Sous couvert de la lutte
contre le terrorisme, qui ne constitue
qu’une petite partie de leur activité,
nos « amis » américains peuvent aussi écouter des politiques travaillant au
siège de l’OCDE, de la communauté
européenne à Bruxelles mais aussi à
l’Élysée ou Matignon.
Les morceaux de choix restent toutefois les entreprises stratégiques liées
en particulier à la Défense, au spatial,
à l’aéronautique mais aussi à la phar-
macie et au pétrole. En général, les
systèmes de protection des réseaux
bloquent les attaques classiques, mais
celles dont on soupçonne la NSA sont
ultra-perfectionnées, facilitées par
l’aide active des sociétés US telles que
Facebook ou Microsoft. Il est toujours
plus facile de visiter un appartement
quand on dispose de plans…
Plus de 70 millions de données captées
en un mois… Comment trier puis
traiter les informations intéressantes ?
C’est à la fois simple et vertigineux : la
masse des données interceptées est
stockée dans la mémoire monstrueuse
de serveurs « big data ». Ensuite, des
logiciels en balaient le contenu grâce à
des mots clefs, des numéros de téléphone et des adresses mails considérées comme suspectes ou intéressantes. Des analystes à leur tour font de
précieuses synthèses sur telle ou telle
stratégie entrepreneuriale. Il y a quinze ans déjà, la compagnie Raytheon,
spécialisée dans les systèmes électroniques, avait ainsi raflé le marché de
l’équipement en réseau du bassin
amazonien à la surprise générale alors
que le français Thompson était favori
en terme de prix et de produits. Les US
avaient branché leur système d’écoute
« Échelon » pour piéger les conversations entre les négociateurs au Brésil et
la maison mère à Paris. À ce jeu trouble, un récent rapport de la société
Mandiant montre que seuls les Chinois
disposent d’un savoir-faire un peu
analogue.
Comment réagir face à cette menace ?
En faisant preuve de moins de naïveté
dans ce monde ultra-concurrentiel.
Trop de nos cadres dirigeants envoient
encore depuis leurs ordinateurs non
sécurisés des mails sensibles sans imaginer qu’ils sont lus à distance. Et il a
fallu attendre le mois dernier pour que
les services du premier ministre
adressent une circulaire aux directeurs
de cabinet de ministères régaliens
pour que les hauts fonctionnaires utilisent des téléphones portables chiffrés
pour crypter les conversations confidentielles. Cette mesure a été déclenchée en plein scandale de l’affaire
Prism révélé par d’Edward Snowden.
Sans lui, personne n’aurait jamais su
officiellement.
Aujourd’hui, il est temps de changer en
profondeur nos habitudes et d’adapter
notre cadre légal à la hauteur des enjeux. Par exemple, que peut faire le législateur face aux États-Unis qui écoutent même les journalistes ? Pour
l’instant, hélas, pas grand-chose. $"# !'" ",#!! "$! " "$#" &
ANNE JOUAN
SELON nos informations, le parquet de
Paris n’a pas encore pris de décision
concernant l’ouverture d’une information judiciaire dans l’affaire d’espionnage en communications électroniques
appelée Prism et réalisée par les agences
de sécurité américaines.
Le 11 juillet dernier, la Fédération internationale des droits de l’homme
(FIDH) et la Ligue des droits de l’homme (LDH) déposaient plainte au tribunal de grande instance de Paris. Si la
plainte était déposée contre X, ce sont
bien la NSA et le FBI qui étaient en réalité visés. Moins de cinq semaines plus
tard, le 16 juillet, une enquête préliminaire était ouverte pour « accès et
maintien frauduleux dans un système de
traitement automatisé de données »,
« collecte illicite de données à caractère
personnel », « atteinte à l’intimité de la
vie privée » et « violation du secret des
correspondances ».
L’enquête était confiée à la Brigade
de répression de la délinquance astucieuse (BRDA), située rue du Châteaudes-Rentiers à Paris. Dans ce cadre, les
présidents de la FIDH et de la LDH, Karim Lahidji et Pierre Tartakowsky ont
été entendus pendant deux heures chacun à la mi-septembre par le commandant de la BRDA en charge de l’enquête.
Interrompre « ces palinodies »
Par ailleurs, les avocats des deux associations des droits de l’homme ont remis à la justice des éléments montrant
la mise en place par les États-Unis d’un
programme de surveillance de métadonnées à l’étranger et notamment en
France. L’enquête poursuit donc son
cours avant la remise d’un premier
rapport au procureur.
Si selon des sources proches du dossier, les services de la BRDA n’avaient
JOHN KERRY va tenter de calmer la
tempête d’indignation qui s’élève de Paris à Bruxelles. Mais la vraie question est
de savoir si la Maison-Blanche et le département de la Justice, vraies instances
à avoir la main sur ce dossier, ont l’intention de changer quelque chose aux
stupéfiantes pratiques d’écoutes mondialisées de la NSA ; et s’ils envisagent au
minimum d’en exclure leurs alliés européens. Le peu d’intérêt suscité par le sujet à Washington, où toutes les télévisions sont focalisées sur les malheurs du
site informatique de la loi sur la santé
d’Obama, ne porte pas à l’optimisme.
Surtout, la manière dont l’Administration démocrate a géré le scandale des
écoutes américaines en Europe depuis
juin, semble indiquer le contraire. Malgré les protestations européennes, la caravane du renseignement américain
pourrait juste passer sa route.
Le fait est que les écoutes françaises et
allemandes révélées par Snowden font
partie d’écoutes « du troisième cercle »,
c’est-à-dire de pratiques globalisées qui
touchent aussi bien ces pays que le Brésil
ou le Mexique. Y renoncer reviendrait
sans doute à tout annuler. « Je ne vois
pas comment ces pratiques pourraient
être stoppées juste par l’émotion actuelle », confie, sceptique, une source proche du dossier. Malgré l’annulation d’un
voyage de la présidente brésilienne Dilma Rousseff à Washington, Obama n’a
pas annoncé la fin des écoutes de la NSA.
« Penser que cela va cesser est naïf, on
s’est toujours espionné entre alliés »,
confiait en juillet une source du renseignement français.
Quand les révélations sur l’activité de
la NSA en Europe éclatent, Barack Obama
ne se presse pas de se justifier, invoquant
platement une pratique « courante » des
deux côtés de l’Atlantique. L’Europe réplique à juste titre que les dimensions des
programmes ne sont pas comparables. Vu
la domination de l’Internet par l’Améri-
Penser que cela
va cesser est naïf,
on s’est toujours
espionné entre alliés
UNE SOURCE DU RENSEIGNEMENT FRANÇAIS
que et ses géants privés comme Google,
Yahoo! et Facebook (dont on sait qu’ils
coopèrent étroitement avec le gouvernement), Big Brother est clairement américain, et cela pose un vrai problème de liberté et de vie privée, souligne-t-elle.
Sous la pression de Bruxelles, Obama
accepte alors du bout des lèvres de créer
deux groupes de travail : l’un au niveau
européen pour parler vie privée et Internet, l’autre, au niveau des agences de
renseignement des États membres, pour
parler espionnage. Ils se réunissent en
juillet à Washington, puis promettent de
se revoir, sans rien décider. Malgré la
menace de François Hollande de remettre
l’ouverture des négociations commerciales États-Unis-UE, celles-ci s’engagent
sans avancée sur les écoutes…
Malgré leur indignation, décuplée par
l’approche des élections européennes,
les gouvernements de l’UE n’ont pas la
main. Ils sont divisés. Les Anglais, partie
prenante aux écoutes de la NSA, via
l’accord spécial qui les lie à l’Amérique
dans le domaine du renseignement depuis 1941, freinent des quatre fers. Les
Allemands sont eux aussi prudents. « En
matière de terrorisme, les services européens travaillent avec la NSA, confie une
source, ils freinent donc les ardeurs des
gouvernements qui sont pris en étau entre
ces pressions et celle de l’opinion. »
Il est intéressant de noter que les
Français, très proches des Américains
en matière de contre-terrorisme, ont
tenté d’obtenir un statut un peu comparable à celui des Anglais, du Canada, des
Australiens et de la Nouvelle-Zélande,
(le fameux statut « des 5 yeux »), en
2010. Ils avaient suggéré que les deux
pays signent un accord de non-espionnage réciproque et mettent en commun
leurs données. À l’époque, il n’était pas
question de neutraliser le travail de la
NSA, mais de s’y associer. Partisan de
l’accord, Dennis Blair, le directeur du
DNI, l’agence du renseignement national, avait été viré peu après. Il paraît que
la CIA n’avait pas apprécié l’idée. ■
www.volkswagen.fr
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JEAN-JACQUES MÉVEL @jjmevel
ENVOYÉ SPÉCIAL À LUXEMBOURG
LA FRANCE trouve peu d’appuis en Europe lorsqu’elle réclame des comptes à la
Maison-Blanche. Lundi, il ne s’est trouvé
que l’Allemagne pour partager « la colère
et l’indignation » de l’Hexagone face aux
écoutes téléphoniques massives lancées
par la NSA. « Toute cette affaire doit être
tirée au clair car elle ne concerne pas que la
France, mais aussi d’autres pays à commencer par la République fédérale, a martelé le chef de la diplomatie allemande,
Guido Westerwelle, lors d’un rendezvous avec ses vingt-sept collègues de
l’UE. Il faudrait faire bien davantage pour
que cela cesse.» Mais à Luxembourg, c’est
à peu près tout ce que Laurent Fabius a pu
réunir comme soutien public.
La question des écoutes téléphoniques
de la NSA dépasse sans doute les frontières
françaises, mais elle a été esquivée dans le
huis clos des ministres des Affaires étrangères, d’après plusieurs participants. Depuis les premières confessions d’Edward
Snowden, en juin, le Vieux Continent a
déjà multiplié les demandes officielles
d’explication. Mais elles se sont toujours
heurtées à un mur de silence aux ÉtatsUnis.
Pour finir, Laurent Fabius a dû constater lundi que des « consultations » transatlantiques noués à l’été, afin de désamorcer le contentieux et d’inciter
Washington à mieux se comporter, ne
mènent nulle part. « Ces réunions sont insuffisantes, elles n’ont pas donné de résultat, reconnaît le ministre français, nous
demandons donc à l’Europe de forcer l’allure. » Jusqu’ici, l’appel est tombé a plat.
« Même en cas de succès, ce n’est pas ce qui
changerait la donne », ajoute un responsable européen.
L’Allemagne, qui garde du nazisme et du
communisme un rejet quasi viscéral des
écoutes policières, est sans doute un allié
de poids. Mais « au-delà, je ne crois pas
qu’il y ait beaucoup de candidats en Europe
pour aller chercher des noises aux Américains », avance de son côté l’eurodéputé
Arnaud Danjean, ancien de la DGSE. Au
bout du compte, tout front européen risque de se briser sur un ultime obstacle : le
Royaume-Uni. Les services britanniques
de renseignement et le GCHQ, héritier du
fameux MI6, travaillent main dans la main
avec la NSA ; quand ils ne jouent pas les
sous-traitants. Ils ne veulent pas que l’UE
vienne mettre son nez dans leurs affaires…
Coopération antiterroriste
Au-delà de la gesticulation, la France n’a
donc que deux cartes en main. D’abord,
demander directement des comptes au
plus haut niveau, comme Laurent Fabius
compte le faire dès mardi matin, en
voyant son homologue John Kerry, parce
que, dit-il, « la coopération contre le terrorisme ne justifie pas tout ». Ensuite,
renvoyer l’affaire au plus haut niveau
européen, lors du sommet qui se réunit
jeudi à Bruxelles.
La question est inscrite à l’ordre du jour
et François Hollande « demandera à l’UE
de se doter d’un règlement sur la protection
des données personnelles », a précisé le
ministre des Affaires étrangères. À proprement parler, il s’agit de légiférer au niveau européen sur des plateformes Internet grand public comme Amazon, Google
ou Facebook. Pas de faire plier Washington sur le sujet qui fâche l’Europe autant
qu’il la divise : l’espionnage et les écoutes
à grande échelle organisés par la NSA. ■
# * %% #
pas semblé très « proactifs » au début
de l’enquête préliminaire, il semble que
cet été un revirement ait eu lieu et que
ses enquêteurs mettent les bouchées
doubles. Mais cela suffira-t-il pour déboucher sur l’ouverture d’une information judiciaire ? Les avis sont partagés. L’annonce de la convocation de
l’ambassadeur américain par le ministre des Affaires étrangères est interprétée par certains comme la « solution du
moindre mal » pour le gouvernement
français.
Lundi, dans un communiqué commun, la FIDH et la LDH « constatent »
que les nouvelles révélations « confor-
tent » la plainte qu’elles ont déposée
courant juillet. Elles « ne peuvent que
s’étonner de la pusillanimité des autorités françaises, qui ont décidé d’enquêter
a minima et font semblant de découvrir
les agissements des autorités américaines » et « exigent donc qu’il soit mis un
terme à ces palinodies et qu’une instruction soit ouverte sans délai ».
D’un point de vue technique, deux
solutions s’offrent à la justice française.
Attendre de son homologue américaine
qu’elle coopère. Ou avancer via les filiales françaises des fournisseurs d’accès. La seconde semble la plus plausible. ■
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JOSÉ ANTONIO MEADE
KURIBRENA, MINISTRE MEXICAIN
DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES,
LE 20 OCTOBRE
THIBAULT CAMUS/AP, PAUL J. RICHARDS/AFP
ISABELLE LASSERRE [email protected]
Cette pratique
est inacceptable,
illégitime
et contraire
au droit mexicain
et international
3
$ $#'$ #$% ,#$
!& $ * # # * $ !#%"&$
! " *!( "" !"+ !# " %##"" ! %,,! , & $ # * #+ $ C’EST CE QU’ON appelle un tollé diplomatique. Après les nouvelles révélations sur
l’espionnage mené en France par l’Agence
de sécurité nationale américaine (NSA),
l’ambassadeur des États-Unis à Paris a été
convoqué lundi au Quai d’Orsay. Charles
Rivkin a été reçu pendant trente minutes
par le directeur de cabinet de Laurent Fabius, Alexandre Ziegler, dans une ambiance «directe» et «assez froide», selon une
source diplomatique.
À Paris, les réactions ont fusé de toutes
parts. «Si un pays ami, un pays allié, espionne la France ou espionne d’autres pays
européens, c’est tout à fait inacceptable», a
ainsi commenté le ministre de l’Intérieur,
Manuel Valls. Face au tollé, Barack Obama
a fait un geste, lundi, en appelant François
Hollande pour évoquer ces révélations sur
les activités d’espionnage des États-Unis,
dont certaines ont été «déformées» selon
la Maison-Blanche. Le président français
a fait part de sa «profonde réprobation».
En visite à Paris, le secrétaire d’État
américain, John Kerry, s’est aussi efforcé
de réduire la tension, en promettant des
explications à son «vieil allié» français,
lors de sa rencontre avec son homologue
Laurent Fabius mardi.
En soi, les révélations fournies par les
documents de l’ancien consultant de la
NSA Edward Snowden, publiées par lemonde.fr, ne sont pas une surprise. En juin
dernier, une première vague de révélations
sur le programme d’espionnage de l’agence américaine avait déjà alerté les autorités
françaises. Paris avait proposé à ses partenaires de l’Union européenne d’inclure,
dans les négociations avec les États-Unis,
un volet sur la protection des données. Elles en disent long en revanche sur l’ampleur de ces activités d’espionnage.
mardi 22 octobre 2013
2
LE FIGARO
mardi 22 octobre 2013 LE FIGARO
4
POLITIQUE
CONTRE-POINT
PAR GUILLAUME TABARD
@gtabard
ionel Jospin vantait
le caractère « pluriel »
de sa majorité. Au moins
la tenait-il d’une main de fer.
La majorité de François Hollande est
disloquée, fragmentée. Sans chef
capable d’en assurer la coordination.
Ni d’imposer un minimum
de discipline dans chaque formation.
Depuis sa désignation à la tête
du Parti socialiste, Harlem Désir
est sous le feu des critiques. Mais là,
en réclamant le retour de (presque)
toute la famille Dibrani, deux heures
après l’intervention télévisée de
Hollande, le député européen, pour
une fois affranchi de sa langue de bois
proverbiale, a tourné en dérision
la parole présidentielle. Premier
secrétaire devrait signifier premier
relais, premier défenseur. Or Harlem
Désir est dans la peau d’un officier
de sécurité qui, au lieu de protéger
son patron contre les coups, retourne
son arme contre lui.
La position du parti au pouvoir
n’est jamais facile. Toujours à tomber
de Charybde du « godillot » en Scylla
de l’indiscipline. Mais dans les temps
difficiles, le président de la
République et le premier ministre
ont besoin d’un relais fiable, capable
de diffuser des argumentaires aux
militants, d’envoyer dans les médias
une escouade de lieutenants à seule
fin de montrer que l’exécutif n’est pas
isolé. Capable encore de faire taire
les voix dissonantes.
Dans l’adversité, Jacques Chirac
pouvait compter sur un Jean-Louis
Debré ou un Jacques Toubon.
Et Nicolas Sarkozy s’appuyer sur une
Nadine Morano, un Frédéric Lefebvre
ou un Brice Hortefeux.
Tous supportaient d’être moqués,
caricaturés, ridiculisés par leurs
adversaires. Au moins ne laissaientils jamais leur patron à découvert.
Aujourd’hui, qui sert de paratonnerre
à François Hollande ? Et quand
le premier secrétaire lui-même
se démarque du président, qui va
se dévouer pour désavouer une
sénatrice socialiste qui laisse sans
réagir siffler le nom du président de la
République et du premier ministre ?
Il y aurait beaucoup à dire sur
les autres partis de la gauche. Sur les
Verts, qui siègent au gouvernement
mais ne s’alarment guère
d’un communiqué signé de ses
porte-parole dénonçant la politique
« inhumaine » du supérieur de Cécile
Duflot et de Pascal Canfin. Ou sur les
communistes, dans une opposition de
plus en plus résolue au gouvernement
socialiste du moment que les maires
socialistes leur garantissent quelques
places d’adjoints. Sans parler des
radicaux, qui s’abstiennent de voter
la réforme des retraites uniquement
pour rappeler leur existence.
Mais c’est bien au PS qu’il y a
urgence à revoir tout le dispositif
politique de François Hollande.
La question ne sera peut-être pas
posée au bureau national de ce mardi,
mais la nécessité de remplacer
Harlem Désir est dans toutes les têtes.
Avec deux noms déjà cités pour lui
succéder : le ministre
de l’Agriculture, Stéphane Le Foll,
et le président du groupe
à l’Assemblée, Bruno Le Roux. ■
» Retrouvez
Guillaume Tabard
tous les matins à 8h10
sur Radio Classique
Harlem Désir
est dans la peau
d’un officier
de sécurité
qui, au lieu
de protéger
son patron,
retourne
son arme
contre lui
Harlem Désir accompagnait le chef de l’État dans son déplacement en Afrique du Sud, la semaine dernière.
ALEXANDER JOE/AFP
$ " # FRANÇOIS-XAVIER BOURMAUD
@fxbourmaud
GAUCHE Marche arrière toute. Moins de
48 heures après avoir pris le contre-pied
de François Hollande en demandant le
retour en France de Leonarda et de toute
sa famille, à l’exception du père, Harlem
Désir rentre dans le rang. Le premier secrétaire du PS a finalement fait sienne la
décision contestée du président de la République de proposer à la jeune Rom expulsée de revenir « seule » en France faire ses études. «Le débat est clos, puisque le
président de la République a pris une décision, a assuré Harlem Désir sur BFMTV en
refusant de revenir sur ses propos de samedi. Je n’ai pas la nécessité de redire cette
phrase, parce que ça ne dépend pas de moi,
ça dépend du gouvernement. Je ne suis pas
ministre.»
En réalité, le premier secrétaire du PS
s’est fait sévèrement recadrer après ses
critiques de samedi. Dans l’entourage de
François Hollande, on ne desserrait pas les
dents à l’évocation de ses propos ou alors
pour fustiger l’«émotion mal maîtrisée»
du patron du PS. «À un moment donné,
quand le président fait une annonce, il peut
s’attendre à ce que, derrière, il y ait de la
responsabilité», grinçait un proche de
François Hollande. Pour Bruno Le Roux,
patron des députés socialistes, «quel que
soit le débat, une fois que le président a
tranché, c’est “point à la ligne”. Il faut avoir
des réflexes, notamment celui de le soutenir.» Avoir manqué au chef de l’État dans
un moment crucial, voilà le principal reproche adressé à Harlem Désir.
Ils n’étaient tout de même pas si nombreux que cela, samedi, à prendre la défense du chef de l’État. En dehors des fidèles d’entre les fidèles, peu de voix se
sont élevées pour saluer la proposition
baroque de François Hollande. Parmi elles, celles de Bruno Le Roux, François
Rebsamen, Jean-Pierre Bel et Stéphane
Le Foll. «Le patron des députés PS, celui
des sénateurs, le président du Sénat et le
ministre de l’Agriculture quand même!»
fait remarquer l’un d’entre eux. «Nous
sommes les grognards, ceux qui restent
pour tenir la colline. Là, on y est, on ne
bouge pas», explique Stéphane Le Foll.
Un bureau national agité
Ils ne seront pas trop de quatre. Car au PS,
on s’attend à un bureau national plus
qu’agité mardi soir. La semaine dernière,
c’est de la Rue de Solferino que s’est enflammée la polémique sur l’expulsion de
Leonarda, notamment de l’aile gauche,
particulièrement remontée. «Ça va turbuler parce que certains, à commencer par
Hollande et Valls, pensent que Harlem a
outrepassé son rôle, confie un membre de
la direction du PS. Mais beaucoup seront
dans une position de soutien à Harlem.»
Dans ce bras de fer qui s’annonce entre
l’exécutif et le PS, le premier secrétaire a
beaucoup à perdre, et d’abord sa place.
Depuis plusieurs mois déjà, des scénarios
circulent sur la meilleure façon de l’exfiltrer de la direction du parti. Signe que sa
fragilisation s’accentue, de plus en plus
de noms circulent pour le remplacer.
«L’autre jour, on m’a même parlé de Vincent Peillon», s’amuse un député.
Au-delà du cas d’Harlem Désir, l’exécutif tente surtout de reprendre en main
une majorité dont les profondes dissensions sur l’immigration sont apparues au
grand jour à l’occasion de la séquence
Leonarda. Première étape mardi matin à
la réunion de groupe des députés socialistes, à laquelle le premier ministre
Jean-Marc Ayrault a finalement décidé
de participer. Bruno Le Roux demandera
aux parlementaires s’ils souhaitent organiser un débat sur la politique migratoire
(lire ci-dessous). Mais il n’y a pas que sur
ce thème que les socialistes se déchirent.
Depuis le début du quinquennat, il n’est
pas un seul sujet sur lequel les discussions
n’aient pas tourné à la «couacophonie».
Europe, coût du travail, fiscalité, retraites… «Ça s’agite tout le temps. Il serait
temps de se calmer», déplore un ministre. Lundi matin, c’est Manuel Valls qui
s’est chargé de lancer un rappel à l’ordre.
«Nous ne pouvons pas créer nous-mêmes
le désordre à partir de nos propres rangs,
la situation est suffisamment difficile», a
plaidé le ministre de l’Intérieur. Commentaire d’un hollandais : «J’espère que
ça vaut pour tout le monde.» À commencer par Manuel Valls… ■
" # $ ! $
SOLENN DE ROYER @sderoyer
FRANÇOIS HOLLANDE n’a pas fini de
régler les suites de l’affaire Leonarda et
des dégâts qu’elle a causés tous azimuts.
L’étrange intervention du chef de l’État,
samedi à 13 heures, depuis un salon de
l’Élysée, pour trancher le cas d’une famille de déboutés du droit d’asile, ne
passe décidément pas dans les rangs de la
majorité. Les socialistes ne comprennent
par pourquoi, ni comment, le président
de la République a pu décider de s’exposer (s’abaisser ?) sur un dossier particulier, en laissant ainsi le piège se refermer
sur lui. « Ce n’était pas au président de
parler, ce n’était pas sa place », soupire
un dirigeant PS. « Le chef de l’État a joué
le rôle de fusible pour le premier ministre et
le ministre de l’Intérieur, c’est curieux ! »,
renchérit l’un de ses amis.
Deux jours après le fiasco, la même
question revient, obsédante : à qui la
faute ? Cible de choix : le dispositif élyséen. Ce n’est pas la première fois que la
communication de la présidence, voire
la composition entière du cabinet sont
critiquées, jugées « trop techno », pas
« assez politiques », « loin des réalités ».
« Il s’agit d’une nouvelle démonstration
que la communication présidentielle est
lamentable, s’exaspère un poids lourd PS
du Parlement. Cela traduit un manque de
professionnalisme effrayant. » Cette
fois-ci, plusieurs hauts gradés de l’Élysée ont pourtant tenté de dissuader Hollande de s’exposer en scellant lui-même
le sort de la famille Dibrani. Ses communicants, dont l’ancien journaliste Claude
Hors les murs, paris
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Sérillon, de même que le secrétaire général du palais, Pierre-René Lemas, ont
pesé en ce sens. « Il y a eu des débats, il y
en a toujours pour ce genre de décision,
résume un proche. Mais qu’importe. Au
final, le président seul a tranché. »
C’est un paradoxe : alors qu’est critiqué le manque supposé d’autorité de
Hollande, ceux qui le côtoient notent
tous sa propension à vouloir tout
contrôler. Particulièrement en matière
de communication, domaine où le chef
de l’État est persuadé de n’avoir besoin
de personne. « La communication est
mauvaise à l’Élysée parce que le président
fait tout », soupire un visiteur du soir.
Un proche défend : « La décision s’est
faite samedi entre Hollande, Ayrault et
Valls. Ça s’est joué au plus haut niveau. »
Manque de relais
À l’extérieur de l’Élysée, Hollande a également cruellement manqué de relais. Si
le président a consulté sur les options qui
s’offraient à lui, il n’a prévenu personne
samedi matin, quand la décision d’intervenir solennellement a été prise. Les dirigeants de la majorité, qui se réunissent
tous les lundis, ont simplement reçu un
SMS de Matignon, une heure avant l’intervention. « Hollande n’a pas fait le tour
pour mettre les uns et les autres dans le
jeu », regrette l’un de ces ténors. Résultat : à part Manuel Valls et le dernier carré des hollandais, très peu de leaders du
PS sont montés au créneau pour défendre le président. « Nous sommes dans
une incapacité collective à faire le service
après-vente », soupire un hollandais.
« Le président est seul et isolé », s’inquiète l’un de ses proches.
Chez les hollandais, on espère que
cette séquence calamiteuse poussera
Hollande à améliorer son dispositif. « Le
président a trois points faibles : un cabinet
trop peu politique ; un gouvernement
aphone ; un PS atone, résume un dirigeant PS. L’affaire Leonarda a révélé cette faiblesse. Il doit en tirer les leçons. » ■
PUISQU’ILS ne peuvent plus l’éviter,
ils vont essayer de l’organiser. Dans la
foulée de l’affaire Leonarda, les socialistes pourraient se lancer dans un
grand débat sur la politique migratoire. Concrètement, le patron des députés socialistes, Bruno Le Roux, va profiter de la réunion de groupe, mardi
matin à l’Assemblée nationale, pour
demander à ses troupes si elles souhaitent organiser un tel débat. « Je vais
voir si, sur cette question de la politique
migratoire, le groupe souhaite avoir un
débat, confie Bruno Le Roux. Si c’est le
cas, nous mettrons en place, de façon
plus formelle, un groupe de travail. C’est
la seule façon de sortir du registre de
l’émotion dans laquelle certains se sont
laissé enfermer. »
Il y a plusieurs sujets
qui seront toujours
défavorables à la gauche
UN DIRIGEANT PS
Pour tenter de maîtriser le débat, et
éviter les dérapages qui avaient accompagné celui organisé par Nicolas
Sarkozy sur l’identité nationale, les
socialistes veulent essayer de circonscrire les discussions à la question, plutôt consensuelle, du droit d’asile.
François Hollande avait d’ailleurs annoncé, lors de son allocution samedi,
une réforme du droit d’asile « pour accélérer les procédures d’instruction des
dossiers des demandeurs ».
Un sujet remis sur l’établi par tous
les gouvernements successifs depuis
vingt ans, sans résultats probants.
L’ampleur de la polémique provoquée
par la proposition du président de faire
revenir Leonarda « seule » en France a
fait passer cette annonce à l’arrière-
plan. L’idée serait de mettre en vis-àvis les contournements du droit d’asile, tels que mis en évidence dans
l’affaire Leonarda, avec les demandes
jugées légitimes, telles que celles formulées par exemple par les réfugiés
syriens.
Cela fait plusieurs semaines que de
nombreux responsables de la majorité
réclament au président un grand discours sur l’immigration, la sécurité et
le « vivre-ensemble », notamment
pour contrer les propos jugés trop
droitiers de Manuel Valls sur les Roms.
La semaine dernière, de nouvelles
voix, parmi lesquelles le leader de l’aile
gauche, Emmanuel Maurel, se sont
élevées pour demander l’organisation
d’un grand débat sur l’immigration.
En pleine poussée du Front national et
à cinq mois des élections municipales,
l’exercice est périlleux. « C’est bien ce
que l’on voulait éviter mais on ne va pas
non plus y passer toute la fin de l’année.
Parce qu’après, pour lutter contre le
Front national, ça ne va pas être simple », confie un proche de François
Hollande. Mais l’idée ne fait pas forcément consensus dans la majorité. Un
ministre s’inquiète : « Il ne faut pas remettre sur le tapis ces sujets-là ! C’était
précisément les sujets que Nicolas
Sarkozy s’ingéniait à instrumentaliser.
La gauche est là pour redonner de la
confiance au pays, avec des résultats sur
le front économique et social. ». « Il y a
plusieurs sujets qui seront toujours défavorables à la gauche : la fiscalité, la
sécurité et l’immigration, alors prudence », résume un dirigeant PS.
Du côté du pouvoir, l’heure est désormais au « damage control ». Un
ministre le concède : « Parfois, on est
rattrapé par un sujet. Celui-là, on ne
l’avait pas vu venir. » ■
F.-X. B. ET S. DE RO
LE FIGARO
mardi 22 octobre 2013
POLITIQUE
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# !( $ ! # !("# ALIETTE DE BROQUA @debroqua
JEAN-BAPTISTE GARAT
ET SOPHIE DE RAVINEL
@figarat @S2RVNL
MUNICIPALES La primaire socialiste
achevée, la campagne pour les municipales peut commencer à Marseille. JeanClaude Gaudin n’est pas encore officiellement candidat à sa succession. Mais
dimanche, dès 19 heures, alors que les
bureaux de vote venaient à peine de fermer et qu’on ne savait pas encore qui du
député du centre-ville Patrick Mennucci
ou de la sénatrice des quartiers nord Samia Ghali, viendrait l’affronter, les colleurs d’affiches de l’UMP faisaient disparaître les visages des deux concurrents
socialistes des murs de la ville. Et les recouvraient par ceux d’une grande partie
de l’équipe qui accompagnera le sénateur maire en mars prochain.
« C’est très symbolique. On a voulu
montrer notre unité, marquer notre territoire et dire que nous sommes derrière
Jean-Claude Gaudin dont nous souhaitons
la candidature rapide », explique Bruno
Gilles, sénateur UMP et maire des IVe et
Ve arrondissements. Les Marseillais ont
ainsi découvert lundi matin son visage,
en format 80 cm sur 60 dans son secteur,
tout comme ceux du député Dominique
Tian, qui ira affronter Patrick Mennucci
dans les Ier et VIIe arrondissements, de
Martine Vassal, Laure-Agnès Caradec ou
Yves Moraine qui feront équipe dans les
VIe et VIIIe, de Guy Teissier dans les IXe
et Xe, de Valérie Boyer et Roland Blum
dans les XIe et XIIe ou encore de Richard
Miron et Nora Preziosi dans les XIIIe et
XIVe. « Les Marseillais de droite n’en
pouvaient vraiment plus de ne voir que des
têtes de socialistes partout dans la ville!»
plaisante Gilles.
Quant au maire, jusqu’à présent muet
sur les péripéties de la campagne des socialistes, il a sonné l’offensive, et devrait
CENTRE Quand Jean-Louis Borloo et
François Bayrou signeront-ils l’accord
qui doit lier leur destin ? « Quand il sera
prêt », répond-on indifféremment à
l’UDI et au MoDem. Et le contrat de mariage - qui doit prendre la forme d’une
charte instituant un organe de coordination - n’est pas encore prêt. Dimanche,
Bayrou s’est pourtant montré optimiste
sur une issue très rapide des négociations. « Cette semaine, nous pourrons ratifier le texte de fondation de notre rassemblement », avait-il expliqué sur i-Télé.
Quelques heures plus tard, sur France 5,
Borloo était moins catégorique. Lundi
matin, tout le monde convenait que l’accord était « proche », mais pas forcément
dans les délais fixés par Bayrou.
Si la discussion tarde à aboutir, c’est
que Borloo tient absolument à aplanir les
difficultés qui demeurent, notamment
concernant les municipales. À Marseille,
le MoDem local, emmené par Christophe Madrolle et Jean-Luc Bennahmias,
refuse de s’associer avec le maire sortant
Jean-Claude Gaudin, qui a pourtant le
soutien de l’UDI. En Côte-d’Or, fief de
l’UDI François Sauvadet, les bayrouistes
ont annoncé qu’ils reconduisaient leur
alliance avec le maire sortant de Dijon,
le socialiste François Rebsamen. Le sang
de Jean-Louis Borloo n’a fait qu’un tour
en découvrant qu’à Laval, les MoDem
locaux envisagent de se maintenir face à
la liste d’union UDI-UMP emmenée par
François Zocchetto, le président du
groupe centriste au Sénat. Même embarras de l’UDI à Angers, où Marc
Fesneau, secrétaire général du MoDem,
souffle le chaud et le froid sur une participation des bayrouistes à la liste UMP. À
Cholet, les militants ont eux choisi de
rejoindre la liste PS.
N. VALLAURI/PHOTOPQR/LA PROVENCE
CORRESPONDANTE À MARSEILLE
Patrick Mennucci et Jean-Claude Gaudin, à Marseille, en septembre 2012.
se déclarer, sans doute après les vacances de la Toussaint. Il s’est dit «consterné » par « le triste spectacle que les deux
candidats socialistes ont imposé aux
Marseillais entre les deux tours, et dont ils
ne sortent pas grandis ». Pour le maire,
ils n’ont «à aucun moment servi les intérêts de notre ville ». « Bien au contraire,
a-t-il regretté, ces affrontements internes au Parti socialiste ont porté atteinte à
l’image de Marseille.»
« Mennucci va avoir du mal
à recoller les morceaux ! »
La dernière ligne droite de la campagne
PS a été sanglante. La ministre MarieArlette Carlotti, éliminée, avait dénoncé
au soir du premier tour «le clientélisme»
de Samia Ghali. La sénatrice, ulcérée par
les ralliements de trois concurrents sur
quatre, a vu la main du gouvernement
5
dans un «tout sauf Ghali» et s’est estimée discriminée parce qu’elle était femme et arabe. Elle s’est érigée en candidate
antisystème et antigouvernement, allant
jusqu’à laisser siffler François Hollande
et Jean-Marc Ayrault par ses partisans au
soir de sa défaite.
«Mennucci va avoir du mal à recoller les
morceaux!» tacle Gilles. Carlotti, éreintée par Mennucci dans un canular monté
par Gérald Dahan, n’était pas présente
dimanche soir à la fédération socialiste
des Bouches-du-Rhône pour la photo de
famille du rassemblement, et il s’en est
fallu d’un fil que Ghali n’y vienne pas non
plus. «Mennucci a promis beaucoup à
beaucoup de monde. Ça va être difficile»,
admettait un militant socialiste dimanche
soir. Les négociations pour les têtes de liste et la composition des équipes devraient
commencer la semaine prochaine. ■
Pour l’instant, Borloo s’en tient à sa
ligne « bienveillante et souple » :
« L’accord entre le MoDem et l’UDI n’est
possible que si il n’y a pas d’accord global PS-MoDem. » Une règle qui peut
souffrir des exceptions, « en fonction
des cas personnels ». Encore faut-il que
ces dérogations ne soient pas trop
nombreuses ou trop handicapantes.
« Moi, je ne me fixe pas de date, je me
fixe des objectifs », résume Borloo, qui
s’est entretenu dimanche avec Bayrou,
« comme tous les jours ou presque ».
« L’essentiel est que nous soyons prêts
pour les municipales, ce qui nous laisse
du temps », estime encore Borloo.
L’essentiel est
que nous soyons
prêts pour
les municipales...
JEAN-LOUIS BORLOO
Quant à l’empressement de Bayrou, il
est jugé suspect par bon nombre à l’UDI.
« Il pousse à la roue pour faciliter l’accord de Marielle de Sarnez avec l’UMP à
Paris. Et rien d’autre », s’agace un parlementaire. Déjà en négociations avec
Nathalie Kosciusko-Morizet, la viceprésidente du MoDem ne cache pas son
impatience. « Il sera logique et cohérent
que nous fassions demain ou après-demain ce même rassemblement des centres
à Paris », a-t-elle expliqué lundi en
marge d’une conférence de presse sur le
logement. Avec un objectif : fusionner
les listes centristes et UMP vers la minovembre. Un « rassemblement »
d’autant plus urgent que tous les UDI ne
goûtent pas de se retrouver réunis derrière Sarnez. « À Paris, le MoDem a un
sortant et nous en avons onze », rappelle
à point nommé une note de l’UDI parisienne transmise à Borloo. ■
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!# - SOPHIE HUET @sohuet1
FIGARO
PLAY
LUC CARVOUNAS, hier, dans le studio
du Figaro. J.-C. MARMARA/LE FIGARO
Le sénateur du Val-de-Marne a bien
sûr pris la défense de François Hollande
qui « dans son rôle, a fait une proposition
qui n’a rien d’exceptionnel puisque chaque
année, des centaines de jeunes demandent
à venir profiter du système scolaire français ». Soulignant que « les lois de la République, dans le dossier Dibrani, ont bien
été respectées », Luc Carvounas a écarté
toute idée de démission de Manuel Valls
le week-end dernier : « Cette histoire de
démission n’a jamais existé. C’est un collectif, formé du président, du premier ministre et du ministre de l’Intérieur, qui a
essayé (de gérer) avec le plus de justesse,
de sincérité et d’humanité un dossier qui
soulevait une émotion dans la jeunesse. »
Interrogé sur l’attitude des militants
PS proches de Samia Ghali, qui ont sifflé
les dirigeants de l’exécutif, dimanche
soir à Marseille, Luc Carvounas a répondu : « En sifflant le chef de l’État ou le
premier ministre, c’est l’ensemble de la
gauche qu’ils sifflent. » ■
GAUCHE « Si certains, à gauche, veulent
jouer une autre partition, je leur dis que si
nous ne jouons pas collectif, c’est tous
ensemble que nous allons perdre. »
D’une prudence de Sioux, Luc Carvounas, qui est proche du ministre de l’Intérieur Manuel Valls, se garde bien de
« chercher des polémiques là où elles
n’existent pas ». Invité lundi du « Talk
Orange-Le Figaro », le sénateur PS du
Val-de-Marne a fait mine de ne pas accorder trop d’importance au communiqué des Verts jugeant « inhumains et incompréhensibles » les propos du chef de
l’État dans l’affaire Leonarda. « Ce parti
est en plein congrès et en plein désordre
interne. Il ne faudrait pas que par des expressions isolées, il vienne rajouter du
désordre là où on essaye de calmer les
choses », a-t-il expliqué.
Luc Carvounas n’a pas davantage
voulu accabler Harlem Désir, qui a proposé de faire revenir en France les enfants Dibrani et leur mère. Le secrétaire
national aux relations extérieures du PS
a déclaré que le patron du PS avait « apporté tout son soutien à la déclaration du
président de la République ». « N’allons
pas chercher une expression dissonante de
son lien avec le président de la République.
Il n’y a évidemment aucune feuille de papier entre l’exécutif et le représentant du
premier parti de France. » Ces propos de
Carvounas sont en contradiction totale
avec la reprise en main du PS à laquelle
se livre l’Élysée (lire page 4).
mardi 22 octobre 2013 LE FIGARO
6
INTERNATIONAL
ALAIN BARLUET @abarluet
DIPLOMATIE La tenue d’une conférence
de paix sur la Syrie apparaît plus que jamais suspendue à la participation de
l’opposition à Bachar el-Assad, toujours
minée par ses divisions. Les pressions se
sont accrues ces derniers jours sur les
Les rebelles ont vécu
l’abandon des livraisons
d’armes comme
un « lâchage »
principaux dirigeants politiques de la rébellion pour les convaincre de prendre le
chemin de Genève 2, dont l’échéance incertaine a néanmoins été fixée au mois de
novembre. Ces incitations sont appuyées
par ceux qui habituellement «parlent» à
l’opposition, les diplomates américains,
français et arabes en premier lieu. Dans
cette perspective, John Kerry a rencontré
lundi à Paris des représentants des pays
arabes, avant de se rendre à Londres,
mardi, où les « Amis de la Syrie », soit
onze pays formant un «front anti-Bachar
el-Assad», rencontreront l’opposition
syrienne. Dans le même temps, Lakhdar
Brahimi, l’émissaire de l’ONU et de la Ligue arabe, poursuivait lundi en Irak,
après l’Égypte, la veille, une tournée au
Moyen-Orient. Une conférence n’est pas
envisageable en l’absence d’une opposition syrienne «crédible», a-t-il prévenu.
Or, précisément, le Conseil national
syrien (CNS), le groupe le plus important
au sein de l’opposition, a déjà annoncé
qu’il n’irait pas à Genève et a menacé de
faire scission si le reste de cette coalition
s’y rendait. La question sera au centre de
la réunion de l’opposition à Istanbul initialement prévue la semaine prochaine
puis repoussée au début novembre. Les
réticences de l’opposition syrienne reflètent le désarroi qui a dernièrement gagné
ses rangs, minés par les divisions, fragili-
sés par les défections, gangrenés par le
djihadisme. L’accord russo-américain
sur les armes chimiques, le 14 septembre
dernier, l’abandon des frappes occidentales contre Bachar mais aussi celui de
livraisons d’armes aux rebelles ont été
vécus par ces derniers comme un «lâchage» de l’Occident. Bachar, lui, a été
conforté, et la question cruciale de son
départ préalablement à la mise en place
d’un gouvernement de transition doté
des pleins pouvoirs - déjà controversée
lors de Genève1, en juillet 2012- va moins
que jamais de soi. L’opposition le sait et se
crispe : pas question pour elle de rentrer
dans un processus qui validerait le maintien au pouvoir du dirigeant syrien.
Américains et Russes, eux, s’activent
pour tenter de relancer un processus politique. Chacun d’eux peut avoir intérêt à
profiter de la dynamique créée par l’accord sur les armes chimiques, dont la
conséquence spectaculaire a été le retour
de Moscou sur la scène diplomatique.
Parmi les idées dans l’air, celle d’une
présidentielle sous contrôle international. Les Russes mettront-ils leur poids
dans la balance pour que Bachar n’y par-
ticipe pas? Celui-ci a confirmé lundi qu’il
se verrait bien candidat à sa succession
en juin 2014. Vu de Damas, le départ de
Bachar el-Assad ne saurait être au menu
d’une conférence de paix. Mais «cette
guerre n’en finira pas tant qu’il est là où il
est», a prévenu John Kerry. L’opposition
considère cette éviction comme la pierre
angulaire d’une transition. La France
œuvre dans le même sens, son autre
priorité étant l’«unité» de l’opposition.
Deux objectifs qui, faute d’être atteints,
mettent à l’épreuve la crédibilité de la diplomatie française. ■
transport. « Et les Jordaniens n’ont pas
laissé un membre de la famille l’accompagner », regrette l’insurgé.
Quinze mois après son ouverture,
Zaatari et sa centaine de milliers de réDANS quelques jours, Ghassem quittefugiés est le plus grand camp hors de
ra le camp de réfugiés de Zaatari, au
Syrie. Un camp devenu ville où les dranord de la Jordanie, pour franchir
mes personnels côtoient les juteux traclandestinement la frontière et rentrer
fics des chefs mafieux.
dans sa ville de Naawa, à une trentaine
« Quand je suis arrivé à la tête du
de kilomètres plus à l’ouest. « J’apporcamp en mars, se rappelle Kilian Tobias,
terai des médicaments aux blessés »,
responsable au Haut Commissariat aux
déclare cet ancien maçon
réfugiés (HCR), 93 % de la
syrien de 40 ans, qui a pris
population venait de Deraa, à
les armes, il y a deux ans,
40 kilomètres d’ici. Or Deraa
contre le régime de Bachar
a toujours vécu du trafic des
el-Assad.
camions entre la Turquie, la
Membre des Martyrs de
Syrie et le Golfe. »
Yarmouk, un bataillon acÀ Zaatari, les gros bontif dans le sud de la Syrie
nets de la contrebande ont
vivent en Jordanie,
où la rébellion tient de lardonc poursuivi leurs actividont une centaine
ges portions du territoire,
tés, et d’autant plus facilede milliers dans
Ghassem vient régulièrement qu’ils ont retrouvé sur
le camp de Zaatari
ment en aide aux blessés de
place leurs partenaires jorla révolution. Il est ce jourdaniens – issus souvent de
là aux côtés d’Omran, 20 ans, allongé
la même tribu. Ainsi Abou Khalil, de
sur une paillasse dans une caravane du
mèche avec sept familles de la ville jorcamp. Encore sous le choc, l’homme,
danienne voisine d’al-Mafraq, vend
qui a perdu ses deux jambes quand une
pour l’équivalent de 2 500 euros des
mine posée par l’armée régulière a exemplacements pour échoppes sur les
plosé sous son véhicule, ne répond que
« Champs-Élysées », la venelle à l’enpar des fatalistes « Grâce à Dieu ! ».
trée du camp.
« Nous avons commencé de le soigner
Les réfugiés de Zaatari ont gardé le
sur place, puis on l’a transporté comme
sens du commerce, voire de la rapine.
on a pu à Zaatari », affirme Ghassem,
Le camp dispose d’un éclairage public.
qui a dû verser aux policiers jordaniens
« Les commerçants ont branché leur
300 dinars (autant en euros) pour le
connexion dessus », peste Kilian ToGEORGES MALBRUNOT
ENVOYÉ SPÉCIAL À ZAATARI (JORDANIE)
[email protected]
600 000
réfugiés
syriens
L’hôpital militaire français, ouvert en 2012,
pourrait fermer avant la fin de l’année
Le sort de l’hôpital militaire français
de Zaatari devrait être tranché d’ici
décembre. Jean-Yves Le Drian,
le ministre de la Défense, souhaite
le fermer, mais, au Quai d’Orsay,
Laurent Fabius s’y oppose. En août
2012, lorsque cet hôpital a ouvert,
les blessés de guerre affluaient dans
l’urgence. Aujourd’hui, la Jordanie
a restreint les entrées sur son
territoire et les ONG sont légion dans
le camp. « À quoi bon faire du MSF en
uniforme ? », s’interroge un militaire.
80 soldats y sont affectés, mais une
poignée seulement à des tâches
médicales. Après les menaces
de frappes souhaitées par la France
contre Damas, l’hôpital s’est
« bunkérisé ». La France craint
qu’il soit la cible d’un attentat. Mais
l’affaire est politique. Le Quai d’Orsay
tient à garder cette présence, alors
que la Défense veut économiser deux
G. M.
millions d’euros chaque année.
FIGARO
PLAY
Vue aérienne du camp de Zaatari, en juillet dernier.
bias. Grâce à cela, 70 % des tentes et
caravanes de Zaatari bénéficient désormais de l’électricité, ce qui alourdit
la facture du HCR. Voilà comment est
né le cartel de l’électricité autour
d’Abou Adel et d’Abou Yarmouk, qui
contrôlent quelque 350 électriciens.
Existe aussi le cartel revendant les
quelque 25 000 tentes destinées à
abriter les réfugiés. Selon les estimations du HCR, environ huit millions de
dinars circulent chaque mois à Zaatari.
« On est quand même un peu surpris
quand on voit un gamin muni du dernier
iPad », glisse un militaire de l’hôpital
français.
Ces mafias, qui alimentent les rebelles en argent, ont peu à peu pris le
contrôle d’un camp que la sécurité jordanienne a longtemps refusé d’investir.
Mais au printemps, un officier jordanien a failli être lynché par des réfugiés,
et une distribution de dentifrices par
des ONG a dégénéré, se soldant par six
blessés chez les humanitaires. La Jordanie s’est finalement résolue à envoyer
ses espions à Zaatari, tandis que les
chefs traditionnels appelés à la rescousse parvenaient à reprendre le dessus sur
les caïds mafieux.
Désormais, Américains et Britanniques forment des Jordaniens et des Syriens pour assurer la sécurité. Progressivement, le ressentiment contre
l’Occident « incapable de les aider à faire chuter Assad » a cédé la place à plus
de compréhension et de réalisme. « Ils
ne pensent plus qu’ils vont faire tomber
Bachar prochainement, souligne un humanitaire. Sachant qu’ils sont là pour
quelque temps encore, ils s’investissent
POOL NEW/REUTERS
EN VIDEO : la conférence de paix se tiendra le 23 novembre
60 km
Infographie
TUR.
CHYPRE
Homs
Mer Tartous
Méditerranée
LIBAN
SYRIE
Damas
IRAK
Camp
de Zaatari
ISRAËL
JORDANIE
Amman
ARABIE
SAOUDITE
donc davantage ». « Jusqu’au ramadan
en juillet, poursuit Kilian Tobias, le soir,
des jeunes annonçaient au mégaphone
que des armes étaient arrivées et qu’il
fallait donc que les candidats au combat
se manifestent. Maintenant, ces appels
n’existent plus. »
Comme la majorité des camps à travers le monde, Zaatari est appelé à durer. D’ici à la fin de l’année, chaque réfugié disposera d’une carte d’identité
biométrique et des supermarchés surgiront bientôt des sables du désert.
« Ici, l’aide traditionnelle n’est pas très
efficace, insiste Kilian Tobias. Les Syriens sont en train de façonner Zaatari.
Nous devons les responsabiliser et nous
adapter en privatisant nos activités. » ■
EN BREF
La Cour européenne donne
raison à une militante d’ETA
L’Espagne a « regretté » lundi la
décision de la Cour européenne
des droits de l’homme, qui
ouvre la voie à la libération
de 54 prisonniers d’ETA. Cette
décision concernant « le cas
concret » de la militante Inés del
Río, le ministre de la Justice,
Alberto Ruiz-Gallardón, a
précisé qu’il appartiendrait aux
tribunaux de « résoudre les
autres cas individuellement ».
Luxembourg : vers une
coalition sans Juncker
Le Luxembourg se dirigeait lundi
soir, au lendemain des élections
législatives, vers l’éviction
du pouvoir des chrétiens sociaux
de Jean-Claude Juncker au profit
d’une coalition inédite
réunissant libéraux, socialistes
et Verts.
Grèce : un couple de Roms
inculpé d’enlèvement
La justice grecque a inculpé lundi
pour « enlèvement » les faux
parents roms d’une fillette
découverte dans un campement
près de Larissa, dans le centre du
pays, et les a placés en détention
provisoire. Des analyses ADN ont
révélé que la fillette n’avait
aucun lien de parenté avec le
couple.
COMMUNIQUÉ
NON À LA REMISE EN CAUSE
DE LA CIRCONCISION
Le Congrès Juif Mondial, mais aussi le Congrès Juif Européen, mais aussi le CRIF, Conseil Représentatif
des institutions juives de France, sont profondément choqués par la résolution du Conseil de l’Europe
condamnant la pratique de la circoncision sur les jeunes enfants.
Cette résolution heurte notre sensibilité de Juifs car la circoncision est une pratique millénaire qui
constitue un élément essentiel de notre religion et de nos traditions.
S’y attaquer c’est vouloir effacer tout particularisme. C’est imposer un mode de vie de pensée et de
pratique religieuse unique. Cela nous rappelle de mauvais souvenirs que nous pensions à jamais
révolus.
Mettre la circoncision et l’excision sur le même plan, c’est faire preuve d’une très grande démagogie et
d’une totale mauvaise foi. L’excision est une mutilation barbare, contrairement à la circoncision. Elles ne
sont pas assimilables !
Par ailleurs les raisons scientifiques invoquées par les parlementaires sont démenties par de très
nombreuses études qui nient tout impact négatif de caractère psychologique ou corporel sur les enfants.
De nombreux médecins et scientifiques reconnus s’accordent même sur les bénéfices médicaux de la
circoncision qui protège des infections urinaires, des infections sexuellement transmissibles. Ils estiment
qu’elle assure une certaine protection contre la transmission hétérosexuelle du VIH.
Cette résolution heurte de plus ceux qui la pratique dans de nombreux pays et tout particulièrement les
chrétiens aux Etats Unis.
Prétendre même que le choix de sa religion devrait être fait à la majorité c’est nier le rôle incontournable
des parents dans l’éducation des enfants.
Au moment où le monde fait face à tant de menaces, tant de guerres civiles, où les morts se comptent par
centaines de milliers, le combat initié par le Conseil de l’Europe paraît bien dérisoire.
Le respect de la liberté religieuse de chacun impose que cette résolution ne soit pas mise en œuvre et que
chacun se mobilise pour défendre la liberté de conscience que cette résolution met dangereusement en
cause.
Roger Cukierman
Ronald Lauder
Moshé Kantor
Président du CRIF
Président du Congrès Juif Mondial
Président du Congrès Juif européen
World Jewish Congress - 501 Madison Avenue - New York - NY 10022 – Etats-Unis
mardi 22 octobre 2013 LE FIGARO
SCIENCES
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La justice a ouvert une enquête
préliminaire après les
déclarations d’une candidate du
Front national aux municipales
qui a comparé la ministre de la
Justice Christiane Taubira à un
singe.
VALÉRIE COLLET
ET CHRISTOPHE CORNEVIN @ccornevin
SÉCURITÉ Soucieuse de prévenir la
multiplication des vols de câbles sur le
réseau ferroviaire, la SNCF teste actuellement l’utilisation de drones, ces
petits appareils téléguidés depuis le sol
pour repérer les éventuelles malveillances. « ERDF le fait déjà, explique
Sophie Boissard, directrice générale
déléguée en charge de la stratégie et du
développement à la SNCF. Nous devons
désormais passer à la phase industrielle
pour pouvoir les utiliser. C’est assez
complexe. Nous devons demander à la
Direction générale de l’aviation civile
(DGAC) de créer des couloirs aériens
pour nous autoriser à les faire circuler. »
La facture du vol de câbles s’élève
chaque année à environ 30 millions
d’euros par an pour Réseau ferré de
Surveillance de lignes électriques du réseau ERDF par un drone. DELTA DRONE
France (RFF), propriétaire des infrastructures ferroviaires, auquel s’ajoute
le coût pour la SNCF des perturbations
cuivre, se jouent tous les jours des fron« L’été dernier, un de nos engins en surengendrées par les interruptions de
tières administratives et nationales »,
veillance sur les festivités du 14 Juillet a
service. Un motif suffisant qui a poussé
confie au Figaro le lieutenant-colonel
ainsi pu, d’un coup de caméra, filmer en
la DGAC à assouplir l’utilisation de ces
Florian Manet, officier de liaison à la
flagrant délit quatre voleurs sur une liavions sans pilote dont le coût varie de
direction de la sûreté de la SNCF.
gne à grande vitesse de la région lyonquelques milliers d’euros à un million.
Depuis la mise en place d’une
naise, se félicite-t-on chez les gendar« À l’heure actuelle, l’utilisation de ces
convention en février 2011, les militaimes.
Les
malfaiteurs
ont
été
drones est autorisée lorsque le contact
res ont engagé leurs hélicoptères pour
appréhendés dans la foulée, avant qu’ils
visuel est maintenu en permanence, exsurvoler le rail à raison de 150 heures
ne paralysent le trafic en sabotant le réplique Jean-Jacques Thoen moyenne par an. Pour
seau. » Selon nos informations, cinq
mas, le responsable de l’Inun coût d’intervention de
bandes de pillards ont ainsi été démannovation et de la Recherche
1 000 à 1 500 euros de
à SNCF Infra, la branche
l’heure. « Les engins, équichargée de l’entretien du
pés de caméras infrarouges,
réseau ferroviaire. En resont capables de surprendre
vanche, les drones utilisés
des coupeurs de câbles en
pour la prévention du vol de
pleine nuit, jusqu’à trois kicâbles évolueront de manière d’euros. C’est le coût lomètres de distance, préciannuel
du
vol
de
câbles
autonome dans les zones
se le lieutenant-colonel
sur
le
réseau
ferré
considérées comme sensiManet. Véritable plate-forfrançais
bles. Or la législation actuelle
me volante embarquant
interdit cette utilisation. » Le
aussi à son bord un chemifeu vert de la DGAC pourrait être donné
not, chaque hélicoptère permet de diriger
fin 2013 pour qu’une expérimentation
les opérations au sol par radio et en
se déroule l’année prochaine.
temps réel. » Les pilotes, qui disposent
Selon un haut responsable de la gend’un statut d’officier de police judiciaidarmerie nationale, « le réseau ferrore, ont la possibilité de constater les inviaire est quotidiennement le théâtre de
fractions et d’apporter les preuves juplusieurs vols de cuivre ». « Des groupes
diciaires grâce aux bandes vidéo sur
criminels, stimulés par l’envol du prix du
lesquelles apparaissent les voleurs.
EN BREF
Taubira comparée
à un singe : ouverture
d’une enquête préliminaire
« Bugaled Breizh » :
les juges refusent
des investigations
complémentaires
Les demandes d’investigations
complémentaires dans l’affaire
du naufrage inexpliqué du
chalutier breton Bugaled Breizh
ont été rejetées vendredi
par les juges nantais chargés
du dossier, selon Me Christian
Bergot, avocat de familles des
victimes.
Karachi : Léotard visé par
une enquête préliminaire
pour faux témoignage
telées sur les voies depuis le début de
l’année. Pour accentuer la répression,
le centre de police judiciaire de la gendarmerie a aussi signé en mars dernier
un nouvel accord avec la SNCF pour
mieux familiariser ses enquêteurs à
l’univers complexe des réseaux ferrés
et, en retour, former les cheminots à
préserver les traces susceptibles d’être
recueillies là où ont eu lieu des actes de
malveillance. ■
Le parquet de Paris a ouvert
une enquête préliminaire pour
faux témoignage visant François
Léotard, dans l’enquête sur
l’attentat de Karachi. Des
proches des victimes de
l’attentat ont porté plainte fin
juin, accusant l’ex-ministre
de la Défense d’avoir menti lors
de son audition par le juge Marc
Trévidic le 31 janvier 2011.
30
millions
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JÉRÔME SAGE (AVEC AFP)
JUSTICE La cour d’appel de Chambéry
rendra mardi dans l’après-midi un arrêt
très attendu, qui pourrait faire jurisprudence s’il confirmait le jugement de première instance, rendu le 11 octobre. Ce
jour-là, deux hommes, Dominique et
Mohammed, avaient demandé et obtenu,
la « mainlevée de l’acte d’opposition du
12 septembre 2013 du ministère public » à
leur mariage.
En clair, le tribunal leur avait donné le
droit de se marier, malgré une opposition
du parquet, formulée deux jours avant la
date prévue pour les noces, au nom d’une
convention entre la France et le Maroc.
Signée le 10 août 1981, cette convention
prévoit que le mariage entre des ressortissants de ces deux pays doit répondre
aux exigences de la « loi personnelle »
des deux époux - Dominique est français,
Mohammed, marocain -, quel que soit le
pays dans lequel l’union est célébrée. Or,
si la France reconnaît depuis mai dernier
le mariage entre personnes de même
sexe, le Maroc l’interdit.
Après avoir eu gain de cause le 11 octobre, Dominique et Mohammed « espéraient que l’acharnement judiciaire allait
cesser », soupire leur avocat Didier Besson. Et qu’ils allaient pouvoir reprendre
les préparatifs de leur mariage prévu initialement le 14 septembre. Mais le parquet a fait appel de cette décision, qui
considérait que la loi sur le mariage pour
tous avait modifié « l’ordre public international français », suffisamment en tout
cas pour écarter cette convention binationale. Alors même que la Chancellerie,
dans une circulaire du 29 mai 2013 relative à l’application de cette loi sur le maria-
ge de personnes de même sexe, excluait
de cette loi les ressortissants de 11 pays,
dont le Maroc, tous signataires de
conventions spécifiques avec la France.
Et invoquait la « hiérarchie des normes,
les conventions ayant une valeur supérieure à la loi », une disposition de l’article 55 de la Constitution, pour justifier
cette opposition à ce mariage et la position de la France dans ce dossier.
Devant la cour d’appel, Me Didier Besson a souligné que « la loi du mariage pour
tous a considérablement modifié les règles.
Si on rejetait cette notion, alors il y aurait
des discriminations très importantes entre
les personnes dont les pays ont signé des
conventions et les autres ». Aux yeux du
parquet général et de son représentant à
l’audience, le substitut général Hervé
Lhomme, le non-respect de cette convention bilatérale fragiliserait la position française et ses accords internationaux : « Si
ces accords pouvaient ne pas être respectés,
a-t-il souligné durant les débats, ils fragiliseraient les rapports internationaux et
conduiraient les pays à hésiter à les signer. » Interrogé vendredi, Me Besson balayait cet argument : « Je me moque complètement des éventuelles considérations
diplomatiques, s’emportait-il. S’il y a des
tribunaux, c’est pour appliquer le droit. »
En marge de cette audience et face à cet
appel du parquet qui « entretient une insécurité juridique inadmissible dans un
État de droit », l’inter-LGBT et plusieurs
associations ont « solennellement » demandé à la ministre de la Justice, Christiane Taubira, de modifier la circulaire du
29 mai 2013. Ce, « afin de ne plus mentionner les onze conventions bilatérales qui
servent actuellement à justifier cette rupture d’égalité entre les couples », estiment-elles. ■
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9
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%"# " d’un caillot de sang,
1. Formation
gén
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nééra
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généralement
dans une veine
des membre
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mbres inférieurs
membres
Caillot
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DAMIEN MASCRET@dmascret
ÉPIDÉMIOLOGIE Aussi incroyable que
cela puisse paraître, il n’existait pas, en
France, d’estimation précise du nombre
d’embolies pulmonaires. Voilà qui est
fait, avec la publication de la première
étude de l’Institut de veille sanitaire,
dans
le
Bulletin
épidémiologique
hebdomadaire (BEH) du 22 octobre.
En 2010, il y a eu plus de 55000 personnes hospitalisées pour un diagnostic
principal de maladie veineuse thromboembolique, dont 34 179 pour une embolie pulmonaire et 21 240 pour une
thrombose veineuse. Des chiffres plus
importants que ceux qui sont habituellement admis.
La thrombose veineuse, ou phlébite,
est un caillot qui se forme habituellement
dans la jambe ou la cuisse. Les symptômes, lorsqu’il y en a, ce qui n’est pas toujours le cas, reposent sur le gonflement
de la jambe, qui peut devenir douloureuse, tendue.
Dans certains cas, la phlébite se complique d’une embolie pulmonaire, c’està-dire de l’obstruction d’une artère du
poumon. Pathologie grave puisqu’elle
correspond en quelque sorte à un infarctus pulmonaire, susceptible d’entraîner
la mort. L’embolie pulmonaire se manifeste par un essoufflement, une douleur
dans la poitrine et même, parfois, une
angoisse et une «sensation de mort imminente». Il faut alors bien sûr faire immédiatement le 15 (Samu).
Mortalité importante
«Le nombre d’embolies pulmonaires recensées dans cette étude est probablement
sous-estimé car il ne s’agit que des patients hospitalisés pour cette raison, mais
une partie meurt sans arriver à l’hôpital»,
explique au Figaro Valérie Olié, chargée
d’études scientifiques du programme
neuro-cardio-vasculaire de l’Institut de
veille sanitaire. « Une étude réalisée à
partir d’autopsies montrait que le diagnostic n’avait pas été porté dans la moitié
des cas où une embolie pulmonaire était
pourtant impliquée», ajoute l’épidémiologiste.
Dans l’étude qu’elle a dirigée, la maladie veineuse thromboembolique apparaît
non seulement fréquente, notamment
chez le sujet âgé, mais aussi «associée à
n
ressio
Surp
Illustration : Sophie jacopin
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mardi 22 octobre 2013
Comment une phlébite peut
conduire à l’embolie pulmonaire
une mortalité importante, avec plus de
14800 décès toutes causes en 2010». Toutes causes, car il arrive en effet que les
embolies pulmonaires surviennent dans
un contexte particulier, comme un cancer ou une maladie cardiovasculaire qui
prédisposent aux thromboses veineuses.
« Des efforts spécifiques de prévention
doivent être portés sur ces patients», liton dans le BEH.
«Il faut toutefois prendre les chiffres de
mortalité avec précaution, explique Valérie Olié, car les informations ne sont pas
toujours précises dans les bases de données
hospitalières.» De plus, le diagnostic pulmonaire demeure difficile à faire, en dépit des progrès des outils diagnostiques
d’embolie. Au CHU d’Angers, le Pr Pierre-Marie Roy, chef du service des urgences, a d’ailleurs mis au point avec son
équipe un logiciel d’aide au diagnostic.
L’âge moyen d’hospitalisation pour
une thrombose veineuse est de 67 ans. Il
est plus élevé pour les femmes (69 ans)
que pour les hommes (65 ans). L’image
d’un accident survenant chez une femme jeune, notamment sous contraceptif
oral, est le plus spectaculaire, mais 97%
des décès surviennent après 45 ans. ■
– Crédit photo : Jean-Philippe Mesguen
SOCIÉTÉ
Veine
obstrué
obstruée
t du flux sanguin dans la vein
veine
22. Arrêt
obstruée
bstruée provoquant une
hyper-pression en amont du
caillot
d’une douleur pouvant
3. Apparition
s’accompagner d’œdème, peau
luisante, sensation de chaleur.
Le diagnostic définitif doit
s’appuyer sur un examen non
invasif à ultrasons (écho Doppler)
grave complication peut se
4. Une
produire en cas de décollement
du caillot et de sa migration
vers le cœur pouvant entraîner
une embolie pulmonaire
Infographie
Éviter la phlébite lors des longs voyages
En voyage, il faut privilégier les
pantalons et chaussettes qui ne
serrent pas, éviter les ceintures ou
gaines. Votre médecin peut vous
prescrire des bas de contention
adaptés si vous êtes à risque de
phlébite. Parfois également, un
médicament anticoagulant. Enfin, il
faut marcher quelques minutes
toutes les heures, s’hydrater
régulièrement en buvant de l’eau, et
D. M.
éviter l’alcool et le café.
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STÉPHANY GARDIER
712 054 923 RCS NANTERRE –
8
LE FIGARO
SANTÉ Souvent considéré comme un
trouble du langage, le bégaiement altère
en réalité la fluidité de la parole et, de
fait, de la communication. Il apparaît le
plus souvent chez les très jeunes enfants,
mais peut aussi survenir à l’âge adulte,
notamment à la suite de traumatismes.
Six cent mille personnes seraient
concernées en France. La 16e Journée
mondiale du bégaiement ce mardi est
l’occasion de mieux faire connaître ce
handicap et les prises en charge possibles.
« La parole peut être comparée à
l’écriture », explique le Dr Marie-Claude
Monfrais-Pfauwadel, médecin spécialiste du bégaiement, auteur du Manuel
du bégaiement (1). « L’écriture est
d’abord chaotique, puis elle se fluidifie
pour devenir automatique. On pense alors
à ce que l’on écrit, et non pas aux gestes
de l’écriture. »
Parler est en effet une somme de
mouvements, produits par les muscles
de la bouche, de la face et du larynx, qui
nécessite une grande rapidité d’exécution et une excellente synchronisation
pour que l’on arrive à émettre des sons.
Le bégaiement peut donc être considéré
comme un trouble moteur. Chez certaines personnes bègues, des enregistrements de l’activité musculaire montrent
d’ailleurs des contractions musculaires
involontaires qui entravent la parole, ce
que l’on appelle aussi, des « myoclonies » du larynx.
Les recherches, qui se sont intensifiées au cours des vingt dernières années, ont permis de faire de grandes
avancées dans la compréhension des
origines du bégaiement. Plusieurs études ont montré qu’il existe bel et bien
une part génétique dans la survenue de
ce trouble. Il n’existe bien entendu pas
un gène du bégaiement, mais les chercheurs ont d’ores et déjà identifié plusieurs régions chromosomiques qui
pourraient jouer un rôle dans le développement de la maladie. Bégayer serait
le fruit de nombreuses interactions entre plusieurs gènes, ainsi qu’avec l’environnement de l’enfant. « On ne naît pas
bègue, mais avec une prédisposition »,
insiste le Dr Monfrais.
Les neurosciences ont aussi apporté
beaucoup d’éléments de compréhension sur le bégaiement. « La source pre-
mière de ce trouble est liée aux capacités
du cerveau à traiter le langage et la parole », explique Luc De Nil, professeur au
département des pathologies de la parole et du langage de l’université de Toronto. Il apparaît ainsi aujourd’hui que
le cerveau des personnes bègues présente des différences à la fois anatomiques et fonctionnelles avec celui de personnes non bègues. « Une hyperactivité
cérébrale a notamment été mise en évidence chez les personnes bègues lorsqu’elles prennent la parole », détaille Luc
De Nil.
Une étude publiée récemment par
l’équipe du professeur De Nil a également montré chez des enfants que la
On ne naît pas bègue,
mais avec une
prédisposition
DR MARIE-CLAUDE MONFRAIS-PFAUWADEL,
MÉDECIN SPÉCIALISTE DU BÉGAIEMENT
structure du cerveau est modifiée dans
le cas de bégaiement. Dans certaines régions cérébrales, la proportion de matière grise (la couche externe du cerveau) serait moins dense et les
connexions neuronales moins efficaces.
Il reste encore aux scientifiques à comprendre les liens entre ces modifications
et les mécanismes du bégaiement.
La prise en charge du bégaiement dépend de nombreux facteurs, notamment
de l’histoire du patient et de son âge. Les
techniques de rééducation pratiquées
par les orthophonistes spécialisés sont le
premier recours dans la plupart des cas.
Elles peuvent s’accompagner de thérapies cognitivo-comportementales, qui
ont pour but d’aider la personne à gérer
le stress et le malaise qui parfois se développent autour du handicap.
Lorsque le bégaiement est accompagné de troubles de l’attention, un traitement médicamenteux peut être parfois
envisagé. « Les associations et les groupes de patients sont aussi des aides précieuses pour trouver conseils et soutien,
rappelle Marie-Claude Monfrais. Plusieurs personnes bègues ont même créé
des blogs, vidéo parfois, pour communiquer sur leur handicap et sortir de l’isolement qu’il peut parfois provoquer. » ■
(1) « Manuel du bégaiement », MarieClaude Monfrais-Pfauwadel, éditions Deboeck
mardi 22 octobre 2013 LE FIGARO
10
SPORT
FIGARO
PLAY
Franck Ribéry lors du match de l’Euro,
Ukraine-France, le 15 juin 2012.
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A. NOEL/ICON SPORT
EN VIDEO : « La route vers le Brésil
est encore longue »
CHIFFRES CLEFS
0 défaite
de l’équipe de France face à l’Ukraine
en 7 matchs avec 4 victoires et 3 nuls
9 victoires
et 2 nuls lors des 11 derniers matchs
de l’Ukraine, qui a marqué 28 buts au total
dans son groupe qualificatif
(contre 15 pour la France)
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VINCENT DUCHESNE @VinceSport24
FOOTBALL L’équipe de France s’en
sort bien. La route menant au Brésil ne
passera pas par le Portugal, ogre qu’il
fallait éviter à tout prix lors du tirage au
sort des barrages effectué lundi à Zurich. Alexander Frei, l’ancien attaquant du Stade Rennais, désigné pour
être la main innocente, a offert aux
Bleus, pas protégés par un statut de tête
de série, une double confrontation très
abordable face à l’Ukraine, 20e nation
mondiale. Un tirage clément sur le papier. Le tirage quasiment idéal même,
puisque le match retour aura lieu au
Stade de France le 19 novembre prochain (match aller le 15, NDLR). « Il faut
avoir beaucoup de confiance, mais aussi
du respect
pour cette équipe
d’Ukraine car elle
jouera sa chance
à fond », a commenté
Didier
Deschamps,
soucieux de ne pas crier victoire trop
vite. Pourtant, tous les voyants sont au
vert face à cet adversaire.
Dans son histoire, l’Ukraine n’a tout
simplement jamais battu la France ! En
7 confrontations, cette nation issue du
bloc soviétique s’est inclinée à 4 reprises. La dernière défaite date d’il y a un
peu plus d’un an lors de la phase de
groupe de l’Euro 2012. Grâce à des buts
de Jérémy Ménez et Yohan Cabaye, les
Bleus de Laurent Blanc s’étaient logiquement imposés à Donetsk (2-0), validant leur ticket pour les quarts de finale.
Un an auparavant, lors d’une tournée en
Europe de l’Est, la France avait même
fait exploser la défense ukrainienne sur
ses terres avec notamment un doublé de
Marvin Martin (4-1). Autre point positif
sur lequel s’appuyer : l’Ukraine a déjà eu
le redoutable privilège de passer par la
case barrages pour les Coupes du monde
1998, 2002, 2010 et pour l’Euro 2000. À
chaque fois, elle est passée à la trappe.
Pour autant, la méfiance reste de rigueur. « Il n’y a pas d’adversaire facile,
80%
de chances
de qualification de l’équipe de France
à en croire la cote du site pmu.fr
l’Ukraine sera un adversaire difficile, le
match sera équilibré avec des Bleus en
progrès », a rappelé Noël Le Graët, le
président de la Fédération Française.
Une défense très solide
En effet, depuis la nomination de
Mikhaïl Fomenko au poste de sélectionneur en décembre dernier, l’Ukraine,
aujourd’hui essentiellement constituée
de joueurs évoluant au pays – seul Timochtchouk, l’ancien coéquipier de Ribéry au Bayern, joue à l’étranger, au Ze-
nith Saint-Pétersbourg - est comme
revigorée. Les Ukrainiens n’ont plus
perdu depuis 7 rencontres en compétition officielle. Si l’on prend en compte
les matchs amicaux, la série grimpe à
11 matchs sans défaite (9 victoires,
2 nuls). Dans un groupe H très homogène où figuraient notamment l’Angleterre, le Monténégro et la Pologne, les
Ukrainiens ont pu s’appuyer sur une
défense très solide (4 buts encaissés) et
une efficacité offensive retrouvée
(28 buts au total) pour accrocher une
place de barragiste, faisant même craindre jusqu’au bout aux Anglais une mésaventure (un point d’écart à l’arrivée
entre les deux équipes, NDLR).
« L’Ukraine n’a pas de stars comme le
Portugal ou la Croatie, qui sont deux nations qui possèdent une histoire, un vécu,
des individualités. L’Ukraine, c’est un
collectif qui prend peu de buts. C’est bien
sûr un avantage de recevoir pour le match
retour chez nous. Le tirage au sort aurait
pu être pire. Mais l’Ukraine, ça ne sera
pas simple non plus », prévient Didier
Deschamps. Et Hugo Lloris d’intervenir
pour « garder aussi à l’esprit le barrage
retour face à la République d’Irlande en
novembre 2009 au Stade de France. » À
l’époque, l’adversaire semblait déjà largement à la portée des Bleus. La France
s’en était finalement sortie sans gloire.
Grâce à la fameuse et non moins honteuse main de Thierry Henry… ■
Les autres barrages : Portugal-Suède,
Grèce-Roumanie et Islande-Croatie.
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F. FIFE/AFP
NICOLAS CERBELLE @NicoSport24
FIGARO
PLAY
EN VIDEO : retour
sur une folle journée
LA LEÇON n’a visiblement pas été retenue. Trois ans après avoir été à l’origine
de la grève de Knysna (Coupe du monde
2010) - ce qui lui avait valu cinq matchs
de suspension -, Patrice Evra a encore
dérapé, s’en prenant violemment aux
consultants Bixente Lizarazu, Luis Fernandez, Rolland Courbis et Pierre Ménès
dans une interview accordée dimanche à
« Téléfoot ». À l’heure où l’image de
l’équipe de France demeure fragile, le latéral gauche, qui avait promis de se tenir
à carreau après avoir été réintégré par
Laurent Blanc (le 17 mars 2011), risque
une nouvelle sanction de la part de la Fédération française de football.
Le président Noël Le Graët a en tout cas
d’ores et déjà convoqué le joueur, qu’il
entend entendre « rapidement », vraisemblablement avant le 7 novembre, date
de l’annonce de la sélection de Didier
Deschamps pour le barrage contre
l’Ukraine. Pour ne pas avoir respecté la
charte de bonne conduite et écorné l’image de l’équipe de France, Evra risque bel
et bien une punition. D’autant que l’affaire prend une ampleur quelque peu disproportionnée qui risque de jouer en sa
défaveur. Si tel était le cas, le défenseur de
Manchester United deviendrait le premier international tricolore à écoper de
deux suspensions distinctes. Un « exploit » que des fortes têtes comme Raymond Kopa ou Éric Cantona n’ont pas
réalisé en leur temps. À ce titre, un rappel
historique des bannis s’impose.
En 1963, Raymond Kopa écope d’une
suspension de trois mois pour avoir critiqué le sélectionneur Georges Verriest et
l’entraîneur Henri Guérin, ce dernier
ayant déclaré à la presse que l’ancien maître à jouer du Stade de Reims dénigrait ses
coéquipiers… Des propos plus ou moins
démentis ensuite, mais qui ont sonné le
glas de la carrière internationale de Kopa.
Dans les années 1970, Serge Chiesa,
milieu de terrain de l’Olympique Lyonnais claque lui-même la porte des Bleus.
« L’équipe de France ? On a trouvé le
moyen de m’y faire venir. De gré ou de force (…) Mais je ne resterai pas ici. Je n’ai
rien contre personne. Seulement les stages
m’ennuient », expliqua celui qui quitta un
rassemblement le 13 novembre 1974,
avant un match crucial contre la RDA
dans le cadre des éliminatoires du championnat d’Europe 1976. Une amende de
5 000 francs et deux matchs de suspension lui furent infligés.
La décennie suivante est marquée par
le violent clash entre Éric Cantona et
Henri Michel. Non retenu pour disputer
un match amical contre l’Espagne en
1988, le fantasque attaquant traite son sélectionneur de « sac à merde ». La FFF le
suspend pendant un an. Rien de vraiment
sérieux n’est à signaler sur le plan disciplinaire dans les années 1990 et 2000. Le
calme avant la tempête.
# !*! $! +
AVANT d’accueillir Naples ce mardi au
Vélodrome lors de la 3e journée de Ligue
des champions, Marseille n’a plus le droit
à l’erreur. Pour conserver une infime
chance de participer aux 8es de finale, le
club phocéen doit s’imposer et marquer
ses premiers points en C1. Après deux défaites face à Arsenal (1-2) et à Dortmund
(3-0), l’heure n’est plus aux calculs.
Problème, l’OM traverse une zone de
turbulences. Deux semaines après la défaite concédée à domicile contre le PSG
lors du Classique (1-2), Marseille a subi
vendredi son troisième revers consécutif
à Nice (1-0), toutes compétitions confondues. « Nous sommes à Marseille. Deux
défaites, ça fait déjà jaser, alors avec trois,
ça va remuer, mais on sait ce qu’on vaut,
nous n’allons pas paniquer », a admis Rod
Fanni. Elie Baup le reconnaît lui-même,
« ce n’est pas une bonne période pour nous
en ce moment en termes de résultats, mais
le contenu et l’attitude des joueurs sont irréprochables ». Peut-être, mais ces contre-performances qui s’accumulent n’ont
PROGRAMME
#! )!#% $! !" ! ( " $ " "
3E JOURNÉE
LIGUE DES CHAMPIONS
GR. E SCHALKE 04 (1)
ST. BUCAREST (4)
GR. F MARSEILLE (4)
ARSENAL (1)
GR. G FC PORTO (2)
AUSTRIA VIENNE (3)
GR. H
AC MILAN (2)
C. GLASGOW (4)
mardi
20h45
Canal +
-
CHELSEA (3)
BÂLE (2)
NAPLES (2)
B. DORTMUND (3)
ZÉNITH ST. P. (4)
ATL. MADRID (1)
FC BARCELONE (1)
AJAX A. (3)
rien de rassurantes au moment de défier
Naples, deuxième de Serie A. Surtout que
l’OM a la fâcheuse habitude depuis le début de saison de s’incliner dès lors que la
route s’élève, avec quatre défaites en quatre matchs face à des adversaires supposés
supérieurs sur le papier. « Il faut s’appuyer sur l’état d’esprit et avoir confiance
dans ce qu’on fait pour inverser la tendance », insiste l’entraîneur marseillais, qui
devra se passer de son défenseur brésilien
Lucas Mendes, victime d’une entorse à la
cheville contre Nice.
« On n’a pas le temps de gamberger »,
soulignait Souleymane Diawara vendredi
soir, tout en assurant ne pas avoir la sensation de voir un groupe touché mentalement par la spirale négative actuelle. Il y a
trois ans, l’OM avait connu pareille entame de compétition avec deux revers
contre le Spartak Moscou (0-1) et à Chelsea (0-2). Cela ne l’avait pas empêché de
relever la tête et de se hisser au tour suivant en alignant quatre victoires. Sauf que
le troisième larron proposé, en l’occurrence les Slovaques de Zilina, avait tout du
parfait sparring-partner. Même si Naples
a perdu de sa superbe depuis quelques semaines, avec une défaite à Arsenal en Ligue des champions (2-0) et un premier
revers en championnat vendredi lors du
choc au sommet contre la Roma (2-0),
l’adversité sera tout autre. Et le challenge
bien plus corsé pour les Marseillais. ■
V. D.
+@
La Coupe du monde 2010 est le théâtre
de la fameuse grève de Knysna orchestrée par plusieurs cadres des Bleus pour
soutenir Nicolas Anelka, auteur de propos injurieux à l’encontre de Raymond
Domenech. Alors que l’ancien enfant
terrible est suspendu 18 mois, Patrice
Evra, Frank Ribéry et Jérémy Toulalan
écopent respectivement de cinq, trois et
un match de suspension. Pour leur comportement lors de l’Euro 2012, Jérémy
Ménez (accrochage avec son capitaine
Hugo Lloris) et Samir Nasri (insultes envers un journaliste) avaient écopé d’un et
trois matchs. Une jurisprudence Nasri
qui pourrait s’appliquer au cas Evra. Enfin, Yann M’Vila demeure indésirable de
toutes sélections nationales jusqu’au
30 juin 2014 pour être sorti en boîte de
nuit entre deux matchs des Espoirs (en
octobre 2012) avec Wissam Ben Yedder,
Antoine Griezmann, Chris Mavinga et
Mbaye Niang, non-convocables quant à
eux jusqu’à la fin 2013. ■
EN BREF
Tennis : Serena Williams
pour finir en beauté
Serena Williams espère conclure
une année déjà exceptionnelle
(73 victoires, 4 défaites)
par un nouveau sacre au Masters
féminin, disputé de mardi
à dimanche à Istanbul, où seule
Victoria Azarenka paraît avoir
les moyens de lui barrer la route.
Rugby : des Bayonnais ivres
à l’entraînement
Le Gallois Mike Phillips et
les Néo-Zélandais Dwayne-Haare
et Stephen Brett sont convoqués ce
mardi par le président de Bayonne,
Philippe Rugierri, et risquent une
sanction pour s’être présentés à un
entraînement en état d’ivresse
le 11 octobre au lendemain d’un
succès en Challenge européen.
Badminton : le gratin
mondial à Paris
» OM-Naples en direct sur
Rod Fanni (à droite) et Jérémy Pied,
lors du match Nice-Marseille, vendredi.
sport24.com
VALERY HACHE/AFP
Les principaux champions
de la discipline s’affrontent
de mardi à dimanche
aux Internationaux de France
organisés à Coubertin (Paris).
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mardi 22 octobre 2013 LE FIGARO
12
CHAMPS LIBRES
REPORTAGE
La culture de la note reste dominante au collège mais les classes qui l’ont supprimée ont fleuri en 2012 dans le cadre d’expérimentations permises par la loi.
LEMOINE/BSIP
" Caroline Beyer
@BeyerCaroline
A
s-tu eu des notes aujourd’hui ? »
Cette rituelle question des parents,
est-elle en passe de tomber en désuétude ? À l’école primaire, la
notation chiffrée est devenue un
« épiphénomène », confirme un
rapport de l’Inspection générale
de l’éducation nationale, récemment publié (*). Absente ou exceptionnelle en maternelle, elle est utilisée dans moins d’une école sur trois en élémentaire.
Depuis de longues années déjà, les notions d’« acquis » et « non acquis », les couleurs, smileys ou les
petits nuages alternant avec des soleils ont envahi
les bulletins des écoliers. Un développement anarchique de codes multiples et variés, qui rend désormais vaine toute comparaison d’un niveau à un
autre, y compris dans le même établissement ! « Impossible de savoir ce que maîtrisent effectivement les
élèves (…) On ne sait pas ce qu’on évalue. Les niveaux
de performances ne sont pas définis », s’inquiète le
rapport qui préconise de « repenser un véritable cadrage national ». La disparition des notes, annoncée
depuis quarante ans aurait donc eu raison de notre
système d’évaluation. Constat d’autant plus ironique qu’à l’entrée au collège, ce « petit lycée » selon
la tradition française, la notation chiffrée fait son
grand retour, parfois brutalement. Comment comprendre que l’on puisse passer de la colonne « en
cours d’acquisition » à un 2 sur 20 en dictée ? Et que
dire de ces établissements prisés parisiens qui n’hésitent pas à mettre en scène dès la sixième un rendu
des copies par ordre décroissant ?
« Depuis 1969, on sait bien que les notes, c’est très
vilain, ironise Pierre Favre, président du Syndicat
national des écoles (SNE). Pourtant à l’école primaire,
certains enseignants continuent à en mettre. Il n’est
pas rare de voir figurer sur des bulletins de CM2 des
notes chiffrées en mathématiques et en français, au
crayon à papier… Les proviseurs de collège, qui peuvent ainsi composer des groupes homogènes, nous en
sont reconnaissants », explique-t-il, témoignant
d’une schizophrénie toute française sur le sujet.
Un taux de redoublement record
Le 6 janvier 1969, une circulaire appelait les enseignants à remplacer les notes par des lettres. « Les travaux scolaires les plus formateurs sont ceux où la préoccupation de la note s’efface », précisait alors le
ministre de l’Éducation, Edgar Faure. Vaine tentative
puisque rapidement les lettres A, B, C, D et E se sont
trouvées agrémentées de + ou de -, avant d’être délaissées… De même, en 2005, la loi Fillon consacrait la
notion de « compétences » - très en vogue, modèle
finlandais oblige -, qui s’accommode mal de la note.
Le « socle de connaissances et de compétences » (que
tout élève se doit de maîtriser à l’issue de la scolarité
obligatoire) ainsi élaboré, s’est agrémenté du « livret
personnel de compétences ». Cette usine à gaz, dont
les enseignants ne se sont pas réellement saisis, était
censée se substituer à la note, en optant pour les notions d’« acquis », « en cours d’acquisition » et
« non acquis ». En réalité, elle s’y est superposée.
Mais si la culture de la note reste dominante au
collège, des « classes sans note » ont fleuri ici et là,
dans le cadre d’expérimentations permises par cette
même loi Fillon. Le rapport de l’Inspection générale en
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d’académie, elles traduisent la logique de compétence
et apportent une réponse au message suivant lequel il
faut abolir cette notation « qui fait peur et qui fait
mal ». Message appuyé par les études de l’OCDE faisant état de l’inhibition des petits Français et mettant
en avant en France un taux de redoublement record.
« Je ne dis pas que c’est miraculeux, mais notre expérimentation a bouleversé la pratique des enseignants », estime la principale du collège GuillaumeBudé, situé dans le XIXe arrondissement parisien, à
quelques pas de la place des Fêtes. L’établissement
classé en zone de réussite scolaire (43 % de boursiers) a lancé en 2011 une expérimentation dans ses
classes de 6e, étendue désormais jusqu’à la 4e. Quelque 360 élèves sur 480 sont ainsi évalués par compétences, suivant un code couleurs de quatre échelons. Un projet porté par une quinzaine de
professeurs qui a donné lieu à une introspection collective. Sur la base du « socle », ils se sont attelés à
définir des grilles d’évaluation. « Nous nous sommes
posé des questions basiques sur ce que l’on apprend
aux élèves et ce que l’on attend d’eux lors d’une évaluation », raconte Jérôme Musseau, professeur de
SVT. « Ce nouveau système pourrait tout aussi bien
fonctionner avec des notes », poursuit-il pointant le
cœur de la problématique, qui ne tient pas tant à la
notation chiffrée qu’au sens donné à l’évaluation.
Mais pour Karine Poree, principale du collège Vernay de Tournan-en-Brie en Seine-et-Marne, qui envisage de se passer de la notation chiffrée l’an prochain dans ses huit classes de 6e, il faut en passer par
une suppression des notes, « pour déstabiliser les représentations de chacun ». Ce collège « modèle » de
l’académie de Créteil expérimente le « sans-note »
sur une cohorte entrée en 6e en 2010 et arrivée désormais en 3e. Une trentaine d’élèves sont ainsi évalués
par compétences autour de quatre paliers. Manque
d’ambition et d’autonomie, décrochage et phobies
scolaires ont motivé la démarche dans cet établissement de zone semi-rurale, au public mixte. Comme
au collège Budé, elle a donné lieu à un travail collectif
qui a permis aux enseignants, habitués à travailler
seuls, de jeter des ponts entre les disciplines et élaborer des projets communs tels que cet axe autour de
« la maîtrise de la langue orale » en 6e. Les règles du
jeu en matière d’évaluation ont par ailleurs été revues : transparence sur les objectifs, absence de pièges, autoévaluation, possibilité de refaire un devoir
raté. « Dans cette classe, nous avons moins recours
aux sanctions et punitions. Le niveau est hétérogène.
Les élèves performants le sont restés, les moyens ont
pris confiance, les élèves en difficulté n’ont pas décroché. On leur a laissé le temps de comprendre le sens de
l’école », conclut la principale, concédant qu’il lui a
fallu convaincre les parents des meilleurs éléments.
Reste que certaines expériences se révèlent moins
concluantes. « Le bilan n’étant pas à hauteur nos attentes », ont estimé en 2010 les enseignants du collège Maxence-Van-der-Meersch à Roubaix, à l’issue d’une expérience d’une année dans une classe
de 6e. « Il a été possible de les faire travailler, mais
plutôt moins que les élèves des autres classes », expli-
Nos notes sont les plus précoces et les plus
tatillonnes, les plus systématiques, les plus
définitives, les moins encourageantes
VINCENT PEILLON DANS SON OUVRAGE « REFONDONS L’ÉCOLE », PARU EN 2013 LE FIGARO
que le rapport qui détaille que seuls trois élèves ont
fait l’effort d’apprendre les conjugaisons. « La disparition de la note ne semble donc pas être une solution
pour agir sur la motivation d’élèves d’un collège “ambition réussite” ».
Sous couvert de bonnes intentions, le risque ne
serait-il pas au fond de diluer des insuffisances derrière une évaluation revisitée ? Le rapport de l’Inspection générale s’inquiète de projets « conçus principalement comme une réponse au manque de travail
des élèves, à leur manque de motivation » et évoque
en outre des « tâtonnements », éloignés d’« une démarche expérimentale au sens scientifique du terme ».
« Il serait vain de trop attendre d’un système où la notation chiffrée aurait disparu », conclut-il enfin.
Et pourtant, les débats et emballements médiatiques sur le sujet de la notation restent sur ce mode
binaire. La suppression des notes ou la fin du classement, du tri, des reproductions sociales, du conformisme, de la sanction, du stress des élèves… L’idée
est séduisante mais ne relève-t-elle pas du sophisme ? Sur ce sujet passionnel, deux visions s’opposent immuablement. D’un côté, les défenseurs de la
traditionnelle notation sur 20, au nom de sa précision, de sa justesse, de son exigence, de l’autre ses
farouches détracteurs, qui dénoncent un système
cassant et stigmatisant, prônent une évaluation dite
« positive », opposée à une évaluation « sanction »,
et estiment que l’on pourrait se passer de la note au
moins jusqu’à la fin de la scolarité obligatoire.
La « stratégie de l’autruche »
On se souvient d’une pétition pour la suppression
des notes à l’école primaire publiée en novembre 2010 dans Le Nouvel Observateur. « Une mauvaise note accable l’enfant, le décourage, le désespère »,
expliquait le neuropsychiatre Boris Cyrulnik, signataire du texte aux côtés d’une vingtaine d’intellectuels parmi lesquels le pédopsychiatre Marcel Rufo,
l’écrivain Daniel Pennac, le généticien Axel Kahn ou
encore Richard Descoings, le défunt patron de
Sciences Po. Luc Ferry y avait opposé une tribune
enflammée dans Le Figaro, dénonçant une « stratégie de l’autruche ». « Parce que la couleur, ce serait
plus gentil, moins rude et moins raide que la note ?
Prend-on les élèves et les parents pour des benêts ?
(…) Imagine-t-on sérieusement que, pour être seulement plus floues, ces notations déguisées changeront
quoi que ce soit au fond du problème ? », interrogeait
l’ancien ministre, pointant le décrochage scolaire.
De l’avis de tous les professeurs, la notation chiffrée a ses limites et en appelle au discernement. Les
études issues de la « docimologie », cette science de
l’évaluation, mettent en avant son caractère subjectif : les élèves issus des catégories aisées, de sexe
masculin et non redoublants seraient mieux notés.
Ajoutons à cela des pratiques suivant les enseignants. Quand certains n’hésitent pas à user du 1 sur
20, d’autres ont recours à la note thérapeutique.
Mais va-t-on en finir avec ce faux débat sur la
suppression des notes pour enfin se pencher sur les
enseignements et leur évaluation ? C’est précisément la mission du Conseil supérieur des programmes que le ministre de l’Éducation a installé le 10 octobre. « Nos notes sont les plus précoces et les plus
tatillonnes, les plus systématiques, les plus définitives,
les moins encourageantes », estime pour sa part Vincent Peillon dans son ouvrage Refondons l’école, paru
en février 2013. La logique d’évaluation par compétences va-t-elle définitivement l’emporter ? ■
(*) «La notation et l’évaluation des élèves éclairées par
des comparaisons internationales», daté de juillet 2013,
publié en octobre
CHAMPS LIBRES
LE FIGARO
mardi 22 octobre 2013
13
ÉCONOMIE
L’ANALYSE
Jean-Pierre Robin
[email protected]
1
L'envolée des dépenses
en un demi-siècle...
DÉPENSES PUBLIQUES*
56,9%
en % de PIB
50
LE RAS-LE-BOL fiscal est la chose du
monde la mieux partagée. À en croire
un sondage Ipsos publié à l’initiative de
la Revue française des finances publiques,
Le Monde et BFMTV, 72 % des Français
trouvent « excessif » le montant des « différents impôts et taxes » qu’ils paient.
Pourtant, 57 % de ces mêmes contribuables considèrent l’impôt comme « un acte
citoyen ». Ces deux chiffres, apparemment
contradictoires, nous plongent au cœur de
la schizophrénie de la douce France.
D’un côté, chacun se sent individuellement accablé par le fisc, et non sans raison. À l’évidence, « l’enfer fiscal », ce
n’est pas les autres, il me frappe « moi ».
Chaque citoyen « puissant ou misérable »
juge que ce qu’il acquitte sera toujours
trop. C’est humain : chacun voit midi à sa
porte. Mais, en même temps, les Français,
drogués à la dépense publique, font preuve d’une certaine clairvoyance lorsqu’ils
saluent, à 57 % d’entre eux, les vertus de
l’impôt : 57 %, c’est précisément la part
des dépenses publiques dans la richesse
nationale du pays, son PIB (produit intérieur brut). Voilà qui est cohérent.
Plus personne ne peut en effet l’ignorer
tellement l’information est diffusée en
boucle dans tous les médias : la France figure, juste après le Danemark, comme le
pays où les fruits de la production nationale sont les plus collectivisés au monde
(les organisations internationales ne
fournissent pas de statistiques sur Cuba ni
sur la Corée du Nord). Mais tout le monde
ne s’en offusque pas, loin s’en faut. Les
dépenses publiques sont perçues, bien
souvent, à gauche et à droite, comme
consubstantielles au « modèle français ».
Est-il alors possible de les réduire sans remettre en cause ce qu’on appelle le « pacte républicain » ?
AVEU
DE FRANÇOIS HOLLANDE
❙ L’ÉTRANGE
Jouant les «M. Prudhomme», le chef de
l’État avait surpris son monde lors de sa
première conférence de presse, en novembre 2012 : « La dépense publique atteint aujourd’hui 57 % de la richesse natio30
nale… C’était 52 % il y a cinq ans. Est-ce
que l’on vit mieux pour autant ? Est-ce que
l’État est devenu plus juste, plus efficace ?
20
Est-ce que les prestations ont permis de réduire les inégalités ? Non ! », avait-il
10
conclu de façon catégorique.
Toutefois, il y a loin de la coupe aux lè2012 vres. Dans sa loi de programmation des
0
finances publiques 2012-2017, le gouver1960
2012 nement s’est donné pour objectif de reve* État et Sécurité sociale et collectivités territoriales
nir à un taux de 53,6 % (du PIB) et non de
Sources : Insee, direction générale du Trésor 52 %. Courageux mais pas téméraire.
Car n’en déplaise à François Hollande, les
usagers des services publics et les bénéfi-
40 34,6
2
...due à une forte augmentation
des prestations sociales
STRUCTURE DE LA DÉPENSE en %
Investissements
Autres
Charges d’intérêt
15%
❙
penses « individualisables », les prestations en numéraire, retraites, indemnités chômage, aides au logement, sans
oublier les subventions aux entreprises.
Or ce sont ces budgets qui pèsent dans la
balance. Ils sont au cœur du « modèle
français ». Leur point commun est d’assurer une redistribution entre les actifs et
les retraités ou les chômeurs, entre les
malades et les bien-portants, entre les
« forts » et les « faibles », individus ou
entreprises. Ces « transferts » d’argent
représentent 650 milliards d’euros (Sécurité sociale et aides de l’État), soit 56 %
de toutes les dépenses publiques, selon
Bercy. Dans ces conditions, l’opposition
de bon sens entre « réduction des dépenses » et « hausses d’impôts » - les premières étant préférables aux secondes
pour réduire les déficits - perd alors de sa
pertinence. Exemple : pour un cadre, la
perte d’argent sera la même, qu’on réduise ses allocations familiales (« une dépense » pour les comptes des CAF) ou
qu’on relève son impôt sur le revenu !
« Notre État est passé du Code civil au
Code de la Sécurité sociale », résumait la
semaine dernière Alain Richard, sénateur PS et ancien ministre de François
Mitterrand, lors d’un colloque du Conseil
d’État. Ce que Bruno Le Maire, député
UMP et ancien ministre de Nicolas
Sarkozy, traduisait plus crûment : « Notre État est devenu un guichet pourvoyeur
de prestations sociales, il a été dévoyé par
l’État-providence. »
DÉRIVES DE L’ÉTAT
BRANCARDIER
❙ LES
LA FRANCE DES GUICHETS
AUX AGUETS
Cette tendance lourde du « modèle français » depuis 1960, soi-disant protecteur
mais économiquement de moins en
moins performant, sera d’autant plus
difficile à inverser qu’elle a été aggravée
par toute une série d’erreurs de politique
économique commises depuis une quinzaine d’années. L’économiste Patrick
Artus, de la banque Natixis, a identifié
trois de ces handicaps structurels que
l’État s’est efforcé de combler en érigeant
tout un arsenal de subventions publiques.
Lesquelles coûtent de plus en plus cher,
pas moins de 8,8 % du PIB, soit quelque
180 milliards d’euros chaque année.
Il s’agit tout d’abord des aides au « travail
peu qualifié », sous la forme d’allégement
de charges sociales, ou de déductions
d’impôts pour les employeurs. Elles
continuent de prospérer avec les
« contrats de génération ».... Leur facture annuelle équivaut à 1,5 % du PIB.
Deuxième vecteur, les soutiens aux entreprises, dont on déplore l’insuffisance
des marges… en raison notamment de
charges sociales et d’impôts trop lourds.
D’où toute une série de rustines, dont le
CICE n’est que la dernière mouture, et un
coût global pour les finances publiques
s’élevant à 5,4 % du PIB l’an. Le troisième canal est d’ampleur plus modeste,
mais les 40 milliards d’argent public pour
Comment en est-on arrivé là ? En 1980, la
France et l’Allemagne avaient un niveau
de dépenses publiques comparable (46 %
du PIB chez nous et 46,9 % outre-Rhin).
Les taux sont aujourd’hui respectivement
de 56,9 % et 45 %, et l’écart - le handicap
français disent les libéraux - est encore
plus large vis-à-vis du Japon et des ÉtatsUnis qui se situent aux alentours de 40 %.
Comparaison n’est pas raison, entend-on
souvent. Les périmètres ne sont pas les
mêmes d’un pays à l’autre. « La protection sociale, la santé ou l’éducation sont
dispensées en France directement par
l’État qui en assure le financement par des
prélèvements obligatoires… Dans certains
pays, seule une partie de la couverture maladie ou retraite est obligatoire, les individus étant ensuite “libres” de choisir le niveau de dépense qu’ils souhaitent »,
considère Xavier Timbeau, directeur du
département analyse et prévision à
l’OFCE. Il a calculé que si l’on ne tient
compte que des actions de type régalien
(sécurité, justice, etc.), la France n’arrive
qu’au dixième rang des pays de l’OCDE,
derrière les Pays-Bas et même les ÉtatsUnis. Ramenées à cette définition, nos
dépenses collectives ne dépassent pas
18,2 % du PIB. Cela exclut toutes les dé-
aider les Français à se loger sont la rançon des échecs des gouvernements successifs dans leur politique du logement.
Cet État brancardier, qui vient d’ajouter
la Bretagne à la liste de ses urgences,
pourrait-il enlever les béquilles sans fragiliser dangereusement l’édifice socioéconomique ? « Le fait que des problèmes
structurels graves de l’économie doivent
être compensés par l’argent public est un
obstacle majeur à l’amélioration des finances publiques et à la baisse de la pression fiscale », note Patrick Artus.
PACTE RÉPUBLICAIN
DOS
❙ LEA BON
Bernard Cazeneuve tient à sa formule :
« La République, c’est aussi l’impôt », déclarait le ministre du Budget fin septembre à RTL. Puis à Europe 1, « l’impôt, c’est
la République ». Les « républicains » de
1792 doivent se retourner dans leur tombe, eux qui supprimèrent les impôts
honnis de l’Ancien Régime pour les remplacer par des « contributions ». Notre
grand argentier n’est pas plus heureux
dans son expression quand il prétend que
« l’impôt participe au pacte républicain ».
Le ministre n’est certes pas le seul à l’invoquer à tout bout de champ. À droite
aussi, on en fait grand usage. Mécontent
des réformes sur la politique familiale, le
député UMP du Rhône, Philippe Meunier,
appelait l’hiver dernier, « les Français à
se mobiliser pour arrêter ces dérives gouvernementales qui remettent en cause notre
pacte républicain issu du Conseil national
de la résistance ». Le raccourci est séduisant : le CNR de 1944 est effectivement à
l’origine de la Sécurité sociale et des programmes sociaux de l’après-guerre.
Le « pacte républicain » a bon dos, et on
en chercherait en vain une définition
dans la Constitution. Cette formule consensuelle, apparue subrepticement dans
les années 2000, tend à se substituer au
« modèle français », dévalué par ses contre-performances en matière de croissance et d’emploi. Ce faisant, on s’exonère de « l’analyse d’efficience approfondie
des dispositifs de l’administration », comme le recommande l’OCDE dans son étude 2013 sur la France. Et dans la foulée, les
économistes internationaux proposent de
« fusionner les plus petites des 36 700
communes et de supprimer les départements ». Une piste parmi cent.
L’OCDE résume par ailleurs très bien le
piège dans lequel est tombée la société
française. La France est assurément l’un
des pays les moins inégalitaires grâce à ses
transferts sociaux. En revanche, les disparités de revenus primaires (avant redistribution) y sont parmi les plus grandes « en raison du faible taux d’emploi » et
du chômage, est-il dit. Le « modèle français » s’oppose à la décrue de la dépense
publique en laquelle il voit bien naïvement un gage d’égalité. C’est en réalité un
miroir aux alouettes de plus en plus coûteux pour la prospérité du pays. ■
collectiviste que la France
3 En Europe, seul le Danemark est plus
t
DÉPENSES PUBLIQUES
en
nem
2011 PAR FONCTION
ises iron ure
rité trepr Env Cult ent
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en % de PIB
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Ens
Ord Aide
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t
tec
Pro
41%
57,6%
32%
Prestations
sociales
56%
49,9%
Italie
49,5%
Zone euro
48,6
45,3%
Allemagne
Investissements
6%
Sources : Insee, direction générale du Trésor
34%
10
20
30
Source : Eurostat
40
4 Japon et États-Unis, un tout autre modèle social
5%
EN 2011
0
46%
DÉPENSES PUBLIQUES 2012 en % de PIB
56,9%
50%
France
Zone euro
Prestations
sociales
Infographie
40,3%
41,2%
43,2%
42,7%
Canada
Japon
OCDE
Autres
Fonctionnement
iale
France
Royaume-Uni
Charges d’intérêt
so c
Danemark
EN 1960
10%
ion
9%
3%
Fonctionnement
ciaires de prestations sociales ont l’impression de vivre moins bien lorsque les
budgets de l’État, de la Sécurité sociale et
des collectivités locales diminuent. Ces
trois composantes des dépenses publiques totalisent ensemble 1 151 milliards
d’euros. Elles innervent la société française de fond en comble. Rapportées à
l’ensemble de la population, elles représentent
pour
chaque
Français
17 708 euros par an ; c’est plus que le salaire annuel brut d’un smicard
(17 130 euros) !
De même, la dépense publique pèse-t-elle infiniment plus que l’ensemble des salaires et des traitements distribués dans le
secteur privé et le public réunis, lesquels
ont été de 803 milliards d’euros en 2012,
selon l’Insee (source des chiffres précédents). L’argent public est devenu une
sorte de sursalaire accordé à chaque citoyen, du nourrisson au centenaire, globalement supérieur au fruit de son travail.
Le président de la République semble
s’inquiéter que l’énorme masse d’argent
public ne pénalise la compétitivité des entreprises et l’emploi , mais il a fait en sorte
que son propos reste sibyllin. Car il sait
fort bien que l’événement économique et
comptable le plus important de l’année
pour les Français est la discussion des
budgets de l’État et de la Sécurité sociale
qui ont lieu actuellement à l’Assemblée
nationale. Toute remise en cause, même
partielle, est alors vécue comme un drame, que ce soit le quotient familial, le CIR
(crédit impôt recherche) ou le CICE (crédit d’impôt compétitivité-recherche).
États-Unis
Source : OCDE
CHAMPS LIBRES
DÉBATS
mardi 22 octobre 2013 LE FIGARO
14
I
FRANÇOIS-XAVIER
BELLAMY
Le professeur
de philosophie estime
qu’en autorisant
l’adolescente expulsée
à rentrer en France
mais sans ses parents,
le chef de l’État montre
sa méconnaissance
de ce que sont la famille,
la loi et sa propre fonction.
l est des décisions qu’il faut
regarder comme des symptômes.
L’intervention du président
de la République dans le dossier
de la jeune Leonarda a marqué
et inquiété les Français, parce
qu’elle confirme que nos gouvernants
agissent dans l’ignorance de trois
repères pourtant nécessaires
à l’équilibre de notre société.
En s’adressant à la collégienne
expulsée pour lui proposer, « et à elle
seule », de revenir en France,
François Hollande a d’abord montré
qu’il ignorait délibérément la réalité
d’une famille. De quel droit
un responsable public pouvait-il
s’adresser directement à une mineure,
sans un seul mot pour ses parents ?
Quels que soient leurs défauts,
et leurs torts certainement bien réels
dans cette histoire, ils demeurent
évidemment les premiers responsables
de leurs enfants.
Mais il y a plus grave encore
que ce mépris affiché pour le rôle des
parents, auquel la politique familiale
et éducative du gouvernement nous
a déjà, hélas, suffisamment habitués.
Par sa proposition, le président
de la République place une jeune fille
de quinze ans devant une alternative
inhumaine : il la somme publiquement,
sur les écrans de toutes les chaînes
nationales, de choisir entre la France
et sa famille. Après le traumatisme
de l’expulsion, Leonarda se trouve
piégée par François Hollande dans
un épisode de téléréalité qui ressemble
à un cauchemar. Abandonnera-t-elle
ses proches pour aller chercher
un avenir loin d’eux ? Cette simple
proposition du président dit tout
de la vision du monde et de l’homme
qui semble inspirer sa majorité :
on peut lire en elle l’éclatement
de cette solidarité première qu’est
la cellule familiale, la solitude
de l’individu que l’on déplace au gré
des calculs, le primat de la volonté
politique qui, en toute bonne
conscience, arrache un enfant à ses
frères, ses sœurs, ses parents, aux liens
primordiaux qui le construisent.
Pour faire cette proposition, il fallait
ignorer ce qu’est une famille.
le père ? En lieu et place des processus
démocratiques, qui garantissent
l’application égale du droit pour tous,
l’opinion subjective des figures du clan
socialiste se permet de faire la loi,
au grand jour. Jamais le principe
de séparation des pouvoirs n’aura été
aussi massivement méprisé, jamais
l’arbitraire des puissants n’aura
été aussi tranquillement affirmé et par ceux-là mêmes qui s’étaient
fait une spécialité de dénoncer
l’« hyperprésidence » de Nicolas
Sarkozy. Cet épisode renforcera chez
les Français le sentiment désespérant
que l’application
du droit est affaire
Leonarda se trouve piégée
de calculs et
de combinaisons
par François Hollande
dont les ressorts
dans un épisode de téléréalité
obscurs n’ont
qui ressemble à un cauchemar
rien à voir avec
la justice : selon
Il fallait aussi abandonner tout
que vous serez médiatisé ou non…
sens de la loi. Voici un président
Pour se permettre semblable
de la République qui intervient pour
« jugement de cour », il fallait
dire que le droit, la loi et les décisions
bien ignorer ce qu’est une loi.
de justice ont été respectées ; et qui
Au fond, et c’est là ce qui reste
n’affirme cela que pour les contredire
encore le plus inquiétant, il semble que
immédiatement, dans une décision
le président de la République ignore
caractérisée par l’arbitraire le plus
jusqu’à sa propre fonction. Au moment
total. Le chef de l’exécutif décide donc,
où serait nécessaire une parole
de façon parfaitement unilatérale, que
qui prenne de la hauteur, qui fixe
des décisions judiciaires plusieurs fois
une orientation générale, qui dessine
confirmées ne seront pas appliquées.
une vision d’ensemble - il se tait.
Et puisque, une fois passé la loi, il n’y
Lorsque son propre camp se déchire
a plus de bornes, voilà toute la majorité
sur la question fondamentale
qui s’engage derrière lui dans une
de l’intégration, par exemple, il se tait,
sinistre négociation : qui laisseronset son silence est insupportable.
nous revenir ? Personne ? Seulement
Mais que survienne un cas particulier les enfants ? Avec la mère ? Mais sans
important, certes, mais qui demeure
le cas d’une famille parmi tant
d’autres : alors il intervient avec fracas,
entre dans le dossier par l’effraction
des écrans de télévision pour courtcircuiter en direct tous les intervenants
légitimes et offrir une solution à la fois
inexplicable et injustifiable.
François Hollande sait-il bien quel
est son propre rôle ? Pour agir ainsi,
ignorait-il ce qu’est un président
de la République ?
Cette triple ignorance du chef
de l’État et de sa majorité a donné lieu
à l’un de ces grands moments
du théâtre de l’absurde auquel notre
vie politique nationale finit trop
souvent par ressembler. L’absurde
donne le vertige, ou la nausée ; il peut
faire rire aussi, et nous pourrions nous
sortir de cette situation en souriant,
si elle n’était aussi tragique.
L’ignorance des puissants est toujours
destructrice. Et cette fois encore,
elle a fait des victimes : je plains
de tout cœur Leonarda et ses frères
et sœurs, gamins ballottés entre
le mirage européen qui aimante
les peuples fragiles, et la cruauté d’une
lâcheté déguisée en « humanisme »
qui n’aura pas su leur offrir même
la sécurité d’une parole claire.
Le visage angoissé de Leonarda, jetée
en pâture aux caméras du monde
entier, constitue une obligation
pour nous tous. Il nous commande
de combattre l’inconscience
de nos propres dirigeants par
le travail d’une pensée exigeante,
qui reconstruira patiemment
une vision plus juste de la famille,
de la loi et de la République.
DESSINS DOBRITZ
JULIEN NOCETTI
Le chercheur à l’Institut
français des relations
internationales (Ifri)
tire les leçons
de l’affaire Snowden
pour le Vieux Continent.
+
» Lire aussi PAGES 2 ET 3
A
lors que l’affaire
Snowden provoque
une crise diplomatique,
les vingt-huit pays
membres du Conseil
européen se retrouveront
les 24 et 25 octobre à Bruxelles,
à l’initiative, notamment, de la France.
Une partie des discussions, prévues
de longue date, sera consacrée
au numérique. Les pratiques
d’optimisation fiscale des géants
de l’Internet, en effet, préoccupent
grandement nos dirigeants. Mais voilà
que, en raison de l’actualité,
les conséquences des révélations
d’Edward Snowden sur le programme
Prism seront aussi au menu des débats.
La divulgation de la surveillance
massive de milliards de données
numériques par l’agence de sécurité
américaine (NSA) sur les territoires de
pays européens alliés des États-Unis –
Allemagne et France principalement –,
intervient en effet alors que se négocie
un vaste accord de libre-échange
entre Américains et Européens, destiné
pour Washington à consolider
sa prééminence technologique
et économique à l’égard d’une Europe
asthénique.
L’affaire Snowden, humiliante
pour l’Union européenne, a un
corollaire : les travaux des instances
communautaires pour obtenir
un renforcement de la législation
européenne sur la protection
des données personnelles se heurtent
à un intense lobbying de la part
des entreprises et du gouvernement
américains afin d’abaisser le niveau
de protection de nos données.
Or, ces initiatives bruxelloises
ont de faibles chances de succès,
ce qui révèle les insuffisances criantes
de l’« agenda numérique » européen.
Celui-ci vise avant tout à développer
une économie autour des usages
du numérique. Avant tout utilitariste,
cette vision n’est guère à la hauteur
des enjeux.
Car l’un des enseignements
de l’affaire Snowden est que
la gouvernance d’Internet s’est muée
en sujet politique de toute première
de la déclaration de Montevideo,
s’était déjà manifestée à Dubaï
en décembre dernier, lors d’un sommet
de l’Union internationale des
télécommunications, contribuant
à faire du numérique un enjeu
de puissance. Leur constat est
le suivant : Internet est en voie
de « désoccidentalisation » accélérée,
pour au moins deux raisons.
Une raison démographique d’abord :
sur les deux milliards d’internautes
supplémentaires que comptabilisera la
planète en 2020,
plus de 90 %
Le renforcement de la législation
proviendront des
européenne sur la protection
pays hors-OCDE.
Un motif de
des données personnelles se heurte
nature politique
à un intense lobbying de la part
et sécuritaire
des entreprises et du gouvernement
ensuite : las
du « globalisme
américains
unilatéral »
des États-Unis,
importance. De nombreux États
ces pays dénoncent les doubles
contestent ouvertement le contrôle
standards de Washington qui, tout
qu’exercent les États-Unis
en prêchant l’abolition des frontières
sur la gouvernance d’Internet
numériques, enregistre et exploite
via ses infrastructures. Certaines
des big data en échappant à tout
institutions mises en place
contrôle.
par le gouvernement américain pour
Dans ces débats, l’Europe est jusqu’à
réguler Internet, comme l’Internet
présent inaudible, voire absente.
Corporation for Assigned Names
L’Union européenne ne conceptualise
and Numbers (ICANN), qui supervise
ni n’anticipe les évolutions d’Internet,
l’attribution des noms de domaine,
si bien qu’elle laisse les Anglo-Saxons
ont, au terme d’une réunion
penser le numérique, souvent
à Montevideo il y a quelques semaines,
sous l’influence d’acteurs du Net dont
appelé à l’internationalisation
le rôle n’est pas sans rappeler celui
du fonctionnement du réseau.
des grandes compagnies des Indes dans
L’ambition politique des grands
l’Europe des XVIIe et XVIIIe siècles :
tantôt alliées, tantôt rivales des États,
émergents – Russie, Chine, Brésil,
tantôt indifférentes à ses lois. Pourtant,
Indonésie en tête –, à l’origine
la révolution numérique entraîne
une reconfiguration de la notion
de puissance - et de sa géographie et impose de replacer le concept
de souveraineté au cœur des débats.
Afin d’éviter le creusement
des clivages entre États-Unis
et grands émergents, l’Union
européenne a une responsabilité
particulière pour réinventer
la gouvernance nécessairement
multi-acteurs d’Internet. L’Europe
demeure seule à pouvoir maintenir
le lien entre le système actuel
et le projet des émergents de ramener
Internet dans le giron des organisations
internationales. Mais cela impose
aux dirigeants européens de dépasser
une logique classique d’asymétrie
d’information : trop peu de débats
parlementaires et publics, manque
de critiques éclairées dans les médias,
et faible structuration d’une expertise
indépendante sur l’ensemble
de ces questions caractérisent
l’Union européenne.
Ceux qui ne sont pas « digital
natives » doivent comprendre
que la technologie n’est plus seulement
l’apanage de geeks : le numérique
s’est imposé comme un véritable enjeu
de puissance, qui repose sur une
synergie étroite entre acteurs publics
et privés. À l’Europe de dépasser
ces faiblesses afin de s’organiser
en pôle industriel et politique majeur
d’Internet. L’enjeu pour les Européens
est de parvenir à une convergence
de leurs diplomaties numériques
pour occuper un espace politique
et économique entre États-Unis
et grands émergents.
BIBLIOTHÈQUE DES ESSAIS
■ Au nom
du peuple français
Jury populaire
ou juges professionnels ?
FRANÇOIS
SAINT-PIERRE,
ÉDITIONS
ODILE JACOB,
199 P., 22,90 €.
Me François Saint-Pierre a fait un rêve et de
ce rêve, un livre est né. Le rêve, c’est celui
d’une justice criminelle parfaite rendue par
des hommes. L’avocat lyonnais, connu
pour être un juriste particulièrement subtil, part du constat que la cour d’assises,
telle qu’elle fonctionne aujourd’hui, est
imparfaite. Les verdicts, soutient-il, tiennent de la loterie. Quant au jury, il n’est en
fait que l’« instrument d’une gouvernance
judiciaire aléatoire et terrorisante, dont l’intime conviction est le mode d’emploi ».
Me Saint-Pierre voudrait donc réformer
tout cela et formule, au terme de son
ouvrage, dix propositions destinées à réhabiliter, simultanément, les assises et les
jurés. Parmi celles-ci, il préconise une
présélection des jurés populaires et
l’obligation d’obtenir l’unanimité, lors du
délibéré, pour prononcer une condamnation. Pourquoi pas ? C’est la règle aux
États-Unis. Pas de chance : les erreurs judiciaires y sont légion, Me Saint-Pierre
lui-même le constate.
Son propos, toujours intelligent, est parfois contradictoire. Il aimerait aussi que
soit réécrit, dans un style plus simple, le
magnifique article 353 du Code de procédure pénale, lu à l’issue des débats, qui
conduit à la notion, fondamentale, d’intime conviction. Dans le même temps, il
estime que les jurés sont tous gens intel-
ligents, et qu’à ce titre ils devraient disposer de l’entier dossier de la procédure
(qui comporte parfois des dizaines de
milliers de pages).
L’auteur est peut-être trop brillant pour
formuler des propositions simples. Par
exemple, limiter la durée des journées
d’audience, ce qui permettrait à chaque
juré, universitaire ou ouvrier, de porter
aux débats, jusqu’à la suspension, l’intérêt requis. Les initiés reconnaîtront, derrière les cas qu’il cite, des dossiers qu’il a
défendus mais dont l’issue lui a déplu et
sur lesquels il fonde sa réflexion.
Quel livre aurait-il écrit à la seule aune de
ses succès ? Pas celui-ci, sans doute. Mais
cette méditation éclairée sur la cour
d’assises mérite d’être lue, car la vision
d’un praticien éclairé, toujours, porte
un coup aux obscurantismes qui font
tant de mal à la justice et à l’image que
se font d’elle les citoyens.
S. D.-S.
Précision
L’ouvrage d’Édouard Balladur
chroniqué lundi par Jean d’Ormesson,
La Tragédie du pouvoir, le courage
de Georges Pompidou, est publié
aux Éditions Fayard.
LE FIGARO
mardi 22 octobre 2013
CHAMPS LIBRES
OPINIONS
Renaud Girard
Re
[email protected]
rgi
Q
uand les peuples européens ont approuvé le
traité de Maastricht
en 1992, il ne s’agissait
pas seulement de créer
une monnaie unique.
Il y avait aussi un
deuxième « pilier »
du traité, qui était l’édification d’une
politique de défense commune, à une
époque où la Yougoslavie sombrait dans
la guerre civile. Aujourd’hui que
l’Union bancaire est en train de se
mettre en place dans la zone euro, il est
indéniable que le pilier monétaire de
Maastricht a beaucoup progressé. En
revanche, le pilier sécuritaire, qu’on
appelle PSDC (politique de sécurité et
de défense commune) dans le traité de
@
100 000 citations et proverbes
sur evene.fr
Lisbonne de 2007, laisse manifestement
à désirer. La Méditerranée, qui avait été
nettoyée de ses pirates dans la première
moitié du XIXe siècle, est redevenue la
mer de tous les trafics. Il n’y a plus
de Barbaresques pour arraisonner
les navires génois puis vendre leurs
passagers comme esclaves sur
les marchés d’Alger, mais il y a peutêtre pire : les trafiquants d’êtres humains, qui organisent l’immigration
illégale vers les côtes européennes.
Peu importe à ces nouveaux monstres
que leur « cargaison » se noie,
du moment qu’ils ont empoché leurs
profits exorbitants (1 000 dollars pour
une seule place en fond de cale à bord
d’un rafiot pourri entre un port libyen
et l’île italienne de Lampedusa). Peu
ENTRE GUILLEMETS
Programme Prism, les États-Unis espionnent
leurs alliés européens GABE PALMER/AFP
Robert Musil
Comprendre un être
qu’on aime, ce n’est pas
l’espionner importe à ces marchands de rêve
que leurs clients (5 000 dollars par tête
pour une filière Kaboul-Athènes
via la Turquie, sur laquelle nous avons
naguère enquêté) ne parviennent pas
ensuite à s’intégrer dans des sociétés
européennes déjà frappées par un chômage de masse.
Cette explosion incontrôlée des flux
migratoires clandestins n’était pas
imprévisible. Pourquoi n’a-t-on rien
anticipé à Bruxelles ? Il y a bien sûr
toujours le vieux problème des deux
logiques qui s’affrontent au sein de
l’Union européenne, la logique
communautaire et la logique
intergouvernementale. La politique
monétaire obéit à la première ; elle a
réellement été déléguée à la BCE
(Banque centrale européenne). Quand
son patron, l’Italien Draghi, décida,
pour débloquer un système bancaire
asphyxié par la crise de confiance venue
de New York, de consentir
1 000 milliards d’euros de prêts à 1 %
sur trois ans aux banques résidant dans
la zone euro (geste qui correspondait
aux « quantitative easing » pratiqués
par la Réserve fédérale américaine), il
avait les Allemands contre lui. Mais il l’a
fait quand même et l’histoire lui a donné
raison car il a évité à l’Europe un krach
financier aux conséquences
incalculables. La PSDC obéit en
revanche à une logique
intergouvernementale, laquelle exige
la validation de toute initiative par le
Conseil de l’Union européenne (vingthuit délégations autour de la table…).
Tout y est plus lent. Le 26 octobre 2010,
le Conseil européen avait validé toute
une stratégie pour le Sahel. L’on s’était,
à raison, inquiété à Bruxelles des
menaces que faisait peser sur la stabilité
de la région le développement des
réseaux de trafic de drogue et d’êtres
humains, ainsi que la montée en
puissance des katibas affiliées à al-Qaida
au Maghreb islamique. Mais on n’avait
bien sûr pas anticipé le début des
« printemps arabes » deux mois plus
tard, et l’intervention franco-angloaméricaine de mars 2011 en Libye. Cette
dernière fit sauter le verrou crucial que
la dictature de Kadhafi maintenait
contre l’expansion de l’islamisme au
Sahel et contre les trafics d’immigrants
clandestins vers l’Europe. Aussi curieux
que cela puisse paraître, malgré une
demande pressante du gouvernement
français, les Européens refusèrent toute
initiative de la PSDC pour préparer la
suite en Libye.
Il faudra attendre le 22 mai 2013 pour
que soit enfin créée une mission
européenne d’assistance à la Libye pour
le contrôle de ses frontières.
Le prochain Conseil européen, qui se
tiendra en décembre, a prévu de réviser
sa PSDC. Puisse-t-il mettre la sécurité
en Méditerranée comme priorité et
veiller à l’application pratique de ses
décisions ! La PSDC a théoriquement un
chef, mais ça ne se voit pas, tant il est
médiocre. C’est la Britannique Ashton,
qui fut choisie non pour ses compétences et sa vision, mais pour compenser le
Royaume-Uni de l’échec de Blair à la
présidence du Conseil. Puisse le fiasco
actuel de la politique méditerranéenne
inciter les 28 leaders européens à renoncer enfin à cette horrible règle
bruxelloise non écrite de la médiocratie,
qui voit les gouvernements ne nommer
que des médiocres aux plus hautes
fonctions, par peur de voir glisser
ailleurs le peu de prestige médiatique
qui leur reste…
ANALYSE
A
Albert Zennou
[email protected]
ENCORE UN MOT
S
amedi, à 13 heures. François
Hollande s’exprime en direct à
la télévision. Le chef de l’État
valide le bien-fondé juridique
de l’expulsion de la famille
Dibrani et de Leonarda. Il
propose à la jeune Rom de rentrer en
France sans sa famille finir ses études.
Quelques minutes plus tard, réponse
cinglante de Leonarda qui rejette l’offre
présidentielle. Sur toutes les télés, une
adolescente répond au président et est
reprise en boucle toute la journée.
Cet épisode illustre une nouvelle fois
la place prise par les télévisions
d’information en continu. En politique,
plus grand-chose ne peut être fait sans
elles. Elles sont au centre des débats.
Pour le meilleur comme pour le pire. Car
LCI, BFMTV et i-Télé, sans compter LCP
et Public Sénat, ont réussi à imposer leur
format. Elles ont en partie façonné la
politique à leurs impératifs. Mais une
chose est sûre : grâce à elles, la politique
a retrouvé un attrait télévisuel.
Le temps politique et parlementaire
qui semblait ne plus convenir aux
chaînes hertziennes a retrouvé du
charme. La multiplication des
interventions, les réactions sans fin, les
batailles d’hommes et d’idées, le goût
particulier des Français pour les débats
sont autant d’atouts pour la TNT. Avec la
politique, le spectacle est garanti : les
acteurs y sont souvent de bon niveau. Et
les rebondissements permanents.
Même les débats parlementaires qui
pendant longtemps sommeillaient le
mercredi après-midi sur France 3 ont
retrouvé leurs lettres de noblesse.
Dassault Médias
14, boulevard Haussmann
75009 Paris
Président-directeur général
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de vivre, So Figaro), Philippe Gélie
(Étranger), Anne Huet-Wuillème
(Édition, Photo, Révision), PaulHenri du Limbert (Politique,
Désormais, les mercredis et jeudis,
les chaînes squattent les couloirs
de l’Assemblée, distribuant la parole
à coup d’interviews en direct,
de réactions, de réprobations ou
de soutiens. Il en va de même pour
les campagnes électorales. Pour la
présidentielle de 2012, tous les grands
meetings des principaux candidats ont
donné lieu à des retransmissions en
intégralité, alors que les grandes chaînes
se contentaient d’extraits
de quelques minutes.
En 2012, Franck Louvrier,
responsable de la communication de
Nicolas Sarkozy, ne déclarait-il pas que
la campagne 2012 se jouerait «sur les
chaînes d’info» ?
écran a besoin de storytelling, les
politiques lui en fourniront. Les télés
d’information ont comme
caractéristique de rediffuser en boucle
images, sons et infos. Ce double
impératif a imposé aux politiques de se
soumettre au diktat de la rapidité et de
l’immédiateté. Pas question d’attendre
l’envoi d’un communiqué. Elles
imposent une vie politique en continu
où les moindres mouvements et paroles
sont épiés, analysés et commentés.
Tout est passé au scanner, voire à la
moulinette télévisuelle. Parfois
jusqu’au ridicule avec des images
repassées des dizaines de fois par jour.
L’affaire DSK ou l’élection controversée
à la tête de l’UMP ont été des exemples
parlants.
La politique a trouvé dans ces chaînes
Jusqu’à
l’apparition des
une nouvelle caisse de résonance.
chaînes d’info, les
Mais encore faut-il savoir l’utiliser
rendez-vous
politiques
La politique a trouvé dans ces chaînes
importants étaient cantonnés à des
une nouvelle caisse de résonance. Mais
moments fixes de la journée : le matin
encore faut-il savoir l’utiliser. Les
avec la publication des quotidiens et les
hommes politiques, passés depuis très
matinales des radios, le soir avec les
longtemps maîtres dans l’art de la petite
journaux télé de 20 heures. La parole
phrase, ont renouvelé l’exercice. L’idée
politique était séquencée et facilement
est toujours la même : il faut qu’une
maîtrisable. Avec la TNT, ce réglage est
réaction incisive puisse être reprise dans
caduc. Certes, les quotidiens comme les
les bandeaux défilants des chaînes
matinales jouent toujours leurs rôles
d’info ; ou mieux, être diffusée en direct
d’aiguilleurs de la journée politique,
et répétée en boucle. L’exercice devient
mais les télés d’info ont imposé la
vital pour qui veut exister en politique.
journée continue. Sans compter Twitter
Les télés d’info ont une double
et Facebook qui non seulement
spécificité. Elles sont à la fois répétitives
amplifient encore la cadence mais
et à la recherche permanente du scoop,
offrent une nouvelle source de diffusion
quitte parfois à le susciter. Le petit
de la parole politique.
Société, Sciences), Étienne de
Montety (Débats et Opinions,
Littéraire), Bertrand de SaintVincent (Culture, Figaroscope,
Télévision) et Yves Thréard
(Enquêtes, Opérations spéciales,
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Étienne de Montety
[email protected]
Sanctuariser
[san-k-tu-a-ri-zé] v. tr.
Accorder un nouveau statut à l’école
laïque.
ans l’affaire Leonarda,
tout le monde est d’accord
sur un point : il faut
sanctuariser l’école.
Via un détour outre-Manche (to
sanctuarize), le mot vient de sanctuaire.
Depuis les Anciens, l’école avait pour
vocation qu’un esprit sain habite dans
un corps sain. On peut y ajouter que
cet exercice se déroulera désormais
dans un lieu saint.
Trêve de plaisanteries. Que de bons
sentiments, que de sainteté dans
la tragi-comédie à laquelle on assiste
depuis une semaine : on a vu une jeune
fille, d’abord présentée comme une
nouvelle sainte Blandine menacée
par les lions, et endurant un véritable
calvaire.
Dieu merci, se sont aussitôt manifestés
en sa faveur les saint-bernard de notre
temps, animés des intentions les plus
charitables.
Toutefois, l’irruption du père de
Leonarda a écorné l’image de sainte
famille complaisamment colportée par
quelques-uns.
Aujourd’hui, la canonisation de
Leonarda semble reportée sine die ; à
défaut, on a droit à la sanctuarisation de
l’école. Celle-ci va de pair avec la
diabolisation de ceux qui ont tenté de
sortir du piège caché dans cette affaire.
Le président de la République n’y est
pas parvenu qui voulant faire l’ange a
fini par faire le bête.
À l’issue de cette histoire, l’école sera
peut-être érigée en sanctuaire.
Mais lui aura vécu une saison en enfer. ■
D
Impression
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93290 Tremblay-en-France
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Imprimahd Casablanca Maroc
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CH
15
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mardi 22 octobre 2013 LE FIGARO - N° 21 528 - Cahier N° 2 - Ne peut être vendu séparément - www.lefigaro.fr
FRANCE 2
NOCIBÉ
LA CHAÎNE CHANGE
UNE NOUVELLE FOIS
DE DIRECTEUR DES
PROGRAMMES PAGE 24
LE NUMÉRO TROIS
DE LA PARFUMERIE
REPRIS PAR L’ALLEMAND
DOUGLAS PAGE 21
LÂCHÉ PAR SON
ACTIONNAIRE
RUSSE, HÉDIARD
DÉPOSE LE BILAN
La grogne
monte
contre
les nouvelles
taxes
L’assurance-vie, les PEL
et les PEA vont être
ponctionnés, avec effet
rétroactif. Les chefs
d’entreprise, les mutuelles
et les « pigeons »
dénoncent la politique
fiscale du gouvernement.
PAGES 18 ET 19
Goodyear Amiens : Montebourg croit au retour de Titan
Titan
investirait
une centaine
de millions
de dollars
dont 40
au minimum
sur le site
ARNAUD MONTEBOURG,
MINISTRE
DU REDRESSEMENT
PRODUCTIF
INDUSTRIE Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif, et Maurice
Taylor, PDG du fabricant de
pneus américain Titan, seraient-ils revenus à de
meilleurs sentiments ? Lundi, le ministre français a annoncé que l’entreprise américaine était disposée à faire
une offre de reprise partielle
pour
l’usine
Goodyear
d’Amiens Nord, promise à la
fermeture. Trois cent trente-
LE CHIFFRE
15%
C’est le - très faible pourcentage de jeunes
de moins de 26 ans
qui se déclarent optimistes
sur l’emploi en France, selon
un sondage OpinionWay
réalisé pour Prism’emploi,
la fédération des
entreprises de l’intérim.
Malgré une première baisse
des inscriptions à Pôle
emploi au mois d’août,
ce chiffre est en baisse
de trois points par rapport
au précédent baromètre
de Prism’emploi, publié
en mars dernier. La
situation personnelle
des personnes interrogées
est en revanche perçue
plus positivement. Les
étudiants qui n’ont pas
encore entamé la recherche
de leur premier emploi
sont optimistes à 64 %
sur le marché de l’emploi
dans le secteur auquel ils
se destinent (ils étaient
seulement près d’un
sur quatre en mars).
trois emplois pourraient être
conservés sur un effectif d’un
peu moins de mille deux
cents.
Les relations entre les deux
hommes étaient pourtant explosives depuis un échange
de lettres acerbes en début
d’année. L’homme d’affaires
américain avait fustigé de
« soi-disant ouvriers » ne travaillant que « trois heures par
jour ». Arnaud Montebourg
avait dénoncé des « propos
aussi extrémistes qu’insultants ». Le dialogue se serait
donc malgré tout poursuivi,
même si, pour l’heure, Titan
ne confirme rien. Sa nouvelle
offre, telle que présentée par
le ministre français, ressemble furieusement à la précédente, faite fin 2009.
La reprise concernerait l’activité pneus agricoles. Et Titan investirait « une centaine
de millions de dollars, dont 40
au minimum sur le site », selon
Arnaud Montebourg. Mais
l’offre de reprise se fera après
la procédure mise en place
par Goodyear, qui prévoit la
fermeture de l’usine. Il faut
donc d’abord convaincre la
CGT, majoritaire sur le site et
meneuse d’une véritable
guérilla judiciaire, de cesser
les hostilités. Un processus
en deux temps qui explique
que, lundi, Goodyear disait
n’avoir pour sa part reçu
E. E.
aucune offre de Titan.
L'HISTOIRE DU JOUR
www.citroenselect.fr
Dominique Strauss-Kahn (notre photo) est
de nouveau un homme très pressé. Alors
qu’il entame une nouvelle vie de banquier
d’affaires au Luxembourg, l’ancien patron
du FMI poursuit, au pas de charge, sa carrière de conférencier international. Il est invité
à Séoul, jeudi 31 octobre, à une conférence
sur l’avenir de l’économie mondiale sponsorisée par le constructeur automobile
Hyundai.
Dominique Strauss-Kahn y distillera ses
conseils en matière de leadership économique. Cette activité lucrative de
conférencier est l’occasion pour
DSK de revenir sur la scène économique internationale, par le biais
de think-tanks très respectés,
comme le Bruegel Institute ou le
Peterson Institute for International Economics. Ce passage « express » dans la
capitale coréenne, à
9 000 km de Paris,
sera aussi une opportunité en or pour
l’ancien professeur
d’économie
LUXE Mauvaise passe pour l’un des
fleurons de l’art de vivre à la française.
L’épicerie fine fondée en 1854 place de la
Madeleine, à Paris, par Ferdinand Hédiard
s’est déclarée lundi en cessation de paiement, comme l’a révélé lefigaro.fr. Jeudi,
une audience au tribunal de commerce de
Paris devrait prononcer son placement
en redressement judiciaire, assorti d’une
poursuite de l’activité.
Hédiard, qui compte neuf boutiques (cinq
en propre à Paris, les autres en franchise
à Singapour, Monaco, Moscou et Lisbonne) et vend ses produits dans 170 corners dans le monde, avait été racheté en
octobre 2007 par l’oligarque russe
Sergueï Pougatchev, alors proche de
Poutine. Malgré la déroute de son empire
(le tribunal arbitral de Moscou a prononcé
la faillite de Mejprombank fin 2010), Pougatchev avait conservé Hédiard et en
comblait les pertes abyssales. L’épicier
de luxe a perdu 8 millions d’euros sur son
exercice clos fin mars, pour un chiffre
d’affaires de 18,3 millions d’euros. Le restaurant La Table d’Hédiard, au premier
étage du magasin de la Madeleine, a fermé ses portes cet été, ramenant les effectifs de 190 à 160. Mais pour l’exercice
en cours, la direction prévoit un chiffre
d’affaires de 17,5 millions d’euros et
6 millions de pertes. C’était trop pour le
propriétaire, qui a refusé récemment de
signer un chèque de plus de 2 millions
d’euros pour renflouer les caisses.
Jean-Paul Barat, PDG d’Hédiard depuis
octobre 2011, n’avait d’autre choix que de
déposer le bilan. Sixième patron de l’ère
Pougatchev, il n’aura pas eu le temps de
« réveiller une belle endormie » et de
« remettre Hédiard au top du luxe de
l’épicerie fine ». Néanmoins, l’enseigne
mythique pourrait intéresser un repreneur. Un généreux mécène ou un groupe
de luxe capable d’investir au minimum
10 millions d’euros pour transformer le
vaisseau amiral de la place de la Madeleine et éponger les pertes structurelles le
temps de trouver des franchisés décidés
à dupliquer le modèle Hédiard, partout
dans le monde. Avec les royalties et les
achats de produits effectués par ces partenaires, la société Hédiard pourrait redevenir rentable sous deux ans, promet
un proche de la direction. IVAN LETESSIER
d’adresser quelques coups de griffe aux dirigeants des pays développés et émergents.
« Son parcours professionnel parle pour lui »,
explique au Figaro une représentante de
l’Institute for Global Economics, organisateur de l’événement.
DSK est très apprécié en Corée, pays qu’il
visita à plusieurs reprises, en 2010, à l’occasion de la présidence sud-coréenne du G20,
lorsqu’il dirigeait le FMI. Il a réussi le tour de
force de changer aux yeux des Sud-Coréens
l’image détestable du FMI, qui avait mis
leur pays au pain et à l’eau à la suite
de la crise asiatique de 1997. Et c’est
à Séoul, en octobre 2012, que l’ancien prétendant à l’Élysée avait
rompu son silence médiatique, plus
d’un an après son interview confession chez Claire Chazal. Cette
année, DSK revient discrètement dans la capitale sud-coréenne
et pour un montant
tout aussi confidentiel...
SÉBASTIEN FALLETTI
(À SÉOUL)
C’EST L’AUTOMNE,
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MARKO DJURICA/REUTERS, BERTRAND LANGLOIS/AFP, BOUCHON, MATTHIEU RATER/LE FIGARO
lefigaro.fr/economie
mardi 22 octobre 2013 LE FIGARO
18
LE FIGARO
L'ÉVÉNEMENT
L'ÉVÉNEMENT
MARIE-CÉCILE RENAULT firenault
Plusieurs dispositions, adoptées par les
parlementaires et soutenues par le gouvernement,
renforcent le sentiment actuel de ras-le-bol.
UN DIRIGEANT
PROCHE DE L’EXÉCUTIF
POLITIQUE ÉCONOMIQUE La
grogne continue de monter sur
l’épineuse question de la fiscalité.
Alors que l’Assemblée nationale
termine ce mardi l’examen de la
partie « recettes » du projet de loi
de finances pour 2014 et s’attelle à
celui de la Sécu, les voix se multiplient pour s’élever contre les
choix de l’exécutif. Des ménages
aux entreprises, « le gouvernement a réussi à énerver tout le
monde ! », résume ainsi un industriel. Et même l’Afep, la très discrète association des entreprises
privées (qui regroupe les cent plus
grandes sociétés françaises), qui a
décidé de dire publiquement tout
le mal qu’elle pense de la politique
conduite par le gouvernement. Un
vrai changement car jusqu’à présent Bercy avait l’habitude de se
confronter au Medef par le biais de
son patron, Pierre Gattaz, qui a
choisi la ligne dure dès son arrivée
à la tête du mouvement patronal
en juillet. Seulement voilà, trop
c’est trop.
Poussé par plusieurs membres
exaspérés - certains ayant le sentiment d’être instrumentalisés
pour les besoins de communication du gouvernement ont même
menacé de claquer la porte -, le
très policé président de l’Afep est
monté hier au créneau dans un
entretien aux Échos, et ce sans
mâcher ses mots. « Les Français
sont désorientés face au ras-le-bol
fiscal. Les dirigeants d’entreprises
disent exactement la même chose, a
ainsi reconnu Pierre Pringuet, directeur général de Pernod Ricard.
Il y a aujourd’hui un problème de
compréhension de la politique économique qui est menée. Il y a trop
de zigzags. Il y a une instabilité juridique forte. Tout cela nourrit immanquablement la défiance, qui
peut conduire à l’exaspération. »
Et cet ancien conseiller de Michel
Rocard, pourtant catalogué à gauche, de réclamer à François Hollande « une stratégie et un cap
clairs » car « la situation est grave » et surtout « l’heure n’est plus
à l’habileté politique ».
Incompréhension
Agir par « habileté politique » :
voilà ce que les entreprises de toute taille reprochent aujourd’hui à
l’exécutif - dont elles jugent en
outre la parole peu crédible. Les
mots sont durs et choisis. Ils traduisent la véritable incompréhen-
SÉCU : 6,3 MILLIARDS DE RECETTES EN PLUS
Les budgets des
administrations sociales
pour 2014 prévoient
6,3 milliards d’euros de
hausse des prélèvements.
Dont 2,5 milliards de
relèvement des cotisations
des retraites de base
et complémentaires,
1,2 milliard généré
par la fiscalisation des
majorations de pension
et 1 milliard obtenu en
baissant le plafond du
quotient familial. Côté
économies, le gel des
retraites de base et
complémentaires dégagera
2 milliards, et la baisse
des prix des médicaments,
près de un milliard.
G. G.
sion qui s’est installée depuis un
an entre les deux mondes. Ces
derniers mois, le gouvernement
avait pourtant concocté une politique économique qu’il voulait pro
entreprises. Il était fier d’avoir
créé le crédit d’impôt compétitivité et emploi (CICE) qui allégera
en 2014 de 10 milliards les charges
des entreprises - mesure financée
notamment par la hausse de la
TVA - et de 20 milliards par an dès
2015. « S’il ne doit rester qu’une
réforme économique à la fin du
quinquennat, ce sera celle-là », se
félicite-t-on à Bercy.
Seulement voilà, la taxe sur
l’excédent brut d’exploitation
(EBE), que le gouvernement voulait inclure dans son budget 2014,
est venue brouiller ce beau message bien huilé. Face à la grogne des
dirigeants - pour qui cette mesure
d’euros qu’ils ont redonné aux
ménages les plus modestes en
pouvoir d’achat.
serait un frein à l’investissement,
nécessaire pour faire repartir la
croissance -, elle a été transformée
au cours de la discussion par une
taxe sur l’excédent net d’exploitation (ENE). Puis en une surtaxe sur
l’IS (portée à 10,7 % du résultat,
contre 5 % actuellement) via un
amendement adopté par les députés en fin de semaine dernière. Ce
que les représentants patronaux
ont accepté à condition qu’elle soit
temporaire et que la réflexion prévue au printemps prochain lors
des Assises de la fiscalité aboutisse
à ramener le niveau d’imposition
des entreprises françaises à la
moyenne européenne. Reste que
les députés de la majorité ne l’entendent pas de cette oreille… Vendredi, ils ont adopté plusieurs
amendements
« anti-entreprises » pour récupérer le milliard
« Le vrai problème,
c’est la majorité »
L’un d’eux concerne notamment
le régime des plus-values de cession et prévoit d’interdire le cumul des avantages du dispositif
Madelin avec des abattements décidés lors des Assises de l’entrepreneuriat au printemps. La raison ? Pour le rapporteur de la
commission des finances, Christian Eckert, les entrepreneurs réclament « le beurre et l’argent du
beurre ».
Pour un dirigeant proche de
l’exécutif, « le vrai problème, c’est
la majorité. Beaucoup de députés
ont encore une vision très punitive
de la fiscalité sur les entreprises.
LA BAISSE DES DÉFICITS DE LA SÉCU MARQUE LE PAS
Déficit du régime général et du Fonds de solidarité vieillesse, en milliards d’euros
0
2010
2011
2012
2013
20,9
17,5
16,2 (e)
2014
10
20
28
12,8
Que certains cherchent à détricoter
les promesses faites par Hollande a
un effet terrible ». Notamment sur
les « pigeons » qui sont en train
de se réactiver après plusieurs semaines d’atonie… Et la grogne
risque bien de ne pas s’étioler.
Les budgets sociaux, dont celui
de la Sécu examiné à partir
d’aujourd’hui, prévoient 6,3 milliards de nouveaux prélèvements
sur les ménages et les entreprises.
Le gros de l’enveloppe est constitué de hausses des cotisations retraite.
Mais la mesure que personne
n’avait vu venir, c’est l’uniformisation du taux de prélèvements
sociaux à 15,5 % pour les produits
de placement (PEA, PEL, assurance-vie), qui rapportera 600 millions. Une mauvaise surprise cette
fois-ci pour les épargnants… ■
Jean-Marc Ayrault,
à l’Assemblée nationale,
lors de la séance
des questions,
le 1er octobre.
SORIANO/LE FIGARO
Les « pigeons » vont-ils se faire
pigeonner une deuxième fois ?
Un an après leur révolte pour rétablir des plus-values de cession
qui ne leur donnaient pas l’impression de se faire plumer lors de
la vente de leurs titres, les entrepreneurs repartent en guerre
contre le gouvernement qui semble, une fois de plus, naviguer à
vue. Et ce après avoir obtenu de
François Hollande, lors des Assises de l’entrepreneuriat au printemps, la promesse d’une fiscalité
plus favorable sur ce point.
En cause : le nouveau coup de
barre vendredi à gauche porté par
le député PS Christian Eckert au
motif que les entrepreneurs veulent «le beurre et l’argent du beurre». Le rapporteur du budget a en
effet fait voter en commission des
finances deux amendements
«clairement néfastes» pour JeanDavid Chamboredon, le patron
du fonds Isai. Et le porte-parole
du mouvement de l’année dernière de reprendre les armes sur
Twitter avec le slogan : « Les
#geonpi à nouveau pigeonnés !»
Un entrepreneur qui revend sa
société est désormais imposé sur
les plus-values de cession au barème de l’impôt sur le revenu
(45%, plus 15,5% de cotisations
sociales). Cette disposition, qui
avait hérissé des entrepreneurs
en prise de risques et souvent peu
autorémunérés au lancement de
leur société, était la transposition
de la promesse de campagne de
François Hollande d’aligner la fis-
« Les #geonpi à nouveau
pigeonnés », tweetent
les entrepreneurs. DR
calité du capital sur celle du travail… Mais face à la fronde, le
gouvernement avait rectifié le tir
en promettant un abattement incitatif de 85% au bout de huit ans
de détention des titres, 65% pour
quatre ans, 50% dès la deuxième
année. En clair, plus le créateur
allait garder ses parts longtemps,
moins il paierait d’impôts. Un
deal acceptable.
Silence du gouvernement
Or, le premier amendement déposé par Christian Eckert prive
les créateurs d’entreprise de cet
abattement s’ils ont d’ores et déjà
bénéficié de la loi Madelin. Cette
dernière accorde en effet une réduction d’impôt quand un investisseur place son argent dans une
société non cotée (18% du montant investi dans la limite de
9000 euros). Le côté rétroactif de
la mesure a fini de mettre le feu
aux poudres. «C’est comme si un
prof vous enlevait 5 points car vous
aviez écrit à l’encre noire au lieu
d’écrire à l’encre bleue. C’est totalement inique et arbitraire »,
condamne Jean-David Chamboredon.
Le deuxième amendement annule quant à lui le sursis d’impôt
accordé à l’entrepreneur qui
réinvestit sa mise dans une nouvelle entreprise. «Le risque, c’est
que ceux qui ont gagné de l’argent
en vendant leur boîte réinvestissent
dans l’immobilier, l’assurance-vie
et les œuvres d’art qui sont mieux
traités, plutôt que dans un projet
entrepreneurial risqué, pourtant
force motrice de l’économie, prévient Jean-David Chamboredon.
Le message envoyé est très
négatif. » Surtout, l’argument
avancé par Christian Eckert, à savoir que certains utiliseraient le
dispositif pour échapper à l’impôt, est perçu comme un «procès
d’intention et assimile l’investisseur à un fraudeur».
Ces deux dispositions contraires
à l’engagement présidentiel ont
de surcroît été prises sans concertation… «Comme ils connaissent
mal la vie économique, aucun
membre de la commission n’étant
actionnaire ou entrepreneur, ils
n’ont pas perçu l’hypersensibilité
des entrepreneurs sur ces sujets»,
justifie Jean-David Chamboredon. Le silence du gouvernement
sur ce sujet sensible souligne son
embarras. «Le cumul des abattements et du Madelin peut paraître
abusif, reconnaît d’ailleurs un
proche du dossier. Mais il faut éviter des décisions rétroactives.» En attendant, le
tir aux « pigeons »
continue. ■
TAXE À 75 % : M6 MENACE DE VENDRE LES GIRONDINS DE BORDEAUX
PHOTOS MERLE/AFP
vision très
punitive
de la fiscalité
sur les
entreprises
MARIE VISOT @MarieVisot
19
Les «pigeons» remis en selle après
deux amendements «iniques»
Épargnants
et entreprises :
la grogne fiscale
monte encore
Les députés
ont
une
mardi 22 octobre 2013
Après les présidents de club
qui ont menacé de faire
grève,
c’est au tour de leurs
g
actionnaires de s’insurger
contre la taxe à 75 % qui
frappera les entreprises
dont les employés gagnent
Prévision
du gouvernement
passe en l’état, nous serons
amenés à réexaminer notre
position dans le football soit
en recherchant un acheteur
soit en réduisant nos
investissements »,
a expliqué Nicolas de
plus d’un million par an.
Le président de M6,
actionnaire à 99 % des
Girondins de Bordeaux,
est le premier à mettre en
balance l’investissement de
son entreprise. « Si le texte
Tavernost. Selon une
estimation de la Ligue, la
taxe à 75 % coûtera un peu
plus de trois millions au club
des Girondins de Bordeaux,
qui compte 7 millionnaires.
« L’État perturbe les efforts
des industriels qui
investissent dans le football,
a lâché Nicolas de Tavernost.
La façon dont nous
sommes traités n’est pas
acceptable. » En cas de
départ, il suggère enfin à
l’État d’aller
« chercher un
actionnaire
russe » pour les
Girondins. G. E.
Grégory Sertic, milieu
du club bordelais.
Cheick Diabaté, avant-centre des Girondins de Bordeaux.
PROPOS RECUEILLIS PAR
GUILLAUME GUICHARD
ET CHRISTINE LAGOUTTE
@guillaume_gui et @clagoutte
Entretien avec Étienne Caniard, le
président la Mutualité française,
qui regroupe 500 mutuelles représentant 38 millions de personnes.
LE FIGARO. - Le PLFSS arrive
à l’Assemblée. Que pensez-vous
du traitement qu’il vous réserve ?
Étienne CANIARD. – Nous sommes
dans l’incompréhension. Nous
avons le sentiment d’un décalage
entre les intentions affichées par le
président Hollande et son gouvernement et les mesures ponctuelles
qui ne sont pas à la hauteur des enjeux. Le rééquilibrage des moyens
entre la médecine de ville et l’hôpital, par exemple, prendrait des
centaines d’années au rythme suivi par le budget 2014 de la Sécu. Le
PLFSS ne sonne pas non plus
l’heure de la pause fiscale pour les
mutuelles. C’est même tout le
contraire ! En dix ans, nous avons
assisté à une aggravation considérable de la taxation pour notre secteur, puisque nous sommes passés
de 1,75 % à 13,27 %. Ces taxes représentaient 5 euros par adhérent
en 2001, et 76 euros en 2012.
Alors qu’on nous avait promis un
allégement de la taxe spéciale sur
les
conventions
d’assurance
(TSCA), l’exécutif punit tout le
monde en maintenant à 7 % la taxe
sur les contrats responsables et en
augmentant celle sur les contrats
non responsables à 14 %. Veut-on
rendre les mutuelles non accessibles ? La hausse des taxes se répercutera sur les prix des contrats…
Que proposez-vous
en contrepartie ?
Notre proposition est raisonnable
puisque neutre budgétairement.
Elle consiste à baisser de deux
points la taxe sur les contrats responsables, c’est-à-dire ceux ayant
pour but de ne pas faire exploser
les dépenses de santé tout en garantissant un bon niveau d’accès
aux soins. Ce taux passerait de 7%
à 5 %, tandis que celui des contrats
non responsables serait augmenté
de six points, à 15 %. Nous ne
comprendrions pas qu’une telle
mesure ne soit pas acceptée, sauf à
renoncer à toute régulation et à ne
faire des mutuelles qu’une variable
d’ajustement budgétaire.
Les députés veulent vous faire
rembourser les dépassements
d’honoraires des médecins
jusqu’à 150 % du tarif Sécu…
Nous subissons, dans la médecine
libérale, une véritable anarchie
tarifaire. Les dépassements d’honoraires des praticiens ne correspondent à aucune logique, et notamment pas à celle de la qualité,
ni de l’accès aux soins. Dire que
les contrats responsables peuvent
rembourser les dépassements jusqu’à 150 % du tarif Sécu, c’est un
gage donné aux syndicats de médecins qui entendent augmenter
les dépassements, et non les maîtriser.
Au final, cela provoquera une
hausse des coûts pour les complémentaires santé, donc un renchérissement du prix des
contrats. Les médecins vont percevoir cet amendement comme
un feu vert pour augmenter leurs
tarifs jusqu’à cette limite.
Ce n’est pas
l’heure de la
pause fiscale
pour les mutuelles.
C’est même tout
le contraire !
L’exécutif veut de
nouveau obliger
les entreprises à choisir
ÉTIENNE CANIARD, PRÉSIDENT
la complémentaire santé
DE LA MUTUALITÉ FRANÇAISE
désignée par leur branche
en jouant sur le forfait
social. Vous approuvez ?
Nous sommes étonnés de
cette démarche engagée en
cours de route, par voie
d’amendement, sur un sujet, la clause de désignation,
qui a fait beaucoup débat. De
surcroît, le Conseil constitutionnel a déjà fait
connaître son opposition à cette mesure sans ambiguïté en juin.
Quoi qu’il en
soit, nous réclamons la plus
grande transparence sur le choix
des contrats collectifs au sein des
branches. Il ne doit
pas y avoir de chasse
gardée dans ce domaine.
Or, aujourd’hui, les
partenaires sociaux
choisissent
les
contrats et dirigent
dans le même temps
les
instituts
de
prévoyance qui emportent quasiment
systématiquement
les appels d’offres.
C’est le renforcement des critères des
contrats responsables
qui peut le mieux
garantir la mutualisation. ■
L’épargne des ménages sous le
ANNE BODESCOT
[email protected]
Double peine ! Des milliers d’épargnants vont se retrouver par deux
fois piégés par le nouveau mode de
calcul des prélèvements sociaux que
vient d’imaginer le gouvernement
afin de ramener 600 millions
d’euros dans les caisses de l’État en
2014. Cerise sur le gâteau : la mesure, incluse dans le projet de loi de financement de la Sécu, n’est pas encore votée mais elle s’appliquera, de
manière rétroactive, à compter du
26 septembre.
Résultat, les particuliers n’ont
aucun moyen d’y échapper tant sur
leurs vieux PEL (plans d’épargne
logement) et leurs PEA (plans
d’épargne en actions) que sur leurs
anciens contrats d’assurance-vie
multisupports. Tous seront dorénavant taxés à hauteur de 15,5 % au
titre des prélèvements sociaux alors
que certains l’étaient jusqu’ici à des
taux plus bas.
La raison ? Les prélèvements sociaux (CSG, CRDS…) sont passés de
0,5 % en 1996 à 15,5 % aujourd’hui
et la nouvelle mouture de calcul sur
les produits d’épargne va prendre
en compte un seul et unique taux :
le dernier, et donc le plus élevé. Sur
un PEA fermé après cinq ans, les
prélèvements sociaux étaient jusqu’alors calculés par tranche : aux
plus-values engrangées entre le 1er
février 1996 et le 31 décembre 1996
s’appliquait le taux de 0,5 %. Sur
celles constatées du 1er janvier 1997
au 31 décembre 1997, le taux était de
3,9 %, et ainsi de suite.
Ainsi en a décidé le gouvernement : désormais ce sera 15,5 % sur
le total des gains des plans, quelle
que soit la date à laquelle ils ont été
réalisés. Les détenteurs de contrats
De nouvelles menaces planent
DANIÈLE GUINOT
DANIELEGUINOT
L’assurance-vie pourrait bientôt
voir ses avantages à nouveau rognés. Le gouvernement planche sur
plusieurs pistes. La première vise à
orienter une partie de l’épargne des
42 % des ménages détenant un
contrat d’assurance-vie vers les
entreprises. Comme le suggérait au
printemps le rapport Berger-Lefebvre, un nouveau contrat baptisé
Euro-croissance pourrait voir le
jour. Il offrirait une garantie en capital à l’épargnant, mais seulement
au terme de plusieurs années. Les
assureurs pourraient ainsi prendre
davantage de risques en investis-
sant dans les actions. « Ces contrats
permettraient de doper le rendement
de l’assurance-vie et de financer
l’économie réelle », souligne Olivier
Potellet, PDG de la banque privée
Legal & General (France).
Durcissement des règles
lors d’une succession
Le rapport Berger-Lefebvre préconise parallèlement de durcir la fiscalité des contrats de plus de
500 000 euros investis uniquement
dans des fonds en euros. Seuls ceux
qui seraient investis sur des fonds
Euro-croissance ou des contrats en
unités de compte pourraient bénéficier de l’avantage fiscal après huit
ans (fiscalité de 7,5 % plus 15,5 %
de prélèvements sociaux sur les re-
coup d’une ponction de 600 millions
d’assurance-vie
multisupports
souscrits avant le 26 septembre 1997
sont concernés, mais seulement
pour les gains réalisés grâce aux
versements effectués avant cette
date. « Jusqu’à présent, les
prélèvements sociaux exigés à la
sortie (en cas de retrait ou de décès)
étaient calculés aux taux “historiques”. Maintenant, ils le seront
tous au taux de 15,5 % », explique
Marc Thomas-Marotel chez Natixis
Assurances.
Au fil de l’eau
Idem en ce qui concerne les plans
d’épargne logement. Pour les intérêts acquis avant le dixième anniversaire, les prélèvements sociaux
étaient dus au taux en vigueur chaque année, sans être ponctionnés au
fil de l’eau : ils l’étaient une fois à la
fermeture du plan ou au plus tard
l’année des dix ans. Le gouver-
nement veut désormais que ce soit
au taux de 15,5 %… « Les nouveaux
PEL, souscrits depuis février 2011, ne
sont pas touchés, rappelle toutefois
Philippe Crevel, le secrétaire général du Cercle des épargnants. Pour
eux, les prélèvements sociaux sont
déjà pris tous les ans ».
Les purs contrats monosupports
en euros ne sont pas en revanche
touchés. « Les contrats multisupports souscrits depuis le 26 septembre
1997, ainsi que les intérêts ou les plusvalues des versements effectués après
cette date sur les contrats plus anciens, ne sont pas non plus concernés », confirme Marie-Hélène Poirier, directeur juridique et fiscal de
SwissLife. Un cadeau ? Pas vraiment. « Pour eux, les prélèvements
étaient déjà calculés à un taux unique, celui en vigueur au moment du
retrait ou du décès (15,5 %) », explique la juriste.
sur l’assurance-vie
traits après un abattement de
4 600 euros par an). Les assureurs
sont opposés à cette mesure. « Les
contrats de plus de 500 000 euros
sont souvent détenus par des épargnants âgés. On ne peut pas demander à des personnes ayant plus de
70 ans de prendre des risques », estime Olivier Potellet.
La semaine dernière, Christian
Eckert, le rapporteur général de la
commission des finances à l’Assemblée nationale, a surpris en
évoquant dans Le Monde de nouveaux tours de vis fiscaux à venir
dans le projet de loi de finances rectificative, prévu en décembre. Il
propose de réduire l’abattement
annuel de 4 600 euros à partir duquel les contrats sont taxables à
7,5 % après huit années de détention. Le taux de 7,5 % pourrait
d’ailleurs être relevé (à 10 % selon
certains experts).
Christian Eckert veut aussi réduire les avantages fiscaux en cas de
succession en abaissant de 152 500 à
100 000 euros l’abattement à partir
duquel le bénéficiaire du contrat est
imposé. Il souhaiterait aussi durcir
la donne pour les personnes redevables à l’ISF ou ayant de très hauts
revenus. « Mais Bercy ne devrait pas
prendre le risque de jouer sur tous les
tableaux à la fois, cela pourrait inciter les épargnants à retirer leur
épargne de ce placement », espère
Philippe Crevel. Or l’assurance-vie
finance une partie la dette de
l’État... ■
15,5 %
de prélèvements
sociaux
sur les produits
d’épargne
42 %
des ménages
français
détiennent
une assurance-vie.
14% DE CDD
C’EST BIEN,
86% DE CDI
C’EST MIEUX
ACCÉLÉRATEUR DE CARRIÈRE
DISPONIBLE SUR WEB|MOBILE|TABLETTE|TV
« La hausse des taxes se répercutera
sur les prix des contrats »
mardi 22 octobre 2013 LE FIGARO
20
ÉCONOMIE
Après les Brics, les Biits font peur aux investisseurs étrangers
Brésil, Inde, Indonésie, Turquie et Afrique du Sud, les monnaies de ces pays se sont effondrées depuis mai dernier.
ARNAUD RODIER [email protected]
Les Brics ont
longtemps été le moteur de l’économie mondiale. Aujourd’hui les
Biits sont en passe de devenir son
point faible.
Les premiers regroupent le Brésil, la Russie, l’Inde la Chine et
l’Afrique du Sud. Les seconds,
dont on doit l’acronyme à la
Deutsche Bank, réunissent le Brésil, l’Inde, l’Indonésie, la Turquie
et l’Afrique du Sud. Ils sont les
premières victimes de la fuite des
capitaux étrangers qui pèsent sur
leurs monnaies. Depuis mai dernier, la roupie indienne a perdu
ÉMERGENTS
12 %, la roupie indonésienne
11 %, la livre turque 9 % et le real
brésilien 8 %.
Du coup, les investisseurs se
tournent vers de nouveaux émergents inattendus, le Mexique, la
République tchèque et la Corée du
Sud, révèle une étude de Bloomberg réalisée auprès de trois groupes, HSBC, JPMorgan et International Strategy. Si le peso a perdu
5% de sa valeur, la couronne tchèque a gagné 3,5% et le won coréen
3,8 %. Jamais les hommes d’affaires n’ont été aussi nombreux à
s’intéresser à Séoul. Ils auraient
investi dans la péninsule 13,1 milliards de dollars au premier semestre, contre 9,4 milliards pour
la même période de l’an dernier.
À l’inverse, la Coface vient de
placer le Brésil sous surveillance
négative, jugeant sa croissance
« décevante » ; elle est attendue à
2,3 % en 2013 et 2,9 % en 2014. Et
le pays devrait maintenir en 2014
les mesures de soutien au real prises au début de cette année.
Interrogations sur la Fed
En Inde, où le déficit commercial
est au plus bas depuis mars 2011
grâce à la faiblesse de la roupie, la
Banque mondiale a abaissé mi-octobre ses prévisions de croissance à
4,7 % pour cette année, contre
6,1% encore envisagés en avril. Elle
pointe du doigt le ralentissement de
l’industrie manufacturière, le recul
des investissements et un manque
de confiance général des milieux
d’affaires. Et la banque centrale
vient de réduire le taux des facilités
qu’elle consent à ses établissements
financiers pour améliorer la liquidité du système bancaire.
En Indonésie, l’inflation est au
plus haut depuis quatre ans et le
gouvernement ne parvient pas à
améliorer la productivité du pays,
et en Turquie, le vice-premier ministre a rabaissé au début du mois
la croissance du pays à 3,6 % en
2013 et 4 % en 2014, contre 4 % et
5% attendus initialement.
En raison des interrogations sur
la future politique de la Réserve
fédérale américaine, la Fed, « les
pays émergents font face au premier reflux de capitaux durable depuis la chute de Lehman Brothers en
septembre 2008 », souligne le
Fonds monétaire international
(FMI), qui juge que les plus exposés sont l’Indonésie, la Turquie, les
Philippines et le Brésil. Les flux de
capitaux vers les pays émergents
devraient d’ailleurs fondre de
12,6 % cette année, à 1 062 milliards de dollars cette année, calcule l’Institut de la finance internationale. Une baisse qui reflète
une nouvelle politique chez les investisseurs étrangers : plus question de suivre aveuglément les
grands blocs économiques. ■
Roupie indienne
COURS DE LA ROUPIE,
en dollar (pour 100 roupies)
1,8
1,7
1,6245
1,6
1,5
1,4
Source : Bloomberg
1er janv.
21 oct.
Infographie
Banques : Draghi en désaccord avec Bruxelles
Le président de la BCE souhaite que les règles régissant les aides d’État soient assouplies en faveur des banques.
JEAN-PIERRE ROBIN
[email protected]
Une
interprétation
abusive
des règles
concernant
les aides d’État
pourrait bien
détruire la
confiance dans
les banques
que nous
voulons tous
restaurer
MARIO DRAGHI
EUROPE L’Union bancaire est
présentée par les responsables de
la Banque centrale européenne
comme une planche de salut pour
la zone euro. Elle est en effet censée résoudre les énormes difficultés en matière de crédit bancaire
dont souffrent actuellement les
pays de la périphérie. Mais cette
nouvelle étape de l’intégration
européenne, « aussi importante,
voire plus que l’euro lui-même »
dit-on à Francfort, sera tout sauf
un chemin de roses.
Ainsi Mario Draghi, le président
de la BCE, a-t-il adressé à Joaquin
Almunia, le commissaire européen
de la Concurrence, une lettre dans
laquelle il lui demande d’infléchir la
doctrine de Bruxelles en ce qui
concerne les aides aux entreprises,
en l’occurrence les banques. « Une
interprétation abusive des règles
concernant les aides d’État pourrait
bien détruire la confiance dans les
banques que nous voulons tous restaurer », écrit le patron de la politique monétaire européenne, dont les
missions vont être élargies dès 2014.
La BCE sera alors le superviseur du
système bancaire européen, et tout
spécialement des 130 établissements
les plus importants de la zone euro.
Mario Draghi a adressé à Joaquin Almunia, le commissaire européen de la Concurrence, une lettre dans laquelle il lui
demande d’infléchir la doctrine de Bruxelles en ce qui concerne les aides aux entreprises. MIKE SEGAR/REUTERS
Cette lettre a été adressée à
Bruxelles le 30 juillet dernier. Mais
son existence n’a été révélée par
l’agence Bloomberg (et confirmée
par un porte-parole de la BCE) que
ce lundi 21 octobre.
La BCE doit en effet annoncer publiquement le 23 octobre sa propre
méthodologie pour « l’évaluation
des actifs bancaires » (assessment ).
Il s’agira d’un véritable « inventaire », passant au peigne fin l’ensemble des avoirs des banques, qu’il
s’agisse de titres d’État ou de créances sur les entreprises. Cet exercice,
sans aucun précédent, s’effectuera
au printemps 2014. C’est un préalable indispensable à l’Union bancaire, alors que celle-ci va instaurer
une solidarité à l’échelle européenne des États et de leurs contribuables en cas de défaillance d’un établissement.
L’évaluation des actifs se double-
ra alors d’un « test de résistance »,
où les banques seront soumises à
des scénarios de crise, comme en
2010, mais dans des conditions plus
rigoureuses qu’il y a trois ans.
La crainte de Mario Draghi, comme de toute la communauté financière - y compris le FMI qui a adressé à plusieurs reprises des mises en
garde sur la sous-capitalisation des
banques -, est que l’on fasse des découvertes désagréables. Le président de la BCE prend donc les devants : « Il est essentiel que les États
membres mettent en place des soutiens (backstops) crédibles pour assurer les ressources nécessaires dans
le cas où les sources de capital privé
seraient insuffisantes en cas de souscapitalisation », écrit-il.
Or, à Bruxelles, la commission de
la Concurrence, qui a les aides publiques en horreur, ne l’entend pas
de cette oreille. Elle a rappelé sa position le 15 octobre sur son site :
« La dette des créanciers obligataires juniors devrait être convertie en
actions avant que les aides d’État
soient garanties », souligne-t-elle.
C’est précisément une situation que
Mario Draghi souhaite éviter, le refus des créanciers privés risquant
alors de dégénérer en crise bancaire
systémique. Entre les « ayatollahs » de la concurrence bruxellois et
« Super Mario », le sauveur de
l’euro, le conflit est ouvert. ■
Hinkley Point, un chantier nucléaire évalué à 18,9 milliards d’euros
EDF a négocié avec le gouvernement britannique un prix de vente de l’électricité jugé trop élevé par l’opinion.
FLORENTIN COLLOMP (À LONDRES)
ET FRÉDÉRIC DE MONICAULT
@fcollomp ; [email protected]
@
ÉNERGIE Tout est fait mais tout
reste à faire : l’annonce officielle,
lundi à Londres, de la relance du
q
llo
Co
nucléaire britannique – avec la livraison par EDF de deux réacteurs
EPR – a permis de prendre la mesure du gigantesque chantier qui attend l’électricien français et ses
partenaires, les chinois CGN et
CNNC d’une part, le français Areva
d’autre part. EDF a précisé que la
décision finale d’investissement serait prise avant la fin du premier semestre 2014, à la condition d’avoir
reçu le feu vert de Bruxelles.
En attendant, le coût total du projet est estimé à quelque 16 milliards
de livres (18,9 milliards d’euros),
dont 2 milliards dédiés à l’acquisi-
20/11/2013
ue
EUROSITES GEORGE V - PARIS
28
Quelles
AVENUE
GEORGE V - 75008 PARIS
stratégies
pour sauver nos
entreprises en difficulté
?
Directeurs scientifiques : Guillaume Cornu, Responsable Transaction Advisory Services
et du Restructuring pour la France, le Maroc et le Luxembourg, EY
Jean-Pierre Farges, avocat associé responsable du restructuring, Ashurst
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tion des terrains de Hinkley Point et
à l’édification de différents bâtiments. D’après le gouvernement
britannique, ce chantier contribuerait à créer 25000 emplois directs et
indirects en Grande-Bretagne.
Les 14 milliards de livres restants – soit 7 milliards par réacteur - dépassent légèrement le coût
unitaire de l’EPR de Flamanville
(Manche)
actuellement
en
construction. Cela tend à infirmer
que le retour d’expérience se traduise par un gain financier. D’après
EDF, les spécificités géographiques
de Hinkley Point nécessitent de
couler 30% de béton supplémentaire. Par ailleurs, l’électricien doit
intégrer les exigences de l’Autorité
de sûreté britannique. À l’arrivée,
ces deux éléments pèsent pour
quelque 2 milliards de livres, largement compensés par l’effet série de
l’EPR, précise encore EDF.
Critiques sévères
En déplacement à Hinkley Point, le
premier ministre David Cameron a
salué «un très grand jour pour notre
pays». Mais l’accord avec EDF n’a
pas tardé à susciter des critiques. En
s’engageant à garantir le prix de
l’électricité produite à 109 euros le
mégawattheure – deux fois le prix
actuel -, le gouvernement est accusé de subventionner indirectement
la construction de la centrale par
des entreprises étrangères, publiques de surcroît. «Nous sous-traitons notre sécurité énergétique à la
France et à la Chine», ironise la seule élue écologiste de la Chambre des
communes, Caroline Lucas.
Pour David Cameron, l’accord
sur la construction de Hinkley
Point C, dont le premier réacteur
doit entrer en fonction en 2023,
«réamorce notre industrie nucléaire». Une «renaissance» saluée
avec délectation sur place lundi par
Henri Proglio, président d’EDF, et
Vincent de Rivaz, patron de sa filiale britannique EDF Energy. Pour
faire passer la pilule, l’accord prévoit vaguement de confier «jusqu’à
57%» du budget de construction à
des entreprises britanniques. «Estce bon pour la Grande-Bretagne ?
s’interroge Dieter Helm, professeur
de politique énergétique à Oxford.
Une alternative aurait été que le
gouvernement lui-même prenne une
participation dans un projet anglofrançais, ce qui aurait ramené la
Grande-Bretagne de plain-pied dans
l’industrie nucléaire mais, à défaut
d’une telle volonté, EDF et ses partenaires chinois se sont imposés.»
Après Hinkley Point, EDF est candidat à la construction de deux
autres réacteurs à Sizewell, dans le
Suffolk. En Grande-Bretagne, 19%
de l’électricité consommée est
d’origine nucléaire. ■
HINCKLEY POINT
EN CHIFFRES
18,9
milliards d’euros
d’investissements
attendus sur ce projet
de construction de 2 EPR
25 000
19 %
emplois à la clé
de l’électricité
consommée
en Grande-Bretagne
est d’origine nucléaire
LE FIGARO
mardi 22 octobre 2013
ENTREPRISES
21
Douglas rachète Nocibé et double Marionnaud
L‘allemand est en négociations exclusives pour s’offrir le parfumeur français, pour plus de 500 millions d’euros.
NOCIBÉ DYNAMIQUE
DEPUIS LE DÉBUT
DE L’ANNÉE
À FIN SEPTEMBRE 2013
4,5 %
de progression
du chiffre d’affaires
7
1 100
ouvertures de boutique
références de sa marque
propre, 18 mois
après le lancement
80 %
points de vente
équipés d’instituts
OLIVIA DERREUMAUX
mulés atteindront ainsi 625 magasins et 4000 salariés.
@Oliviader
DISTRIBUTION Après des années de vaines tentatives pour s’imposer dans l’Hexagone, le parfumeur allemand Douglas réussit un
tour de force. Il est en passe de s’offrir Nocibé, le numéro 3 du secteur,
ce qui lui permettra de s’imposer à
la seconde place, derrière Sephora
mais devant Marionnaud.
Après de long moins de pourparlers avec le fonds anglais Charterhouse, propriétaire de Nocibé, les
actionnaires de Douglas (la famille
Kreke et le fonds américain Advent
International) ont trouvé un terrain
d’entente. Ils sont entrés en négociations exclusives avec Charterhouse. Après avoir rompu les
pourparlers à la rentrée, le fonds
anglais, à la peine avec ses autres
participations françaises (Vivarte et
Elior), a dû revoir ses prétentions à
la baisse. Alors qu’il espérait, en début d’année, céder Nocibé pour
600 millions d’euros, le fonds a accepté un prix compris entre 500 et
550 millions d’euros. Ce qui valorise
Nocibé entre 7,6 et 8,5 fois son Ebitda 2012. La transaction est soumise
aux agréments et consultations nécessaires, notamment des autorités
de la concurrence des comités
d’entreprise.
Avec des ventes cumulées estimées à 835 millions d’euros en
Peu de changements
d’enseigne à prévoir
Douglas compte sur le dynamisme de Nocibé dans l’Hexagone pour pallier ses difficultés locales.
France, la nouvelle entité y deviendrait numéro deux de la parfumerie. Un coup dur pour l’ex-leader
du marché Marionnaud (722 millions d’euros en 2012), qui peine à se
relancer et se voit reléguer à la troisième place. Isabelle Parize, arrivée
à la tête de Nocibé il y a deux ans et
demi, visait cette deuxième place
par la croissance organique et des
rachats de petites chaînes indépendantes. Elle y sera parvenue par un
autre chemin.
Advent International, spécialisé
dans le commerce de détail et des
biens de consommation, est connu
JC MARMARA/LE FIGARO
pour avoir racheté le français Gérard Darel ou le discounter allemand Takko. Avec Nocibé, il triplerait la présence de Douglas (racheté
1,5 milliard fin 2012) en France,
alors que l’enseigne n’y est que
quatrième,
avec
seulement
180 boutiques. Les deux réseaux cu-
Séduit par la force de l’enseigne Nocibé en France, le nouvel actionnaire ne devrait pas la décrocher pour
la remplacer par Douglas, hormis
quelques changements à la marge.
Avec ce rachat, Douglas, leader en
Allemagne, compte sur le dynamisme de Nocibé dans l’Hexagone
(4,5% de croissance à fin septembre dans un marché en recul de
0,5%) pour pallier ses difficultés locales. De son côté, Nocibé bénéficiera d’une puissance d’achat renforcée face à Sephora. En interne,
on souligne la proximité de culture
et de philosophie de gestion des
hommes entre les deux enseignes.
Il y a dix-huit mois, Nocibé a lancé sa marque propre pour proposer
des prix plus bas. Ces produits, «qui
progressent très bien» selon la direction, ont permis de rajeunir sa
clientèle moyenne de deux ans. Nocibé teste deux magasins pilotes
pour intensifier sa présence à Paris,
où «notre proposition différenciante
ne s’exprime pas encore suffisamment pour concurrencer Marionnaud
ou Sephora», reconnaît la direction.
Avec son nouvel actionnaire, Nocibé pourrait accélérer son rythme
d’ouverture, aujourd’hui d’une dizaine de boutiques par an.
EN BREF
Fagor victime des difficultés de l’Espagne en crise
Fondé en 1956, le cinquième fabricant européen d’électroménager risque le dépôt de bilan.
ÉLECTROMÉNAGER C’est une
belle aventure industrielle qui menace de se terminer en Espagne. Fagor, le cinquième fabricant européen d’électroménager, est depuis
la semaine dernière en « pré-dépôt
de bilan ». Cette procédure espagnole oblige les entreprises en difficulté à négocier avec leurs créanciers, afin d’éviter le redressement
judiciaire. Car Fagor, propriétaire
en France de la marque Brandt, ne
parvient pas à faire face à une dette
de 850 millions d’euros, alors
qu’elle accumule 150 millions
d’euros de pertes en cinq ans. La
nouvelle provoque la consternation
en Espagne, où Fagor n’est pas perçue comme une entreprise comme
les autres.
Fondée par cinq amis à Vitoria
(Pays basque espagnol) en 1956, Fagor emploie aujourd’hui près de
5700 salariés, dont la plupart sont
Topshop débarque à Paris
L’enseigne britannique entre ce jeudi aux Galeries
Lafayette, une première étape dans la capitale.
ANNE-SOPHIE CATHALA @Ascathala
L’enseigne britannique
est la seule de la grande
distribution à défiler
à la Fashion Week
de Londres. DR
HABILLEMENT Les fashionistas de 13 ans et plus se tiennent prêtes. Jeudi, Topshop, l’enseigne accessible du britannique Arcadia
(3,13 milliards d’euros de chiffre
d’affaires), fait son entrée aux Galeries Lafayette, sur 176 m2. Cette
arrivée est une première étape : sir
Philip Green, PDG de Topshop, vise
aussi « au moins un magasin phare
dans la capitale, et cherche depuis
deux ans l’emplacement idéal sur les
Champs-Élysées, vers Opéra ou
Saint-Germain-des-Prés ».
Sir
Green a choisi Paris, où « comme
dans toutes les grandes capitales de
la mode, de New York à Hongkong,
les gens, et en particulier les touristes
qui sont nombreux aux Galeries Lafayette, savent ce que nous faisons. »
Pour aborder la France, le dirigeant a mis en œuvre une stratégie
de conquête prudente, déjà éprouvée en Allemagne et aux ÉtatsUnis : il a d’abord testé l’attractivité
de Topshop par un site Internet, dès
2011. Encouragé par la bonne croissance des ventes, il a dès lors pointé
en grands magasins le meilleur de
ses collections, qui mêlent prix accessibles et lignes premium. Ce
n’est qu’ensuite qu’il ouvrira seul,
en centre-ville.
Cette conquête au compte-gouttes tranche avec le débarquement
massif de son concurrent Primark.
Le discounter ouvrira en quelques
mois cinq premiers hypermarchés
de la mode en France, de Marseille
à la banlieue francilienne.
Marquer sa différence
Pour se distinguer des autres enseignes qui dominent le marché
français, de H&M à Zara, Topshop,
popularisé par Kate Moss en designer invitée, mise sur l’originalité
de ses créations. Elles sont imaginées par 50 designers en interne et
de jeunes créateurs invités. Seule
marque de grande distribution à
participer à la Fashion Week de
Londres, elle se permet ainsi des
prix supérieurs à ceux d’un Primark, un peu au-dessus de Zara et
ses marques jeunes (Pull & Bear,
Bershka...) ou H&M.
Pour marquer sa différence,
Topshop aimerait présenter à Paris un futur navire amiral inspiré
de celui d’Oxford Street, à Londres. Sur 8 000 m2, 200000 clientes y consomment chaque semaine
épilations
chocolatées,
piercings et cupcakes, en plus de
300 nouveautés mode, rythmées
par cinq livraisons hebdomadaires. Pour permettre cette réactivité, seuls 20 % des produits sont
faits en Asie, le reste plus près de
l’Europe. « Notre business, c’est
d’être les premiers sur les tendances, que nous mettons en rayon
avant même Zara ou H&M », assure sir Green, sourire triomphant. ■
aussi sociétaires. Car Fagor, fleuron
du groupe industriel Corporación
Mondragón, a conservé au fil des
décennies le statut et l’esprit de
coopérative que partagent les différentes entreprises du conglomérat.
Parmi ses principes, par exemple,
une échelle des salaires très resserrée, de 1 100 euros pour le travailleur le moins fortuné à 6000
euros pour l’employé le mieux rémunéré. Depuis le début de la crise,
les salariés sociétaires ont baissé
leur rémunération de 20 %. Peine
perdue : désormais, ces milliers
d’employés restent chez eux. « Les
usines sont paralysées », confirme-t-on chez Fagor.
Plan de délocalisation
L’entreprise est victime des difficultés ordinaires de l’Espagne en
crise. La chute de la consommation,
d’abord, d’autant plus violente
dans une industrie associée au secteur immobilier. La bulle de la
construction a été la première à
éclater au début de la récession. Les
achats espagnols, certes, ne représentent aujourd’hui que 24 % du
chiffre d’affaires de Fagor, mais les
ventes se sont également effondrées
sur les autres marchés, la France
notamment. « Comme tant d’autres
entreprises, Fagor avait une structure de capital adaptée à ses rythmes
de croissance, mais la forte diminution de la demande l’a condamnée
aux pertes et à ne plus pouvoir honorer ses dettes », illustre Pedro
Nueno, professeur de management
à l’IESE Business School.
Certains analystes considèrent
qu’en plus du risque immobilier, Fagor a commis une erreur de positionnement. Ni low-cost – une option qui
pourrait encore séduire les consommateurs en difficulté - ni haut de
gamme – de manière à augmenter ses
marges -, Fagor produit des biens de
milieu de gamme, la pire option en
période de récession. « L’ambiguïté
ne conduit nulle part, argumente le
professeur Nueno. Ils auraient dû
chercher à augmenter leurs prix en
proposant de meilleures caractéristiques techniques ou un meilleur service.
» La politique d’expansion a également été mise en cause, notamment
le rachat de Brandt pour 162 millions
d’euros en 2005.
Aujourd’hui, la priorité de Fagor
est d’éviter le dépôt de bilan en négociant avec ses créanciers. « Toutes les options sont sur la table, explique l’économiste : rééchelonner la
dette, en réduire le montant, pratiquer des ajustements de personnel…» Selon le journal El País, un
plan de délocalisation en Pologne,
où Fagor possède des usines, est
déjà « à moitié prêt ». ■
GSK supprime 271 postes
en France
Le laboratoire pharmaceutique
GlaxoSmithKlinea annoncé
lundi la suppression de
271 postes dans sa filiale
française. Selon la direction,
seulement 181 postes seront
supprimés, 90 étant vacants.
L’effectif global de GSK en
France est de 2 900 personnes.
Doux refuse de se
rapprocher de Tilly-Sabco
Daniel Sauvaget, président
de la société de poulets exportés
Tilly-Sabco, estime qu’un
rapprochement entre sa société
et le volailler Doux était la seule
solution pour sauver
la filière avicole en Bretagne.
Dans un communiqué, Doux
a immédiatement opposé
une fin de non-recevoir
à cette proposition.
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toutefois changer gratuitement de tarification sur simple demande. Frais de transfert intégralement remboursés à réception des justificatifs.
Une offre par personne ou par foyer fiscal dans le cadre d’un Compte Titres joint.
MADRID
Le groupe Total a obtenu lundi
20% du gisement pétrolier
brésilien Libra, dans le cadre
d’un consortium conduit par
Petrobras dont la participation
s’élève à 40 %. Royal Dutch
Shell a obtenu 20 % et deux
Chinois se partagent les 20 %
restants. Le potentiel de Libra
est de 8 à 12 milliards de barils
de ressources récupérables. La
production pourrait culminer
à 1,4 million de barils par jour.
327 787 909 RCS Paris
MATHIEU DE TAILLAC @mdetaillac
Total obtient 20 % du
gisement brésilien Libra
mardi 22 octobre 2013 LE FIGARO
22
ENTREPRISES
Unilever veut continuer
à marcher sur deux jambes
Le groupe mise toujours sur l’alimentaire, même
si cette activité croît moins vite que l’hygiène-beauté.
KEREN LENTSCHNER
HEILBRONN (ALLEMAGNE)
@Klentschner
ALIMENTAIRE Pas question de
renoncer à son ADN bicéphale. Le
groupe anglo-néerlandais Unilever
a beau réaliser 53 % de ses ventes
avec des produits de soin pour la
maison, une activité dont les ventes
et la rentabilité progressent plus
vite, il ne renonce pas à ses ambitions dans l’agroalimentaire, où il
souffre plus de la crise.
« Avec des marques leaders comme Lipton, Hellmann’s ou Knorr, notre activité alimentaire garde un potentiel de croissance important au
niveau international », assure Paul
Polman, PDG d’Unilever, qui mise
aussi sur cette activité pour franchir
le cap des 80 milliards d’euros de
chiffre d’affaires en 2020 (contre
51,3 milliards en 2012). La dernière
acquisition du groupe, en septembre, est d’ailleurs sur une marque
australienne de thé premium, T2.
« L’alimentaire est au cœur de notre
métier, martèle Antoine de SaintAffrique, patron de l’activité. Il n’y a
pas l’ombre d’un doute que le marché
va s’étendre, mécaniquement, au
cours des années à venir. »
Alors que Procter & Gamble a
cédé l’an passé sa dernière marque
alimentaire (Pringles), Unilever, n°3
mondial de la grande consommation
(derrière Nestlé et P&G) reste le seul
poids lourd des produits de grande
consommation à conserver une présence à la fois dans l’entretien et la
beauté ainsi que dans l’alimentaire
(épicerie salée, margarines, sauces,
glaces, boissons). Le groupe, issu en
1930 de la fusion entre la marque de
margarine néerlandaise Unie et le
fabricant anglais de savon Lever,
reste ainsi fidèle à ses origines.
Une entreprise
« en bonne santé »
Il n’empêche, la branche alimentaire pâtit sérieusement de la crise.
L’an passé, si son chiffre d’affaires a
continué de progresser (+ 1,8 %),
ses volumes ont reculé (- 0,9 %). Le
groupe fait les frais de la surreprésentation de l’alimentaire (hors glaces) aux États-Unis et en Europe.
Or c’est dans ces marchés que le
contexte économique a été le plus
tendu ces dernières années, en particulier pour les margarines. « Cette
activité représente 7 % de notre chiffre d’affaires, nuance Paul Polman.
Nous améliorons ses performances
trimestre après trimestre, sachant
qu’il s’agit d’un marché où la croissance est en panne. » Sa rentabilité
reste affectée par le niveau élevé de
concurrence sur les prix et l’aug-
mentation des dépenses de publiciPaul Polman, PDG
d’Unilever, veut
té et de promotions.
franchir le cap des
Unilever peut par ailleurs comp80 milliards d’euros
ter sur la bonne santé de ses glaces
de chiffre d’affaires
(Magnum, Cornetto, Carte d’Or…),
en 2020. UNILEVER
l’une de ses activités les plus rentables. Sa marque vedette, Magnum,
vient ainsi de franchir le cap du milliard d’euros de chiffre d’affaires,
avec, parmi ses nouveaux marchés,
les Philippines.
« Nous devons continuer à étendre
35 %
la présence de nos marques ali18,1 mds € (+10 % sur un an)
mentaires dans les pays émergents. Cela prendra le
Hygiène-beauté
temps qu’il faudra», insiste
(Timotei, Signal, Dove,
Antoine de Saint-Affrique.
Rexona...)
La branche alimentaire
28 %
14,4 mds € (+1,8 %)
ne réalise que 40 % enviRépartition
ron de ses ventes dans
du chiffre d'affaires
Alimentaire
les pays émergents,
d'Unilever
(Knorr, Fruit d’Or,
contre 45 % pour Nestlé
Amora,
Maille...)
18 %
et 57 % pour l’ensemble
DANS LE MONDE
9,1 mds € (+10,3 %)
du groupe Unilever.
Pour continuer son déAu Ghana, sa
Entretien
ploiement, le groupe mise
margarine Blue
(Skip, Omo,
19 %
sur un portefeuille recentré
Band
enrichie en
Cif, Febreze...)
9,7 mds € (+6,3 %)
autour de quatre marques
vitamines fait partie
Boissons-glaces
phares (Flora, Knorr, Hellmandes produits recom(Lipton, Magnum, Carte d’Or,
n’s, Rama) qui réalisent deux tiers
mandés par le gouverBen&Jerry’s...)
des ventes. Unilever, leader du ketnement.
Si le groupe a revu à la baisse
au début du mois ses objectifs de
croissance pour le troisième trimestre (de + 3 à + 3,5 %, contre + 5 % au
2e trimestre), en raison du ralentis-
chup en Inde et au Brésil, est n°1
mondial de la mayonnaise (Hellmann’s). Pour gagner la course dans
les margarines, il mise sur le cocktail santé-naturalité, prix et goût.
sement dans les pays émergents, son
patron reste confiant. « Unilever est
une entreprise en bonne santé, martèle Paul Polman. Certes, la croissance dans les pays émergents a ralenti,
les monnaies ont été affaiblies, et le
pouvoir d’achat des populations s’en
est ressenti. Mais la croissance à miannée reste bien supérieure à celle des
États-Unis par exemple, sans parler
de l’Europe. Cela n’a rien à voir avec
les performances d’Unilever. » ■
300 chefs concoctent les recettes destinées à doubler les ventes de Knorr
Avec 4 milliards d’euros de chiffre
d’affaires en 2012 (+ 4 % sur un an),
Knorr, qui fête cette année son 175e
anniversaire, est la première marque d’Unilever. Chaque seconde,
500 bouillons cubes, son produit
vedette, sont vendus dans le monde, avec dans le trio de tête, le Mexique, le Nigeria et le Brésil. Mais la
marque propose aussi sauces, plats
préparés et soupes. « Il n’y a aucune
raison pour ne pas doubler le chiffre
d’affaires d’une marque comme
Knorr », commente Paul Polman,
PDG d’Unilever.
Pour y parvenir, le groupe mise
sur ce qui fait l’ADN de la marque :
son accessibilité et sa praticité.
Après avoir accompagné le premier
explorateur au pôle Sud, les soupes
déshydratées Knorr ont nourri les
soldats allemands pendant la Première Guerre mondiale. « Nous devons satisfaire l’ensemble des besoins, explique Cathryn Sleight,
responsable de la marque, qui
compte parmi ses principaux
concurrents Maggi (Nestlé). Il nous
faut concevoir des produits avec un
bon rapport qualité-prix mais être
également capables d’apporter davantage de valeur. »
C’est le cas de Marmite de
Bouillon (2,40 euros environ les 8),
un produit lancé en Chine il y a huit
ans et récemment importé en Europe, vendu plus cher que les
bouillons cubes classiques. « Dans
les pays matures, les consommateurs
retournent vers les produits frais,
mais ils ne savent pas toujours s’y
prendre ou n’ont pas le temps, explique Isabelle Esser, en charge de la
R & D de l’activité alimentaire
d’Unilever. Notre mission est de leur
faciliter la cuisine. »
Adaptations aux goûts
et aux carences locaux
Ces atouts ont permis à la marque
d’être exportée dès les années 1960
en Amérique latine et en Afrique.
Les marchés émergents (50 % des
ventes) restent le principal relais de
croissance de Knorr. Dans ces pays,
soupes et bouillons cubes - qui ne
craignent pas la chaleur - sont vendus à l’unité ou en vrac sur les marchés ou dans les échoppes. « Il y a
encore beaucoup d’opportunités de
croissance pour la marque dans ces
pays », souligne Cathryn Sleight. La
soupe à l’oignon est utilisée comme
base de cuisine en Afrique du Sud, la
poudre de poulet en Chine.
Autre levier de croissance : la
conception de produits adaptés aux
carences locales. Knorr vient ainsi
de lancer au Vietnam un assaisonnement en poudre fortifié en vitamine A. « Nous avons travaillé avec
le gouvernement pour savoir comment il fallait enrichir ce produit, utilisé quotidiennement par les populations », explique Isabelle Esser. En
Indonésie, les enfants mangent au
petit déjeuner un porridge Knorr
enrichi en vitamines, Jok.
Pour s’adapter à l’ensemble des
goûts, la marque - qui lance une
centaine de recettes par an - compte 300 chefs à travers le monde. En
Chine, ils sont cinq, spécialistes des
habitudes alimentaires locales, à
plancher. Si le bouillon à la française
est clair, les Chinois - qui y mettent
des os - l’aiment crémeux. « Cela
signifie pour eux qu’il est de bonne
qualité et nourrissant, explique
Georg Schmücker, l’un des chefs de
Knorr. Le bouillon que nous vendons
en Chine contient donc davantage de
gélatine et de l’amidon. » Au Nigeria,
le bouillon cube contient plus de
viande que dans les pays voisins car
les ménagères « sont habituées à ce
que le ragoût qu’elles cuisinent soit
très rouge ». Ce sur-mesure permet
d’ancrer la marque dans le quotiK. L.
dien des populations. ■
Chaque seconde,
500 bouillons cubes
de Knorr sont vendus
dans le monde. UNILEVER
LES
DÉCIDEURS
MARC BENOIT
Danone
Changement de DRH pour le groupe de Franck
Riboud. Marc Benoit remplacera le 1er janvier
Muriel Pénicaud, qui se consacrera à des responsabilités de gouvernance et de développement sociétal, comme directeur général des
ressources humaines. Cet ancien de Renault et
Henkel, qui dirigea le groupe Diam Europe, leader mondial de la PLV de luxe, a rejoint Danone
en 2007. Après avoir été notamment le patron
de Blédina, il était depuis 2009 directeur général
Méditerranée pour la division nutrition infantile. Il se retrouve aujourd’hui à la tête d’un effectif de 102000 personnes.
BARBARA KORENIOUGUINE
CERCLE DES FEMMES
DE L’IMMOBILIER
DG déléguée et présidente de l’activité promotion de BNP Paribas Real
Estate et membre du directoire, elle préside
aussi désormais le club des pointures féminines
de l’immobilier, qui accueille trois nouvelles
membres : Sigrid Duhamel, directrice immobilier du groupe PSA Peugeot Citroën, Marie
Gilmas, responsable des projets en développement au sein du département investissement
chez Jones Lang LaSalle, et Frédérique ThollonBaras, directrice des activités immobilières de
Paris Notaires Services.
PAR Carole Bellemare avec Corinne Caillaud
Thierry Antinori, le Frenchy
qui séduit la compagnie Emirates
Et dire qu’il avait failli devenir en 2011 PDG d’Austrian
Airlines ! Trois jours avant
de prendre les commandes
de la filiale déficitaire de
Lufthansa, il s’était finalement rétracté, et
remis sur le marché. Sollicitant notamment
« au culot » Jim Clarke, le président d’Emirates… Bien vu. Recruté par la dynamique compagnie de Dubaï comme vice-président exécutif ventes passagers Monde, optimisation des
recettes et programme de fidélisation
Skywards, l’Essec qui dès l’année suivante
s’était aussi vu confier l’activité tour-opérateurs vient d’élargir encore son champ en prenant également les activités fret, réunies au
sein de SkyCargo, et rentables… Il hérite au
passage de la casquette de chief commercial
officer nouvellement créée. Numéro deux
désormais.
Membre du directoire d’Emirates Airlines,
Thierry Antinori ne regrette pas son choix. « Je
m’étais dit que si je voulais rester dans cette
industrie, il fallait que ce soit dans une compagnie
du XXIe siècle ». Pour cet audacieux, les compagnies européennes n’avaient plus le même
potentiel de développement que leurs sœurs
asiatiques ou du Moyen-Orient. Emirates particulièrement, créée en 1985 par le gouvernement de Dubaï, se développe à vitesse grand V.
Constamment rentable depuis 1986, elle
connaît une croissance à deux chiffres. Avec
134 destinations dans 77 pays, desservies par
200 appareils gros-porteurs Airbus et Boeing,
son résultat net s’est élevé l’an dernier à
409 millions de dollars. Le Français, marié à
une Érythréenne de nationalité allemande et
père de deux jeunes enfants, se félicite de s’être
posé à Dubaï. Il y a trouvé « un environnement
international très agréable », ainsi que « le credo optimisme et croissance » qui le comble. Surtout, « l’industrie du transport aérien y est stratégique ». Un père menuisier (italien) et une
mère employée de bureau, le Frenchy de Metz
y a fait toute sa carrière. Onze ans chez Air
France, quatorze chez Lufthansa, notamment
comme patron du marketing et des ventes. Son
fil rouge ? Fédérer des équipes et avec elles
« faire de la croissance rentable ». Mission réussie donc chez Emirates, sacrée en juin meilleure
compagnie du monde. Mais celui qui aime
revenir en France de temps en temps, pour « le
feeling de marcher dans les rues », espère pouvoir obtenir de la DGAC l’autorisation d’avoir
plus de vols en France (5 actuellement contre 16
en Grande-Bretagne et 9 en Allemagne). C’est
avec Thierry Aucoc, le patron de la France,
promu patron des opérations commerciales
Europe et fédération de Russie, l’un de ses
C. B.
chantiers du moment.
www.decideurs.lefigaro.fr
TERESA CREMISI
Gallimard
Antoine Gallimard, patron du troisième groupe éditorial français, promeut
la PDG de Flammarion directrice générale en charge de l’éditorial du holding familial Madrigall. Un an et demi après le rachat de
Flammarion par Gallimard, Teresa Cremisi,
68ans, devient ainsi le bras droit du big boss au
niveau du holding de tête en liaison avec Gilles
Haéri, directeur général de Flammarion, et
Yvon Girard, directeur du développement éditorial de Gallimard. Antoine Gallimard, 66 ans,
demeure président du holding familial tandis
que sa soeur Isabelle Gallimard, directrice de la
maison d’édition Mercure de France, est nommée vice-présidente et directrice générale.
ALAIN LE VERN
SNCF
Ce proche de Laurent Fabius, qui a démissionné
en septembre de ses mandats de président (PS) du
conseil régional de Haute-Normandie et de sénateur, rejoint la SNCF comme directeur général
Régions et Intercités. Sa mission : construire avec
les élus une nouvelle génération de services TER
et réinventer la relation avec les autorités organisatrices régionales. À 65 ans, Alain Le Vern rejoindra la compagnie nationale le 4 novembre
pour prendre ses fonctions le 12 décembre.
LE FIGARO
MARCHÉS
ACCOR ............................................ 33,82
♣
AIR LIQUIDE ............................
102,2
ALSTOM ............................................ 27,485
ARCELORMITTAL ............................12,03
AXA ............................................
18,59
BNP PARIBAS ACT.A ............................
53,77
BOUYGUES ............................................
29,61
CAP GEMINI ............................
48,7
CARREFOUR ............................................
27,305
CREDIT AGRICOLE ............................9,147
DANONE ............................................53,4
EADS ............................................ 48,025
EDF ............................................
25,7
ESSILOR INTL. ............................ 78,9
GDF SUEZ ............................................18,575
GEMALTO ............................................87,06
KERING ............................................ 171,55
L'OREAL ............................................127,05
LAFARGE ............................................51,04
LEGRAND ............................................40,975
LVMH ............................................ 139,25
♣
MICHELIN ............................................
80,91
ORANGE ............................................ 10,545
PERNOD RICARD ............................88,9
PUBLICIS GROUPE SA ........♣ 59,59
RENAULT ............................................68,02
SAFRAN ............................................ 46,05
SAINT GOBAIN ............................ 37,865
SANOFI ............................................ 73,71
SCHNEIDER ELECTRIC ........ 62,11
SOCIETE GENERALE ♣
............................
41,715
SOLVAY ............................................118,35
STMICROELECTRONICS ........ 6,509
TECHNIP ♣
............................................ 89,07
TOTAL ............................................ 44,395
UNIBAIL-RODAMCO ............................
189,65
♣
VALLOUREC ............................................
44,24
VEOLIA ENVIRON. ............................13,22
♣
VINCI ............................................ 46,875
VIVENDI ............................................ 19,18
% var.
23
+ haut jour + bas jour % cap. éch. 31/12
+0,62
+0,49
+3,72
+2,82
-1,27
-0,98
+0,53
+1,33
-0,22
+0,07
-0,32
-1,91
-0,53
+0,08
+2,28
-0,32
-0,35
+1,27
+0,45
-1,24
+0,21
+1,25
-0,4
+0,1
-0,54
+0,84
-0,03
+0,61
-0,14
-1,8
+2,03
+2,78
+1,6
-0,89
-1,58
+2,37
-1,86
+0,19
-0,75
33,96
33,34
102,3
101,25
27,65
26,65
12,09
11,76
18,855 18,565
54,25
53,51
29,725 29,42
49,215 48,09
27,43
27,15
9,173
9,042
53,54
52,98
49,14
47,94
26,03
25,59
79,98
78,61
18,675 18,535
87,08
84,64
172,65 170,3
127,7
126,55
51,36
50,08
41,21
40,73
141,25 138,55
81,18
79,55
10,545 10,33
89,3
88,77
60,07
59,27
68,7
67,71
46,26
45,57
37,94
37,565
73,96
73,42
62,29
61,81
42,35
41,46
118,7
115,55
6,514
6,35
89,1
87,75
44,66
44,26
191,7
188,9
44,28
43,07
13,35
13,03
47,2
46,75
19,28
19,105
0,38
0,15
1,11
0,77
0,16
0,25
0,18
1,01
0,19
0,16
0,25
0,23
0,07
0,22
0,15
0,5
0,09
0,05
0,25
0,16
0,2
0,3
0,26
0,15
0,25
0,24
0,21
0,19
0,12
0,18
0,49
0,21
0,39
0,28
0,12
0,26
0,55
0,47
0,2
0,24
+26,69
+7,52
-8,79
-6,1
+39,25
+26,27
+32,19
+48,2
+41,15
+50,35
+7
+62,8
+83,83
+3,79
+19,26
+28,03
+23,89
+21,12
+5,83
+28,55
+0,32
+13,02
+26,45
+1,67
+31,69
+67,19
+41,28
+17,52
+3,25
+13,28
+47,19
+8,23
+21,26
+2,57
+13,8
+4,23
+12,03
+44,4
+30,35
+13,16
PLUS FORTES HAUSSES
AREVA ............................................ 16,41
NEXTRADIOTV ............................ 17,79
DERICHEBOURG ............................ 2,727
MERSEN ............................................ 25,15
RUSAL ............................................ 4,61
+11,29
+6,27
+5,41
+4,79
+4,77
16,5
17,79
2,727
25,15
4,99
15
16,8
2,59
23,69
4,56
0,14
0,29
0,42
0,10
+28
+44,75
-13,43
+19,25
-53,81
-3,33
-3,27
-3,09
-2,69
-2,60
0,3
59
19,14
112
9,98
0,29
56,75
18,3
108,65
9,01
0,01
0,04
0,22
0,09
0,10
-23,68
+32,28
+151,42
+48,02
+78,53
PLUS FORTES BAISSES
ST DUPONT ............................................
0,29
STALLERGENES ............................56,88
LE BELIER ............................................18,53
SARTORIUS STED BIO ...... 108,65
HAULOTTE GROUP ............................9,73
LES VALEURS
SARTORIUS STEDIM BIOTECH
SUBIT DES PRISES DE BÉNÉFICES
Le titre a reculé de 2,69 % hier, alors que les dirigeants se sont dits confiants sur les objectifs
2013. Le fournisseur d’équipements pour l’industrie
pharmaceutique affichait un chiffre d’affaires en hausse
de 5,7 % sur les neuf premiers mois. La marge opérationnelle est ressortie à 23%. Les investisseurs ont pris
leurs profits après les fortes hausses récentes.
TECHNIP REMPORTE UN IMPORTANT
CONTRAT AU QATAR
L’action Technip a gagné 1,6% hier, à 89,04 euros.
Le spécialiste français des services parapétroliers
a remporté auprès de Qatar Petroleum un contrat pour
l’ingénierie, l’installation et la mise en service d’un projet
offshore. Ces derniers mois, le groupe multiplie les
signatures de contrats prometteurs.
Jour
LINGOT DE 1KG ENV .....................................................
30810
NAPOLEON ..................................................... 188,9
PIECE 10 DOL USA .....................................................
562
PIECE 10 FLORINS .....................................................
189
PIECE 20 DOLLARS .....................................................
1000
PIECE 20F TUNISIE .....................................................
190
PIECE 5 DOL US (H) .....................................................
278
PIECE 50 PESOS MEX .....................................................
1174
PIECE FR 10 FR (H) .....................................................
107,9
PIECE SUISSE 20F .....................................................
189,8
PIECE LATINE 20F .....................................................
181
SOUVERAIN ..................................................... 240
KRUGERRAND .....................................................
1025
Veille
31010
188,2
511
184
1016
189
276
1166,5
97
189,6
190
247
1018
31/12
-24,36
-22,91
-20,71
-27,14
-30,2
-23,76
-26,27
-24,02
-22,81
-22,54
-26,18
-20,
-24,79
COTATION QUOTIDIENNE ASSUREE PAR CPOR DEVISES
www.cpordevises.com
Monnaie
AUSTRALIE ................................................................................
DOLLAR AUSTRALIEN
CANADA ................................................................................
DOLLAR CANADIEN
GDE BRETAGNE ................................................................................
LIVRE STERLING
HONG KONG ................................................................................
DOLLAR DE HONG KONG
JAPON ................................................................................
YEN
SUISSE ................................................................................
FRANC SUISSE
ETATS-UNIS ................................................................................
DOLLAR
TUNISIE ................................................................................
DINAR TUNISIEN
MAROC ................................................................................
DIHRAM
THAILANDE ................................................................................
BAHT
TURQUIE ................................................................................
NOUVELLE LIVRE TURQUE
MEXIQUE ................................................................................
PESO MEXICAIN
BRESIL ................................................................................
REAL
NORVEGE ................................................................................
COURONNE NORVEGIENNE
RUSSIE ................................................................................
ROUBLE
HONGRIE ................................................................................
FORINT
LITUANIE ................................................................................
LITAS
LETTONIE ................................................................................
LATS
POLOGNE ................................................................................
ZLOTY
REP. TCHEQUE ................................................................................
COURONNE TCHEQUE
ROUMANIE ................................................................................
LEU
CROATIE ................................................................................
KUNA
EGYPTE ................................................................................
LIVRE EGYPTIENNE
CHINE ................................................................................
YUAN
INDE ................................................................................
ROUPIE
INDONESIE ................................................................................
ROUPIAH
ALGERIE ................................................................................
DINAR ALGERIEN
SENEGAL ................................................................................
FRANC CFA
ILE MAURICE ................................................................................
ROUPIE MAURICIENNE
LA SÉANCE DU LUNDI 21 OCTOBRE 2013
CAC 40
4276,92
-0,21%
SBF 120
EUROSTOXX 50
3306,22
-0,12%
FOOTSIE
3028,65
-0,15%
X-DAX
NASDAQ
6654,20
+ 0,48%
3920,05
DOW JONES
8867,22
+ 0,15%
NIKKEI
15392,20
+ 0,02%
14693,57
-0,05%
+ 0,91%
EURO CONTRE
EONIA
ONCE D’OR
0,091 (0,093)
1317,50 (1316,50)
EURIBOR
0,223 (0,224)
DOLLAR
PÉTROLE (Lond.)
109,54 (110,06)
1,3684 (1,3667)
YEN
CHF
134,35 (134,17)
1,2334 (1,2352)
LIVRE
0,8469 (0,8465)
La Bourse de Paris démarre
la semaine en légère baisse
L’indice CAC 40 s’est replié de 0,21 % dans de faibles volumes.
ce contrat. STMicroelectronics a gagné
hier 2,78 %, à 6,51 euros. Les investisseurs anticipent de bonnes nouvelles
avant la publication des résultats trimestriels ce soir après la clôture de Wall
Street. Même chose pour Eurotunnel
(+ 2,78 %, à 7,29 euros) qui annonce ce
matin son chiffre d’affaires trimestriel.
Les valeurs financières ont subi des
prises de bénéfices après les fortes
hausses de ces derniers jours. AlcatelLucent a pris la tête des plus forts replis
du CAC 40 (- 2,02 %, à 2,66 euros). Les
prises de profits se poursuivent sur la
valeur après l’envolée de fin juin à fin
septembre. ■
décidé de profiter de la situation pour
procéder à des ventes de précaution.
ROLAND LASKINE @rlaskine
MARCHÉS Après avoir atteint un
plus haut de l’année à 4 286 points en
clôture, vendredi dernier, le CAC 40 a
démarré la semaine sur des prises de
bénéfices. Les valeurs françaises ont
ainsi terminé la séance en repli de
0,21 %, à 4 276,92 points, dans un volume faible de 2,4 milliards d’euros. La
Bourse de New York a clôturé sans
direction précise, avec un indice Dow
Jones à peu près étale (-0,05 %) et un
gain de 0,15 % du Nasdaq Composite.
Les investisseurs sont restés sur la
réserve. En Europe, les premières tendances sur les publications de résultats
se révèlent finalement favorables, avec
des profits dépassant en moyenne de
3,3 % les attentes, selon les données
Thomson Reuters. Aux États-Unis en
revanche, les publications trimestrielles sont plus mitigées. Le recul des
ventes de logements en septembre a
aussi jeté un froid.
Outre les résultats, les marchés sont
rassurés par la perspective d’un maintien prolongé du soutien de la Réserve
fédérale après les deux semaines de
crise budgétaire. Le shutdown n’ayant
eu aucun effet négatif sur la tendance
boursière, de nombreux opérateurs ont
Areva gagne plus de 11 %
Parmi les hausses, Areva s’est distingué
par un bond de 11,29 %, à 16,41 euros.
Le spécialiste français des infrastructures nucléaires bénéficie des retombées
du contrat de la construction de deux
réacteurs
nucléaires
EPR
en
Grande-Bretagne. EDF contrôlera de 45
à 50 % du capital du projet et Areva
10 %. Le reste sera confié à deux groupes chinois. Dans la foulée, Alstom gagne 3,72 %, à 27,48 euros, sans que le
groupe soit directement concerné par
La vente des cliniques psychiatriques
de Générale de Santé bien accueillie
de santé mentale de Générale de
Santé. Cette cession permettrait au
groupe de renforcer sa capacité
d’investissement au profit de son
cœur de métier, les établissements
de médecine, chirurgie et obstétrique
(MCO) et des soins de suite et de
réadaptation (SSR). L’action Générale
de Santé a bondi de 8,05 %
à cette annonce, à 14,09 euros.
G. B.
La réflexion stratégique engagée en
mai dernier par le leader français des
soins et services à la santé au sujet
de ses cliniques psychiatriques est en
passe de se concrétiser. L’australien
Ramsay Health Care (dont la filiale
Ramsay Santé exploite dix cliniques
en France à ce jour) a annoncé être
entré en négociations exclusives en
vue de la reprise de Medipsy, le pôle
Les hedge funds gèrent plus de 2 500 milliards
Les hedge funds n’ont jamais géré autant
d’argent. Leurs encours viennent de franchir la barre des 2500 milliards de dollars,
selon HFR (Hedge Fund Research). Ils ont
encore attiré 23 milliards de dollars de
souscriptions nettes au troisième trimestre. C’est leur meilleure collecte depuis le
deuxième trimestre 2011. Grâce à cet argent frais et à leurs bonnes performances
(ils ont gagné en moyenne 5,5% de janvier à septembre, et plus de 2% sur le
troisième trimestre), leurs actifs sous gestion ont grimpé de 94 milliards en trois
mois. La crise financière n’est plus qu’un
mauvais souvenir. Alors que près de
2500 d’entre eux ont fermé leurs portes
en 2008 et 2009, ils sont aujourd’hui de
nouveau plus de 10000 dans le monde.
Presque autant qu’avant la crise. Ils s’en
créent des dizaines chaque année. Les investisseurs institutionnels, les fonds de
pension notamment, continuent de leur
faire confiance.
Mais ce n’est pas le cas en France.
Dans l’Hexagone, un nombre croissant
de particuliers aisés ou d’investisseurs
institutionnels s’y étaient intéressés au
milieu des années 2000. Ils avaient alors
commencé à souscrire des fonds chargés
de sélectionner les meilleurs hedge
funds mondiaux et qui promettaient une
grande liquidité : le client pouvait en
principe récupérer vite ses capitaux,
Les capitaux gérés par les hedge funds dans le monde
MONTANT DES CAPITAUX INVESTIS
2508,9
en milliards de dollars
1868,4
2000
1500
1000
456,4
500
38,9
T1 T2 T3
0
1990 91 92 93 94 95 96 97 98 99 00 01 02 03 04 05 06 07 08 09 10 11 12
2013
Infographie
Source : Hedge Fund Research
avec des rendements modestes, dans un
environnement de faible croissance, et si
la volatilité s’accroît sur les marchés obligataires face à une lente remontée des
taux. Certaines sociétés de gestion remettent donc leurs offres au goût du jour.
Chez La Française AM, par exemple, qui
vient de signer un partenariat avec Morgan Stanley pour élargir son offre de
hedge funds, les frais de gestion ont été
drastiquement réduits. Et les nouveaux
fonds respectent la même réglementation
européenne que les sicav classiques. Ce
qui rassure les souscripteurs. ■
ANNE BODESCOT
alors que les hedge funds, eux, demandent des délais. La crise a montré les limites de cette promesse. Déçus, les investisseurs français ont en grande
majorité déserté ce type de gestion.
Une nouvelle offre
« Mais aujourd’hui, le mouvement peut
s’inverser », estime Xavier Lépine, président de la Française AM. « Quand les
marchés d’actions remontaient fortement,
comme ces dernières années, la gestion alternative était moins attrayante », remarque-t-il. Elle pourrait séduire davantage
si les marchés d’actions se normalisent
LE CONSEIL DE
Roland Laskine
[email protected]
GENERAL ELECTRIC :
UN BON PLACEMENT
DE LONG TERME
General Electric est une
des dernières valeurs
américaines encore
cotées à la Bourse de
Paris. Après avoir connu
un certain passage à vide,
la dynamique de
croissance se remet en
place. Le géant américain
des infrastructures vient
d’annoncer des résultats
trimestriels satisfaisants,
avec un bénéfice net
par action de 36 cents,
légèrement supérieur aux
attentes des analystes.
Les revenus globaux sont
en repli de 1% en raison de
la réduction du périmètre
du pôle financier du
groupe, mais les activités
industrielles sont
en croissance de 2%.
Le point le plus important
est la hausse de 19% des
prises de commandes,
qui porte le carnet
de commandes à
229 milliards de dollars.
L’activité reste soutenue
dans l’aéronautique et le
pétrole. Dans le secteur
industriel, les marges
s’améliorent grâce à un
programme volontaire
de réduction des coûts. Le
titre se paie un peu plus
de 14 fois les bénéfices
attendus pour 2014, ce
qui est raisonnable. Le
rendement attendu pour
cette année ressort
à un peu plus de 3%,
en sachant que le groupe
pourrait rendre
18 milliards de dollars aux
actionnaires en 2013 sous
forme de dividendes et de
rachats d’actions. Un bon
placement pour le moyen
terme, mais le titre n’est
pas éligible au PEA.
suivez
les portefeuilles
du Figaro sur
lefigaro.fr/bourse
1 euro =
1,4139
1,4069
0,8465
10,5959
134,17
1,2352
1,3667
22388,74
11,2192
42,5
2,7021
17,5843
2,9736
8,092
43,622
293,72
3,4521
0,7028
4,1824
25,803
4,4423
7,614
9,4111
8,3309
84,14
14864,23
111,4121
659,9147
41,5264
AUD
CAD
GBP
HKD
JPY
CHF
USD
TND
MAD
THB
TRY
MXN
BRL
NOK
RUB
HUF
LTL
LVL
PLN
CZK
RON
HRK
EGP
CNY
INR
IDR
DZD
XOF
MUR
SICAV ET FCP
VALEURS LIQUIDATIVES EN EUROS
(OU EN DEVISES), HORS FRAIS
VALEUR DATE DE
LIQUID. VALORISAT.
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75008 Paris
Tél. : 01 55 27 94 94
www.palatine.fr
SICAV
UNI HOCHE C ................................................... 209,82
17/10/13
À LIRE DANS
LBPAM TRÉSORERIE P ..................................3243,22 20/10/13
EDR EUROPE SYNERGY (A) ..................................
129,98
LBPAM ACTIONS INDICE EURO R ..................................
80,61 17/10/13
TONI ACTIONS 100 R ..................................
87,07
17/10/13
EDR TRICOLORE RENDEMENT (C) ..................................
281,55 18/10/13
LBPAM ACTIONS INDICE FRANCE R ..................................
34,38 17/10/13
VIVACCIO ACTIONS ..................................
99,25
17/10/13
OBLIGATIONS CONVERTIBLES
LBPAM ACTIONS FRANCE C ..................................
115,90
17/10/13
LBPAM ACTIONS MONDE C ..................................
233,04
17/10/13
LBPAM OBLI MOYEN TERME C ..................................
285,20
17/10/13
LBPAM OBLI REVENUS ..................................796,68
17/10/13
LBPAM PROFIL 50 D .................................. 224,66
17/10/13
LBPAM RESPONSABLE ACTIONS EURO
11733,04
I ..................................
17/10/13
FCP
LBPAM ACTIONS EUROPE D ..................................
67,25
SICAV
LBPAM ACTIONS 80 D .................................. 85,84
17/10/13
17/10/13
LBPAM EONIA 3-6MOIS ..................................
10290,29 20/10/13
EDR EUROPE CONVERTIBLES (A) ..................................
548,31 17/10/13
EDR GLOBAL CONVERTIBLES (A) ..................................
133,86 17/10/13
www.edram.fr
ALLOCATION D'ACTIFS
EDR CROISSANCE GLOBALE (A) ..................................
115,12 30/09/13
ACTIONS
EDR ASIA (C) ...................................................
187,12 20/09/12
EDR COMMOSPHERE (A) ..................................122,76
17/10/13
EDR EUROPE VALUE & YIELD (C) ..................................
99,34 17/10/13
EDR EUROPE FLEXIBLE (A) ..................................
130,16
17/10/13
EDR GOLDSPHERE (A) .................................. 69,90
17/10/13
EDR CHINE (A) ................................................... 193,04
17/10/13
EDR MONDE FLEXIBLE (A) ..................................
234,54
17/10/13
EDR PATRIMOINE GLOBAL (A) ..................................
191,31
17/10/13
THIRIET GESTION
37 av. des Champs-Elysées
75008 Paris
Tel. : 01 56 43 62 50
LBPAM ACTIONS AMÉRIQUE C ..................................
27,73 17/10/13
LBPAM OBLI CRÉDIT .................................. 192,38
41,09
17/10/13
LBPAM ACTIONS DIVERSIFIÉ R ..................................
43,07 17/10/13
LBPAM RESP. TRESO I ..................................10227,71 20/10/13
EDR GLOBAL HEALTHCARE (A) ..................................
592,86 17/10/13
BELLATRIX C ................................................... 263,41
17/10/13
LBPAM ACTIONS EURO R ..................................28,09
LBPAM TRÉSORERIE I ..................................10933,49 20/10/13
EDR US VALUE & YIELD (C) ..................................
148,81
VICTOIRE SIRIUS ...................................................42,74
17/10/13
17/10/13
17/10/13
18/10/13
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BETELGEUSE ...................................................
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EXCLUSIVES
M&A : la poussée de
juillet peine à se confirmer
Le Royaume-Uni
assouplit
sa réglementation bancaire
Morgan Stanley
rémunère mieux
ses salariés mais pas
au détriment des profits
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Jour
mardi 22 octobre 2013
mardi 22 octobre 2013 LE FIGARO
24
MÉDIAS
Nouvelle crise au sein
de France 2
F. BOUCHON/LE FIGARO, CADRAGE VERTICAL/SCHOUSBOE CHARLOTTE/FTV, PORTRAIT/RUSSEIL CHRISTOPHE/FTV
LES AUDIENCES
Thierry Thuillier, l’actuel directeur général délégué
à l’information du groupe France Télévisions,
remplace Philippe Vilamitjana au poste
de directeur des programmes de France 2.
CAROLINE SALLÉ @CielmaTV
Sa mission :
la redéfinition
des
programmes
des après-midi
et de
l’avant-soirée
de France 2
DIRECTION
DE FRANCE TÉLÉVISIONS
AUDIOVISUEL Nouvel avis de
tempête à France Télévisions. Affaibli par des audiences en berne de
France 2, le groupe audiovisuel public s’est résolu lundi à couper une
nouvelle tête. Comme l’a révélé
lundi Libération, après Claude-Yves
Robin, Bertrand Mosca et Jean Réveillon, c’est désormais au tour de
Philippe Vilamitjana de céder son
fauteuil de directeur des programmes de France 2. En trois ans, c’est
le quatrième dirigeant de France 2 à
avoir été rayé de la liste par Rémy
Pflimlin, le PDG du groupe audiovisuel public. Au cours de la semaine
dernière, la rumeur autour de ce limogeage s’était faite plus insistante. Dans les couloirs de France Télévisions, on pariait davantage sur
Thierry Langlois. Le directeur des
programmes de France 3 aurait été
approché par la direction du groupe, mais aurait décliné l’offre, faute
de pouvoir s’entourer de sa garde
rapprochée.
En définitive, c’est ce week-end
que le fusible Philippe Vilamitjana a
fini par sauter. En cause ? Le naufrage de l’émission de Sophia Aram,
« Jusqu’ici tout va bien », programmée chaque jour vers 18 h 15.
Lundi, Rémy Pflimlin a donc appelé
à la rescousse Thierry Thuillier,
l’actuel directeur de l’information
du groupe. Thierry Thuillier n’hérite pas du poste, mais se voit confier
une mission. Sa feuille de route ?
« La redéfinition des programmes
des après-midi et de l’avant-soirée
de France 2 et, plus généralement, la
réaffirmation du statut généraliste
de référence de la première chaîne du
service public », a annoncé France
Télévisions dans un communiqué.
En clair, le dirigeant de 49 ans se
voit surtout confier la lourde tâche
de remettre à flot la tranche horaire
18 heures-20 heures, qui a sombré
dans les abîmes de l’Audimat. Or
cette tranche est stratégique car,
depuis la suppression de la publicité
après 20 heures, l’avant-soirée
concentre 34 % des recettes publicitaires de France 2.
Double casquette
Pour y parvenir, « Thierry Thuillier
aura autorité sur l’ensemble des
équipes de l’antenne et des programmes de la chaîne », sous l’autorité de
Bruno Patino, le directeur des programmes de France Télévisions.
Thierry Thuillier conservera par
ailleurs son poste actuel de directeur de l’information. Ce qui n’est
pas sans poser quelques questions.
En interne, on s’interroge en tout
cas sur cette double casquette.
« Cumuler les deux fonctions ? De
deux choses l’une : ou alors on
considère que directeur des programmes et directeur de l’information sont deux jobs à mi-temps, ou
alors on estime que ce sont deux
vrais postes. Et dans ce cas, il manque une personne », explique Dominique Pradalié, déléguée syndicale SNJ à France Télévisions.
Du coup, Thierry Thuillier a
nommé lundi un numéro 1 bis de
l’information, Yannick Letranchant, afin de le seconder. Le nou-
Thierry Thuillier, directeur de l’information du groupe, se voit confier
la mission de remettre à flot la tranche horaire 18-20 heures de France 2.
veau patron des programmes de
France 2, un pro de l’information et
des magazines, était déjà consulté
dans la mise en place des nouveaux
programmes de l’avant-soirée. Il est
directement intéressé au succès
d’audience car cette tranche horaire
sert de tremplin pour le JT de
20 heures de France 2. « C’est une
drôle d’idée tout de même de lui
confier cette responsabilité. On ne
s’improvise pas expert en grille de
programme », estime un salarié du
groupe.
Thierry Thuillier est un des piliers de France Télévisions. Passé
par TF1 et France 2, il a dirigé la rédaction d’i-Télé de 2008 à 2010
avant de revenir au sein de l’audiovisuel public. En 2013, il est devenu
directeur général délégué à l’information du groupe, avec comme
première mission de lancer le rapprochement des rédactions du
groupe France Télévisions.
Au sein du groupe audiovisuel
public, ces remaniements inquiètent. D’autant que la direction
vient aussi d’annoncer la nomination de Tiphaine de Raguenel à la
tête des programmes de France 4
et celle de Boris Razon, en tant que
directeur éditorial de France 4. Au
SNJ, on ironise : « Rémy Pflimlin
répète sans cesse que France Télévisions a besoin de stabilité... » ■
LES DOSSIERS CHAUDS DU NOUVEAU DIRECTEUR DES PROGRAMMES
Changer l’access
de France 2
Remonter les scores
du JT de 20 heures
Assurer les recettes
publicitaires
C’était la grande ambition de la rentrée. Réussir enfin
à installer une avant-soirée gagnante sur France 2.
Résultat, une chute d’audience généralisée. « Dans la
peau d’un chef » avec Christophe Michalak a du mal à
décoller même si l’on constate un léger mieux. Mais le
gros point noir est l’émission « Jusqu’ici tout va bien »
de Sophia Aram (notre photo) qui peine à dépasser les
3 % d’audience. L’émission a sombré. Il y a quelques
semaines pourtant, Rémy Pflimlin avait défendu
ce programme. Depuis, le rédacteur en chef
a été remplacé, de même que les chroniqueurs.
Xavier Couture, ancien de TF1 et de Canal +,
a été appelé en renfort. L’émission n’est plus
tournée en direct et la durée de ce talk-show
a été raccourcie. Résultat ? Aucun changement.
« Même les équipes de “Jusqu’ici tout va bien”
sont prêtes à arrêter », confie un connaisseur
du dossier à France 2. Charge donc à Thierry
Thuillier de le débrancher. Enfin, la série
humoristique « Y’a pas d’âge », censée
booster les audiences avant le JT de
20 heures, a raté son coup. Elle devrait
s’arrêter pour laisser la place
à une nouvelle pastille d’humour.
Le journal télévisé de France 2 continue de perdre du
terrain face à son rival sur TF1. Au mois de septembre,
le « 20 heures » présenté par David Pujadas (notre
photo) a encore perdu 100 000 téléspectateurs, alors
que dans le même temps TF1 en gagnait autant.
Conséquence : la chaîne publique enregistre un déficit
de 2 millions de téléspectateurs depuis le début de
l’année. De quoi alarmer la société des journalistes
qui s’était inquiétée il y a quelques semaines de
ces faibles audiences, pointant du doigt une
avant-soirée trop faible. « Chaque émission
est la locomotive de celle qui suit, nous
préférons un TGV à une micheline », avait
indiqué Dominique Verdeilhan, le
président de la SDJ. Thierry Thuillier
va donc devoir réparer la rampe
de lancement pour le JT. Une
mission d’autant plus délicate
qu’il faut en outre faire
face à la concurrence
de programmes de
divertissement sur d’autres
chaînes, à l’exemple de D8
et de Canal +, qui grappillent
chaque jour des téléspectateurs.
Si elle est cruciale pour l’audience, la tranche
de l’avant-soirée sur France 2 l’est aussi en termes
de recettes publicitaires. C’est entre 18 heures et
20 heures que se concentrent en effet 34% des recettes
publicitaires de la chaîne. Interdite de réclame après
20 heures, France Télévisions est en outre obligée de
faire le plein avant. Problème : faute de téléspectateurs
fa
suffisamment nombreux durant l’access prime
time, les annonceurs ont fini par déserter.
Conséquence : le groupe audiovisuel public a déjà
été contraint de brader ses écrans de publicité à 50% avant et après le programme de Sophia Aram,
afin de les retenir. La chaîne ne pourra pas
appliquer longtemps de telles ristournes.
Il y a urgence à redresser la barre,
dans la mesure où la période
comprise entre octobre et fin
décembre est celle durant laquelle
les chaînes font le plein de
publicités. Soumis à des coupes
p
budgétaires importantes,
France Télévisions a
cruellement besoin
de ces revenus qui font
aujourd’hui défaut.
Dimanche 20 octobre
en millions de téléspectateurs
(source Médiamétrie)
7,9 millions
Film Shrek 4
Part d’audience : 28,7 %
4 millions
Film Le Cœur des hommes
Part d’audience : 14,6 %
3,2 millions
Série Les Enquêtes de Murdoch
Part d’audience : 11,6 %
2,9 millions
Magazine « Capital »
Part d’audience : 11,4 %
EN BREF
« Ouest-France » : plan
de départs de 137 salariés
Au cours d’un comité
d’entreprise qui s’est tenu lundi,
la direction du quotidien
régional Ouest-France a
présenté aux syndicats
un pré-projet de restructuration
prévoyant le départ de 137
salariés au maximum sur un total
de 1 500 environ,
principalement à la direction
industrielle et dans les services
généraux. Les journalistes ne
sont pas concernés par ce plan.
La procédure officielle
de consultation des salariés
sera lancée le 14 novembre.
Bayard rachète le site
familiscope.fr
Le groupe de presse Bayard
(La Croix, Notre Temps, presse
jeunesse) a racheté le site
Internet familiscope.fr (250 000
visiteurs uniques par mois) pour
en faire le « site de référence
des loisirs en famille ».
Bugs en série
chez Facebook
Le réseau social s’est excusé
lundi soir après une série de bugs
qui ont perturbé la navigation
sur son site pendant plusieurs
heures. Les utilisateurs
ne pouvaient plus publier
ni commenter les statuts
ou les photos de leurs amis.
Selon Facebook, ce problème
était dû à des « travaux
de maintenance du réseau ».
Yahoo! recrute
au « New York Times »
David Pogue, journaliste
emblématique du New York
Times, a annoncé son départ
pour Yahoo!. Il doit participer
au lancement d’un site sur
l’électronique grand public
qui sera hébergé par le géant
américain.
La grève chez Lagardère Active menace la sortie de magazines
Après l’annonce de la vente de dix magazines et d’un plan de réorganisation, les salariés se mobilisent.
Nous
sommes
ALEXANDRE DEBOUTÉ axel_deb
ouverts
à une
négociation
collective
portant sur
la durée
du plan
de départs
LAGARDÈRE ACTIVE
PRESSE La tension ne redescend pas au sein de la branche
presse de Lagardère Active. La
grève, décidée jeudi dernier après
l’annonce de la cession de dix
magazines (Psychologies Magazine, Première, Be…) et la réorganisation du groupe assortie d’un
plan de sauvegarde de l’emploi, a
été reconduite à une très large
majorité pour la journée de mardi, menaçant la sortie de certains
titres dont Paris Match, Elle,
France Dimanche ou Télé 7 Jours.
« Tout va dépendre de la mobilisation des salariés, mais les risques
de retard voire de non-parution
sont de plus en plus grands, estime
une source syndicale. Il suffit
qu’une partie des salariés soit en
grève pour bloquer l’impression
des titres en empêchant le transfert
des fichiers numériques de la fabrication vers les imprimeries. »
La direction a commencé à calmer le jeu vendredi dernier. Denis Olivennes, le président du directoire de Lagardère Active, a
rencontré les syndicats et leur a
assuré que la restructuration du
groupe passerait par la mise en
place d’un plan de départs volontaires dans chaque titre, sachant
que les montants et le nombre de
postes concernés restaient à négocier. « Le rétrécissement du périmètre d’activité du groupe n’est
pas négociable, mais nous sommes
ouverts à une négociation collective portant sur la durée du plan de
départs ou ses conditions », indique un porte-parole de Lagardère
Active.
Entamer des discussions
Un geste de la direction qui n’a
pas totalement rassuré les salariés. Réunis lundi devant le siège
du groupe à Paris, plusieurs
centaines d’entre eux (500 à
600 selon les syndicats) ont manifesté contre le projet de cessions, auquel s’ajoute un nombre encore indéfini de départs
volontaires au sein de plusieurs
rédactions de titres n’ayant pas
vocation à être cédés, dont Paris
Match ou Elle. Des délégations
d’autres groupes de presse magazine, notamment Prisma Media (Capital, Femme actuelle…),
Marie Claire ou Mondadori (Auto
Moto, Télé Poche, Grazia…), également touchés par des remous
sociaux, sont venus manifester
leur solidarité avec les salariés
de Lagardère.
Dans sa globalité, le plan de
restructuration
du
groupe
concerne 350 postes selon la direction, mais l’emploi serait menacé pour 570 salariés et pigistes,
selon les syndicats.
La direction, qui veut que sa
démarche soit « exemplaire » et
assure ne vouloir « laisser personne au bord du chemin », doit entamer avec les partenaires sociaux
un cycle de discussions en vue de
trouver un « accord de méthodes », cadre préalable à une négociation qui s’annonce difficile. ■
mardi 22 octobre 2013 LE FIGARO - N° 21 528 - Cahier N° 3 - Ne peut être vendu séparément - www.lefigaro.fr
PARFUMS
DANDY, ATHLÈTE
OU REBELLE…
À CHAQUE HOMME,
SON ESSENCE PAGE 28
Azzaro
PEUGEOT DÉVELOPPE
UNE CITADINE QUI
NE CONSOMMERA QUE
2 LITRES AUX CENT PAGE 29
Memory 2
(2000),
de Yue Minjun,
vu au
printemps
dernier
à la Fondation
Cartier.
.) "% #' $- .$& #' "$ $%! % %&$% && -&! #' !'($ ' ' "' (! & "! $ $% % ' &!'$! -$ & PAGES 26 ET 27
Nicolas d’Estienne d’Orves
CHOCOLAT
CHAUD
RÉUNION DU CLUB CRIOLLO.
A
u pays du bon vivre, on ne
plaisante pas avec l’hédonisme. Lorsqu’une Parisienne et
un Romain (Bénédicte de
Chambure et Domenico Biscardi) décident de fonder un club franco-italien
d’amateurs de chocolat, ces jansénistes
du cacao ne vont pas nous barbouiller
un symposium vaseux dans quelque
pizzeria de Vintimille. Non point. Aux
grandes causes chocolatières il faut du
faste, de la pompe ! Dont acte : c’est le
gigantesque salon Hercule du palais
Farnèse, à Rome, qui a été le théâtre
(que dis-je : l’opéra) du premier acte du
Club Criollo. Cent dix chocolatologues
triés sur le volet se sont retrouvés,
gourmands comme des conspirateurs,
le 18 octobre dernier, sous les ors de
l’ambassade de France. Il fallait voir
cette confrérie traverser le Campo de’
Fiori, à l’heure du loup, pour entrer
dans le palais du baron Scarpia. Dominés par la colossale (et très étrangement
proportionnée) statue d’Hercule, les
convives se mettent en place, dans un
silence recueilli. Tables blanches, sièges
rouges, voix feutrées. On accueille les
phares de leur discipline, non sans une
componction épiscopale.
À la table française, Jean-Paul Hévin et
Pierre Hermé galèjent tels des camarades de régiment et prévoient leurs
gueuletons du lendemain. Mais
«chut !», la dégustation commence.
Lors, les assiettes de passer, l’une après
l’autre. Le béotien se jette bien entendu
sur les premiers chocolats, vite écœuré,
tandis que les spécialistes coupent chaque palet en quatre, scrutent, dissèquent, hument. Comme le goûteur de
vin ou de whisky recrache pour éviter
l’ivresse, nul ne finit son assiette. Et elles défilent, défilent, défilent, trois
heures durant. Chocolat au yuzu d’Hévin, puissant Ampa d’Hermé : on est
dans l’orfèvrerie. Côté italien, on est
enivré par le chocolat Cuba de l’enseigne Quetzalcoatl (du Franco-Italien
Jacques-Olivier Petrillo) : un chocolat
parfumé… au cigare. Reste le prodigieux Panettone d’Iginio Massari. Pour
le décrire, nos clubistes n’ont qu’un
mot à la bouche : sensualité. Et c’est
vrai : cette pâtisserie onctueuse, presque moite, excite comme une nymphe
nubile aux portes du plaisir. À Rome, le
chocolat est classé X.
VENTE $& "$ $! !' ! &'$ ' $!)' ' "$ . %& %$ #'%
"$ ' !&! '$ $ ,% ) % %$ ( ' * % & !($ "$! + ! & '
VALÉRIE SASPORTAS
[email protected]
L’objet est somptueux, avec sa monture en or fin de 24 carats et acier, sa poignée à deux plaquettes d’ivoire marin,
sa lame longue de 78,9 centimètres.
Un sabre « témoignage » de la création de l’Arabie saoudite en 1932 sera
mis aux enchères chez Osenat à Fontainebleau le 17 novembre prochain. Et
l’arme attise bien des curiosités.
À Paris, l’ambassade d’Arabie saoudite a aussi reçu de nombreux coups de
téléphone mais ne s’étend pas sur le
sujet. Cinq mois après l’annulation in
extremis de la vente d’un Coran sauvé
des flammes lors de la campagne
d’Égypte par Napoléon, Jean-Pierre
Osenat s’aventure ainsi à nouveau au
Moyen-Orient. « Mais le sabre n’a pas
le même caractère sacré que le Coran. Il
ne devrait pas y avoir cette fois de problème », espère le commissaire-
priseur. L’histoire de cette arme est
extraordinaire. Il fut offert par le roi
Abdul Aziz Bin Abdul Rahman alSaoud, fondateur de l’Arabie saoudite,
au prince Ahmad Shah Khan, ministre
de la cour d’Afghanistan, le 5 mai 1932,
lors de la signature du traité d’amitié
entre le royaume d’Afghanistan et
ceux de Nadjd et du Hedjaz, dont la
réunion donnerait naissance à l’Arabie
saoudite, quatre mois plus tard.
Un cadeau personnel
« Il est très intéressant de voir que
l’Afghanistan signa huit traités d’amitié
en 1932, dont avec la France et avec
l’Italie, alors que le royaume avait déjà
un traité d’assistance militaire avec la
Russie. Ce n’est pas pour rien qu’alSaoud était surnommé le “renard du désert” », note le propriétaire actuel du
sabre, un collectionneur français résidant sur la Côte d’Azur.
Tout en souhaitant garder l’anony-
Le sabre est estimé entre 800 000 et 1,2 million d’euros.
mat, cet homme d’un « certain âge »,
qui a voyagé longtemps au MoyenOrient, en Arabie saoudite, Égypte,
Afghanistan pour ses affaires, raconte
l’histoire de ce sabre au Figaro. C’est
en France, raconte-t-il, qu’il l’a acheté, voilà 34 ans, au fils du prince
afghan. « Il vivait en exil chez nous. Je
l’ai rencontré grâce à un expert qui faisait autorité en matière d’armes blan-
ches de la région, Jean-Michel Gueneau,
récemment disparu. » Le fils du prince
remit tous les papiers sur le cimeterre.
Ces papiers valent de l’or. Non seulement le sabre dans le royaume est tout
un symbole (sur le drapeau vert saoudien, un sabre blanc symbolise les victoires militaires de l’Islam), mais « en
offrir un est un gage d’amitié indéfectible, de confiance, de loyauté, de protec-
tion mutuelle », explique le collectionneur. Comment l’héritier a-t-il pu
vendre un présent officiel ? « C’était
un cadeau personnel comme le sabre
donné par Bonaparte à son frère », affirme notre homme. Si la comparaison
vaut pour les enchères, l’arme saoudienne devrait atteindre des sommets : le sabre de Napoléon atteignit
4,8 millions d’euros aux enchères en
2007 chez Osenat. S’agissant de celui
de notre collectionneur, en 2004,
Jean-Michel Gueneau l’expertisa
2,5 millions d’euros, pour un prince
saoudien qui souhaitait l’acquérir.
« Mais je n’étais pas prêt. J’ai décliné
l’offre », poursuit son propriétaire. Et
même si celui-ci n’admirait plus cet
objet, « au coffre depuis 25 ans ». Ses
proches l’ont convaincu cette fois de le
céder. L’expert de la vente, JeanClaude Dey, l’a estimé entre 800 000 et
1,2 million d’euros pour « laisser monter les enchères ». ■
COLLECTION DE L’ARTISTE PÉKIN/FONDATION CARTIER, PHIL POYNTER, BURY MICHEL OSENAT
ÇA C’EST...
ROME !
AUTOMOBILE
mardi 22 octobre 2013 LE FIGARO
L’ÉVÉNEMENT
26
L
’
VALÉRIE DUPONCHELLE
et BÉATRICE DE ROCHEBOUËT
[email protected]
[email protected]
art n’est pas chose inoffensive. À la veille de l’ouverture de la 40e Fiac,
jeudi au Grand Palais, le public peut s’attendre à des émotions fortes. Le phénomène dépasse le strict cadre du marché de
l’art et le business espéré par les 180 galeries internationales réunies jusqu’à dimanche soir sous la grande nef. L’art
contemporain est un tel phénomène en soi
qu’il met en ébullition toute la ville. C’est
une formule à succès qui rend fous les
amateurs, les vieux pros comme les jeunes
loups, et tous les rois de l’Ego. Parallèlement à la foire, le « parcours privé » réservé aux VIP a gonflé comme un bottin
mondain. « À tel point qu’il faudrait prendre un vélo, un train, un avion, voire des avions pour tout boucler en une semaine »,
s’amuse le jeune collectionneur bruxellois
Ronald Rozenbaum qui vient pourtant
d’un pays voyageur !
De Londres à Berlin, de Lyon à Paris, la
folie est de rigueur. Il en faut une surdose
pour doper ces événements énormes qui
dépassent le petit monde si cultivé des collectionneurs de jadis. Au Grand Palais,
l’échelle est donnée avec l’Iron Tree (7 m de
haut) de la star chinoise de la dissidence, Ai
Weiwei, 81 jours de cachot, 101 975 tweets
et 226 732 abonnés. Hors les murs, avec la
sculpture in situ dans les Tuileries, de l’architecte Didier Faustino à feu James Lee
Byars, metteur en scène baroque de sa propre vie. Au Muséum d’histoire naturelle, au
milieu des espèces taxidermisées, de Mark
Dion, l’explorateur de vestiges, à Claire
Morgan, la naturaliste de la sculpture.
Même les musées sont emportés au-delà du réel et de la raison. L’artiste français
du film Zidane, portrait du XXIe siècle, Philippe Parreno, a pris possession de tout le
Palais de Tokyo. Pierre Huyghe a récapitulé 20 ans de « pratique » ésotérique
dans sa rétrospective allumée au Centre
Pompidou. Le plus cher des artistes
chinois, Zeng Fanzhi, soutenu avec des
moyens sans limites par François Pinault,
a importé sa folie des grandeurs au Musée
d’art moderne de la Ville de Paris. Ses derniers tableaux sont si grands que Fabrice
Hergott, directeur du musée, a inversé
l’ordre d’accrochage d’une rétrospective : on commence par la fin !
& &
CULTURE
180
galeries
de 25 pays
pour la 40e Fiac
En privé, les mœurs ne sont pas plus sages. À La Maison rouge d’Antoine de Galbert, à la Bastille, le néophyte est projeté
dans l’univers caverneux du collectionneur tasmanien, David Walsh. Chez Larry
Gagosian, rue de Ponthieu, le Wasp John
Currin met sa virtuosité et son érudition
dans ses tableaux déconcertants par leur
second plan porno. La Conciergerie n’a
pas eu une atmosphère aussi lourde depuis Marie-Antoinette : Caroline Bourgeois a œuvré en commissaire et en psy
pour livrer le plus noir de la collection Pinault dans un « A Triple Tour ». Cette vision macabre devrait plaire à David Lynch
qui a transformé le club Silencio en catacombes de la nuit arty.
Aux antipodes, certains collectionneurs
cultivent la folie en douce dans leur cerveau. Du Lyonnais Jean Chatelus, historien du XVIIIe aux goûts ultraradicaux, au
Parisien Philippe Cohen, dentiste qui parle d’art conceptuel à ses patients artistes.
Ses drôles de contemporains. ■
Rétrospective de Pierre Huyghe
au Centre Pompidou.
I
AI WEIWEI, ARTISTE CHINOIS,
AU JOURNAL
SÜDDEUTSCHE ZEITUNG
Son Iron Tree de sept mètres
de haut trône
au cœur de la FIAC grâce
à la galerie Neugerriemschneider
de Berlin
JC MARMARA/LE FIGARO ; LUCIEN LUNG ;
SYLVAIN LEFEVRE/RESERVOIRPHOT ;
MARIA MARSHALL; STEVE COHEN;
RYAN TRECARTIN, LIZZIE FITCH ;
SVEN PAUSTIAN/FOCUS/COSMOS
David Walsh,
le diable de Tasmanie
Elmgreen & Dragset,
les extravagants
Pierre Huyghe,
sur la planète Mars
Si vous n’aimez pas les sarcophages
et les crânes, les corps en folie et les
fantômes, passez votre chemin.
La Maison rouge accueille le monde
très spécial de David Walsh,
collectionneur de Tasmanie qui a puisé
fortune et inspiration dans le jeu (un
pur « gambler », dirait Rhett Butler).
En 2010, il achetait en viager la vie
vidéo de Christian Boltanski !
Le monde de l’art, affamé, cherchait à
mettre un visage sur ce collectionneur
aux idées saugrenues et macabres,
à la force de frappe immédiate, à
l’amour sans complexe pour l’art, pour
peu « qu’il parle de mort et de sexe,
d’Egon Schiele à Paul McCarthy,
de Kandinsky à Erwin Wurm».
On l’attendait vendredi à Paris.
Coup du sort, il est resté invisible.
Michael Elmgreen est né à Copenhague,
Ingar Dragset à Trondheim,
en Norvège. Ce duo d’artistes vit et
travaille entre Londres et Berlin.
As de l’humour noir, ils ont frappé fort
à la Biennale de Venise 2009 en noyant
un (faux) collectionneur dans une piscine
devant les pavillons nordiques dont ils
étaient les curators déchaînés
(The Collectors). En 2011, ils l’ont mis
à la morgue dans The Afterlife of the
Mysterious Mr. B., Galerie Perrotin
(jusqu’au 2 janvier au Victoria &Albert
Museum). À Londres, ils recréent le
décor funèbre de sa vie comme un film
en cours (Tomorrow). On entre dans son
appartement aristocratique miné de
fausses pistes. Le petit Lord est gay,
esthète, seul, maniaque, viscontien.
On sort du plateau et le musée raconte
V. D.
presque la même histoire !
Petit Tanagra raffiné, sérieux comme
un philosophe et souriant comme un
prêcheur, Pierre Huyghe reste
le mystère de l’art français par
excellence. Sa rétrospective au Centre
Pompidou où se promène un vrai
lévrier égyptien à la patte avant droite
teinte en rose fait littéralement un
malheur (record en vue dans l’Espace
315). Et horripile les amateurs de
peinture, ces classiques. Les visiteurs
du samedi - pas seulement des bobos sont subjugués par ce processus
interactif qui transforme l’art en
phénomène. Réminiscences d’un
voyage vers le pôle, musique de Satie
qui fait danser la lumière et les couleurs,
performances life d’un jeune homme
à tête d’oiseau (notre photo), vraies
abeilles et jets de brouillard. Il y a
V. D.
de quoi perdre le Nord.
V. D.
Steven Cohen,
l’art de l’exhibition
Maria Marshall,
au bout de l’extrême
Sun Yuan & Peng Yu,
l’art au vitriol
Trecartin & Fitch,
l’esprit punk
Question de latitude ? Depuis Priscilla
folle du désert, film australien de
Stephan Elliott en 1994, on n’avait pas
vu pareil exhibitionnisme transgenre à
froufrous. Né en 1962 à Johannesburg,
Steven Cohen aurait pu rester l’atout
«drag art» de My Joburg, exposition
sur l’Afrique du Sud à la Maison rouge
(jusqu’au 22 septembre). Sa vidéo
le montre maquillé, cul nu et tutu en
forme de lustre éclairé devant les
townships violemment homophobes.
Message politique à risques.
Le 11 septembre, le performer a été
arrêté à Paris pour exhibition sexuelle
et placé en garde à vue après avoir
dansé le sexe enrubanné relié
à un coq sur le parvis du Trocadéro.
L’artiste Sophie Calle mène
sa campagne de défense.
Cela commence par un sourire d’enfant.
Puis une grimace d’enfant qui tire
la langue. L’image est d’une beauté
dérangeante. Le crâne rasé de l’enfant
est coupé à mi-front par le plan de la
vidéo. La caméra recule doucement et
montre la camisole de force, l’enfant qui
se balance dans sa cellule capitonnée.
Terrifiant. La vidéo a donc été mise un
peu à l’écart dans l’exposition « À Triple
Tour » à la Conciergerie. Encore plus
terrifiant lorsque l’on sait que l’enfant
est celui, tout à fait normal, de l’artiste.
Née à Bombay en 1966, Maria Marshall
a étudié la sculpture à Londres
et à Genève. L’artiste, explique la
commissaire Caroline Bourgeois, puise
dans l’innocence, les peurs et les
expériences des enfants, son art de la
provocation à la limite du supportable.
V. D.
V. D.
Tirs à vue ? Sun Yuan, né en 1972 à Pékin,
et Peng Yu, né en 1974 à Heilongjiang,
travaillent en duo flingueur à Pékin
depuis la fin des années 1990. Ces
artistes conceptuels ont l’art de passer
l’actualité et la vie au vitriol.
Leur Old Persons Home fait tourner
les puissants d’hier comme de vieux
zombies dans d’erratiques fauteuils
roulants (à revoir dans à Triple Tour
à la Conciergerie). Les nouveaux riches
chinois en prennent un coup dans l’aile
et reçoivent une météorite sur la tête,
métaphore grinçante de leur vanité
(galerie Perrotin, Paris). De Chine,
souffle un vent de gigantisme. De Zeng
Fanzhi, dont les derniers tableaux sont
énormes au Musée d’art moderne de la
ville de Paris, à ce tandem qui invente
le canon à ronds de fumée
V. D.
(Gare Saint Sauveur, Lille).
Votre ado vous fatigue en zappant
comme un fou sur le câble ? Vous
détesterez le vacarme et le désordre
visuel de ces deux jeunes artistes
américains qui caracolent de Biennale de
Venise en Biennale de Lyon, de la Pointe
de la Douane de François Pinault à la
40e Fiac (soirée carte blanche mercredi
au Silencio, le club au design mortuaire de
David Lynch). Le « théâtre-sculpture »
de Ryan Trecartin & Lizzie Fitch sert de
décor à une série de films déjantés,
absurdes, où les jeunes acteurs barbouillés
comme des clowns vocifèrent comme
dans un mauvais clip sur YouTube.
Références au monde plat et sans limite
d’Internet, esprit punk à la sauce
d’aujourd’hui, virtuosité dans les nouvelles
technologies et dans le marketing de l’art,
tout, mais alors tout pour briller
V. D.
« à donf » dans le star system !
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Christian Merlin
Ch
SEPT TÊTES DE L’ART
27
CHRONIQUE ##*# # $' # $
LE CLASSIQUE
Si je devais
donner
un nom à cette
époque, je dirais
que nous vivons
à l’âge de la folie
mardi 22 octobre 2013
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FIAC & # $
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Catacombes arty
LE FIGARO
l régnait une excitation particulière à la Salle Gaveau l’autre soir
pour voir enfin le pianiste anglais
Benjamin Grosvenor, 21 ans, précédé d’une rumeur flatteuse.
Après des récitals aux festivals Chopin à
Bagatelle et Piano aux Jacobins qu’on
avait manqués, l’occasion était offerte
de se faire une idée sur le vif, à Paris.
Car si ses CD chez Decca ne laissaient
pas indifférent, rien ne vaut la scène
pour s’assurer que l’on n’a pas affaire à
un pur produit de marketing lancé
comme une marque de savonnette.
Après un bref salut, son visage d’angelot introverti s’éclaire fugitivement
d’un sourire fondant pour se fermer à
nouveau face au clavier dans une
concentration impressionnante.
On entame l’Andante et Rondo capriccioso de Mendelssohn, un de ces
zakouskis prisés des pianistes romantiques d’antan. Mais foin de musique de
salon : on est pris par une sonorité très
personnelle, presque à l’ancienne, à la
fois dense et légère, très timbrée. Le jeu
est agile mais pas volatil, le toucher
puissant mais pas brutal, le discours
musical d’une grande clarté. Aucun
doute, c’est quelqu’un. On s’en
convainc dans une deuxième partie qui
nous mène des raffinements impressionnistes de Mompou au panache de
Liszt en passant par la sensualité de Ravel, avec une palette de styles où l’on
reconnaît constamment sa pâte. Tout
au plus trouvera-t-on un certain manque de clair-obscur à son Humoreske de
Schumann : cela viendra avec la maturité, mais, en attendant, cette œuvre si
difficile à appréhender était d’une rare
évidence de construction. Et si, en matière de pianistes de moins de 30 ans, on
voyait le bout du tunnel ? Comme si
l’on commençait à prendre conscience
que la personnalité est plus importante
que la virtuosité, la pensée musicale et
la sensibilité plus essentielles que la
technique et le brio.
L’Humoreske de Schumann ? Elle
vient justement d’être enregistrée chez
Mirare par Adam Laloum : trouvez-en
beaucoup qui, à 26 ans, pénètrent cet
univers entre chien et loup, suivant les
fluctuations de l’inconscient comme un
oscillographe. Un poète est au piano, pas
une machine à doigts. Rien que chez
Deutsche Grammophon, trois jeunes
pianistes viennent d’enrichir un catalogue marqué par Maurizio Pollini.
De la cambrure et de la fermeté
À 21 ans, l’âge de Grosvenor, le Russe
Daniil Trifonov a même vu son premier
récital à Carnegie Hall enregistré par la
marque à l’étiquette jaune. Vainqueur
du Concours Tchaikovski, il est beaucoup plus qu’une bête à concours : un
interprète jaillissant et spontané. Pas
davantage que les Polonaises de Chopin
enregistrées par Rafal Blechacz, presque
l’ancien de la bande à 28 ans : version
sans concession, qui a de la cambrure et
de la fermeté et ne cherche jamais à séduire. Celui qui avait été en 2005 le premier Polonais depuis Krystian Zimerman à gagner le Concours Chopin,
poursuit sa maturation à l’abri des modes ou des sirènes du star-system.
Comme on ne gagne pas à tous les
coups, on a davantage de difficultés à
voir en Jan Lisiecki, qui vient d’enregistrer pour le même éditeur les Études du
même Chopin, autre chose qu’un bon
élève un peu tiède. Mais ne regardez pas
seulement du côté des majors et des sentiers battus : c’est pour le petit label Ars
que Florian Noack, pianiste belge de 23
ans, a enregistré des œuvres de Lyapounov où l’on découvre un artiste intuitif
et plein d’imagination, que l’on aimerait
fort entendre en concert tant sa sonorité
est raffinée. Qui a parlé de décadence ?
Le Blanc de Blancs.
LE FIGARO. – Comment vivez-vous
votre folie pour l’art?
Philippe COHEN. – Un fou d’art est celui
qui vit l’art au quotidien. À 100%. J’ai fait à
fond mon métier de dentiste et de professeur à la faculté. De même, je me suis totalement donné à ma collection, commencée dans les années sida, avec Philippe
Parreno et Pierre Huygue, devenus tout de
suite mes amis. Mais j’ai plusieurs vies, que
je ne mélange pas : la vie familiale d’un juif
pratiquant. Et celle d’un amateur d’art qui
aime rencontrer les artistes.
Comment êtes-vous tombé dans l’art?
C’est justement par une rencontre. Je débutais mon cabinet. On était en pleine
spéculation des années 1990. Et puis le
marché s’est effondré. En 1992, je suis
allé avec Philippe Ségalot, mon ami art
adviser, voir une exposition historique à
Lausanne, «Post Human», dont le curateur était Jeffrey Deitch. J’ai été scotché.
Ce fut pour moi un déclencheur. J’ai passé un mois à lire et relire le catalogue.
Jusque-là, je ne connaissais rien à l’art
contemporain. Et puis j’ai rapidement
basculé vers des formes d’art très
conceptuelles.
Pourquoi ce choix du conceptuel?
Je ne suis pas de ces conceptuels radicaux
des années 1970. J’ai de l’affect. Il faut que
l’art me parle. J’ai toujours cherché le
contenu plutôt que l’esthétique. Ce critère est plus vivant que jamais dans ma col-
lection, qui comprend plus de
250 œuvres et vidéos dont certaines
n’ont pas encore été produites. Je ne suis
pas un collectionneur d’images, mais celles-ci me font me poser des questions.
Quand j’ai rencontré Tino Sehgal (lion
d’or pour l’artiste à la dernière Biennale de
Venise, NDLR), c’était un moment où
j’étais extrêmement déprimé par rapport
à l’art contemporain. Il y avait de nouveaux collectionneurs qui achetaient à
Philippe Djian
Mercredi 23 octobre à 8h10
dans La Matinale de Jean-Michel Dhuez
francemusique.fr
tour de bras, sans réfléchir et sans comprendre. Moi, j’ai saisi le sens caché de
son œuvre. II a répondu à toutes mes
questions: surabondance d’images, désintérêt de la peinture, matérialité de
l’œuvre à outrance, spéculation, sans que
ce soit péjoratif car je suis très content
que mes pièces, qui valaient moins de
10000 euros aient pris de la valeur.
En 2006, j’ai découvert This Is Technology, œuvre déclamée en 2002 à Venise.
L’idée de participer à l’histoire de l’art
m’a paru fondamentale. J’ai acheté le
concept de cette phrase à partager avec
d’autres, qui est récitée dans mon exposition par quatre personnes choisies par
Sehgal.
Quelle position avez-vous
vis-à-vis du marché?
Si un collectionneur dit qu’il ne s’intéresse pas au marché, c’est un menteur.
J’ai vendu pour acheter autre chose. Il
faut progresser. Je n’ai plus Maurizio
Cattelan et Félix Gonzalez-Torres mais
j’ai réinvesti dans Loris Gréaud et dans
des jeunes comme Laurent Montaron. En
1997, j’avais acheté McCarthy. C’était
L’ABUS D’ALCOOL EST DANGEREUX POUR LA SANTÉ, À CONSOMMER AVEC MODÉRATION.
Matthew Day : Jackson Apollo Suit Felt
(d’après Beuys), 2008, au Passage
de Retz (Paris IVe). PHILIPPE COHEN
très osé car personne n’en voulait. On
redécouvre pour la première fois son installation de costume de Pinocchio.
PROPOS RECUEILLIS PAR B. de R.
Visite interactive des caves.
iPad & iPhone.
D
entiste, la cinquantaine,
Philippe Cohen est un fou
des artistes de son époque.
Au Passage de Retz, il montre, sous la houlette de son
complice, Ami Barak, cent vingt œuvres
conceptuelles couvrant vingt années
d’acquisitions.
mardi 22 octobre 2013 LE FIGARO
STYLE
28
3
PARFUMS $ $ )
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1
4
S
2
5
CHLOÉ GLACHANT
i les publicités destinées aux
femmes jouent l’abstraction à travers
des paysages oniriques et des formes
métaphoriques (des coquelicots volants
de Flower by Kenzo aux personnages
animés de La Petite Robe Noire de
Guerlain), les campagnes pour les jus
masculins sont généralement associées
à des traitements sans ambiguïté.
« Nous essayons de véhiculer des
messages simples et directs, concède
Yann Andréa, directeur marketing des
parfums Yves Saint Laurent (L’Oréal).
Nous partons d’une idée forte que nous
cherchons à mettre en scène de manière
très contemporaine et cinématographique. » Les nez traduisent ensuite
cette projection. L’exercice n’est pas
aisé. « La tendance encense clairement
les stéréotypes, confirme Dominique
Ropion. Pour nous, parfumeurs, là n’est
pas l’essentiel, même si “l’histoire”
constitue une sorte de base. En réalité,
comme toute la parfumerie masculine
utilise sensiblement les mêmes ressorts
olfactifs, notre mission consiste à
construire une identité dans la nuance. »
Au marketing ensuite de faire appel
à des personnages hautement caractérisés, quitte à segmenter sa cible.
Le gentleman charismatique reste
une valeur sûre. Les griffes de luxe sont
les plus à même de dresser ces portraits
d’élégance racée. Avec Bottega Veneta
Pour Homme - un cuiré boisé et
aromatique -, l’intellectuel des villes
s’offre un bol d’air frais au cœur des Dolomites. À l’inverse, le hipster de Maison
Martin Margiela préfère les volutes de
cocktails et de cigares de son Replica
Jazz Club. Quant à Yves Saint Laurent,
Les gentlemen de Christopher Bailey, en coulisses du défilé Burberry Prorsum hiver 2013-2014.
la marque décline L’Homme (4) en une
version intense, qui renforce la structure initiale par des matières encore plus
nobles, radicales. « Le jus s’ouvre sur
une note très liquoreuse et addictive,
comme une excellente liqueur qui aurait
bien vieilli. Puis les touches boisées lui
confèrent puissance et sensualité »,
commente Yann Andréa. Pour interpréter ce raffinement du citadin, les
comédiens sont privilégiés : Olivier
Martinez incarne L’Homme d’Yves
Saint Laurent, tandis que Givenchy
mise sur Simon Baker, héros sagace de
la série Mentalist et désormais de son
Gentlemen Only.
Rockstar, acteur tête brûlée,
champion olympique
D’autres référents réveillent le versant
physique de la masculinité. Exemple le
plus flagrant : le vainqueur acclamé
dans l’arène de Paco Rabanne. Cet
Invictus (3) tout en muscles roule des
mécaniques, savoure son triomphe et
dédramatise ce fantasme grandiose grâce à un sourire complice qui donne dans
l’autodérision. Afin d’immortaliser
cette allégorie de la victoire dopée à la
testostérone, la marque a choisi un rug-
byman australien : « Aux beautés aseptisées ou aux célébrités trop monolithiques, Nick Youngquest oppose une virilité
sans détour. Une musculature impressionnante en rupture avec les standards
métrosexuels, (…) une franchise ravageuse, un peu désinvolte, bien inscrite
dans l’époque », peut-on lire dans le
communiqué de presse. Le spot titille les
rêves de grandeur des athlètes amateurs
et se garde bien de montrer la performance physique, misant sur le goût de
la gloire plutôt que sur celui de l’effort.
À rebours, le sportif de Prada est
un aventurier qui défie les éléments
et cultive le sens du collectif. Une nouvelle fois inspiré par l’équipage du voilier de l’America’s Cup, Luna Rossa
Extrême (5) met en avant le dépassement de soi et la technicité. Point de
rôle de composition, le team mené par
le skipper Max Sirena illustre le propos à
la perfection. Daniela Andrier, auteure
de cette création raconte : « Il y a un joli
parallèle entre les ingrédients olfactifs et
la façon de travailler ensemble sur un bateau. Tout parfum est esprit d’équipe en
ce que les notes jouent entre elles, se répondent et créent une force, une harmonie. Luna Rossa Extrême fait preuve de
JASON LLOYD EVANS
beaucoup d’identité. Comme
une grosse vague, sa dynamique tout en élans est due à
l’agencement des matières. »
Des mots et des odeurs
Dans le registre des jeunes
fougueux, les quatre garçons de Chrome United
d’Azzaro (2) vivent une
joyeuse bromance (contraction de « brother » et « romance ») lors d’une virée
en voiture. La marque s’affranchit de
l’éternel lien père-fils et célèbre l’amitié, en hommage à Loris Azzaro qui avait
l’habitude de dire : « Je ne peux pas imaginer une maison sans amis. »
Même vent de liberté chez Dior. Devant la caméra de Romain Gavras,
Robert Pattinson, idole à la séduction ténébreuse, fait une démonstration
d’audace. Attitude désinvolte et sophistication sans apprêt, le portrait se veut
pluriel. Selon François Demachy, parfumeur de la maison, « Dior Homme (1)
échappe à tous les clichés de la masculinité. Il explore une nouvelle virilité, immédiate et pourtant complexe. » Le pitch,
lui, puise dans le répertoire du rebelle tel
que l’ont incarné James Dean ou Marlon
6
Brando. L’icône de cinéma, indomptable et énigmatique, n’en a pas fini de
susciter le désir.
Enfin, le musicien demeure toujours objet de culte. Si le rock n’est
pas mort, ses attributs demeurent
encore plus vivaces. Paco
Rabanne en jouait la carte au
premier degré, ceinture cloutée, têtes de mort et moue arrogante, avec son Black XS.
Burberry s’y met avec
Burberry Brit Rhythm (6),
invoquant l’adrénaline du live
et l’énergie électrisante de la
foule. Ne pas s’attendre à un
mélange de sueur, d’herbe
humide et de bière, la traduction olfactive n’est (heureusement) pas littérale.
Dominique Ropion, son coauteur avec Olivier Polge, s’est plutôt inspiré du cuir et de notes métalliques et
stridentes obtenues par des épices
comme les baies de genièvre, la cardamome ou le basilic verveine. « Entre les
mots et les odeurs, il y a des points de passage grâce auxquels on dégage une
construction. Il faut bien trouver un fil
conducteur. Mais les analogies entre musique et parfum se situent plutôt dans
leurs langages : accords, rythme, envolée.
Dans la composition aussi, certaines sont
lisses et d’autres révèlent leurs notes tour
à tour, sans que cela soit dissonant. » Le
brief a servi de base d’inspiration, et non
de partition. Si son écriture s’est éloignée de la scène, la fragrance s’accorde à
merveille avec la marque britannique,
un classique racé que l’on a envie de
porter. ■
)$ ' (
SOINS $ & $ " $ ! % ) DE NOTRE ENVOYÉE SPÉCIALE À LONDRES
U
n après-midi de juin,
Tom Ford en personne
dévoile,
dans
son
showroom londonien de
Howick Place (abritant la
dernière collection de prêt-à-porter
aux tons chatoyants), sa toute première gamme de produits de beauté
destinés à la gent masculine. Tel un
employé modèle de grand magasin,
il présente ses nouveautés disposées
sur un comptoir en verre. Se prêtant
au jeu avec une savoureuse autodérision, il dispense ses petits conseils,
révèle sans pudeur ses propres rituels (on connaissait déjà son penchant pour les bains : au moins trois
par jour), désigne les zones du visage
à mesure qu’il les évoque. Un parfait
démonstrateur, pédagogue et séducteur, qui donnerait aux plus virils
l’envie d’adopter les gestes cosmétiques du dandy accompli.
Le designer exhorte à intégrer les
bases. Il insiste : « Achetez un miroir
grossissant ! Pour vous raser et pour
apprendre à observer votre peau. De
plus, hydratez-la chaque jour. » Et de
désigner son Fluide hydratant non
gras, léger, qui pénètre rapidement
et matifie vraiment. On trouve aussi
un gel nettoyant, un sérum revitalisant, un baume à lèvres (« vos lèvres
doivent donner envie d’être embrassées », ajoute-t-il en tendant les
siennes dans une moue cocasse), un
soin du regard antifatigue et, pour
les plus avertis, un masque à l’argile.
Enfin, un concealer et un autobronzant. Mais attention, pour ne pas effrayer ces messieurs attachés à leur
virilité, on évite de parler « cosmétiques » ou, pire, « maquillage »,
bien qu’un concealer ressemble
beaucoup à un anticerne.
La beauté ne nuit pas
à la virilité
L’expression « grooming » (littéralement « toilettage ») a donc été adoptée comme alternative idéale. Si le
terme provient de l’art du rasage, la
gamme ne comprend pour l’instant
aucune mousse à raser ou after-shave. Mais plutôt des formules censées
cacher les imperfections ou sublimer
le teint. « Les hommes ont souvent
l’impression que passer du temps sur
leur apparence nuit à leur masculinité
– ou que ce n’est pas très important.
Mais je crois fermement qu’une bonne
prise en charge de son image est la
marque d’un gentleman moderne. Il
s’agit de montrer au monde la meilleure facette de soi-même. »
Pour que les réticents se laissent
conquérir, le régime doit être simple,
direct et intuitif. Les crèmes ont été
pensées pour disparaître aussitôt appliquées. Pas de trace. Pas de sensation
de s’être tartiné le visage. « La formulation diffère des cosmétiques pour femmes. Les hommes veulent une sensation
de propre et non de douceur. Les parfums et textures ont été travaillés en ce
sens. » Il s’agit également d’insister
sur la fonction active et traitante de
certains articles. Car il est moins gê-
nant d’utiliser un soin s’apparentant à
un médicament qu’à un banal cosmétique. L’idée de baptiser le bâtonnet
correcteur de teint « medicative concealer » a même été envisagée.
Quand on lui fait remarquer que sa
ligne ne comporte pas d’anti-âge, Tom
Ford rétorque, avec un sourire malicieux : « Pour cela, allez chez le dermatologue ! Ces produits sont faits pour se
sentir mieux, pas pour rajeunir. »■ C. G.
De 44 € à 134 €, en exclusivité
au Bon Marché.
Après la mode et les parfums, Tom Ford
lance une gamme de cosmétiques
pour homme. TOM FORD, TED MORRISON
LE FIGARO
AUTOMOBILE
mardi 22 octobre 2013
29
Droitde
l’usager
ROULEZ…
POUR PAYER
MOINS D’IMPÔT !
■ Par Me Rémy
Josseaume, avocat
au barreau de Paris et
président de l’Automobile
Club des avocats.
En matière de frais
professionnels, chaque
contribuable, même salarié,
peut choisir entre la déduction
forfaitaire de 10% (plafonnée
à 14157 euros en 2012)
ou le régime des frais réels dès
lors qu’il estime avoir engagé un
montant de dépenses supérieur à
celui de la déduction forfaitaire.
1.
La Peugeot 208 HYbrid FE démarre systématiquement sur son moteur électrique, elle est capable d’atteindre plus de 120 km/h sur la seule énergie de sa batterie.
S. SORIANO/LE FIGARO
1 %( " ,% *+( . " *()
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THIERRY ÉTIENNE
[email protected]
n juin dernier, Jean-Marc
Ayrault, premier ministre, a décidé
l’ouverture d’un nouvel appel à manifestation d’intérêts (AMI) consacré à la thématique du véhicule du futur. Ce projet,
doté de 250 millions d’euros, a pour
objectif, d’ici à 2020, de permettre la
mise sur le marché de voitures particulières consommant moins de 2 litres de
carburant aux 100 km, d’un prix abordable, développées et assemblées sur le
territoire national. Peugeot et son partenaire Total sont déjà en mesure de présenter un démonstrateur technologique
sur base 208 qui atteint cet objectif.
Consommation divisée par deux
Samedi 19 octobre, Peugeot nous a
conviés sur les pistes d’essai secrètes du
circuit du Ceram, basé à Mortefontaine,
à assister aux premiers tours de roues
de la 208 HYbrid FE. Révélé au Salon de
Francfort, en septembre dernier, ce
prototype n’avait jusqu’ici roulé que
sur un banc à rouleaux. Il s’agissait
d’homologuer
sa
consommation,
épreuve franchie avec brio puisque
cette 208 laboratoire n’a alors brûlé que
1,9 l/100 km, soit des émissions de CO2
de 46 g/km.
solution miracle
Aucune
Pour parvenir à diminuer
la
consommation et les émissions de moitié comparées à celles d’une 208
1.0 VTi, les ingénieurs de Peugeot et
Total ont agi sur des leviers qui se nomment hybridation, réduction des frottements, allégement et aérodynamique. Les solutions retenues pour leur
optimisation ne tiennent pas du miracle
mais se rapprochent de celles utilisées
en compétition, comme nous l’ont
expliqué Christophe Mary, de Peugeot
Sport, et Philippe Girard, de Total, maîtres d’œuvre du projet.
et légèreté
Finesse
Pour la finesse aérodynamique, la
carrosserie adopte une calandre fermée, un hayon profilé, des flancs
épurés, un soubassement et des roues
carénés, ainsi que des caméras en
guise de rétroviseurs. Résultat, un Cx
record de 0,23. Sa confection en
matériaux composites participe à
l’allégement qui porte aussi sur les
suspensions avec, par exemple, l’utilisation de lames transversales en
fibre de verre. Grâce au montage de
pneus étroits (145/65 R 19), l’assistance de direction est également
supprimée. Tout cela crée un cercle
vertueux qui a permis de monter des
disques de freins moins épais
(9,6 mm). Au total, 200 kg ont été
et nerveuse
Économique
Toutes ces mesures prises en faveur de
La carrosserie de la 208 HYbrid FE a été
réalisée en matériaux composites.
S. SORIANO/LE FIGARO
gagnés pour atteindre un poids en
ordre de marche de seulement
800 kg, et ce, malgré une hybridation
impliquant deux moteurs et 25 kg de
batterie.
Hybridation de compétition
Le moteur électrique est implanté en
périphérie de la boîte de vitesses, une
solution reprise de la 908 HYbrid4 des
24 Heures du Mans. Le moteur essence
trois cylindres 1,2 litre, dérivé du 1.0
VTi, est alimenté par une injection directe. Il fonctionne selon le cycle de
Miller avec, de surcroît, un taux de
compression très élevé (16 : 1). Ses frottements ont été réduits grâce, notamment, à des traitements de surface en
carbone (DLC). Il est lubrifié par une
huile spécifique d’indice 0W12.
la consommation contribuent à booster
les accélérations. Ainsi, le 0 à 100 km/h
est avalé en 8 secondes, contre 14 secondes pour une 208 de base. Nous assistions, en passager, à la démonstration de
cette belle vélocité, quand le prototype
est tombé en panne. Rien de surprenant
s’agissant d’un tout premier roulage,
mais cela a mis fin à nos espoirs d’en
prendre le volant. Nous avons juste eu le
temps de découvrir que cette « full hybride » démarrait systématiquement sur
son moteur électrique, qu’elle était capable d’atteindre plus de 120 km/h sur la
seule énergie de sa batterie et que son
moteur thermique ne se mettait en route
qu’aux environs de 50 km/h, sur le quatrième rapport de la boîte robotisée.
Lancement en 2020
Qu’y a-t-il de crédible dans cette 208
HYbrid FE ? Tout ou presque. Pour Peugeot, une citadine consommant
2 l/100 km en 2020 n’est pas une utopie.
Elle ressemblerait à ce prototype, à la
différence près qu’elle serait propulsée
par le moteur de l’HYbrid Air, un autre
prototype de PSA. À quel prix ? La voiture à 1 l de VW vendue 110 000 € n’intéresse qu’une minorité d’acheteurs.
Rien à voir avec l’objectif de Peugeot qui
parle d’un tarif abordable, comprenez
proche de 15 000 €.
Si vous optez pour
la déclaration de l’impôt
par les frais réels pour l’usage de
votre voiture, vous avez le choix
entre utiliser le barème
kilométrique forfaitaire publié
chaque année par le fisc ou
calculer précisément le montant
des frais engagés, factures à
l’appui, en y incluant par exemple
des frais d’essence, d’assurance,
de péages d’autoroute, des
intérêts d’emprunt bancaire
contracté pour l’achat du
véhicule, ou encore des frais de
garage.
2.
Pour être déductibles,
ces dépenses doivent être
réalisées exclusivement pour
des raisons professionnelles et
être payées au cours de l’année
fiscale concernée.
3.
Lorsque la distance entre le
domicile et le lieu de travail
n’excède pas 80 kilomètres
aller-retour, les frais sont
intégralement déductibles.
Mais au-delà de 80 kilomètres,
les frais ne sont déductibles
que si vous démontrez des
circonstances particulières liées
à votre activité professionnelle
ou à des contraintes familiales
justifiant le choix d’une résidence
éloignée. À noter : vous pouvez
changer d’option chaque année
selon vos intérêts d’optimisation
fiscale. À vos calculettes !
+ @ SUR LE WEB
» Hyundai i10, la petite devenue
une vraie grande
» La BMW i3 électrise la cité
» BMW R nineT, le passé en forme
de futur
www.lefigaro.fr
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ans un segment où les apparences comptent autant
que les performances et les
équipements high-tech, le
constructeur munichois se
met en position de reconquérir une
clientèle qui a pu tomber sous le charme des coupés Audi A5 ou Mercedes
Classe E récemment revisité. Cela commence par l’adoption d’une nouvelle
numérotation paire amenée à se généraliser à toutes les déclinaisons de coupé de la gamme. Sur le même modèle
que la Série 6, la Série 4 va donc devenir
une ligne de produits à part entière avec
un cabriolet et un Gran Coupé en plus
du coupé en concessions depuis quelques jours. Ce véhicule réussit la gageure de se démarquer du coupé Série 3
dont il assure la succession et de la berline Série 3 dont il emprunte la plateforme mais aucun élément de carrosserie, à l’exception du capot moteur.
Garée à côté de sa devancière, la Série 4
paraît jouer dans une autre cour. Le
mérite en revient à des lignes tout en
tension allongée de 26 mm (4,63 m),
Des mécaniques moins
démonstratives
La Série 4 adopte des lignes tout en tension et une calandre plongeante inspirée
de la Z4. BMW
une voie arrière élargie de 80 mm, des
porte-à-faux réduits de 10 mm et une
calandre plongeante inspirée de la Z4.
La silhouette athlétique n’obère pas
l’habitabilité qui profite d’un empattement allongé de 50 mm. Emmener ses
sacs de golf en vacances est d’autant
plus aisé qu’à partir du niveau 2 les
deux sièges arrière se rabattent selon le
principe 40/20/40. Pas de miracle en
revanche pour les passagers de plus de
1,82 m gênés par le pavillon fuyant
abaissé de 16 mm. Autre lacune : les
vitres arrière sont encore fixes. Si la
ligne lumineuse qui ceinture l’habitacle
et la sellerie cuir, de série avec la finition Luxury, participe à rehausser le
standing intérieur, les contraintes de
Au risque de froisser les fidèles de la
première heure, la Série 4 succombe
au downsizing. Résultat : la gamme répondant à la norme Euro 6 ne compte
plus que trois 6-cylindres en ligne. En
attendant la M4 (430 ch), la 435d
(313 ch) surclasse la 435i (306 ch).
Alors que la 420d de 184 ch (à partir de
40 700 €) devrait rallier une majorité
de suffrages, nous avons réservé notre
première rencontre aux deux modèles
à injection directe d’essence plus en
phase avec la philosophie « plaisir » de
ce type de silhouette, le 4-cylindres 2 l
turbo de 245 ch doté de la boîte auto et
les 4-roues motrices, et le 3-litres.
Dans les deux cas, on a affaire à des
mécaniques moins démonstratives
qu’avant. Si la 435i (49 950 €) affiche
toujours une souplesse d’utilisation et
une allonge incroyables, la 428i
(42 950 €) distille désormais une mélodie agréable. La boîte auto 8 rapports
(2 400 €) gomme un peu les sensations
mais prend l’avantage en consommation et en rejets de CO2 grâce notamment à un mode roue libre dès que la
route atteint 3 % de pente. Le gain atteint 16 g avec la 435i (169 g). Dynamique mais pas sportive, la Série 4 peut
aussi recevoir une suspension adaptative (1 150 €). Celle-ci gagne en confort
ce qu’elle perd en contrôle de caisse.
Les intégristes regretteront certainement que ce coupé colle à l’air du
temps en avouant, à travers des gènes
bourgeois, un comportement plus
aseptisé. Mais les nouveaux venus à la
marque apprécieront les bonnes manières de ce coupé qui se conduit sans
mode d’emploi. Surtout avec la transmission xDrive (+ 4 600 €) apportant
un surcroît de sécurité sur chaussée à
faible adhérence. ■
coûts limitent la soif de différenciation.
On retrouve donc les grandes lignes de
l’univers de la berline, mis à part le
pavé tactile iDrive de nouvelle génération commandant la circulation dans
l’écran d’informations. On peut désormais saisir, du bout d’un doigt et sans
quitter la route des yeux, une adresse
de navigation directement sur sa surface de grand diamètre. Autre signe de
prévenance : à la fermeture de la porte,
un guide amène la ceinture de sécurité à
votre hauteur.
SYLVAIN REISSER [email protected]
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mardi 22 octobre 2013 LE FIGARO
32 TÉLÉVISION
BIEN VU
Anthony Palou
[email protected]
BLAISE DE CHABALIER@dechab
« Mort pour la cause
du peuple »
France 3 | 23 h 50 | Lundi
S
ur la question, lire, bien
entendu, le livre de Morgan
Sportès, Ils ont tué Pierre
Overney (Grasset, 2008).
Une enquête salutaire, un livre
exemplaire. Qui est Pierre
Overney ? Pourquoi plus de
200 000 personnes suivent-elles
son corbillard le 5 mars 1972 ?
On y voit la gauche de service :
Simone Signoret, Lionel Jospin,
Jean-Luc Godard ou encore
André Glucksmann.
Pierre Overney n’était
qu’un simple piston pris dans
la tourmente « révolutionnaire »,
un ouvrier maoïste de 24 ans,
manipulé par des kapos
de la gauche prolétarienne qui l’ont
envoyé au front pour casser
la gueule aux gardiens « fascistes »
de l’usine Renault, à BoulogneBillancourt. Un membre du service
d’ordre sort son flingue et le bute.
Overney-le-mao est mort
d’une balle en plein cœur.
Nous sommes le 25 février 1972.
Les années 1970 sont embrumées
par le terrorisme ambiant,
terrorisme sans tête, sans logique
historique, affligeant de bêtise, pas
besoin de lire Guy Debord pour ça.
Overney est un pauvre type
manipulé. Un gibier. Oui, la gauche
l’a tué. Alors on voit défiler, dans
ce documentaire, Gérard Miller, un
psychanalyste qui, pour arrondir
ses fins de mois, fait le pitre chez
Ruquier, ou Serge July, retraité qui
aurait dû, au moins une fois dans sa
vie, essayer d’être révolutionnaire.
Oh, la soupière n’est pas encore
pleine de grosses légumes maoïstes.
Il y en a d’autres, des carottes
et des poireaux. Les années 1970
ressemblent à La Soupe aux choux.
Ah, cette sentence si belle,
si poétique, si sollersienne, publiée
le 29 février 1972 dans la revue
Tel quel : « Camarade Overney,
tu seras vengé. Les contradictions
objectives ne peuvent pas être
maîtrisées par l’ennemi capitaliste
et révisionniste.»
T
oute la force de Verdun,
docu-fiction franco-allemand
d’Oliver Halmburger et Stefan
Brauburger diffusé ce mardi
sur la chaîne RMC Découverte, tient en un mot : proximité. Le
téléspectateur est projeté dans les tranchées en 1916, au cœur de cette bataille
qui fut la première hécatombe du
XXe siècle et qui dura trois cents jours,
de février à décembre 1916. Au-delà
même du conflit qui oppose deux nations, le destin des soldats de chaque
camp est saisissant. Des Français et des
Allemands, tous aussi valeureux dans
leur volonté de défendre leur patrie, apparaissent dans toute leur humanité à
travers leurs lettres et carnets intimes.
Jeté comme tous les combattants de
Verdun dans ce qui fut une véritable
boucherie, on suit notamment le Français Charles Delvert, professeur
d’histoire dans le civil. En
mai 1916, sur le front, le capitaine Delvert commande une unité
Le film projette les téléspectateurs dans les tranchées en 1916, au cœur de cette bataille qui fut
et il ne mâche pas ses mots dans
la première hécatombe du XXe siècle. SUDDEUTSCHE ZEITUNG/RUE DES ARCHIVES
ses notes personnelles : « Bon
comment il a frôlé la mort sous le feu
Dieu, quel enfer ! Je dois faire avancer
guerre est une question d’honneur,
vin depuis une éternité. Quand les Alleennemi : « Un de mes camarades est
mes hommes le plus vite possible. (…)
ajoute, un peu vite bien sûr : « Mais cela
mands attaquent, ils nous bombardent
couché sur moi, il a l’air endormi. J’essaie
Nous n’avons plus de munitions ni de
ne nous empêchera pas de remporter la
avec des milliers d’obus, mais cela ne les
de le réveiller et puis je vois un trou sur
contacts avec le poste de commandement.
victoire dans les prochaines semaines. »
empêche pas de subir de terribles person front avec du sang épais qui s’en
Nous sommes seuls. Mensonges, menEt celui qui rêve de décrocher la croix de
tes. »
échappe. Sa main retient son bras. (…) Je
songes, mensonges ! Les Allemands sont
fer de première classe conclut : « Je dois
« Des morceaux de corps »
rampe jusqu’au bord d’un cratère
bien plus forts que ce qu’on nous avait
prouver ma valeur à Verdun. »
Après avoir été décoré de la médaille
d’obus : il y a des morceaux de corps pardit ! »
Quant au courageux Français Anatole
militaire, Anatole Castex se fait tuer lors
tout. Je n’éprouve aucune peine mais j’ai
Côté allemand, le lieutenant Karl
Castex, engagé volontaire de 28 ans,
d’une offensive héroïque. La scène
peur de perdre l’esprit. »
Freihen von Adrian ne cache pas, lui
marié et père d’un petit garçon, il tient
jouée, où l’on voit un facteur apporter à
Rosner parvient finalement à renon plus, ses inquiétudes dans une lettre
simplement à faire son devoir pour sa
la veuve un petit carton contenant les
joindre les lignes allemandes et il est
à son épouse : « Ma chère femme, j’avais
famille et sa patrie. Dans une missive à
effets personnels du défunt, est particuconduit à un hôpital de campagne. Au fil
imaginé que les préparatifs pour l’offensa femme, il raconte l’âpreté des aflièrement touchante.
de ce documentaire, images d’archives
sive de Verdun seraient un peu plus soifrontements : « Je suis au cœur de la baBouleversant également, le témoiet photos d’époque des soldats évoqués
gnés. Bien trop souvent, quand nos forces
taille depuis des jours. Seul le ravitaillegnage de Karl Rosner. Cet avocat insse mêlent harmonieusement à des
sont déployées, cela se fait sans aucun
ment le plus important nous parvient : les
tallé à Munich raconte dans son carnet
scènes interprétées par des acteurs. ■
plan. » Cet aristocrate, pour lequel la
munitions. Il n’y a pas eu de lettres ni de
20.45
" " # ! MURIEL [email protected]
I
l fallait bien quatre films pour raconter 1 400 ans d’histoire. La série documentaire Juifs et musulmans, si loin, si proches retrace, en
quatre volets (deux diffusés ce
mardi soir, deux mardi prochain), les
relations entre les deux religions, à partir de la naissance de l’Islam au VIIe siècle. Des relations qui n’ont pas toujours
été aussi conflictuelles qu’elles le sont
aujourd’hui, comme le montre le réalisateur Karim Miské.
La forme de Juifs et musulmans, si
loin, si proches est particulièrement ori-
LE BUZZ TV
Invité : Patrick Sabatier
interviewé par Nicolas Vollaire,
aujourd’hui sur :
Les illustrations signées Jean-Jacques
Prunès apportent un habillage poétique
à un récit épique. JEAN-JACQUES PRUNÈS
MOT S C ROI S É S
Par Louis Morand
PROBLÈME N° 3298
HORIZONTALEMENT
1. Sont parfois violets. - 2. Sa croix
est généralement emblématique.
- 3. Grain de pêche. Écoutée au
poste. - 4. Se prononce quand on
ne veut pas se prononcer. Petit du
cochon. - 5. Fit des observations, en
un sens. Possessif. - 6. Galettes
slaves. - 7. Son château est le lieu
d’un dilemme essentiel. - 8. Glissent
sur un plan incliné. Poudre de riz.
- 9. Familier de Rioufol. Entendu
dans le peloton. - 10. Maisons de
santé à double entrée. Article
étranger. - 11. Premier mets. - 12.
Accumulation de graisses.
1
VERTICALEMENT
1. Appliques l’enseignement à la
lettre. - 2. Il a laissé une impression
primordiale dans le monde de la
peinture (deux mots). - 3. Gagnée
par la corruption faute d’écoulement. - 4. Examen dans un tunnel.
Direction. Au Japon dans ce sens,
en Catalogne dans l’autre. - 5.
Petits pères du peuple. Guide du
consumérisme. Manche à revers.
- 6. Numéro de la grande Catherine.
Un marteau sur le toit. Axe solaire.
- 7. Grossit après coup. Vase antique.
- 8. Fait un demi-carat.
3
4
5
6
8
SOLUTION DU PROBLÈME N° 3297
VERTICALEMENT 1. Varengeville. - 2. Inaliénation. - 3. Pétillements.
- 4. Émir. Arp. CEA. - 5. Rosât. Vêle. - 6. Insiste. Auch. - 7. Née. Auréolée.
- 8. Essore. Assis.
3
4
5
6
7
8
BR I D G E
PROBLÈME N° 1637 :
Le bon timing
1
2
7
HORIZONTALEMENT 1. Vipérine. - 2. Anémones. - 3. Ratissés.
- 4. Élirai. - 5. Nil. Tsar. - 6. Gela. Tue. - 7. Énerver. - 8. Vampe. Ea.
- 9. Ite. Laos. - 10. Linceuls. - 11. Lote. CEI. - 12. Ensachés.
2
ginale. Les interventions d’une quarantaine de spécialistes, dont Reza Aslan,
diplômé en religion de l’université de
Santa Clara de Californie, et Abdelwahab Meddeb, écrivain et
poète franco-tunisien,
sont entrecoupées de jolies illustrations signées
Jean-Jacques Prunès,
qui apportent un habillage poétique à un récit épique.
Cette histoire commune démarre
dans la région montagneuse du Hedjaz, à l’ouest de l’Arabie. La majorité
des Arabes sont à l’époque polythéistes. Il y a aussi des juifs, parfaitement
intégrés à la société, dont la plupart vi-
9
10
11
12
⽥R4
⽦A962
⽧AR5
⽤ARDV
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⽥A63
⽦D854
⽧7 4 3
⽤872
Contrat : Sud joue 6 Cœurs, après
une ouverture de 2⽥ faible en
Ouest.
Entame : Valet de ⽧ pour le Roi du
mort. Vous encaissez l’As de ⽦,
Est fournit le 3 et le Roi apparaît
en Ouest.
vent à Médine. Certains descendent
des Hébreux qui ont quitté la Palestine
après la destruction du Temple de
Jérusalem, d’autres sont des Arabes
convertis au judaïsme,
pratique courante à
l’époque.
L’avènement de Mahomet au début du
VIIe siècle va mettre fin
à cette situation. Les polythéistes se
convertissent à l’islam et les juifs deviennent des « dhimmis », c’est-à-dire des minoritaires protégés. Un statut
d’inférieurs qui durera plus d’un millier
d’années et sera aboli au XIXe siècle
dans l’Empire ottoman. ■
22.35
Par Philippe Cronier www.lebridgeur.com
SOLUTION DU PROBLÈME N° 1636 :
Sonde dans le cosmos
Contrat : Sud joue 3 Sans-Atout.
Entame : Valet de ⽥.
Il est tentant de prendre en main pour rejouer ⽧ pour
l’As (coup de sonde) et ⽧vers le Valet. Mais ici vos communications sont trop précaires pour vous autoriser un
tel jeu de sécurité. Il suffirait à Est de plonger de la Dame
quatrième et de rejouer ⽥ pour vous envoyer dans le
cosmos pour un voyage sans retour...
Ne soyez pas trop gourmand. Négligez le cas de la Dame
sèche à gauche et, pour vous prémunir pleinement contre
la Dame quatrième à droite, appelez le Roi de ⽥ et jouez ⽧
pour le Valet. Si Est prend et rejoue ⽥, vos neuf levées
sont là. Si Ouest prend, espérez la couleur 3-2. Enfin,
si le Valet fait la levée, vous aurez tout loisir de rejouer ⽧
à blanc (protection contre le partage 4-1).
⽥R2
⽦765
⽧AR765
⽤543
⽥ V 10 9 7 3
⽥D654
N
⽦V94
⽦ R D 10
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⽧8
⽧ D 10 9 2
S
⽤ D 10 9 7
⽤V2
⽥A8
⽦A832
⽧V43
⽤AR86
LE FIGARO
TÉLÉVISION
MÉTÉO
mardi 22 octobre 2013
33
PAR
ÉPHÉMÉRIDE St-Elodie
Soleil: Lever 08h21 - Coucher 18h49 - Lune décroissante
19.05 Le juste prix. Jeu 20.00 Journal
20.45 Nos chers voisins. Feuilleton
20.47 C’est Canteloup
19.20 N’oubliez pas les paroles ! Jeu
19.45 Y’a pas d’âge. Série 20.00
Journal
20.50
19.00 19/20 20.00 Tout le sport
20.15 Plus belle la vie. Feuilleton.
Avec Cécilia Hornus, Sylvie Flepp
13
70
Film. Comédie. EU. 1996. Réal. : Tom
Shadyac. 1h35. Avec Eddie Murphy.
Un professeur complexé se transforme en séducteur, après avoir
absorbé un produit de son invention.
Série. Drame
Film. Comédie
MATIN
20.45 Le professeur Foldingue
20.45
20.45
Série. Policière
18.50 Ghost Whisperer. Série 19.45
VDM. Série
13
14
16
14
22.25 La famille Foldingue. Film. Comédie 0.15 Ma vie à la télé. Magazine
Un village français
Nanny McPhee
et le Big Bang
Fra. Saison 5. La livraison. Inédit.
Avec Robin Renucci, Audrey Fleurot, Nicolas Gob, Fabrizio Rongione.
Heinrich met Hortense dehors après
avoir découvert son mensonge sur
la provenance de la morphine.
20.40 Enquête de santé
23.25 Baby Boom Téléréalité. Iné-
22.30 Génération quoi ? Maga-
21.35 Un village français Série.
dit 3.20 Tous ensemble. Magazine
4.10 Musiques
zine. Au sommaire : La vie, ça commence quand ? - Autoportraits
Les trois coups. Inédit 22.35 Grand
Soir/3 23.40 White Material. Film
22.20 C dans l’air 23.30 Entrée libre.
Magazine 23.50 Superstructures
Magazine. Santé. Prés. : M. Cymes,
M. Carrère d’Encausse, B. Thevenet.
1h40. Après la diffusion du documentaire «La vie à cent ans», les
présentateurs lancent le débat.
18.40 100 % mag. Magazine 19.40
Météo 19.45 Le 19.45 20.05 Scènes
de ménages. Série
20.45
20.50
20.50
Football
Documentaire. Religion
Divertissement
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17
APRÈS-MIDI
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19.00 NY Confidential. Série documentaire 19.45 Arte journal 20.05
28 minutes. Magazine
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19.10 L’île des vérités 3. Téléréalité
19.45 The Big Bang Theory. Série
19.10 Le grand journal (C). Magazine 20.10 Canal Champions Club
(C). Magazine
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13
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1
11
15
19.00 C à vous 20.00 C à vous, la
suite. Magazine 20.15 Entrée libre
GB-Fra. 2009. Réal. : S. White. 1h49.
Avec Emma Thompson, Maggie
Gyllenhaal. Pendant la guerre, Isabel
Green est seule avec sa ferme et ses
enfants. Nanny McPhee va l’aider.
EU. 3 épisodes. Avec Simon Baker,
Robin Tunney, Tim Kang, Owain
Yeoman, Amanda Righetti. L’équipe
enquête sur la mort d’un jeune botaniste, abattu dans un club d’escalade,
à Clearlake.
11
1
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1
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80
Mentalist
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1
20
20
Film. Aventures. EU. 2006. Réal. :
S. Fangmeier. 1h40. Avec Jeremy
Irons. Eragon, un jeune dragonnier,
s’élève contre la tyrannie d’un dragon qui s’est arrogé tout pouvoir.
22
21
22.40 Dragon crusaders. Film TV.
Action. EU. 2011. Réal. : M. Atkins. 1h30
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20.50 Eragon
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21
225
18.55 London Ink. Téléréalité. Défis
et dilemmes - Kiss me
Ligue des champions
Mea maxima culpa
Marseille/Naples. Commentaires :
Grégoire Margotton, Eric Carrière.
En direct. Bon dernier du groupe
F après deux défaites dans cette
Ligue des champions, Marseille doit
réagir face à Naples.
GB. 2012. Réal. : A. Gibney et Productions Jigsaw. 1h45. À travers une
enquête sur les crimes d’un prêtre,
ce documentaire explore les arcanes
d’une Église catholique se dissimulant
derrière le déni et le silence.
22.50 Cogan : Killing Them Softly Film. Policier 0.25 V/H/S. Film.
22.35 Juifs et musulmans Série
Horreur 1.20 C’est pas du jeu. Doc.
doc. Religion 0.25 Cap à l’Ouest : la
Géorgie en quête d’avenir. Doc.
26
T (en °c)
20.45 Alsace :
sur les traces de 14-18
La France a un
incroyable talent
Présentation : Sandrine Corman,
Alex Goude. 2h10. Inédit. Pour cette
deuxième audition, de nombreux
candidats se produiront devant le
jury de l’émission.
<-10 à 0
Série doc. Historique. 1h50. Inédit.
L’Alsace/Lorraine devient le berceau d’un conflit sanglant qui changera à jamais le visage de la guerre.
22.40 39-45 : les derniers héros.
Série doc. 1.35 La minute de vérité
23.00 La France a un incroyable
talent, ça continue Divertissement
0.05 Un poisson nommé Wanda. Film
18.50 La petite maison dans la prairie. Série. 2 épisodes
19.10 Les Ch’tis à Hollywood. Téléréalité 20.35 Soda. Série
18.30 Touche pas à mon poste !
Magazine 20.30 D8 le JT
20.45 90’ enquêtes
20.50 Astérix et les Vikings
20.50 Rambo 2 : la mission
Magazine. Société. Présentation :
Carole Rousseau. 2h30. Portrait de
ces pilotes, médecins et secouristes
qui ont choisi d’aider les personnes
en détresse.
Film. Animation. Fra. 2004. Réal. :
Stefan Fjeldmark, Jesper Møller.
1h20. Astérix et Obélix recherchent
le neveu froussard et arrogant de
leur chef, enlevé par les Vikings.
Film. Guerre. EU. 1985. Réal. : George
Pan Cosmatos. 1h40. Avec Sylvester Stallone. John Rambo est libéré
de prison afin qu’il participe à une
mission très périlleuse au Vietnam.
23.15 New York, police judiciaire 1.45
Les nouvelles filles d’à côté. Série
22.10 Le roi Arthur. Film. Aventures
0.25 Smallville. Série
22.35 Paul. Film. Comédie 0.25 Football. Marseille/Naples
Chaque jour un peu plus difficile
GRILLE 719 FACILE
8 1
4 2 6
3 4
5 4
2
3 6
4 9 5
8
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1
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IL SUIT
LE VOTE
BONNES
ESCORTES
PLEURNICHER
C'EST DU
CINÉMA
115/20
5/20
1.20 Un gars, une fille. Série. Avec
Jean Dujardin, Alexandra Lamy
9/19
13/22
113/26
110/21
11/23
119/22
9/22
220/27
VENDREDI
ENDR
15/1
15/18
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17/
17/21
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MOTS FLÉCHÉS N°559
SU DO KU
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BIFFA
BANDE
AVEC FILS
USINES À
MÉTAUX
COLORER
BOYAU
FONCERAS
AU BORD
DES LARMES
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MORCEAU
DE VEAU
MÂCHE
DANS LE PRÉ
FAIT
REVIVRE
CLIENT
COUREUR
SE GÂTER
ESSAYER
REMISER
COQUIN DE
MARQUIS
CRASSEUX
FICHU
D
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M
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T
A
A
PLUS QUE
DES
SOUHAITS
BARRE DE
RENFORT
NAVET
FAMILIER
CARRÉ DE
TERRE
BAGNOLE
SOLUTION DU NUMÉRO PRÉCÉDENT
APPARUE
BASE DE
LANCEMENT
AU MOYEN
DE
ACTION
AU FOOT
PLATINE
AU LABO
ON LE
TROUVE EN
HAUT DU
TOIT
GARDE SA
PLACE
COINCÉE
ATTACHE
DES FILS
PETIT FILET
IL A
CONFIANCE
EN L'AVENIR
TEMPS CIVIL
DE
RÉFÉRENCE
DOUZE
MOIS
C'EST ROSSE
DE FAIRE
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GÉNÉRAL
ORIENTÉ
AU SUD
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13/20
15/22
15/22
ATHÈNES
BERLIN
BUDAPESTT
LISBONNE
PRAGUE
TUNIS
12/18
13/19
13/1
13/199
115/18
5/1
12/21
113/24
113/22
13/16
11/18
115/25
JEUDI
14/19
Série. Comédie dramatique. EU.
2005. Saison 2. 6 épisodes. Avec Teri
Hatcher. Après l’accident de Gaby, le
quartier se réunit pour décider de la
mise en place d’une patrouille.
10 à 20 20 à 30 30 à >40
AMSTERDAM
BELGRADE
BRUXELLES
DUBLIN
MADRID
ROME
MERCREDI
ERCRE
20.45 Desperate Housewives
18.30 Sans aucun doute. Magazine
19.40 Alerte Cobra. Série
222/30
117/22
7/21
11/15
115/18
117/25
ALGER
BARCELONE
BERNE
COPENHAGUE
LONDRES
RABAT
0 à 10
mardi 22 octobre 2013 LE FIGARO
34
Cécile de La Guérivière
[email protected]
À
sa voiture de fonction avec
chauffeur, Monsieur le viceconsul de France préfère sa
vieille moto qu’il enfourche en
tenue de sport : « J’aime la vie au
grand air », se justifie-t-il, les
yeux rieurs. En poste depuis
2007, à Chengdu - capitale de
l’immense province montagneuse du Sichuan aux
80 millions d’habitants -, Serge Koenig s’est vu doter du surnom local de « Gao Ning », « l’altitude en
sérénité ». Peut-être parce que l’alpiniste dégage
cette force tranquille propre aux rares hommes à
avoir réussi à gravir le sommet de l’Everest, 8 848
mètres, « l’altitude où volent les Boeing 747 »
s’émerveille-t-il encore. Un exploit qu’il s’était
fixé adolescent, dans son petit village alsacien, fasciné par les écrits sur l’Himalaya. « Au lieu de courir les filles et de sortir le soir, je m’étais imposé une
vie d’ascète. Je consacrais tout mon temps à faire des
pompes, à m’entraîner à escalader. » Repéré par
des professionnels de l’alpinisme, Koenig est appelé en 1980 au groupe militaire de haute montagne à
Grenoble, « la patrouille de France de l’alpinisme ».
À 22 ans, il assiste au décès tragique de trois compagnons de cordée. « C’était lors d’un banal entraînement, à quelques mètres du sommet du mont Blanc.
Un bloc de glace de la taille d’un immeuble nous a subitement propulsés dans le vide. Par miracle, alors
que j’étais aspiré des centaines de mètres plus bas
avec les autres, la corde entre moi et mon compagnon
s’est enroulée autour d’un rocher enchâssé dans la
glace, stoppant net ma chute… » Repéré par hasard
dans les jumelles d’un pisteur, il sera sauvé in extremis. Un véritable « électrochoc ». « Je me suis dit
que désormais je ne pouvais plus vivre que par passion, pionnier ou missionnaire… »
Quelques mois plus tard, l’armée lui offre son
premier passeport pour la Chine. Il participe à la
première expédition occidentale d’après-guerre
sur le versant chinois de l’Everest, au Tibet. « Mes
parents se sont plongés dans leur atlas, vivant tout
cela par procuration encore plus intensément que
moi. » Sur place, pour le jeune Alsacien, c’est le
coup de foudre. L’Himalaya agit sur lui comme un
aimant. Serge Koenig participe ainsi à quatre expéditions sur l’Everest, dont l’opération Sagarmatha
en 1988, retransmise en direct à la télévision française et qui lui permettra enfin d’accéder au sommet.
Une carte à jouer
« Serge, c’est avant tout une force de travail qui
donne le tournis, explique le présentateur d’Antenne 2 de l’époque Alain Valentini, devenu un
ami. Quand il a une idée et qu’il est convaincu que
l’action qu’il souhaite mener est juste, rien ne le fera
lâcher prise. » En 1999, Serge Koenig fait ainsi le
pari fou de monter une école de guides de haute
montagne à Lhassa, dans la très sensible région
Bio
EXPRESS
1958
Naissance à Thann
(Haut-Rhin).
1984
Intègre la Compagnie
des guides de Chamonix.
1988
Gravit le sommet
de l’Everest.
1999
Crée l’école des guides
de haute montagne
à Lhassa.
2002
Conseiller au cabinet
du ministre des Sports.
2007
Vice-consul de France
à Chengdu.
ED. GLÉNAT
SUCCÈS ! autonome du Tibet. « En fait, les difficultés attendues de Chine sont venues de France, par des polémiques d’associations sur la cause tibétaine » raconte-t-il avec une pointe d’ironie. Aujourd’hui,
son école est devenue une référence dans tout le
pays. Plus de 130 jeunes Tibétains y ont appris à
escalader, dont la jeune femme qui a brandi la
flamme olympique au sommet de l’Everest lors
des JO de Pékin en 2008.
De ces années privilégiées auprès des Chinois
et des Tibétains, Serge Koenig a retiré « une vision plutôt à contre-courant des clichés occidentaux » qu’il a détaillée dans un livre (1). « Le peuple tibétain, c’est avant tout 5 à 6 millions
d’individus qui cherchent à s’épanouir, à améliorer
leur vie. Beaucoup ont compris qu’ils y parviendront par l’instruction et le travail. Et en cela, Pékin aujourd’hui les aide. On a tort de vouloir réduire ce peuple à la religion. Il faut s’interroger quand
on voit des clichés qui opposent des anges à des
diables : la réalité est un peu plus compliquée… »
analyse-t-il.
On s’interroge : comment cet alpiniste chevronné qui ne mâche pas ses mots a-t-il pu devenir diplomate ? « Grâce à la montagne, qui m’a tout apporté ». En 2007, alors qu’il est conseiller au
ministère des Sports, Serge Koenig propose en effet de mettre en place une coopération franco-chinoise dans le domaine de la montagne. Pékin
vient alors de lancer un projet visant à développer
les régions occidentales de la Chine, notamment
par le tourisme et les loisirs en lien avec la nature.
La France a une carte à jouer. Koenig s’envole de
nouveau vers l’Himalaya, mais cette fois en tant
que diplomate chargé de promouvoir le savoir-faire français des montagnes. En cinq ans à Chengdu,
plus de 20 contrats commerciaux avec des entreprises françaises de ce secteur naissant ont été
conclus pour près de 15 millions d’euros. « C’est
sûr qu’un diplomate plus très jeune qui est entré en
Chine il y a trente ans par l’Everest et qui continue de
grimper aux falaises et de faire du parapente, ça intrigue un peu admet-il en riant. Mais, finalement,
pour réussir en Chine, il faut savoir durer, être réactif, s’immerger et rester modeste : les règles d’or de
la montagne. » ■
(1) Alpiniste et diplomate, j’entends battre le cœur de
la Chine, Serge Koenig, Éditions Glénat
FIGARO-CI ... FIGARO-LÀ
Une statue de Charles
et Yvonne de Gaulle à Calais
Le 9 novembre, jour anniversaire de la
mort du général de Gaulle, sera inauguré
à Calais un monument dédié au fondateur
de la Ve République. Cette statue en
bronze, signée Élisabeth Cibot, représente
Charles et Yvonne de Gaulle se tenant par
la main, conformément à une photo prise
en 1959 lors d’une visite officielle.
Elle sera installée sur la place d’Armes,
en présence de la sénatrice maire UMP Natacha Bouchart et de nombreux
gaullistes qui feront, pour l’occasion le voyage de Calais, ville natale
d’Yvonne de Gaulle.
Michel Gaudin, actuel directeur de
cabinet de Nicolas Sarkozy rue de
Miromesnil, a remis la légion
d’honneur ce lundi au socialiste Alain
Journet, ancien sénateur et président
du conseil général du Gard. Cette
personnalité de la gauche cévenole lui
a expressément demandé de la lui
remettre. Journet n’a pas apprécié la
façon dont le gouvernement socialiste
a brutalement «débarqué» l’ancien
préfet de Paris, en mai 2012, alors
qu’il arrivait au terme de son mandat.
MUSÉE DE L’ORANGERIE
musee-orangerie.fr
DU 9 OCTOBRE 2013
AU 13 JANVIER 2014
Catherine Clément,
candidate
à l’Académie française
La philosophe et
romancière Catherine
Clément s’est portée
candidate au fauteuil
d’Hector Bianciotti,
décédé en juin 2012.
Cette normalienne
est, entre autres,
spécialiste de Claude Lévi-Strauss et
dirige l’Université populaire du quai
Branly depuis une dizaine d’années.
L’élection aura lieu le 12 décembre.
Sénat : Zocchetto joue Bayrou
Frida Kahlo, Autoportrait à la robe de velours, 1926, Collection privée, © Photo Francisco Kochen, © ADAGP, Paris 2013
Réservations conseillées
François Zocchetto, le président (borlooiste) du groupe UDI-UC au Sénat,
redoute que son prédécesseur (bayrouiste) Michel Mercier ne profite du
rapprochement entre François Bayrou et Jean-Louis Borloo pour récupérer la
présidence du groupe centriste à la Haute Assemblée. Depuis quelque temps,
Zocchetto multiplie les gestes en direction des bayrouistes du groupe… ce qui
inquiète les amis de Jean-Louis Borloo.
VIM/ABACA ET RUE DES ARCHIVES/AGIP
Quand un sarkozyste
décore un socialiste
INTERNATIONAL WEEKLY
En collaboration avec
22 OCTOBRE 2013
Copyright © 2013 The New York Times
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Cette haine
qui conduit
certains
à la terreur
KATRIN BENNHOLD
SUSAN WALSH/ASSOCIATED PRESS
Si Malala Yousafzai est devenue une icône de la paix dans le monde, dans sa région d’origine, au Pakistan, les critiques à son égard sont légion.
Une héroïne, mais pas pour tous
SALMAN MASOOD et DECLAN WALSH
VALLÉE DE SWAT, Pakistan
LA QUESTION POSéE à une classe de seconde dans une cole de
filles situe dans cette pittoresque valle montagneuse tait simple
: combien d’entre elles, leur demandait un reprsentant officiel de
la rgion, avaient entendu parler de Malala Yousafzai ? Les lèves
ont scrut cet homme, Farrukh Atiq, en silence. Pas une seule main
ne s’est leve.
“Tout le monde connaît Malala, mais personne ne veut être associ
à elle”, dclarait plus tard M. Atiq, tandis que les spculations allaient
bon train quant à l’ventuelle obtention du prix Nobel de la paix par
Mlle Yousafzai, qui a reçu une balle
dans la tête tire par des talibans, il y
a un an.
Le prix, annonc le 11 octobre, a finalement t remis à l’Organisation pour
l’interdiction des armes chimiques.
Mais après une semaine de couverture
mdiatique intense, au cours de laquelle
elle a publi son autobiographie et reçu
un prestigieux prix europen dcern,
chaque anne, à une personnalit ayant
oeuvr pour les droits de l’Homme, le
statut d’icône de la paix et du courage
de Malala Yousafzai a t reconnu dans
le monde entier - partout, semble-t-il,
sauf dans son propre pays.
Cela n’est pas seulement dû au fait que
les coliers craignent de devenir des ci-
Monde
Netanyahou seul
contre l’Iran.
De nos jours, les discussions au sujet
des ressources que nous consommons
sur notre planète, toujours plus peuple
et dveloppe, tournent très rgulièrement autour de la question de l’nergie:
comment assouvir
GROS PLAN notre besoin grandissant en nergie
sans porter atteinte
à notre air, notre eau
et notre climat.
Mais l’un des besoins humains les
plus lmentaires,
le simple fait d’avoir
un toit au-dessus de la tête, implique le
dveloppement d’une nouvelle forme
d’habitat qui reste à inventer, le nombre
de logements disponibles tant limit.
Les dfis à relever pour rpondre à ce
besoin sont varis et motivs par diffrents facteurs tels que la gographie,
les possibilits offertes et la dimension
conomique.
Pour tout commentaire, écrivez à
[email protected].
3
bles. “Je suis contre Malala”, dclare
Muhammad Ayaz (22 ans), un commerçant qui tient une petite boutique à côt
de l’ancienne cole de Melle Yousafzai à
Mingora, la ville principale de la valle
de Swat. “Les mdias ont fait de Malala
une hroïne en Occident, mais qu’a-telle fait pour la rgion de Swat ?”
Ce sentiment d’animosit latente envers Malala Yousafzai (16 ans) dans la
valle de Swat — qu’elle a quitte prcipitamment à bord d’un hlicoptère militaire l’anne dernière pour recevoir un
traitement à l’tranger après s’être fait
tirer dessus — semble être motiv, en
partie, par les tensions qui subsistent
dans une communaut rurale encore
traumatise par les conflits.
Même si l’arme pakistanaise a
men une opration militaire d’envergure pour dloger les talibans dans la
valle de Swat en 2009, il reste toujours
des groupes de militants. La crainte
de nombreux rsidents de la rgion de
développeMent durable
Valoriser le rôle des
déchets nucléaires.
voir les islamistes revenir au pouvoir
a attis une hostilit grandissante à
l’gard de la plus clèbre victime de ces
militants. Les talibans ont men une
violente campagne contre l’ducation
des filles dans le nord-ouest du Pakistan, attaquant plus de 800 coles dans
la rgion depuis 2009. Malala tait leurs
farouche opposante.
“Quelle est sa contribution ?” demande Khursheed Dada, membre du parti
politique Pakistan Tehreek-e-Insaf,
qui gouverne la province de KhyberPakhtunkhwa, où se trouve le district
de Swat. Ce cynisme a trouv un cho
dans tout le pays, où les adeptes de la
thorie du complot ont stigmatis Malala Yousafzai, allant jusqu’à la qualifier d’agent de la CIA à la solde d’une
conspiration occidentale visant le Pakistan. Muhammad Asim, tudiant
à l’universit du Punjab à Lahore, ne
Lire la suite en page 4
5
Faute d’espace, il faut penser toujours plus petit
Les solutions sont diverses, elles
aussi. Singapour compte 5,4 millions
d’habitants, un chiffre qui devrait
avoisiner les 7 millions à l’horizon 2030,
et le pays commence à manquer de
place. Les options tant limites, les
autorits envisagent de construire sous
terre. “Singapour est un petit pays et
que nous arrivions à 6,9 millions d’habitants ou pas, la ncessit de trouver
de nouveaux terrains disponibles est
permanente”, dclarait au Times Zhao
Zhiye, de l’universit de technologie de
Nanyang.
Il existe djà des autoroutes et des
lignes de transport souterraines, les
travaux de construction d’un site de
stockage de ptrole ont dmarr et un
centre de recherche scientifique devrait prochainement voir le jour. “Au
dbut, les gens pourront prouver un
problème d’ordre psychologique, mais
avec un clairage et un système de
ventilation adapts, ils parviendront
progressivement à surmonter leurs
craintes et s’habitueront à l’ide de travailler et de vivre sous terre”, affirme le
Dr Zhao. Les chercheurs de Nanyang et
de l’universit nationale de Singapour
envisagent la construction de complexes sportifs, de piscines et de cinmas
souterrains.
Ng Chi-hung se satisferait d’un
logement où il pourrait vivre debout.
Il fait partie des 22 hommes vivant, à
Hong Kong, dans un appartement de
42 mètres carrs compos de cabines
empiles les unes sur les autres, dont
les dimensions permettent à peine
de loger un matelas, un tlviseur et
quelques tagères. “Quand vous vivez
dans un tel environnement, vous devez
vous adapter à tout”, explique M. Ng,
un homme de 55 ans, sans emploi. Dans
l’une des villes les plus chères au monde, il paie environ 180 $ par mois pour
occuper son compartiment.
Les chercheurs estiment qu’au moins
170 000 personnes vivent dans des
conditions similaires à Hong Kong,
dans des espaces spars uniquement
par des plaques de plâtre et des grilles
mtalliques. Il y a juste assez de place
pour dormir.
Cheng Tin-sang, 59 ans, qui occupe
la cabine au-dessus de celle de M. Ng,
ne peut pas travailler en raison de
problèmes cardiaques, il passe donc
ses journes à errer dans les rues. “Je
m’installe dans diffrents lieux comme
des restaurants McDonald’s, dclare-til. Je vais n’importe où tant qu’il y a l’air
conditionn”.
Les difficults de l’ambitieuse jeunesse amricaine semblent drisoires en
comparaison, mais ceux qui rêvent de
faire fortune ressentent une pression
tout aussi touffante. À San Francisco,
où gravite le monde de la technologie,
LONDRES — Dans son confortable salon, Sean O’Callaghan regarde les images
tlvises de personnes terrifies tentant
d’chapper aux activistes dans un centre
commercial hupp au Kenya. Certains
de ceux rests à l’intrieur ont dû dcliner leur religion. Les musulmans ont t
pargns, les non-musulmans excuts.
“Mon dieu, ce groupe de djihadistes-là
est terrible”, dit un de ses amis, un compatriote irlandais, en secouant la tête.
“Mais nous faisions la même chose”, lui
rpond O’Callaghan.
Il y eut le massacre de Kingsmill en
1976. Des miliciens catholiques arms arrêtèrent un minibus avec douze ouvriers
à bord dans le Comt d’Armagh, en Irlande du Nord, relâchèrent le seul catholique
et firent aligner les onze protestants côte
à côte avant de les abattre un à un.
M. O’Callaghan, un ancien paramilitaire de l’Arme Rpublicaine Irlandaise,
pose un regard particulier sur ces meurtres de sang-froid.
Au cours d’une journe ensoleille de
1974, il pntra dans un bar d’Omagh,
en Irlande du Nord, et abattit un homme
pench sur le comptoir en train de lire les
pages du tierc, un homme qu’on lui avait
dpeint comme un traître notoire de la
cause catholique irlandaise.
Les parallèles historiques prsentent
invitablement des failles. Mais un rcent dferlement d’atroces bains de sang
- l’attaque de Nairobi qui fit de nombreux
morts, l’excution par les djihadistes syriens de prisonniers aux yeux bands,
un soldat gyptien faisant feu sur la fille
adolescente d’un leader des Frères Musulmans - vient à nouveau soulever la
sempiternelle question : avons-nous tous
cela enfoui au plus profond de nous ?
Lire la suite en page 4
ANDREW TESTA POUR LE NEW YORK TIMES
Sean O’Callaghan fait le lien entre
les récents actes de terrorisme
et ceux qu’il a commis.
arts & culture
Un maître qui s’y
prenait à deux fois.
6
les locaux professionnels sont difficiles
à dnicher. Une seule solution : louer
une table. Ou un coin de table. Telle est
l’option propose aux start-up technologiques par RocketSpace, qui facture
de 700 à 800 $ par mois la location d’un
emplacement sur une longue table servant de bureau. Et cette table est parfois partage avec d’autres locataires.
“Les casques sont devenus la nouvelle
façon de s’isoler”, dclare Duncan Logan, le fondateur de RocketSpace.
Mais le système offre certains avantages, comme l’nergie qui se propage
lorsque vous travaillez au côt de locataires dans la ligne de Zappos et Spotify. “Quand je travaillais seul, je pensais
que mes ides valaient un milliard de
dollars, dclare Michael Perry, un locataire. Ici, tous les locataires sont dans
cet tat d’esprit et ils travaillent tous
d’arrache-pied. C’est très stimulant.”
En plus, il y a de la bière et des bonbons
gratuits. C’est presque aussi agrable
qu’un McDonald’s climatis à Hong
Kong.
ALAN MATTINGLY
2
22 OCTOBRE 2013
THE NEW YORK TIMES INTERNATIONAL WEEKLY
O P I N I O N S & C O M M E N TA I R E S
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Un avertissement
aux généraux égyptiens
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Le méchant de ‘Gravity’
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et ls spnsbls u cIo puint iffiilnt s’n éuvi t s’ pps.
dns l ht lpiqu figu l pinip 6 qui énn ls isiintins tut st t éffi l’nggnt s
Jux n fvu l’églité t s its
l’H. c’st insi qu athlt all,
tvillnt v un siété pplé I
Bn, t l juu ftbll pfssinnl Bnn anbj, iginé utilis l n ê pinip, pgné ’un u plusius lgs fisnt
llusin, un ph ssé
ux lis usss t un n pu ls thlèts t lus suppts ’xpi lus
nvitins. L sbl t ls sllbs P6
puint vni un tif nipésnt
qui n’énn ps lint un philsphi glbl, is vêt un signifitin
filnt intifibl.
“dès l’instnt ù ls lis usss nt
fit pl ’lls, ls gns nt ssé éfléhi à l niè ’utilis ls Jux
lpiqus pu ls énn”, xpliqu
Bin elln, b u cnsil ’inisttin athlt all. ds ptisns
l’églité LGBT nt pplé à un btt s Jux ’hiv, is nbux
uts, pis i-ê, pnsnt
qu t t iit tp lin. Il tnsfit l’ttntin pgtiqu t iptnt nt fnt l’bjt ls lis inptbls russi n un plint ins
nstutiv, t un ébt su qu pint ls thlèts éiins qui s
snt lngunt ntînés t ls fns spt qui s éjuissnt s Jux lpiqus. ds éfnsus nt églnt ilité pu un éplnt s Jux ’hiv, is hix lgnt ipbbl
Protester contre
les lois russes
sans les enfreindre.
fftivnt été jté.
cs ipsss n’nt ps signé l t
’un uvnt xpint un vlnté
lgnt épnu ti un lçn
s Jux. “J fus ’nvisg un
btt, ffi Nik Sns, un
uu i-fn éiin b l’équip lpiqu s Étts-Unis
n 2008 t 2012. mis j pt su l cIo
pu fi spt l ht. Si vus
pnz l pin l li, ll ffi qu
tut f isiintin n s ps
tléé. et lint, l cIo pt un
tll hs.”
Il s’st ént nu n russi, ù
il ptiipé ux chpinnts u n 2013, ptnt l éill ’gnt
u 800 . dns l ps ê, il pis
sin énn ls lis hphbs,
élnt à un gn pss uss:
“J pns qu tus ls êts huins
éitnt l’églité, qull qu sit l niè nt diu ls fits.” Il ’ iniqué
qu’il n pnsit ps êt êté u s vi
nfisqu s éill - in l n’st
ivé - t qu ns tus ls s, il n pnit l isqu.
Nik Sns fit pti ’un nb issnt ’thlèts lpiqus signtis ’un pétitin. ell ipl l
cIo él sns biguïté qu s
philsphi nti-isiintin nglb
ls hsxuls t lus its, t qu ls
lis usss n sptnt ps l ht u
cIo t l’spit lpiqu ; l russi, ps
hôt, it n pn nsin.
L st u tnnis an rik t l
juu l Ntinl Bsktbll assitin Stv Nsh, tus ux véténs s
Jux lpiqus, fnt pti s thlèts
qui v Nik Sns ttint l’ttntin su l pinip 6.
Pu an Bnks, l itu génél all out, il st li qu “buup
psnns hhnt un n s’xpi.” “J’i ntnu tt n
upès nbuss psnns ns
iffénts spts”, ssu-t-il. Il jut
qu s’gissnt s thlèts qulifiés pu
Sthi, “ils nt l sntint qu’il st ispnsbl lu n hisi nt l spt qu’ils nt t ls pinips
uxquls ils snt tthés.”
L uvnt u pinip 6 ntn ti pfit s Jux ’hiv t l’uin
nil qu’ils susitnt sns isqu nsu ls thlèts. Put-êt fntils un sign v 6 igts. Put-êt lu
tnu inlu-t-ll un lg qué P6.
Plusius èls snt tullnt
étuiés. “Il st pbbl qu vus viz
s hniss, hpux, gnts, hiss”, ffi an Bnks.
all out, athlt all t lus ptisns
s nnt pt qu lus ffts snt vins s’ils n’infnt ps pint l publi su l uvnt P6. Ils
nt ésis nté tt issin, qui
bénéfii plnt l’iplitin sptifs Nik Sns, an
rik, Stv Nsh t l plngu Gg
Lugnis, un nin thlèt lpiqu
uvtnt g qui énné ls lis
usss. Ils vulnt qu l sbl P6 vinn un pu -n-il sns n
êt un, l i n fvu l’églité qui
squiv l sllb g, lntblnt
isqué ns l ntxt s Jux ’hiv bin ptiulis.
Pu un thlèt, l pt u sbl P6
sit un “jug l cu supê s ttunt l pi nnt
su sn bs”, xpliqu Bin elln.
“est- plitiqu ? Nn. c’st l nstitutin.”
NIChOLAS d. kRISTOF
Quitter la rue, une fois pour toutes
Nashville
en pnt F Sipkins pu un ppt sxul, ls lints l jun pstitué pnsint tinnt vi ffi
à un tnstin nt ults nsntnts. mis l élité st tut ut, suvnt ns gn situtin. Sipkins nfi qu’ll ppis, à l’âg six
ns, à fi s flltins n suivnt ls
nsils s è lsnt, lliqu
t junki. ell s suvint ss pls :
“c un sutt.”
Sipkins finlnt pis l éisin s’nfui l isn à l’âg 14 ns vnt
tb itnt ns ls filts ’un
pxénèt. “J pnsis qu’il étit n ptit i”, nfi Sipkins. “ J n élisis
ps qu ’étit un pxénèt.” Lsqu sn
sutnu été tué, ll st tbé sus
l up Knn, un ut pxénèt.
Il étit à l têt ’un “éui” qut
juns fs uxqulls il élit un
hiff ’ffis qutiin 1000 lls.
Si l ntt n’étit ps pli, un pssg
à tb lu étit ésvé.
on it à tt qu’un tp ptnit
il li ls pxénèts t ls pstitués. mis l élité, ’st qu hqu
ll ggné p un pstitué vint u
pxénèt, qui pè nsuit à l istibutin l gu, l’ll, s vêtnts t l nuitu. “ chqu su lui
tb sus l in”, xpliqu Sipkins.
“Si n vus ttp v l’gnt su
vus, n vus fpp.”
J’i nnté Sipkins ii, à Nshvill,
ù j élis, v f Shl
Wudunn, un unti qui tit l’xplittin sxull. L’éissin s
iffusé su PBS, pu pgn nt phin liv. Nus tunins l unti v l’ti ashl Ju, qui
vit ns l égin Nshvill t nnît
bin l sujt. Ju vgé ns l n
nti pu tnt iux ppéhn
l pblétiqu l’xplittin sxull
- t ll été hqué nstt qu
nus vns éuvt à ux ps hz
ll. “Ç fit pu”, ’ néé l’ti.
L’xplittin sxull st un viltin
s its l’H - l’un s plus iptnts ux Étts-Unis uju’hui, qui
s’ppnt ê, ns tins s, à
un tin f ’slvg. Nt siété sbl n ps vuli éiqu fléu, pu un isn sipl : l btill
sbl pu ’vn. et putnt, Sipkins st l puv vivnt qu nus n vins ps biss ls bs.
Sipkins ffi qu’ll sit t
uju’hui sns l’intvntin iulus l révén B Stvns,
pêtss épispl l’univsité Vnbilt, qui vint n i ux fs
qui tntnt ’éhpp à l pstitutin.
Stvns suhitit qu s ngégtin
tuv s slutins à s pblétiqus
justi sil t nué s lins tès
fts v s “suvivnts”. Filltt, ll
subi s sévis sxuls t ll ptgé
s ês sntints vulnébilité,
’injusti t lè ssntis p ls
vitis ’gssins sxulls. Gâ ux
ns t ux bénévls, Stvns fné un
pg ’hébgnt bptisé “mgln” pu vni n i à s fs
qui suhitnt vin lu itin à l
gu t ébut un nuvll vi. ell éé Thistl Fs, qui pli s izins fs à l fbitin puits
vnus ns ls gsins t su Intnt.
ctt nné, Thistl Fs églnt
uvt un fé.
Shli Sipkins ptiipé u pg t hssé ss viux éns.
en éb, ll btin s lin n
pshlgi, t ll pjtt pss sn
mst n ffis sils. et ll i ls
fs à sti l u. J’i nnté
bn nb pstitués qu Sipkins
iés, nt un f qui s pstitu
puis l’âg 8 ns t spè uju’hui
nstui un nuvl vni. Un ut êté l gu, ll ébuté un tvil
vnus t tuvé un tu qui pté lui ti gtuitnt ss 16
ttugs - ls vstigs sn pssé ux
ins ’un pxénèt. Un lsnt
pstitué ’ nfié qu’ll ssi pn s vi n in n xpliqunt :
“misll Shil st l sul psnn
qui st vnu n visit n pisn.”
Gâ à mgln t Thistl Fs,
s slutins snt ppsés à s fs:
s hébgnts t s pgs tvil pu ls i à s libé l’pis s pxénèts. mis l plitiqu épssin à l’nnt s pxénèts
t s lints st insuffisnt. Sipkins
pns qu’ll été êté nvin 200 fis,
is ss pxénèts, jis. Sln s
luls, un lint à Nshvill ins 0,5 pu nt hns ’êt nné.
S’ils nuint un plus gn pin,
ins ’hs hètint ls fvus
sxulls s fs t l biss l
n fit tins pxénèts à
jt l’épng.
ds fs Sipkins, qui flètnt l pité ésilin s êts
huins, éitnt un plus gn pthi l pt l siété. L jun f
s’st ié t ux nfnts, 4 t 6 ns.
L’îné, qui vint ’intég un pg
pu nfnts suués, fit l fité s
è.“ J n’i ps fit buup bnns
hss ns vi, is ç, j vis l fi
il fut. J vis vni l illu
è u n.”
LE NEw YORk TIMES INTERNATIONAL wEEkLY EST PubLIÉ ChAquE SEMAINE dANS CES jOuRNAux: SÜddEuTSChE zEITuNg, ALLEMAgNE ● CLARíN, ARgENTINE ● dER STANdARd, AuTRIChE ● LA RAzóN, bOLIvIE ● A TARdE, gAzETA dO POvO, FOLhA ET jORNAL O POvO, bRÉSIL ● guELPh MERCuRY, ThE hAMILTON SPECTATOR,
TORONTO STAR ANd wATERLOO REgION RECORd, CANAdA ● LA SEguNdA, ChILI ● ChINA dAILY, ChINE ● EL ESPECTAdOR, COLOMbIE ● EL PAíS, ESPAgNE ● ThE kOREA TIMES, ÉTATS-uNIS ● LE FIgARO, FRANCE ● PRENSA LIbRE, guATEMALA ● LA REPubbLICA, ITALIE ● ASAhI ShIMbuN, jAPON ● dIARIO dE YuCATáN, EL NORTE,
ExPRESO, MuRAL, REFORMA ET SíNTESIS, MExIquE ● EL NuEvO dIARIO, NICARAguA ● LA PRENSA, PANAMA ● MANILA buLLETIN, PhILIPPINES ● LISTIN dIARIO, RÉPubLIquE dOMINICAINE ● ThE ObSERvER, ROYAuME-uNI ● TOdAY, SINgAPOuR ● TAgES-ANzEIgER, SuISSE ● uNITEd dAILY NEwS, TAIwAN ● SAbAh, TuRquIE
22 OCTOBRE 2013
3
THE NEW YORK TIMES INTERNATIONAL WEEKLY
Monde
En Inde, la prison n’est pas un obstacle pour se faire élire
ELLEN BARRY
DALTENGANJ, Inde — Quand il a décidé de briguer un siège parlementaire
pour représenter cette circonscription à
la population majoritairement pauvre et
de caste inférieure, Kameshwar Baitha
n’a pas cherché à dissimulé son casier
judiciaire. Docilement, il a énuméré les
graves charges pesant sur lui, tout en affirmant qu’elles étaient toutes infondées.
Parmi les accusations, 17 concernaient
des meurtres, 22 des tentatives de meurtres, 6 des agressions à l’aide d’armes
dangereuses, 5 des vols, 2 des extorsions
etc, un héritage de l’époque où M. Baitha
était à la tête des rebelles maoïstes locaux. Et en plus de tout cela, il purgeait
une peine de prison.
Cela ne lui a pourtant causé aucun tort
auprès des électeurs de la circonscription,
a constaté son fils, Babban Kumar, qui
souhaite suivre les traces de son père en
politique. Les habitants de la région ayant
tendance à porter leurs suffrages sur des
personnalités qu’ils prennent pour des
Robin des Bois, il n’est pas impossible que
cela l’ait même aidé.
Une évolution s’est tout de même fait
sentir cette année dans la politique indienne, à la suite des revendications d’une
classe moyenne urbanisée et en plein essor qui réclame que les politiciens véreux
soient exclus du système. En juillet, la
Cour suprême a répondu à ces nouvelles
exigences en interdisant désormais aux
politiciens reconnus coupables de crimes
de continuer à exercer leurs fonctions
après s’être simplement pourvu en appel. Cette décision écarte des responsabilités les politiciens condamnés à plus
de deux ans de prison par une juridiction
inférieure.
Cette initiative risque toutefois de se
heurter à une résistance forte dans les
régions où perdure une autre Inde, cette
Inde d’hier, où les élections sont encore
dominées par le système des castes. Dans
la région tribale que représente M. Baitha, la grande majorité des responsables
élus font l’objet d’accusations criminelles,
la plupart concernant des faits de corrupHari Kumar et Malavika Vyawahare
ont participé à ce reportage.
CHINE
PAKISTAN
New
Delhi
NEP
A
L
Daltenganj
JHARKHAND
INDE
Mer
d’Arabie
Golfe du
Bengale
480 KILOMETRES
LE NEW YORK TIMES
MANPREET ROMANA POUR LE NEW YORK TIMES
À Daltenganj, Kameshwar Baitha s’est fait élire au Parlement tout en étant accusé de meurtre.
30% des élus feraient
l’objet de poursuites
judiciaires.
tion, mais aussi des crimes violents. Cependant, les électeurs ne tiennent généralement pas compte de ces accusations,
qu’ils considèrent plutôt comme des tentatives de la part des élites de s’en prendre aux champions des pauvres.
Le cas de Lalu Prasad s’annonce comme un bon test pour juger de l’efficacité
des nouvelles mesures : cet homme in-
fluent de l’Etat voisin du Bihar, écarté de
ses fonctions après avoir exercé des responsabilités politiques durant de nombreuses années, se présente aux prochaines élections après avoir été condamné
à une peine de prison pour corruption.
A force de maneuvres et de pieds de nez
à l’encontre des procureurs, M. Prasad avait réussi à faire traîner le procès
contre lui pendant 17 ans.
Issu d’une caste d’éleveurs de bovins,
ce populiste démontrait son sens de la
mise en scène à chacune de ses comparutions et faisait du tribunal un véritable
théâtre politique. Il est ainsi arrivé à une
audience à l’arrière d’un rickshaw, entouré de partisans enthousiastes, alors
La croisade solitaire de Netanyahou
JODI RUDOREN
Barak, un consultant politique
de Jérusalem, qui avait travaillé
JÉRUSALEM — Le Premier
avec le Premier ministre au début
ministre israélien, Benjamin
des années 1990. Le problème,
Netanyahou, dont le père était
c’est qu’aujourd’hui il n’arrive
historien, se plaint souvent que
plus à convaincre. Son message
la mémoire politique de ses comest clair, c’est toujours le même,
patriotes “ne remonte pas plus
la situation est la même, mais le
loin que le petit-déjeuner. ” Mais
point de vue de tous les autres, lui,
quand M. Netanyahou a récema changé.”
ment essayé de mettre la comPlusieurs personnes ayant
munauté internationale en garde
rencontré M. Netanyahou récontre le programme nucléaire
cemment le disent déterminé et
iranien, en mettant en avant
résolu. Selon les analystes de la
d’anciens textes, l’Holocauste,
politique israélienne, le dirigeant
ou un livre rédigé en 2011 par le
israélien, qui a fait ses études à
président iranien Hassan RoHarvard et au Massachusetts
hani, il a donné l’impression d’en
Institute of Technology
faire trop. Au moment
(MIT), est d’une granoù les six plus grandes
de habileté diplomatipuissances mondiales
que mais peu porté à
tentent de négocier sur
l’action, se montrant
la question nucléaire
davantage dans son
avec les nouveaux diélément derrière un
rigeants iraniens, le
pupitre ou face à une
leader israélien risque
caméra. “Même si la
de paraître figé dans le
plupart des Israéliens
passé alors qu’autour
ne l’apprécient pas, ils
de lui l’environnement Benjamin
le considèrent comme
géopolitique est en plei- Netanyahou
le meilleur des avocats:
ne évolution.
lorsqu’il s’agit d’arguMultipliant les intermenter, il est toujours à la hauventions médiatiques, M. Netateur, analyse Ben Caspit, chronyahou, 63 ans, s’est lancé dans
niqueur israélien et auteur d’une
une des plus importantes cambiographie de M. Netanyahou.
pagnes diplomatiques de sa carC’est un lanceur d’alerte profesrière, afin d’éviter ce qu’il consisionnel. Un prophète professiondère avec inquiétude comme “un
nel. Mais toujours pessimiste et
mauvais accord” avec l’Iran.
menaçant.”
Plaidant pour un arrêt complet de
Le spectacle que M. Netanyal’enrichissement de l’uranium et
hou présente aux Israéliens s’aple maintien des sanctions éconoparente de plus en plus à un one
miques, M. Netanyahou apparaît
man show, dans lequel il assume
aujourd’hui en décalage.
notamment le rôle de ministre des
Mais l’isolement n’est pas une
Affaires étrangères. Plusieurs
situation nouvelle pour un hommembres de son cabinet, expéme qui n’a que peu d’amis et une
rimentés dans le domaine de la
confiance limitée en ses alliés, qui
sécurité et qu’il considérait, sont
fuit la compagnie pendant les repartis. Son plus proche conseiller,
pas de Shabbat, et ne perd jamais
Ron Dermer, a quitté Israël pour
une occasion pour déclarer qu’Isdevenir ambassadeur à Washingraël entend assurer sa propre déton ; il a perdu son secrétaire de
fense, par ses propres moyens.
cabinet avec lequel il travaillait
“Netanyahou est plus à l’aise
depuis plusieurs années ; et le
lorsqu’il s’agit de prédire des
conseiller à la sécurité nationale
catastrophes, de faire peur aux
est sur le départ.
gens pour les inciter à agir d’une
Mais si M. Netanyahou renconcertaine façon, estime Mitchell
tre une opposition grandissante
au sein de son propre parti, le
Likoud, aucun rival ne brigue son
poste pour l’instant et le vif débat
interne sur d’éventuelles frappes
israéliennes visant l’Iran a quasiment pris fin.
M. Netanyahou entretient avec
l’histoire un rapport très personnel. Son frère Jonathan a trouvé
la mort en 1976 lors de l’assaut
lancé par les Israéliens sur l’aéroport d’Entebbe en Ouganda pour
libérer des otages. Aux Nations
Unies, il a raconté comment son
grand-père Nathan s’était promis de participer à la construction d’un Etat juif après avoir été
agressé par un groupe de voyous
antisémites à la fin du 19e siècle
en Europe.
L’Iran est la priorité de M Netanyahou (beaucoup disent son
obsession) depuis 1996, lorsqu’il
avait mis en garde contre la menace nucléaire iranienne dans
un discours devant le Congrès
des Etats-Unis, peu après avoir
pris ses fonctions de Premier ministre. Au cours des trois années
suivantes, il avait réorienté les
programmes en matière de renseignement pour les axer sur Téhéran. Devenu leader de l’opposition de 2006 à 2009, il s’était donné
comme mission de convaincre les
fonds de pension de l’Etat américains de se défaire des actifs iraniens. Et dès son retour au poste
de Premier ministre en 2009, il a
mené campagne en faveur des
sanctions contre l’Iran, en brandissant la menace de frappes.
Ses détracteurs comme ses
admirateurs parlent de croisade
messianique. M. Netanyahou
n’est pas religieux, mais il a de
lui-même l’image d’un chef responsable du destin de son peuple.
“Nous sommes tous ici pour une
mission, a-t-il déclaré. Ma mission est de défendre l’avenir du
peuple juif, ce qui signifie défendre l’Etat juif. Le défendre contre
un Iran nucléaire. Je ne laisserai
pas cela se produire, a-t-il continué. Et cela ne se produira pas.”
qu’une autre fois, c’est sur le dos d’un éléphanteau, qu’il est reparti d’une prison.
La représentation semblait cependant
avoir pris fin avec sa condamnation. Et
pourtant, récemment, assis dans sa prison de Ranchi, il paraissait tout à fait en
mesure de gérer son formidable empire
politique. De nombreux sympathisants et
collaborateurs affluaient devant la porte
en fer de la prison. Les gardiens laissaient
les visiteurs entrer et sortir.
A l’échelle nationale, le nombre d’élus
indiens faisant l’objet de poursuites judiciaires est extraordinaire : selon l’Association pour des réformes démocratiques,
un groupe de recherche de New Delhi,
ils représenteraient jusqu’à 30 % des
vainqueurs des élections nationales et
régionales depuis 2008. Les raisons sont
multiples : au fur et à mesure des évolutions du système démocratique indien, les
candidats ont recherché l’appui de voyous
“aux gros bras”, puis d’hommes disposant d’argent pour pouvoir influencer les
électeurs afin d’obtenir les postes. Mais
il est également vrai que les plafonds de
dépenses imposés sont tellement bas
que les candidats souhaitant absolument
l’emporter sont tentés d’enfreindre la loi.
M. Baitha, qui assure avoir changé
d’idéologie, a décidé d’entrer en politique alors qu’il était incarcéré en attente
de son procès en 2005. Son nom était tellement connu dans l’Etat du Jharkhand,
reconnaît-il, qu’il a gagné les élections
sans même être sorti de prison pour faire
campagne. Les électeurs ont clairement
signifié que les accusations leur importaient peu, et M. Baitha a précisé que la
plupart des poursuites avaient été abandonnées après son élection. Selon Santosh Kumar Dube, qui occupe des fonctions municipales à Ranchi, M. Baitha
aurait “pris part à des combats armés et
participé à des massacres” à l’époque où
il était maoïste. Mais il ajoute : “Toutes
ces accusations contre lui ont été portées
pour s’en prendre aux pauvres. Les gens
n’ont pas peur de lui.”
4
22 OCTOBRE 2013
THE NEW YORK TIMES INTERNATIONAL WEEKLY
monde
Hussein, père de famille en Jordanie et chef rebelle en Syrie
NORIMITSU ONISHI
RAMTHA, Jordanie — Il y a peu de
temps encore, le chef rebelle syrien était
assis confortablement sur un coussin, et
les conversations et les rires de sa femme
et de ses enfants emplissaient la maison.
Puis un jour, il a rasé sa barbe et est revenu discrètement en Syrie, où il dirige
une brigade de rebelles.
“J’ai pleuré, raconte sa belle-mère,
Wesal al-Aweer. Je l’ai supplié de ne pas
partir.” Son épouse, Montaha Zoubi, 34
ans, explique : “Nous avions l’habitude
de le voir à la maison, et maintenant elle
semble vide.”
Propriétaire d’une boutique d’informatique en Syrie avant la guerre civile,
Hussein Zoubi, 40 ans, a pris les armes
contre le gouvernement deux ans plus
tôt. Depuis, comme des milliers de Syriens en Jordanie, Liban et Turquie, il
mène la vie des rebelles qui font la navette entre les deux frontières, combattant
en Syrie et père de famille en Jordanie.
Contrairement aux combattants islamistes aguerris qui ont réussi de rapides
avancées en Syrie ces derniers mois,
ils sont des hommes ordinaires - petits
entrepreneurs, plombiers, charpentiers
- pris dans l’engrenage de la guerre. Parfois, ils combattent pendant des semaines et restent connectés par Internet,
puis rentrent voir leur famille, pansent
leurs plaies et s’occupent de leur entreprise qui aura peut-être souffert de leur
absence.
Ramtha, située juste en face de la frontière, est la ville jumelle de Dara, point de
départ du soulèvement syrien. Des obus
Rana F. Sweis a contribué à ce reportage.
de mortier en provenance de cette dernière tombent régulièrement par erreur
sur Ramtha. Très important, la ville de
Dara peut exploiter le réseau de téléphonie mobile de la Jordanie, grâce auquel
les familles divisées échangent un flux
quasi constant de textes et de messages instantanés, sans parler des appels
téléphoniques. Ces hommes, à la fois
combattants et réfugiés, appartiennent
à des groupes liés à l’Armée syrienne
libre soutenue par les États-Unis et la
Jordanie.
Mohammed Askar - qui à l’instar de
Hussein Zoubi, fait partie de la brigade
de rebelles Liwa Fajr al-Islam - est récemment revenu à Ramtha après deux
mois et vingt jours en Syrie. Il s’est remis en mode paternel, jouant avec ses
six enfants et emmenant les plus grands
à l’école. “Lorsque j’ai voulu récupérer
mes filles le quatrième jour, j’ai entendu
deux filles jordaniennes crier "Mendiants syriens, bohémiens syriens",
raconte-t-il. Alors je les ai retirées de
l’école.”
Avant la guerre, Mohammed Askar
était co-propriétaire d’une usine fabriquant du concentré de tomate. Il employait trente personnes à Tafas, au nord
de Dara. Comme de nombreux hommes
de la ville, il s’est joint au combat contre
le gouvernement afin de défendre sa
communauté et laver un affront. “Avant
la révolution, je croyais être au sommet,
avoue-t-il. Je fixais mes horaires de travail, c’était super. Puis mon usine a été
détruite, et j’ai tout perdu.”
Âgé de 36 ans, Mohammed Askar explique que désormais il participe aux
combats et se sert de sa maturité pour
Les réfugiés syriens de Jordanie
se sont joints aux rebelles
se battant de l’autre côté
de la frontière. Mohammed Askar
et quelques-uns de ses enfants
à Ramtha, en Jordanie.
LYNSEY ADDARIO POUR LE NEW YORK TIMES
essayer d’unifier les troupes. “En vérité,
je passe la plupart de mon temps à régler
des différends au sein de la brigade”,
reconnaît-il, ajoutant qu’il pouvait intervenir depuis Dara, en utilisant Skype,
grâce au réseau mobile rapide partagé.
Pour son épouse, Madjoleen, 29 ans, la
qualité de la connexion est un don du ciel.
“Je sais qu’il va bien parce qu’il appelle
régulièrement quand il est en Syrie”, raconte-t-elle.
Dans une autre maison, les épouses de
deux frères se battant dans une brigade
appelée Al-Mansour vivent avec leurs
beaux-parents. Easa al-Masalmeh, 26
ans, un plombier, est retourné en Syrie
à la fin août, un jour avant que son frère
Qassem, 33 ans, un courtier, y perde la
vie. Dans une pièce où elle observe la
période de deuil musulmane, Fatima, 28
ans, la veuve de Qassem, explique que
quand il se battait en Syrie, elle échangeait sans cesse avec lui des messages
sur les applications de médias sociaux
comme Viber et WhatsApp.
Deux jours avant sa mort, elle a reçu
un message vidéo de mauvais augure. Il
lui assurait “avec tout mon amour, mon
respect et ma nostalgie” que la route
qu’elle se préparait à suivre était “couverte de fleurs”. La vidéo poursuivait
ainsi : “En ton absence, mon ciel n’est
pas béni par la pluie.” Plus tard, Fatima
a reçu sur son téléphone portable une
photo de la tombe de son mari. L’épouse
de Easa, Anwar, reconnaît qu’elle se bat
pour élever seule ses deux jeunes enfants. “La fille réclame son père, et mon
fils dit qu’il veut rejoindre l’armée et partir en Syrie”, raconte-t-elle.
Dans la maison de Hussein Zoubi, sa
famille s’adapte à son brusque départ.
Son fils aîné, Naji, 10 ans, accueille les
invités. Parcourant les photos sur son
téléphone portable, Naji montre sa photo préférée de son père - en tenue de camouflage, tenant une kalachnikov dans
sa main droite et faisant le V de la victoire de la gauche - puis une vidéo présentant son père à la tête d’un groupe
d’hommes fouettant un informateur du
gouvernement.
Témoignant leur soutien moral à
l’épouse de Hussein Zoubi, des proches
lui rendent visite. “Une maison sans
homme ne vaut rien”, assure Wesal alAweer, la belle-mère, incapable de contenir son désarroi. «Il m’a expliqué qu’il ne
pouvait plus se contenter de rester dans
sa maison”, ajoute son épouse.
Quelques semaines plus tard, Hussein
Zoubi est rentré à Ramtha. Au téléphone,
il affirme qu’il aurait préféré rester au
combat, et qu’il ne souhaitait pas rentrer.
Mais, ajoute-t-il, sa femme et ses enfants
étaient heureux.
Cette haine qui transforme
les hommes en terroristes
Suite de la page 1
ASIF HASSAN/AGENCE FRANCE-PRESSE GETTY IMAGES
Un policier monte la garde devant une école pour filles de Karachi qui porte le nom de Malala Yousafzai.
Adulée à l’étranger, détestée dans son pays
Suite de la page 1
croit pas à l’attaque des talibans contre
Melle Yousafzai. “Comment une jeune
fille peut-elle survivre après avoir reçu
une balle dans la tête ?, s’interroge-t-il.
Cela n’a pas de sens.”
Dans la région de Swat, certains ont
accusé le père de Malala, Ziauddin,
d’avoir instrumentalisé sa fille pour
se faire connaître et donner une mauvaise image de la culture pakistanaise.
D’autres ont indiqué que leur district
avait été présenté de façon négative,
éclipsant les bonnes initiatives prises
en matière d’éducation.
Dilshad Begum, responsable de l’enseignement dans la région de Swat, affirme que 14 000 filles et 17 000 garçons
viennent d’intégrer l’école, suite à une
grande campagne de sensibilisation
menée par des professeurs locaux. La
menace des talibans est exagérée, ajoute-t-elle. “Je travaille dans le domaine
de l’éducation des filles depuis 25 ans et
je n’ai jamais reçu une seule menace”,
affirme-t-elle. Dans une autre école, un
groupe d’écolières déclare que Melle
Salman Masood a réalisé ce reportage
depuis la vallée de Swat et Declan
Walsh depuis Londres. Zia ur-Rehman a participé à ce reportage depuis
Karachi (Pakistan) et Waqar Gillani
depuis Lahore (Pakistan).
Yousafzai ne mérite pas de recevoir
un prix Nobel. “Malala n’est pas le seul
modèle à suivre pour les filles pakistanaises”, indique Kainat Ali, 16 ans, vêtue d’une burqa noire.
Toutefois, les Pakistanais ne partagent pas tous ces critiques. Beaucoup
ont exprimé leur fierté pour le courage
dont leur plus célèbre adolescente a fait
preuve, cette jeune fille qui a pris le thé
avec la reine Elizabeth II à Buckingham
Palace et a reçu une standing ovation
aux Nations Unies. À l’approche de
l’annonce du prix Nobel de la paix, les
télévisions ont diffusé des chansons
saluant son travail et des messages lui
souhaitant “bonne chance” ont déferlé
sur Facebook et Twitter.
Après l’annonce du lauréat, certains
ont ouvertement fait part de leur déception. Dans la région de Swat, Shahid
Iqbal, propriétaire d’un magasin de CD
et de DVD, a déclaré que Malala Yousafzai avait fait la fierté de leur district.
“Malala est notre fille. Elle aurait dû
remporter le Nobel”, a-t-il ajouté. Imran
Khan, l’ancien joueur de cricket qui dirige le parti Pakistan Tehreek-e-Insaf,
a déclaré que Malala Yousafzai est le
symbole du “combat que livre les filles
et les femmes, partout dans le monde,
contre la tyrannie et l’oppression”.
L’une des scènes les plus émouvantes
s’est déroulée dans la ville portuaire de
Karachi, où Atiya Arshad, une fillette
de 11 ans qui s’est également fait tirer
dessus par des militants, a patiemment
attendu chez elle l’annonce du lauréat
du prix Nobel. Atiya a reçu deux balles
dans l’estomac, au mois de mars, quand
des personnes armées de pistolets et de
grenades, soupçonnées d’être des talibans, ont attaqué son école à Ittehad, un
quartier pauvre de Karachi.
À l’époque, Atiya était en lice pour
recevoir un prix académique. Le principal de l’école, Rasheed Ahmed, et une
fillette de 11 ans ont perdu la vie dans
cette attaque. Atiya vit désormais dans
un fauteuil roulant, mais ses médecins
affirment qu’elle pourra remarcher.
Elle se rappelle comment elle avait été
inspirée par Malala Yousafzai un an
auparavant. “J’étais si heureuse de voir
Malala, déclare-t-elle. Je ne comprends
pas pourquoi ces gens ne veulent pas
que nous allions à l’école.”
Malala Yousafzai a déclaré le 10 octobre, à New York, que son objectif était
de devenir premier ministre. Mais
beaucoup de gens pensent qu’il serait
dangereux pour elle de rentrer dans
son pays, dans un avenir proche. “Plus
vous devenez célèbre et plus vous attirez le danger”, déclare M. Atiq. Cependant, Malala Yousafzai insiste sur le fait
que, quoi qu’il arrive, le Pakistan sera
toujours son pays. “Même si son peuple
me déteste, moi je l’aimerai toujours”,
affirme-t-elle.
De nombreux experts pensent que oui.
Pour M. O’Callaghan, c’est une question
de concentration. “Ce que vous voyez
en ces instants-là, déclarait-il au cours
d’une récente interview, ce n’est pas un
être humain.” Surmonter la si puissante
interdiction de tuer n’est pas chose aisée.
Dans son livre Des hommes ordinaires,
Christopher R. Browning décrit comment
un bataillon de police allemande composé de pères, d’hommes d’affaires et de
plombiers dut lutter tandis qu’il exécutait
des milliers de juifs en Pologne. Combien
d’entre eux ratèrent leur tir à bout portant. Combien vomirent et pleurèrent
après avoir massacré des mères et leurs
enfants. Combien ils durent s’acharner à
devenir des assassins.
Selon les psychologues, une culture
d’autorité et d’obéissance qui remplace la
responsabilité morale individuelle par la
loyauté envers une mission à plus grande
échelle concourt à l’affaiblissement de
l’inhibition morale envers le meurtre. De
la même manière que la banalisation de
la violence, l’injustice ou les difficultés
économiques permettent au tueur de se
voir comme la réelle victime.
Mais peut-être que l’ingrédient le plus
important reste la déshumanisation des
victimes, dit David Livingstone Smith,
professeur à l’université de New England
dans le Maine, et auteur de Less Than
Human : Why We Demean, Enslave,
and Exterminate Others (Moins que des
humains : pourquoi rabaissons-nous, asservissons-nous et exterminons-nous les
autres). “Penser à vos ennemis comme à
des catégories inhumaines est un moyen
de créer une distance mentale, de les exclure de la famille des hommes, dit-il. Cela
rend le meurtre non seulement justifiable,
mais également obligatoire. Nous devons
tuer la vermine ou les prédateurs.”
Les Hutus au Rwanda appelaient les
Tutsis des cafards, les Nazis représentaient les juifs comme des rats. Les Japonais, durant le massacre de Pékin, désignaient leurs victimes chinoises avec le
terme “chancorro”, ou “sous-hommes”.
Les soldats américains combattaient les
“doryphores” allemands durant la Première Guerre mondiale et les “faces de
citron” au Vietnam. En Irlande du Nord,
“taig” était une insulte populaire pour désigner un catholique. Après le début des
émeutes en 1968 et le déferlement d’images dans les journaux télévisés de catholiques fuyant leurs maisons bombardées
à Belfast, conduisant à la création d’une
armée de jeunes catholiques en colère,
les protestants aussi devinrent des “doryphores”.
De telles dénominations aident, explique John Horgan, directeur du Centre
d’Études sur le Terrorisme et la Sécurité de l’université de Massachusetts, à
Lowell, et auteur de Walking Away From
Terrorism (Sortir du terrorisme), un livre relatant les expériences d’anciens
activistes. Malgré tout, il ajoute, “ils se
débattent avec leur conscience.” “Ce
n’est pas une coïncidence, explique-t-il,
si la tête de la victime est recouverte lors
des exécutions terroristes. Regarder le
visage de la personne que vous vous apprêtez à tuer est une chose extrêmement
difficile à faire”, dit-il.
M. O’Callaghan n’a jamais osé regarder en face l’homme qu’il a abattu ce
jour de 1974. Lorsqu’il ferme les yeux,
la seule chose dont il se rappelle est une
photographie granuleuse du journal du
jour suivant. Il rejoignit l’Armée Républicaine Irlandaise à l’âge de 15 ans. Révolté
par l’injustice qu’il voyait dans l’exode
de réfugiés fuyant Belfast pour affluer
vers son comté d’Irlande du Sud, il devint
instructeur en maniement d’explosifs et
d’armes à feu, dans des camps près de
chez lui. “Nous avions le sentiment de
faire partie de quelque chose”, dit-il.
En mai 1974, il fut envoyé en Irlande du
Nord et prit part à des bombardements et
des pillages. Une nuit, il apprit que Peter
Flanagan, connu dans l’IRA comme un
traître catholique et le “chef de la torture”
de la police d’Irlande du Nord, déjeunait
souvent tardivement au bar Broderick.
O’Callaghan avait 19 ans. Il trouva sa
proie et braqua ses yeux et son arme sur
un torse sans visage en chemise bleue.
Le journal tomba à terre. Le torse suivit,
glissant du tabouret de bar dans un lent
mouvement. Une voix supplia, “Pas ça.”
Il se remémora ce que sa grand-mère lui
avait dit alors qu’il avait 9 ans : “Lorsque
tu tires sur un policier anglais, enterrele et tire-lui à nouveau dessus, parce que
tu ne peux jamais leur faire confiance.” Il
appuya huit fois sur la détente.
Des années plus tard, il apprit que Peter Flanagan n’était pas le monstre que
l’IRA voulait faire de lui. Flanagan avait
déposé les armes, avait témoigné contre
des policiers anglais auprès de la Cour
Européenne des Droits de l’Homme de
Strasbourg, et n’avait probablement jamais torturé âme qui vive. O’Callaghan
devint informateur pour la police irlandaise et se livra ensuite à la justice, plaidant coupable de 42 crimes, dont celui-ci.
Il fut condamné à 539 ans de prison. Grâcié au bout de huit ans, il fut libéré en 1996.
Il refusa de bénéficier de la protection de
témoin - pour prendre ses responsabilités
et trouver l’apaisement. “Mais évidemment vous n’y arrivez jamais vraiment”,
dit-il.
Ce qui le hante le plus est le commentaire de son chauffeur ce jour-là. “Je suis
désolée pour sa mère”, avait-elle dit.
22 OCTOBRE 2013
5
THE NEW YORK TIMES INTERNATIONAL WEEKLY
Développement Durable
Construire des
tours en bois,
pas en acier
HENRY FOUNTAIN
La tendance consistant à construire
de hauts immeubles en utilisant le bois
comme alternative écologique à l’acier et
au béton a reçu un soutien pour le moins
inattendu : celui d’un grand cabinet d’architecture particulièrement réputé pour
ses tours d’acier et de béton. Skidmore,
Owings & Merrill, société basée à Chicago, qui a conçu une multitude de gratteciel, notamment le tout nouveau One
World Trade Center dans le sud de Manhattan, a développé un système structurel utilisant ce que l’on appelle le “mass
timber” (ou bois reconstitué, NDLR), à
base de colonnes et d’épais panneaux en
bois stratifié. Dans un rapport publié cette année, la société a démontré comment
ce système pourrait être mis en oeuvre
pour la construction d’une tour résidentielle de 42 étages, dont l’empreinte carbone serait beaucoup moins élevée que
celle d’une structure traditionnelle.
“Nous voulions voir de quelle façon
nous pourrions favoriser le développement durable”, déclare William F. Baker,
un associé du cabinet. Avec ce système,
environ 70 % des matériaux de construction sont en bois. La plupart des éléments
restants, notamment les fondations, sont
en béton. Benton Johnson, un ingénieur
qui a travaillé sur le rapport, affirme
que la construction d’immeubles en bois
pourrait permettre de proposer un logement décent aux milliards de personnes
qui habitent en ville, tout en luttant contre
le changement climatique. “Nous savons
qu’il est nécessaire de construire beaucoup plus d’immeubles, déclare M. Johnson. Et nous savons également que nous
devons réduire nos émissions de CO2.”
Jusqu’à présent, la construction de
hauts immeubles en bois avait été soutenue par des architectes et des ingénieurs
travaillant pour des sociétés plus petites,
en dehors des États-Unis. Ils ont accueilli
avec enthousiasme le rapport de Skidmore, Owings & Merrill. Michael Green,
La tour serait
composée
approximativement
de 70 % de bois
et de 30 %
de béton armé.
Défendre la cause des tours en bois
Des ingénieurs développent de nouvelles façons de construire des gratte-ciel en utilisant principalement du bois,
ce qui permettrait de réduire les émissions de dioxyde de carbone. Ils ont conçu une tour en bois basée
sur un immeuble d'habitation conventionnel existant de 42 étages et ont comparé les deux édifices. SOL
SYSTÈME STRUCTUREL PROPOSÉ
COLONNES EN BOIS
MURS EN BOIS MASSIF
POUR PLUS DE STABILITÉ
COLONNE
SOL TYPE
POUTRES DU POURTOUR ET SOL
Traverse en acier
Les fondations
et les deux
premiers étages
sont en béton.
POUTRES DE LIAISON
EN BÉTON ARMÉ
Le sol en bois et les poutres du pourtour
Tige
en béton sont fixés ensemble à l'aide d’ancrage
de traverses et de tiges d'ancrage en acier.
COMPARAISON ENTRE UNE STRUCTURE EN BOIS ET UNE STRUCTURE CONVENTIONNELLE
Une tour en bois
serait plus légère,
car ses fondations n'ont
pas à être aussi massives
que celles d'une structure
conventionnelle.
SYSTÈME PROPOSÉ
VOLUME DES MATÉRIAUX
MATTHEW L. WALD
POIDS DU BÂTIMENT
13 819
14 606
RÉFÉRENCE
13 649
Mètres cubes
32 568
Tonnes
Structure en béton
BOIS
ACIER
BÉTON
Source: Skidmore, Owings & Merrill LLP
un architecte de Vancouver, en ColombieBritannique (Canada), qui a contribué à
l’élaboration d’un système structurel différent pour les tours en bois, présenté en
détail dans un rapport l’année dernière,
déclare : “C’est le premier nouveau modèle de construction qui voit le jour depuis
plus d’un siècle.” Peu de grands immeubles en bois ont été construits à travers
le monde, et il n’y en a qu’un seul, un immeuble résidentiel achevé à Melbourne
(Australie) cette année, qui compte dix
étages. Le projet de M. Green, concernant la construction d’un immeuble à
usage mixte de 27 mètres de haut à Prince
George, en Colombie-Britannique, fera
de celui-ci le plus haut immeuble en bois
d’Amérique du Nord, quand les travaux
seront terminés l’an prochain.
Le fait de construire davantage de
tours plus hautes nécessitera d’apporter
1 905
8 618
Tonnes équivalent
CO2
MIKA GRÖNDAHL/THE NEW YORK TIMES
des modifications aux réglementations
en vigueur dans le bâtiment — qui limitent la hauteur des structures en bois à
quatre étages ou moins — et aux méthodes de construction. Les architectes, les
ingénieurs, les entrepreneurs et les promoteurs devront être convaincus que les
édifices en bois peuvent être sûrs, attractifs et rentables.
La production d’acier et de béton rejette
d’importantes quantités de gaz à effet de
serre, tandis que le bois retient le carbone
du CO2 extrait de l’atmosphère grâce à la
photosynthèse. Par conséquent, utiliser
du bois dans les éléments structurels
peut permettre de compenser les émissions de carbone générées par d’autres
pans du processus de construction et
par l’exploitation de l’immeuble une fois
achevé. Il ne s’agit pas de construire une
charpente traditionnelle, dans laquelle
de petits éléments sont cloués ensemble,
mais plutôt d’appliquer une méthode de
construction s’apparentant à celle employée pour les dalles de béton. M. Baker
affirme qu’aussi longtemps que les forêts
seront correctement gérées, les immeubles en bois durables ne devraient pas
avoir beaucoup d’incidence sur celles-ci.
Le système proposé par le cabinet
Skidmore, Owings & Merrill utilise un
type de bois d’ingénierie appelé bois lamellé collé, ou glulam, pour les colonnes
de l’immeuble, et des panneaux en bois lamellé croisé pour le coeur de la structure,
les sols et les murs de refend, qui restent
parfaitement rigides face à la pression
exercée par le vent. Toutefois, le concept
implique l’utilisation de poutres en béton sur le pourtour de chaque étage et à
d’autres endroits précis pour permettre
la mise en place de plus longues travées
et une meilleure flexibilité dans l’agencement des pièces.
Dans son rapport, M. Green présente
un système qui pourrait être utilisé pour
construire des tours dans des zones d’activité sismique, comme à Vancouver. À
la place du béton, il utilise des poutres en
acier afin que l’immeuble puisse mieux
réagir aux secousses telluriques. Andrew Waugh, architecte britannique dont
l’immeuble d’habitation de neuf étages à
Londres, achevé en 2009, est devenu le fer
de lance du mouvement des tours en bois,
estime que les deux rapports devraient
contribuer à créer une dynamique favorisant la construction d’immeubles de plus
de dix étages. “Nous vivons une période
particulièrement stimulante, ajoute M.
Waugh. On se croirait un peu comme à la
naissance de l’aviation - nous sommes à
un tournant de l’histoire de l’ingénierie.”
Exploiter les vagues pour
produire de l’électricité
MARK SCOTT
serves d’uranium enrichi que pour leur
programme nucléaire civil. Le concept
de TerraPower pourrait également fragiliser une méthode alternative de production de bombes : l’extraction de plutonium
à partir de combustible usé, une pratique
employée pour fabriquer la plupart des
armes nucléaires. Selon la start-up, il y
a tellement d’uranium 238 à notre disposition que rien ne justifierait d’utiliser ce
plutonium. Nul ne conteste qu’il s’agit là
d’un pari sur le long terme. Même les plus
optimistes affirment qu’il faudra attendre
au moins jusqu’en 2030 avant que cette
technologie ne soit commercialisée.
L’un des plus grands défis auxquels
TerraPower fait face est celui des neutrons — les particules libérées quand un
atome d’uranium est divisé — qui endommagent les pièces métalliques du réacteur. Cet inconvénient est actuellement
maîtrisable car le combustible ne reste
pas en place plus de six ans et le réacteur
peut supporter le bombardement. Mais
le combustible de TerraPower est censé
rester en place pendant 30 ans. Par conséquent, les ingénieurs de TerraPower expérimentent plusieurs types de métaux,
à différentes températures. Un autre
problème réside dans le fait que quand
l’uranium est divisé, certains de ses fragments deviennent des gaz. Ceci est tolérable pour les combustibles actuels, mais
aucun combustible ne pourrait permettre
une accumulation pendant 30 ans.
La simple conception du coeur du
réacteur est, elle aussi, problématique.
La durée de vie du coeur (30 ans) est si
longue que les produits de fission, dont
certains absorbent les neutrons, pourraient se transformer du fait que certains
matériaux instables émettent des radiations. Pour permettre aux neutrons de se
déplacer à une vitesse plus adaptée à la
transformation des déchets d’uranium en
plutonium, le réacteur utilise du sodium,
et non de l’eau, pour ralentir la vitesse
des neutrons et générer la chaleur nécessaire. Toutefois, le sodium chaud brûle au
contact de l’air.
TerraPower n’est pas la seule société
cherchant à créer un réacteur capable
ÉMISSIONS DE CO2 ESTIMÉES
Structure en bois
Générer 800 ans d’énergie
grâce aux déchets nucléaires
BELLEVUE, Washington — C’est ici,
dans un immeuble triste d’un étage, que
des ingénieurs, des physiciens et des experts nucléaires poursuivent le rêve révolutionnaire de Bill Gates : créer un nouveau type de réacteur qui serait alimenté
par nos déchets nucléaires actuels, qui
pourrait fournir les États-Unis en électricité pour les 800 années à venir et qui
pourrait même réduire le risque de prolifération des armes nucléaires.
La start-up TerraPower, dirigée par
Bill Gates et un ami milliardaire de chez
Microsoft, Nathan Myhrvold, a récolté
des dizaines de millions de dollars pour
ce projet, mais la construction d’un prototype de réacteur pourrait coûter 5 milliards de dollars. C’est une des raisons
pour lesquelles “nous espérons trouver
un pays, le plus probable étant la Chine,
capable de construire la centrale de démonstration, déclarait M. Gates l’an dernier. Si nous y parvenons, les retombées
économiques seront meilleures que celles
des centrales actuelles.”
Aujourd’hui, les réacteurs nucléaires
fonctionnent avec de l’uranium, enrichi
afin d’obtenir une concentration en uranium 235 comprise entre 3 et 5 %, un combustible qui laisse derrière lui une substance pure, essentiellement naturelle,
l’uranium 238. Dans ces réacteurs, une
partie de l’uranium 238 est transformée
en plutonium, qui sert de petit combustible complémentaire, mais la majeure
partie du plutonium reste sous forme de
déchets.
En revanche, le réacteur TerraPower
permet de fabriquer davantage de plutonium pouvant servir de combustible à
partir de l’uranium 238, et, ainsi, il pourrait fonctionner presque entièrement grâce à ce dernier. Seule une petite quantité
d’uranium 235 serait nécessaire, un peu à
l’image d’un allume-feu servant à démarrer un barbecue au charbon de bois.
En conséquence, les pays n’auraient
plus besoin d’enrichir autant d’uranium.
Cela mettrait à mal les ambitions d’armement nucléaire de certaines nations
qui affirment ne posséder de vastes ré-
Pièces de bois
massif ou lamellé
collées ensemble.
SOLS EN BOIS,
20 CENTIMÈTRES D'ÉPAISSEUR
MATTHEW RYAN WILLIAMS POUR LE NEW YORK TIMES
Chez TerraPower, on s’affaire
à la création d’un nouveau type
de réacteur nucléaire.
de transformer les déchets d’uranium en
énergie. General Atomics, société qui possède de nombreuses années d’expérience
dans le domaine de l’énergie nucléaire,
mais est plus connue pour la production
du drone Predator, cherche à inventer
ce qu’elle appelle un réacteur “multiplicateur d’énergie”, en s’appuyant sur le
même principe. Basée à San Diego, en
Californie, General Atomics utiliserait de
l’hélium, à la place du sodium, afin d’éliminer quelques problèmes potentiels. “Il
suffit de l’introduire, le laisser brûler et il
disparaît”, estime John Parmentola, premier vice-président de la société.
Les ingénieurs qui travaillent pour Bill
Gates ont conscience des défis gigantesques auxquels ils sont confrontés, mais ils
sont persuadés de courir après la solution
qui permettra non seulement de résoudre
le problème de l’approvisionnement en
énergie et de la prolifération des armes,
mais également des changements climatiques et de la pauvreté.
Doug Adkisson, premier vice-président
en charge des opérations de TerraPower,
affirme que M. Gates possède “une vision très humanitaire mais aussi très
pragmatique” de l’énergie nucléaire. Ce
qui le pousse à s’intéresser à ce secteur,
ajoute-t-il, ce sont des questions du type
: “De quoi dispose-t-on et que pouvonsnous faire pour améliorer les conditions
de vie des gens?” Quand il a présenté le
concept du réacteur en 2010, Bill Gates
déclarait: “Si vous pouviez faire baisser
le prix d’une seule chose, dans le but de réduire la pauvreté, il est évident que vous
choisiriez l’énergie en premier lieu.”
STROMNESS, Ecosse — Pendant
qu’un groupe de marins et d’ingénieurs
se rassemble dans le port d’une île
écossaise de l’archipel des Orcades,
Timo Lotti est impatient de prendre la
mer. Chef de l’exploitation de Wello, une
start-up finlandaise spécialisée dans
l’énergie marémotrice, Timo Lotti
vient juste d’arriver de chez lui, dans la
banlieue d’Helsinki. Il a hâte d’évaluer
les performances de la machine conçue
par sa société pour exploiter l’énergie
des vagues, après des mois de test au
large des côtes, là où leur force est considérable. “Si nous n’avons pas de surprises, nous n’apprendrons rien”, déclare
ce Finlandais d’origine, en dirigeant
l’équipe de quinze personnes chargée
de remorquer l’appareil de 30 mètres de
long sur la terre ferme. (Celui-ci a subi
quelques dégâts mineurs.)
Les visiteurs venant de pays lointains
sont désormais fréquents dans les Orcades, un archipel de 20 000 habitants
situé à l’extrémité nord de l’Écosse.
Les autorités britanniques, écossaises
et locales ont mis en avant son climat
propice aux tempêtes et sa mer agitée, des conditions idéales pour tester
différentes innovations en matière de
production d’énergie houlomotrice
et marémotrice, une technologie qui,
d’après les analystes, pourrait fournir
près de 15% de l’électricité dont auront
besoin les États-Unis au cours des deux
prochaines décennies.
De nombreuses start-up et de grands
groupes industriels, comme Alstom, se
lancent sur ce marché naissant. “Nous
n’en sommes qu’aux prémices, mais le
mouvement prend de l’ampleur, affirme
Neil Kermode, directeur général du
Centre européen de l’énergie marine,
un site d’essai ouvert aux Orcades en
2003. Pour tout pays qui dispose d’un
littoral, l’énergie houlomotrice ou marémotrice fera bientôt partie du mix
énergétique.”
Avec le soutien financier du gouvernement, s’élevant à près de 60 millions
de dollars, le centre a installé des câbles sous-marins au large de la côte
des Orcades afin de relier les appareils
de production d’énergie marine au réseau électrique local. Par ailleurs, son
personnel a doublé au cours des trois
dernières années et compte désormais
vingt-deux personnes. Au fur et à mesure que le centre s’est développé, les entreprises spécialisées, notamment les
sociétés de conseil en environnement
et les entrepreneurs, ont suivi le mouvement. “L’énergie marine est d’une
importance capitale pour l’avenir des
Orcades”, déclare Michael Morrison,
responsable du développement des
entreprises au sein du gouvernement
local de l’archipel, qui supervise le plan
d’investissement de 25 millions de dollars dans les infrastructures destiné
aux sociétés spécialisées en énergie
houlomotrice et marémotrice.
À 40 minutes de bateau au nord de Ki-
L’Écosse met les
concepts énergétiques
à rude épreuve.
rkwall, la plus grande ville des Orcades,
se trouve le Fall of Warness, la plateforme du Centre européen de l’énergie
marine qui accueille les sociétés spécialisées. Le site abrite également une
machine flottante de plus de 30 mètres
de long conçue par Scotrenewables Tidal Power. Celle-ci produit de l’énergie
grâce à des hélices en rotation juste
sous la surface de l’eau.
La start-up fondée aux Orcades en
2002 a déjà passé des accords avec de
grands partenaires industriels, comme
ABB en Suisse et Total. “Si notre technologie peut survivre aux Orcades, elle
peut survivre n’importe où, affirme James Murray de Scotrenewables. Vous
ne trouverez aucun autre endroit au
monde où autant de sociétés viennent
tester leurs appareils exploitant l’énergie des vagues et des marées.”
6
22 OCTOBRE 2013
THE NEW YORK TIMES INTERNATIONAL WEEKLY
ARTS eT deSign
Robert
Redford
part en mer
Vincent van Gogh,
ce copieur invétéré
HENRY ADAMS
MAUREEN DOWD
SUNDANCE, Utah — Peut-être que
lorsque vous interprétez M. Death dans
la série télé The Twilight Zone (la Quatrième Dimension) au début de votre
carrière, la mort ne vous fait pas peur.
“Cela fait partie du job”, explique Robert
Redford d’un ton impassible. Il ne pensait pas à la mort pendant qu’il tournait
son nouveau film qui traite justement de
ce thème, la fable d’un navigateur mélancolique réalisée par Jeffrey C. Chandor,
All Is Lost. Il pensait juste à s’accrocher.
“Je suis intéressé par ce qui se passe
lorsqu’un point de rupture se produit
pour certaines personnes, mais pas pour
d’autres, dit-il. Lorsque vous traversez
de terribles épreuves, des choses pratiquement insurmontables, et qu’il n’y
a aucun signe d’amélioration possible,
c’est à ce moment précis que beaucoup
abandonnent. Mais d’autres, non”.
Le taciturne All is Lost, dont la sortie
aux États-Unis est prévue pour le 18 octobre, et courant février pour le reste du
monde, est une histoire d’horreur existentielle qui raconte comment essayer de
survivre au pire moment de votre vie - en
l’occurrence, sur un bateau endommagé
en pleine mer - alors que la panique s’empare de vous.
Robert Redford a construit sa carrière
en interprétant ce qu’il appelle “des types intrinsèquement américains” se
mesurant à des forces implacables : il affronta des banques et l’agence Pinkerton
dans Butch Cassidy et le Kid, des indiens
et des grizzlis dans Jeremiah Johnson,
un système politique superficiel dans
Votez McKay, la pègre irlandaise dans
L’arnaque, la CIA dans Les Trois Jours
du Condor et Spy Game, Jeu d’espions,
Richard M. Nixon dans Les Hommes du
Président, le monde des affaires dans Le
Cavalier électrique, et ce qui fut sa plus
formidable adversaire, Barbra Streisand dans Nos plus belles années.
Hollywood n’est pas le paradis des
hommes âgés. Pourtant, à 77 ans, au
coeur de nombreuses discussions à propos d’un potentiel Oscar, M. Redford
crève l’écran comme unique star d’un
film qui rappelle l’esprit élégiaque de
La traversée vers Byzance de Yeats, un
de ses poètes favoris. Yeats évoquait la
traversée de “mers combles de maquereaux”, l’acceptation du calvaire de se
voir vieillir et il décrivait la façon dont
l’âme pouvait s’élever au-dessus d’un
coeur “enchaîné à un animal mourant”.
Robert Redford se plaît à écrire des
réflexions poétiques. Il en récite une de
sa composition : “Vous levez les yeux et
réalisez, quelle belle journée, les feuilles
jaunissent et vous commencez à avoir
confiance en vous. Vous devenez imbu de
vous-même jusqu’à ce que vous réalisiez
que vous êtes en train de baver.”
Robert Redford a grandi à Los Angeles, enfant sauvage qui s’éloigne d’un
père exigeant et distant, enlisé dans l’alcool et les courses automobiles. Après
la mort de sa mère, alors qu’il n’a que 18
ans, il part pour la France et l’Italie, et
devient un étudiant en art sans le sou.
Les filles qu’il rencontre en 1957 à Paris
ne le trouvent pas attirant ; on se moque
de lui car il ne connaît absolument rien
à la politique. “Paris m’a traité avec mépris”, dit-il.
Cela fut-il dur, après des décennies
passées à être la “belle gueule” du grand
écran, de vivre chaque instant avec la
FRED R. CONRAD POUR LE NEW YORK TIMES
‘‘Mon visage à l’écran ne m’a jamais posé de problème,
dit Robert Redford. Il est comme il est.’’
caméra de M. Chandor si proche de son
visage buriné, tandis que la météo le
malmenait toujours un peu plus ? “Écoutez, clarifions une chose”, répond Robert
Redford. “Je ne me considère pas comme
quelqu’un de beau. J’étais un enfant au
visage couvert de tâches de rousseur,
que tout le monde appelait "tête de foin".
“ Il ajoute : “Mon visage à l’écran ne m’a
jamais posé de problème. Je pense qu’il
est ce qu’il est et les acteurs et les actrices qui essaient de rester jeunes à tout
“Paris m’a traité avec
mépris”, se souvient
le gosse de Los Angeles.
prix me répugnent.”
All is Lost a été filmé sur l’océan, au
large de Los Angeles, ainsi que dans trois
énormes réservoirs d’eau, construits par
James Cameron au Mexique pour Titanic. Le projet prévoyait une doublure
cascade, “mais évidemment, une fois
sur place, mon égo a repris le dessus”, dit
Robert Redford. “J’ai commencé à dire:
"Je pense que je peux essayer de faire ça.
Laissez-moi voir ce que je peux faire." Il
reconnaît: “Ils m’ont vraiment fait vivre
un enfer.” Il y avait des machines à va-
gues, à vent et à pluie, ainsi qu’un assistant qui lui aspergeait le visage avec un
tuyau d’arrosage géant, entraînant une
infection qui lui a coûté 60% d’audition à
l’oreille gauche.
Robert Redford a toujours été un minimaliste, mais dans All Is Lost, il atteint
le summum du genre, ne prononçant que
quelques mots, dont le plus fort ne pourrait être répété ici.
L’acteur a déjà expliqué comment les
constantes allusions à son apparence,
au début de sa carrière, l’avaient fait se
sentir prisonnier d’un carcan. “Je pense
donc qu’il a trouvé cette expérience très
libératrice, dit Jeffrey C.Chandor. À ce
stade, le visage devient une histoire à
part entière. Ce visage est une chose de
toute beauté, mais d’une manière différente.”
Et Jeffrey C. Chandor pourra confirmer aux plus sceptiques ce que Robert
Redford a déclaré à propos de sa couleur
de cheveux, à savoir que son blond vénitien façon Hubbell Gardiner est naturel.
Sa chevelure a affronté des mois de soleil
et de chlore sans un coloriste à la ronde.
“Personne ne veut me croire, dit Robert
Redford. Pas même mes enfants. Je ne
peux m’empêcher de penser à Reagan.
Cela me fait peur.”
Il dit qu’avec l’âge il se sent de mieux
en mieux dans sa peau et qu’il s’en tient à
sa citation préférée de T. S. Eliot : “Une
seule chose compte, c’est d’essayer. Le
reste ne nous regarde pas.”
Pendant longtemps, ce fut un vilain
secret, allant à l’encontre de ce qui se
disait sur sa formidable originalité artistique : Vincent van Gogh réalisait régulièrement des copies de ses propres
oeuvres. Aujourd’hui, dans une volteface, l’aspect le moins original de la méthode van Gogh nous offre un gros plan
sur l’intensité étrange et obsessionnelle
de son processus créatif. Sa curieuse
manie de se copier lui-même a motivé
la tenue d’une nouvelle exposition, Les
Répétitions de van Gogh, présentée à
la Collection Phillips de Washington
jusqu’au 26 janvier, puis à Cleveland,
Ohio, à partir du 2 mars.
Au cours du 19e siècle, sous le règne
des Académies des beaux-arts, la réalisation de copies revêtait une importance capitale dans la formation professionnelle artistique. Mais au cours
du 20e siècle, cette pratique perdit ses
lettres de noblesse. Elle fut considérée
comme antiartistique. En raison de cette aversion pour la copie, des répliques
de ses propres oeuvres, effectuées par
l’artiste en personne et qu’il appelait
des répétitions, ont parfois même été
écartées car assimilées à des faux.
L’exposition rassemble treize cas
dans lesquels van Gogh exécuta plusieurs versions d’une même oeuvre.
Dans le catalogue de cette manifestation, une équipe d’universitaires et
de restaurateurs, dirigée par William
Robinson et Eliza Rathbone, réunit et
analyse des documents clés qui permettent d’identifier quand van Gogh a
réalisé quelle copie. Cette équipe utilise de nouvelles techniques, comme les
rayons X et l’imagerie numérique haute
résolution, pour élucider le mystère de
la séquence de ces oeuvres.
Une paire spécifique de tableaux de
van Gogh - l’un à Cleveland, l’autre à
Washington - a inspiré l’exposition. En
mai 1889, van Gogh réalisa deux versions très similaires du même tableau:
Les grands platanes (Les paveurs à
Saint-Rémy), actuellement au Musée
d’Art de Cleveland, et Les Paveurs
(Boulevard de Saint-Rémy), actuellement dans la Collection Phillips. Les tableaux sont pratiquement identique, à
tel point qu’il est possible que van Gogh
en ait dessiné un pour pouvoir peindre
l’autre. Lequel fut peint en premier ?
Les restaurateurs utilisèrent d’abord
les rayons X pour découvrir que les
sous-couches des Grands Platanes
sont constituées d’une rafale de coups
de pinceaux dense et presque indéchiffrable, tandis que les sous-couches des
Paveurs correspondent pratiquement
point par point à la surface du tableau.
Les chercheurs s’intéressèrent ensuite
au support et comprirent que van Gogh
avait exécuté les peintures sur des matériaux très différents. Le tableau de
Cleveland fut réalisé sur un fin tissu de
coton avec des diamants rouges imprimés industriellement et sans apprêt.
Le tableau de la Collection Phillips fut
en revanche exécuté sur une classique
toile d’artiste enduite. Par conséquent,
le tableau de Cleveland semble plus rugueux, ce qui a du sens pour un croquis
d’extérieur ; le tableau Phillips est plus
lisse, plus réfléchi. Van Gogh avait en
outre effectué quelques légères améliorations dans la seconde version, celle
de la Collection Phillips. “Vous pouvez
remarquer qu’il a déplacé le réverbère
vers la gauche, pour le mettre en valeur, dit M. Robinson. Il a ajouté plus de
lignes aux arbres. Il a même rajouté un
personnage.”
Lequel des deux tableaux est le plus
réussi ? Si vous pensez que la copie n’est
pas une pratique honorable, alors il est
évident que la version de Cleveland
est la meilleure. Mais van Gogh, dans
d’autres cas, a souvent déclaré qu’à ses
yeux les répliques étaient les tableaux
les plus beaux, les oeuvres d’art les plus
significatives. D’ailleurs, van Gogh n’a
jamais été aussi inventif que lorsqu’il
se copiait. Les raisons qui poussaient
van Gogh à faire des répétitions étaient
variées. Dans plusieurs cas, il exécuta
à la hâte des copies pour les offrir à sa
famille, à des proches. Ces oeuvres
successives sont souvent plus petites et
plus sommaires. Van Gogh réalisa également trois versions de sa Chambre
à Arles, ainsi que six tableaux et trois
dessins du postier Joseph Roulin. Le
plus surprenant, c’est à quel point les
tableaux du postier semblent différents
lorsqu’ils sont placés côte à côte. Il ne
s’agit pas tant de répétitions mais plutôt de variations autour d’une idée.
L’exposition invite à poser un regard
attentif. “Vous devez vraiment vous
concentrer”, dit M. Robinson. “Mais
lorsque vous comparez les différentes
versions d’un tableau de van Gogh,
coup de pinceau par coup de pinceau,
vous commencez à revivre ses choix
créatifs. C’est une expérience étrangement mystique. C’est comme si vous
étiez absorbés par l’intensité de son
génie.”
À GAUCHE, COLLECTION DU MUSÉE KRÖLLER-MÜLLER, OTTERLO;
À DROITE, MUSÉ D’ART MODERNE/AVEC L’AUTORISATION DE SCALA - ART RESOURCE, NY
Vincent van Gogh exécuta six tableaux du postier Joseph Roulin,
dont deux sont présentés à l’occasion d’une nouvelle exposition.
Un nouvel acte pour John Grisham, le maître du thriller judiciaire
ERIC GRODE
“Cela paraît bien pensé, non ?” demande John Grisham.
Le célèbre auteur de thrillers judiciaires et Rupert Holmes viennent de
passer une bonne partie de l’année,
plongés dans son premier roman, dont la
publication remonte à 25 ans. M. Holmes
travaillait sur l’adaptation théâtrale de
A Time to Kill (publié en France sous le
titre Non coupable) pour Broadway, où
la pièce sera jouée à partir du 20 octobre.
De son côté, M. Grisham revisitait le personnage principal du livre, Jake Brigance, ce jeune avocat du Mississipi ayant
plus de principes que d’expérience, pour
lui redonner vie dans la suite longtemps
attendue de A Time to Kill, intitulée
Sycamore Row, qui sortira en librairie
à peine deux jours plus tard. “C’est le
genre de choses qu’on n’aurait jamais pu
planifier”, s’amuse M. Grisham à propos
d’aller au bout de son projet et que le rode la coïncidence des deux événements.
mancier, après avoir suggéré quelques
Le romancier, âgé de 58 ans, s’est
changements dans le texte, est venu
rendu au John Golden Theater à la fin du
assister à des représentations données
mois de septembre afin de rencontrer les
à Washington. “Tout se passe
comédiens jouant dans la pièce
bien, lui a alors dit M. Holmes.
et échanger brièvement sur
J’ai changé la police de caractèl’écriture du roman qui, depuis
res. J’ai changé le papier. Ah, et
sa sortie en 1988, s’est vendu à
j’oubliais : je tue Jake Brigance
15 millions d’exemplaires. Mais
à la fin de la pièce!” M. Grisham
s’il est curieux de voir comment
n’a pas cillé: “J’ai vraiment hâl’adaptation de M. Holmes a
te de voir ça!” s’est-il contenté
évolué depuis la première de la
de répondre.
pièce en 2011 à Washington, il
John
Dans les deux versions de
ne va pas pour autant essayer
Grisham
l’histoire, ainsi que dans le film
d’en savoir plus avant la soirée
de 1996, dans lequel Matthew
d’ouverture.
McConaughey joue le rôle principal, Jake
“J’ai pris beaucoup de plaisir en
affronte tout à la fois un jury, un procuécrivant A Time to Kill, confie-t-il. Si
reur de district opportuniste, le Ku Klux
quelqu’un a envie de s’amuser en imaKlan et sa propre conscience, alors qu’il
ginant des variantes, cela m’intéresse.”
défend Carl Lee Hailey, un homme noir
M. Holmes, âgé de 66 ans, précise qu’il a
jugé pour avoir tué deux hommes blancs,
demandé l’accord de M. Grisham avant
qui avaient violé sa fille de 10 ans.
C’est en entendant parler d’un procès
que cette idée est venue à John Grisham,
qui était lui-même à l’époque un jeune
avocat du Mississipi âgé de 29 ans. Il lui a
fallu trois ans pour écrire A Time to Kill,
dont le premier tirage n’a pas dépassé
les 5 000 exemplaires, jusqu’à ce que le
succès de ses thrillers comme The Firm
(La Firme) et The Pelican Brief (L’Affaire Pélican) ne relance l’intérêt et la
demande pour ses précédents ouvrages.
Ses livres ont alors commencé à rivaliser
les uns les autres en tête des listes des
best-sellers, une prouesse répétée 24
fois, jusqu’à parvenir à un total de plus
de 250 millions d’exemplaires vendus.
M. Grisham s’impose un rythme très
strict : il écrit du 1er janvier au 1er juillet,
corrige en août pour une publication
au cours de l’automne, puis s’attelle au
roman de l’année suivante. (“Je n’écris
jamais la première phrase avant de savoir exactement ce qui se passe dans le
dernier chapitre”)
Dans Sycamore Row, on retrouve
Jake, avocat depuis trois ans, qui, même
si sa situation professionnelle semble
maintenant assurée, vivote toujours
dans une maison de location. On le sollicite alors pour un testament olographe
contestable, provenant d’un millionnaire
énigmatique, qui a déshérité sa famille
et légué 90 % de ses biens à son employé
afro-américain. Et voilà que des décennies de conflits raciaux remontent à la
surface.
“C’est l’un des deux livres que j’ai
écrits auxquels j’ai eu beaucoup de mal à
mettre un point final, confie M. Grisham.
Lorsque j’écrivais cette histoire, j’avais
l’impression de m’installer à table avec
ces personnages que je n’avais plus rencontré depuis 30 ans.”