Le secrétariat d`une mairie en autrefois… - Ville de Beaumont

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Le secrétariat d`une mairie en autrefois… - Ville de Beaumont
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Le secrétariat d’une mairie en autrefois…
La fragile et si particulière qualité de
fonctionnaire territorial, depuis toujours, accorde à ce personnel dévoué et souvent corvéable, la
précieuse faculté de pouvoir évoluer dans le temps et dans l’espace…A l’occasion de promotions
hiérarchiques ou bien de mutations favorisant le développement de carrières donnant accès à de
nouveaux grades, de nouvelles responsabilités, d’attributions professionnelles plus gratifiantes et
épanouissantes : Une trajectoire, une évolution, un parabole que chaque agent concerné mène à
bien selon ses opportunités et ses moyens propres. Ce fut le cas de votre serviteur, alors tout jeune
et anonyme et basique employé de bureau stagiaire, en poste à la direction des services techniques
de la mairie de Montélimar : Un bien modeste emploi oublieux, obscur et sans relief
particulier…Invitant l’agent concerné à ne pas se résigner à cette trop facile monotonie au fil des
jours, en attendant des souhaitables évolutions porteuses de plus amples valorisations conjuguées
à une grande aspiration à mieux servir pour mieux s’accomplir soi-même, au regard des siens
mais aussi et surtout des autres. Le suivi très formateur mais exigeant d’une formation
professionnelle théorique et pratique, lui fit successivement réussir les concours adéquats…Lui
ouvrant la faculté, la possibilité d’embrasser la carrière alors pleine d’avenirs de secrétaire
général de mairie.
Cette attribution administrative d’une utilité
publique de grande proximité, ouverte sur les besoins à satisfaire manifestés par la population, lui
apparut comme un porteur et surtout éclectique métier de riche et permanent intérêt
humain…Celui consistant à se mettre personnellement à la disposition des administrés en leur
assurant aide, assistance, conseil et même souvent réconfort et compassion…Tant il sera toujours
vrai qu’une mairie demeure le lieu privilégié et vrai d’une convergence plurielle, quelques fois de
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désespoirs, souvent de souffrances et d’inquiétudes mais aussi d’espoirs ressentis par
des gens simples et dignes de la plus large et compréhensive attention qui soit. En ce lieu de
rassemblement, d’échange et de partage, il doit leur être porté toute l’attention nécessaire et une
écoute suffisantes s’inscrivant dans la duré mais aussi dans la reconduction : En soi,
l’accomplissement d’une mission à mener à bien en bonne intelligence, sous l’autorité et le
contrôle de la municipalité, maire et adjoints, élus par le corps électoral et détenteurs du pouvoir
d’administrer leurs concitoyens, pour la durée d’une mandature renouvelable.
Il me fut proposé d’occuper la fonction de
secrétaire de mairie de cette joliette et attachante petite commune de Beaumont-Lès-Valence, en
ce tout début de l’année 1975, il y a de cela plus de trente cinq années, aujourd’hui : Un challenge
à relever, une gageure, une probation à réussir absolument pour la satisfaction première de la
population, de moi-même, en harmonie avec celle des mes hôtes dont il importa de ne pas
décevoir la confiance mise dans ma modeste mais déterminée jeune personne. Posant mon fragile
bagage en cette bourgade dont je ne connaissais jusqu’alors pas l’existence, ni par le nom, ni par
la situation géographique, la municipalité me reçut pour me fixer le cadre humain et objectif de
mon nouvel emploi…Celui de faire face à toutes les obligations administratives impliquées par la
formidable et historique évolution démographique de cette commune promise à une forte et
constante expansion.
Un village dont l’architecture de ses monuments
est d’essence médiévale, situé à la frange méridionale de l’agglomération valentinoise. Une
proximité alors placée, au plan de la mémoire, dans le contexte sociétal des ascensionnelles
Trente Glorieuses. Elles se révélaient pourvoyeuses de constructions en cours d’édifications dans
tous les quartiers, incluses dans une dynamique porteuse d’une exponentielle et historique
émulation économique…Dans tous les secteurs d’activités ; un essor jamais connu dans le passé
mais promis à procurer le confort et pourquoi pas, le bien-être à tous. Tant de maisons
d’habitations fleurissant partout, transformant radicalement et rapidement le paysage de cette
commune dont la territorialité fut et demeure encore très prisée pour l’enviable qualité de son
cadre de vie et de sa douceur de vivre, en situation à seulement quelques kilomètres de l’attirant
chef-lieu d’arrondissement.
Au plan de l’administration du secrétariat de
mairie, ce fut indéniablement une organisation à concevoir et créer de toutes pièces, à mettre sur
pied avec une méthode, une approche nouvelle, une appréhension rationnelle et innovante,
quoique liée étroitement aux moyens objectifs propres à ceux des années soixante-dix. Pour tout
équipement, ce bien démuni secrétariat de mairie de proche terroir, posséda une seule machine à
écrire encore à l’ancienne, utilisant le salissant papier carbone, comme pendant la dernière
guerre…Avec une vétuste machine très obsolète à mal photocopier les documents. Le tout installé
dans l’agencement rebutant d’un très modeste et obscur bureau, encore ouvert au public les
samedis, matin et après-midi :
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Un malodorant et inhospitalier espace de
secrétariat alors dirigé par une personne retraitée de l’armée française, devant prendre
prochainement sa retraite. Ce fut l’époque à laquelle rien ne fut encore informatisé, pendant que
tout le travail de bureau se fit manuellement comme au bon vieux temps des ronds de cuir chers à
Courteline…Un contexte de travail à priori rebutant, requerrant du courage, éprouvant, fastidieux
et long…Attribuant au secrétaire de mairie l’organisation générale de tous les services
municipaux, à une époque structurante de profondes mutations sociologiques intéressant tous les
secteurs de l’administration nationale, départementale et communale en pleins renouveau et
devenir ; l’époque d’avant les lois sur la libératrice décentralisation .
Ce fut de ce temps de façon non limitative, les
gestions simultanées et en temps réel : du Bureau d’Aide Sociale ; de la comptabilité ; de l’état
civil ; de l’urbanisme ; de la gestion du personnel, de la gestion de tous les bâtiments
communaux, entretien et travaux neufs ; des affaires générales ; de la correspondance et des
rendez-vous des maire et adjoints ; du secrétariat des séances du conseil municipal ; de la
rédaction des délibérations du Conseil Municipal et des arrêtés du Maire, placés alors sous la
responsabilité tutélaire de la Préfecture, de la Perception, des Services Départementaux de
l’Agriculture, de l’Equipement et des Affaires sociales ; La gestion permanente et le suivi des
commissions extra municipales dans toutes leurs diversités et attributions propres ; la confection
minutieuse, périodique et très prenante de tous les budgets communaux avec leur historique
rigidité et formalisme propre à la M11, autant d’éléments à découvrir, à étudier et à maîtriser dans
la durée. A une époque budgétaire alors soumises aux historiques exigences relatives aux budgets
primitifs et supplémentaires ainsi qu’aux comptes administratifs annuels, autant de documents
élaborés manuellement avec toutes les inévitables sources d’erreurs possibles, inhérentes à toutes
ces procédures administratives impliquant du travail, à la façon manuelle tellement longue et
exigeante à la fois. Un travail de petit forçat, marié avec la rebutante et envahissante paperasse de
toujours.
La fonction de secrétaire de mairie fut alors
comme celle d’un homme orchestre, aux moyens et ressources fort limités mais une personne très
sollicitée, de confiance, d’abnégation, dévouée, discrète et surtout disponible pour travailler
d’arrache-pied depuis très tôt le matin jusqu’à très tard le soir. Ce fut ce village de Beaumont-lèsValence là en ce 15 février 1975 au matin, que je découvrais dans ma modeste besace avec ses
exigences dévoreuses de temps et de patience…A une époque à laquelle, de surcroît, il fallut
organiser simultanément le déroulement prioritaire et difficile du recensement général de la
population communale à la façon d’autrefois : Beaumont comptant alors 1873 habitants et qui en
accueille, aujourd’hui sur l’étendue de sa territorialité, largement le double…Tissu social
synonyme de mutations humaines mettant en évidence un devenir communal qui prit
incontestablement ses solides racines dans cette période historique et fondatrice des années
soixante-dix. Ce dont il convient de pleinement féliciter les élus d’alors.
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Ce fut pour moi un immense plaisir personnel
très vif et durable, aujourd’hui devenu un paisible retraité de la fonction publique territoriale,
d’avoir accepté cette très volontaire mission d’écrivain public bénévole au service des
villageois…Dans ces rutilants nouveaux bureaux de la mairie, très modernes et bien équipés en
moyens informatiques très performants…S’inscrit souvent dans ma reconnaissante mémoire toute
cette riche et passionnante souvenance liée à une époque lointainement révolue…Celle faisant me
remémorer en ces murs si particuliers, beaucoup d’émotions mais aussi d’inconforts mêlés
confusément à d’inaltérables et merveilleux souvenirs... Etant entendu que les meilleurs souvenirs
estomperont toujours les moins bons. Tout ce qui représenta à mon égard une véritable et pleine
satisfaction, celle propre à une jeunesse chargée d’espoir, d’enthousiasme et de
dynamisme…Toutes ces années, éteintes aujourd’hui, mais représentant un bonheur vrai, celui
que votre serviteur vécut avec tant d’obligeance au service exclusif des autres, pour leurs seuls
intérêts et contentements à la fois…En…
Le secrétariat d’une mairie en autrefois…
Jean d’Orfeuille