que nature

Transcription

que nature
RENDEZ-VOUS DE L’ACIER
FUSIONS ET ACQUISITIONS
AU-DELÀ DU BÂTIMENT
PARAMÈTRES
L’EMPREINTE QUÉBÉCOISE
PLUS GRANDE
V10 N4.14
POSTE PUBLICATION 41060025
6,96 $ CAN QUE NATURE
Une présentation de
Ce dossier décline aussi notre patrimoine, inscrit dans nos paysages – l’un en
particulier, immense, singulier, intimement
lié à notre quotidien et notre imaginaire,
l’emblématique « fleuve aux grandes eaux »,
que malheureusement une certaine forme
d’insouciance risque d’altérer. L’Ordre des
urbanistes du Québec en a fait le thème
intégrateur de son récent congrès. Ce dossier s’intéresse à toutes les échelles, celle
de l’immensité de son bassin, des grands
enjeux environnementaux et territoriaux,
qui se répercutent tout autant à plus petite
échelle avec l’exemple singulier de l’île aux
Pommes, « un microcosme tourné vers le
monde », titre notre auteure.
Dans son texte d’introduction, trait
d’union entre toutes les composantes du
dossier, Marie résume l’esprit du propos :
« Malgré la diversité des contextes abordés
ici, un fait demeure : nature, histoire, pérennité, créativité sont des constantes évoquées
à travers tout le dossier, qui agissent comme
des ressorts appuyant sur nos cordes sensibles. Ces marques confèrent à toute œuvre
une valeur ajoutée, pour peu qu’on les marie à un design innovant, une architecture
contemporaine, un jardin ou une île laboratoire. »
mot de l’éditeur
Du côté de la section Réalisations, un
nouveau collaborateur, Thierry Petelle, présente une belle initiative de l’Association des
designers industriels du Québec (ADIQ). La
nouvelle publication annuelle de l’ADIQ,
Paramètres, « un déclencheur de dialogue »,
invite la communauté à prendre connaissance des divers visages du design industriel.
Pour sa part, Marie Dallaire présente les
projets lauréats des Holcim Awards 2014,
région Amérique du Nord. Cette compétition souligne l’excellence de concepts qui
se démarquent sur le plan des enjeux environnementaux. Projets fascinants... Quant
à François G. Cellier, il nous fait découvrir
sous un angle inédit les travaux de réaménagement du Casino de Montréal, « un renouveau qui passait par la R et D ».
Enfin, la section Matériaux nous donne
rendez-vous avec l’acier grâce à la présentation des Prix d’excellence de l’ICCA, texte
signé par Pierre Turbis. Pierre nous entretient également de Maisons efficaces, un
nouveau programme d’Hydro-Québec.
Bonne lecture!
Claude Paquin
Éditeur
édacteur et journaliste depuis
vingt ans, François
G. Cellier collabore au magazine
FORMES ainsi qu’à
d’autres publications
qui traitent d’immobilier. À cheval sur
le pragmatisme et la
rigueur, il affectionne
les dossiers fouillés
qui requièrent une
certaine recherche. Le secteur des communications est une autre sphère qui l’intéresse
plus particulièrement. Animé par le désir du
travail bien fait, il est de ceux qui pensent
que la reconnaissance n’a pas de prix. Pour
lui, l’honnêteté intellectuelle et une application à la tâche, sans concession, sont le
gage d’une satisfaction personnelle et d’une
crédibilité indispensables pour durer dans le
métier. Dans ce numéro, il aborde la question
des fusions et acquisitions dans le domaine
de l’architecture au Québec. À une époque
où les frontières tombent un peu partout
dans le monde, assiste-t-on à une tendance
lourde en cette matière chez nous?
T
hierry Petelle,
diplômé en
design industriel
(Université de Montréal – 2005), fait
partie des meubles
chez TACTIX, bureau
spécialisé en design
de produits de sport.
Depuis peu, Thierry
partage également
ses connaissances
et son enthousiasme pour la profession à
titre de chargé de cours à l’université. C’est
son désir de mettre l’épaule à la roue pour
la reconnaissance du design qui l’amène à
joindre le comité éditorial de la première
édition de Paramètres, parution annuelle sur
le design industriel au Québec, une initiative
de l’Association des designers industriels
du Québec (ADIQ). L’écriture et l’édition
l’ayant toujours attiré, il signe ici un premier
papier sur cette récente réalisation de l’ADIQ
et ses collaborateurs.
-
• Territoire de 3,5 millions de km2
• 18 % des ressources mondiales d’eau douce de surface
• Deux pays
• Six provinces canadiennes
• Quatre États américains
• Près de 50 millions d’habitants
• Plus de 15 000 organismes de développement et d’aménagement
• Cœur économique, industriel et agricole du continent
Notre collaboratrice Valérie Levée propose un papier sur des réflexions sur le bâtiment durable discutées lors d’un colloquesymposium organisé par l’Initiative Bâtiments Durables et Climat du Programme
des Nations Unies pour l’environnement
(UNEP-SBCI) et ses partenaires, dont la
Section du Québec du Conseil du bâtiment
durable du Canada (CBDCa-Qc).
R
Parmi les autres sujets de ce numéro,
notre collaborateur François G. Cellier propose un texte fort intéressant sur la mouvance observée dans les bureaux d’archi-
1
Une référence aux ouvrages Le fleuve aux grandes
eaux, livre et film de l’auteur Claude Villeneuve, magnifiquement illustrés par Frédéric Back – Éditions
Québec Amérique et Société Radio-Canada.
formes
UNE EXPOSITION – DES ENJEUX
À propos de Jean-Claude Poitras, sa
contribution à une réflexion sur le meuble
québécois s’est concrétisée en équipe par
la réalisation d’un référentiel d’écoconception de mobilier baptisé « L’Empreinte québécoise », un outil novateur qui a permis
l’éclosion d’une signature à notre image.
tectes : fusions et acquisitions, un thème
d’actualité, des points de vue exprimés par
des architectes. « Manifestation d’une tendance lourde qui ne fait que commencer
selon certains, petit feu d’artifice en voie de
s’éteindre pour d’autres, les fusions et acquisitions de firmes d’architecture au Québec
sont bel et bien réelles. Et elles ne laissent
personne indifférent », observe François.
v10 n4 - 2014
Ce
numéro est en continuité avec le précédent,
sans nécessairement en
constituer une suite. Il
puise dans des éléments incontournables
de notre identité, notamment le « fleuve
aux grandes eaux1 », sujet de notre précédent numéro d’été. Signé de la plume de son
auteure, notre rédactrice en chef Marie Dallaire, ce dossier se décline en divers thèmes,
tous entrelacés. Marie explore nos racines,
notre patrimoine, s’inspire d’ancêtres et de
leurs contemporains pour exprimer notre
histoire, notre empreinte québécoise. «Vus
d’ici ou de loin, à quoi ressemblons-nous?
Quelle image de nous voulons-nous projeter et pourquoi?» Différents experts ont guidé Marie dans sa réflexion : Pierre Thibault
en architecture, Jean-Claude Poitras en
design, Alexander Reford en art des jardins.
collaborateurs
Notre empreinte
3
Inaugurée lors du récent congrès de
l’Ordre des urbanistes du Québec,
l’exposition Grandes Villes/Grands
Lacs/Grand Bassin s’apprête à prendre
la route. Soyez parmi les premiers à
l’offrir à vos populations. Une trentaine
de clichés fascinants amènent le
visiteur à découvrir les beautés du
fleuve majestueux et à s’interroger
sur ce qui menace l’harmonie de
ses paysages. Apprécier le sens et la
valeur de ce patrimoine exceptionnel,
comprendre qu’il mérite d’être protégé
et développé dans le respect de son
évolution, voilà l’impact de cet outil de
sensibilisation.
Une exposition itinérante
dans votre région
Si vous entendez prendre part à un
idéal de planification, de sauvegarde
et de mise en valeur du patrimoine
fluvial; si vous souhaitez promouvoir
dans votre région une meilleure
compréhension de la géographie
humaine, naturelle et économique
du bassin versant du Saint-Laurent,
selon une approche durable et
environnementale; cette exposition est
pour vous!
Pour accueillir cette
exposition dans sa région
ou pour information, on
peut communiquer avec
Vladimir Arana au Secrétariat
international de l’eau.
514-849-4262
[email protected]
Le Secrétariat international de l’eau,
l’Ordre des urbanistes du Québec, les
Amis de la vallée du Saint-Laurent et
la firme d’architectes Provencher Roy
s’allient pour promouvoir et diffuser
cette exposition éducative dans
toutes les villes riveraines du tronçon
québécois du fleuve et de l’estuaire.
L’exposition Grandes Villes/Grands Lacs/Grand Bassin est née
d’une rencontre de deux visions : celle de Skidmore, Owings &
Merrill LLP (SOM) appuyés par la Fondation d’architecture de
Chicago, et celle du Secrétariat international de l’eau et de ses
partenaires.
Une présentation de
Claude Paquin
Éditeur
Illustration : Skidmore, Owings & Merrill LLP
Les Holcim Awards pour la
construction durable
récompensent l’innovation
et l’écoefficacité
Holcim Awards Or
Poreform : surface hydroabsorbante et
bassin souterrain, Las Vegas
Holcim Awards Argent
Le BIG U : infrastructure de protection
urbaine contre les inondations, New York
Holcim Awards Bronze
Hy-Fi : structure compostable zéro carbone,
New York
Amy Mielke et Caitlin Gucker Kanter Taylor,
Water Pore Partnership, New Haven, CT
Un consortium international dirigé par
Bjarke Ingels et Kai-Uwe Bergmann , BIG,
Danemark et New York
David Benjamin, Living Architecture Lab,
New York
Prix Holcim Awards Acknowledgement
Édifice Chrysanthemum : complexe urbain
de logements abordables sur terrain
intercalaire, Boston
Prix Holcim Awards Acknowledgement
Revitalisation patrimoniale : rénovation et
agrandissement d’un édifice universitaire,
Toronto
Prix Holcim Awards Acknowledgement
In-Closure : parc et mur interactif publics
pour la revitalisation urbaine de Seattle
Prix Holcim Awards Acknowledgement
Divining LA : outil numérique d’esthétique
urbaine et de planification de l’utilisation
de l’eau, Los Angeles
Sheila Kennedy et J. Frano Violich,
Kennedy & Violich Architecture, Boston
Nader Tehrani et Katherine Faulkner,
NADAAA, Boston
Deuxième prix « Next Generation »
Machine Landscape : utilisation de mines de
charbon pour l’accumulation d’hydroélectricité par pompage, Greene County, PA
Troisième prix « Next Generation »
Pleura Pod : mur de purification de l’air
transformant le dioxyde de carbone en
oxygène, Cambridge
Quatrième prix « Next Generation »
Timberlink : système de construction en
panneaux de bois à enclenchement,
Cape Dorset, NU
Cinquième prix « Next Generation »
Infrastructure évolutive : réutilisation
adaptative d’une structure de stationnement
pour des activités culturelles, San Francisco
Kenya Endo, l’Atelier Dreiseitl asia, Singapour
Beomki Lee, Suk Lee et Daeho Lee,
Massachusetts Institute of Technology,
Cambridge
Jonathan Enns, Enns Design, Toronto
Mark Turibius Jongman Sereno, l’Université
Harvard, Cambridge; Mira Irawan, l’Université
de New York; David O’Brien, l’Université de
l’Iowa State, Ames
Les projets gagnants en Amérique du Nord
sont à la fine pointe de l’efficience et de
l’innovation dans la construction durable. En
tout, treize projets imaginés par des praticiens
chevronnés, de jeunes professionnels et des
étudiants du Canada et des ÉtatsUnis ont
été récompensés à la hauteur de 330 000 $US
américains.
Premier prix « Next Generation »
Réutilisation des déchets : centre municipal
de récupération des déchets, New York
Debbie Chen, New York
Étienne Feher, Paul Azzopardi et Noé Basch,
d’ABF-lab, Paris, France
Peter et Hadley Arnold, Arid Lands
Institute, Woodbury University, Burbank, CA
Sixième prix « Next Generation »
Latex Formwork : méthode de construction
de minces panneaux de béton, Cambridge
Namjoo Kim, Massachusetts Institute of
Technology, Cambridge
Le Holcim Awards pour la construction durable vise à récompenser des projets de construction
novateurs, avant gardistes et tangibles qui proposent des solutions viables aux problèmes
technologiques, environnementaux, socioéconomiques et culturels dans les domaines du
bâtiment et de la construction à l’échelle locale, régionale et mondiale. Il est géré par la Holcim
Foundation en Suisse depuis 2004 et offre deux millions de dollars américains en prix par cycle
triennal. Pour obtenir plus d’information sur le concours et sur chaque projet gagnant, visitez le :
www.holcimawards.org.
index
Adresse de retour :
Magazine FORMES
6718, rue Chambord,
Montréal (Québec)
H2G 3C3 Canada
ISSN 1911-8333
CDPQ..........................................17
cecobois.......................................14
CEFdi.....................................30, 33
CIRAIG........................................12
CLEB............................................49
CPCI............................................19
DAA.............................................17
Datadraft.....................................49
Demilec......................................50
Econoler.......................................12
Enerlab 2000...............................50
Festival international de jardins
(Métis)...................................27, 39
Gauthier Designers.....................20
Glendyne...............................32, 37
Groupe Canam...........................47
Hettich........................................37
Holcim Awards................... 4, 5, 22
Holcim Foundation....................22
Hydro-Québec......................13, 44
Institut canadien de la
construction en acier...........45, 46
International Living Future
Institute.......................................12
Jardins de Métis...........................38
JLP architectes............................18
L’oeuf...........................................22
Lemay...........................................17
Lemay + MMA............................17
Les bois d’eau..............................32
Living Architecture Lab..............23
Living Building Challenge..........12
Maison de l’architecture du
Québec.........................................35
MAISON&OBJET........................8
Martin Marcotte Architectes......17
MSDL...........................................24
Ordre des architectes du Québec.18
Ordre des urbanistes
du Québec.....................C-2, 27, 41
Batty Louis-Olivier.....................44
Benjamin David..........................23
Bergmann Kai-Uwe....................23
Bourassa André...........................18
Broz Michel.................................18
Carelli Eugenio............................24
Christodoulou Hellen.................46
Coutu Étienne.............................17
Croteau Linda..............................42
Dagenais Yves..............................24
Demers Bruno.............................12
Déry David-Alexis.......................40
Déry Gaston................................40
Dion Nathalie..............................18
Drouin Louis...............................20
Dubé Christian............................17
Dubois Antoine...........................20
Dubuc Michel..............................17
Favreau Guy.................................18
Fontana Bernard.........................22
Gagnon Mario.............................20
Gironnay Sophie.........................35
Graves Richard............................12
Hoballah Arab.............................12
Hunziker Rolland........................42
Ingels Bjarke................................23
Jacobs Peter..................................39
Laforest Alain........................35, 36
Lahoud Pierre..............................36 Pinard Paul..................................20
LaPierre Robert...........................16 Poirier Sylvain.............................32
Langlois Pierre.............................12 Poitras Jean-Claude...............27, 28
Léonard Nadine...........................12 Ponte Alessandra.........................35
LeTourneux Pierre......................24 Pouffary Stéphane.......................12
Levasseur Annie..........................12 Provencher Claude......................24
Lord Mount Stephen...................38 Ranger Nicolas............................18
Martin Robert.............................17 Reford Alexander........................39
Mazria Edward............................14 Reford Elsie..................................38
Mielke Amy.................................23 Sauriol Claude.............................30
Paradis Véronique.......................30 Taylor Caitlin...............................23
Paquin Claude.............................20 Teyssot Georges...........................35
Pearl Daniel.................................22 Thibault Pierre.......... 12, 27, 35, 36
Perrault Sylvie.............................18 Thoreau Henry David.................35
19 et 20 novembre
La ville conflictuelle
Université Cergy-Pontoise, France
www.lavilleconflictuelle.u-cergy.fr
18 novembre
Montréal et Bruxelles en projet
UQAM
http://crtp.esg.uqam.ca
3 au 5 décembre
Construct Canada
Metro Toronto Convention Centre
www.constructcanada.com
3 février 2015
Concours Énergia – AQME
Hôtel Hyatt Regency, Montréal
www.aqme.org
20 novembre au 18 janvier 2015
L’objet japonais
Exposition sur le design d’objet
japonais
Centre de design de l’UQAM
www.centrededesign.com
Jusqu’au 23 novembre
Biennale d’architecture de Venise
www.labiennale.org/en/
architecture
10 au 12 décembre
Smart City Expo Montréal
Palais des congrès
www.smartcityexpomtl.com/fr
25 novembre
Toronto Wood Solution
Metro Convention Centre
http://wood-works.ca/ontario/wsf
9 janvier 2015
Concours Commerce Design
Montréal
Date limite du dépôt des
candidatures
http://mtlunescodesign.com
17 et 18 avril 2015
Conférence internationale Maison
passive
Leipzig, Allemagne
www.passivehouseconference.org
Paramètres...................................20
Pomerleau....................................12
Provencher_Roy.................C-2, 24
Saucier + Perrotte Architectes....18
Secrétariat international
de l’eau......................................C-2
SICO..........................................C-4
Société de protection et
d’aménagement de l’île aux
Pommes.......................................41
SOPREMA..................................50
TECOLAM..................................50
Technopôle Angus.......................12
UNEP-SBCI.................................12
Vanico-Maronyx...................32, 37
Water Pore Partnership...............23
WBCSD.......................................12
WSP Global.................................16
26 au 29 octobre
Conférence APT – Métissage
Fairmont Le Château frontenac,
Québec
www.apti.org
Jusqu’au 11 janvier 2015
Architecture and national identity
Charlottetown, IPE
www.confederationcentre.com/en/
exhibitions.php
3 au 6 juin 2015
Festival d’architecture IRAC
Hyatt Regency Calgary
http://festival.raic.org
Août 2016
3 et 4 décembre
Forum social mondial 2016
IIDEX
22 au 25 janvier 2015
Montréal
Metro Toronto Convention Centre Interior Design Show
www.fsm2016.org
www.iidexcanada.com/2014
Metro Toronto Convention Centre
www.interiordesignshow.com
Dossier spécial bois – Construction en hauteur
- La formation en design
- M&O en Amériques
- Prix Habitat Design et la pluridisciplinarité
Information : [email protected],
514 256-1230
v10 n4 - 2014
PROCHAIN NUMÉRO
13 novembre 2014
Contech
Palais des congrès, Montréal
www.contech.qc.ca
2 décembre
Colloque sur les transports de
demain
Université Laval, Québec
www.itis.ulaval.ca/cms/site/itis/itis/
colloque2014_Electrification
Jusqu’au 19 avril 2015
Des pièces à ne pas manquer
Exposition CCA
www.cca.qc.ca
-
agenda
Toute demande de
reproduction des textes
et des illustrations doit
être acheminée par écrit
à l’éditeur en expliquant
21 au 24 novembre
Congrès annuel ASLA
Colorado Convention Center,
Denver
www.aslameeting2014.com
COLLABORATEURS
François G. Cellier,
Sylvie Lallier, Valérie Levée,
Thierry Petelle, Pierre Turbis. [email protected]
www.formes.ca
Tél. : 514- 256-1230
1 877 FORMES 9
Télécopieur :
514-736-7637
PRODUCTION
ADICC
Impression : Lithochic
AAPPQ........................................18
ACQ.............................................44
ADICC.........................................43
ADIQ.....................................20, 32
Ædifica.........................................17
AFMQ...........................................9
Amis de la vallée du
Saint-Laurent.....................C-2, 40
APCHQ.......................................44
Aquabrass...................................37
Architectes de l’urgence.............17
Architecture49.......................6, 16
Bjarke Ingels Group....................23
BASF Canada..............................10
Bourassa Maillé Architectes........18
BSDQ...........................................15
Cardinal Hardy Architectes........17
Casino de Montréal.....................24
CBDCa-Qc..................................12
CCQ...........................................C-3
formes
POSTE PUBLICATION
N0 41060025
FORMES est une pu­
bli­cation objective et
indépendante, libre de
tout lien avec quelque
association, organisme ou
regroupement sectoriel
que ce soit, associés de
près ou de loin à l’industrie.
Sa mission : informer par
ABONNEMENT
(Taxes incluses) $CA
Canada
1 an : 27 $, 2 ans : 50 $
Amérique
1 an : 50 $, 2 ans : 85 $
Outre-mer
1 an : 90 $, 2 ans : 155 $
Étudiant -15 %
PUBLICITÉ
514 736-7637, poste 5
FORMES appuie toute
initiative favorisant le
développement durable
et une saine gestion
de l’environnement. Le
magazine utilise une encre
écologique et est imprimé
sur du papier recyclé.
RÉDACTRICE EN CHEF
Marie Dallaire
Notre image change, mais notre engagement reste le même.
Ensemble, nous donnerons le meilleur de nous-mêmes.
CHIRURGIEN DE L’IMAGE
Gabriel-Thomas Leclerc
Pour en savoir plus architecture49.com
le but de cette demande.
L’éditeur se réserve le droit
de refuser toute demande de
reproduction.
des sujets d’actualité,
débattre des enjeux de
l’industrie, conseiller sur des
techniques et des produits,
cerner les tendances.
Notre désir est de devenir, ensemble, un chef de file
national dans le domaine de la conception intégrée
et dans la réalisation de projets significatifs.
Les annonceurs apparaissent en caractères gras
Individus
ADMINISTRATION
Magazine FORMES
6718, rue Chambord,
Montréal (Québec)
H2G 3C3 Canada
Aujourd’hui, une nouvelle ère se dessine avec
Architecture49. Notre nouvelle firme se fonde sur
l’héritage laissé par Arcop auquel s’ajoutent les
forces de 5 firmes d’architecture respectées – AE
Consultants, North 46 Architecture, PBK Architects,
Smith Carter Architects et WHW Architects.
COUVERTURE
Photo : Pierre Lahoud
Depuis plus de 60 ans, le nom Arcop est synonyme
d’expertise et de passion dans la création de projets
emblématiques tant au Québec qu’à l’étranger.
VOL.10 Nº4 2014
ÉDITEUR
Claude Paquin
Une expertise ciblée,
nationale, tournée vers
l’avenir.
Organismes et entreprises
7
PARIS / 23-27 JANVIER 2015
PARIS NORD VILLEPINTE
À PARIS,
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Vivez avec le confort,
le style et la qualité d’ici
Les meubles du Québec,
un choix bénéfique pour nos fabricants et pour les emplois locaux
WWW.MAISON-OBJET.COM
Un choix respectueux de l’environnement,
puisque moins de kilomètres séparent le fabricant de meubles
du consommateur
Un choix empreint de la fierté des entrepreneurs du Québec
PROMOSALONS - SERVANE GUÉRIN - T. +1 514 861 5668 - [email protected]
ORGANISATION SAFI, FILIALE DES ATELIERS D’ART DE FRANCE ET DE REED EXPOSITIONS FRANCE / SALON RÉSERVÉ AUX PROFESSIONNELS / IMAGE © ELODIE DUPUIS / DESIGN © BE-POLES
Artopex - Mobilier collaboratif Downtown
RCM Architectural - Restaurant La Bête
Amisco - Collection Urban, Lit Attraction
Trica - Table d’appoint Gravity
Canadel - Collection High Style
afmq.com
Fusions et acquisitions
Points de vue d’architectes
12
16
sommaire
Le système d’isolation/pareair WALLTITE convient
perspectives
METTEZ-Y
DU MAUVE.
Colloque-symposium UNEP-SBCI
Au-delà du bâtiment durable
7
Agenda
Index
parfaitement à presque tout
espace que vous concevez.
Paramètres
Déclencheur de dialogue
20
en couverture
MD
L’EMPREINTE
QUÉBÉCOISE
26
Jean-Claude Poitras
Pour un design distinctif
Pierre Thibault
De paysage, de bois, de
pierre…
VOICI WALLTITE
LA RÉSISTANCE THERMIQUE À LONG
TERME LA PLUS ÉLEVÉE DE L’INDUSTRIE †
réalisations
Holcim Awards
Enjeux environnementaux
22
Casino de Montréal
Renouveau et R et D
24
Maisons efficaces
L’initiative d’Hydro-Québec
44
Rendez-vous de l’acier
Appel à la réciprocité
46
Jardins de Métis
Un paysage qui nous ressemble
L’île aux Pommes et le fleuve
Paysages fait de mémoire
R 12.4 à 2 po | R 19.2 à 3 po | R 26.2 à 4 po
Selon les rapports de décembre 2011 du Centre canadien de matériaux de construction (CCMC) concernant la mousse de polyuréthane à densité moyenne vaporisée.
WALLTITE est une marque déposée de BASF Canada Inc. EcoLogo est une marque de commerce d’Environnement Canada. Le programme de certification de la qualité intérieure de l’air GREENGUARD
intitulé « GREENGUARD Indoor Air Quality Certified » est une marque déposée, et le programme GREENGUARD enfants et écoles intitulé « GREENGUARD Children and Schools » est une marque de service, de leurs propriétaires
respectifs ; toutes utilisées sous permission par BASF Canada Inc. © 2014 BASF Canada inc.
formes
†
matériaux
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Chez BASF, nous créons de la chimie.
v10 n4 - 2014
Vous apportez beaucoup de soin à la conception d’un bâtiment pour qu’il soit à la fois
fonctionnel, harmonieux et confortable. Le choix du système d’isolation/pare-air mérite autant
de considération. Notre isolant/pare-air à alvéoles fermées a fait ses preuves. Il résiste aux
années et améliore la durabilité d’un bâtiment. WALLTITE s’adapte à presque toutes les
formes, adhère à presque tous les recoins et n’a pour limite que votre imagination. Cette
mousse permet de créer une enveloppe ayant une bonne étanchéité à l’air, ce qui procure à
votre bâtiment l’isolation à haute performance qu’il mérite.
11
Nattakit
perspectives
AU-DELÀ DU BÂTIMENT DURABLE
Valérie Levée
L
formes
-
v10 n3 - 2014
es 12 et 13 mai derniers, le Centre
des congrès de Québec a résonné de
réflexions sur le bâtiment durable.
C’était lors d’un colloque-symposium intitulé « Le futur de l’environnement
bâti, durabilité, carboneutralité et au-delà »,
organisé par l’Initiative Bâtiments Durables et Climat du Programme des Nations Unies pour l’environnement (UNEPSBCI) et ses partenaires, dont la Section du
Québec du Conseil du bâtiment durable
du Canada (CBDCa-Qc). Dans son allocution, l’architecte Pierre Thibault a évoqué ce
qu’il a appris de son grand-père charpentier
et de la conception des maisons ancestrales.
« Ils faisaient des maisons presque LEED
OR, des maisons bien orientées, au sud, avec
peu d’ouvertures au nord. Ils avaient pris les
roches sur place, avaient coupé les arbres au
bon moment », évoque-t-il. Ils travaillaient en
équipe en suivant les conseils des sages du
village. Art de bâtir et concertation ont été repris durant tout le congrès, mais aujourd’hui,
le village devient planétaire.
12
Bâtir vert
Matériaux sains et locaux, efficacité énergétique, faible empreinte écologique... En
Amérique du Nord, les bâtiments certifiés
LEED se multiplient. Mais au-delà du bâtiment LEED, il y a la certification Living
Building Challenge, créée par l’International Living Future Institute dont Richard
Graves est le directeur. Il explique que l’idée
de la certification est de se rapprocher de la
beauté, de la propreté et de l’efficacité de
la nature. Il s’agit de construire le meilleur
bâtiment possible avec des systèmes passifs, quitte à les améliorer avec des systèmes
actifs. Il s’agit aussi de considérer ensemble
les questions de l’énergie, de l’eau, des matériaux au lieu de les traiter en silos. Il donne
l’exemple du recyclage des eaux usées, bénéfique pour la consommation d’eau, mais
qui peut être néfaste pour la consommation
d’énergie. Ces principes permettent, selon
Richard Graves, de concevoir des bâtiments
qui consomment 50 % moins d’énergie qu’un
bâtiment standard.
Des outils basés sur l’analyse de cycle de
vie comme celui présenté par Annie Levasseur, ingénieure et chercheuse au CIRAIG,
le centre d’expertise en cycle de vie, installé
à Polytechnique, pourront aussi aider à verdir
le bâtiment. Les travaux du groupe de travail
de l’UNEP-SBCI pour verdir la chaîne d’approvisionnement du bâtiment vont également
dans le même sens.
Mais il y a le bâtiment et ce qu’en font
ses occupants; c’est là que se démarque la
certification Living Building Challenge. Le
programme est basé sur des performances
démontrées pendant au moins douze mois
d’utilisation du bâtiment. « Vous devez éduquer les occupants, les entraîner à consommer moins d’énergie. C’est ce qui permet de
passer de 50 % à 85 % moins d’énergie que
les bâtiments standards », souligne Richard
Graves.
Au-delà du bâtiment, il y a donc les gens et
leurs relations avec le milieu construit, allant
du logement au quartier. Pierre Thibault rappelle que l’architecture organise et favorise
la vie en société et que le développement
durable consiste aussi à rendre les gens plus
heureux. Nadine Léonard, vice‐présidente
de Pomerleau pour la région de Toronto,
déplore d’ailleurs que les considérations techniques prennent le pas sur l’humain. « On n’a
jamais parlé d’impacts sociaux. Dans mon
esprit, le développement durable et le développement social, ça va de pair », clame-telle. Elle rapporte qu’au Technopôle Angus,
pas un projet ne se réalise sans qu’il comporte
une démarche de développement social. En
plus d’être verts, les projets permettent à des
personnes de se réinsérer dans le monde du
travail. Ils bonifient la communauté adjacente
et contribuent à la société. « Si on se sert de
nos projets non seulement pour réduire l’empreinte écologique et construire mieux, mais
en plus pour en faire un moteur économique,
je crois qu’on commence à parler », espère-telle. Elle émet même l’idée que 1 % du coût
du projet soit investi dans un volet de réinsertion sociale, à l’instar du 1 % dévolu à la réalisation d’œuvres d’art. Une idée qui dérange?
Justement, Bruno Demers, le coordonnateur
de la formation CBDCa-Qc, estime qu’« à
titre d’ambassadeurs du développement durable, il faut déranger les mentalités ».
Cette contribution élargie du bâtiment au
développement durable a aussi été reprise
par le chef de service, consommation et production durables à l’UNEP, Arab Hoballah.
Selon lui, « la performance énergétique du bâtiment est liée à la performance économique,
à la qualité de vie, la santé, le bien-être, l’intégration sociale ».
Défragmenter et se concerter
Du même souffle, Arab Hoballah rappelait
aussi le lien entre la ville et les bâtiments :
« Il ne peut pas y avoir de développement
durable sans les villes et, dans les villes,
sans les bâtiments. » Le problème est que
l’acte de construire le territoire et l’acte de
vivre sur ce territoire sont fragmentés, croit
Stéphane Pouffary, président exécutif de
UNEP-SBCI. Par exemple, la performance
énergétique d’un bâtiment dépend de son bon
usage par l’occupant, et un quartier vert pâlit
s’il est mal desservi par le transport en commun. « On arrive à plein de situations schizophrènes », constate-t-il. « Qui va bénéficier
de cette vertu environnementale qu’on essaie
de mettre dans l’acte de construire? Le territoire, l’architecte, l’utilisateur, le fournisseur
de matériaux? » questionne-t-il.
Et qui financera un projet s’il n’est pas certain d’en recevoir les bénéfices?
À Genève, une coalition de 200 dirigeants
d’entreprises d’envergure internationale
(WBCSD pour World Business Council
for Sustainable Development) réfléchit à la
manière d’intégrer le développement durable
aux affaires. Roland Hunziker, qui travaille
sur des projets d’efficacité énergétique des
bâtiments pour le WBCSD, explique qu’il
faut montrer la plus-value environnementale
des parties prenantes du bâtiment pour surmonter les barrières financières. De son côté,
Pierre Langlois, le président de l’entreprise
de services écoénergétiques Econoler, soutient qu’un projet d’efficacité énergétique se
paie sur les économies d’énergie. Mais « installer des équipements efficaces ne génère pas
hydro-québec, un partenaire de choix
pour les constructeurs d’ici
Hydro-Québec peut vous soutenir dans la réalisation de vos projets résidentiels
proposant des maisons efficaces, une nouvelle catégorie d’habitations éconergétiques.
Vos projets offriront ainsi une valeur ajoutée et se démarqueront aux yeux des acheteurs.
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Jordi Clave Garsot
d’économie. Bien les utiliser génère des économies », nuance-t-il. Autrement dit, l’important n’est pas fondamentalement la technologie, mais le résultat, l’économie d’énergie
réalisée qui permettra de rembourser le projet.
Le problème revient à savoir comment mesurer cette économie d’énergie.
« On va devoir témoigner de plus en plus
de la performance de ce que l’on met en
œuvre », disait justement Stéphane Pouffary.
Il faut développer des méthodes de comptabilité, établir des situations de référence pour
mesurer les économies d’énergie, traduire une
vertu environnementale en dollars et accéder
à des flux financiers. La mesure de la performance environnementale des bâtiments était
un sujet récurrent au fil des présentations du
Au-delà du bâtiment, il y a les gens et leurs relations avec
le milieu construit, allant du logement au quartier.
congrès et devrait être une priorité pour les
ententes internationales à venir.
Pour faciliter la concertation, l’UNEPSBCI souhaite développer une plateforme
internationale de réflexion et de promotion
de pratiques universelles pour réduire l’impact du bâtiment sur le climat. Et pour parler
d’une seule voix lors des prochaines négociations sur le climat qui se tiendront à Paris en
2015, Arab Hoballah enjoint tous les acteurs
du bâtiment à unir leurs forces « pour déve-
lopper une feuille de route commune, pour
agir et contribuer à la réalisation des objectifs globaux du développement durable et du
potentiel du secteur du bâtiment pour atténuer
les changements climatiques ».
Architecte fondateur du Défi 2030,
Edward Mazria n’attend pas d’éventuels
accords internationaux. En avril dernier, il
lançait Roadmap to Zero Emissions, une approche pour neutraliser les émissions de CO2
de l’environnement bâti d’ici 2050.
Terminal de collecTe
des maTières résiduelles
– ciTé VerTe
CATÉGORIES
Bâtiment industriel
et
détails architecturaux
Architecte : bmd architectes inc.
Structure : Douglas Consultants inc.
Génie mécanique : Genecor inc.
v10 n4 - 2014
Photos : bmd architectes inc.
Premier du genre au Québec, ce projet de grande
qualité abrite les équipements mécaniques nécessaires
au système d’aspiration des matières résiduelles par
voie souterraine « ENVAC ». Ce bâtiment se distingue
des bâtiments industriels du même type par sa capacité à répondre aux contraintes du secteur résidentiel
dans lequel il est implanté. Le design propose
des proportions équilibrées ainsi qu’une rigueur
architecturale exemplaire.
formes
-
PROJET
LAURÉAT
14
www.cecobois.com
2014
FUSIONS ET ACQUISITIONS
ARCHITECTE.
L’ARCHITECTURE SANS FRONTIÈRES
PROFESSION DE
v10 n4 - 2014
formes
16
Centre :
Robert LaPierre,
Robert Martin,
Nicolas Ranger
Bas :
André Bourassa,
Sylvie Perrault,
Michel Dubuc
FAIT QUE COMMENCER SELON CERTAINS, PETIT FEU
D’ARTIFICE EN VOIE DE S’ÉTEINDRE POUR D’AUTRES,
COEUR !
LES FUSIONS ET ACQUISITIONS DE FIRMES D’ARCHITECTURE AU QUÉBEC SONT BEL ET BIEN RÉELLES.
les années 1980, elle assumait 40 % de ses projets
à l’international, dont plusieurs étaient privés.
Cette firme disposait de bureaux associés à New
Delhi (Inde) et à Karachi (Pakistan), avec lesquels
Architecture49 continue de travailler.
Pendant la décennie 1990, Arcop a en outre
travaillé en consortium dans le cadre de projets locaux, notamment pour la construction du
complexe hôtelier, salle de spectacle et rénovation
du Casino du Lac-Leamy ainsi que pour l’agrandissement (phase 1) de l’aéroport de Montréal.
Ces consortiums sont, en fait, les catalyseurs du
phénomène des fusions et acquisitions vécues
actuellement. Rappelons qu’Arcop a notamment
collaboré à la conception et au développement de
la Place Ville-Marie. Ce bureau a aussi élaboré les
plans et devis de la Place des Arts et de la Place
Bonaventure, sans compter ceux d’hôtels et de
centres de villégiature au Canada, en Inde, au
Moyen-Orient et dans les Caraïbes.
Lemay : acquisitions et coentreprise
Une autre transaction a récemment fait écarquiller les yeux, soit le 2 octobre dernier, quand
Lemay a annoncé, par voie de communiqué,
qu’elle acquérait trois filiales québécoises du
groupe torontois IBI, soit DAA, Cardinal Hardy
Architectes et Martin Marcotte Architectes.
Lemay a également annoncé la formation d’une
coentreprise avec le Groupe IBI, en Chine. « Au
cours des prochaines années, plusieurs hôpitaux
de la taille du CUSM pourraient être construits
dans ce pays », rapporte Robert Martin, associé
principal d’une nouvelle entité baptisée Lemay +
MMA, et également l’architecte chargé de projet
du nouveau CUSM à Montréal.
Forte d’un éventail d’activités déjà bien implantées au Canada, en Amérique centrale et en
Afrique du Nord, en plus d’une nouvelle présence
dans les Caraïbes et en Asie, Lemay rassemble désormais près de 500 professionnels et, par le fait
même, « renforce » son statut de numéro un québécois dans le domaine des services de conception intégrés. Quatrième en importance au Canada, elle se classe désormais dans le top 100 « des
plus importantes sociétés du domaine ». Lemay
proposera des services d’architecture, d’urbanisme, de design urbain, de design intérieur,
d’architecture de paysage, de conception LEED et
de développement durable. Les joueurs qu’elle a
acquis sont visiblement bâtis pour relever d’importants défis. Ils ont entre autres participé au
projet de réaménagement de l’aéroport international Pierre-Elliott-Trudeau, au plan d’ensemble
du campus d’Outremont de l’Université de Montréal, au plan de reconstruction du centre-ville de
Lac-Mégantic, au métro de Laval et à la Tour des
Canadiens.
La fibre nationaliste
Le blogueur Étienne Coutu, un architecte et
designer urbain qui travaille à Montréal, résume
cette transaction qui a de quoi flatter la fibre
nationaliste québécoise. Et pour cause, puisque
la Caisse de dépôt et placement du Québec a
investi six millions $ (sous forme de prêt) dans
l’aventure. « Cette transaction s’inscrit dans notre
volonté d’accompagner les entreprises québécoises à croître non seulement ici, mais également
dans de nouveaux marchés », affirmait Christian Dubé, premier vice-président, Québec, à la
Caisse. « La création de ce gros joueur forcera les
architectes à s’organiser pour mieux se défendre.
Lemay aura les ressources pour jouer un rôle primordial auprès des instances professionnelles,
afin de contribuer à l’avancement de la profession.
Les architectes n’ont jamais été reconnus pour
s’unir entre eux. Le chacun pour soi est plutôt de
mise », d’affirmer Étienne Coutu. À ses yeux, il
ne fait aucun doute qu’avec des acquisitions de ce
genre, l’architecture québécoise obtiendra bientôt
une reconnaissance mondiale. Si d’autres pays et
nations ont atteint cette renommée, pourquoi pas
nous?
Une approche obligée
« La consolidation, les fusions ou le réalignement des pratiques architecturales sont une
réponse à la dématérialisation des activités humaines, ainsi qu’à la mondialisation des marchés
qu’engendrent les communications virtuelles,
estime pour sa part Michel Dubuc, président
d’Ædifica. Cela induit un appétit croissant à vouloir faire les choses différemment, tant sur le plan
culturel que technique, et par un désir de rejoindre
des marchés plus lointains qui deviennent acces-
v10 n3
4 - 2014
TE S
EC
Haut :
Nathalie Dion,
Michel Broz,
Guy Favreau
Expertise et reconnaissance
Les partisans de l’amalgame des compétences
en architecture ressentent, plus que jamais, le
besoin de se regrouper pour offrir une expertise
complète à la même enseigne, et ainsi être en mesure d’assumer des projets d’envergure au Québec ou ailleurs. « L’expérience et le savoir-faire
sont synonymes de crédibilité. Ces deux qualités
se veulent rassurantes pour une clientèle qui doit
gérer des projets majeurs », affirme sans ambages
Robert LaPierre, architecte patron chez Architecture49 (anciennement Arcop). Ce bureau
d’architectes a vu grand, en 2011, à l’issue d’une
« alliance stratégique » conclue avec WSP Global
(ex-Genivar) et Arcop. Cet arrimage lui a permis
de recentrer ses activités autour de six champs
d’expertise clés : science et technologie, sécurité et
défense, soins de santé, sports et divertissement,
transport ainsi qu’hôtels et villégiature. Un tel
scénario a été rendu possible grâce aux acquisitions des firmes Arcop, AE Consultants, North 46
Architecture, PBK Architects, WHW Architects et
Smith Carter.
Architecture49 emploie plus de 260 personnes.
Elle compte désormais 6 bureaux répartis dans
13 villes canadiennes, dont Montréal et Toronto,
mais également dans d’autres cités situées entre
Vancouver et Halifax – de là son appellation incluant le chiffre 49, qui évoque le 49e parallèle.
Il appert que jusqu’à présent, Architecture49 et
WSP Global travaillent en symbiose et se complètent très bien, tant au Canada qu’à l’international. Pour Robert LaPierre, il ne fait aucun
doute que ce mariage propulsera Architecture49
en avant : « Nous avons tous accepté cette transaction afin de progresser au regard des nouveaux
marchés », tranche-t-il avec conviction. Il faut
dire que cette alliance s’inscrit dans une logique
propre à l’ex-Arcop, créée en 1955. Déjà, dans
MANIFESTATION D’UNE TENDANCE LOURDE QUI NE
DEVENEZ MEMBRE OU FAITES UN DON
architectes-urgence.ca
-
E V UE
anifestation d’une tendance lourde
qui ne fait que commencer selon
certains, petit feu d’artifice en voie
de s’éteindre pour d’autres, les fusions et acquisitions de firmes d’architecture au
Québec sont bel et bien réelles. Et elles ne laissent
personne indifférent. À une époque où les frontières tombent un peu partout sur la planète, ce
phénomène peut-il être décrit comme la semence
d’une graine qui fera pousser l’arbre, ou une
simple mode éphémère appelée à mourir avant
longtemps? Les avis sont loin d’être unanimes sur
cette question.
Ces fusions et acquisitions s’inscrivent dans
l’air du temps et sont devenues nécessaires, disent
ceux qui adhèrent à l’idée. Le Québec est à l’heure
des « conceptions et des services intégrés » dans le
domaine de l’architecture. Cette profession doit
s’internationaliser car les occasions d’affaires à
l’étranger sont énormes, contrairement au Québec, où l’État est devenu le principal donneur
d’ouvrage. Or, plusieurs firmes se battent pour
obtenir leur part d’un gâteau très convoité.
formes
D
M
ARCHIT
D’
POINTS
perspectives
François G. Cellier
17
VUE
E
D
POINTS
232 à 421. L’actuelle présidente du bureau de la
direction de l’AAPPQ, Sylvie Perrault, a ramené ce chiffre à 407 en 2014. « Quelque 80 % de
nos membres sont des firmes qui emploient 10
employés et moins », précise-t-elle. Cette association représente 87 % des bureaux d’architecture
québécois.
« Il y a plus de 1 200 firmes d’architecture pour
les 3 616 architectes que compte le Québec. Près
de 900 de ces firmes n’ont qu’un seul architecte. Il
y a donc encore beaucoup de très petits bureaux
chez nous, nous confie pour sa part la présidente
de l’OAQ, Nathalie Dion. En ce sens, je ne pense
pas que l’on puisse parler d’une vague de fusionsacquisitions pour l’instant. À tout le moins, les
avis sont partagés sur cette question. » Une opinion que partage Sylvie Perrault. « Plutôt que de
bâtir leurs expertises, certains joueurs vont préférer l’acquérir. Il s’agit d’une façon plus rapide
de répondre à la demande du marché actuel, bien
que ce modèle d’affaires puisse être tout aussi
valable que celui des consortiums. Cela étant,
travailler à l’international exige de s’adapter. Une
entreprise doit être bien structurée et solide sur le
plan financier. D’autres pays ne cultivent pas les
mêmes coutumes et façons de faire. En ce sens, le
retour sur l’investissement peut être long à venir.
Il faut également savoir que les fusions et acquisitions peuvent être le fait, parfois, d’un manque
de relève pour certains associés », signale Sylvie
Perrault.
Les dirigeants du bureau Jodoin Lamarre
Pratte architectes se sont justement posé la question, à un certain moment, à savoir s’il y avait
un avantage, pour eux, de fusionner ou d’être
acquis par d’autres joueurs. « Les trois fondateurs
de notre firme ne sont plus là; néanmoins, elle a
été bâtie sur la continuité. On n’a pas eu à se dire
qu’il fallait fermer à défaut d’avoir une relève, ce
qui signifiait de se faire acheter », confie Michel
Broz, coassocié principal. M. Broz fut, notamment, chargé de la planification fonctionnelle
pour l’Institute of Integrated Medical Sciences
and Holistic Therapies, à New Delhi, en Inde. Ce
projet a été réalisé entre 2004 et 2007 au coût de
250 millions $.
Ce cabinet, qui embauche environ 80 professionnels, jouit d’une grande stabilité depuis
1958. Le carnet de commandes y est bien rempli, spécialement dans le domaine institutionnel
(ex. : hôpitaux, aéroports et projets culturels). Les
patrons de la boîte sont impliqués dans chacun
des projets, ce que la clientèle apprécie énormément. « Ma crainte serait de perdre ce contact
direct et cette motivation, si nous formions une
très grande entreprise », lance pour sa part Nicolas Ranger, également coassocié principal chez
Jodoin Lamarre Pratte architectes. « Les fusions et
acquisitions représentent un autre modèle d’af-
TE S
EC
Un autre son de cloche
Les fusions et acquisitions sont une chose,
mais les nuances qu’il faut y apporter en sont une
autre. Le magazine de l’Ordre des architectes
du Québec (OAQ), Esquisses, a publié en 2012
un article sur cette question. Intitulé « Fusions
et acquisitions. Mariage de convenance », son
auteure prévient, d’emblée, que cette tendance
« n’en est peut-être pas une ». En fait, les chiffres
qui sont rapportés dans le texte donnent matière
à réflexion. L’Association des architectes en
pratique privée du Québec (AAPPQ) y affirmait qu’entre 2000 et 2012, le recrutement de
jeunes firmes n’a cessé d’augmenter, passant de
faires, lequel suppose une gestion d’entreprise
complètement différente. Les grandes organisations peuvent être plus lourdes, ce qui pourrait
conduire à une hiérarchisation et à un corporatisme exacerbés », affirme Michel Broz. Si les
besoins en expertises plus pointues se font sentir,
cette firme optera pour la création de consortiums.
Tout comme le pense Nathalie Dion, l’ex-président de l’OAQ, André Bourassa, estime qu’il
n’est pas toujours nécessaire d’être gros pour tirer
son épingle du jeu. Copropriétaire d’un bureau
dans la région de Victoriaville et d’un second à
Trois-Rivières (Bourassa Maillé Architectes), il
pense même que cela peut nuire à une entreprise,
selon ce que certains collègues lui ont raconté.
« Dans le passé, on a vu des firmes d’ingénieurs
peiner à assumer des petits projets, en raison
d’une structure administrative devenue trop
lourde. Ces projets n’étaient pas rentables pour
elles, ne leur apportaient rien en termes de prestige et les empêchaient d’innover », note André
Bourassa. De même, certains grands bureaux
d’architecture québécois ont vécu une pression
administrative énorme, après avoir fait l’objet
d’une fusion ou d’une acquisition. Ils sont devenus des machines à produire afin d’être rentables.
Le plaisir de travailler s’était avili. »
A R CH
I
T
D’
sibles. » La complexification des procédés est un
autre facteur à considérer dans les changements
qui s’opèrent, et auxquels il faut répondre rapidement. L’une des façons d’y parvenir consiste à
créer des équipes pluridisciplinaires. « Mais encore faut-il éveiller les consciences à ce nouveau
contexte de travail en entreprise, afin que nos collaborateurs puissent s’y adapter et y adhérer », de
dire Michel Dubuc.
Également portée vers les nouveaux défis et
un désir d’expansion, Ædifica a elle aussi procédé à des fusions depuis ses débuts, en 1979. Il y
a quinze ans, elle intégrait à son entreprise l’exfirme d’architecture TPL. Ædifica compte également dans ses rangs un bureau d’ingénierie américain en électromécanique, qui s’est joint à elle
en 2000. Celui-ci a intégré son expertise en génie
aux activités montréalaises d’Ædifica, laquelle a
aussi pu asseoir sa présence aux États-Unis, où
elle brasse des affaires. Une quatrième firme (Innova Design) spécialisée en aménagements intérieurs, plus particulièrement ceux relatifs aux espaces de travail, a fusionné avec Ædifica en 2009.
Et pas plus tard qu’en 2013, l’équipe montréalaise
du bureau ABCP s’y est greffée. Cette démarche a
permis à Ædifica d’accéder à de nouveaux marchés, ainsi que d’approfondir son expertise dans
le secteur hospitalier. Si bien que cette firme réunit, actuellement, quelque 150 professionnels
autour d’une « offre de services intégrés », sans
compter 35 ingénieurs qui travaillent aux ÉtatsUnis.
Chez Ædifica, les architectes, designers, ingénieurs, gestionnaires de projets et spécialistes en
communication travaillent en « solidarité ». « De
cette façon, on réunit beaucoup plus facilement
les acteurs d’un projet autour d’une même table,
en devenant les gestionnaires des talents en place.
Sur le plan contractuel, cette façon de faire simplifie les rapports avec la clientèle et génère de la
valeur pour chaque projet, particulièrement dans
une perspective axée sur le développement durable », explique Guy Favreau, architecte associé
chez Ædifica.
ENVELOPPES DE BÂTIMENT HAUTE
PERFORMANCE EN BÉTON PRÉFABRIQUÉ
Le béton préfabriqué a été utilisé depuis de nombreuses décennies
avec succès afin de fournir des enveloppes de bâtiment durables.
Avec les exigences de performance thermique, de contrôle des
fuites d’air et de pénétration de la pluie augmentant dans les
bâtiments modernes, le béton préfabriqué offre des enveloppes
de bâtiment à faible entretien, durables et dotées d’une longue
vie. Les murs d’enceinte en béton préfabriqué se démarquent de
la plupart des murs « pare-pluie » à plusieurs égards essentiels :
comment ils contrôlent la pénétration de la pluie, la façon don
ils fournissent l’étanchéité à l’air, ainsi que par leur séquence
de construction.
La « walmartisation » des services
Il est donc souhaitable que des bureaux d’architectes de petites, moyennes et grandes tailles
coexistent, car l’envergure des mandats à réaliser peut varier. Cela vaut pour le Québec et le
reste du monde. Sylvie Perrault cite en exemple
la firme d’architecture Saucier + Perrotte Architectes, dont l’équipe est constitué de 19 personnes, ce qui ne l’empêche pas de rayonner localement et à l’international. En d’autres termes, il
faudra éviter une « walmartisation » des services
et maintenir l’architecture régionale de proximité, pense André Bourassa. « Il serait intéressant
de créer un réseau d’architectes, à travers la province, qui offrirait un complément d’expertise
en dehors des grands centres comme Montréal »,
image-t-il. Chaque bureau maintiendrait son indépendance, mais au besoin, une firme pourrait
mettre ses connaissances spécifiques en commun
avec d’autres, afin d’assumer des projets de plus
grande envergure.
À une époque où les occasions d’affaires en
architecture se multiplient au-delà de nos frontières, la tentation est grande d’aller voir ce qui se
passe ailleurs. Toutefois, il faut avoir un tempérament d’entrepreneur pour réussir ce pari. « Nonobstant le modèle d’affaires choisi, il importe,
au final, que la profession continue d’innover
et soit à la hauteur des attentes », conclut André
Bourassa.
ALBERTA CHAPTER
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exemplaire gratuit exemplaire gratuit du guide High Performing
Precast Concrete Building Enclosures – Rain Control.
formes
-
v10 n4 - 2014
Hilton de l’aéroport Logan, Boston, MA
Architecte : Cambridge Seven Associates
18
Rédigé par : John Straube, Ph.D., ing. Building Science Corporation
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Tél : 877.937.2724
Paramètres LA NOUVELLE CARTE DE VISITE POUR LES DESIGNERS INDUSTRIELS,
BÂTIE PAR SA COMMUNAUTÉ. UNE INITIATIVE DE L’ASSOCIATION DES
DESIGNERS INDUSTRIELS DU QUÉBEC (ADIQ) QUI PROMET.
formes
20
UNE FACTURE VISUELLE COHÉRENTE
AVEC LA LIGNE ÉDITORIALE
D
par les études
de cas qui sont
extrêmement diversifiées.
On touche à différents univers »,
mentionne Claude Paquin, un éditeur
particulièrement sensibilisé à la promotion
d’une vision pluridisciplinaire des professions du
design.
Se doter d’une parution est un pas de plus
dans la bonne direction, encore faut-il qu’elle
soit lue. Elle sera présente dans certains salons
professionnels ciblés. Selon Mario Gagnon, avoir
en main un objet à remettre ou à laisser derrière
sera certainement un bon déclencheur de dialogue. L’avantage, mais aussi le but de faire une
publication annuelle, c’est que celle-ci devienne
un outil de référence pour les lecteurs, qui pourront la consulter tout au long de l’année. Cet
outil de référence provient de la section Guide,
en tête-bêche de la section Articles et à l’intérieur
de laquelle on trouvera entre autres un répertoire
des membres de l’ADIQ. Paramètres vise aussi à
être distribuée dans les centres locaux de développement (CLD) pour amorcer ce dialogue avec
les entrepreneurs et les sensibiliser aux avantages
de la pratique.
Le projet servira assurément la cause des designers industriels et de leur association dans un
avenir rapproché. Le travail colossal accompli
par les designers bénévoles des différents comités
aura été rassembleur et aura permis à la publication d’exister. Au fil des ans, l’équipe s’efforcera de trouver les projets démontrant qu’on fait
ici du design industriel de façon stratégique et
conséquente. Cela permettra de positionner la
profession comme un des vecteurs générateurs
d’innovation et de retombées pour les entreprises
d’ici. Selon Louis Drouin, les entreprises doivent
prendre des dispositions pour accomplir cet
idéal : « Paramètres est l’outil de référence pour
les éclairer sur les dispositions à prendre. »
éfinir le langage esthétique de Paramètres était
fondamental dans l’exercice du développement de la publication. L’étude de positionnement,
en amont, a amené un échantillonnage exhaustif
de magazines qui devaient avoir comme thème le
design, les affaires ou l’innovation. Ceci dans le but
de se définir par rapport aux publications existantes,
mais surtout pour donner à la direction artistique
des références visuelles et des modèles où les interventions graphiques sont justes.
La facture recherchée devait être en symbiose avec
le ton pragmatique du contenu. Selon Paul Pinard,
codirecteur artistique de Paramètres, la durabilité, la
fonctionnalité et une esthétique qui survivrait bien,
constituaient les lignes directrices de l’annuel. Une
utilisation substantielle d’informations sous forme
d’illustrations et des exergues pour mettre en relief
certains passages donnent à l’ouvrage un caractère
unique qui se veut agréable à consulter. Grâce à son
expertise, Gauthier Designers a été retenue pour
matérialiser les intentions de l’équipe. Une intervention importante de la firme est d’avoir proposé des
couvertures en tête-bêche, fonctionnalité qui permet
d’accéder à la publication d’un côté pour plonger
dans les articles de fond et, de l’autre, dans la section
guide, pour trouver de l’information utile et accéder
au répertoire. Deux façons d’entrer en contact avec le
design industriel québécois.
v10 n4 - 2014
v10 n4 - 2014
E
n lançant Paramètres, l’ADIQ (Association des designers industriels du Québec) franchit une autre étape pour attirer
l’attention des entrepreneurs. La publication annuelle traitera évidemment de design
industriel, mais surtout de son potentiel comme
vecteur d’innovation et de créativité pour générer des retombées économiques en entreprise. Le
lancement s’est déroulé le 21 octobre à Montréal
lors du salon Développement de produits + innovation, une série de conférences organisées par
Événements Les Affaires.
Le thème de la première édition expose les
perspectives du design industriel au Québec. Il
sert à « mettre la table » pour aborder les entreprises, comme aime le rappeler Mario Gagnon,
président de l’ADIQ. Il faudra d’abord démystifier la pratique : « Il faut encore rappeler ce que
l’on fait, même après trente-cinq ans de pratique.
(…) Le design industriel au Québec a évolué
pour en arriver à la grande qualité professionnelle
d’aujourd’hui. On était rendu là [publication
dédiée] », poursuit M. Gagnon. C’est en voulant
remédier à la situation, mais aussi pour financer
les activités de l’ADIQ, que Mario Gagnon a eu
l’idée de créer Paramètres. « Le bilan financier de
l’Association des architectes en pratique privée
démontrait que sa publication générait des revenus. On voyait là une bonne inspiration », souligne-t-il.
Le processus créatif d’une revue étant nouveau
pour l’ADIQ, un comité d’orientation a mandaté
deux designers bénévoles et enthousiastes, Louis
Drouin et Paul Pinard, pour élaborer une étude
sur le positionnement d’une publication. Elle
a servi de référence pour établir et construire
l’identité de marque de Paramètres : sa facture visuelle, son axe de communication et son lectorat.
« La publication doit cibler les donneurs d’ordres
pour les convaincre des bénéfices des pratiques
du design industriel (…) C’est cette prémisse
qui est le point de départ. La définition du cahier
de charge qui s’ensuit a défini concrètement ce
que serait le produit en termes de fond. Pour la
signature graphique et la recherche du nom de la
publication, on a ensuite travaillé avec les gens de
Gauthier Designers », soutient Louis Drouin.
La publication se définit autour
d’un axe éditorial et d’un axe artistique. Rapidement, la rédaction s’est
tournée vers l’expérience pour remplir
le mandat. Claude Paquin, éditeur de
FORMES, et Louis Drouin, ancien rédacteur
en chef de Poiesis (magazine des étudiants en
design industriel de l’Université de Montréal),
reprennent le même rôle au sein de Paramètres.
Des journalistes qui collaborent fréquemment
au journal Les Affaires ont été choisis pour leur
aisance à traiter des sujets économiques. Antoine
Dubois et Paul Pinard, codirecteurs artistiques,
ont étroitement collaboré à l’image de marque
élaborée par Gauthier Designers (voir encadré),
une agence intégrée, spécialisée en design graphique. Ces partenaires et collaborateurs ont
été sélectionnés dans le but d’asseoir la crédibilité de la parution et d’optimiser ses chances de
rejoindre son lectorat.
Paramètres se différencie des revues de design
habituelles par son ton pragmatique. Dans le but
de retenir l’attention des entrepreneurs, les projets de design étudiés y seront abordés selon un
angle valorisant leurs retombées économiques.
Un comité éditorial a bâti un cahier de charge
définissant les sujets intéressants. Un appel de
projets a ensuite été lancé aux designers industriels du Québec pour trouver les projets les plus
concluants. « On ne voulait surtout pas adopter
la posture d’un magazine qui traite de projets
exploratoires avec une identité très forte, mais
qui ne sont pas connectés avec le marché. On
cherchait des projets avec un contenu qui supporte des besoins, une industrie, des impératifs
et des retombées économiques intéressantes, soit
les challenges typiques des designers industriels.
Pour montrer aux gens d’affaires que le produit
n’est pas le résultat d’une action magique, mais
qu’il y a une prise de position stratégique à adopter pour que l’efficacité en recherche et développement puisse porter ses fruits », précise Louis
Drouin.
La ligne éditoriale met de l’avant l’axe des retombées économiques donc, tout en soulignant le
paysage industriel québécois : une forte présence
de petites et moyennes entreprises et une grande
hétérogénéité des industries. « L’annuel démontre
les différentes applications du design industriel
-
Thierry Petelle
formes
réalisations
DÉCLENCHEUR DE DIALOGUE
21
OR
LES HOLCIM AWARDS 2014 formes
22
« People » Standards éthiques, équité et
responsabilité sociale
« Planet » Ressources naturelles et performance environnementale
pour toute la durée du cycle
de vie
« Prosperity » Faisabilité et compatibilité
économique au regard des
exigences et des contraintes
du projet
« Place » Impact architectural et
esthétique
Présent à l’événement, Bernard Fontana,
chef de la direction de Holcim ltée et président du conseil d’administration de la Holcim Foundation, a rappelé que le secteur de
la construction consomme à lui seul, pour la
durée d’un cycle de vie, 40 % de toute l’énergie
primaire produite mondialement.
« Tout ce que nous construisons aujourd’hui
façonne la manière dont nous vivrons demain.
C’est pourquoi, en tant que premier fournisseur de matériaux de construction dans plus
de 70 pays à travers le monde, Holcim partage
la responsabilité de l’avenir de notre planète et
1
En juillet 2014, l’Evergreen Brick Works s’est vu décerner l’accréditation LEED Platine pour l’achèvement de
la construction de son dernier bâtiment, le « Centre for Green Cities ». C’est la toute première fois en Amérique
du Nord que cette reconnaissance est accordée à un centre communautaire dont le développement est basé sur
la décontamination et la requalification écoresponsable d’installations industrielles patrimoniales.
2
Bernard Fontana, « Thinking about the future is a part of our DNA », Conférence prononcée à l’occasion des
Holcim Awards, Toronto, 18 septembre 2014 (traduction libre).
3
Source : Id., Idem, (traduction libre).
On peut se procurer gratuitement la version numérique du livre, ou
la version imprimée au coût de 15 $.
Information à www.holcimfoundation.org/canada.
L’Argent pour une infrastructure de protection
urbaine contre les inondations
Poreform, une surface hydroabsorbante et un
bassin souterrain de récupération de l’eau de
pluie qui permettent à Las Vegas de profiter de
plus de 75 000 mégalitres (20 milliards de gallons)
d’eau supplémentaires, a décroché le grand
prix. Ce système se compose d’une surface de
béton drainant alvéolé de drains d’évacuation,
d’une fondation, d’un bassin de captation et de
plusieurs réservoirs capable d’absorber l’eau
de ruissellement rapidement dans le but de
prévenir les inondations. L’eau est acheminée
dans les réservoirs souterrains, dans l’attente
d’être réutilisée. Ses conceptrices, Amy Mielke et
Caitlin Taylor de Water Pore Partnership (New
York), repositionnent l’infrastructure hydraulique
à l’échelle municipale. Le jury a vu cette
infrastructure comme une initiative architecturale
d’intérêt public, trouvant un juste équilibre entre
impératifs sociaux et esthétiques. Ce projet
propose une excellente solution au problème
général de pénurie d’eau, proposition simple mais
néanmoins efficace liée à un enjeu mondial.
Le projet BIG U, qui s’attaque à la vulnérabilité
de New York aux inondations côtières au moyen
d’une berge soulevée et d’une série d’espaces
publics au bord de l’eau, a remporté le prix
Argent. Cette barrière longue de 13 km (8 milles),
capable de résister à des tempêtes de la force de
l’ouragan Sandy, a été conçue par un consortium
dirigé par les architectes Bjarke Ingels et KaiUwe Bergmann de BIG (Bjarke Ingels Group,
Danemark/New York). BIG U est une approche
de développement polyvalente qui tient compte
des besoins de la population environnante. Ici,
la réalisation – en plus de relever les berges –
permet d’accéder à pied aux espaces de loisirs
tout en accroissant les espaces verts. Le jury a
été sensible à la volonté du projet de concilier
une infrastructure solide et les besoins de la
collectivité.
Le Bronze pour une structure compostable
zéro carbone : une innovation
biotechnologique prodigieuse
C’est un groupe de tours circulaires construites
de briques réfléchissantes, commandées par
le programme Young Architects du MoMA PS1
et érigées à New York, qui a remporté le prix
Bronze. Cette structure de David Benjamin du
Living Architecture Lab (New York) met à profit
les récentes avancées de la biotechnologie et
des techniques informatiques et d’ingénierie
de pointe pour créer un nouveau matériau de
construction presque entièrement compostable
et cultivé biologiquement. Le potentiel
architectural est infini. Le jury a salué l’ingéniosité
du projet, tant pour sa quête de matériaux de
construction novateurs que pour son potentiel
architectural grâce aux briques biologiques, faites
d’un mélange de tiges de maïs et d’organismes
fongiques.
v10 n4 - 2014
Lancé lors de la cérémonie de remise des prix à Toronto, un nouveau
livre publié par la Fondation Holcim se penche sur des projets
progressistes et influents de l’architecte montréalais Daniel Pearl et
de son équipe de l’ŒUF. Relatant une nouvelle façon de construire
et de concevoir les communautés, notamment par la mise en œuvre
de technologies vertes, l’ouvrage s’intéresse au redéveloppement
du site Benny Farm, le tout premier gagnant en 2006 du prix Bronze
des Holcim Awards internationaux. Le livre porte également
un regard sur deux immeubles à logements communautaires
et abordables de l’arrondissement Rosement–La Petite-Patrie à
Montréal, le Coteau vert et Un toit pour tous, érigés à proximité de la
station de métro Rosemont, ainsi que sur le projet de la Coopérative
de solidarité Bois Ellen à Ville de Laval, un complexe conçu pour
les familles et les personnes âgées. Toutes ces initiatives innovent
en matière d’enveloppe du bâtiment, d’efficacité énergétique, de
confort thermique et de qualité de l’air intérieur, des caractéristiques
qui se retrouvent rarement avec autant de profondeur et
d’envergure dans des projets de logements abordables.
L’Or pour un projet d’atténuation des
inondations et d’approvisionnement en eau
-
-
v10 n4 - 2014
Logement social et vert
Les leçons tirées du secteur
Benny Farm à Montréal
« Progress » Innovation et transférabilité du
projet à d’autres applications
de la société […] L’industrie des matériaux de
construction a un impact à long terme. Nous
construisons des structures qui sont utilisées
par de nombreuses générations, nous négocions des permis d’exploitation minière et
collaborons à la réalisation de plans architecturaux qui servent les marchés pour des décennies. Donc, penser à l’avenir est une partie
de notre ADN. Nous voyons la nécessité d’agir
avec dévouement, ce qui se traduit non seulement par le fait de parler de durabilité, mais de
poursuivre une action significative2. »
Holcim ltée arrive au premier rang mondial
comme producteur de ciment et d’agrégats,
de béton et d’asphalte et dans la prestation de
services reliés à cette industrie. En 2003, soutenue par les sociétés de son groupe établies
dans plus de 70 pays, l’entreprise a fondé la
Holcim Foundation afin de promouvoir de
façon active et significative le développement
durable en construction. À travers ses activités
– forum, publications, concours – l’organisme
agit auprès des professionnels et du public en
général et n’a de cesse d’attirer de nouveaux
partenaires grâce, entre autres, à la nature
prestigieuse des Holcim Awards for Sustainable Construction. En promouvant l’avancement et l’interrelation des connaissances, l’innovation technique, l’excellence architecturale
et l’amélioration de la qualité de vie, de même
qu’en soutenant les initiatives qui renforcent
de telles approches, la Holcim Foundation
démontre fièrement depuis dix ans son engagement en matière de développement durable
en construction3.
formes
D
es briques sans poids, compostables et cultivées biologiquement;
des pores anti-inondation, « véritables peaux urbaines », avec leurs
bassins souterrains d’une capacité de 20 milliards de gallons d’eau; une infrastructure de
protection contre les inondations urbaines
côtières, résistant aux pires ouragans : ce sont
là quelques-uns des projets gagnants dévoilés à Toronto le 18 septembre dernier dans le
cadre de la compétition Holcim Awards 2014,
région Amérique du Nord.
La cérémonie de remise des prix avait lieu
à l’Evergreen Brick Works de Toronto, un
endroit de grande prédilection pour la tenue
d’un événement visant à récompenser l’interdisciplinarité, la créativité et l’efficience en
matière de construction durable. La reconversion de ce site industriel de fabrication de
briques désaffecté, en centre communautaire
d’éducation, d’exposition et de services entièrement dévolu à la promotion du développement durable, en fait d’ailleurs l’une des destinations les plus prisées de la grande région
de Toronto1.
Treize lauréats ont littéralement ébloui
par le degré d’innovation et d’écoefficacité de
leurs projets. Ils ont tour à tour défilé sur la
scène pour recevoir leurs prix, devant un auditoire déjà sensible aux valeurs de la Holcim
Foundation dont l’engagement à promouvoir
le développement durable en construction est
mondialement reconnu. Praticiens d’expérience, jeunes professionnels et étudiants se
sont partagé des bourses dans trois catégories : 180 000 $ US pour la « Catégorie principale », dont les projets « Or », « Argent »
et « Bronze » se qualifient automatiquement
pour la finale internationale des Global Holcim Awards 2015; 80 000 $ US répartis en
quatre prix dans la catégorie « Acknowledge-
ment »; et enfin, 70 000 $ visant à récompenser
six candidats au talent prometteur.
La sélection des projets a été réalisée par un
jury indépendant constitué d’experts internationaux de tous horizons, en fonction de cinq
critères :
ARGENT
Marie Dallaire
BRONZE
réalisations
PROJETS ET ENJEUX ENVIRONNEMENTAUX
23
Quelques données
Travaux de modernisation Investissement de 305 millions $
Annonce du projet : 23 mars 2009
Début de la construction : 19 novembre 2009
Ouverture au public : 28 novembre 2013
réalisations
Maîtres d’œuvre
Gestionnaire du projet :
Casiloc inc., filiale de Loto-Québec
Architecture :
Menkès Shooner Dagenais LeTourneux
Architectes (MSDL)
et Provencher_Roy (PRA) en consortium
Génie mécanique/électrique :
Tecknica HBA / Bouthilliettte Parizeau
et associés (BPA)
Génie structural/civil :
Pasquin St-Jean et associés
Gérance des travaux de construction :
Pomerleau inc.
Données architecturales
Superficie totale brute du complexe (excluant les
stationnements intérieurs) : 665 177 pi2
Capacité d’occupation : 11 000 personnes (excluant
la salle de spectacle dont la réouverture est prévue
pour 2015)
Le Casino de Montréal c’est…
3 100 machines à sous
113 tables de jeu et appareils de jeu électronique
18 tables de Poker Texas Hold’em
4 bars
4 restaurants
CASINO DE MONTRÉAL
UN RENOUVEAU QUI PASSAIT PAR LA R ET D
sur le plan esthétique. Les panneaux muraux qui
s’y trouvent sont en pierre facilement lavables.
Les préposés à l’entretien ménager n’en diraient
que du bien, affirme-t-on, car procéder au nettoyage des lieux peut se faire en utilisant de la
vapeur d’eau. Cette configuration plaît aussi
aux préposés à la sécurité, car toutes les aires y
sont ouvertes, incluant celles des toilettes individuelles pour lesquelles des chicanes font office
de portes. Quant aux miroirs, leur partie inférieure diffuse des images vidéo en permanence.
Les plafonds du Casino, qui sont constitués
de lamelles en bois verticales ou horizontales,
se trouvent aux étages du roi et de la dame.
Repérables d’un simple coup d’œil, ces lamelles
s’intègrent au décor en tant qu’éléments de
signalisation identifiés à des aires de jeu. Les
lamelles horizontales indiquent la zone réservée
aux machines à sous, tandis que les verticales
sont associées aux tables de jeu. Le Casino de
Charlevoix s’est lui aussi invité dans l’imaginaire
des concepteurs. « Nous sommes allés y voir
les nouvelles installations multimédias, ce qui
nous a aidés à comprendre ce que le service du
marketing voulait faire à Montréal », d’expliquer
Eugenio Carelli.
Si le nouveau Casino de Montréal n’est pas le
plus grand du monde, il se distingue néanmoins
par une création digne d’un enchevêtrement
d’idées, lequel a conduit à une finalité d’une
grande magnificence. Il n’en fallait pas plus pour
lui donner une personnalité unique, et en faire
un endroit où le jeu redevient ludique, divertissant et imagé. À n’en point douter, cette enceinte
réservée au divertissement a de quoi faire des
envieux.
L’une des priorités visait à ramener le Casino à une
seule entrée, lui qui en comptait naguère trois. On
voulait ainsi en rendre l’accès beaucoup plus simple.
Et pour que cette entrée soit digne de l’un des établissements phares du Québec, celle-ci devait être
magistrale. Vêtue de murs-rideaux et d’un éperon
orienté vers le ciel, elle s’harmonise au langage
particulier de cet ancien pavillon de la France de
l’Expo 67, devenu ensuite le vaisseau amiral des
casinos québécois.
Photo : Stéphane Groleau
À l’intérieur de l’établissement, des concepts originaux ont été déployés sur les cinq étages, au moyen
d’un amalgame regroupant des matériaux tels le
verre, le bois et l’acier ainsi que des coloris tantôt
conservateurs, tantôt éclatés, mais toujours de
circonstance. À titre d’exemple, le troisième niveau
consacré au roi de pique est dominé par le bleu. Qualifié « d’unique au monde » – rares sont les casinos
qui comptent plus d’un étage –, il a donc fallu créer
une suite logique entre eux : le premier est identifié
au valet de carreau (or), tandis que les deuxième et
quatrième symbolisent respectivement la dame de
coeur (rouge) et le joker (cuivre). Quant aux restaurants, ils ont tous été relocalisés au cinquième étage.
Le nouveau hub central constitue un autre élément
vital des nouvelles configurations. Véritable catalyseur du but recherché en matière de conception,
il permet une redistribution fluide des espaces, en
raison de son réaménagement qui sépare clairement les escaliers des ascenseurs. Les circulations
intérieures sont ainsi beaucoup plus conviviales.
Pour tout dire, on a dégagé les espaces intérieurs
en les articulant autour d’un cœur circulaire, où
se concentrent les bars et les lounges. Quant aux
aires de jeu, elles gravitent autour de cette colonne
vertébrale que constitue le hub. On remarque également dans ce cœur circulaire le mur multimédia (la
colonne de haut en bas à droite de la photo). Sans
contredit, l’une des attractions par excellence des
lieux, il s’inscrit dans un exercice de créativité intense
qui est allé très loin. La « perception traditionnelle
des fonctionnalités de l’espace » s’en est trouvée modifiée. En somme, tous les murs de cet établissement
sont devenus « signalétiques, éclairage d’ambiance
et supports d’identité visuelle », résumait un communiqué de presse publié il y a quelques mois.
Photos : Marc Cramer
v10 n4 - 2014
v10 n4 - 2014
formes
24
R et D et innovation
Démarche ambitieuse et plutôt rare dans
un projet de ce genre, cette initiative est née
de rencontres d’avant-projet avec l’équipe des
opérations marketing, hautes mises et service
à la clientèle du Casino de Montréal, en 2009.
« Pendant ces réunions préliminaires, on nous a
clairement expliqué la nouvelle vision de l’établissement en matière d’image de marque »,
souligne Yves Dagenais, cofondateur de MSDL,
chargé de projet et l’un des architectes à avoir
créé le concept. La nouvelle recette préconisée
devait donner l’exemple aux autres casinos de
la province, qui allaient emboîter le pas dans la
même direction.
Se mettre au travail
Pour s’assurer de ne pas rater le coche, un
véritable « laboratoire de créativité » axé sur
« l’expérimentation » a été mis sur pied. Des
réunions consacrées à la R et D ont eu lieu tous
les jeudis après-midi pendant un an. Elles pouvaient durer jusque tard le soir. « On en profitait
pour créer des diversions. Un jour, nous sommes
allés acheter des jouets dans un magasin à un
dollar. Placés au centre de la table, ils suscitaient
différentes réactions de la part des participants »,
se rappelle Yves Dagenais. Ces moments ludiques
avaient pour but de créer un « brassage d’idées »,
afin de stimuler l’imaginaire des architectes et
des designers engagés dans ce projet, dont JeanPierre LeTourneux et Claude Provencher ont
été les principaux concepteurs.
Nombreuses sont les idées qui ont pu émerger grâce à ces brainstormings, pour ensuite être
approfondies en R et D. « À titre d’exemple, des
prototypes de matériaux ont été créés, en collaboration avec des fabricants et des fournisseurs
québécois et canadiens », explique pour sa part
Eugenio Carelli, associé chez Provencher_Roy,
qui a travaillé en osmose avec l’équipe de design
dans ce réaménagement majeur. Ces matériaux
ont ensuite été testés, question de savoir comment ils pouvaient être utilisés et dans quelles
conditions. Les casinos de Las Vegas se sont
aussi avérés une source d’inspiration intarissable. « Après les avoir visités de fond en comble
pendant trois jours et demi, nous avons par la
suite assisté à une véritable explosion créative »,
d’avouer Yves Dagenais et Eugenio Carelli.
Cette explosion a permis un décloisonnement
de la pensée, en quelque sorte, qui a conduit à
plusieurs décisions sensées, comme l’utilisation
de la couleur blanche sur les murs, afin d’y projeter des images colorés aux moments opportuns. Le noir n’aurait pas permis de le faire.
Autre idée originale empruntée de Vegas : l’installation de tapis comportant des segments carrés qui peuvent être soulevés, mais que l’on ne
voit pas quand ils sont à plat. Tous les planchers
surélevés du Casino de Montréal arborent des
tapis de ce genre. Les caméras de sécurité sont
tout aussi discrètes. Dissimulées parmi les différents luminaires et motifs accrochés aux plafonds, il est impossible d’en détecter la présence.
Et que dire des nouvelles installations sanitaires
du Casino qui, elles, ne passent pas inaperçues.
Conçues et construites avec des matériaux très
solides, elles n’en sont pas moins remarquables
-
E
ntreprise de rénovation colossale qui
s’est échelonnée sur les cinq dernières
années, le réaménagement en profondeur du Casino de Montréal a exigé
du doigté, beaucoup d’intuition et a impliqué
des décisions judicieuses sur le plan architectural. L’objectif avoué de ce mégaprojet visait à
rendre les déplacements intérieurs et extérieurs
logiques, à améliorer les espaces consacrés au
jeu, aux volets détente et restauration ainsi qu’à
insuffler aux différents aménagements une unité
thématique. Au cœur des efforts consentis pour
répondre à des attentes très élevées, le consortium constitué des firmes d’architecture Menkès
Shooner Dagenais LeTourneux Architectes
(MSDL) et Provencher_Roy a misé plusieurs
billes dans la recherche et le développement (R
et D).
Loto-Québec a préalablement mené plusieurs
consultations auprès d’usagers du Casino, question d’établir les critères qui mettraient la table
à la création d’environnements de qualité, pour
ainsi combler les goûts d’une clientèle variée.
Celle-ci change passablement selon l’heure du
jour et de la nuit. Avant seize heures, les visiteurs
sont des retraités pour la plupart. Ils viennent
au Casino pour se détendre et se divertir. Par la
suite, les joueurs plus jeunes entrent en scène.
« C’est là que se trouvait le défi : comment
allions-nous créer un environnement axé sur le
jeu qui allait plaire à tout le monde, sans avoir
à y changer les décors en fonction des groupes
d’âge? » confiait récemment Yves Dagenais. Pour
y parvenir, il a fallu élaborer diverses déclinaisons et imageries sur l’ensemble des étages, et
harmoniser le tout afin d’interpeller un vaste
spectre d’individus.
formes
François G. Cellier
25
Q U É B É C O I S E
Marie Dallaire
Pierre Lahoud
-
formes
26
Le Gardien de pierre est le résultat de l’érosion hivernale sur les formations de grès, de schistes
et de roches sédimentaires, érosion qui a sculpté au fil des millénaires un visage humain solidement campé dans la paroi rocheuse de l’île aux Pommes, qui fait face à la mer.
v10 n4 - 2014
D
onnons à Jean-Claude Poitras ce qui lui revient. C’est en effet de
lui que nous est venue l’idée de traiter de l’empreinte québécoise.
Ce créateur visionnaire cherche l’inspiration aux quatre coins du
monde auprès de ceux qui savent bousculer les idées reçues et initier les grands bouleversements. Dans son désir affirmé de jeter les assises d’un
design québécois distinctif, il laisse des traces partout où il passe. Vue de loin, à
quoi ressemble notre signature? Quelles en sont les composantes? Quelle image
de nous voulons-nous projeter?
En design, Jean-Claude Poitras nous a proposé de suivre la piste d’un tout
nouveau Référentiel d’écoconception du meuble québécois. Destiné à favoriser
le rayonnement de cette industrie, on découvre que les critères de matériaux,
de conception et d’esthétisme mis de l’avant dans cet outil réveillent notre sensibilité à la grande nature. Côté architecture, l’exposition rétrospective sur le
corpus de l’architecte Pierre Thibault a retenu notre attention. Ici encore, la
mise en valeur de ses « maisons paysage » toutes de verre et de bois vêtues fait
ressentir une sorte de parenté, comme si les paysages et le rythme des saisons
appuyaient sur nos cordes sensibles. Appel de la nature? Retour aux sources?
Revitalisation de la tradition? La récurrence de ces traits a tôt fait d’orienter nos
recherches. Fruit du hasard, le Festival international de jardins à Métis ainsi
que le microcosme de l’île aux Pommes mis à l’honneur au congrès de l’Ordre
des urbanistes du Québec (OUQ) nous ont fourni des terreaux d’analyse fertiles en ce sens.
Réunis à Baie-Saint-Paul, au cœur de paysages pittoresques où le fleuve est
un élément de centralité, d’émerveillement et de contemplation, les participants au congrès de l’Ordre ont pu survoler en image le Saint-Laurent grâce
à la projection d’une iconographie à portée emblématique, supportée par un
commentaire inspiré du génie du lieu. « Un fleuve fondateur, dira Henri Dorion, identitaire à plusieurs niveaux, un fleuve de villes et de civilisation, la ligne
de vie d’un demi-continent, une puissance fragile, un don de la nature exigeant
qui inspire un émerveillement responsable [et qui] ne pardonnerait pas qu’on
ne respecte pas son intégrité. » De tels propos ont sans doute pour effet de rallier les esprits au sujet des rapports homme-nature. Ils ont été pour nous une
grande source d’inspiration.
Malgré la diversité des contextes abordés ici, un fait demeure : nature, histoire, pérennité, créativité sont des constantes évoquées à travers tout le dossier, qui agissent comme des ressorts appuyant sur nos cordes sensibles. Ces
marques confèrent à toute œuvre une valeur ajoutée, pour peu qu’on les marie
à un design innovant, une architecture contemporaine, un jardin ou une île
laboratoire.
Ce dossier s’est développé sur cinq mois. De nombreux échanges, rencontres
et événements auxquels nous avons assisté lui ont donné sa couleur. Nous remercions tout particulièrement Jean-Claude Poitras, Pierre Thibault, Alexander Reford, Peter Jacobs, Gaston Déry, Serge Filion qui ont été pour nous des
figures d’inspiration autant que de précieux collaborateurs. Enfin, l’équipe du
congrès de l’OUQ. Sylvain Poirier, du CEFdi, et Sophie Gironnay, de la MAQ,
nous ont accordé leur soutien et nous les en remercions également.
formes
L ’ E M P R E I N T E
v10 n4 - 2014
en couverture
PLUS GRANDE QUE NATURE
27
JEAN-CLAUDE POITRAS
POUR UN DESIGN QUÉBÉCOIS DISTINCTIF
Marie Dallaire
Ils ont saisi qu’il se passait ici quelque chose
d’unique. Un mode de vie, une culture et une
histoire qu’il ne fallait pas oublier.
Pierre Lahoud, historien
Le maintien de l’attractivité du Vieux-Montréal auprès des visiteurs et l’intérêt d’accroître
les retombées touristiques et les effets positifs
sur le développement du Vieux-Montréal font
clairement ressortir l’importance d’en faire une
destination offrant un produit original de calibre
supérieur, axé sur la qualité de l’expérience du
visiteur, quel qu’il soit, dans sa découverte du
quartier et de l’histoire qu’il raconte.
QUELQUES TRACES LAISSÉES ICI ET LÀ,
PAR LE DESIGNER ET IDÉATEUR
JEAN-CLAUDE POITRAS
Je n’ai pas assez répandu autour de moi
l’idée de ce monde auquel je rêve. Il faut
oser créer et croire en sa créativité. JCP
Photo : Pierre Choiniere
Bronze de Charles Le Moyne,
figure du monument à
Maisonneuve, œuvre de
Louis-Philippe Hébert, place
d’Armes, Montréal.
Photo : Jean Gagnon.
Carte tirée de l’ouvrage de
Roger Chartrand, Le VieuxMontréal. Une tout autre
histoire, Septentrion, 2007,
146e de 348 pages
HONNEUR À LA CRÉATIVITÉ D’ICI
Le Vieux-Montréal est une destination touristique à valeur patrimoniale
exceptionnelle. Comme il l’a toujours fait depuis plus de quatre décennies,
Jean-Claude Poitras témoigne brillamment ici de ce qui nous distingue
comme collectivité. Exposés en permanence sous le titre générique De corps
et d’âme, ses tableaux sont accrochés à la sortie de l’ascenseur des cinq étages
de l’hôtel transformé en galerie d’art. Grâce à un guide mobile numérique
ou un simple téléphone intelligent3, le visiteur est plongé dans l’univers à la
fois poétique et pictural de l’artiste, soutenu par des variations du compositeur, François Dompierre, et de la célèbre violoniste, Angèle Dubeau. Cette
immersion dans l’œuvre du designer a de quoi étonner. Elle permet au visiteur de l’hôtel de vivre une expérience authentique d’art visuel, en plus de
lui offrir une perspective inattendue au regard des composantes historiques
environnantes. Valeur ajoutée à la destination, cette réinvention unique
du monde n’est pas sans illustrer le passage du temps, où nos origines se
fondent à une renaissance, où le façonnement de notre identité se poursuit,
pour nous-mêmes et pour les autres, aujourd’hui et pour demain, et où
enfin quartier historique et vie contemporaine ne font plus qu’un.
• Fidèle chroniqueur au journal Le Devoir depuis cinq
ans, il souhaite démocratiser le design sous toutes ses
formes. Son intention : défier l’ordre établi, éveiller les
consciences, susciter la réflexion.
• Communicateur recherché, il ne cesse de se réinventer
à travers des conférences inspirantes et une offre de service
de consultant taillée sur mesure.
Proche des artistes, il n’hésite pas à s’associer à des causes
au profit des jeunes. Le cocktail Osez le rouge au profit de la
maison des jeunes La Symbiose, organisé en mai dernier, est
un bel exemple de ce qu’inspire la présence du designer (voir
<www.cocktailosezlerougedelasymbiose.com>). Conscient
de l’importance de proposer des guides pour accompagner
les jeunes et les rassurer quant à leur avenir, il n’hésite pas à
parler des embûches rencontrées sur son propre parcours.
• Récipiendaire de l’Ordre du Canada en 1995; Chevalier
de l’Ordre national du Québec depuis 1996 et promu
Officier en 2012; gagnant de nombreux prix nationaux et
internationaux, dont le prestigieux Fil d’or à Monte-Carlo
– qu’il est le seul Canadien à avoir remporté; il continue
d’enrichir notre patrimoine culturel actuel de sa vaste
production en arts visuels.
v10 n4 - 2014
v10 n4 - 2014
formes
28
Jean-Claude Poitras devant
ses toiles exposées à l’hôtel
Le Saint-Sulpice à Montréal.
-
M
archands de Montréal parmi les plus riches, associés dans la
traite de fourrures, milicien et interprète en pays iroquois
pour le second, les sieurs Jacques Le Ber et Charles Le Moyne
furent aussi beaux-frères dans la vie. Entre 1660 et 1664, ils
s’établirent au centre de la Ville-Marie naissante sur un grand terrain offert
par Paul de Chomedey de Maisonneuve, à l’angle nord-ouest des rues SaintPaul et Saint-Sulpice, emplacement qui leur servit d’assises familiales et
commerciales. Aujourd’hui, l’occupation de ces concessions ancestrales est
dominée par la présence du luxueux hôtel Le Saint-Sulpice, dont la façade
latérale donne dans la rue Saint-Paul (no 125) et l’entrée principale dans
la rue Saint-Sulpice (no 414). Côtoyant la basilique Notre-Dame, le Vieux
Séminaire, la résidence des pères sulpiciens et la chapelle du Sacré-Cœur, on
peut dire du complexe hôtelier qu’il niche au cœur des plus beaux joyaux
du Vieux-Montréal, baignant dans une histoire et des personnages qui ont
marqué le site1.
À l’ombre du plus ancien jardin entretenu en permanence en Amérique du Nord, et gardé secret par les pères sulpiciens depuis plus de trois
siècles2, une dizaine de tableaux ornent les murs de l’hôtel. Ils sont l’œuvre
du grand designer, Jean-Claude Poitras, qui renaît de lui-même pour nous
faire apprécier sa recherche d’authenticité, dont les tendances actuelles à
une consommation débridée et une recherche de profits étouffante tendent
à nous détourner. L’histoire a engrangé ses pierres. Or, voici des œuvres
contemporaines bien vivantes, qui en font rayonner les traces distinctives
au cœur de ce quartier fondateur.
formes
Plan de protection et de mise en valeur du Vieux-Montréal, Direction de la culture du
patrimoine, Division du patrimoine, Ville de Montréal, octobre 2013, p. 27.
• Après s’être consacré pendant plus de quarante
ans au domaine du design de mode, après avoir créé à
travers le vêtement, les marques distinctives de notre
personnalité et les avoir placées sous les feux des plus
hauts podiums, Jean-Claude Poitras poursuit sa trajectoire
en explorant de nouveaux créneaux. À soixante-cinq
ans, il rêve de mettre en place une plateforme pour
faire de la métropole une vitrine incontournable de la
créativité et du lifestyle à l’échelle internationale, vitrine
aux allures multidisciplinaire, intergénérationnelle et
multiculturelle. Chaque fois qu’il en a l’occasion, il
contribue concrètement à l’épanouissement des jeunes qui
formeront la société de demain.
29
POITRAS S’ASSOCIE À UNE RÉFLEXION
SUR LE MEUBLE QUÉBÉCOIS
Atout de différenciation I : L’écoconception
Atout de différenciation II : Le Branding
1. Les critères économiques
Critère 1.1 : Le positionnement
Critère 1.2 : Le marché cible
Critère 1.3 : L’investissement en recherche
et développement
2. Les critères concernant les matériaux
Critère 2.1 : Le bois
Critère 2.2 : L’aluminium
Critère 2.3 : Le verre
Critère 2.4 : Le cuir
Critère 2.5 : Les textiles
Critère 2.6 : Le rembourrage
3. Les critères de conception
Critère 3.1 : La modularité
Critère 3.2 : La qualité
Critère 3.3 : Le cycle de vie du produit
Critère 3.4 : La multifonctionnalité
formes
4. Les critères esthétiques
Critère 4.1 : Les formes asymétriques
Critère 4.2 : Les surfaces organiques
Critère 4.3 : La construction hybride
(multimatériaux)
Critère 4.4 : Les couleurs naturelles
Critère 4.5 : Le caractère avant-gardiste
Critère 4.6 : Le style néo-traditionnel
formes
-
v10 n4 - 2014
La démarche Empreinte québécoise et les prototypes de la collection
« Premières empreintes »
Depuis 2012, six fabricants québécois – membres du créneau ACCORD
Design d’ameublement de Lanaudière et de la Mauricie – ont pris part à
l’aventure; ils ont imaginé et réalisé un produit chacun, en tenant compte
des 19 critères du référentiel. Baptisée « L’Empreinte québécoise », cette
nouvelle phase du projet a suscité la collaboration entre fournisseurs, manufacturiers, designers, distributeurs et détaillants. Elle a surtout permis
l’éclosion d’une signature nouvelle et à notre image. « Le Québec est une
terre de défricheurs et de bâtisseurs, explique Jean-Claude Poitras, ainsi
qu’une source inépuisable de créativité où le design tarde toutefois à révéler
sa véritable empreinte. Nous sommes convaincus que le temps est venu de
penser différemment et de faire les choses autrement. C’est pourquoi nous
proposons collectivement et solidairement de nous appuyer sur une plateforme innovatrice et collective misant sur le design comme outil de développement de nos entreprises pour nous permettre de nous différencier, de
nous réinventer et de nous faire rayonner7. »
Publié par le CEFdi en 2012, l’outil prend
l’allure d’un cahier des charges. Il est illustré. Une
bibliographie constituée d’articles, de sites Web, de
documents et d’organismes complète l’ensemble.
Les 19 critères distinctifs et atouts de différenciation sont présentés ici à titre indicatif seulement.
Dans le référentiel, chaque critère est assorti
d’explications, d’exigences à prendre en compte
ou de recommandations. Le tout s’inscrit dans
une démarche de conception pluridisciplinaire.
Pour toute information au sujet du référentiel, on
s’adresse à Sylvain Poirier, coordonnateur, CEFdi,
au www.cefdi.ca ou au 450 470-0933, poste 5217.
v10 n4 - 2014
Un référentiel d’écoconception de mobilier québécois aux retombées
surprenantes
Le CEFDI, en collaboration avec le créneau ACCORD et le designer JeanClaude Poitras, s’est donné pour mission de définir un style rendant l’ameublement d’ici reconnaissable partout à l’étranger. Une fois passé en revue le
patrimoine du meuble québécois et ses courants, après nombre d’entrevues
et de consultations, l’analyse a permis de faire ressortir « les cordes sensibles
des Québécois en matière de design6 ». Ces données ont par la suite servi à
la réalisation d’un outil novateur unique en son genre dans l’industrie de
l’ameublement : Un référentiel d’écoconception de mobilier québécois.
Simple d’utilisation et convivial, ce référentiel vise à encadrer la démarche de conception d’un produit. Élaboré sur le modèle d’un cahier des
charges, il contient 19 critères et leurs justificatifs, répartis en 4 catégories
ainsi que 2 atouts de différenciation. Pour qui veut allier innovation, respect
de l’environnement et créativité, créer une synergie entre différents acteurs
de l’industrie, et par là contribuer au rayonnement d’un style proprement
québécois, ces critères doivent être vus comme des conditions gagnantes au
développement de produits.
Un référentiel
d’écoconception de
mobilier québécois
-
Sollicité comme figure de proue par un groupe de chercheurs en janvier 2012, Jean-Claude Poitras se joint aux designers Véronique Paradis et
Claude Sauriol, tous deux affiliés au Centre d’expertise et de formation
en design industriel (CEFdi) du Cégep régional de Lanaudière, afin de
mener une réflexion audacieuse et nouvelle visant à définir une stratégie de
rayonnement du design québécois ici et à l’étranger. Un constat troublant
place l’industrie québécoise de l’ameublement face à un tournant, notent les
chercheurs. La croissance fulgurante de la concurrence asiatique et la compétition du marché européen toujours de plus en plus menaçant obligent les
fabricants à revoir leurs produits, moderniser leurs équipements et ajuster
leurs modèles d’affaires. Il devient pressant, selon eux, de se démarquer sur
les marchés internationaux par l’introduction de produits à valeur ajoutée.
Dans ce contexte et en collaboration avec le créneau ACCORD Design
d’ameublement de Lanaudière et de la Mauricie4, l’équipe se mobilise afin
de poser un diagnostic sur les perspectives et les enjeux de cette industrie
en péril. Les recommandations ne se font pas attendre : elles portent sur
la dimension économique, l’approvisionnement, l’écoconception et l’esthétique de produits. L’issue des travaux est claire : « Répondre à la demande ne
suffit plus; il faut l’anticiper5. »
30
31
formes
-
v10 n4 - 2014
Félix Leclerc
32
Une baignoire aux formes calquées sur nos lacs québécois; un lavabo
inspiré de l’empreinte des glaciers sur la pierre, dont le profil sinueux est
sculpté dans l’ardoise; un mobilier de bois d’eau portant les marques de
l’histoire de la drave… Chacune des composantes de la collection Origine illustre le désir de dépassement du fabricant Vanico-Maronyx. Leurs surfaces
organiques, leurs lignes asymétriques, leurs couleurs naturelles déclinent
la grande nature québécoise. Elles sont le fruit d’une démarche exemplaire
fondée sur une culture d’entreprise axée sur la recherche, le développement
et l’innovation, qui souhaite demeurer à l’abri d’influences étrangères. En
prenant part à la démarche d’écoconception chapeautée par le CEFdi, en
s’appuyant sur les exigences bien définies du référentiel, les dirigeants de
l’entreprise se sont engagés à vivre l’expérience d’un design véritablement
québécois. Ils ont misé sur le savoir-faire et l’expertise de leurs artisans et
sur la créativité de leurs designers; ils se sont adjoint des fournisseurs de
matériaux de qualité exceptionnelle; ils ont permis aux distributeurs de participer à la réflexion. Le résultat est là : il traduit un style, une esthétique
typiquement québécoise, capable de nous raconter une histoire.
Les créateurs de Vanico-Maronyx ont puisé leur inspiration dans la
grande nature. L’ardoise noire et le bois d’eau leur ont prêté tout leur pouvoir d’évocation. Pierre sculptée par le passage millénaire des glaciers, bois
de drave endormi sous l’eau pendant plus de cent ans, ces matériaux naturels et intemporels, recueillis une pièce à la fois, ont fait l’objet d’un traitement artisanal de la part d’exploitants – Glendyne pour l’ardoise et Les
bois d’eau pour le bois – qui leur ont consacré patience et minutie. Dans la
chaîne de conception de la collection Origine, le choix d’entreprises écoresponsables dans la gestion de la ressource a été un facteur déterminant dans
la valeur ajoutée à ce mobilier haut de gamme. La collection Origine surprend par sa beauté, son caractère innovateur, son audace. Puisant à même
les racines et traditions québécoises, éveillant aux beautés du territoire, elle
illustre un repositionnement réussi du fabricant.
L’équipe du CEFdi, en collaboration avec ACCORD, a élaboré une démarche d’accompagnement destinée à stimuler la synergie des acteurs du milieu. Les photos de mobilier
des pages 31 à 33 représentent les réalisations des six équipes invitées à travailler
ensemble à la conception des meubles de la collection Premières empreintes.
Source et information : www.designameublement.org/data/2555b56b1
Chartrand, Roger. Le Vieux-Montréal. Une tout
autre histoire, Éditions du Septentrion, Québec, 2007,
144 e et 145e de 348 pages.
2
Le site historique du Vieux-Séminaire-de-SaintSulpice, édifice conventuel érigé à partir de 1684
avec jardin arrière, selon les plans du supérieur
François Dollier de Casson, le plus ancien édifice
dans le Vieux-Montréal, <http://fr.wikipedia.org/
wiki/Vieux_S%C3%A9minaire_de_Saint-Sulpice>.
3
L’appareil mobile intelligent peut également
tenir lieu de guide. Il suffit d’atteindre le <www.
hotelgalerie.ca>.
4
La démarche ACCORD (Action concertée de
coopération régionale de développement) s’appuie
sur les forces régionales (ici Lanaudière, Mauricie,
Estrie et Centre-du-Québec) et sur la recherche
de l’excellence dans des créneaux commerciaux
névralgiques. Gens d’affaires et entrepreneurs d’une
même région se regroupent sous cette bannière,
afin de se donner une vision commune de leur
secteur d’activité ainsi que des stratégies de mise en
valeur à long terme.
5
PARADIS, V., J.-C. POITRAS et C. SAURIOL. Un
référentiel d’écoconception de mobilier québécois,
CEFdi, Octobre 2012, p. 3.
6
Expression inspirée d’un ouvrage de Jacques
Bouchard ayant pour titre Nouvelles cordes sensibles
des Québécois, Éditions des Intouchables, 2006.
7
Guide référentiel du meuble québécois. Cahier de
recherche, CEFdi, Juillet 2013, 88e de 101 pages.
8
Conférence prononcée à l’occasion du Salon
International du Design de Montréal (SIDIM), le 27
mai 2014.
9
Jean-Claude Poitras. Portrait d’un homme de style,
Les Éditions de l’Homme, Montréal, 2002, 265 pages.
v10 n4 - 2014
Quarante-cinq ans de forêt, de gelée, de gaffes
et de souliers, de barrages à défoncer | une
forêt est morte | la tâche des draveurs | transporter cette forêt par les chemins étroits
Lorsque l’on parcourt la biographie de Jean-Claude Poitras rédigée par
Anne Richer9, on réalise à quel point l’homme qu’elle dépeint a très peu
changé. Toujours imprégné de la lucidité qui a coloré son plus jeune âge, le
designer regarde au loin, droit devant. Les quarante années de son parcours
exceptionnel de créateur de mode témoignent d’une œuvre remarquable
et d’une somme colossale de travail. Elles ont fait de lui un ambassadeur
reconnu dans le monde entier. À soixante-cinq ans, Jean-Claude Poitras se
consacre aujourd’hui à l’art du dessin et de la sculpture. Rêvant d’un monde
éblouissant de beauté, il demeure bien engagé dans le présent, toujours
fidèle aux convictions qui lui ont servi de point d’appui toute sa vie. Parfois, l’homme interroge son parcours, il doute. Alors, l’artiste en lui renaît,
propageant sa générosité, ses valeurs de solidarité et d’harmonie dans un
monde qui en a cruellement besoin. On aura beau chercher : on ne trouve
rien de ses actions récentes ou passées, qui ne témoigne de sa conviction
profonde qu’il faut définir qui nous sommes, grâce au croisement des disciplines, et ce, pour créer le patrimoine de demain.
-
Pour que les têtes se retournent, mettez-y un peu d’histoire!
L’exemple de la collection Origine
FIGURE D’INSPIRATION DE TOUTES LES GÉNÉRATIONS
formes
Une mise en garde s’impose
À celui ou celle qui serait tenté d’utiliser la matrice d’écoconstruction de
mobilier québécois (voir le tableau ci-contre) et de mettre à profit les critères
et atouts de différenciation qui y sont proposés, une mise en garde s’impose.
En effet, selon Sylvain Poirier, membre de l’Association des designers
industriels du Québec (ADIQ) et coordonnateur du CEFdi, l’Empreinte
québécoise se veut une démarche d’accompagnement, de développement
et de mise en marché qui force à penser et à faire différemment. Selon lui,
la synergie issue d’un travail collaboratif est un principe incontournable,
catalyseur d’une signature distinctive, audacieuse et novatrice8.
Pour Jean-Claude Poitras, un fabricant qui fait le choix de miser sur un
savoir-faire, sur des matières nobles et essences typiques du Québec, sur une
esthétique inspirée de notre histoire et qui exploite les principes de design
durable et d’écoresponsabilité affirme et raconte notre héritage pluriel. La
collection Premières empreintes démontre bien, selon lui, qu’un design pertinent et bien intégré devient un outil de croissance et de repositionnement
d’une image de marque, en ce qu’il permet de proposer des produits distinctifs, originaux et séduisants sur les marchés locaux et internationaux.
33
DE PAYSAGE, DE BOIS, DE PIERRE...
formes
34
Gilles Vigneault
P
ierre Thibault est du bois dont on fait les flûtes. Installé au fond
d’une salle dans un mobilier rudimentaire, il laisse aller ses mots
dans le microphone d’une journaliste. Malgré quelques traits de
fatigue, il se prête aux règles du moment : interviews, séances photo, poignées de main… En cette matinée du 29 mai 2014, la MAQ (Maison
de l’architecture du Québec) dévoile une nouvelle exposition doublée du
lancement d’une monographie, soulignant les vingt-cinq ans de carrière de
l’architecte.
C’est dans une caserne de pompiers désaffectée que la MAQ tient ses
événements depuis qu’elle y a emménagé en 2005. De cet édifice civique1
plus que centenaire, la façade et son couronnement ont été soigneusement
préservés. On dirait que sa vieille âme inonde la halle blanche : l’exposition
y prend une allure tout à fait intemporelle. Ayant pour titre L’architecture
comme paysage, l’installation se présente un peu comme un territoire partagé. Elle invite à cheminer dans les sentiers de l’artiste : à scruter ses biais,
adopter ses détours, avancer, reculer. Tout au long du voyage, le spectateur
louvoie entre modernité et tradition, paysage et brindille, invention et nature. L’exiguïté des lieux, la disposition des objets – déploiement horizontal
sur tréteaux, exploitation des parois verticales – gardent l’œil en mouvement. À devoir ainsi sans cesse ajuster le regard, le visiteur éprouve une sorte
de « tension », celle-là même, pourrait-on croire, dont se nourrit l’architecte
pour créer.
La caserne numéro 20 fut construite au tout
début du 20e siècle, en remplacement d’une caserne
de la fin du 19e sur le même site qui avait logé à
l’étage le quartier général du Service des incendies
de Montréal jusqu’à l’installation de ce dernier en
1904 dans le bâtiment de la place d’Youville. En
1985, le jury de Sauvons Montréal avait attribué
une « Mention honorable » à la Ville de Montréal
dans le cadre des prix Orange et Citron, pour la
rénovation de la caserne 20. Le prix soulignait, d’une
part, la préservation de cette fonction protectrice
pour le Vieux-Montréal et, d’autre part, l’attention
1
portée au maintien de l’architecture – façade et
volumétrie – du bâtiment. Par la suite, les travaux
d’agrandissement du Palais des congrès ont eu pour
conséquence de relocaliser les pompiers sur SaintUrbain et de ne garder de la caserne que la façade
et un volume au rez-de-chaussée, réaménagé pour
les besoins de l’actuel occupant. Informations
recueillies auprès de Dinu Bumbaru, 6 juin 2014.
2
Pierre Thibault vu par Teyssot + Ponte.
L’architecture comme paysage. Monographie MAQ,
numéro 03, Maison de l’architecture du Québec, mai
2014, p. 5
C
réé en 2001, ce catalyseur d’activités
artistiques suscite création, diffusion, et
réflexion en architecture, architecture de paysage et urbanisme. En permettant, depuis sa
fondation, à plus de 400 firmes, professionnels
et artisans de s’illustrer au moyen d’expositions, d’événements, de laboratoires de création, de débats, la Maison de l’architecture du
Québec contribue à faire connaître à un large
public ce qui a cours en recherche et dans le
développement des connaissances liées aux
disciplines de l’aménagement. C’est en collaboration avec les médias télévisuels et journalistiques, en s’associant à des partenaires d’ici
et d’ailleurs, en jumelant les praticiens aux
théoriciens, aux créateurs des arts visuels et de
la littérature que la MAQ contribue au rayonnement du Québec.
L’exposition Pierre Thibault vu par Georges
Teyssot et Alessandra Ponte : l’architecture
comme paysage qui s’est tenue à la Maison de
l’architecture du Québec, est reprise jusqu’à
Noël à l’École d’architecture de l’Université
Laval, salle Jean-Marie-Roy, 1, côte de la
Fabrique, Québec.
v10 n4 - 2014
Dans la blanche cérémonie
Où la neige au vent se marie
Dans ce pays de poudrerie
Mon père a fait bâtir maison
Et je m´en vais être fidèle
À sa manière, à son modèle
La chambre d´amis sera telle
Qu´on viendra des autres saisons
Pour se bâtir à côté d´elle
Maison de l’architecture du Québec
-
-
v10 n3 - 2014
Marie Dallaire
Les commissaires, Georges Teyssot et Alessandra Ponte, aidés du personnel de la MAQ, ont travaillé avec intelligence et finesse. Trois thèmes :
Cabanes/Abris, Installations/Performances, Équipement/Monument; pour
chacun, trois projets – dont des dessins d’esquisse, aquarelles, maquettes
d’étude et notes manuscrites – révèlent la démarche conceptuelle préalable
aux représentations numériques de chaque réalisation architecturale. L’exposition démontre la complémentarité des savoir-faire de l’artiste et rend
son travail d’autant plus intelligible pour le visiteur.
« Une soixantaine de résidences privées, des bâtiments publics, des installations-performances en milieu naturel, c’est là une œuvre considérable.
Chaque projet est le fruit d’une démarche de recherche spécifique et unique,
jamais de “copier-coller”, et pourtant une signature que l’on peut reconnaître entre toutes, dit Sophie Gironnay, directrice générale et artistique
de la MAQ. Nous avons choisi d’illustrer ce corpus abondant de multiples
façons, afin que le visiteur prenne la juste mesure du travail de l’architecte. »
Dans leur monographie, Teyssot et Ponte jettent un regard savant sur
l’œuvre de Pierre Thibault. Les rapports entre sa production architecturale,
les arts visuels et plastiques et la cinématographie sont mis en relief. Les
auteurs soulignent l’importance des savoir-faire de l’architecte qui privilégie
un décloisonnement disciplinaire, si caractéristique de son travail. « Malgré
la révolution du numérique, écrit Teyssot, dessin et figuration graphique
offrent les outils incontournables du métier d’architecte […] Une telle virtuosité [chez Thibault] […] permet d’affirmer la prééminence du dessin
conceptuel dans son œuvre2. »
Pierre Thibault a travaillé avec plusieurs communautés autochtones.
Leurs constructions traditionnelles ont influencé ses recherches. Il a également trouvé dans Walden ou la vie dans les bois (1854) d’Henry David
Thoreau une source inépuisable d’inspiration sur la nature et sur la vie en
forêt, qui sont pour lui des thèmes de prédilection. D’ailleurs, la maison
ancestrale dans laquelle il a grandi, la grange de son grand-père, le « petit
paradis » de son oncle qui avait lui-même construit son chalet sur une île,
sont des souvenirs précieux qui l’ont placé dès l’enfance en dialogue avec
le paysage. L’exposition prévoit un mur de photos de ses projets, choisies
parmi celles qu’a réalisées le photographe Alain Laforest, collaborateur de
Pierre Thibault depuis vingt ans. Devant cette mosaïque, l’envie nous vient
de chantonner : « Ma maison ce n’est pas une maison, c’est un lac… la forêt… une rivière… et la neige… »
Étonnamment, lorsque nous l’interrogeons sur les caractéristiques de
l’architecture québécoise, Pierre Thibault nous parle de ses voyages à l’étranger et de son rapport au temps. Un temps pour lui qui se « dilate » lorsqu’on
est devant la grande nature. Des voyages qui l’aident à mieux comprendre
la lumière, les paysages et le ciel d’ici. Reflet d’un ensemble d’expériences
– mémorielles, artistiques, vernaculaires, sensorielles –, d’un rapport au
temps « lent » pour ne rien perdre en intériorité et en mémoire, son travail
de réflexion et de création intègre les traits particuliers de nos paysages. Sa
signature unique fait ressortir l’unicité et la beauté d’un territoire où l’on
ressent encore la présence du passé dans son présent et son devenir. Au-delà
de la rampe, Pierre Thibault offre un regard pacifique et bienveillant sur
notre monde.
formes
Alain Laforest
THIBAULT À LA MAQ
35
PIERRE THIBAULT SIGNE
MAISONS PAYSAGE
Marie Dallaire
formes
-
v10 n4 - 2014
A
36
lors que dans son livre Maisons nature (2010), l’architecte offrait
pour chaque projet dépeint un espace de parole à ses clients, ici
ce sont plutôt les paysages de lac, de forêt, de fleuve et de ville
qui, tour à tour, entrent en dialogue avec le lecteur et agissent sur
ses souvenirs prégnants de grande nature. Aucun effort à faire : les images,
grandioses, suffisent. De notre enfance à aujourd’hui, nous sommes « de
lacs et de rivières1 ». Abondamment décrits par nos ancêtres découvreurs et
colonisateurs, repris par nos poètes, représentés en peinture, détaillés dans
nos soirées d’antan, les paysages québécois sont figures d’émerveillement. Ils
sont un référent. Les émotions qui y sont rattachées habitent nos mémoires.
Elles illustrent pour nous la valeur emblématique et identitaire du territoire.
Pierre Thibault visite chaque lieu d’un projet. Le travail de conception
débute à l’instant même où il y pose pied, dans l’appréciation d’un moment
d’échange avec son client, dans un arrêt sur image, dans le cadrage d’un
point de vue, dans la découverte d’un panorama. L’architecte réalise des croquis, retourne plusieurs fois sur un site pour en comprendre l’essence. Il se
laisse happé par les variations de lumière, une monochromie hivernale, de
nouvelles perspectives, une pierre sculptée, un dénivelé qu’il n’avait pas vu à
la première déambulation, une percée sur un lac – ce « morceau d’infini ». Il
se constitue ainsi un répertoire d’expériences contemplatives, sensorielles et
esthétiques très puissant. En quelque sorte, il conjure le temps.
Chaque réalisation résulte d’un lent processus. De bois et de verre le plus
souvent, arborant des volumes simples et des lignes pures, chaque maison épouse la topographie du lieu, sa lumière, ses éléments de nature. Des
ambiances uniques, riches, diversifiées sont ainsi créées, en toute harmonie
avec leur environnement. Elles ont cette particularité d’unifier le monde
autour de soi, d’être propices à la contemplation et de redonner du temps
aux occupants.
Maisons paysage se feuillette au présent. L’ouvrage invite à plonger dans
l’immédiateté d’instants fabuleux. L’iconographie étudiée d’Alain Laforest,
photographe attitré de l’architecte, circonscrit habilement l’intégration du
bâti dans le silence et la beauté. En outre, une sélection inédite de photos aériennes du photographe et historien Pierre Lahoud donne la mesure d’une
nature quasi inaltérée.
À suivre la trajectoire des 16 réalisations qui composent l’ouvrage, à voyager dans leur cartographie respective et à découvrir en chacune l’élément
– lumière, variation, horizon, marée… – déclencheur d’inspiration pour
l’artiste, à voir enfin des formes simples s’unir au paysage, on accède, grâce
à Maisons paysage, à un nouvel espace-temps d’imaginaire et de liberté.
Maisons paysage,
le tout récent
ouvrage de Pierre
Thibault, porte en
épigraphe ce mot
de l’architecte
Alvaro Siza :
« Imaginer signifie se
souvenir de ce que
la mémoire a écrit
en nous. »
COLLECTION ÉCOLOGIQUE
O R IGIN E
EXPRESSION DE L’EMPREINTE QUÉBÉCOISE
Ardoise des lavabos ESKR et murets par
Robinet écologique RU,
en collaboration avec
Quincaillerie et mécanisme
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Claude Gauthier, Le plus beau voyage.
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16.09.11 10:26
LES JARDINS DE MÉTIS
UN PAYSAGE QUI NOUS RESSEMBLE
Marie Dallaire
formes
38
Ici, en ces nuits d’été, le monde semble imprégné d’une rare immobilité et enveloppé dans un
silence sacré à peine ponctué par le doux clapotis
de l’océan; ici, la lune d’argent clair brille d’une
céleste limpidité et règne sur un ciel sans nuage,
vaporisant sa lumière sur les pétales des lis et sur
le visage radieux, tourné vers les cieux, de chaque
fleur. L’ineffable beauté du paysage transcende le
temps et l’espace et exhale un parfum d’éternité.
Elsie Reford, A Lily Garden in the Lower St. Lawrence Valley4
Photo : Robert W. Reford
L’engagement de Lord
Mount Stephen dans
le monde des affaires
coïncide avec l’avènement
de progrès technologiques
importants : télégraphe,
téléphone, électricité,
gaz, moteur à explosion;
il contribue à la mise
en place d’une société
moderne.
Photo : Russell & Sons
REFORD, Alexander. Les Jardins de Métis. Le
paradis d’Elsie Reford, Les Éditions de l’Homme, 2004,
p. 38.
2
NADEAU, Gaétan. Angus. Du grand capital à
l’économie sociale, Éditions Fides, 2009, p. 36.
3
Il s’agit du nom dont Sir George Stephen baptisa
son camp de pêche.
4
Cité par Alexander REFORD, Op. cit., p. 53e de 180.
5
Joliet, Fabienne et Peter Jacobs. « Le Wilderness,
une manière de voir et d’être à la nature sauvage : le
prisme paysager de Tremblant, Québec », Cahiers de
géographie du Québec, vol. 53, n° 148, 2009, p. 27-46,
<http://id.erudit.org/iderudit/038140ar>.
1
La Villa Estevan, maison
d’intérêt historique, fut
le domicile d’été d’Elsie
Reford. Construite en 1887
pour Lord Mount Stephen,
Elsie Reford fait agrandir
la maison en 1926 selon
les plans de l’architecte
montréalais Galt Durnford.
Photo : © 2008, Robert Baronet,
Jardins de Métis/Reford Gardens
Peter Jacobs est membre de l’Association des
architectes paysagistes du Canada et professeur
titulaire à l’École d’architecture de paysage de la
Faculté de l’aménagement de l’Université de Montréal. Il nous a offert son soutien pour la présente
section.
7
Fabienne Joliet et Peter Jacobs, Op. cit., p. 28.
8
Ibidem, p. 29-30.
9
Ibidem, p. 29-30.
10
Ibidem, p. 173.
6
Ce projet a été réalisé en 2000 à l’occasion
de l’inauguration du Festival international
de jardins de Métis. L’inspiration découle de
deux caractéristiques uniques aux Jardins de
Métis : le célèbre pavot bleu de l’Himalaya
emblématique des Jardins; et les platesbandes à l’anglaise du jardin historique des
années 1920 […] Le Jardin de bâtons bleus
a été conçu à partir d’une image du pavot
bleu numérisée, pixélisée et métamorphosée en bâtons afin de créer une abstraction
moderne du jardin tra ditionnel victorien.
Trois des quatre côtés sont peints bleu et le
quatrième orange, produisant ainsi un effet
chromatique d’une simplicité déconcertante
et des points de vue toujours changeants.
Cette œuvre invite, non pas à la contemplation, mais plutôt à une déambulation qui
permet d’éprouver les deux temporalités
comprimées dans le même lieu et dialoguant entre elles. On traverse ce jardin en
s’abandonnant à une expérience sensorielle
saisissante marquée par le parcours labyrinthique de l’installation. En actualisant
notre expérience du jardin, cette installation
réinterprète le savoir-faire […] d’Elsie, sans
toutefois en diluer l’essence.
Le Jardin de bâtons bleus, œuvre de Claude Cormier,
architecture de paysage + Design urbain.
Année de création : 2000
Source : Festival international de jardins
Photos: Louise Tanguay
v10 n4 - 2014
v10 n4 - 2014
Jardins paysage et Wilderness
La création des Jardins
de Métis auxquels Elsie
Reford consacre les trente
dernières années de sa vie
n’est pas sans évoquer son
inclination à préserver la
beauté de la nature et à
endiguer sa dégradation.
Le jardin des bâtons bleus
-
C’
est ainsi qu’en 1896, Lord Mount Stephen se confie à son ami
Garnet Wolseley sur la raison qui le pousse à se départir de
sa résidence secondaire à Grand-Métis, à la suite du décès de
sa femme. Écossais d’origine établi à Montréal, cet éminent
homme d’affaires s’enrichit de manière colossale principalement grâce au
développement du chemin de fer aux États-Unis. Il fut également président
et financier du Canadien Pacifique, chemin transcontinental qu’il mène à
terme en 1885. Son engagement dans le monde des affaires coïncide avec
l’avènement de progrès technologiques importants : télégraphe, téléphone,
électricité, gaz, moteur à explosion; il contribue à la mise en place d’une
société moderne. À elle seule son entreprise florissante – terrains, transport
ferroviaire et maritime, hôtels luxueux en soutien à ses marchés… – illustre
« le Québec du capital, un Québec anglophone, britannique, victorien, qui
vit tout à fait au rythme de l’Empire2 ».
C’est à sa nièce, Elsie Reford, qu’il lègue son domaine le 12 septembre
1918 : 40 acres de terres boisées et de vastes pâturages ainsi qu’un camp de
pêche et des fosses à saumons sur la rivière Mitis, avec dépendances offrant
une vue imprenable sur le fleuve Saint-Laurent. Dans les années 1900, Elsie
séjourne à Grand-Métis au mois d’août de chaque année pour la chasse, la
pêche, l’équitation et le canotage. Elle en profite pour écrire à son oncle qui
désormais vit à Londres, puis dans la campagne avoisinante à Brocket Hall :
elle le tient informé de ses succès à la pêche. Les fréquents déplacements
pour affaires de son époux Robert Wilson Reford, entre Montréal et Liverpool, lui permettent aussi de lui rendre visite. Entre elle et lui existe un lien
de complicité, d’estime et d’admiration qui ne se démentira jamais.
Elsie Reford accepte d’hériter d’un domaine aussi rude qu’immense, peu
paysagé et implanté de bâtiments sommaires, requérant un personnel nombreux durant la saison estivale. La paisible propriété d’Estevan Lodge3, bien
que vaste et accueillante, est modeste et sans aucune parenté avec l’opulence
de la bourgeoisie montréalaise à laquelle appartient l’héritière. De toute évidence, les vacances à Grand-Métis offrent bonheur et répit contre les exigences dues au rang. Plus encore permettent-elles à Elsie de marcher dans
les pas de son oncle comme dans le réceptacle d’une promesse, de rêver
de cette terre et de son ciel comme d’un havre d’éternité. En ce début de
siècle mouvementé, Elsie est aux premières loges pour constater l’impact
du développement du tissu urbain et la fragilité du territoire aux prises avec
l’industrialisation des secteurs agricoles et forestiers. La création des Jardins
de Métis auxquels elle consacre les trente dernières années de sa vie n’est pas
sans évoquer son inclination à préserver la beauté de la nature et à endiguer
sa dégradation.
formes
« Je ne peux plus retourner là. Je n’allais jamais
sur la rivière sans elle […] aussi son souvenir
me hanterait-il à chaque instant1. »
Les Jardins de Métis non seulement évoquent la grande nature mais la magnifient. Leur déploiement qui s’étend sur plus de trois décennies s’appuie sur
un désir individuel de nature, rappelant les règles d’un mode de vie traditionnel inspiré des grands espaces vierges de l’Amérique du Nord, explorés par
nos premiers découvreurs. Si la sublimité des Jardins s’explique de multiples
façons, l’angle du Wilderness5 – expression que nous tirons d’un article de
F. Joliet et P. Jacobs6 – permet d’y voir l’expression habitée de la nature québécoise originelle dans ce qu’elle a de plus grandiose et de plus fondamental
au plan historique. Le Wilderness incarne cette idée de « première nature » ou
de « grandeur sauvage » à la base de l’identité de notre continent. Façonné en
Amérique du Nord à partir du XVIe siècle, le paysage mythique qu’il évoque
« s’est construit à partir d’une relation spécifique entre une géographie et une
population particulière, dans un espace-temps culturel donné7. » Plus précisément, la puissance évocatrice du Wilderness « réside dans la métaphore d’un
univers de nature dépouillé et résistant […] mais aussi dans le défi de l’épreuve
que cette nature […] impose pour y accéder. […] siège du danger […] miroir
de l’immensité […] parcours initiatique […] sa trajectoire historique puise son
origine dans la colonisation européenne de l’Amérique dès le XVIe siècle8. »
Racontée dans les soirées familiales, décrite dans notre littérature ou nos
œuvres picturales, l’histoire de nos ancêtres colonisateurs est imprimée dans
notre ADN. C’est entre autres pourquoi toute destination de nature tend à
revêtir un caractère identitaire ou emblématique particulier. À travers une pratique bien à elle, Elsie Reford est entrée en résonance avec la nature sauvage. Sa
détermination à apprivoiser une nature primitive, isolée, parfois hostile, se sera
matérialisée à la faveur d’une communion exceptionnelle avec son environnement, une communion libre, solitaire, authentique et vraie, des qualités qui,
dans un paysage de Wilderness, selon les mots de Peter Jacobs, « [s’acquièrent]
par l’Expérience, soit l’épreuve directe de l’apprivoisement ou de l’adversité9 ».
Nous avons eu le privilège de visiter les Jardins en compagnie d’Alexander
Reford, arrière-petit-fils d’Elsie Reford. Ce dernier a eu l’art de nous faire découvrir l’héritage exceptionnel légué par son ancêtre. Historien de formation,
il a choisi de quitter son poste de doyen du Collège St. Michael de l’Université
de Toronto en 1995 pour assumer la direction des Jardins de Métis et de l’organisme de bienfaisance qui en a la propriété. Alexander est aussi l’un des cofondateurs du Festival international de jardins. Depuis l’inauguration de son tout
premier événement en 2000, ce Festival est mondialement reconnu comme
l’un des plus importants dans le domaine du design paysager contemporain10.
Architectes paysagistes et concepteurs y viennent de partout afin d’élargir le
sens traditionnellement dévolu au jardin. Audacieux, innovant, expérimental,
leur travail confère au fragment de nature qui leur est confié des formes inédites, de nouvelles sensations même, reflets de leur vision de créateurs. Leurs
propositions interrogent les liens qui unissent l’homme à la nature, le bâti à
l’imaginaire, la culture au paysage. Enfanté dans l’historicité du site, chaque jardin-paysage devient un prolongement du travail d’Elsie où la naturalité, bien
qu’évoquée, demeure souvent illusoire.
Plus qu’une aventure horticole, le site de Métis constitue un vaste héritage
qu’Alexander Reford porte en lui-même. Son travail rétrospectif sur les Jardins a mis au jour une histoire remarquable dont on peut apprécier toute la
portée et l’importance aujourd’hui. À travers ces joyaux, c’est un peu le paysage québécois tout entier qui s’insinue dans l’esprit de celui qui regarde, à la
fois mythique et changeant, sans cesse réinventé. Depuis qu’il dirige les Jardins
de Métis, Alexander revisite jour après jour le parcours de ses ancêtres. Inspiré par la sensibilité artistique et les valeurs de son arrière-grand-mère, il a su
conserver et transmettre son précieux héritage, tout en réinventant la tradition.
Ici l’innovation et la créativité, l’interdisciplinarité et le décloisonnement des
frontières ajoutent à la portée du geste, tout en étant le reflet d’une identité
collective en mutation.
39
L’ÎLE AUX POMMES
UN MICROCOSME TOURNÉ VERS LE MONDE
Marie Dallaire
Pierre Lahoud
Sur cette toute petite île du très grand fleuve,
blottie entre l’immensité du ciel et de la mer,
entre tempêtes et marées, le propriétaire et le
Gardien de pierre partagent une grande responsabilité : tous deux veillent à ce que l’esprit des
lieux, enraciné dans un paysage original fait de
mémoire et d’exemplarité, ne s’étiole pas et perpétue son éloquent témoignage.
Henri Dorion
formes
-
v10 n4 - 2014
Linda Croteau
40
Nichée dans le Saint-Laurent, au carrefour des rivières Trois-Pistoles,
Verte et Saguenay, l’île aux Pommes est mentionnée dans les récits de voyages
de nos premiers découvreurs. Sans couvert forestier, impropre à l’agriculture, elle fut essentiellement un lieu de halte et de ravitaillement de fortune
pour les voyageurs. Les Amérindiens, dans leurs grands canots chargés de
marchandises ou de fourrures, et les chasseurs de baleines y ont accosté pour
cueillir ses petits fruits. Plus tard, les « pilotes du fleuve », responsables de
conduire à bon port les grands voiliers océaniques, ainsi que les capitaines de
goélettes chargées de bois de chantier ont profité de ses criques tranquilles
pour s’échouer et refaire provision auprès de l’ermite de l’île2. Au tournant
du XXe siècle, abandonné à son sort, ce refuge de la faune ailée a été la proie
des braconniers et des pilleurs de nids. Pire encore, l’explosion démographique des populations de goélands et de cormorans eut certainement achevé d’en décimer les couvaisons et d’en dégrader la flore en la couvrant de
fientes. Heureusement, la chance tourne lorsque l’île passe aux mains de la
famille Gaudreau-Déry en 1927.
Attiré par l’île aux Pommes, le docteur David-Alexis Déry convainc
son beau-frère Stanislas Gaudreau d’acheter l’archipel. « Écologiste avant
l’heure, féru de biologie, de science et d’histoire, défenseur d’une conservation pérenne de la faune et de la flore3 », « il veut lui-même concrétiser les
premiers gestes de protection et de conservation de la faune ailée qu’il prône.
Dans l’immensément grand l’infiniment petit
comme modèle de pratique
Septembre 2014. L’Ordre des urbanistes du Québec (OUQ) tient son
congrès annuel. Experts d’ici et de l’étranger, gens d’affaires reconnus, gestionnaires émérites, praticiens sont réunis pour échanger sur des pratiques
de gestion efficaces et durables du bassin hydrographique du Saint-Laurent.
L’exposition Symphonie Grands Lacs – Saint-Laurent. Des solitudes au ralliement est inaugurée8. À travers une trentaine de clichés, les présentoirs
font découvrir l’étendue du bassin et surtout l’interdépendance entre son
territoire d’environ 3,5 millions de kilomètres carrés, ses 55 millions d’habitants et les 15 000 organismes qui en assurent le développement et l’aménagement. Dans cette immensité, le fleuve n’est présenté par le congrès ni
comme « une frontière, ni une coupure, mais plutôt comme une épine dorsale, une ligne de vie qui a, de ce fait, une vocation identitaire, urbaine et
internationale9 ». En toile de fond : le pessimisme environnemental actuel
qui inquiète, le commerce mondial, le développement des rives, qui ajoutent
à la menace de voir disparaître les derniers espaces de nature. Ces enjeux
renforcent l’importance et l’urgence de protéger le Saint-Laurent selon une
vision réfléchie et concertée embrassant l’entièreté de son bassin versant.
Dans le déroulement des activités d’ouverture du congrès, on nous invite
à refaire le périple de nos découvreurs à travers la projection d’un corpus
d’images révélant l’immensité de la voie maritime et la beauté de ses pay-
v10 n4 - 2014
De la rive, l’île aux Pommes forme à peine une
ligne sur l’horizon, léger affleurement qui se perd
dans les vagues lors des grandes marées1.
Savamment documenté et
magnifiquement illustré L’île aux pommes
en héritage est un ouvrage aux mille
facettes. Tous les profits tirés de la vente
de ce livre sont versés à la Société de
protection et d’aménagement de l’île
aux Pommes, une fondation privée
détenant le statut d’organisme de
bienfaisance dont le mandat consiste
à planifier, coordonner et gérer
l’ensemble des activités de protection
et d’aménagement de l’île et de ses
infrastructures tout en développant des
activités de mise en valeur du milieu
naturel, dans le respect des divers
écosystèmes et de la faune ailée.
Pour en savoir plus : www.ile-auxpommes.org.
-
Une histoire fascinante
Devenir propriétaire d’un refuge de la sauvagine signifie pour lui un accomplissement personnel et un exemple à donner aux gestionnaires publics4 ».
David-Alexis Déry est un visionnaire. Son discours environnementaliste
avant-gardiste axé sur la « protection de la nature » et la « sauvegarde des
espaces naturels » est peu commun à l’époque5.
Aujourd’hui, en fidèle descendant de son grand-père David-Alexis, Gaston Déry, entouré de ses proches, assure la sauvegarde et la mise en valeur de
son héritage. Grâce à une planification rigoureuse et des mesures entérinées
par la garde scientifique, l’île accueille désormais une faune ailée des plus
diversifiée. Le refuge appartient surtout à une colonie d’eiders à duvet, la
deuxième en importance de l’estuaire du Saint-Laurent. En 2004, Gaston
Déry pose un geste qui aurait fait la fierté de son aïeul : il sollicite et obtient
pour l’île aux Pommes le statut de « Réserve naturelle en milieu privé pour
une durée perpétuelle » auprès du ministre de l’Environnement, en vertu
de la Loi sur la conservation du patrimoine naturel6. « L’homme, écrit-il, a
la fâcheuse habitude de s’approprier tous les beaux espaces sur cette terre
pour ses propres fins. Mais certains sites doivent demeurer à la nature et aux
éléments pour que tous aient un endroit où vivre et se reproduire. L’île aux
Pommes possédait cette destinée et ne demandait qu’à être développée. De
voir une si belle nature accueillir une faune ailée heureuse et en harmonie
avec son habitat est source de bonheur et de valorisation pour nous7. »
formes
C’
est la fête à l’Association de la Maison de Loire en Anjou.
Pour la quatrième fois en six ans, la vallée tient sa Biennale
des Grands Fleuves du Monde. À l’honneur cette année notre
fleuve Saint-Laurent. Du pique-nique au totem, du marché
du terroir à la randonnée de chiens de traîneaux, les communautés locales
se mobilisent durant tout le mois de mai autour d’activités pédagogiques
ou festives qui visent à célébrer leur fleuve et à découvrir aussi comment
les liens qui unissent un axe fluvial à ses riverains se tissent ailleurs dans le
monde. Le colloque, point culminant de la programmation, offre l’occasion
aux représentants de la région angevine et du Québec d’échanger leurs vues
sur l’histoire, la gestion du territoire et le patrimoine fluvial. C’est à Gaston
Déry, président des Amis de la vallée du Saint-Laurent, qu’est confié l’honneur de débuter les conférences. Ce dernier sait invariablement émouvoir
lorsqu’il présente le travail accompli par sa famille depuis près d’une décennie pour sauvegarder et mettre en valeur une toute petite île qui a bien failli
être oubliée.
41
sages, « mille tableaux où on sent le rythme de l’espace, avec l’étagement
de ses zones géographiques et sa mosaïque de formes et de couleurs agencées par la nature ou inventées par l’homme10 ». La conférence sur l’île aux
Pommes vient juste après. Étonnante variation d’échelle que ce récit de la
revitalisation d’un territoire d’au plus 25 hectares, qui devient une sorte de
laboratoire d’observation pour les congressistes. Dans la magie du moment,
on croirait presque voir se dérouler sous nos yeux la formidable évolution
de cet écosystème. Elle s’explique par l’attention dont l’archipel a fait l’objet
depuis quatre générations, et qui a mené à une série d’actions ciblées et
concertées – historique, écologique, culturelle, réglementaire… Le récit de
l’île inspire respect et admiration. Microcosme préservé, développé puis
partagé, porteur d’histoire et d’identité, l’île permet de réfléchir au rôle de
chacun dans l’aménagement et le développement durable d’un territoire,
ainsi que sur l’impact d’une action holistique. À terme, le décodage de ce
récit familial incitera à la comparaison ou à la généralisation sur des territoires voisins, qu’ils appartiennent au fleuve ou au continent...
Une île qui nous ressemble
Pour accéder à la nature sauvage, cette valeur
suprême du monde contemporain, il ne suffit pas d’un 4x4; au contraire, même : il faut
d’abord travailler sur soi-même… et sur l’histoire des représentations qui nous motivent.
intemporelle
originale
flexible
Berque, 200911
Pour Linda Croteau, l’île est le témoin tranquille de « la force, de la grandeur et de la puissante résilience de la nature. En mai, 5 000 eiders et des
milliers de migrateurs s’y donnent rendez-vous. Le chant des mâles eiders
ressemble à une longue romance qui s’élève et nous atteint en plein cœur.
[…] il exprime la beauté de la vie et sa renaissance annuelle et il donne le
désir de participer, à notre façon, à cette nature. Côtoyer une espèce d’oiseaux sauvage pendant un mois est une indicible joie qui permet de réaliser
combien la vie est un mystère12 ».
L’île aux Pommes est une nature québécoise aux affleurements rocheux
emblématiques, en même temps qu’une expérience familiale émouvante.
Dans sa dérive solitaire, elle évoque un lieu du recueillement. C’est la singularité de cet archipel – sa faune, sa flore, ses marées… – qui a motivé
les premiers gestes historiques de protection à son endroit. Puis est venue
la conscience du lien aussi vital que fragile qui unit l’homme à la nature.
En marge de la côte, l’île, c’est bien sûr « ses horizons […] à perte de vue,
perdus dans la mer, dans les reliefs contrastants des Appalaches13 »… Mais,
dans l’infiniment petit de son étendue, elle abrite, comme son propre trésor,
une beauté immaculée. Protection, détermination, patience, abnégation,
dépouillement, appartenance au territoire, renaissance en sont les pierres
précieuses. On peut les trouver, enfouies sous les grappes d’églantiers ou
de framboisiers. Au soleil de midi, leurs reflets s’accrochent aux aigrettes
plumeuses des épilobes pour peu que le vent se lève un peu. Comme se
plaisent à le dire ses gardiens, la petite île a une âme, ce qui fait sa grandeur
à leurs yeux. Terre d’appartenances, d’appropriations, d’intentions, elle fait
miroiter cette singulière relation que l’homme entretient face à l’immensité.
Berceau de valeurs et de sens, c’est à cette île que nous voulons ressembler.
CROTEAU, Linda et Gaston DÉRY. L’île aux Pommes
en héritage, Les éditions GID, Québec, 2014, p. 66.
2
En 1855, Anselme Bélisle père achète l’île aux
Pommes. Cultivateur, il écoulera les produits de sa
ferme sur l’île, où il a construit une maisonnette,
ravitaillant pilotes et capitaines de goélettes. Par
la suite, son fils Anselme, veuf surnommé le « père
Coucou » s’y installera près de huit mois par année
pour poursuivre les activités de son père. Il demeurera propriétaire de l’île pendant quarante-cinq ans.
Ibid., p. 80.
3
CROTEAU, Linda et Gaston DÉRY, op. cit., p. 92.
4
Ibid., p. 97.
5
Ibid., p. 99.
6
Ibid., p. 181.
7
Gaston DÉRY, Correspondance privée, 9 octobre
2014.
formes
-
v10 n4 - 2014
1
42
L’île aux Pommes est un
important site de nidification. En mai, 5 000 eiders
et des milliers de migrateurs s’y donnent rendezvous.
Photos: Pierre Lahoud
http://www.sie-isw.org/fr/la-symphonie-grandslacs-a-saint-laurent
Programme du Congrès de l’Ordre des urbanistes
du Québec 2014. Aménager le Québec des régions,
au-delà des frontières, « Le Saint-Laurent, un fleuve
pluriel », p. 5.
10
LAHOUD, Pierre. « Le Saint-Laurent, un fleuve
pluriel », Conférence, Congrès de l’Ordre des urbanistes du Québec 2014.
11
Joliet, Fabienne et Peter Jacobs. « Le Wilderness,
une manière de voir et d’être à la nature sauvage : le
prisme paysager de Tremblant, Québec », Cahiers de
géographie du Québec, vol. 53, n° 148, 2009, (p. 2746), p. 42, <http://id.erudit.org/iderudit/038140ar>.
12
Linda CROTEAU, Correspondance privée, 9
octobre 2014.
13
CROTEAU, Linda et Gaston DÉRY, op. cit., p. 20.
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UN NOUVEAU PROGRAMME D’HYDRO-QUÉBEC
Pierre Turbis
formes
-
v10 n4 - 2014
ydro-Québec invite les entrepreneurs à s’inscrire à son nouveau
programme visant la promotion de
maisons efficaces et d’habitations
écoénergétiques neuves. « Nous voulons ainsi
encourager les acheteurs de maisons neuves à se
tourner vers des habitations s’inscrivant dans un
objectif de développement durable », explique
Louis-Olivier Batty, conseiller stratégique, Affaires publiques et médias, chez Hydro-Québec.
M. Batty ajoute que par ce programme, le
choix de construire une maison efficace représente de nombreux avantages, tant pour l’entrepreneur que pour le client. « Alors que la dimension énergétique et le respect de l’environnement
revêtent une importance grandissante dans notre
société, le constructeur se positionne comme un
chef de file en matière d’habitations écoénergétiques. Ce positionnement devrait notamment se
traduire par une augmentation du nombre de visiteurs dans les maisons modèles des participants
à ce programme. »
44
Une adhésion gratuite
M. Batty ajoute qu’en affichant son inscription au programme Maisons efficaces, un entrepreneur indique son appartenance à un groupe
sélect de constructeurs pour qui le développement durable constitue une priorité.
Concrètement, en s’inscrivant au programme,
un constructeur s’engage à appliquer des mesures
réparties en deux catégories :
– Les mesures de base comprennent l’installation d’un fenestrage homologué ENERGY STAR
et l’utilisation d’ampoules DEL homologuées
ENERGY STAR. On installera également des
thermostats électroniques, une prise pour borne
de recharge de véhicule électrique ainsi qu’un
chauffe-eau à trois éléments.
– Les mesures facultatives comprennent l’installation d’un récupérateur de la chaleur des eaux
grises (RCEG) ainsi qu’un système géothermique.
Selon les estimations d’Hydro-Québec, les
maisons construites selon les spécifications du
programme devraient permettre des économies
d’environ 2 200 kWh par année.
Une visibilité accrue
La vente d’une maison efficace (dans laquelle
on a mis en application les mesures de base ou
facultatives) vaut à l’entrepreneur des points correspondant à de la visibilité sur les outils promotionnels d’Hydro-Québec, depuis les oriflammes
sur pied jusqu’à une parution imprimée personnalisée dans un hebdo régional.
De plus, la mise en œuvre de mesures écoénergétiques sur une maison modèle vaut une aide
financière à la promotion de cette unité pouvant
aller jusqu’à 5 000 $. Le montant dépend des mesures mises en application.
Le programme Maisons efficaces, qui a été développé en partenariat avec l’APCHQ et l’ACQ,
devrait se poursuivre jusqu’en 2017.
Mentionnons enfin que les entrepreneurs inscrits avant le 1er décembre 2014 au programme
Maisons efficaces sont éligibles pour le tirage
d’un voyage pour deux personnes à la BaieJames.
Information :
www.hydroquebec.com/maisons-efficaces
MESURES DE BASE
Fenêtrage homologué
ENERGY STAR®
Ampoules à DEL homologuées ENERGY STAR®
Thermostats électroniques
Chauffe-eau à trois
éléments
Prise pour borne de
recharge de véhicule
électrique
MESURES FACULTATIVES
Récupérateur de la
chaleur des eaux grises
(RCEG)*
Système géothermique
Source: Hydro-Québec
CECI N’EST PAS UN SIMPLE PLANCHER
RENDEZ-VOUS DE L’ACIER 2014
MAIS
UN SYSTÈME
ÉCONOMIQUE
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UN APPEL À LA RÉCIPROCITÉ
Pierre Turbis
Le
30 octobre dernier, l’Institut canadien de la construction en acier (ICCA) tenait la 6e édition du Rendezvous de l’acier, placé sous le thème La contribution de
l’industrie de l’acier au monde du transport et des infras-
formes
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v10 n4 - 2014
tructures.
Même si l’industrie est en bonne santé, loin de se reposer sur leurs
lauriers, les participants ont discuté de moyens concrets permettant
d’assurer son développement et sa pérennité. Comme l’explique la
directrice régionale Québec de l’ICCA, Hellen Christodoulou, il ne
fait aucun doute que la quantité de projets majeurs en transport et
en infrastructures présentement en marche laisse présager une belle
période de croissance.
« Même si le marché national est prometteur, c’est au niveau de
l’international que nous devons regarder. L’industrie canadienne de
l’acier a besoin d’une meilleure reconnaissance et d’un plus large
appui de la part des élus. De plus, nous avons besoin d’une plus
grande réciprocité avec les autres pays, dans l’optique d’un marché
plus juste pour tout le monde. Nous souhaitons notamment que
les ententes commerciales soient revues pour que nous puissions
jouer à armes égales. Seules des ententes à long terme permettront
d’assurer la pérennité et la stabilité de notre industrie », explique
Mme Christodoulou.
46
Le Prix d’excellence
Au terme du colloque, l’ICCA a tenu sa soirée annuelle de mise
en valeur de la construction en acier au Québec. Ce gala de remise
des Prix d’excellence a permis une fois de plus de célébrer les réussites de l’industrie.
Encore cette année, de nombreux projets ont retenu l’attention
d’un jury interdisciplinaire. Les dossiers de candidature se démarquaient par leur qualité ainsi que par l’ingéniosité et la créativité
des professionnels qui les ont soumis. On notera spécialement un
souci marqué pour le développement durable et la pérennité des
ouvrages.
Le jury était composé de Jocelyn Charron, ing., directeur général,
Acier Charron; Rose Fierimonte, présidente de Dorbec Construction, présidente des Elles de la construction, vice-présidente de
l’APECQ; Anik Girard, MBA, directrice générale et éditrice, Groupe
Constructo, TC Média; Sébastien Lafontaine, vice-président Achats,
American Iron & Metal; Marie-Claude Michaud, ing., M. Sc. A.,
associée, directrice principale Transport – Ponts, CIMA+ Partenaire
de génie; Claude Paquin, éditeur, magazine FORMES; et Sylvie Perrault, architecte, PA LEED, Atelier Urban Face inc.
Soulignons enfin qu’au cours du gala, nous avons eu droit à une
allocution d’un invité d’honneur : Marc Perreault, ing., vice-président, Structures, ponts et ouvrages d’art, chez SMI. Survivant du
séisme en Haïti, il nous a raconté son expérience et son cheminement personnel.
Catégorie
Projets hors Québec
Catégorie Projets
Escaliers/Passerelles
architecturales
Catégorie
Projets commerciaux/
Projets institutionnels
GLACIER SKYWALK
Construction Beauce
Atlas
Brewster Travel Canada
Sturgess Architecture
Read Jones Christoffersen Ltd.
PCL Construction
Management inc.
Installation
facile et rapide
Rigidité, solidité et durabilité
du bâtiment grâce à
une conception mixte acier-béton
Longue portée sans étaiement
pour un nombre réduit de murs porteurs
Usage réduit de béton et d’armature
par rapport aux dalles conventionnelles
Catégorie
Projets ponts
STRANDHERD –
ARMSTRONG BRIDGE
Les dessins de structure Tenca
Ville d’Ottawa
Du Toit, Allsopp, Hillier
Architects
Parsons
Horseshoe Hill
Construction, Ltd.
Harbourside Engineering Consultants (HEC)
Montacier International
Compatible avec tous les systèmes
structuraux traditionnels
hambro.canam-construction.com - 1 866 506-4000
Catégorie
Projets commerciaux/
Projets institutionnels RÉAMÉNAGEMENT DU
CASINO DE MONTRÉAL
Pasquin St-Jean et
associés
Tecno-Métal inc.
Casiloc inc.
Menkès Shooner
Dagenais LeTourneux,
en consortium avec
Provencher Roy +
associés Architectes
Pomerleau
Catégorie
Bâtiment verts
Catégorie
Projets industriels
Catégorie
Jeunes architectes/
ingénieurs
CENTRE DE TRANSPORT
STM RUE STINSON
Pasquin St-Jean et
associés
Société de transport
de Montréal
Lemay Associés
VET Dessin
Pomerleau
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48
Catégorie
Coup de cœur du jury
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TOITS
MURS
AIRMÉTIC SOYA par DEMILEC
Isolant de polyuréthane giclé
MEMBRANES DE
TOITURE
RÉFLÉCHISSANTES
FONDATIONS
PONTS
STATIONNEMENTS
Isolant de polyuréthane giclé à valeur R élevée fait de bouteilles de plastique recyclées et d’huile de soya. Ce produit ne contient aucune substance appauvrissant la couche d’ozone. En une seule étape, vous obtenez un isolant, pare-air et pare-vapeur offrant une enveloppe de bâtiment
performante et durable. Avec 25 mm, Airmétic Soya dépasse les nouvelles
exigences d’isolation sous la dalle en plus d’empêcher les infiltrations de
gaz au radon. Crédits LEED potentiels dans 4 catégories pour 13 points.
AIRMÉTIC SOYA est conforme au Code national du bâtiment (C.N.B.) et
excède CAN/ULC S705.1. Évaluation CCMC 13244-L.
Bibliothèque du Boisé Saint-Laurent
[email protected]
www.demilec.com
FABRICANT DE STRUCTURE
EN BOIS HAUTE GAMME
LA BEAUTÉ NATURELLE AU SERVICE
DE LA CRÉATION ARCHITECTURALE
ENERLAB 2000
À l’avant-garde des isolants
écologiques
Enerlab 2000 inc., un manufacturier de produits d’isolation thermique établi au Québec
depuis 1982, développe actuellement des
mousses de polyuréthane à base de lignine,
en vue de remplacer les matières premières
d’origine pétrochimique. La lignine, qui est un
sous-produit abondant de l’industrie des pâtes
et papiers, est un biopolymère naturel. Enerlab
a démarré le développement du procédé industriel à l’échelle pilote et prévoit de commercialiser ses premiers panneaux isolants à base de
lignine en 2015.
formes
-
v10 n4 - 2014
Panneaux rigides
d’isolation thermique
en polyisocyanurate
contenant 22 % de
lignine.
50
AGRANDISSEMENT DE L’AÉROPORT DE VAL D’OR
www.enerlab.ca
450 446-8554
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SICOMD MUSEMC est la peinture la plus évoluée à avoir vu le
jour chez Sico. Sa TECHNOLOGIE TOUCH RESISTMC assure
une richesse et une profondeur plus durables
à vos couleurs. Et ses deux finis laissent libre cours
à vos projets créatifs. Sico Muse, c’est le luxe
d’aller au bout de vos ambitions créatives.
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MUSE, TECHNOLOGIE TOUCH RESIST et AVEC VOUS MUR À MUR sont des marques de commerce et
SICO est une marque déposée du groupe PPG. © 2014 PPG Industries, Inc. Tous droits réservés.
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LA GRANDEUR
DE VOS IDÉES.