028 rock I

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028 rock I
028
r ock I
Ac/dc
par rémi forsans
photo guido karp
le rock’n’roll a enfin ses nouveaux rois !
Alors que je me rends au stade de France pour voir mon second concert d’AC/DC – le précédent auquel j’ai assisté ayant eu lieu à Marseille la semaine d’avant – je réalise combien ces mecs ont fait du chemin depuis que
j’ai assisté à mon premier concert en 1981. Depuis la mort d’Elvis, personne n’avait osé relever le défi, être digne
d’hériter de la couronne du King. Les AC/DC seraient-ils les nouveaux rois du rock ?
Arrivé très tôt au stade de France ce 12 juin 2009,
je me retrouve bien placé sur la pelouse à quelques
mètres de la scène gigantesque, prêt à communier
dans cette immense arène. A mes côtés, des fans
de toutes les générations de 15 à 60 ans. Derrière
moi, une poignée de jeunes fraîchement arrivés de
Lausanne et prêts à en découdre avec les dieux du
stade : "Nous n’en revenons pas de nous trouver là,
ces gars sont des légendes vivantes ! On a vraiment
de la chance, c’est hallucinant". L’ambiance est survoltée et les deux groupes qui assurent l’avant-première ont la grosse pression. Il faut dire que ce n’est
pas simple de passer avant AC/DC face à 76’000
personnes surexcitées…
Nous sommes en 1973. Après quelques essais dans
différents groupes, les frères Young – Malcolm,
Angus et Georges – fondent alors le groupe AC/DC.
Margaret Young, la sœur, imagine alors le nom du
groupe et l’étrange accoutrement de collégien de
son frère Angus. Après quelques tâtonnements, les
frères Young proposent alors à Ronald "Bon" Scott de
devenir leur chanteur. La machine est lancée et ils
enregistrent l’album High Voltage en 1974 suivi de
TNT en 1976. Le succès reste confiné à l’Australie,
leur patrie d’adoption (les frères Young et Bon Scott
sont nés à Glasgow en Ecosse). Il leur faut attendre
le troisième album, Dirty Deeds Done Dirt Cheap,
en 1976, pour enfin obtenir la consécration avec
plus de 10 millions d’exemplaires vendus. L’album
Let There Be Rock sorti en 1977, l’année de la
mort d’Elvis (les paroles du morceau éponyme sont
d’ailleurs un hommage au King), devient le tournant
de leur carrière. Le groupe joue pour l’instant en
ouverture de grands comme Kiss ou Black Sabbath
mais provoque déjà des réactions enthousiastes du
public, allant jusqu’à faire de l’ombre aux groupes de
seconde partie.
La suite c’est Powerage et Highway to Hell qui
ne font pas démentir la déferlante naissante sur
la planète. Highway to Hell se vend à 18 millions
d’exemplaires et rentre dans la légende. L’album
se classe 197e au classement des "500 Greatest
Albums of All Time" du magazine Rolling Stone.
Puis en février 1980, c’est le drame. Bon Scott est
retrouvé décédé dans sa voiture après une soirée
trop arrosée. Depuis sa mort, Bon est rentré dans la
légende et récemment, sa ville natale de Glasgow
a érigé une statue de bronze géante à son effigie…
en hommage posthume. Quelques mois après son
décès, un ami de Bon, Brian Johnson, prend alors le
relais dans le groupe et en 1980 sort l’album mythique Back in Black. C’est un tsunami et les ventes
atteignent 43 millions d’exemplaires. Il se classe
alors 73e au classement des "500 Greatest Albums
of All Time". Alors que la presse internationale
n’hésite pas à classifier AC/DC comme un groupe de
heavy metal, les fondateurs s’en défendent : "Nous
jouons seulement du rock’n’roll" et Angus Young de
rajouter : "Je déteste ce terme heavy metal". A vrai
dire, les morceaux d’AC/DC ont toujours des racines
communes, le blues et le rock. Leurs interprétations
sont en fait du rock et du hard rock, pas du heavy
metal comme le joue Metallica. En 1981 un nouvel
album à succès sort : For Those About to Rock (We
Salute You) suivi de Flick of the Switch en 1983 puis
de Jailbreak en 1984.
Déjà connue pour ses concerts époustouflants, la
bande à Angus se produit à Rio devant 260’000
personnes… ! Les albums se succèdent encore, les
succès aussi, puis arrive l’album Razor Edge et la
tournée, dont le fameux concert de Moscou Monsters of Rock devant près d’un million de spectateurs
en 1991. Le groupe s’y est produit aux côtés de
Metallica et Pantera face à une foule ébahie devant
tant de nouvelles libertés. La suite c’est le magnifique album Ballbreaker qui réaffirme les racines blues
et rock du groupe. Absent pendant cinq ans de 1995
à 2000, le groupe resurgit avec Stiff Upper Lip…
encore un hommage au King et sa légendaire lèvre
supérieure dédaigneuse qui lui donnait cette moue
si particulière. S’ensuit une tournée mondiale mons-
trueuse dont quelques bœufs mémorables avec les
Rolling Stones, eux-mêmes en tournée mondiale.
Puis enfin, c’est l’arrivée de Black Ice. Dès sa sortie
annoncée par un marketing savamment organisé,
l’album se classe meilleure vente dans vingt-neuf
pays. Vendu à plus de 6 millions d’exemplaires
alors qu’il n’est sorti qu’en octobre 2008, Black Ice
devient la seconde vente d’album de l’année 2008 !
AC/DC entame alors une tournée d’un an et demi à
raison d’un concert tous les deux ou trois jours. Les
places se vendent en quelques minutes plus de six
mois à l’avance partout dans le monde. Le succès
est énorme et la tournée monumentale. La liste
d’artifices s’est allongée au fur et à mesure des tournées, les moyens mobilisés, humains, techniques,
logistiques et informatiques, également. Pas moins
de deux scènes à 4 millions de dollars pièce tournent
en permanence avec une locomotive reproduite à
taille réelle (10 mètres de long pour 8 mètres de
haut) portant des cornes rouges scintillantes et chevauchée par une poupée Rosie géante. Sans oublier
des canons, des lance-flammes, des explosions, des
feux d’artifice… et la fameuse tourelle sur laquelle
Angus prend place lors de son solo de Let There
Be Rock au centre du stadium. …Ah, ça y est, le
concert démarre ! La foule impressionnante du stade
de France reprend en chœur chaque morceau du
groupe. La prestation est exceptionnelle et malgré le
fait que j’ai déjà vu le concert à Marseille trois jours
avant… je suis scotché. C’est époustouflant. Brian,
qui fête ses 60 ans cette année, est un "frontman"
exceptionnel mais Angus, malgré ses 54 ans et
seulement haut de ses 1,60 mètres, est tout bonnement un extra-terrestre. Comment un être si petit
et si frêle peut il avoir tant d’énergie et faire autant
de bruit ? A la sortie du stade, après le spectacle, la
foule est sur les genoux, les gens sont sous le choc
et n’ont plus rien à dire. Ils sont "séchés" par tant de
monde, de bruit et de lumière. AC/DC a gagné son
pari. Alors le King a-t-il trouvé ses successeurs ?
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