disponible - Tache d`huile

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The Case for a
Ban on
Gas Fracking
THE CASE FOR A BAN ON GAS FRACKING
IL FAUT BANNIR LA FRACTURATION HYDRAULIQUE
DANS L’INDUSTRIE DU GAZ DE SCHISTE
Food&water watch
June 2011
Traduction : janvier-février 2012
Note : j’ai traduit librement les majeures parties du document en omettant ce qui me semblait
moins pertinent pour les fins de l’argumentation. Cela explique le fait que les notes ne se suivent
pas, mais on peut retrouver en fin du texte ces références directement copiées du document
original.
L.Langevin
Résumé
Depuis la dernière décennie, la course au gaz naturel s’est accélérée aux É-U et s’est avérée très
controversée à cause de ses méthodes de forage et de fracturation souvent polluantes. La
fracturation hydraulique, connue sous le terme de « fracking », injecte sous haute pression un
mélange d’eau, de sable et de produits chimiques dans des formations rocheuses denses –le
schiste, la pierre de sable très compactée ou des strates de charbon – afin de faire éclater la roche
et de libérer le gaz. La fracturation existe depuis des décennies, mais les techniques et les
produits chimiques utilisés pour atteindre les poches de gaz sont plus intensifs et risqués que pour
le forage du gaz conventionnel.
Cette expansion rapide des techniques de fracturation a entraîné des problèmes
environnementaux et économiques pour les communautés rurales. Les accidents et les fuites ont
pollué des rivières, des ruisseaux et des réserves d’eau potable. Les régions parsemées de puits de
forage démontrent de hauts niveaux de « smog » et d’autres polluants de l’air dont certains sont
potentiellement cancérigènes. Les milieux ruraux doivent affronter un trafic très lourd de camions
– souvent chargés de produits chimiques dangereux – et un déclin de la valeur des propriétés. Le
fameux « pont de carburants » de la fracturation (bridge fuel of fracking) peut bien n’être qu’un
pont qui ne mène nulle part.
Durant les 18 derniers mois, au moins 10 études scientifiques, le Congrès des É-U, des
journalistes d’enquête et des groupes d’intérêt public ont documenté des problèmes
environnementaux liés à la fracturation. Les résultats incluent divers constats :
*Les produits chimiques toxiques présents dans le liquide de fracturation causent le cancer et
d’autres problèmes de santé (1).
*Les eaux rejetées de la fracturation contiennent de hauts niveaux de radioactivité et d’autres
contaminants que les usines de traitement des eaux ont de la difficulté à éliminer ; ces eaux
contaminées peuvent ensuite être libérées dans les rivières locales (2).
*En Pennsylvanie, plus de 3,000 puits fracturés sur des sites légaux sont situés à moins de 2
milles de 320 garderies de jour, de 67 écoles et de 9 hôpitaux (3).
1
La fracturation échappe à la loi fédérale sur la protection de l’eau et les organismes de contrôle
fédéraux et de l’état ont permis une expansion non surveillée de la fracturation, entraînant une
dégradation générale de l’environnement. Les contrôleurs fédéraux dépassés supervisent de loin
cette pratique. Même si les règlements écrits étaient renforcés, la fracturation présente un risque
trop sévère pour la santé publique et l’environnement pour faire confiance à la rigueur et à
l’efficacité des inspections par les représentants officiels du gouvernement. Le Congrès, les
législateurs de l’état, le gouvernement local doivent bannir la fracturation hydraulique pour
l’industrie du gaz.
Le règlement laxiste et les avancées technologiques ont stimulé la course vers le gaz à travers les
É-U, ce que certains industriels ont appelé une « révolution du gaz naturel » et un « changement
de jeu » (4). Les analystes de l’énergie et un magnat de l’huile, T.Boone Pickens, ont vanté tant et
plus cette course en faisant valoir qu’il s’agit d’un « passage hors du pétrole » pour les É-U par
une transition des énergies sales vers des sources plus propres et renouvelables. Cependant la
fracturation hydraulique en soi peut dégager assez de méthane à effet de serre pour
contrebalancer les plus basses émissions de dioxyde de carbone issues de la combustion du gaz
naturel. Pour protéger la santé publique et l’environnement, le gouvernement fédéral devrait
bannir le gaz de schiste.
Recommandations
• Bannir le gaz de schiste des É-U.
• Annuler les clauses qui exemptent la fracturation hydraulique des lois fédérales sur l’air et
l’eau.
• Investir massivement dans les sources d’énergie efficaces et renouvelables qui
assureraient un avenir durable pour le pays.
Introduction
Le milliardaire T.Boone Pickens est un joueur majeur dans le gaz de schiste (6). Il a investi des
millions dans la promotion de cette industrie et détient 45% des actions dans une compagnie de
gaz (7). Auprès du gouvernement fédéral, il a fait de multiples représentations afin d’obtenir des
subventions pour développer des véhicules au gaz, incluant des camions-citernes qui rempliraient
des stations construites par la compagnie dont il est un des propriétaires (8). Il fait la promotion
du gaz en tant que transition prometteuse entre les énergies fossiles et les sources d’énergie
propres (9).
Quelques analystes de l’énergie provenant du MIT Energy Initiative et du Center for American
Progress (CAP) croient que le gaz est une meilleure alternative que le charbon ou le pétrole,
surtout si ce gaz est produit sur place (10). Le Plan Pickens qui, à l’origine, proposait de larges
investissements dans l’éolien pour supplanter le gaz naturel, a opté pour le gaz naturel et a annulé
les 1,5$ milliards prévus pour les turbines éoliennes (11).
Le gaz naturel semble vu comme la solution aux problèmes d’énergie des É-U. La combustion
du gaz naturel est moins polluante que le charbon qui sert à produire l’électricité ou le pétrole
pour les véhicules (12). Si on trouvait assez de gaz aux É-U, on pourrait réduire la dépendance au
pétrole (13). Mais, cette belle promesse dépend de la libération du gaz emprisonné profondément
2
dans la roche en recourant à une technologie de forage controversée et risquée pour
l’environnement, la « fracturation hydraulique ».
Les sites de gaz conventionnel, incluant les milieux où le gaz est facilement accessible, ne
suffisent pas à combler la demande pour ce passage vers des énergies propres. Par exemple, le
CAP estime que 3,5 millions de camions et d’autobus supplémentaires roulant au gaz exigeraient
2,7 trillions de pieds cubes de gaz naturel (14). Or , les réserves de gaz conventionnel stagnent et
l’on en prévoit le déclin (15).
Durant la dernière décennie, les compagnies de gaz et de pétrole ont développé les réserves en
recourant à des méthodes améliorées pour extraire le gaz de la roche, surtout le schiste (16). Les
réserves potentielles ont triplé en 5 ans, allant de 200 trillions de pieds cubes en 2006 à 7000
trillions de pieds cubes en 2010 (17). Les plus grosses compagnies ont concentré leurs
explorations et leurs investissements sur la capture de ces réserves. En juin 2010, un article du
Wall Street Journal a qualifié le gaz de schiste de « un des investissements le plus prometteur du
secteur de l’énergie » (18). Même des compagnies de la Chine et de l’Inde ont commencé à
investir dans ce secteur aux É-U avec des pourcentages importants de parts dans des compagnies
américaines (19).
Cette course au gaz a été favorisée par des millions de dollars investis dans la publicité et le
lobbying pour vendre au Congrès et au public l’idée du « gaz propre ». Entre 2005 et 2010, 10
producteurs de gaz ont payé 370$ millions en lobbying (20). Pickens, à lui seul, a investi 82$
millions pour promouvoir son plan, y utilisant les subventions du gouvernement pour développer
les véhicules au gaz (21).
Toutefois, la promesse du gaz naturel s’est révélée un cauchemar pour les voisins des puits. La
fracturation exige l’injection sous haute pression d’un mélange d’eau, de sable et de produits
chimiques pour faire craquer la roche et libérer le gaz. La fracturation n’est pas nouvelle, mais les
techniques utilisées sont plus risquées que celles qui servent pour le gaz conventionnel.
Les accidents de forage peuvent se produire, et ils se produisent, répandant les produits
chimiques souvent dangereux dans les cours d’eau. Le gaz et les produits chimiques peuvent
migrer dans les couches aquifères et polluer les eaux souterraines. La fracturation peut libérer du
méthane à effet de serre élevé, ce qui contrebalance les émissions de dioxyde de carbone plus
faibles lors de la combustion (22).
En mai 2011, environ 30 municipalités ont fait des lois contre la fracturation (32). Même le
secrétaire de l’Intérieur, Ken Salazar, a déclaré dans une session publique en 2011 que la
fracturation serait le « talon d’Achille » qui tuerait le gaz naturel.
Dans les 18 derniers mois (donc avant juin 2011- date de publication), au moins 10 études
scientifiques ont documenté des problèmes environnementaux résultant de la fracturation.
Voici un tableau récapitulatif de ces études.
3
New York Times (fév. 2011)
Dans les trois quarts des 240 puits examinés en
Pennsylvanie et en Virginie de l’Ouest, de la
radioactivité, parfois 1000 fois plus élevée que
les normes de l’EPA pour l’eau potable, a été
trouvée dans les eaux de rejet (35). En
Pennsylvanie depuis 3 ans, plus de 1.3 milliard
de gallons d’eau contaminée ont été confiés à
des usines municipales non équipées pour
traiter ce genre de produits toxiques, et au
moins 12 usines d’épuration dans 3 états ont
rejeté ces eaux toxiques dans les rivières, les
lacs et les ruisseaux (36).
House Energy and Commerce Committee
(janv-avr 2011) – (37)
Les recherches du congrès ont détecté dans les
liquides de fracturation 750 produits
chimiques, dont certains sont dangereux
pour la santé humaine, dont le benzène et le
plomb. Les liquides contenaient aussi du
diesel, lequel contient des carcinogènes
comme le benzène et le toluène et est le seul
produit qui requiert un permis selon la Safe
Water Drinking Act.
Riverkeeper (sept. 2010) –(38)
Ce rapport fait état de centaines de cas issus de
Pennsylvanie, Ohio, Virginie de l’Ouest,
Texas, Arkansas, Colorado et Wyoming. On y
relève des explosions de puits, des
déversements d’eau de surface, des
contaminations d’eau souterraine, des
pollutions de l’air, des violations de permis et
des mauvaises gestions des rejets.
Cornell University (mars 2011)
L’étude démontre que la fracturation
hydraulique pouvait avoir un effet plus
important sur les changements climatiques que
le charbon et le pétrole dans son cycle de
production (39). Alors que la combustion du
gaz échappe moins de dioxyde de carbone que
le charbon et le pétrole, le forage dans le
Penn Environment Research and policy
Center (mai 2011) –(42)
En Pennsylvanie, plus de 3,000 puits fracturés
sur des sites légaux sont situés à moins de 2
milles de 320 garderies de jour, de 67 écoles et
de 9 hôpitaux.
Duke University (avril 2011) – (43)
L’étude, publiée par la National Academy of
Sciences, a révélé que la présence de méthane
dans l’eau potable était 17 fois plus élevée
dans les zones fracturées que dans les autres.
Les concentrations de méthane dans les eaux
proches de puits de gaz présentaient un risque
élevé d’explosion.
Endocrine Disruption Exchange (sept.2010)(44)
Un article publié par des scientifiques dans le
International Journal of Human and
Ecological Risk Assessment a révélé ceci : 25%
des produits chimiques utilisés dans la
fracturation pouvaient causer le cancer ; 37%
risquaient d’attaquer le système endocrinien ;
40 à 50% pouvaient affecter les systèmes
nerveux, immunitaire et cardiovasculaire ; et
plus de 50% pouvaient affecter la peau, les
yeux et le système respiratoire (avec
symptômes de grippe).
Associated Press (Janvier 2011) – (45)
Le traitement des 1,28 million de barils
contenant des eaux de fracturation ne peut se
faire correctement en Pennsylvanie à cause de
rapports faussés. Des services d’eau potable
provenant des traitements des eaux de rejet de
fracturation ont eu du mal à traiter
correctement ou à éliminer les trihalométhanes
4
schiste relâche beaucoup de méthane. L’EPA
estime que le méthane capte 21 fois plus de
chaleur au poids que le dioxyde de carbone qui
est le gaz à effet de serre le plus important
(40).
qui peuvent causer le cancer lors d’expositions
prolongées. Un manque de supervision des
eaux de rejet a permis la contamination du
bassin de la rivière Delaware qui fournit l’eau
potable à 15 millions de personnes dans 4
États.
Environmental Working Group (janvier 2010)
– (41)
Une enquête dans les dossiers sur les produits
chimiques utilisés par des compagnies de
forage a permis de trouver dans certains
liquides jusqu’à 93 fois plus de benzène que
dans le diesel. La quantité de benzène utilisé
dans une seule fracturation pouvait ainsi
contaminer plus de cent milliards de gallons
d’eau potable.
ProPublica (2011) – (46)
Une enquête en cours depuis 2008 a permis de
découvrir des documents gouvernementaux
relatant plus de 100 cas de contamination des
eaux au Colorado, au Nouveau-Mexique, en
Alabama, en Ohio et en Pennsylvanie (47). Les
reporters ont mis au jour des campagnes de
donations aux membres du Congrès opposés à
la fracturation et ont documenté des études sur
les dangers associés à cette technique, dont les
violations environnementales et la
contamination (48).
L’histoire et une nouvelle vague dans la fracturation
La fracturation n’est pas nouvelle et l’on peut remonter jusqu’à 1860 pour trouver des
compagnies qui fractionnaient la roche pour trouver du pétrole et des puits d’eau (50).
Halliburton a été la première compagnie à en faire commerce en 1949 (51). D’ailleurs, l’industrie
insiste pour dire que la fracturation hydraulique a été utilisée sans problèmes depuis des
décennies pour des milliers de puits. Et le vice-président de la Oklohama Corporation
Commission, lequel réglemente les puits de gaz et de pétrole, a affirmé devant le Sénat en 2011
que les 100,000 puits fracturés dans l’État existent depuis 60 ans sans jamais avoir contaminé
d’eaux souterraines (53). Même le président de la US Energy Development Corporation, une
compagnie qui opère 500 puits presque tous fracturés dans l’État de New York, a déclaré au
Buffalo News que c’était tout à fait sécuritaire (54). Mais la prochaine génération de fracturation
horizontale dans la roche dure est tout à fait différente de la traditionnelle qui se fait uniquement
à la verticale, C’est de loin plus puissant et plus dangereux que les méthodes de forage utilisées
antérieurement.
Jusqu’à présent, la production de gaz provenait de roches poreuses comme le calcaire et le grès.
Les shales, les couches serrées de sable et de charbon qui contenaient du gaz étaient enfouies
dans les formations rocheuses, rendant l’extraction non rentable (57).
Actuellement, le forage horizontal demande beaucoup d’eau, de sable et de produits toxiques
injectés sous une très forte pression. En 2011, l’EPA a estimé qu’entre 70 et 140 milliards de
gallons d’eau sont injectés dans 35,000 puits annuellement (61). La pression exercée par ces
techniques a été comparée à l’explosion d’une énorme bombe souterraine (63). Le Groundwater
Protection Council a constaté qu’en général environ 30% à plus de 70% des fluides injectés
ressortent du puits (67). De plus, les puits ont besoin d’être fracturés plusieurs fois pour maintenir
5
leur production, ce qui signifie que le risque de contamination ou d’accident augmente dans le
temps. Pour certains puits, cela peut se produire à tous les cinq ans, pour des décennies (68).
LA FRACTURATION AUX É-U : ELLE S’APPROCHE D’UNE FORMATION
ROCHEUSE PRÈS DE CHEZ VOUS
Entre 2004 et 2008, le nombre de puits fracturés a augmenté de 41%, allant de 37,239 à 52,616
selon les données publiées par ProPublica (74). Entre 2006 et 2010, la production de gaz a
augmenté de 48% par année (78).
Endormis « au gaz », les contrôleurs sont hors jeu
Les organismes de contrôle fédéraux et des États ont fermé les yeux devant les dégradations
environnementales causées par l’industrie. Sous George W Bush, l’EPA (Environmental
Protection Agency) a déclaré sans danger la fracturation et le Congrès l’a exemptée des lois sur
l’eau. Durant la même période, les groupes et personnes qui sont chargés de surveiller l’industrie
ont sous financés et plusieurs ont été mis à pied (79).
En 2004, l’EPA (sous Bush) a publié une étude sur les réservoirs de méthane des étendues de
charbon (coalbed methane reservoirs), étude qui concluait que la fracturation ne causait pas ou
très peu de dommages aux sources d’eau potable (81). Cette recherche a été très critiquée et
discréditée, car on y a ignoré les études sur les contaminations liées à la fracturation (82). Un
ingénieur de l’EPA a soulevé les points faibles de cette étude : on n’a pas collecté de façon
indépendante des données, ni demandé à l’industrie de révéler ses techniques; on n’a pas
inventorié les produits chimiques et on a cessé les recherches après avoir constaté la présence de
produits toxiques et cancérigènes injectés dans les sources d’eau potable, entre autres. Un des
administrateurs de l’EPA a défendu l’étude comme n’ayant jamais prétendu donner le feu vert
quant à l’innocuité de la fracturation ou pour justifier les exemptions de tout règlement sur l’eau
potable (84). Cependant, c’est exactement ce qui s’est passé !
Les failles de l’étude ont été inscrites dans la loi pour exempter l’industrie des lois de protection
de l’air, de l’eau et de la santé publique, laissant la porte ouverte à l’industrie. Les membres des
deux partis du Congrès ont reçu au total 1,742,572$ de soutien à leur campagne électorale entre
2009 et 2010 (96) afin qu’ils éliminent les quelques petites restrictions qui restaient dans la loi.
Presque aucune surveillance n’est assurée auprès des compagnies, lesquelles font leurs propres
rapports, leurs propres plans de correction des déversements de liquides et mènent à leur gré leurs
efforts de restauration des sites (101). Lorsqu’il y a violations des lois et des droits, les
contrôleurs de Pennsylvanie font deux fois plus d’avertissements qu’ils n’imposent d’amendes
(102). Les États, qui reçoivent des revenus substantiels des permis et des redevances, se sentent
malvenus d’imposer des restrictions concernant la pollution.
Dans l’État de New York, à la suite du moratoire, les compagnies ont dépensé 1,204,567$ en
lobbying contre cette loi.
6
La pollution venue de l’air
Un 2011, une étude de l’Université Cornell a démontré que le gaz de schiste émettait davantage
de gaz à effet de serre que le gaz conventionnel et le pétrole. C’est lors de la fracturation que cela
se produit, car de grandes quantités de méthane sont alors libérées. Le méthane est un agent de
réchauffement planétaire 21 fois plus puissant que le dioxyde de carbone (110). Selon le Panel
Intergouvernemental sur les changements climatiques, cette proportion atteint un potentiel 105
fois plus important dans les 20 premières années d’émission et 33 fois sur 100 ans (112).
Le méthane est hautement inflammable et, en cela, très dangereux. Le méthane est le premier
composant du gaz de schiste et peut s’écouler hors des puits dans les nappes phréatiques, les puits
individuels, ou être présent dans les pipelines (115). Lorsqu’il sature les puits domestiques, même
l’eau du robinet d’une cuisine peut devenir inflammable. En 2011, dans un article de la National
Academy of Sciences, il a été constaté que l’eau dans les puits situés près des sites de forage
dépassait le niveau maximal acceptable de dangerosité pour le feu tel que décrété par le U.S.
Department of Interior. En 2008, une maison de l’Ohio a explosé après que le méthane se soit
infiltré dans la source d’eau, surtout à cause de la fracturation (118). En 2010, des résidants du
Wyoming qui ne pouvaient plus boire leur eau contaminée par un fluide de fracturation devaient
utiliser un ventilateur pour réduire le risque d’explosion dans leur baignoire (119). En 2010,
l’EPA a identifié 2 maisons, voisines de puits fracturés, à risque d’explosion à cause du haut
niveau de gaz naturel trouvé dans leur eau (120).
D’autres polluants de l’air, issus des sites de forage, menacent la santé des gens vivant à
proximité. Le méthanol, le formaldéhyde et le disulfure de carbone répandus près des sites de
forage sont bien connus pour être des polluants dangereux (121). Des résidants de Dish au Texas
vivant près de 11 stations de compression de gaz se sont inquiétés de l’odeur, du bruit et des
problèmes de santé qu’ils ressentaient, dont des maux de tête et des évanouissements. Ils ont
aussi constaté des pertes neurologiques et de la cécité chez leurs chevaux (122). Leur maire a
rapporté en vain ces constats aux contrôleurs et a dû, par la suite en 2009, embaucher un
consultant environnemental privé qui a constaté des niveaux élevés de neurotoxines et de
carcinogènes dans des échantillons d’air (123). La Texas Commission on Environmental Quality
(TCEQ) a décelé dans l’air, près des puits du Shale de Barnett, du benzène (qui peut causer des
désordres immunitaires et des cancers), en une concentration de 500 à 1000 parties par million,
soit une concentration qui dépassait de plus de 5 fois les limites permises (124).
Certains des polluants de l’air issu des puits fracturés, comme certains composants organiques
volatils, peuvent réagir au soleil pour créer du smog (125). Plusieurs régions du Texas ont ainsi
été touchées. À l’été 2009, l’industrie du gaz et du pétrole dans le shale de Barnett a produit plus
d’émissions formant du smog que tout le parc automobile du centre métropolitain de Dallas-Fort
Worth avec des émissions annuelles de gaz à effet de serre équivalant à celles de 2 plans
d’exploitation du charbon (coal-fired power plants) (126). En 2009, pour la première fois, le
Wyoming n’a pu se conformer aux standards fédéraux pour la qualité de l’air à cause des 27,000
puits forés dans les 5 dernières années, lesquels émettent du toluène et du benzène (127). Le
comté de Sublette, un milieu rural du Wyoming avec une très haute concentration de puits forés,
a enregistré des niveaux d’ozone plus élevés qu’à Houston et à Los Angeles (128). Un hôpital du
Texas desservant 6 comtés a constaté des taux d’asthme 3 fois plus élevés que normalement : le
quart des jeunes enfants souffrent d’asthme (129).
7
La pollution de l’eau près des puits forés
La croissance rapide de la fracturation a pollué les réserves d’eau potable et les cours d’eau. Les
puits peuvent se fissurer ou exploser sous une haute pression, répandant l’eau saturée de produits
chimiques dans les eaux de surface et souterraines. Le gaz naturel et les produits chimiques
peuvent migrer vers les aquifères et les puits domestiques.
Les déversements, les fissures et les accidents à la surface peuvent polluer les cours d’eau.
L’avocat d’une compagnie de gaz a admis dans le Pittsburgh Post-Gazette ce qui suit :
« Lorsqu’ils sont utilisés improprement, les fluides de fracturation peuvent contaminer les eaux
de surface comme n’importe lequel des rejets de liquides ayant servi aux opérations de forage »
(130). Des troupeaux de bestiaux sont morts après avoir bu de l’eau colorée par des liquides de
fracturation qui avaient débordé (131). Les autorités de la Virginie de l’Ouest ont enquêté pour
vérifier si c’étaient les liquides de fracturation qui avaient tué les poissons et laissé sans aucune
vie le ruisseau Dunkard (132).
Malgré ces problèmes, l’industrie continue de soutenir que la fracturation est sans danger en se
référant à l’étude controversée de 2004 de l’EPA pour soutenir son argument (133). Certains
soutiennent que la fracturation est si profonde que les fluides ne peuvent affecter l’eau potable.
Le vice-président de la Devon Energy Company a affirmé sous serment que, puisque des milliers
de pieds et plusieurs couches de roches séparent les puits des aquifères et que l’enveloppe des
puits est vraiment scellée, la fracturation ne pouvait pas contaminer les eaux (135). Plusieurs
défenseurs de l’industrie nient le fait que certains produits sont dangereux. Un lobbyiste de
l’Association des gazières du Colorado a confié au Denver Post que « dans les fluides il n’y a
rien de plus dangereux que ce que vous trouvez dans votre maquillage, votre miel ou votre pâte à
dents, ou dans ce que vous utilisez pour nettoyer votre baignoire » (136).
Les produits chimiques utilisés sont loin d’être sécuritaires. En 2011, le US Energy and
Commerce Committee a calculé qu’entre 2005 et 2009, 14 compagnies ont injecté 780 millions de
gallons de produits chimiques dans les puits, dont 10,2 millions de gallons de liquides contenant
des produits suspectés ou connus pour être cancérigènes, et 11,7 millions de gallons de fluides
avec des produits chimiques homologués selon la Safe Water Drinking Act (138). Ces fluides
incluent aussi plus de 30 millions de gallons de diesel qui contient, entre autres, du benzène
cancérigène qui est le seul liquide dont est exigé un permis par la Safe Water Drinking Act (139).
En 2010, une recherche de l’Environmental Working Group a trouvé dans les dossiers de
certaines compagnies que des produits utilisés contenaient des dérivés du pétrole avec 93 fois
plus de benzène que le diesel (140). La quantité de benzène utilisée pour une seule fracturation
suffirait à contaminer plus de 100 milliards de gallons d’eau potable (141) - voir le tableau sur
Endocrine Disruption Exchange-. Une enquête en cours depuis 2008 a permis de découvrir des
documents gouvernementaux relatant plus de 100 cas de contamination des eaux au Colorado, au
Nouveau-Mexique, en Alabama, en Ohio et en Pennsylvanie. Les reporters ont mis au jour des
campagnes de donations aux membres du Congrès opposés à la fracturation et ont documenté des
études sur les dangers associés à cette technique, dont les violations environnementales et la
contamination. La Pennsylvanie a relevé, pour 454 puits dans le shale de Marcellus, 1,544
violations des lois seulement en 2010 (144).
8
Parmi les communautés particulièrement touchées, on trouve :
Pavillion, Wyoming : en 2010, une étude de l’EPA a constaté une contamination probable dans
l’eau près des puits forés et a recommandé aux résidants de ne pas boire l’eau tirée de leur puits
de surface (145). Une analyse de l’EPA de 34 puits en milieu rural a permis de trouver du
benzène et du méthane dans l’eau des puits et dans les eaux de surface (146). Les puits étaient
aussi contaminés par le phosphate de tri(butoxy-2-éthanol) utilisé dans la fracturation et qui a des
effets nocifs sur la santé (147).
Dimock, Pennsylvanie : en 2009, les autorités de l’état ont ordonné à la Cabot Oil and Gas
Company de cesser toute fracturation dans le comté de Susquehanna à la suite de 3 déversements
d’un même puits en une semaine, ce qui a pollué un marécage et tué les poissons dans un ruisseau
local (148). Les déversements ont laissé 8,420 gallons de fluide contenant un lubrifiant, produit
par Halliburton, potentiellement cancérigène (149). La fracturation a aussi pollué les eaux des
puits de plusieurs familles qui ne pouvaient plus se servir directement aux robinets (150). La
Pennsylvanie a imposé à Cabot une amende de 240,000$, mais il lui en coûte plus de 10 millions
de $ pour transporter de l’eau potable aux résidents (151). En 2010, Cabot a payé 4,1 millions de
$ à 19 familles qui ont réussi à prouver que la fracturation des puits par cette compagnie avait
contaminé leurs puits domestiques avec du méthane (152).
Garfield County, Colorado : les 8,000 puits de gaz se sont rapprochés des zones résidentielles.
Une étude hydrographique a démontré que plus le nombre de puits augmentait, plus les niveaux
de méthane dans les puits domestiques s’élevaient (154). Une amende a été imposée à EnCana
Oil and Gas pour avoir mal construit ses tubages, ce qui a fait migré le méthane dans les eaux
souterraines par des failles naturelles (155).
Parker County, Texas : en 2010, l’EPA a fait le lien entre les puits fracturés et la contamination
de l’eau potable et des aquifères par du méthane, du benzène et d’autres produits identifiés
comme provenant exclusivement des forages (156).
Les voies de fracturation vers la contamination de l’eau
Les tubages des puits de fracturation peuvent avoir des fuites, et des faiblesses dans l’équipement
peuvent causer des explosions. Les eaux de rejets des puits fracturés peuvent déborder des
bassins de décantation. En 2008, un tel bassin au Colorado a laissé s’écouler 1,6 million de
gallons de ces fluides qui ont migré dans la rivière Colorado (157). La contamination des eaux
souterraines peut être permanente, mais elle peut ne pas être détectée, car elle se produit
lentement; le nettoyage peut coûter cher et parfois être impossible à réaliser (159).
Fuites et explosions
La très forte pression exercée pour la fracturation par l’injection des fluides peut provoquer des
bris, des explosions et même dépasser la force de la tour de forage. Les tubages fragiles enfouis
très profondément peuvent se fissurer et laisser s’écouler les fluides dans les eaux souterraines
(160). Une étude de la National Academy of Sciences a permis de constater dans les puits d’eau
domestique une concentration de méthane 17 fois plus élevée dans les milieux où il y avait des
9
puits de gaz que dans les autres, ce qui est possiblement dû aux fissures dans les tubages des puits
(161).
La pression exercée et la multiplication des fracturations durant la vie d’un puits de gaz vont
probablement augmenter les risques de fissures et de pollution des aquifères (162). En 2010, en
Pennsylvanie, un « système multifonctionnel de prévention des explosions » n’a pas réussi à
empêcher un geyser, constitué de gaz et de fluides, de jaillir à hauteur de 75 pieds et de répandre
35,000 gallons avant qu’on puisse le contenir (163). D’ailleurs, c’est similaire à ce qui est arrivé
en 2010 avec la plateforme de pétrole de BP dans le golfe du Mexique. En janvier 2011, à cause
d’une valve qu’on a omis de refermer, 21,000 gallons de fluides de fracturation ont jailli d’un
puits dans le comté de Tioga, répandant du chlorure, du sodium, du baryum et du strontium, ainsi
que de l’acide chlorhydrique (165). Deux mois plus tard, un feu déclaré dans un réservoir de
liquide de fracturation a blessé 3 personnes, et un puits de la Chesapeake Energy a laissé couler
dans le comté de Bradford des milliers de gallons à cause d’un tubage fissuré (166). Les familles
de la localité ont été obligées d’évacuer leurs maisons (167). La Pennsylvanie a cité en justice la
Chesapeake Energy 284 fois pour des violations et a entrepris 58 actions contre cette compagnie
depuis 2008 (168).
La migration dans les aquifères
Les fluides et les gaz peuvent migrer dans les aquifères par les fissures des puits et les failles
rocheuses. La haute pression exercée par la fracturation horizontale, plus que la simple
fracturation verticale, perturbe les formations naturelles rocheuses et peut avoir des conséquences
inattendues même après que le forage a été complété (169). À la Duke University, une étude a
démontré que les eaux souterraines près des puits fracturés avaient de plus hautes concentrations
de méthane qu’ailleurs. Si le méthane peut migrer, alors les autres fluides le peuvent aussi (171).
Les failles naturelles et les fractures géologiques sont très présentes dans des lieux comme l’État
de New York. L’eau de la ville de New York provient d’ailleurs de plusieurs de ces failles. Un
géologue de l’eau a observé que l’interconnexion des failles naturelles et des fractures pouvait
augmenter les dangers de la fracturation même si les fluides n’étaient pas toxiques, car cela
pourrait faire se mélanger les eaux salines souterraines et les fluides radioactifs avec les sources
d’eau fraîche (176).
Les fluides rejetés de la fracturation polluent les cours d’eau
Même si une partie des fluides reste dans le puits, environ 30 à 70% en ressort (177). Par
exemple, en 2009, les puits de gaz et de pétrole de Pennsylvanie ont produit 9 millions de gallons
d’eau rejetée par jour : on en prévoit environ 19 millions pour 2011 (178). Le rejet peut être si
toxique et si concentré qu’il est très difficile d’en disposer en toute sécurité. Une façon de s’en
débarrasser, c’est de l’injecter dans des puits souterrains dans les formations rocheuses (179).
Cette méthode est utilisée partout sauf dans le shale de Marcellus parce que la géologie des
Appalaches n’y est pas adaptée. Seulement quelques puits de ce type existent en Pennsylvanie
(181). Les compagnies qui ont des puits près des populations peuvent envoyer leurs fluides de
rejet dans les usines d’épuration qui les traitent et les diluent, puis qui les relâchent dans les eaux
de surface (182).
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Les traitements courants de l’eau ne peuvent contrôler les chlorures, les solides totalement
dissous, les fluides chimiques et organiques ainsi que les bromides utilisés dans la fracturation
(183). L’eau contient aussi diverses substances incluant de probables éléments radioactifs
accumulés durant son séjour sous terre (184). Un rapport d’enquête du New York Times, daté de
2011, a constaté que plus des trois quarts de 240 puits de la Pennsylvanie et de la Virginie de
l’Ouest produisaient de hauts niveaux de radiations dont plus de 116 puits avec des niveaux des
centaines de fois plus élevés que les standards fixés par l’EPA, et au moins 15 puits avec des
niveaux des milliers de fois plus élevés que la règle l’exige (185). Selon ProPublica, les usines
de traitement des eaux de la Pennsylvanie ne réussiront pas à nettoyer les solides dissous dans
l’eau avant 2013 (186).
En Pennsylvanie, au moins la moitié des rejets ont été acheminés dans les usines d’évacuation
(sewage plants) entre 2008 et 2009 (187). En 2011, un rapport de l’Associated Press a constaté
que la Pennsylvanie ne pouvait pas connaître les méthodes utilisées pour disposer des 1.28
million de barils d’eaux contaminées (soit un cinquième du total annuel) à cause de rapports
mensongers (188). En août 2010, à cause de la forte réaction des compagnies, tout en resserrant
ses règles pour le traitement de l’eau, cet État a permis aux usines qui avaient déjà accepté de le
faire de continuer comme avant (189). À la suite de la publication du New York Times, l’EPA
(Environmental Protection Agency) a conseillé vivement à la Pennsylvanie de faire analyser les
eaux soi-disant épurées (192). Le Center for Healthy Environments and Communities (CHEC) de
l’Université de Pittsburgh a ainsi testé les eaux issues des usines de traitement du comté Indiana.
Il a trouvé dans ces eaux des concentrations pour le baryum de 14 fois, pour le strontium de 746
fois, pour le benzène de 2 fois, et pour les matières solides dissoutes de 373 fois plus élevées que
les standards de l’EPA pour l’eau potable (193).
La plupart du temps, les eaux rejetées aboutissent dans les rivières après un traitement incomplet,
ce qui entraîne de graves problèmes. La rivière Monongahela en Pennsylvanie est celle qui est le
plus en danger. Les rivières de cet État contiennent de hauts niveaux de bromide, lequel réagit au
traitement au chlore des usines d’épuration en se transformant en trihalométhanes potentiellement
cancérigènes (196). Les usines d’épuration n’ont pu éliminer ces trihalométhanes (197).
Les foreurs ont tenté d’atténuer ce problème en recyclant les eaux rejetées des puits. Presque 66%
ont été recyclés en 6 mois avant mars 2011 contre 20% l’année précédente (198). Toutefois,
recycler l’eau ne la fait pas disparaître et il faut éventuellement s’en débarrasser (199). Certaines
communautés voisines achètent cette eau pour déglacer les routes ou en supprimer la poussière, et
tout ça aboutit dans les eaux de surface (200).
Coûts économiques
La course pour le gaz de schiste ne constitue un danger pas seulement pour la santé publique,
mais aussi pour l’économie locale. L’industrie fait la promotion des emplois et de
l’investissement local, mais elle ne tient pas compte des dommages à long terme et de l’érosion
de la qualité de vie des gens, laquelle devrait primer sur tout le reste (201). Les bénéfices
économiques pour les populations ne sont qu’un leurre, car les compagnies achètent peu
localement et n’offrent que quelques emplois à court terme.
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Les forages de puits entraînent des flottes de camions qui défont les routes et transportent des
produits dangereux. Les paysages sont détruits avec des forêts de puits de gaz, affectant la valeur
des propriétés et éloignant les touristes. Au Texas, dans le comté de Wise, les propriétés avec des
puits, et celles qui les avoisinent, ont perdu 75% de leur valeur (203).
La plupart des gains sont à très court terme. Même les redevances privées diminuent rapidement
après le premier paiement (205). En Pennsylvanie, 70% des travailleurs sur les puits proviennent
de l’extérieur de l’État (206). Dans l’État de New York, les comtés les plus productifs en gaz ont
de plus basses taxes et des niveaux de pauvreté plus élevés que dans les comtés qui ne produisent
pas de gaz (207).
Durant les forages, les puits augmentent significativement le trafic de camions et la destruction
des routes. On estime à 1000 les voyages de gros camions qui sont nécessaires à la construction
et à la fracturation d’un puits (208). Ce camionnage intensif endommage les infrastructures et
peut augmenter le risque d’accidents sur les routes secondaires (209). La fracturation exige aussi
des pipelines qui augmentent le risque d’explosion (210). En 2011, une explosion d’un pipeline à
Allentown a tué 5 travailleurs ; d’autres explosions ont eu lieu en Ohio, Pennsylvanie, Californie,
Michigan et au Texas, dont certaines ont été fatales (211).
Les fermiers, dont la vie dépend de la santé de la terre, sont confrontés à des choix très difficiles.
Le prix du lait qui se maintient très bas n’aide pas les fermes laitières de Pennsylvanie et de New
York et la perspective de redevances tirées du gaz est tentante. Les fermiers louent leurs terres
aux compagnies gazières avec la promesse d’impacts minimes (212). Toutefois, des troupeaux
sont morts d’avoir bu de l’eau teintée avec des fluides déversés de la fracturation. En 2009, 16
bovins sont morts après avoir bu de cette eau déversée d’un puits fracturé en Louisiane (213). En
2010, la Pennsylvanie a mis en quarantaine 28 vaches qui pouvaient avoir bu de cette eau rejetée,
ce qui risquait de contaminer leur chair (214). Les fermiers spécialisés dans la production
biologique risquent aussi de perdre leur marché si les liquides de fracturation polluent leurs
cultures ou leur bétail (215). Les ventes de fermes pourraient ainsi s’effondrer si la pollution les
touchait.
Conclusion et recommandations : la fracturation est un pas dans la mauvaise direction
La rapide expansion de la fracturation horizontale a été désastreuse. Les autorités fédérales et
celles des États ont « dormi au gaz » face à ce qui se passait. Même si certaines lois ont été
renforcées dans les textes, la fracturation représente un risque trop élevé pour la santé et
l’environnement pour faire confiance à la surveillance rigoureuse et efficace de ces autorités
dépassées par la réalité. Les deux paliers de gouvernement présentent une note bien faible en ce
qui regarde la protection du public. Il faut qu’ils bannissent la fracturation des gaz de schiste.
Plutôt que de prendre une pause stratégique, l’administration du président Obama poursuit cette
folle course en avant. Dans un discours tenu en avril 2011, Obama a déclaré que « le potentiel du
gaz naturel est énorme » et a fait la promotion de la loi stipulant le passage de pétrole au gaz, la
même législation endossée par T.Boone Pickens pour subventionner les véhicules au gaz (216).
Cependant, l’opposition du public a poussé l’administration à former un comité pour rendre la
fracturation plus sécuritaire (217). Cette tentative est mal avisée car la fracturation n’est pas
sécuritaire.
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L’industrie dépense plus d’argent dans cette filière controversée que le gouvernement des ÉU et
le secteur privé n’en dépensent dans une transition vers une économie d’énergies propres (218).
Un rapport d’un panel intergouvernemental sur les changements climatiques a stipulé qu’avec
suffisamment de recherches, les énergies renouvelables pourraient répondre à plus de 80% des
besoins énergétiques mondiaux en 2050 (219). Le London’s Guardian a rapporté que « les
hautes directions de l’industrie des énergies fossiles ont donné l’assaut aux énergies
renouvelables par un lobbying intensif auprès des gouvernements et des milieux d’affaires afin
qu’ils rejettent les énergies solaire et éolienne en faveur du gaz » (220).
La fracturation en Amérique évolue vers le monde. La Chine a fracturé horizontalement son
premier puits de gaz en avril 2011 et plusieurs pays d’Europe veulent suivre (221). Mais,
l’Afrique du Sud et le Québec ont imposé des moratoires (?) et l’opposition populaire en France
et au Royaume-Uni a quelque peu ralenti le développement (222).
La fracturation des gaz de schiste comporte des risques inacceptables pour le peuple américain.
Actuellement, plusieurs municipalités bannissent la fracturation pour protéger leurs citoyens. Ces
restrictions locales sont une bonne idée, mais elles ne protégeront pas tout le pays. Il faudrait
bannir la fracturation au niveau national. Il est temps d’arrêter de détruire l’air et l’eau publics
dans le seul intérêt des compagnies et il faut plutôt chercher d’autres solutions en développant des
énergies renouvelables à long terme.
Recommandations
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Bannir le gaz de schiste des É-U.
Annuler les clauses qui exemptent la fracturation hydraulique des lois fédérales sur l’air et
l’eau.
Investir massivement dans les sources d’énergie efficaces et renouvelables qui
assureraient un avenir durable pour le pays.
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Food & Water Watch
Endnotes
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at
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The Case for a Ban on Gas Fracking
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Christian
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14
Food & Water Watch
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