249-P07-11-Robert Plant
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249-P07-11-Robert Plant
La carrière de Robert Plant ne se termine pas avec le crash du Dirigeable. Le chanteur a 20 ans en 1968 quand Led Zeppelin se forme. Il n’en a que 33 en 1981, à la fin de l’aventure. Led Zeppelin est le seul grand groupe qui a su marier la violence magique du hard-rock à l’élégance du folk. Un quatuor hyper-sauvage, avec des paroles guerrières, renouvelant les sagas septentrionales, les raids vikings, les guerres de la Terre du Milieu. Le fameux Walhalla y côtoie les anges d’Avalon. Deux paradis, l’un scandinave, l’autre celtique. Mais Plant a su mûrir. Il dénonce le patriotisme exacerbé des Américains et des Irakiens. Ses tendances antimilitaristes l’incitent à faire référence à Blood, sweat and tears de Winston Churchill dans « Network News » : Guns, death and noise/ Sand, oil and blood (Des flingues, de la mort, du boucan/ Du sable, du pétrole et du sang). Robert Plant est un être complexe, à la fois belliqueux et antimilitariste. Mais c’est avant tout un extraordinaire chanteur et un habile parolier. Voici la première partie de son épopée en solo après Led Zeppelin, jusqu’en 1988, alors que ce groupe légendaire se reforme, autour de Robert Plant, Jimmy Page et John Paul Jones, pour un concert unique, en novembre 2007, à Londres. obert est capable de citer dans la même chanson Saint-Jean et Marc Bolan : La ville des mensonges et Le rêve adolescent sur «Sick Again» (« Physical Graffiti »). Telle une force qui avance, c’est un mystique à l’état sauvage comme le disait Paul Claudel d’Arthur Rimbaud. Le surnom de Robert Plant est Percy, diminutif de Perceval le Gallois. Celui qui quête le Graal, dans le roman inachevé de Chrétien de Troyes et dans les récits de ses innombrables continuateurs. Il y a chez lui une métaphysique de l’art, une quête du morceau sublime, définitif. Celui qui change le monde. Avec « Stairway To Heaven », « Battle Of Evermore » ou « Kashmir », on n’est pas loin de ce Graal celtique : A thing of beauty is a joy for ever. La quête ne se termine pas avec la dissolution de Led Zeppelin. L’extraordinaire « Big Log » en est témoin. Mais ce surnom de Percy est, semble-t-il, bien plus prosaïque. Il ne s’agit peut-être que de l’évocation de sa voix de hurleur en quête de l’âme sœur : Gotta find the queen of all my dreams. Une sublimation de la femme rêvée. R PICTURES AT ELEVEN (1982) Robert a 34 ans lorsque paraît son premier album solo, sur SwanSong, le label que Led Zeppelin a fondé avec leur manager Peter Grant, le laissant seul face à son destin et non plus aux côtés de Jimmy Page, John Paul Jones et John Bonham. « Burning Down One Side » ouvre la face A. Sur la vidéo, on le voit conduire une voiture, tandis qu’un guitariste couvert de bandelettes, telle une momie, joue son solo. « Moonlight In Samosa » (clair de lune à Samos) est une ballade sur un amour perdu qui le hante toujours. Une certaine nostalgie plombe ce titre où les espagnolades du guitariste Robbie Blunt (ex-Bronco) commencent à se faire entendre, annonçant de loin le génial « Big Log ». La voix de Plant, en retrait, semble un peu effacée. La mélancolie a son décor, un peu exotique. Samos est une île grecque de la mer Egée. C’est l’endroit le plus proche de l’Asie Mineure. L’île n’est qu’à deux kilomètres du cap Mycale. Dans « Pledge Pin », le troisième morceau, Robbie Blunt se contente d’égrener des arpèges très classiques, tandis que Raphael Ravenscroft, au saxo, se taille la part du lion. Le reste du groupe est constitué de Jezz Woodroffe (claviers, synthétiseurs), Paul Martinez (basse) et Phil Collins (batterie, remplacé par Cozy Powell sur « Slow Dancer » et « Like I’ve Never Been Gone »). « Slow Dancer » est fabuleux, mémorable, digne de figurer parmi les plus belles créations de Led Zep. Mais Robert Plant se surpassera encore sur « Big Log », son grandœuvre. Sans oublier « The Way I Feel », sur « Now And Zen », autre climax. « Slow Dancer » fait songer à la fois à « Since I’ve Been Loving You » et « Kashmir ». Il y est 7 ROBERT PLANT La mandragore (1)