Et si parité rimait avec rentabilité?

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Et si parité rimait avec rentabilité?
ACTUALITÉ
Et si parité rimait avec rentabilité?
Les avantages de faire participer les femmes aux C.A.
PAR FÉLICITÉ GODBOUT
epuis quelques mois, la Chambre de commerce et d’industrie de Québec s’intéresse à l’importance d’une répartition
équitable des genres au sein des conseils d’administration
dans la Capitale nationale. Avant d’inviter ses membres à améliorer la participation féminine dans leur gouvernance, la Chambre
s’est questionnée sur le bien-fondé d’une telle démarche. Et elle ne
s’est pas questionnée bien longtemps…
D
Avantage numérique
« Les experts en management et en psychologie des organisations sont de plus en plus nombreux à préconiser la désignation de
femmes aux postes de gouvernance et de direction des entreprises »,
peut-on lire dans un récent avis du Conseil du statut de la femme
intitulé La gouvernance des entreprises au Québec : où sont les
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femmes? Ces experts le font au nom de l’égalité, mais aussi au nom
de l’efficacité. « Il faudrait diversifier la composition des organes
décisionnels en y faisant participer les femmes en plus grand nombre, et ce, pour profiter de la variété des points de vue et des
expériences disponibles. »
Les groupes diversifiés prendraient donc de meilleures décisions grâce à la mise en commun de caractéristiques variées.
« L’hétérogénéité dans les points de vue, créée par la représentation
féminine, contribuerait à augmenter l’esprit critique, la synergie
des expertises et la qualité des débats au C.A. pour aboutir à de
meilleures décisions stratégiques », soulignent Claude Francoeur
et Réal Labelle, de HEC Montréal, auteurs de l’étude Gender
Diversity in Corporate Governance and Top Management.
En quoi le point de vue féminin est-il singulier? Il ne réfère pas
à la mentalité du old boy’s club, entre autres. De plus, « les femmes
auraient tendance à mettre de l’avant certaines valeurs et comportements basés sur la recherche de compromis, le travail
d’équipe et la préoccupation pour les gens », soulignent Sophie
Brière et Natalie Rinfret, de l’ÉNAP, dans la réalité des femmes sur
les conseils d’administration suite à l’adoption de la Loi québécoise
sur la gouvernance des sociétés d’État : obstacles et accès.
Chiffres à l’appui
Une étude menée par CATALYST intitulée The Bottom Line a
fait la démonstration qu’un groupe d’entreprises présentant une
plus grande présence de femmes en postes de haute direction
(20,3 % en moyenne) bénéficiait de meilleurs rendements financiers que le groupe dont le nombre de femmes était le plus bas
(1,9 %).
De plus, parmi les entreprises qu’observent les chercheurs
Francoeur et Labelle, celles « qui œuvrent dans des environnements complexes et qui possèdent un haut taux de participation
féminine à la haute direction génèrent des rendements excédentaires de l’ordre de 6 % sur trois ans. »
Jamais deux sans trois
On a donc fait la démonstration rapide qu’une féminisation des
conseils d’administration est garante de succès. Une condition doit
cependant être respectée : le seuil critique d’au moins trois femmes
sur un C.A. Alors qu’une femme seule aurait tendance à ne pas
être entendue et que deux femmes seraient rapidement soupçon-
nées de complot, à partir de trois, elles jouiraient enfin de la crédibilité qui leur revient. Comme quoi il demeure difficile de faire
rimer parité avec facilité!
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