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COMPÉTITION Rallye Dakar a l s n a d e s s i u s Un Sumo course Jeux d’eau au rallye de Sardaigne Depuis décembre 2013, un Jurassien installé au Val-de-Ruz travaille sur «le» projet de sa vie: participer, en janvier 2016, au Dakar à moto. C’est l’histoire étonnante de Nicolas Monnin, judoka brillant, sumo courageux et pilote de rallye amateur. Texte et photos: Jean-Claude Schertenleib Nicolas Monnin et sa nouvelle monture dans le désert vert de son Val-de-Ruz RACING TECHNOLOGY www.polo-motorrad.ch Monnin, ce nom nous dit quelque chose. Les anciens trialistes? «Non, ils ne sont même pas de ma famille, ou alors très loin dans l’arbre généalogique.» Mais non, bon Dieu, Monnin, le side-cariste des GP? «Pas mieux, je connais juste son nom…» Nicolas Monnin est donc bien un nouveau venu dans le milieu. Venu d’où? Des arts martiaux: 25 ans de judo, 2e dan, puis la découverte du sumo, cet art japonais antique: «Un Japonais expatrié dans notre pays a eu un jour l’idée de partager sa passion, un championnat de Suisse amateur a été organisé parallèlement aux championnats de judo, je me suis lancé, je suis parti m’entraîner à Genève, 42 | www.motosportsuisse.ch 07/08/2015 Rallye Dakar Dans le vrai désert à Merzouga Fiche bio Nom: Nicolas Monnin. Né le: 10 février 1969, à Porrentruy (JU). Parcours – Se met à l’enduro avec une petite 125 cm3 le permis passé, mais le moteur ne résiste pas longtemps. – Brillant judoka – 2e dan – il pratique pendant 25 ans les arts martiaux. 5e du championnat de Suisse poids lourds, il découvre le sumo, l’un des arts japonais les plus typiques. Troisième du championnat d’Europe, il participe à deux mondiaux à Tokyo. – Le démon de la compétition étant profondément ancré en lui, il se remet au tout-terrain, se spécialise bientôt dans les rallyes et se ixe «le» but de sa vie: participer au Dakar en 2016. avant d’essayer de développer la discipline dans la région neuchâteloise, où je m’étais installé pour des raisons professionnelles. Malheureusement, il m’était devenu difficile de trouver, dans ce milieu très exigu, des adversaires qui m’obligeaient à progresser pour les battre, j’ai voulu voir autre chose. Le démon de la compétition était en moi. Et comme mes gênes devaient conserver quelques bribes d’enduro…» Nicolas Monnin sourit, qui cache sa discrétion derrière une carcasse imposante et des bras aux muscles bien apparents. Il est ainsi, qui se complait dans une certaine ombre: «Pendant longtemps, j’ai été un adepte de la formule: pour vivre heureux, vivons cachés!» Nouvelle vie Cela, c’était avant. Avant qu’il ne se lance dans ce projet où, justement, pour pouvoir le monter, il faut le financer. Et pour le financer, il faut communiquer, savoir faire et faire savoir. L’enduro était en lui dès le lendemain de l’obtention de son permis de conduire; la passion a ressurgi, près de 25 ans plus tard. «Sumo», c’est bien sûr son surnom, a racheté la KTM que Michel Pythoud avait pilotée sur les pistes du Dakar en 2013. Le départ, alors, avait été donné de Lima, au Pérou, comme il le sera à nouveau le 3 janvier prochain. Avec, normalement, deux Suisses romands au départ, Damien Udry et lui, Nicolas Monnin, amateur passionné: «Depuis que l’épreuve existe, je me suis abreuvé des images de la course. Cela m’a toujours titillé. La vitesse, le risque, la solitude, la nature, tout cela me ressemble. J’ai connu le désert en Tunisie, on s’y sent si différent; quand on est ainsi, au milieu de nulle part, on se dit vraiment que tout est possible. Et ce défi, je veux le vivre, en m’appuyant notamment sur ma puissance physique. Bien sûr que techniquement, je ne suis pas un grand pilote, mais j’aime ce genre de remises en questions.» La chair de poule Plus il parle, plus le ton de sa voix s’imprègne d’émotion. L’Amérique du Sud? «Je n’y ai jamais posé un pied. Mais rien qu’à regarder le teaser qui présente la course, j’en ai la chair de poule», reprend le Neuchâtelois d’adoption. Humble face à la grandeur de ce qui l’attend, mais aussi empli de convictions. Il a parlé avec Philippe Cottet, le plus grand connaisseur suisse de l’épreuve. Avec Celso Gorrara, aussi. Et puis, il a payé de sa personne, en participant au rallye Merzouga l’an dernier, mais aussi à celui de Sardaigne, comptant pour le championnat du monde. C’était à la mi-juin, il a terminé l’épreuve, comme il était venu à bout des difficultés de la course marocaine: «On m’a dit un jour que le rallye souriait aux malins. Je suis un vrai amateur, j’ai l’habitude de me débrouiller tout seul. Mon but, c’est de finir, je roulerai donc avec une grosse marge de sécurité.» Sa KTM 450 Rally Replica sera confiée aux bons soins de «Nomade Racing», qui devrait également assurer l’assistance de Damien Udry et de l’un des outsiders annoncé, Olivier Pain: «Nous aurons tout pour bien faire», sourit «Sumo», qui attend comme prochaine étape clef, la confirmation officielle que son inscription a été acceptée. Ce sera dans quel-ques jours: «Depuis décembre 2013, quand l’idée a commencé à germer, il s’est passé beaucoup de choses. Le rallye, il n’y a qu’une seule façon de l’apprendre: c’est le pratiquer. C’est en tombant qu’on apprend à marcher, c’est sur le Marzouga et la Sardaigne que j’ai découvert la navigation.» L’aventure, elle, commence bien avant de poser ses bagages en Amérique du Sud: «Je suis parti avec zéro franc en compte; je crois que le plus grand défi du Dakar, c’est de trouver le budget», ajoute Nicolas qui, désor- COMPÉTITION Dans la trace de Nicolas Le Dakar, celui qui se déroule désormais en Amérique du Sud comme celui qui était né en Afrique, ce ne sont pas seulement des images magniiques servies en janvier alors que, sous nos latitudes, la neige est là. C’est aussi un travail de préparation qui s’étend généralement sur près de deux ans. Moto Sport Suisse se propose, ces mois prochains, de vous faire vivre «en coulisses» le travail de Nicolas Monnin. Des Hauts-Geneveys, jusqu’à Rosario, en passant par Lima, le lac Titicaca et Uyuni. mais, se multiplie. Le budget? Il l’a estimé à près de 70 000 francs pour le seul Dakar, somme à laquelle il faut ajouter les deux rendez-vous de la phase deux de son projet, le rallye de Sardaigne et le Merzouga 2015, une phase clef pour valider sa participation. «J’y arriverai»: Nicolas Monnin a presque crié cette dernière phrase, comme si son passé de judoka et de sumo lui avait aussi appris que l’auton persuasion était une arme. www.motosportsuisse.ch 07/08/2015 | 43