313 P61-65 DANNY GATTON
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313 P61-65 DANNY GATTON
DANNY GATTON En 1981, les Stray Cats alignent tube sur tube. Leur succès porte un super coup de projecteur sur la béatification des années 50 retrouvées. De son côté, Robert Gordon, un des précurseurs du mouvement, sort son troisième album, « Are You Gonna Be The One », chez RCA. Face à la flamboyance des Stray Cats, Robert apparaît fort en retrait. De fait son 33 tours ne choisit pas la facilité, avec un refus de toute reprise connue et ses compositions décalées. Pourtant il contient un classique du néo-rockabilly, « Drivin’ Wheel », et surtout, après Link Wray et Chris Spedding, Robert Gordon s’offre les services d’un génie absolu de la guitare : Danny Gatton. Guitare Virtuose développe son côté bricolo, qui ne le quittera plus, en utilisant deux magnétophones pour obtenir un écho (slapback). En 1957, Danny arrête d’utiliser la guitare de son père (une Martin D18 avec un micro de Armond) en faveur d’une magnifique Gibson ES 350 blonde (Chuck Berry !) qu’il s’empresse de démonter et remonter entièrement au grand dam de ses parents ! Cette guitare lui permet d’intégrer un groupe rock’n’roll où les musiciens ont globalement six ans de plus que lui, les Lancers, et de jouer les licks de James Burton, Chuck Berry et Scotty Moore. Ses parents l’emmènent dans les clubs où il se souvient avoir été impressionné par Roy Clark, alors inconnu. A cette époque, il découvre également Merle Travis, Chet Atkins, Joe Maphis et Jimmy Bryant dont il rejoue facilement les thèmes sous le nom de Little Danny Gatton. A treize ans, son père lui achète un banjo à cinq cordes Vega Little Wonder. De retour à la maison, il est capable d’interpréter « Foggy Mountain Breakdown » ! Il s’était préparé sur sa Martin avec des onglets en prévision de ce jour : Mon père possédait une Ford 1956 qui avait quatre ou cinq cannelures sur le côté et, lors de nos promenades, j’en profitais pour travailler les banjo rolls avec mes onglets sur les ailes de sa voiture ! Quelques mois plus tard, invité au show TV country de Don Owens, il interprète « Foggy Mountain Breakdown » si vite que le groupe-maison n’arrive pas à le suivre. Lorsque Don Owens, héberlué, lui demande depuis combien de temps il joue, il répond d’une voix grinçante et juvénile : Sept mois ! A quatorze ans, il remplace son ami guitariste Bobby Hancock dans les Offbeat. C’est dans ce groupe qu’il se lie d’amitié avec le pianiste Dick Heintze (futur Roy Buchanan Band) avec qui il collabore sur de nombreux projets ultérieurs. Après la séparation des Offbeat, il joue régulièrement dans les clubs autour de Washington et Baltimore, se faisant remarquer par sa technique et son éventail de styles. En 1964, la vague britannique le laisse de marbre : J’ai été un peu déçu par l’invasion anglaise car c’était vraiment trop facile. C’était plus facile que le rockabilly. Il n’y avait aucun défi. Je me suis donc mis au jazz comme passe-temps et le soir je jouais de la soul. Danny s’achète une Gibson Super 400 et étudie durant plusieurs années Wes Montgomery, George Benson, Howard Roberts, Charlie Byrd et George Barnes dont il apprécie le son clair qui l’influence fortement. Peu de temps après, l’émergence du Bakersfield Sound le met en joie et il admire Don Rich (Buck Owens) et Roy Nichols (Merle Haggard) : Il peut jouer beaucoup plus que ce qu’il montre, en fait il peut jouer n’importe quoi. En 1968, il découvre Lenny Breau qu’il va souvent voir en concert. Il parle technique avec lui et développe à son contact l’usage de l’auriculaire et les nouvelles possibilités d’accords qui y sont liées. Il se laisse pousser les ongles et joue aux doigts. DANNY & THE FAT BOYS (71-76) La scène de Washington est un véritable vivier pour les amateurs de rockabilly et de musique roots américaine : Roy Clark, Link Wray, puis Robert Gordon, Tex Rubinowitz, Billy Hancock en sont originaires ou y séjournent. C’est justement le chanteur, bassiste et guitariste Billy Hancock S i la presse encense, à juste titre, les prouesses guitaristiques de Brian Setzer, elle ne s’intéresse guère à cette légende vivante qu’est Danny Gatton, de Washington DC, un guitariste pour guitaristes. En effet, il faut attendre dix ans pour que paraisse, en 1991, son premier album sur une major, en l’occurrence Elektra, le fameux « 88 Elmira Street ». Et là, Danny fait la une de Guitar Player où il est élu meilleur guitariste country trois ans de suite. Des articles révèlent, avec force tablatures, la méthode Gatton, synthèse de tout ce que les Etats-Unis ont produit de bon de 1930 à 1964 : rockabilly, blues, country, jazz, western swing, tout y passe et plus encore (imitation de la pedal steel, de l’orgue Hammond B3, harmoniques de l’au-delà, solo de slide). Alors âgé de 46 ans, Danny Gatton n’est pas né de la dernière pluie. A l’âge de douze ans, il rejoue déjà les solos de Les Paul note pour note et, à quatorze ans, il devient pro ! C’est donc le disque d’une vie, confirmé par le suivant, « Crui- sin’ Deuces », en 1993, qui fait découvrir un univers extraordinaire où certes tout n’est pas rockabilly, qui peut se résumer par le titre, bien vu, de son premier 33 tours de 1975, « American Music ». WASHINGTON DC (45-70) Danny Gatton naît le 4 septembre 1945 dans une famille au riche passé musical. Ses grands-pères et arrière-grands-pères sont violonistes hillbilly et son père taquine la guitare. Dès l’âge de trois ans, Danny entend Ernest Tubb, Hank Thompson, Les Paul et Benny Goodman à la maison. A six ans il se met à la guitare, prend des leçons trois ans plus tard avec le violoniste tzigane Abe Rosenbloom, joue « Guitar Boogie » d’Arthur Smith et « Wildwood Flowers » de la Carter Family. Il se fatigue vite des partitions et préfère apprendre d’oreille. Il devient rapidement imbattable en la matière, en écoutant principalement Les Paul. A douze ans, il rejoue « How High The Moon » et Danny Gatton, avec son père, en 1958, à 13 ans, jouant de sa première guitare électrique, une Gibson ES-350. 61