Insight_BPOfinance - Performance Financière
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INSIGHT Sia Partners – Performance Financière – Juillet 2014 Le BPO, un retard à la française Le Business Process Outsourcing (BPO) n’est pas en France une solution évidente pour les entreprises. Bien que la France représente le troisième marché européen de la fonction finance, elle reste en retard sur ses voisins britanniques et allemands dans le domaine de l’externalisation. En effet, si 20 à 30 % des entreprises françaises ont externalisé tout ou partie de leur processus finance (Gartner), cette pratique reste deux fois moins développée que chez nos voisins (le marché français du BPO représente 5% du marché mondial alors que les marchés britanniques et allemands représentent 10% chacun selon une étude Xerfi). Cette spécificité culturelle peut être succinctement expliquée par une réticence historique française à la décentralisation des responsabilités et par le fait que le marché ait été créé et est dominé par des sociétés anglo-saxonnes (9 des 10 plus importantes sociétés de BPO sont américaines). Cependant, pour atteindre l’objectif d’une fonction finance qui représenterait moins de 1% du chiffre d’affaires, le BPO peut être un moyen plus efficace que la simple optimisation de processus ou le CSP. De plus, le BPO finance n’est pas réservé à un secteur en Fonction finance et BPO, un mariage récent mais particulier même si le secteur des nouvelles technologies, dynamique les services financiers et l’industrie semblent le dominer. Si le terme BPO est apparu au début des années 2000, la pratique avait été amorcée dès les années 80 avec la Total marché BPO Source Etude du ministère des affaires étrangères Finance et délocalisation et l’externalisation de call centers en Inde néerlandais (CBI), périmètre monde comptabilité : par des sociétés américaines telles que AMEX ou GE et 25Md¤ par les compagnies aériennes. L’explosion des BPO et Transport et logistique Banque et assurance 3% leur diffusion sur d’autres fonctions supports n’ont été 16% Telecom, logiciels et permises qu’avec le développement à grande échelle des Hi-tech 18% systèmes d’information et la démocratisation des Centres de Services Partagés qui représentent une première étape vers l’externalisation de processus. Energie Les services IT sont d’ailleurs aujourd’hui le premier 16% Distribution marché du BPO. Cette méthode s’est imposée 11% simplement dans ce secteur principalement en raison des investissements importants qu’ils nécessitent. Le marché Divertissement, média Secteur public 5% 5% de l’IT représente près de 66% du marché global BPO Sience de la vie alors que la fonction finance ne représente elle que 5% 5% Autre Industrie de ce marché en France. 4% 17% Etude du ministère des affaires étrangères néerlandais (CBI), périmètre monde Le BPO, l’externalisation confiée à des experts C’est pourtant sur les BPO fonction finance que la croissance est aujourd’hui la plus forte. En effet, une étude récente du Hfs Research estime que le recours par les entreprises au BPO augmentera de 7,6% par an jusqu’en 2017 au niveau mondial et de 8,6% pour l'Europe uniquement. Cet engouement pour le BPO est principalement porté par l’externalisation des processus comptables tels que la comptabilité achat ou fournisseur. Le BPO est une méthode d’externalisation de processus de l’entreprise à un tiers spécialisé dans la fonction concernée dans une recherche principalement d’optimisation des coûts et/ou des processus afin de recentrer les activités de l’entreprise sur leur cœur de métier. Cependant, se lancer dans un projet de BPO nécessite une étude préalable, tous les processus de la fonction finance ne sont pas à même de pouvoir être externalisés aisément. Parmi l’ensemble des processus usuels de la fonction finance, il convient de distinguer les processus à faible valeur ajoutée et souvent fort volume de tâches élémentaires : - La paye - La comptabilité fournisseur - La comptabilité client - Les immobilisations - La fiscalité - La comptabilité générale www.sia-partners.com Page 1 2% Call Center 5% 23% 45% Gestion électronique de documents Ressources humaines Finance et comptabilité 25% Achat INSIGHT LA LETTRE SIA PARTNERS PERFORMANCE FINANCIERE … et les processus complexes à fortes valeurs ajoutées : - Elaboration budgétaire - Investissement - Audit interne - Contrôle de gestion - Compliance - Trésorerie et Risk Management Aujourd’hui, ce sont principalement les processus à faible valeur ajoutée qui font l’objet de BPO. La simplicité des tâches, leur fort potentiel d’automatisation et leur faible spécificité sectorielle rend leur externalisation simple et permet aux différents acteurs du marché BPO d’acquérir une expertise multi secteur. Pour qualifier un BPO, il convient aussi d’adresser la dimension géographique. En effet, choisir entre le onshore (fournisseur et entreprise dans le même pays), le nearshore (fournisseur dans la même zone géographique, le Maroc pour la France par exemple) et le offshore (pays éloigné, l’inde pour la France par exemple) ne doit pas uniquement répondre à une volonté de diminution des coûts mais correspondre à un ensemble de spécifications à définir : - Le coût et l’expertise : le mix coût et expertise doit être déterminé en fonction de la complexité du processus à externaliser et aussi de la compréhension des normes françaises par le pays cible ; - La flexibilité : la capacité du fournisseur à s’adapter aux demandes afin de diminuer au maximum les coûts fixes liés au processus ; - Les langues : bien que pour les processus à faible valeur ajoutée la dimension « langue française » ne soit pas un prérequis nécessaire, la maîtrise de la langue reste un avantage non négligeable et permet de garder les processus dans leur langue d’origine et donc d’éviter toute incompréhension entre les acteurs ; - Qualité : la qualité du fournisseur qui se retrouve à travers les profils employés est primordiale pour la réussite du projet BPO, cette qualité peut s’évaluer à travers les retours d’expérience des clients existants, les plans de formation internes, le niveau de qualification et d’expérience des équipes… ; - Expertise marché : si cette expertise n’est pas une indispensable pour certains domaines, elle devient une nécessité dans les secteurs fortement réglementés comme la banque, l’assurance ou la pharmacie ; - Conformité au cadre légal européen : des directives européennes spécifiques cadrent la protection des données personnelles, elles s’appliquent aussi dans le domaine de la finance et de la comptabilité (directive 2002/58/EC et directive 95/46/EC) ; - Connaissance et maîtrise des règles comptables nationales. www.sia-partners.com - Conformité au cadre légal français : l’externalisation est cadrée par l’article L122-12 du code du travail qui garantit au salarié le maintien des droits et obligations qui résultent de son contrat de travail. En plus de ces critères incontournables, des standards et certifications additionnels sont très souvent appliqués : - ISO9001 ; - E-Sourcing Capability Model for Service Providers. Cet ensemble de conditions associées aux problématiques propres de l’entreprise permet de définir les principaux processus susceptibles d’être externalisés. Processus finance et comptabilité externalisés (Hfs Research, 2013) Financial planning & analysis 79% 14% 2%5% Logistics/Supply chain management 78% 13% 3% 5% Strategic sourcing/Direct procurement 76% Analytics 73% Management reporting General accounting 19% 55% Accounts receivable 56% Accounts payable 19% 44% Payroll 40% 0% 20% 23% 40% 19% 6% 19% 8% 25% 4% 60% 17% 7% 22% Centre de services partagés Offshore captif 3% 10% 5% 23% 52% Transctional purchasing 3% 9% 15% 69% Internalisé 5% 5% 14% Externalisé 23% 33% 80% 100% Il s’agira très souvent des processus à faible valeur ajoutée dont la gestion sera confiée à des experts mondiaux (25 sociétés se partagent plus de 50% du chiffres d’affaires). Etude FSOKX Quels sont les intérêts du BPO? La fonction finance est souvent considérée, à tort, comme étant un centre de coût au sein d’une entreprise. De ce fait la pression exercée sur les directeurs financiers ne cesse de s’accroître et est d’autant plus forte dans le contexte actuel de crise économique et de croissance molle. Page 2 INSIGHT LA LETTRE SIA PARTNERS PERFORMANCE FINANCIERE Un des principaux défis auxquels sont confrontés les dirigeants concerne la recherche de réduction des coûts, et donc des dépenses. La tendance est également à une standardisation des processus afin d’améliorer la productivité des services concernés ainsi que la qualité des travaux effectués. Cette recherche de qualité et de productivité peut être atteinte par la recherche de nouveaux prestataires spécialisés et qualifiés. L’utilisation de nouveaux outils technologiques permet un gain de productivité mais peut représenter un investissement important mobilisant de nombreuses ressources dans l’entreprise. Le BPO permet de répondre à l’ensemble de ces contraintes puisque l’externalisation des processus financiers et comptables auprès de prestataires spécialisés réduira la pression interne au sein de l’entreprise, limitera les investissements en systèmes d’information (investissements effectués par le prestataire et facturés à un ensemble large d’entreprises permettant des économies d’échelles conséquentes), tout en recentrant l’activité des ressources sur leur cœur de métier. Par ailleurs, le système de facturation des prestataires en BPO est à la tâche, ainsi une variabilisation des coûts permettant un contrôle plus strict des coûts fixes est possible, la facturation sera ainsi proportionnelle à l’activité réelle de l’entreprise : - Facturation à la facture pour le processus comptabilité fournisseur - Facturation à la fiche de paye pour le processus paie - Facturation à la commande pour le processus achat - Facturation la note de frais pour le processus note de frais, … Cette méthodologie de facturation à l’unité d’œuvre permet de contrôler les coûts liés au processus. Il y a ainsi une relation directe et proportionnelle entre le niveau de l’activité et les coûts engendrés par les fonction supports. Les retours d’expérience des différentes démarches de BPO montrent donc que les attentes de réduction des coûts et d’optimisation des processus sont satisfaites mais que néanmoins, cela ne permet généralement pas de changer fondamentalement les processus de travail ni de prendre en compte les dernières innovations technologiques. Le BPO propose des processus robustes et optimisés adaptés aux tâches simples mais il ne peut se substituer à l’expertise fonctionnelle ni aux démarches d’innovation propre à l’entreprise qui externalise. Il faut cependant prendre du recul par rapport à l’exhaustivité de ces gains potentiels. Il est difficile de résoudre l’ensemble de ces défis via une seule et unique externalisation, en fonction du processus externalisé les gains seront différents. www.sia-partners.com Il faut donc bien définir en amont les principaux objectifs à atteindre avant de cibler les externalisations correspondantes. Un paramètre important à prendre en compte dans la mise en place d’un BPO se situe dans la localisation géographique du sous-traitant. En effet, cela peut avoir de multiples influences sur la qualité, le coût, et la faisabilité de l’externalisation choisie. Une des destinations privilégiées pour les entreprises dont la réduction des coûts est le motif principal d’externalisation de service est l’Inde. Mais ce gain en matière de coûts peut être accompagné de plusieurs désagréments comme le décalage horaire, par exemple, qui rendra impossible la collaboration simultanée tout au long de la journée de travail entre les entreprises, ou la barrière de la langue puisque seuls les salariés parlant anglais seront à même de communiquer avec l’entreprise sous-traitante. Les gains en matière de coûts sont également très intéressants sur le continent africain puisque les salaires moyens des comptables peuvent varier du simple au double en fonction des pays. Salaire annuel moyen d’un comptable, en millier d’euro, 2012 Source: Robert Galf et ACCA Global Ghana Ile Maurice Maroc France 0 5 10 15 20 25 30 Le BPO, succès et échec Les exemples de BPO réussis sont aisés à trouver, ainsi il apparait que des sociétés telles que L’Oréal (BPO Achat), Canon (BPO finance et comptabilité) ou encore Rhodia (BPO finance et comptabilité) témoignent des gains générés par ce type de projet. Néanmoins il est nécessaire de considérer l’ensemble des coûts inhérents à un BPO car celui-ci peu receler de nombreux coûts cachés. En effet, des effets d’altérations des processus, des problèmes de management, une explosion des coûts liés à la communication, ou bien des contrats de services sont souvent source d’échec de BPO. Un management fort gardant une vision claire des processus externalisés doit être mis en place. L’étude de faisabilité est donc une étape incontournable lors d’un projet d’externalisation de processus. De part les tensions inhérentes à la mise en place d’un BPO au sein d’une entreprise, celle-ci doit être menée objectivement par des acteurs indépendants pour lesquels la décision finale est neutre. Page 3 INSIGHT LA LETTRE SIA PARTNERS PERFORMANCE FINANCIERE Cette étude a pour objectif, de déterminer les processus les plus matures pouvant être aisément externalisés, et d’évaluer les coûts et les bénéfices d’une telle démarche. En effet, les acteurs ont tendance à ne voir que les problématiques opérationnelles d’une telle démarche et négligent l’analyse en amont de cette opportunité. Ainsi cette étude d’opportunité doit permettre de : - Définir les processus externalisables - Evaluer les coûts d’une démarche BPO - Evaluer les bénéfices d’une démarche BPO - Anticiper les problématiques sociales Initier la conduite du changement - Poser les bases d’un contrat de services Il s’agit donc de la première phase nécessaire à l’externalisation de processus. Il s’ensuit les phases traditionnelles de « transition methodology » : - Phase de modélisation et de planning : cette étape consiste à définir un mode de déploiement cible (par grappe, par bigbang, par filiale, par processus) afin de ne pas mettre en risque la production. C’est une fois ce plan de déploiement défini qu’il est nécessaire de rechercher le partenaire adéquat à la mise en place de la solution. - Phase de test / pilote : il s’agit d’implémenter la solution sur un périmètre restreint afin d’éprouver la solution et les méthodes d’implémentation avec pour objectif de simplifier le déploiement global de la solution. - Phase d’évaluation : cette phase consiste à analyser la phase de test afin d’optimiser les transferts de compétences vers le prestataire. - Mise en production : externalisation effective de l’ensemble du périmètre défini par la pré étude. Aucune de ces étapes ne doit être négligée pour mener à bien un projet BPO. - 15 ans de dynamisme et de croissance En synthèse, l’externalisation de processus est une démarche complexe mais qui néanmoins, lorsqu’elle est bien menée, peut être une source de réduction réelle des coûts fixes de l’entreprise. Cette réduction n’est pas uniforme et varie en fonction des processus, du secteur, du niveau de maturité des fonctions,… A titre d’indication, dans le secteur bancaire, le Crédit Agricole évalue de 20 à 30% la réduction possible des coûts de ses back offices grâce à l’externalisation. www.sia-partners.com Page 4