(Re)lire Magritte, 7 clés pour comprendre une œuvre d`art

Culture, le magazine culturel en ligne de l'Université de Liège
Magritte : le (re)lire, le regarder, écrire, créer
Un musée consacré au peintre René Magritte s'est ouvert ce 2 juin à Bruxelles. Deux ouvrages viennent
célébrer cet événement.
(Re)lire Magritte, 7 clés pour comprendre une œuvre d'art
de Patrick Souveryns et Pascal Heins paru aux éditions De Boeck
Magritte figure au palmarès des artistes mondialement renommés. Si ses œuvres plafonnent sur le commerce
de l'art, si les reproductions qu'elles génèrent inondent le marché, si l'on juge le formidable écho médiatique
accompagnant l'ouverture de « son » musée, c'est bien que ce qu'il nous donne à voir séduit, souvent d'emblée,
le plus grand nombre. Puissance plastique, charme poétique, manière « illusionniste » de décrire les objets
ordinaires avec force détails en évitant les effets de facture... figurent parmi les ingrédients du succès. L'univers
magrittien « nous interpelle dans ce qu'il a de familier ; il nous charme dans ce qu'il a d'étranger », affirme les
auteurs qui, en une centaine de pages, proposent un jeu initiatique au sein de cet univers. Patrick Souveryns et
Pascal Heins envisagent les moyens didactiques, présentent au spectateur non initié des « clés », susceptibles
de stimuler connaissance, compréhension, voire appréciation de l'œuvre de l'artiste. Ils constatent que la tâche
est moins simple qu'il n'y paraît dans la mesure ou l'artiste chambarde la réalité objective en abordant un ordre
et une réalité qui lui appartiennent en propre. Les sept clefs proposées servent au décryptage de la carte du
monde de René Magritte, elles instruisent le pourquoi et le comment de son œuvre picturale, elles ouvrent
quelques portes de sa pensée, de ses représentations mentales métamorphosées en peintures... Elles ne
prétendent pas pour autant révéler l'entièreté de l'énigme magritienne.
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L'essai proposé par les deux auteurs ne tient pas compte des réserves exprimées par le peintre afin que ses
toiles ne donnent pas - ou le moins possible - prise à des interprétations. C'est peut-être que ce même artiste
affirme par ailleurs que « un peintre ne peint pas pour mettre de la couleur sur une toile, comme un poète
n'écrit pas pour mettre des mots sur une feuille ». Et s'il se refuse à « présenter le tableau sans titre du tout »,
ce qui « laisserait trop de champ libre [...] à toute interprétation », c'est bien qu'il ne néglige pas l'interprétation !
La raison nuirait-elle à l'émotion ? N'a-t-elle pas, au contraire, le pouvoir de l'amplifier ?
L'ouvrage, illustré en noir et blanc, est accompagné d'un Cdrom couleurs pour assister l'enseignant du
secondaire ou du supérieur en lui permettant de visualiser et de projeter en classe les œuvres analysées.
P. Souvereyns, qui était assistant au Centre interfacultaire de formation des enseignants et maître de
conférences à la Faculté de Philosophie et Lettres, est décédé le 28 août 2009.
Au pays de Magritte. Regarder, lire, écrire, créer
de Béatrice Libert, paru aux Éditions [Couleur livres] asbl
D'emblée Béatrice Libert s'exprime sur l'intérêt d'envisager l'œuvre de Magritte en milieu scolaire. Elle suggère
que sommeille en chacun de nous un Homo Poeticus opprimé par la médiocrité du temps. Dès lors, plonger
dans l'œuvre d'un créateur « précieux » donnerait une opportunité de « sortir par le haut » de la banalité
ambiante. L'auteur questionne : « Si la peinture, et singulièrement celle de Magritte servait de vecteur à la
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pensée ? Si elle offrait aux enseignants et aux élèves l'occasion de perfectionner la lecture et l'écriture dans
une autre perspective que celle choisie habituellement ? »
L'ouvrage se découpe en sept séquences qui chacune décline des propositions d'activités pédagogiques
assemblées thématiquement. La première séquence intitulée « Bonjour, Monsieur Magritte » présente sept
activités, autour de thèmes tel que « Rêver le nom du peintre » qui invitent à créer des mots à partir du nom
de famille de l'artiste (les mots cachés qu'ils recèlent) ou a s'interroger sur le sens de son prénom... Sous le
titre « Les mots et les images de Magritte » il est question de ces toiles où mots et images coexistent, ces
« tableaux-mots » ou tableaux-alphabets, libre association d'images et de mots ou créations affublées de titres
décalés. Elles ouvrent la voie, notamment, à des exercices relatifs à la relation entre l'objet représenté et le
mot ou groupe de mots qui l'accompagne...
Une judicieuse sélection de textes suggérés par l'atmosphère ou par les thèmes magrittiens, de poèmes
inspirés de tableaux du peintre, faisant la part belle à des extraits d'œuvres surréalistes jalonnent l'ouvrage et
se mettent au service d'ateliers lecture écriture prometteurs.
Béatrice Libert est poétesse, essayiste, critique et conférencière. Elle est membre de l'Association des
écrivains belges.
Isabelle Graulich
Juillet 2009
Isabelle Graulich est historienne de l'art et collaboratrice d'Art&fact.
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