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Un film, un sujet, un débat Droits des femmes et communautarismes Le 4 octobre 2005, l’Assemblée du Conseil de l’Europe a adopté une résolution « Femmes et religion en Europe » affirmant que « la liberté de religion ne peut pas être acceptée comme un prétexte pour justifier les violations des droits des femmes » et que les Etats « ne doivent accepter aucun relativisme religieux ou culturel en matière de droits des femmes. » Film Itinéraire d’un combat de Margherita Caron Présentation des intervenants Sihem Habchi (Vice-présidente de "Ni putes ni soumises") Dounia Bouzar (Anthropologue et ancienne membre du Bureau du Conseil français du culte musulman) Mohamed Abdi (Secrétaire général de "Ni putes ni soumises") Reza Baraheni (Ecrivain, dramaturge) Modératrice : Fabienne Bugnon (Directrice du Service pour la promotion de l’égalité entre hommes et femmes, Genève) Les sociétés démocratiques actuelles se trouvent confrontées à une exacerbation des tendances à mettre en avant ses appartenances ethniques, nationales et religieuses et à des replis communautaristes. La montée du politico-religieux défie la démocratie en créant une identité communautaire basée sur la religion et dans laquelle le respect des principes religieux l’emporte sur le respect des principes démocratiques. Certains mouvements demandent une redéfinition de la laïcité de façon à légaliser des principes religieux actuellement illégaux. La tolérance des communautarismes autorise le développement d’espaces où ne s’appliquent plus les droits démocratiques, développement potentiellement nuisible aux femmes, par exemple lorsque s’y installent des mouvements politico-religieux. Or les questions relatives aux rapports entre les sexes et à la sexualité, depuis toujours fortement investies par les mouvements religieux, sont au centre de leurs stratégies (voir par exemple l’alliance du Vatican et des islamistes conservateurs lors de la Conférence du Caire sur la population et le développement pour empêcher l’adoption du document final de la Conférence et s’opposer ainsi à toute notion de santé et de droits en matière de reproduction et de sexualité et à l’égalité entre les genres). Les grandes conférences internationales des années 1990 avaient fait émerger des questions liées aux droits des femmes telles que les violences faites aux femmes et les violations des droits en matière de reproduction et de sexualité. Les conférences suivantes (par exemple les conférences de suivi de Pékin, Pékin+5 et Pékin+10) ont été marquées par l’influence des forces conservatrices et des fondamentalismes religieux qui ont œuvré pour une remise en cause des acquis en matière de droits et l’abandon de l’idée d’égalité entre les hommes et les femmes. A la différence du modèle unitariste français qui veut faire abstraction des particularisme, le modèle communautariste anglais (que l’on retrouve dans d’autres pays d’Europe) considère que les individus sont définis par une appartenance essentielle à une communauté. Cette appartenance prime sur les autres liens existant dans la société, et l’application de la loi doit être adaptée en conséquence pour des questions « communautaires » internes comme les observances religieuses, l’habillement, la nourriture et autres questions censées êtres « apolitiques », dont le contrôle social des femmes, sans menacer d’une quelconque façon le cadre de base des relations sociales, économiques et politiques de la société. En Suisse, le Tribunal fédéral a autorisé en 1993 des élèves musulmanes zurichoises à être dispensées de cours de natation, afin de ne pas porter atteinte à leur liberté de religion. Le débat sur le port du voile a été lancé suite à l’autorisation de port du voile qui a été donnée à une écolière en 2004. En France, le Haut Conseil à l'intégration estime à plus de 70 000 le nombre des adolescentes vivant en France et qui risquent le mariage forcé. Les crimes d’honneur, le refus de la mixité (à l’école et dans les hôpitaux notamment), les campagnes anti-avortement sont les autres terrains marquant l’influence des idées conservatrices et fondamentalistes sur la liberté des femmes. Le 7 mars 2006, le Parlement du Dakota du Sud a voté l’interdiction totale de l’avortement. « Ni putes ni soumises […] a eu l'occasion de constater que beaucoup d'Européens commencent à mesurer les limites et les dangers du communautarisme. La Suède, par exemple, a été ébranlée par les meurtres de deux jeunes Suédoises d'origine kurde, Pele et Fadime. Cette dernière a été assassinée peu de temps après son intervention devant le Parlement suédois, où elle avait dénoncé les « crimes d'honneur », les mariages forcés et toutes les pratiques archaïques qui étaient tolérées en Suède, du moins dans le cadre domestique. Les Suédois, et notamment les féministes suédoises, ont pris conscience que le relativisme culturel avait conduit à tolérer pour les autres ce qu'on ne tolère pas chez soi. Au nom du respect des autres cultures, on a accepté de traiter avec les leaders religieux, avec les leaders « représentant » les communautés étrangères, auxquels on a reconnu la qualité de responsables habilités à gérer tous les aspects relatifs aux mœurs. C'est ainsi que des pratiques telles que les mariages forcés en sont venues à être tolérées. » Source : Délégation aux droits des femmes et à l’égalité des chances entre les hommes et les femmes, Compte rendu n°22, juin 2005, www.assemblee-nationale.fr/12/cr-delf/0405/c0405022.asp Ressources Amara Fadela, Abdi Mohammed, 2006, Ni putes ni soumises: le combat continue, Le Seuil Amnesty International France, 2006, Les violences faites aux femmes,, une affaire d’Etat Bouzar Dounia,2006, Quelle éducation face au radicalisme religieux?, éditions Dunod Bouzar Dounia, 2005, Ca suffit!, éditions Denoël Fédération internationale des ligues des droits de l’homme, www.fidh.org Femmes sous loi musulmanes: www.wluml.org Ni Putes Ni Soumises: www.niputesnisoumises.com Observatoire du communautarisme, www.communautarisme.net UNRISD, 2006, Egalité des sexes. En quête de justice dans un monde d’inégalités Sen Gita, 2005, Neolibs, Neocons and Gender Justice: Lessons from Global Negotiations, UNRISD, Occasional Paper 9