Le Calendula
Transcription
Le Calendula
Le Calendula (Souci des jardins) Ca l e nd u l a o f f i cin a lis L. Asteraceae Fondation d’entreprise pour la protection et la valorisation du patrimoine végétal Sommaire 03 Histoire de la plante 04 Usages traditionnels et courants 04 Phytothérapie 04 Cosmétologie 04 Effets indésirables et contre-indications 05 Description de la plante 05 Dénomination scientifique 06 Habitat 06 Description générale 10 Falsification 10 Description détaillée de la partie utilisée 10 > Morphologie 11 > Anatomie 12 La plante en pharmacie 12 Composition chimique 14 Données pharmacologiques 14 > Activité anti-inflammatoire 15 > Activité anti-bacterienne et anti-virale 15 > Action cicatrisante 16 > Action anti-œdémateuse 16 > Activité anti-oxydante 17 > Activité hépatoprotectrice et rénoprotectrice 18 Toxicité 19 Bibliographie Calendula officinalis L. H ISTOIRE de la plante Le mot calendula a très probablement été introduit dans la langue française au Moyen-Âge. Il vient du latin calendae, premier jour du mois. Pour certains auteurs, cette référence à la périodicité du temps signi fierait que la plante fleurit chaque mois, allusion à la floraison presque perpé tuelle de la plante. Pour d’autres, ce mot est employé avec un sens analogue à calendrier, almanach, indicateur météorologique. Le nom français de souci, anciennement soucie, soulcie, vient du bas latin solsequia « qui suit le soleil ». Les capitules de la plante s’ouvrent lorsque le soleil brille et se ferment par temps nuageux. L’introduction du souci des champs dans les régions méditerranéennes date du milieu du Xe siècle. Il s’est ensuite très spontanément et abondamment répandu, dans les lieux cultivés, les champs, les vignes,… Plante des régions tempérées, le souci des jardins, d’origine inconnue, est sub spontané dans le sud et l’ouest de l’Europe. Il est généralement cultivé pour l’ornementation des jardins et pour les besoins de la thérapeutique, notamment en Belgique, en Hollande, dans les pays balkaniques et en Angleterre. Les soucis sont certainement originaires d’Asie. Il est incertain qu’ils aient été connus des grecs et des latins. En effet, il n’est nullement établi que la plante appelée caltha par Virgile ou par Pline corresponde effectivement au souci. Le souci Calendula officinalis L. 3 uSAGeS tRADitiOnneLS et COuRAntS Autrefois on le disait doué de pouvoirs magiques et on l’utilisait comme talisman supposé protéger des mauvais esprits et favoriser la gaîté. Au XIIe siècle, les sommités fleuries de souci furent introduites dans la pratique médicale. Albert le Grand mentionnait son emploi contre les morsures d’animaux et contre les obstructions de la rate et du foie. A la même période, les écrits de Sainte Hildegarde mentionnent l’usage du souci, sous le nom de ringula, contre les troubles intestinaux. Quant à Matthiole, en 1554, époque où le souci était très répandu en Italie, aussi bien à l’état sauvage que comme plante ornementale, il le dit d’emploi courant aussi bien dans les salades qu’en qualité d’emménagogue et de collyre. Au cours des siècles suivants, ont été reconnues au souci des Jardins, des propriétés sudorifiques, dépuratives, emménagogues et cicatrisantes. Les capitules sont aussi mentionnés comme stimulants, anti-spasmodiques, anti-émétiques et enfin cholagogues. Puis, le Souci tomba petit à petit dans un oubli presque complet. Il est bien curieux de constater que l’emploi du Souci contre la jaunisse et les troubles hépatiques dans la médecine empirique et populaire, que l’on avait cru simple effet de la « doctrine des signatures » en raison de la couleur des fleurs, se soit trouvé confirmé par les recherches modernes puisqu’elles lui reconnaissent une action efficace sur la sécrétion biliaire (Fournier P., 1948). phYtOthéRApie La phytothérapie moderne a reconsidéré cette plante aux mille vertus, inscrivant à ce 4 Le souci Calendula officinalis L. titre ses capitules floraux dans la première édition de la Pharmacopée Française (1818) où ils figurèrent jusqu’à leur introduction dans la Pharmacopée européenne ; le souci y a une monographie à la VIIe édition (2011). Le souci des jardins est surtout utilisé en usage local dans le traitement des petites plaies ainsi que comme traitement d’appoint adoucissant et antiprurigineux des affections dermatologiques. Il est également employé comme trophique protecteur dans le traitement des crevasses, écorchures, gerçures et contre les piqûres d’insectes. Il est aussi utilisé contre les coups de soleil, les brûlures superficielles et les érythèmes fessiers. De plus, il est employé par voie locale comme antalgique des affections buccales. COSmétOLOGie Les propriétés médicinales, en usage externe, ont été en grande partie reprises par la cosmétologie, qui a trouvé là un excellent actif pour des formulations adoucissantes, apaisantes et hydratantes dans de nombreux savons, crèmes, lotions, shampooings et huiles solaires. lotions, shampoings et huiles solaires. eFFetS inDeSiRABLeS et COntRe-inDiCAtiOnS Bien que de réputation anodine, il existe quelques données récentes en toxicologie sur la plante. Il faut cependant noter que, en raison du principe de précaution et par tradition, les préparations à base de souci sont réservées au seul usage par voie locale. Par ailleurs, les fleurs se sont montrées toxiques chez la femme enceinte, ce qui restreint leur utilisation pendant la grossesse. description de la plante DénOminAtiOn SCientiFiQue Nom latin : Calendula officinalis L. Famille : Asteraceae Calendula officinalis L. a été défini dans “Species plantarum” pour la première fois, par Linné, en 1753. > Embranchement : Spermatophyta En allemand : Garten-Ringelblume, Goldblume, Ringelblume, Studentenblume, Totenbleume. En anglais : Common, Goldbloom, Marigold, Pot marigold, Salf lower. En espagnol : Flamenquilla, Flor de > Sous-embranchement : Angiospermae Muerto, Flor de todos los meses, Maravilla > Classe : Dicotyledonae de Jardin. > Sous-classe : Gamosépales > Série : Epigynes > Sous-série : Isostémones > Ordre : Astérales > Famille : Asteraceae > Genre : Calendula > Espèce : Calendula officinalis L. En français : Calendula, Fleur de Calendule, Fleur de tous les mois, Souci, Souci des jardins, Souci officinal. En italien : Calendula coltivada, Calendula ortense, Fiorrancia calta. En néerlandais : Goudsbloem. Le souci Calendula officinalis L. 5 hABitAt DeSCRiptiOn GénéRALe Calendula officinalis L. est une espèce Le souci des jardins est une plante herbacée cultivée dans de nombreux pays tempérés annuelle de 30 à 80 cm de hauteur. notamment pour répondre aux besoins de Les tiges sont rameuses, anguleuses et l’herboristerie et des industries pharmavelues. Les rameaux sont couchés ou dressés. ceutiques et cosmétologiques. Les feuilles alternes, sessiles, oblongues et En France, les régions productrices sont spatulées embrassent très légèrement la tige. surtout le Maine-et-Loire, la région de MillyL’inflorescence est un capitule hétérogène la-Forêt et la région lyonnaise. En Europe, solitaire, terminal, de 3 à 7 centimètres de les pays producteurs sont principalement diamètre, de coloration jaune safrané ou l’Angleterre, la Belgique, la Hollande et les jaune orangé (photo 2). Chaque capitule pays balkaniques. floral est muni à sa base d’un involucre de La culture du souci se deux rangs de bractées pratique très aisément, sensiblement égales L’inflorescence est un capitule en particulier sous le entre elles, velues et composé de deux types de climat méditerranéen. verdâtres. À sa face fleurs : ligulées femelles à Elle se développe norsupérieure, plane, il la périphérie et tubullées malement à partir de porte des fleurs à co+6°C. Les sols souples, rolle gamopétale de hermaphrodites au centre. de bonne fertilité, à pH deux types (photos 1 compris entre 6,5 et 7, et 3B). et susceptibles de conserver la fraîcheur lui conviennent. Il végète dans les terres très acides. Au centre, les fleurs sont hermaphrodites, actinomorphes, à corolle tubuleuse, terminée par cinq dents égales. L’androcée, à cinq étamines, est fixé sur les pétales. Le gynécée a deux carpelles antéro-postérieurs terminés par un style renflé et conique (photos 3A et 4B). 1 : Calendula officinalis L. Capitule floral sectionné longitudinalement 6 Le souci Calendula officinalis L. 3A : Calendula officinalis L. Capitule floral - vu de dessus 3B : Calendula officinalis L. Capitule floral - vu de dessous 2 : Calendula officinalis L. Capitule floral À la périphérie se situent plusieurs cercles de fleurs ligulées, ou demi-fleurons, femelles. Elles sont formées d’un tube surmonté par une languette de 1,5 à 3 centimètres, à quatre nervures longitudinales, qui se termine par trois dents (photo 3A et 4A). Il n’y a pas d’étamine. Le gynécée a deux carpelles antéro-postérieurs surmontés d’un style légèrement enflé et bifurqué à son extrémité. Les stigmates dépassent nettement le tube de la corolle. 4A : Calendula officinalis L. Fleurs ligulées, périphériques 4B : Calendula officinalis L. Fleurs tubulées, centrales Le souci Calendula officinalis L. 7 Les fruits sont des akènes de types différents suivant leur position sur le capitule. - Ceux du cercle externe sont épineux sur la face dorsale et recourbés en arc. Ces akènes simulent des chenilles par leur forme et leur couleur verte à l’état jeune. Leurs aspérités leur permettent de s’accrocher aux toisons des animaux. - Ceux du centre, en ballonnet, peuvent être disséminés par le vent. - Les plus internes sont lisses, enroulés en anneaux. Tombés sur le sol, ils germent sur place. Par la culture, le souci des jardins a été l’objet de très nombreuses modifications. Les variétés et les cultivars se différencient par le nombre et la coloration des fleurs ligulées, par l’abondance de la floraison ou encore par la dimension des plants. Parmi les cultivars les plus connus citons : > des cultivars pour fleurs coupées : Les graines sont sans albumen. Les cotylédons sont volumineux et chargés de lipides. Les soucis fleurissent toute la belle saison ; leurs fleurs s’épanouissent assez régulièrement entre 9 et 10 heures du matin et se referment entre 4 et 5 heures du soir. L’odeur du souci est caractéristique : elle est plutôt désagréable, balsamique et résineuse. Ball’s Lemon, Lemon Queen à fleurs ligulées jaunes et à fleurs centrales de couleur brune Ball’s Supreme, Orange King à fleurs ligulées orange foncé et à fleurs centrales noires D’Ollioules à fleurs ligulées orange et à fleurs centrales de couleur verte > des cultivars pour bordures et pour potées dont la hauteur ne dépasse pas 30 cm. Gitana à fleurs jaunes Anagoor à fleurs orangées > des cultivars pour l’herboristerie (photo 5A) Corniche d’or à nombreuses fleurs ligulées (photo 5B) 8 Le souci Calendula officinalis L. 5B : Calendula officinalis L. Variété « Corniche d’or » 5A : Calendula officinalis L. Divers hybrides Le souci Calendula officinalis L. 9 FALSiFiCAtiOn Le souci des jardins, Calendula officinalis L., ne doit pas être confondu avec ou remplacé par le souci des champs, Calendula arvensis L., espèce spontanée dont les capitules ne dépassent pas 20 mm de diamètre (photo 6). Les fleurs extérieures ont une languette bien plus longue que l’involucre, mesurant au moins deux fois la longueur de ce dernier. Les fruits extérieurs sont bordés d’une membrane non dentée ni déchiquetée. DeSCRiptiOn DétAiLLée De LA pARtie utiLiSée morphologie « Le souci est constitué par la fleur entièrement épanouie, détachée du réceptacle et séchée, entière ou coupée, des formes cultivées à fleurs doubles de Calendula officinalis L. » (photo 7). Pharmacopée Européenne (01/2007:1297) 7 : Calendula officinalis L. Fleurs séchées et détachées du capitule Seules les fleurs, détachées du réceptacle, sont retenues par la Pharmacopée européenne. La drogue végétale, à l’état sec, est donc constituée exclusivement par : 6 : Calendula arvensis L. Plante entière 10 Le souci Calendula officinalis L. - les fleurs ligulées : composées d’une ligule jaune ou jaune orangé à 3 dents, d’une largeur d’environ 3 à 5 mm (et d’environ 7 mm au niveau médian), prolongeant un tube velu plus ou moins falciforme, brun jaune ou brun, avec parfois un ovaire brun jaune ou brun orangé plus ou moins recourbé. des poils tecteurs bisériés, pluricellulaires et coniques (photo 9) et des poils sécréteurs à pied pluricellulaire uni ou bisérié et à tête ovoïde bisérié et pluricellulaire (photo 10) ; des grains de pollen sphériques mesurant jusqu’à 40 µm de diamètre à exine fortement échinulée et à 3 pores germinatifs. - les fleurs tubulées (toujours présentes) : d’une longueur d’environ 5 mm et se composant d’une corolle jaune, rouge orangé ou violet rouge à 5 lobes et d’un tube brun jaune ou brun orangé, velu à la base, avec en général un ovaire brun jaune ou brun orangé plus ou moins recourbé. Anatomie L’examen microscopique de la fleur de souci pulvérisée met en évidence différents fragments dont ceux de la corolle contenant des gouttelettes huileuses jaune clair (photo 8), certains avec des stomates ; 9 : Calendula officinalis L. Épiderme de la corolle Poils tecteurs Stomate 8 : Calendula officinalis L. Fleur liguléeÉpiderme Poil sécréteur 10 : Calendula officinalis L. Épiderme de la corolle Poils secréteurs et stomates Le souci Calendula officinalis L. 11 LA PLANTE EN P H ARMACIE Le souci des champs, Calendula arvensis L., est inscrit dans la première édition de la Pharmacopée Française (1818). Il est rapidement remplacé par le souci des jardins, Calendula officinalis L., qui est également introduit dans de nombreuses pharmacopées, notamment celles d’Autriche, du Danemark, d’Espagne, des Pays-bas, de Roumanie ou encore des Etats-Unis. La Pharmacopée Européenne (7e édition, 2011) a retenu « la fleur entièrement épanouie, détachée du réceptacle et séchée, entière ou coupée, des formes cultivées à fleurs doubles ». En homéopathie, la matière première retenue est la sommité fleurie fraîche (Pharmacopée française, Xe Ed., supplément 2005) ou la partie aérienne fleurie (Pharmacopée homéopathique allemande, HAB, éd. 2000). Composition chimique La fleur de souci est riche en saponines et triterpènes ; les caroténoides et les flavonoïdes en donnent la couleur. L’odeur est produite par une huile essentielle. Saponosides Il s’agit d’hétérosides de l’acide oléanique. H H HO HO H H H COOH COOH H Acide oléanique Triterpènes Dérivés du lup-20(29)-ène, de l’oléan-12(13)ène, du tarax-20(30)-ène, du tarax-20(21)ène, de l’urs-12(13)-ène : α et β Amyrine, arnidiol, faradiol, ursadiol, canlenduladiol, heliantriols. OH OH HO HO Faradiol 12 Le souci Calendula officinalis L. Flavonoïdes (0,3 à 1,5 %) Il s’agit d’hétérosides en position 3 du quercétol et de l’isorhamnétol. OR OH HO O OH OH O R = H : Quercétol R = CH3 : Isorhamnétaol Caroténoïdes (carotènes, xanthophylles) 19 constituants ont été identifiés dont 4 sont trouvés uniquement dans cette plante (Kishimoto S., 2005). OH ß-carotène (5Z,9Z)-lycopène, (5Z,9Z,5’Z,9’Z)-lycopène, (5’Z) gamma carotène, (5’Z,9Z) –rubixanthine OH O OH Anthéraxanthène présents en grande proportion. Huile essentielle (2-3 ml/kg) à sesquiterpènes dont le cadinol. H Polysaccharides OH H Cadinol Autres constituants : Loliolide, ionones, manganèse. Le souci Calendula officinalis L. 13 DONNéES PHARMACOLOGIQUES dium. Cet eczéma a été traité avec un émollient comme véhicule, avec ce même émollient enrichi (à hauteur de 5%) en différents extraits de calendula ou esters de faradiol en comparaison avec l’hydrocortisone. Même s’il n’y a pas eu de différence statistiquement significative avec le véhicule utilisé seul, l’eczéma a été notablement réduit après utilisation des crèmes enrichies en extraits de calendula ou esters de faradiol (Fuchs, 2005). Activité anti-inflammatoire Les extraits de fleurs de Calendula officinalis L. sont connus pour leur activité anti-inflammatoire. Cette propriété de l’extrait aqueux serait due, au moins pour partie, aux saponosides. Le ß-carotène ainsi que le manganèse prennent également part aux activités anti- inflammatoire et anti-septique. Ces com- Pour clarifier le rôle des composés lipoposés restaurent l’équilibre physiologique philes dans l’activité de l’extrait de calendula, de la peau, diminuent un extrait CO2 super les rougeurs dues à critique de calendula des frottements et En raison de ses utilisations en a fait l’objet d’un fraccalment les irritations médecine populaire, les travaux extionnement bioguidé (Bruneton, 1999). périmentaux sur le souci des jardins en utilisant le test de ont surtout porté sur les activités l’œdème de l’oreille Différentes publications anti-inflammatoire, anti-œdémateuse, induit par l’huile de récentes en font état : anti-septique, anti-virale, cicatrisante croton chez la souris. - Un extrait lipidique et anti-oxydante. Une fraction enrichie (extrait au CO2 super en triterpènes a été critique) a été testé isolée et son activité en topique (test de mesurée. Le composé l’œdème de l’oreille induit par l’huile de le plus actif est le faradiol (testé en parallèle) croton chez la souris) en comparaison avec mais c’est le faradiol estérifié [moins actif l’indométhacine comme médicament de que le faradiol non estérifié significativeréférence. L’inhibition de l’œdème est ment présent dans l’extrait (19% de l’extrait mesurée au cours du test et l’indométhabrut)] qui semble être le principal composant cine, qui est un des plus puissants antiactif de l’extrait. La quantité de monoester inflammatoire non stéroïdien, s’est révélée de faradiol semble même pouvoir être choiseulement 10 fois plus active que l’extrait sie comme paramètre de contrôle de qualité testé (Della Logia,1990). des extraits préparés (Della Loggia, 1994). - Les effets protecteurs de différents extraits de calendula ont été testés sur 20 volontaires chez qui un eczéma de contact avait été provoqué avec du laurylsufate de so14 Le souci Calendula officinalis L. - Dans des extraits méthanoliques de fleurs d’Astreraceae (dont Calendula officinalis L.), 11 alcools triterpéniques ont été identifiés parmi lesquels : α et β amyrine, lupéol,... L’effet inhibiteur de ces 11 triterpènes a été testé sur des œdèmes d’oreille de souris induits par du 12-O-tétradécanoyl phorbol 13-acétate (TPA). Tous ont présenté une activité anti-inflammatoire marquée. Les tests étaient effectués en comparaison avec l’indométhacine et l’hydrocortisone, et bien que l’effet inhibiteur de ces triterpènes soit plus faible que l’hydrocortisone, 9 d’entre eux (dont l’α et β amyrine et le lupéol) ont présenté un niveau d’inhibition comparable à celui de l’indométhacine (Akihisa, 1996). L’action topique de Calendula officinalis L. a été récemment démontrée sur un cas de cheilite exfoliatrice. Un jeune homme de 18 ans atteint de lésion chronique des lèvres, pouvant avoir des conséquences esthétiques importantes, a été traité dans un premier temps par de la cortisone. Puis, le traitement par la cortisone a été suspendu et remplacé par des applications, ad libitum, de pommade contenant 10% de calendula. Les résultats présentés permettent aux auteurs de considérer C. officinalis comme une thérapeutique potentielle dans les cas de cheilite exfoliatrice (Roveroni-Favarretto, 2009). - Dans le but de prouver la véracité des données traditionnelles, un millier de plantes à réputation anti-inflammatoire a été étudié. Seulement neuf plantes parmi lesquelles Calendula officinalis L. ont montré de réelles activités dans ce domaine (Cravotto, 2010). Activités anti-bactérienne et anti-virale Les alcools et les lactones terpéniques sont en partie responsables de ces activités. L’extrait éthanolique présente une action anti-bactérienne vis-à-vis de Staphylococcus aureus, Streptococcus foecalis, Escherichia coli et Pseudomonas aeruginosa. La teinture mère de Calendula officinalis L. possède une action antivirale vis-à-vis du virus de la grippe et entrave la croissance du virus de l’herpès (Vannier in Fournier, 1948). 21 extraits hydro-alcooliques de plantes ont été testés vis-à-vis de Helicobacter pylori, agent responsable de gastrites aiguës et chroniques et vis-à-vis de Campylobacter jejuni, agent responsable d’entérites provo quant de fortes diarrhées. Parmi ces extraits, celui de Calendula officinalis L. a montré une très forte inhibition de croissance de C. jejuni montrant ainsi l’intérêt de l’utilisation de phyto-médicament dans le domaine gastro-intestinal (Cwikla C., 2010). Action cicatrisante Une pommade contenant 2% d’extrait aqueux et 2% d’extrait hydroalcoolique à 70% stimule l’épithélisation des plaies cutanées induites expérimentalement chez le rat albinos. L’association d’alantoïne à ces extraits potentialise leurs effets. Ils stimulent le métabolisme des glycoprotéines, nucléoprotéines et des protéines du collagène pendant la période de régénération tissulaire. Les effets d’extraits de fleurs de souci sur les coupures ont été étudiés par voies externe et orale. Les paramètres observés sont l’épithélisation et le pourcentage de ferLe souci Calendula officinalis L. 15 meture de la plaie. La teneur en hydroxyproline et en hexosamine dans le tissu de la blessure est également mesurée. Il s’est avéré qu’au bout de 8 jours, le pourcentage de fermeture de la plaie est d’environ 90% pour le groupe traité avec l’extrait de calendula contre seulement 51% pour le groupe témoin. L’épithélisation est d’environ 17 jours pour le groupe témoin. Le traitement par une dose de 20 ou de 100 mg/Kg de poids réduit cette période de 14 et de 13 jours, respectivement. Par ailleurs une diminution significative de l’hydroxyproline et de l’hexosamine est constatée. Ces données montrent que l’extrait de calendula possède une réelle activité cicatrisante (Preethi KC., 2009). Activité anti-oxydante - Au cours de tests sur les espèces réactives de l’oxygène (radicaux libres), l’extrait de Calendula officinalis L. a montré de puissantes propriétés à éliminer ces espèces actives et à moduler le métabolisme oxydatif (Herold, 2003). Action anti-œdémateuse Une publication décrit l’obtention et la séparation de 2 esters de faradiol et du psi-taraxastérol, présents dans les fleurs de calendula, ainsi que le test de l’activité anti-œdémateuse de ces 3 composés à l’aide du test d’inhibition de l’œdème de l’oreille induit par l’huile de croton chez la souris. Les 2 esters de faradiol isolés sont les composés principaux des extraits lipophiles de fleurs de calendula. L’activité de chaque ester ainsi que du psi-taraxastérol est mesurée et comparée à celle du mélange de ces esters, à un témoin, au faradiol et à l’indométhacine. Il ressort de ces tests que le faradiol est plus actif que ces esters (eux-mêmes plus actifs que le psi-taraxastérol) et montre le même effet qu’une dose équimolaire d’indométhacine (Zitterl- Eglseer,1997). - L’activité anti-oxydante vis à vis des radicaux superoxydes et des radicaux hydroxyl de plusieurs caroténoides (en particuler lycopène, beta-carotène, zéaxanthine et lutéine) a été testée dans cette étude. Par rapport aux radicaux superoxydes, le bétacarotène et le lycopène sont plus efficaces que les xanthophylles (zéaxanthine et lutéine). Tous les caroténoides testés sont plus efficaces sur les radicaux hydroxyls que sur les superoxydes (Trevithick-Sutton, 2006). 16 Le souci Calendula officinalis L. - Un extrait de calendula a été évalué pour son activité anti-oxydante in vitro et in vivo chez la souris, un extrait de gingembre (antioxydant standard) étant utilisé comme comparatif. Les tests effectués montrent que le Calendula officinalis L. a un effet profond sur le système de défense antioxydant à la fois in vitro et in vivo (Preethi, 2006). - Les polyphénols, les flavonoïdes, la rutine et la narcissine contenus dans un extrait de souci ont été évalués respectivement à 28.6 mg/g, 18.8 mg/g, 1.6 mg/g et 12.2 mg/g. L’évaluation de leur activité anti-oxydante in vitro a mis en évidence un effet dose dépendant de l’extrait vis-à-vis de différents radicaux. Après avoir montré que cet extrait ne possédait pas d’effet cytotoxique, les auteurs ont traité des souris nues avec 150 et 300 mg/kg d’extrait par voie orale dans le but d’étudier l’effet protecteur de l’extrait de calendula vis-à-vis du stress oxydatif dû aux UVB. Des résultats encourageants ont été constatés mais des compléments d’étude devront être réalisés pour une compréhension complète du mécanisme de l’effet protecteur du souci sur la peau (Foncesca, 2010). Les marqueurs de la fonction rénale comme l’urée ou la créatinine sont nettement abaissés chez les animaux traités par le cisplatine. Leur taux est nettement moins bas dans le groupe prétraité (100 et 250 mg/kg). Ces extraits contiennent différents caroténoïdes tels la lutéine, la zéaxanthine et le lycopène. La réduction des radicaux oxygénés et une activité antioxydante pourraient être envisagées pour comprendre le mécanisme d’action (Preethi KC , 2009). Activités hépatoprotectrice et rénoprotectrice Les effets de l’extrait de fleur de Calendula officinalis L. sont évalués chez le rat visà-vis de l’hépatotoxicité aiguë induite par le CCL4 et vis-à-vis de la néphrotoxicité induite par le cisplatine. L’activité d’en zymes sériques, marqueurs de la souffrance hépatique comme la glutamate pyruvate transaminase, la glutamate oxaloacétate transaminase et la phosphatase alcaline est nettement diminuée par un prétraitement avec l’extrait de fleur de calendula aux doses de 100 mg et 250 mg/kg. De même, la péroxydation lipidique du foie et la teneur totale en bilirubine dans le sang s’avèrent être à un faible taux dans le groupe prétraité, montrant ainsi l’effet protecteur du calendula. Le souci Calendula officinalis L. 17 TOXICITé > Sur des rats Wistar mâles et femelles, un extrait de calendula a été administré. Une seule administration, par gavage, à la dose de 2000 mg/kg a servi pour déterminer la toxicité aiguë, tandis que des doses de 50, 250 et 1000 mg/kg/jour ont été introduites dans l’eau de boisson pour évaluer la toxicité sub-chronique. A la fin de l’expérience, les différents paramètres toxicologiques généralement concernés ont été évalués. Il en est conclu que, dans l’étude de toxicité aiguë, aucune mortalité ni aucun signe de toxicité n’ont été constatés. Dans l’étude de toxicité sub-chronique, au bout de 90 jours, plusieurs éléments du sang ont été affectés, de même que plusieurs paramètres biochimiques (ALT, AST, phosphatase alcaline). L’examen histologique des tissus a également montré de petites anomalies du parenchyme hépatique. Les auteurs concluent toutefois que les toxicités aiguë et sub-chronique de l’extrait de Calendula officinalis L. étudié sont faibles (Lagarto A, 2010). > L’extrait de calendula, à la concentration de 15 mg/ml, ne présente pas de cytotoxicité vis-à-vis des cellules L929 et HepG2 (Foncesca Y.M., 2010). 18 Le souci Calendula officinalis L. > Les effets d’un extrait hydroalcoolique de fleur de souci ont été mesurés sur la fonction reproductrice de rats Wistar. Quatre groupes de rats mâles adultes ont été traités par voie orale avec respecti vement 0.0, 0.2, 0.50 et 1.0g/kg pendant 60 jours consécutifs ; au bout de ce temps, les rats ont été placés en présence de rates femelles non traitées. Par ailleurs, des rates gestantes ont été traitées avec les mêmes doses pendant les périodes de préimplantation, organogénique ou fœtale. Les résultats de cette étude montrent que l’extrait de calendula n’affecte pas les paramètres de la reproduction chez le mâle, et n’a aucune toxicité vis-à-vis de la femelle en période de pré-implantation ou organogénique. Toutefois, l’extrait de calendula provoque une diminution du poids maternel lorsqu’il est administré aux rates gestantes durant la période fœtale, montrant ainsi une certaine toxicité à cette période (Silva E.J., 2009). Bibliographie AKIHISA T. et al., 1996 - Triterpene alcohols from the flowers of compositae and their anti-inflammatory effects - Phytochemistry, 43(6), 1255-60. BEZANGER L., BEAUQUESNE L. et al., 1986 - Les plantes dans la Thérapeutique Moderne (2e édition) - Paris : Ed. Maloine, p.113. BEZANGER L., BEAUQUESNE L. et al., 1990 - Plantes médicinales des Régions Tempérées Paris : Ed. Maloine, p.342. BONNIER G., 1991- La Grande flore en couleur de Gaston Bonnier - Paris : Ed. Belin. BRUNETON J., 1999 - Pharmacognosie, Phytochimie, Plantes médicinales (2e Edition) Paris : Ed. Lavoisier, p.706. CORNILLOT P., ANTOINE P., BALANSARD G., et al., 1993 - Encyclopédie des Médecines Naturelles - Editions Techniques, Section E. COSTE H., 1901 - Flore descriptive et illustrée de la France, de la Corse et des Contrées limitrophes (Tome III) - Paris : Edition Paul Klincksieck, p. 721. CRAVOTTO G. et al., 2010 - Phytotherapeutics : an evaluation of the potential of 1000 plants J. Clin. Pharm., Ther. 35(1), 11-48. CRETE P., 1965 - Précis de botanique (Tome II) - Paris : Ed. Masson, p.305. CWIKLA C et al., 2010 - Investigations into the antibacterial activities of phytotherapeutics against Helicobacter pylori and Campylobacter jejuni - Phytother. Res., 24(5), 64-56. DELLA LOGGIA R. et al., 1994 - The role of triterpenoids in the topical anti-inflammatory activity of Calendula officinalis flowers - Planta Med., 60, 516-20. DELLA LOGGIA R. et al., 1990 - Topical anti-inflammatory activity of Calendula officinalis extracts - Planta Med., 56, 658. EUROPEAN SCIENTIFIC COOPERATIVE ON PHYTOTHERAPIE, 2003 - E/S/C/O/P Monographs (2e édition) - New-York : Ed. Thieme. FONCESCA YM et al., 2010 - Protective effect of Calendula officinalis extract against UVB-induced oxidative stress in skin: evaluation of reduced gluthathione levels and matrix meltalloproteinase secretion - J. Ethnopharmacol, 17; 127 (3) 596-601. FOURNIER P., 1948 - Le livre des plantes médicinales et vénéneuses de France (Tome III) Encyclopédie Biologique, Paris : Ed. Lechevalier, p. 450. Le souci Calendula officinalis L. 19 FUCHS S.M., 2005 - Perspective effects of different marigold (Calendula officinalis L.) and rosemary cream preparations against sodium-lauryl-sulfate-induced irritant contact dermatitis Skin Paharmacol. Physiol., 18, p. 195-200. GRISVARD P., 1977 - Le Bon jardinier, 152e Edition (Tome II) - Paris : Edition La Maison Rustique, p. 1587. HEROLD A. et al., 2003 - Antioxidant properties of some hydroalcoholic plant extracts with anti-inflammatory activity - Rom. Arch. Microbiol. Immunol., 62(3-4), p. 317-27. KISHIMOTO S. et al., 2005 - Analysis of carotenoid composition in petals of calendula (Calendula officinalis L.) - Biosci. Biotechnol. Biochem., 69 (11): p. 2122-2128. LAGARTO A. et al., 2010 - Acute and subchronic oral toxicities of Calendula officinalis extract in Wistar rats - Exp. Toxicol. Pathol. LHOSTE J., 1989 - Le Grand Livre de la Phytothérapie - Paris : Ed. Lafont, Conseil +, p. 255. PARIS R. R., MOYSE M., 1971 - Précis de Matière Médicale (Tome III) - Paris : Ed. Masson, p. 452. PHARMACOPEE FRANCAISE, 1989 - Xe Edition, supplément - Moulin les Lez : Ed. Maisonneuve. PHARMACOPEE FRANCAISE, 1992 - Xe Edition, supplément - Paris : Ed. Agence du Médicament. PREETHI K.C. et al., 2006 - Antioxidant potential of an extract of Calendula officinalis L. flowers in vitro and in vivo - Pharmaceutical biology, 44(9), p. 691-697. PREETHI KC et al., 2009 - Hepato and reno protective action of Calendula officinalis L. flower extract - Indian J. Exp. Biol., 47(3), p. 163-168. PREETHI KC et al., 2009 - Wound healing activity of flower extract of Calendula officinalis L. J. Basic. Clin. Physiol. Pharmacol., 20(1), p. 73-79. ROMBI M., 1991 - 100 Plantes Médicinales - Nice : Ed. Romart, p. 251. ROVERONI-FAVARRETTO LH et al., 2009 - Topical Calendula officinalis L. successfully treated exfoliative cheilitis : a case report - Cases J., 23(2) 9077. SILVA E.J. et al., 2009 - Reproductive assessment of hydroalcohol extract of Calendula officinalis L. in wister rats - Phytother. Res, 23 (10), p. 1392-1398. 20 Le souci Calendula officinalis L. TREVITHICK-SUTTON C. et al., 2006 - The carotenoids zeaxanthin and lutein scavenge superoxide and hydroxyl radicals : a chemiluminescence and Test study - Molecular vision, 12, p. 1127-1135. TUTIN T.G., HEYWOOD V.H., BURGES N.A. et al., 1976 - Flora Europea (Tome II) G.B. : Cambridge University Press, p. 236. VAN HELLEMONT J., 1986 - Compendium de Phytothérapie Bruxelle : Ed. Service Scientifique de l’APB, p.74. VIGNEAU C., 1985 - Plantes Médicinales, Thérapeutique, Toxicité - Paris : Ed. Masson, p. 258. ZITTERL-EGLSEER K et al., 1997 - Anti-œdematous activities of the main triterpendiol esters of marigold (Calendula officinalis L.) - J. Ethnopharmacol., 57(2), p. 139-144. Le souci Calendula officinalis L. 21 édité par l’institut Klorane, Fondation d’entreprise pour la protection et la Valorisation du patrimoine végétal Direction de la publication Florence Guillaume Coordination du projet Nawal Saïchi Rédaction Professeur Isabelle Fourasté (Faculté des Sciences Pharmaceutiques de Toulouse) Crédit photos Professeur Isabelle Fourasté (Faculté des Sciences Pharmaceutiques de Toulouse) Laboratoires Pierre Fabre Illustration : André Boos maquette et impression Art et Caractère81500 Lavaur Fondation d’entreprise des Laboratoires Klorane, l’Institut Klorane œuvre pour la protection et la valorisation du patrimoine végétal. Créé en 1994 à l’initiative de Monsieur Pierre FABRE pour partager avec le plus grand nombre la connaissance multidisciplinaire acquise sur les plantes depuis la création du Groupe, l’Institut Klorane poursuit cet engagement autour de trois missions : PROTEGER, EXPLORER, ÉDUQUER PROTEGER L’Institut Klorane, sensible à la protection du patrimoine végétal, agit en étroite collaboration avec les Conservatoires Botaniques pour la sauvegarde des espèces en danger dans le monde. EXPLORER Pour sans cesse accroître la connaissance sur la biodiversité végétale, l’Institut Klorane soutient les acteurs de la recherche et de la conservation en botanique en finançant des missions sur le terrain, la restauration d’herbiers, la réalisation de thèses universitaires. Il édite des supports d’information botaniques à destination des professionnels de la santé. ÉDUQUER En partenariat avec des Pharmaciens d’officine, des Jardins et Conservatoires Botaniques et des réseaux de Botanistes, l’Institut Klorane fait découvrir le patrimoine végétal aux enfants et aux étudiants (ouvrage et ateliers pédagogiques thématiques, visites de jardins botaniques). Pour le grand public, une large collection de brochures et posters est également réalisée. Des expositions nationales consacrées à la botanique et à la mycologie sont régulièrement organisées en partenariat avec les acteurs clés de l’environnement. 485072 - Art & Caractère - 81550 LAVAUR - 08/2011 Fondation d’entreprise pour la protection et la valorisation du patrimoine végétal