LE CINÉ DE L`ÉTÉ

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LE CINÉ DE L`ÉTÉ
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30
RENAME
CINEMA
LE CINÉ DE L’ÉTÉ
OCCUPÉS ? PARTIS EN VACANCES ? ÇA N’EST PAS GRAVE,
RENAME VEILLE ET VOUS INDIQUE CE QU’IL FALLAIT RETENIR
PAR BENJAMIN CHAMBON
E
h bien cette année, force est
de constater que les majors se
sont cassés les dents sur une
période pourtant très calme, ce qui
a permis à de bons films français
de faire de gros scores. Finalement,
pas de très gros films qui sortent
du lot, alors cette mention de film
de l’été échoue à un coup de cœur,
imparfait, mais novateur et positif :
il s’agit de Collision, primé au festival
de Deauville et premier film de Paul
Haggis, l’oscarisé scénariste de Million Dollar Baby.
Super-Héros. Hum. On dirait que ça se calme dans le fond… On note quand même le retour de l’homme
chauve-souris, et ça, ça fait plaisir.
Les 4 fantastiques ///////////////////////////////////////////////////
Les Georges
Une adaptation d’une des premières séries
de comics avec un réalisateur bof bof (Tim
Story - Barbershop) et des acteurs inconnus aux
bataillons (hormis Jessica Alba, la fille qui a un
nom de cellophane), ça peut donner quoi à votre avis ? Oui,
un mauvais film. Hors ici, on échappe au désastre tout simplement parce que Tim Story a su construire son film très
sagement. Alors oui, les acteurs, hormis peut-être Michaël
Chicklis, sont très mauvais, avec une mention particulière
pour Mr Fantastic/Ioan Gruffuld, oui le scénario est basique puisqu’il raconte la genèse de ce groupe de héros, oui le
méchant est ridicule, oui les dialogues sont navrants. Mais
non, ce film est suffisamment sage pour rester un divertissement passable, à défaut d’être bandant.
de Tim Story avec Ioan Gruffudd, Jessica Alba
Batman Begins ///////////////////////////////////////////////////////
Christopher Nolan aux manettes, Bale
sous le masque, de bon augure. Cet opus est
le premier d’une série d’au moins deux épisodes avec ce duo d’artistes et c’est sans doute
tant mieux. Reprenant un ton plus froid et gothique que
son prédécesseur, le très gay Joël Schumacher, Nolan nous
conte la descente aux enfers d’un homme et sa rédemption
passant par le sacrifice de son identité réelle. L’œuvre passe
par des hauts et des bas. En premier lieu, les acteurs sont
vraiment irréprochables. Tous, de Michael Caine à Christian Bale en passant par Cillian Murphy et Katie Holmes.
Un régal. Ensuite, l’image est belle, très belle. Cependant les
bas sont aussi visuels, et passer par un univers si différent
de Gotham pour constituer le côté obscur du héros devient
un handicap, alors que cette ville n’est représentée que par
une timide futurisation d’un new-york gothique (alors que
Burton lui avait conféré une identité très forte auparavant).
On peine à retrouver visuellement nos marques, et c’est
dommage parce que quand on est de nouveau en proie à
l’immersion, c’est un vrai bonheur.
de C. Nolan avec Christian Bale, Katie Holmes, Michael Caine…
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Pour aller voir ça au cinéma, il faut courir très vite. Très très vite.
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Films d’actions. Les films d’actions d’aujourd’hui ne ressemblent plus à ce qu’ils étaient à la grande époque
de Swharzy et Stallone. La relève ? Un mélange des genres, des nannars, ou des tentatives de retour aux sources,
avec le revenant Shane Black notamment.
Shane Black’s Kiss Kiss Bang Bang /////////////////////////////////////////////////
Shane Black, c’est un peu le génie de son temps, auteur de scénarios comme les Armes Fatales, le Dernier Samaritain, Last Action Hero… Une époque où les films d’actions se décomplexent et
se la jouent cools et déglingués, avec des dialogues et des personnages si exquis… KKBB ; c’est un peu l’hommage à cette époque,
autant qu’une sorte de best-of. Le héros est un voleur loser qui se retrouve
paumé dans un véritable scénario d’action movie, avec des meurtres, des
filles, un détective qui déchire, des vrais bad guys, des guns et des explosions. Le duo Val Kilmer – Robert Downey Jr, croyez-moi, c’est du béton.
Qu’est-ce qu’ils peuvent assurer ! On retrouve évidemment des situations
très connues, mais soutenues par un procédé scénaristique étonnant :
le narrateur parfois se gourre, fait des retours en arrière parce qu’il avait
oublié des éléments, développe ce qui lui plaît… On se retrouve embrigadé
dans un western rock’n’roll hilarant fortement décousu : le pied, vraiment !
Dommage que notre ami Shane n’ait pas donné plus de souffle à son histoire de meurtres en série, parce que ç’aurait été le paradis.
de Shane Black avec Robert Downey Jr., Val Kilmer
Crazy Kung-Fu //////////////////////////////////////////////////////
Mr & Mrs Smith /////////////////////////////////////////////////////
Sing, un gentil qui se croit méchant, souhaite perfectionner son art et rentrer au service
du gang de l’Axe, prestigieux, au pouvoir s’étendant. Une rue isolée, habitée par des personnages incroyables, dont plusieurs maîtres kung-fu déguisés
sous une apparence commune, résiste encore et toujours et
encore à l’envahisseur. Sing va faire plusieurs rencontres, et
trouver sa voie, en découvrant qu’il est lui-même un maître
ultime destiné à protéger la rue sacrée. Stephen Chow récidive. En plus grave. Crazy Kung-Fu, c’est 0 fois plus drôle
que Shaolin Soccer, aussi spectaculaire que Kill Bill, aussi
débile que Kubiak. Rien que ça. À consommer sans modération.
Oui, mais non. Avec tout le respect que
je dois à tous ces gens, il y a un moment où
il faut arrêter de faire des films pour faire des
films. Certes, ces deux jeunes gens ont l’air de
s’entendre à merveille, certes, ça tatanne dans tous les sens,
mais un peu de panache bordel, un peu de fun, bon sang !
C’est pas croyable d’oublier presque intégralement un film
trois quarts d’heure après son visionnage ! Alors c’est cool
sur le coup, ça déménage, c’est beau avec des galbes qui ne
dépassent pas d’un millimètre de trop, mais c’est vraiment
trop nickel ! Pour résumer, cette espèce de vitrine pour acteurs et studio d’effets spéciaux et bien belle (quoiqu’il te
reste un peu de vomi sur le menton), mais il faudrait songer
à faire des films maintenant, les enfants.
de Stephen Chow avec Stephen Chow, Wah Yuen
de Doug Liman avec Brad Pitt, Angelina Jolie
Je rapelle que “Monsieur” s’abrège “M.” (et non “Mr.”) en français. Mais l’on peut montrer
que “Monsieur et Madame Dupont” attire 11 à 12 fois moins les gens que “Mr et Mrs Smith”.
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Les p’tits français. Le second épisode de la saga de Klapisch, très très bon, a permis de lancer une saison
estivale plutôt réussie pour les français, avec des films de qualité, tantôt classiques, mais parfois très rafraîchissants,
c’est le cas notamment de l’extraordinaire Parfum de la dame en noir…
Les poupées russes /////////////////////////////////////////////////////////////
Cédric Klapisch nous avait laissé un Xavier ayant découvert l’amitié internationale dans L’Auberge espagnole.
Cette suite est une réflexion sur l’amour, le héros nous
racontant, au travers d’un très astucieux procédé narratif
à double vitesse, les femmes qui ont croisé sa route ces dernières
années. Sacrément bien écrit, le film possède vraiment un charme
irrésistible, concrétisé par une beauté formelle représentée par des
morceaux de films s’imbriquant parfaitement les uns dans les autres
comme un puzzle. Le rythme, les couleurs, la musique, les acteurs,
toutes les notes de musique semblent s’accorder parfaitement sur une
gamme légère et juste. On retrouve aussi certains personnages du
premier épisode, savoureusement développés. Une petite merveille
encore plus aboutie que sa grande sœur, doucement mélancolique,
drôle et sincère, qui est passée de très très peu à côté de la mention
du « Film de l’été ».
de Cédric Klapisch avec Romain Duris, Audrey Tautou
Ma vie en l’air /////////////////////////////////////////////////////////
Le parfum de la dame en noir ///////////////////////////////////
Encore une comédie sur la trentaine,
porté par de très bons comédiens, et un humour sympa. Le film s’articule autour du petit monde de Yann Kerbéc (oui, il est breton),
instructeur dans un simulateur de vol. Pour faire simple on
trouve d’un côté l’ex femme de sa vie sur laquelle il se lamente, son meilleur pote indécrottable de son canapé (l’hilarant Gilles Lelouche auteur de Narco, excellent), sa nouvelle voisine canon dont il tombe amoureux, et ses élèves
du simulateur qui sont autant de preuves pour lui-même
qu’il n’est pas trop un loser, que la vie est devant lui, et qui
lui servent occasionnellement de psys. C’est bien ? Oui,
c’est très bien, très drôle, plutôt charmeur, simple, mais plutôt divertissant.
Il s’agit ici d’un coup de cœur. La même équipe qui a réalisé l’inégal Mystère de la chambre
jaune revient pour la suite, qui gagne en ambiance ce qu’elle perd en intrigue, littérairement parlant. Ce film est un véritable tour de passe-passe. À l’aide
de personnages très bien campés et hauts en couleurs, d’un
subtil jeu de points de vue et de timing, les Podalydès nous
laissent croire pendant une partie du film que rien ne se
passe, tout en nous soufflant à l’oreille que des choses se
trament. Quelle surprise de découvrir la double supercherie, qui tient de l’intrigue en elle-même ainsi que de la structure du film. Quand on ajoute le fait que l’ambiance prend
très bien, que les acteurs s’en donnent à cœur joie, et que le
réalisateur multiplie le burlesque à l’infini, on obtient une
petite perle, sûrement sous-estimée, qui perdra en route les
impatients, mais n’est-ce pas le prix du suspense qui joue à
cache-cache ?
de Rémi Bezançon avec Vincent Elbaz, Marion Cotillard, Gilles Lellouche
de B. Podalydès avec D. Podalydès, Jean-Noël Brouté, Pierre Arditi…
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Etat des lieux. Cette section regroupe des films très différents, mais qui se rejoignent par le souci de faire de
leurs images un transport d’émotions d’aujourd’hui, de convictions… et ils en sont pour la plupart récompensés.
Collision //////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////
Le grand prix du dernier
festival de Deauville n’est
autre que le premier film du
scénariste oscarisé de Million Dollar Baby, Paul Haggis. Nous
avons là un pur fantasme de scénariste : prenez plein de personnages (un
procureur, deux voleurs de voitures, un
serrurier mexicain, deux inspecteurs
de police, un cinéaste noir, un épicier
Irakien…), tous très différents, et faites
en sorte que la rencontre de chacun de
ces univers personnifiés fassent resurgir ce que chacun voulait cacher, ou ne
pas voir, jusqu’à ce que cet univers implose littéralement. Collision parle du
racisme omniprésent, de l’incompréhension entre les strates de la société.
La vision surréaliste de L.A. est saisis-
sante, les acteurs sont vraiment sensas,
avec plusieurs contre-emplois (Matt
Dillon, Sandra Bullock) et des confirmations de talents (Don Cheadle,
Ryan Philippe…). L’absence de manichéisme de tous les personnages et cette description du racisme latent tient
vraiment au cœur de Haggis, qui en
fait presque trop, mais grâce à tous ces
portraits, à cette virtuosité d’écriture,
signe un film hors du temps, vraiment
original, qui ne laisse pas indifférent. Il
s’agit du coup de cœur de la rédaction
pour cet été 2005.
de Paul Haggis avec Sandra Bullock, Don
Cheadle
La guerre des mondes ////////////////////////////////////
Enfin, j’en viens à parler du très sous-estimé film de mon cher Steven Spielberg, qui
essaie d’adapter un des romans de SF les plus
classiques, puisque Wells est un des pionniers à imaginer, par le biais d’un roman, l’invasion
belliqueuse d’extra-terrestres sur Terre. Aujourd’hui,
le livre est devenu plutôt pauvre, voire désuet. La question est donc : quels éléments Steven apportera pour
que son film soit encore un chef-d’œuvre et non une
belle coquille vide ? La première réponse se trouve
dans notre contexte à nous. Ce film est sans doute le
plus puissant documentaire sur la terreur infligée par
les événements du  septembre. Ce qui frappe avant
tout, c’est l’audace de la compression visuelle opérée
par le maître. Une telle invasion appelle normalement
à une déferlante de grands plans de désastres et d’orgie
numérique. Ici rien. Spielberg intimise la destruction,
écrabouille les personnages dans leur for intérieur, et
filme l’horreur dans l’émotion la plus forte, celle de ses
thèmes éternels, la paternité, le foyer, la peur du souvenir qui perdurera. Choc pour les adeptes de l’Aymeric
(mettant en scène les scientifiques protecteurs dans
ID4), bonheur visuel pour tous (Spielberg est vraiment
grand), orgasme émotionnel chez les prévenus, Tom
Cruise réduit à un pauvre père qui assure moins que
sa propre gamine, ça déménage.
de Steven Spielberg avec Tom Cruise, Dakota Fanning
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Paradise Now //////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////
Un film qui a fait parler de lui : il raconte le cheminement personnel de deux amis d’enfance palestiniens choisis pour perpétrer un
attenta suicide à Tel-Aviv. Mais l’attentat ne va pas se dérouler comme
prévu, un évènement imprévu permettant à chacun d’avoir le temps
de faire son examen de conscience et de peser les enjeux d’un tel don de soi. Le
film a été tourné sur place, occasionnant des difficultés évidentes, et témoignant
de la volonté du cinéaste palestinien Abu-Assad d’être précis, mais occasionnant
d’évidentes controverses pendant le festival du film à Berlin, notamment, à l’instar
précédemment de La Chute, sur la glorification ou non des terroristes. Techniquement, le film est très soigné, avec des rappels de plans aux endroits adéquats, et
une fin aussi étonnante que choc. Les acteurs sont également tous très impliqués,
et nous permettent de suivre les ficelles qui tirent les décisions de chacun de part
et d’autre de la solution de la fin du film. C’est très brillant, et il est intéressant de
comprendre pourquoi les kamikazes ne sont pas nécessairement des désespérés,
ni des détraqués mentaux. Le film condamne au final l’attentat, sans pour autant
juger le fait de ses acteurs au long du film, ce qui alimente la controverse, mais
permet au film d’atteindre un statut quasi-documentaire au final, ce qui, à mon
goût, est heureux.
de Hany Abu-Assad avec Lubna Azabal, Hiam Abbass
Broken Flowers ///////////////////////////////////////////////////////////////////
L’interprète ///////////////////////////////////////////////
Don Johnston a eu un enfant de l’une des 4 femmes de sa vie. Ou pas. Désabusé et désintéressé, il va
partir à la recherche de son passé, ou de son futur. Du
portrait d’un homme simple et déprimant, on va se
rendre compte que son vrai visage est plus complexe,
forcément, mais qu’il se cherche encore un vrai regard, notamment
à travers un fils virtuel, ou pas. Les portraits des quatre femmes sont
parfois moins intéressants que leurs univers distincts, et on se rend
compte à chaque fois de l’impact qu’à eu Don sur leurs vies, ou pas.
Surtout, c’est un regard désabusé sur les strates sociales américaines
que nous offre le road-movie de Jarmusch. Bill Murray est ici moins
bavard encore qu’à l’accoutumée, et ne nous gratifie pas tout à fait de
tout son humour et son charme. C’est une impression mitigée qui se
dégage du film, qui contient bien plus qu’il veut en laisser voir, mais se
traîne un rythme de nonagénaire sous Valium qui ne permet pas au
réalisateur, avec le format choisi ( h 45), de développer son sujet avec
la profondeur qu’il aurait mérité. On a un peu l’impression d’assister à
un film en noir et blanc qu’on aurait bien envie de colorier. Grand Prix
du dernier festival de Cannes.
Sean Penn embarqué pour la
représentation de la bonne cause
politique, ce n’est pas une surprise. Nicole Kidman, elle, c’est plus
surprenant, elle y interprète Sylvia Broom, une interprète (le titre, c’est dingue,
hein ?) à l’ONU qui intercepte une conversation
qui donnerait corps à un complot commandité
contre un tyran Africain venant s’expliquer
quelques jours plus tard. C’est la première fois
qu’un réalisateur obtient le droit de filmer dans
l’ONU, et juste pour ces images, le film est intéressant. Pour le reste, on a le droit à des ficelles
de thriller efficaces mais bien usées, des acteurs
très impliqués (et doués mais bon, cela va de
soit), pour une intrigue pas très finaude qui ne
dévoile rien, mais permet de se pencher une fois
de plus sur le problème des prises de pouvoir
forcées en Afrique.
de Jim Jarmusch avec Bill Murray, Jeffrey Wright
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de Sydney Pollack avec Nicole Kidman, Sean Penn
C’est pas forcément clair sur la photo tout en haut mais on lui installe une bombe.
C’est pas le moment le plus drôle du film.
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Zombies. Avec le succès de Dawn of the Dead l’été dernier (d’ailleurs primé par ReName à cette occasion), nous
avons eu le droit à la résurrection de Romero et à la sortie heureuse en France du très fun
Dead. Et ce n’est pas forcément le maître qui
s’en sort le mieux pour une
Shaun of the
fois.
Shaun of the Dead ////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////
Shaun est un loser, il
partage son appart avec
un gros mou qui sert à
rien, et menace de perdre
sa jolie petite amie parce qu’il est pas
foutu de l’emmener autre part qu’au
bar d’en face. Soudain le pays est victime d’une épidémie de Zombies, et
quand il s’en rend compte (pas tout de
suite), Shaun décide d’aller chercher sa
douce, de sauver sa mère et d’emmener tout ce petit monde à l’endroit le
plus sûr où il y a plein à boire : le bar
d’en face. Signé par un anglais amateur de l’œuvre de Romero, ce film est
un véritable hommage à ce genre en
renouveau. L’absurdité des situations,
le rythme d’enfer, la force des coups de
pelles assenés autant à la tête des crétins de zombies qu’à la normalité font
de ce métrage un petit chef d’œuvre de
drôlerie et d’absurde, dans lequel les
acteurs, tous excellents, s’en donnent
à cœur joie pour donner dans le niais
et le loufoque. J’en reprendrais bien un
petit peu, il en reste ?
de Edgar Wright avec Simon Pegg, Nick Frost
Land of the dead ////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////
Romero is back. Georges, c’est le petit malin qui, avec son film La
Nuit des mort-vivants, a contribué en 985 à l’éclosion d’un nouveau
genre de films d’épouvante, permettant une critique politico-sociale
acide. Le genre du film de Zombie était pourtant perdu jusqu’au remake malin de Zombie, Dawn of the dead, le film de l’été dernier. Enfin, Romero, le maître,
trouve des crédits pour le prochain opus de sa saga, Land of the Dead, nous y sommes.
Ce film se déroule à une époque où les zombies ont pris le contrôle de la planète, les humains se cachant en de rares forteresses organisées en sociétés féodales, ne sortant que
pour trouver du ravitaillement. Tout va bien, donc, si ce n’est que certains usant un peu
trop de leurs privilèges, vont en agacer d’autres, provoquant une rupture. De l’autre
côté, les mort-vivants s’humanisent, et apprennent tout simplement à découvrir leur
environnement. La qualité du film est inégale, avec une vraie ambition d’ambiance à
la Mad max chez les zombies, et la volonté de critiquer la fracture sociale aux USA, qui
sont tout à l’honneur du cinéaste. Les effets spéciaux sont réussis mais les acteurs ne
sont pas très bons et le scénario s’avère un peu maigrelet pour nous tenir tendu tout du
long. Romero un peu court, donc.
de George A. Romero avec Simon Baker, Asia Argento
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Pour les nenfants et les autres. Le cinéma est de moins en moins pour les enfants : sans parler des prochains Harry
Potter qui vont carrément être interdits aux moins de 2 ans, on a surtout l’impression qu’en ce moment les parents traînent plus leurs
enfants voir le dernier Pixar ou Dreamworks que l’inverse…
Madagascar //////////////////////////////////////////
Baby-Sittor //////////////////////////////////////////
Charlie et la chocolaterie //////////////////////
Madagascar participe aussi
au phénomène d’essoufflement
des films d’animations, phénomène observé sur Gang de
requins du même studio Dreamworks. Ceci a
l’air de moins affecter leurs collègues de Pixar,
même si Les Indestructibles n’a pas la gouache
d’un Toy Story. Peut-être faut-il ralentir le
rythme… ? Donc ici il s’agit d’animaux enfermés dans un zoo en plein New-York, vont
s’évader, et se retrouver à… oui, à Madagascar.
Donc l’humour tient du jeu de mot sympathique du type « oh le lion ! il est croc mignon ! »,
en mieux parce que là l’exemple est foireux, il
est tard, Victor râle parce que j’ai pas rendu
mon texte, tout ça. Bon, vous m’avez compris.
Ah ! Il y a aussi les pingouins, inventifs, maladroits et entreprenants, ils sont très sympa.
Le reste du film tient de la vague aventure
bien menée, très classique, et peu surprenante. C’est dommage d’autant que les voix sont
encore une fois bien choisies, et que la qualité
globale est au rendez-vous. C’est qu’avec vos
Shrek et compagnie, vous nous avez rendu
tellement exigeants !!
Oui, il s’agit d’une erreur. Enfin
c’est surtout Victor qui voulait aller
voir ce film. Donc on est rentré assez
péniblement pendant cette pénible
dernière journée de la pénible fête du cinéma,
après que notre cher président… enfin je dis «
nous », mais il n’y avait que moi et lui en fait.
Donc voilà, je l’ai suivi. Mais il avait l’air d’y
tenir tellement !! Donc, euh, nous avons là un
pur navet sauce Disney, avec un Vin Diesel
aussi convainquant en nourrice qu’Amanda
Lear en femme, et des gosses qui se demandent pourquoi ils sont là. Bon, on va garder les
scènes de baston, enfin disons que c’est rigolo
de voir Diesel se battre avec des jouets et des
balais contre des ninjas pakistanais, encore
que… mais le problème, c’est que ce ton fascisant-homophobe-ne parle pas à ce monsieur
il est pauvre, moi ça me fait vomir. Baby-sittor
va jusqu’à faire vendre des cookies à la sortie
du supermarché à une bande de castors-juniorettes en manque de lubrifiant, et à faire
jouer une comédie musicale à un gamin qu’on
croyait qu’il était successivement homosexuel
puis nazi pour comprendre ensuite que c’est
un rôle et qu’en fait c’est un garçon bien élevé.
Hum. Euh, t’as encore un morceau de popcorn collé, là.
Burton est né pour adapter
ce livre. Charlie est donc un pur
produit Burtonien avant tout,
sans l’horreur magique présente
dans ses meilleurs œuvres. Autant que les
décors, les acteurs, le scénario, les dialogues,
les choix, autant que tout ceci atteigne une
perfection et une maîtrise que je ne nie pas,
autant la morale de l’histoire a un petit côté
qui me dérange en je ne sais pas quoi : ce n’est
pas le gentil enfant beau et sage qui gagne à
la fin par hasard ? Alors que si on est gros et
allemand, ça non, ce n’est pas bien !? Bon, je
fais un peu ma mauvaise langue parce que
j’ai passé un merveilleux moment à avoir les
yeux qui clignotent devant ce film bonheur,
j’ai beaucoup ri et c’est techniquement et visuellement une petite merveille. Cela dit, j’ai
eu l’impression de voir un truc un peu trop
sucré, avec de la guimauve là ou il aurait fallu du vinaigre et une ou deux tartes dans la
gueule à la place d’une allusion un peu molle.
Bon, je pinaille, c’est du tout bon.
de Eric Darnell, Tom McGrath avec José Garcia, Anthony Kavanagh
Inclassable.
de Tim Burton avec Johnny Depp, Freddie Highmore
de Adam Shankman avec Vin Diesel, Brittany Snow
H2G2 ////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////
La terre va être rayée de la carte parce qu’une autoroute galactique passe par ce chemin.
Bah oui, c’est pas de chance ! Heureusement, Arthur Dent a fait la connaissance de l’auteur du
guide du routard galactique en personne, qui va le sauver. Ensuite, Arthur ira de rencontre en
rencontre pour aider ses amis à découvrir le véritable sens de l’univers. La fable loufoque de
Douglas Adams trouve une adaptation réussie surtout visuellement, étant donné que sa structure narrative n’en faisait pas un candidat à l’adaptation facile les doigts dans le nez. Le film repose principalement
sur les blagues loufoques qui parsèment le chemin de personnages déglingués, de Vogons un brin bureaucrates (naaaaaaan ? c’est vrai ??!), et sur la singularité originale du récit. C’est évidemment une réussite, un
peu bavarde, elle plaira surtout aux fans des Monty Pythons ou aux amateurs des livres d’Adams.
de Garth Jennings avec Martin Freeman, Mos Def
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Navets.
The Island //////////////////////////////////
Sahara ///////////////////////////////////////
Le transporteur 2 //////////////////////
The Island présente
un synopsis intéressant. Malgré le thème
du clonage résolument
fashion, le choix des acteurs et la
qualité des producteurs laissaient
pourtant la porte ouverte à Michael
Bay pour qu’il réalise enfin un film
digne d’un grand. C’est raté, et de
belle manière. D’abord, l’œuvre emprunte une grosse partie de ses plans
à Orange Mécanique, Minority Report
le Retour du Jedi, et Bienvenue à Gattaca. L’aspect visuel est assez pauvre,
puisque l’unité du monde n’est pas
résolue, offrant donc cinq éléments,
l’ « île », la gare, la villa de Lincoln, et
le bistro qui ne semblent pas vouloir
cohabiter. De plus, seuls quelques
gadgets comme le train sans rail nous
rappellent l’ambition narrative originelle du film. Côté acteur, du bon et
du moins bon, avec Sean Bean excellent, McGregor d’abord tatillon avant
de trouver ses marques et de crever
l’écran notamment face à lui-même,
Johansson complètement asphyxiée
par la prestation de son camarade
ne fait pas long feu. Finalement, ce
mélange thriller-action-SF très gentil
aurait pu fonctionner sans la manie
quasi-épileptique qu’a Michael Bay à
torpiller la moindre situation intéressante à grand coup de trucs qui pètent
et qui crament, d’où presque rien n’en
sort indemne.
Depuis La Dernière
croisade, bien malin qui
réussira à ressusciter la formule magique pour faire
un bon film d’aventure/action. Après
les merdouillages de la catastrophique saga de La Momie, les cours d’instruction civiques de Benjamin Gates,
Breck Eisner nous joue la carte de
l’écologie (ha ha !) avec une incroyable histoire de bateau de la guerre de
sécession qui se retrouvent au milieu
du désert en Afrique, mettant à jour
la pollution mortelle d’une usine de
traitement des déchets en plein Sahara, pollution qui n’existe uniquement
que parce que le directeur de cette
usine, joué par Lambert Wilson (dans
tous les coups foireux), est méchant.
Et ben malgré quelques bravoures de
cascades et de poursuites, on n’arrive
toujours pas à croire que des producteurs donnent des sous pour des choses aussi insipides, ennuyeuses (car le
film est long) et ridicules. En plus, McConaughey, niveau charisme, si c’était
Harisson Ford, ça se saurait.
Jason Statham is
back. Luc Besson signe un des meilleurs
scénarios de sa vie pour l’occasion : un
méchant colombien ninja est engagé
pour inoculer un virus mortel à l’enfant d’un responsable anti-drogue à
Miami, lequel va contaminer l’ensemble du colloque anti-drogue mondial
qui aura lieu dans quelques heures.
Ce méchant est donc entouré d’une
blonde en string équipée de deux uzis,
de quelques chercheurs soviétiques, et
d’une troupe de mercenaires chinois,
ou cubains, selon la couleur du décor.
Heureusement, Frank Martin est là,
et la saleté s’en va. Oubliez l’hésitation
de genre du premier opus, celui-là ne
fait pas dans la dentelle. Bon, c’est absolument pas crédible, débile et bourrin, mais bon Dieu que c’est bon ! Les
scènes de combats multiples sont très
inventives, notamment celle avec la
lance à incendie, les cascades sont impossibles, le rythme est très soutenu.
Au final on rit du début à la fin, c’est assez mortel tellement c’est naze. Un bon
nannar à coller à côté de Commando et
de Portés disparus 3 : Braddok.
de Michael Bay avec Ewan McGregor, Scarlett
Johansson
de Breck Eisner avec Matthew McConaughey,
Steve Zahn, Penelope Cruz
de Louis Leterrier, Corey Yuen avec Jason
Statham, Amber Valletta
///L’heure
du bilan///////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////////
Film de l’été .......................................................................................... Collision
Film de l’été précédent ............................................................Dawn of The Dead
Ovni de l’été...........................................................................................................H2G2
Bide de l’été ..................................................................................................The Island
Gros Bill de l’été ................................. Jason Statham dans Le Transporteur 2
Acteur de l’été .........................................Val Kilmer dans Kiss Kiss Bang Bang
Actrice de l’été ........................Dakota Fanning dans La Guerre des mondes
Mise en scène ......................... Steven Spielberg pour La Guerre des mondes
BO de l’été ......................Philippe Sarde pour Le Parfum de la dame en noir
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