MEP Info 8-2 Fr
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INFOMUSA La Revue Internationale sur Bananiers et Plantains Vol. 8 N° 2 Décembre 1999 DANS CE NUMÉRO Suspensions cellulaires morphogènes et régénérerations des plants par embryogenèse somatique Méthode rapide pour le diagnostic de M. musicola et M. fijiensis Arachis pentoi : un hôte pour les nématodes ? Techniques d’assainissement du matériel végétal en Ouganda Performance agronomique de six hybrides de Musa de l’IITA au Cameroun Evaluation de bananiers pour des créneaux commerciaux en Floride Les variétés de Musa au Pérou Les bananiers d’altitude en Colombie Comparaison agronomique entre différents matériels de plantation de Dominico Hartón Impact de la défoliation sur la répartition des éléments minéraux d’un régime de Dominico Hartón Recherches sur les nématodes à l’INSA, Viêt-nam Réunions, séminaires Livres etc. Annonces Nouvelles de l’INIBAP Nouvelles des Musa Nouvelles de PROMUSA CTA INFOMUSA est publié avec le soutien du Centre Technique de Coopération Agricole et Rurale (CTA) La mission de l’INIBAP est d’accroître de façon durable la productivité des bananiers et des bananiers plantain cultivés sur de petites exploitations pour la consommation locale et pour les marchés d’exportation. Le programme de l’INIBAP a quatre objectifs principaux : INFOMUSA La Revue Internationale sur Bananiers et Plantains Vol. 8 N° 2 Décembre 1999 DANS CE NUMÉRO Suspensions cellulaires morphogènes et régénérerations des plants par embryogenèse somatique Méthode rapide pour le diagnostic de M. musicola et M. fijiensis Arachis pentoi : un hôte pour les nématodes ? Techniques d’assainissement du matériel végétal en Ouganda Performance agronomique de six hybrides de Musa de l’IITA au Cameroun Evaluation de bananiers pour des créneaux commerciaux en Floride Les variétés de Musa au Pérou Les bananiers d’altitude en Colombie Comparaison agronomique entre différents matériels de plantation de Dominico Hartón Impact de la défoliation sur la répartition des éléments minéraux d’un régime de Dominico Hartón Recherches sur les nématodes à l’INSA, Viêt-nam Réunions, séminaires Livres etc. Annonces Nouvelles de l’INIBAP Nouvelles des Musa Nouvelles de PROMUSA • organiser et coordonner un effort global de recherche sur la banane et la banane plantain visant au développement, à l’évaluation et à la dissémination de matériel génétique de Musa amélioré ainsi qu’à la conservation et à l’utilisation de la diversité génétique des Musa ; • promouvoir et renforcer la collaboration et le partenariat en matière de recherche sur les bananiers au niveau national, régional et international ; • renforcer la capacité des Systèmes nationaux de recherche agricole à conduire des recherches sur la banane et la banane plantain ; • coordonner, faciliter et appuyer la production, la collecte et l’échange d’information et de documentation sur la banane et la banane plantain. Depuis mai 1994, l’INIBAP est un programme de l’Institut international des ressources phytogénétiques (IPGRI). CTA INFOMUSA est publié avec le soutien du Centre Technique de Coopération Agricole et Rurale (CTA) Vol. 8, N° 2 Photo de couverture : Marché rural de bananes plantain en Colombie (T. Lescot, CIRAD-FLHOR). Editeur : Réseau international pour l’amélioration de la banane et de la banane plantain (INIBAP) Rédacteur en chef : Claudine Picq Comité de Rédaction : Emile Frison, Jean-Vincent Escalant, Gisella Orjeda, Suzanne Sharrock Imprimé en France ISSN 1023-0068 Rédaction : INFOMUSA, INIBAP, Parc Scientifique Agropolis II, 34397 Montpellier Cedex 5, France. Téléphone : + 33-(0)4 67 61 13 02 ; Télécopie : + 33-(0)4 67 61 03 34 ; Courrier électronique : [email protected] L’abonnement est gratuit pour les pays en développement. Les lecteurs sont invités à envoyer lettres et articles. La rédaction se réserve le droit d’abréger ou de reformuler les textes publiés pour des raisons de clarté et de concision. INFOMUSA ne peut s’engager à répondre à toutes les lettres reçues, mais s’efforcera de le faire dans un délai raisonnable. La reproduction de tout extrait du magazine est autorisée, à condition d’en spécifier l’origine. INFOMUSA est également publié en anglais et en espagnol. Changement d’adresse : Merci d’en informer la rédaction d’INFOMUSA à l’adresse indiquée ci-dessus, avec si possible six semaines de préavis, afin d’éviter toute interruption de réception de la revue. Les opinions émises dans les articles n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de l’INIBAP. 2 Vol. 8, N° 2 INFOMUSA SOMMAIRE Difficultés rencontrées pour établir et maintenir des suspensions cellulaires morphogènes de bananier et pour régénérer des plants par embryogenèse somatique ........................................................ 3 Méthode rapide pour le diagnostic de Mycosphaerella musicola Leach et M. fijiensis Morelet, agents pathogènes responsables des cercoporioses jaune et noire .................................................................................................... 7 L’arachide sauvage Arachis pentoi : un hôte pour les nématodes gallicoles et les nématodes réniformes ? ........................................................ 9 Diffusion et adaptation de techniques pour assainir le matériel végétal en Ouganda ........................................................................................ 11 Performance agronomique de six hybrides de Musa de l’IITA dans les conditions agroécologiques de Mbalmayo (Cameroun) .......................... 13 Evaluation de bananiers pour des créneaux commerciaux en Floride subtropicale .................................................................................... 15 Les variétés de Musa au Pérou : classification, utilisations, potentiel et contraintes de production .......................................................................... 19 Les bananiers d’altitude en Colombie ................................................................ 26 Comparaison agronomique entre différents matériels de plantation pour le bananier plantain Dominico Hartón (Musa sp. AAB) ................................................................................................ 28 Impact de la défoliation sur la répartition des éléments minéraux d’un régime de bananes du clone Dominico Hartón (Musa AAB Simmonds) .................................................................................... 30 Recherches sur les nématodes à l’Institut national des sciences agricoles (INSA) du Viêt-nam .......................................................................... 33 Réunions, séminaires ............................................................................................ 33 Livres etc. .............................................................................................................. 40 Annonces .............................................................................................................. 42 Nouvelles de l’INIBAP ............................................................................................ 42 Nouvelles des Musa .............................................................................................. 48 Nouvelles de PROMUSA ................................................................................ I à XVI INFOMUSA — Vol 8, N° 2 Amélioration Analyse des techniques cellulaires Difficultés rencontrées pour établir et maintenir des suspensions cellulaires morphogènes de bananier et pour régénérer des plants par embryogenèse somatique H. Schoofs, B. Panis, H. Strosse, A. Mayo Mosqueda, J. Lopez Torres, N. Roux, J. Dolezel et R. Swennen es bananes et bananes plantain (nous utiliserons ci-après les termes génériques « bananiers » et « bananes ») sont une denrée alimentaire de base pour au moins 400 millions d’habitants de la planète. Sur plus de 80 millions de tonnes produites chaque année (Sharrock et Frison 1998, FAO 1999), environ 10 % sont exportés, servant de dessert à plusieurs millions d’individus supplémentaires. Un certain nombre de pays en développement dépendent de ces exportations pour se procurer des devises. Mais en dépit de ce rôle crucial, et malgré le fait que la banane se classe au quatrième rang des productions alimentaires dans le monde (après le riz, le lait et le blé), elle est, de toutes les grandes denrées, celle à laquelle on a consacré le moins de recherches à ce jour. Cela s’explique en partie par la biologie de cette plante. En effet, la plupart des cultivars indigènes comestibles sont des triploïdes stériles qui ont un cycle de vie allant d’un à trois ans. Dans ces conditions, les programmes d’hybridation ont de grandes difficultés à aboutir à des résultats. Cependant, la diffusion d’affections fongiques et virales telles que la fusariose, la cercosporiose noire, le virus du bunchy top du bananier (BBTV) et le virus de la mosaïque en tirets (BSV), qui ont des effets dévastateurs sur la production et sur les échanges de matériel génétique, a suscité un regain d’intérêt pour la recherche bananière. L’évolution rapide des techniques moléculaires, qui permettent aujourd’hui d’isoler des gènes de résistance dans le pool génétique du bananier ou dans un pool étranger et de les intégrer dans le génome de cultivars indigènes sensibles, nous rapprochent de la possibilité d’obtenir des plants résistants/tolérants aux maladies. Pour ce faire, il importe de disposer d’un protocole de transformation et de régénération qui soit à la fois rapide, efficace et largement applicable. Dans les premiers stades de la manipulation du génome du bananier, les équipes de chercheurs ont utilisé soit des méristèmes de bananier (May et al. 1995), soit des cellules embryogènes ou des protoplastes (Sági et al. 1995a, 1995b, Swennen et al. 1998). Toutefois, la production de transformants chimériques semble s’opposer à une large applica- L INFOMUSA — Vol 8, N° 2 tion de la technique de May et de ses collaborateurs, qui aurait pu sinon être très intéressante. Des méristèmes en culture in vitro, facilement disponibles, étaient blessés par bombardement de microparticules, puis cultivés en association avec Agrobacterium tumefaciens. A notre connaissance, toutes les équipes de chercheurs qui obtiennent des résultats dans le domaine de la transformation, même si elles se servent d’Agrobacterium (Pérez Hernández et al. 1998, 1999a, 1999b, Moy et al. 1999), ont actuellement recours à des cellules/tissus embryogènes. Les suspensions cellulaires embryogènes de bananier de bonne qualité ont un potentiel de régénération élevé et ont pour avantage de permettre la régénération de plants d’origine unicellulaire (Grapin et al. 1996). Il existe actuellement trois procédures principales pour l’embryogenèse somatique chez le bananier. Toutes trois se servent de tissus végétatifs tels que des fragments de rhizome et des bases de feuille (Novak et al. 1989, Ganapathi et Higgs 1999), des cultures de méristèmes proliférantes (Dhed’a et al. 1991, Dhed’a 1992, Schoofs 1997, Schoofs et al. 1998) et des fleurs mâles ou femelles immatures (Escalant et al. 1994, Grapin et al. 1998). Mais bien que des suspensions cellulaires embryogènes aient été obtenues pour la plupart des groupes génomiques du bananier et qu’on ait réussi à régénérer des plants à partir de ces suspensions (Dhed’a et al. 1991, Schoofs et al. 1998, Grapin et al. 1996, 1998, Côte et al. 1996), on ne saurait dire que la production de suspensions cellulaires embryogènes à partir de cultures de méristèmes ou de fleurs immatures est parfaitement maîtrisée et que tous les problèmes ont été résolus. Nous examinerons ci-après les principales difficultés rencontrées pour établir et maintenir des suspensions cellulaires morphogènes et pour régénérer des plants par embryogenèse somatique. Nous ferons ressortir les lacunes existant dans nos connaissances et les aspects nécessitant des recherches. Discussion Disponibilité d’explants La méthode utilisant des cultures de méristèmes proliférantes (« scalps ») comme explants est la seule qui nécessite une longue phase préparatoire. Les fleurs mâles ou femelles immatures peuvent être prélevées di- rectement sur des plants de bananiers en fleur. Cela implique d’avoir accès à des champs et de pouvoir inoculer les explants immédiatement. Plusieurs auteurs ont signalé que la réponse embryogène des fleurs mâles diminue rapidement après la récolte et qu’elle dépend également de la saison dans laquelle les fleurs sont prélevées (Escalant et al. 1994, Grapin 1995, Côte, Sandoval, Mayo Mosqueda, communication personnelle). En outre, l’excision des explants, qui doit se faire sous stéréomicroscope, est une opération exigeant beaucoup de travail. A cela s’ajoute un inconvénient majeur : la plupart des plantains n’ont pas de bourgeon mâle, et donc pas de fleurs immatures. Grapin et al. (1998) ont récemment signalé qu’ils avaient utilisé, à la place, des fleurs femelles. Cependant, cela signifie qu’on perd le régime, et il serait donc difficile de généraliser cette méthode. Théoriquement, on peut obtenir à partir de n’importe quel cultivar indigène des cultures de méristèmes proliférantes d’une qualité qui permette de préparer des explants (Dhed’a et al. 1991). La période de culture in vitro nécessaire pour obtenir un massif comportant un grand nombre de petits méristèmes blancs varie de quelques mois à plus d’un an. Chez des bananiers à cuire comme « Bluggoe » (ABB), on peut facilement obtenir un grand nombre d’explants sur le milieu de prolifération standard (milieu p5 avec 10 µm de BA). Chez d’autres types tels que les bananiers dessert AAA et les bananiers d’altitude, il faut plusieurs cultures successives sur un milieu enrichi en cytokinine (milieu p4 avec 100 µm de BA) pour obtenir la même qualité de matériel de départ (Schoofs et al. 1998). On a constaté que le nombre minimum de cycles de culture sur milieu p4 nécessaire pour rompre la dominance apicale in vitro est en corrélation avec le pourcentage de jeux chromosomiques B dans le génome : plus ce dernier est élevé, plus le taux de prolifération in vitro initial est important (figure 1). On a observé qu’une partie des cultures de méristèmes in vitro contient des bactéries. La préparation de ces explants demandant déjà beaucoup de temps, il est souhaitable de cribler les cultures dès le départ, puis à intervalles réguliers, pour détecter une éventuelle contamination interne. En analysant des isolats, on a identifié Bacillus sp. Gram positif formant des endospores et Mycobacte3 rium sp. à croissance lente (Van den houwe et al. 1998, 1999). Faiblesse et variabilité de la réponse embryogène Alors que seule la méthode utilisant des méristèmes proliférants nécessite une longue préparation des explants, tous les problèmes et inconvénients exposés ci-après concernent l’ensemble des méthodes disponibles. Le bananier, étant une plante extrêmement récalcitrante à l’embryogenèse, ne donne la plupart du temps qu’une réponse extrêmement faible (< 1 %). Ainsi, la réponse embryogène des fleurs mâles de Grande Naine, même lorsqu’elles sont prélevées dans la bonne saison, n’a jamais dépassé 5 % (Escalant et al. 1994). Chez d’autres cultivars indigènes, dans des conditions non optimales, la réponse est souvent inférieure à 1 %. On a réussi à obtenir, à partir de cultures de méristèmes proliférantes, des réponses embryogènes de plus de 30 % (des explants) chez quelques types de plantains et bananiers à cuire (Schoofs 1997). En revanche, la réponse des types Cavendish et des bananiers d’altitude est extrêmement variable et demeure généralement inférieure à 1 %. Non seulement la réponse embryogène dépend du génotype et du cultivar, mais différents clones peuvent se comporter de manière totalement différente et il n’est pas rare qu’on rencontre une grande variabilité d’une expérimentation à une autre. Les agrégats embryogènes qui sont ainsi produits se révèlent souvent très hétérogènes. De ce fait, seule une très petite fraction peut être transférée en milieu liquide. Seuls les embryons somatiques encore peu développés et les amas cellulaires embryogènes non organisés aboutiront à l’établissement d’une suspension cellulaire embryogène. Celle-ci se présente sous la forme d’un agrégat blanc jaunâtre de nature friable (Schoofs et al. 1998). Un agrégat idéal peut rapidement perdre sa structure et se transformer en un agrégat hétérogène ou compact, du fait d’une évolution rapide des embryons somatiques situés à sa périphérie. Il faut donc observer attentivement et fréquemment les agrégats qui se sont formés. Selon le cultivar, ils se forment en général après une période d’incubation de trois à huit mois. Souvent, les agrégats sont trop petits (< 0,5 cm de diamètre) pour qu’on puisse les transférer en milieu liquide. En les transférant sur un milieu d’induction semi-solide frais, on peut stimuler la prolifération des tissus embryogènes, mais leur évolution ultérieure est la plupart du temps imprévisible et l’on peut rarement les maintenir ainsi pendant plus de six mois. Peu de cals/agrégats produisent une bonne suspension cellulaire Tous les bons agrégats ne donnent pas une bonne suspension cellulaire embryogène. Parmi les cals dérivés de fleurs mâles qui 80 80 60 60 40 40 20 20 0 0 1 2 3 4 5 6 7 H M L 8 0 0 1 2 3 5 9 Groupe 1 : ≥ 66 % B Groupe 2 : 50 % B 80 80 60 60 40 40 20 20 6 7 H M L 8 9 0 0 0 1 2 3 4 5 6 7 H M L 8 Groupe 3 : 33 % B Dominance apicale in vitro : L = faible, M = moyenne et H = élevée. Z : fréquence Y : cycles de culture sur milieu p4 X : dominance apicale in vitro 4 4 0 1 2 3 9 4 5 6 7 H M L 8 Groupe 4 : 0 % B Figure 1. Nombre de cycles de culture sur milieu p4 nécessaires pour obtenir une prolifération adéquate, en fonction de la dominance apicale in vitro chez différents groupes (définis selon le pourcentage de jeux chromosomiques B dans le génome). Les données sont indiquées sous forme de fréquences. 9 sont de bonne qualité, la proportion de ceux qui produisent une suspension cellulaire utilisable se situe entre un sur trois et un sur cinq (Côte, communication personnelle). Chez les agrégats dérivés de méristèmes proliférants, elle se situe entre un sur deux et un sur cinq. Engler (communication personnelle, 1998) indique que sur un millier d’explants floraux initiaux, il n’y en a qu’un qui donne une suspension cellulaire pouvant être utilisée dans un programme de transformation génétique. Etant donné la quantité extrêmement faible de matériel embryogène de bonne qualité qui est disponible, ainsi que la grande variabilité de la réponse, il s’avère difficile d’optimiser les conditions de culture et la composition du milieu. Il est généralement admis que de jeunes suspensions de bananier ont besoin d’une très haute densité initiale d’inoculum et d’un rafraîchissement fréquent du milieu de maintenance (tous les trois à sept jours) pendant les premiers mois. Maintenance des suspensions cellulaires embryogènes Les cellules individuelles qui se libèrent des agrégats cellulaires embryogènes et des cals nodulaires se différencient rapidement, ce qui entraîne leur dégénérescence et leur oxydation. Il convient de les enlever, si possible à chaque repiquage, car ces cellules tendent à induire une différenciation générale des cellules et des tissus. Il faut aussi enlever les très gros agrégats et les embryons somatiques les plus développés, car ceux-ci tendent à accumuler de l’amidon dans leurs cellules externes. Ces embryons avortés se mettent alors à produire des quantités importantes de polyphénols. En général, trois mois après leur transfert en milieu liquide, les agrégats embryogènes commencent à croître et à se multiplier dans la suspension (Schoofs, Côte, résultats non publiés). Jusqu’à ce stade, la qualité et l’aspect de la suspension sont très variables. Il est essentiel de manipuler adéquatement ces jeunes suspensions pour obtenir des suspensions embryogènes homogènes ; mais pour l’instant, cela semble surtout dépendre du « Fingerspitzengefühl » du chercheur. Au bout d’environ six mois, les suspensions cellulaires de bonne qualité, tout en demeurant d’aspect hétérogène, se composeront principalement d’amas cellulaires embryogènes. A ce stade, on peut tester la capacité de régénération de la suspension. Temps et travail requis Comme nous l’avons vu plus haut, une longue phase préparatoire est indispensable pour certains cultivars indigènes quand on se sert de méristèmes proliférants comme explants. Cette période peut aller jusqu’à un an. On obtient des agrégats/cals embryogènes avec les deux types d’explants (méristèmes proliférants et fleurs mâles ou femelles immatures) au bout d’une période d’incubation de trois à INFOMUSA — Vol 8, N° 2 Régénération et pureté génétique La régénération de plants à partir de suspensions cellulaires de bananier ne pose pas réellement de problèmes lorsque la qualité de la suspension est bonne. Les suspensions qui ont une grande capacité de régénération produisent 104 à 105 embryons somatiques INFOMUSA — Vol 8, N° 2 1,4 1,3 1,2 log 10 (SCV%) huit mois. Après transfert en milieu liquide, environ six mois doivent encore s’écouler avant qu’on ait une idée précise de la qualité de la suspension. Cela signifie qu’une période totale de neuf à 26 mois est nécessaire pour établir une suspension. A cela, il faut ajouter encore trois à six mois pour disposer de suffisamment de matériel cellulaire et pour que la suspension se prête à des applications. Si l’initiation de suspensions cellulaires de bananier demande du temps, leur maintenance exige beaucoup de travail. En effet, il est difficile de les préserver des contaminations bactériennes. Les suspensions sont souvent contaminées dans les deux années qui suivent leur établissement. Elles deviennent alors inutilisables pour des applications telles que la transformation. Il importe donc de procéder rapidement à la cryoconservation des suspensions qui sont de bonne qualité, d’autant plus que les risques de variation somaclonale augmentent avec le temps. Panis et al. (1990, 1992) ont élaboré un protocole permettant de stocker les suspensions cellulaires embryogènes de bananier, mais ce protocole n’est pas valable pour les suspensions dont les cellules sont riches en amidon et qui ne retiennent pas les embryons somatiques et autres tissus différenciés. Le comportement de différentes lignées cellulaires d’un même clone est souvent différent. Même quand on divise le contenu d’une fiole de manière égale entre deux fioles, le contenu de chacune de ces dernières peut se comporter différemment. D’autres éléments montrent que les premières étapes de l’initiation ainsi que la maintenance des suspensions sont loin d’être optimisées. D’après les courbes de croissance établies pour des suspensions de bananier initiées dans notre laboratoire, les volumes cellulaires (après stabilisation) de 3 et 5 % sont supérieurs au volume cellulaire initial de 10 %. On a aussi observé que les suspensions cellulaires de bananier n’ont pratiquement pas de phase de latence dans ces conditions et qu’elles parviennent en phase stationnaire au bout de seulement cinq semaines. La croissance des cellules suit une courbe linéaire et non exponentielle (figure 2). Cette croissance est lente en comparaison avec celle de céréales comme le riz, et l’aspect des cellules est très hétérogène par rapport à celui des cellules de riz. D’après des résultats préliminaires, la teneur en sucre et la composition du milieu de maintenance exerce un effet sur le taux de croissance des suspensions et sur le taux de régénération ultérieure (données non présentées). 1,1 1,0 0,9 0,8 0,7 0,6 0 6 13 19 26 32 38 45 51 Jours après sous-culture Figure 2. Courbe de croissance logarithmique d’une suspension cellulaire embryogène de « Williams » (AAA, Cavendish), exprimée en pourcentage du volume cellulaire (SCV %). par ml de volume cellulaire. Celles qui ont une capacité de régénération moyenne produisent 10 2 à 103 embryons (Grapin et al. 1996, Schoofs 1997). Nous avons eu dans notre laboratoire des suspensions Cavendish qui n’étaient pas morphogènes du tout. La croissance de ces suspensions non embryogènes était deux fois plus rapide que celle des suspensions embryogènes. Dans notre laboratoire, nous avons depuis plus de quatre ans une suspension de « Three Hand Planty » (AAB, plantain) qui possède encore un potentiel de régénération très élevé. L’analyse de ses cellules à l’aide de la cytométrie en flux a montré un degré de ploïdie normal (figure 3a). En revanche, une suspension de « Bluggoe » (ABB, bananier à cuire) âgée de neuf ans s’est révélée entièrement aneuploïde et ayant très probablement 4-5 chromosomes manquants (figure 3b). Son potentiel de régénération est aujourd’hui proche de zéro et seuls des plants anormaux ont pu être régénérés précédemment à partir de cette suspension. D’autre part, nous avons constaté qu’une suspension non régénérable de « Grande Naine » et une suspension faiblement régénérable de « Williams » étaient toutes deux aneuploïdes dans une certaine mesure. Les plants avaient un retard de croissance in vitro et ex vitro par rapport aux témoins. Récemment, nous avons appliqué la cytométrie en flux aux feuilles de plants régénérés à partir d’une suspension de « Nakitengwa » (AAAh, bananier d’altitude). Les plants en question avaient une hauteur beaucoup plus grande que celle des plants témoins, et ils ne produisaient pas les feuilles arrondies et vert foncé typiques des bananiers d’altitude, mais des feuilles plus étroites et de couleur plus claire. L’analyse a montré que les plants dérivés de cette suspension ainsi que les plants issus de culture de méristèmes sur milieu p4 étaient aneuploïdes et, d’après des calculs théoriques, avaient sans doute deux chromosomes manquants. Dhed’a (1992) a été le premier à signaler une variation somaclonale chez des plants dérivés de suspensions cellulaires. Il a observé que 5 à 10 % d’embryons somatiques anormaux s’étaient formés à partir d’une suspension de « Bluggoe » (ABB, bananier à cuire) dérivée de méristèmes proliférants. Sur 140 plants testés en champ, on n’a trouvé qu’un hors-type (0,7 %) se caractérisant par un retard de croissance et des feuilles tordues. Grapin (1995) a constaté la présence de 16 à 22 % de variants somaclonaux parmi les plants régénérés à partir d’une suspension de « French Sombre » (AAB, plantain) dérivée de fleurs mâles, tandis que tous les plants obtenus de manière classique par propagation clonale in vitro étaient normaux. Récemment, Côte et Folliot (1999) ont signalé que, durant la phase d’acclimatation, deux types de variants avaient été observés parmi des plants de « Grande Naine » (AAA, Cavendish) dérivés d’une suspension établie à partir de fleurs mâles : certains de ces plants avaient des feuilles « panachées », tandis que les autres avaient des feuilles « doubles » (deux parties se soudant à la nervure centrale). Mais lorsqu’on a fait ultérieurement des essais en champ, les 500 plants testés ont tous manifesté un comportement agronomique similaire à celui des plants obtenus par la méthode conventionnelle de bourgeonnement in vitro. L’ensemble des 36 plants produits dans notre laboratoire à partir d’une suspension de « Cardaba » (ABB, bananier à cuire) dérivée de méristèmes proliférants, et testés pendant trois cycles à la CORBANA (Costa Rica), se sont révélés normaux. En revanche, on a enregistré un nombre extrêmement élevé de hors-type (597/600) chez des plants de « Williams » (AAA, Cavendish) issus d’une suspension établie à partir de méristèmes proliférants. Les plants anormaux en question avaient des feuilles longues et étroites (Khayat, communication personnelle). « Williams » fait partie des cultivars qui ont besoin d’une longue phase de préparation du matériel. Il faut maintenir les cultures de méristèmes en pratiquant au moins 7 à 9 repiquages successifs sur un milieu p4 ayant une teneur très élevée 5 200 d’embryons somatiques encore très peu développés. L’établissement d’une suspension à partir d’un cal prend environ six mois. Compte tenu des risques de contamination, de variation somaclonale et de perte du potentiel morphogène des suspensions, il convient de prendre toutes les mesures de précaution possibles. La cryoconservation permet de stocker le matériel cellulaire en maintenant sa capacité embryogène, à condition que les suspensions soient de bonne qualité. L’analyse à l’aide de la cytométrie en flux est une technique extrêmement efficace pour déterminer le degré de ploïdie (euploïdie/aneuploïdie) des suspensions. On peut l’appliquer à de très jeunes suspensions, car elle ne nécessite qu’une très petite quantité de matériel cellulaire. La faiblesse des fréquences de régénération peut constituer un autre indicateur (indirect) des anomalies des plants. Certains hors-type ont une croissance retardée in vitro et ex vitro en serre. Tant qu’on ne dispose pas de marqueurs moléculaires pour distinguer clairement et aisément les plants génétiquement purs et les horstype, il importe de faire des essais en champ sur plusieurs cycles pour déterminer le pourcentage et le type des plants anormaux. On disposera bientôt de premières données sur le taux de plants anormaux parmi les plants dérivés de suspensions. 150 Remerciements File 2016 P. mas + THP7 (SE-R1) 01.10.98 12:11:51 0 Total Count 5008 Gated Count 920 (18.37%) 300 count Peak Index Mean 1 1.000 100.65 2 1.455 146.42 cells/ml Area 1357 2792 Area % 27.10 55.75 2 2 100 100 CV % 2.24 2.56 a 250 200 150 100 50 0 0 *I PAR GAIN FL1 386.0 50 lin 100 L-L 70 150 U-L 999 200 250 SPEED (pl/s) RATE (1/s) 0.30 11 400 450 FL1 500 LAMP (h) 137.3 Peak Index 1 1.000 2 2.177 3 2.799 4 3.194 File 2007 p. mas + bluggoe (leaves) + Blug. (pp 30.09.98 18:28:37 Total Count 3047 31816 cells/ml Gated Count 430 (14.11%) 300 count 350 300 Mean Area 46.42 109 101.04 330 129.92 1794 148.27 364 partec Area % 3.58 10.83 58.88 11.95 CV % 16.69 2.72 1.73 1.86 100 3 b 250 100 50 2 4 100 150 1 0 0 50 200 250 300 350 400 450 FL1 500 partec PAR GAIN *I FL1 392.0 lin L-L 50 U-L 999 SPEED (pl/s) RATE (1/s) 0.20 6 LAMP (h) 132.6 Figure 3. a. Analyse à l’aide de la cytométrie en flux de feuilles du bananier diploïde « Pisang mas » (pic 1 : 2n = 22) et d’embryons somatiques de « Three Hand Planty » régénérés à partir d’une suspension âgée de 4 ans (pic 2 : 2n = 33). b. Analyse à l’aide de la cytométrie en flux de feuilles du bananier diploïde « Pisang mas » (pic 2 : 2n = 22), de protoplastes issus d’une suspension de « Bluggoe » âgée de 9 ans (pic 3 : 2n = 28-29?) et de feuilles du bananier à cuire triploïde « Bluggoe » (pic 4 : 2n=33). en BA (100 µm). La même chose vaut pour « Nakitengwa » (AAAh, bananier d’altitude), dont la suspension aussi bien que le témoin cultivé sur milieu p4 ont produit des plants aneuploïdes génétiquement impurs. Si l’on n’a jamais signalé, à notre connaissance, que des cytokinines comme la BA puissent causer des altérations génomiques avec les concentrations standard (de 0 à environ 20 µm), il n’est pas impossible que cela se produise lorsqu’on atteint une concentration aussi proche du niveau phytotoxique. Il faudrait étudier l’effet de 100 µm de BA sur la variation somaclonale. Conclusion Comme le montrent les données ci-dessus, l’initiation de suspensions cellulaires em6 bryogènes de Musa pose de nombreux problèmes. Outre la longueur de la phase préparatoire requise pour la plupart des cultivars indigènes lorsqu’on se sert de méristèmes proliférants, et les problèmes spécifiques dus à l’usage prolongé de fortes concentrations de BA, on rencontre à tous les stades ultérieurs des difficultés similaires avec les deux types d’explants (méristèmes proliférants et fleurs immatures). Il faut entre trois et huit mois pour obtenir des cals embryogènes et, à quelques rares exceptions près, la réponse embryogène des explants est généralement inférieure à 5 %. Parmi les « bons » cals, la proportion de ceux qui donnent une bonne suspension est de un sur deux à un sur cinq. Les « bons » cals sont ceux qui comportent un grand nombre d’agrégats embryogènes et Cette recherche a été menée dans le cadre du Groupe de travail sur l’amélioration génétique du Programme mondial pour l’amélioration des Musa (PROMUSA). Elle a bénéficié de l’aide des organismes suivants : Administration générale de la coopération au développement (AGCD, Belgique), UE, Communauté flamande, AIEA et INIBAP. Nous remercions l’INIBAP, l’IITA (Nigeria), l’IITAESARC (Ouganda), V. Galán Sauco (ICIA, Tenerife, Espagne), Rahan Meristem (Israël), la FHIA (Honduras), J. Daniells et M. Smith (QDPI, Australie) pour le matériel végétal. ■ Références Côte F.X., R. Domergue, S. Monmarson, J. Schwendiman, C. 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Proceedings of the ISHS Working Groups ‘Quality Management in Micropropagation’, ‘Methods and Markers for Quality Assurance in Micropropagation’, University College, Cork, Ireland, 24-27 August 1999. H. Schoofs, B. Panis, H. Strosse et R. Swennen travaillent au Laboratory of Tropical Crop Improvement, Katholieke Universiteit Leuven, Kardinaal Mercierlaan 92, B-3001 Heverlee, Belgique ; A. Mayo Mosqueda au Centro de Investigacion Cientifica de Yucatan (CICY) A.C., Calle 43 No. 130, Col. Chuburna de Hidalgo, Mexique ; J. Lopez Torres à l’Instituto de Investigaciones en Viandas Tropicales (INIVIT), Apdo 6, Santo Domingo, Villa Clara, CP 53000, Cuba ; N. Roux à l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), FAO/IAEA Agriculture and Biotechnology Lab., Plant Breeding Unit, A-2444 Seibersdorf, Autriche et J. Dolezel au Laboratory of Molecular Cytogenetics and Cytometry, Institute of Experimental Botany, Sokolovska 6, CZ-77200 Olomouc, République tchèque. Identification précoce Méthode rapide pour le diagnostic de Mycosphaerella musicola Leach et M. fijiensis Morelet, agents pathogènes responsables des cercoporioses jaune et noire Martha Cecilia Aguirre Gaviria, Jairo Castaño-Zapata et Luís Eduardo Zuluaga Arias ycosphaerella musicola Leach et Mycosphaerella fijiensis Morelet sont les agents respectivement responsables des cercosporioses jaune et noire chez Musa (Fullerton 1994). M INFOMUSA — Vol 8, N° 2 La cercosporiose jaune, connue antérieurement sous le nom de maladie de la Sigatoka, tire son nom de la vallée Sigatoka, île de Viti Levu (Fidji), où la maladie a été décrite pour la première fois en 1902. En 1912, elle occasionne de grandes pertes aux îles Fidji, notamment dans la vallée de Sigatoka d’où vient son nom. D’autres cas de dommages causés à l’industrie bananière par cette maladie sont observés en Australie en 1924, en Amérique Centrale, dans les Caraïbes et en Amérique du Sud, ainsi qu’en Afrique durant la décade 1930-1940 (Mourichon et Fullerton 1990). Ultérieurement, sa présence est notée dans la presque totalité des régions productrices de Musacées du monde, et elle est considérée comme l’une des maladies les plus dévastatrices pour ces cultures. La cercosporiose noire est décrite comme une nouvelle maladie en 1963, également aux 7 îles Fidji (Rhodes 1964, Leach 1964), bien que sa présence ait été mentionnée bien avant aux îles Hawaii et dans quelques régions du Pacifique (Stover 1972). En Amérique Centrale, elle est décrite pour la première fois au Honduras en 1972, et de là s’est répandue dans le reste de la zone. En Amérique du Sud, elle est mentionnée pour la première fois en Colombie en 1981, puis en Equateur en 1989, et plus récemment à Cuba et au Venezuela (Mourichon et Fullerton 1990). Bien qu’au niveau macroscopique, les symptômes visibles sur le terrain provoqués par les deux pathogènes puissent être quelque peu différents, ils ne sont pas suffisamment nets pour que l’on puisse distinguer précisément les deux maladies (Du Pont 1980). Au niveau microscopique, les périthèces du stade sexuel de M. musicola et M. fijiensis sont très ressemblants et se localisent dans le tissu nécrosé des lésions, mesurant environ 51-86 x 35-77 m. Au stade asexuel de M. musicola, des stromas (sporodochies) se forment sur les deux faces des feuilles, plus abondantes cependant sur la face supérieure, et les conidies n’ont pas de cicatrice (hile) au point de jonction avec le stroma, tandis qu’au même stade, M. fijiensis produit des conidiophores simples avec une cicatrice, visible autant à la base des conidies que sur les conidiophores (Castaño-Zapata et Del Río 1994). Chez les deux espèces, les conidies sont allongées, septées, hyalines et aciculaires. Les deux microorganismes se différencient principalement par les caractéristiques morphologiques de leurs anamorphes, en particulier les caractéristiques des conidiophores et des conidies, et spécifiquement par la présence de cicatrices sur les conidiophores et conidies de M. fijiensis, absentes sur M. musicola (Fullerton 1994). L’abondance des stromas et des conidies de Paracercospora fijiensis sur la partie inférieure des lésions et de Pseudocercospora musae sur la partie supérieure, sert également de guide rapide pour l’identification de ces espèces (Fullerton 1994). L’identification correcte de ces champignons doit donc se faire en laboratoire. Ce travail a pour objectif principal d’établir une méthodologie simple pour un diagnostic rapide de M. musicola et M. fijiensis en laboratoire. Matériels et méthodes La méthode est une modification de la technique employée par Lalancette et al. (1984), consistant à utiliser des seringues de plastique jetables de 6 cm3, de la marque Precision Glide 21G 1 1/2, ou équivalentes, dont on retire l’extrémité antérieure afin de les utiliser comme de simples cylindres, dont l’ouverture est de 123,7 mm2. Les distributeurs sont remplis d’agar-cristal violet, de streptomycine et de bénomyl (Agar bactériologique Oxoid 1,5 g ; streptomycine en disques Oxoid 10 mg ; bénomyl 100 ppm ; solution pure de cristal violet à 1 % ; eau 100 ml). La strepco8 mycine, le bénomyl et le cristal violet sont ajoutés au milieu liquide préalablement stérilisé à 121 °C et 15lb de pression durant 20 minutes ; ce liquide est ensuite réparti dans les seringues. Ces dernières sont alors disposées verticalement et réfrigérées à 4 °C afin que le milieu se solidifie rapidement. Afin de prélever sur le terrain les conidies de Pseudocercospora musae ou de Paracercospora fijiensis, on presse le piston de la seringue jusqu’à ce qu’une épaisseur de 2 mm de milieu soit exposée à l’air libre (figure 1a). La surface humide de l’agar-cristal violet est doucement déposée sur une aire nécrosée de la feuille la plus jeune (figure 1b). Puis le disque d’agar-cristal violet est précautionneusement coupé au bistouri afin que sa surface soit lisse (figure 1c). On place deux disques par lames, que l’on place dans une boîte contenant du papier absorbant humidifié que l’on ferme afin de créer une ambiance humide qui favorise la diffusion rapide du colorant à travers les cellules des conidies échantillonnées et évite la déshydratation (figure 1d). On peut obtenir 20 à 24 disques à partir de chaque seringue, ce qui est suffisant pour 10 à 12 échantillons doubles. Par cette méthode, le chercheur établit une correspondance entre le nombre de disques et le nombre de lésions échantillonnés, ainsi qu’entre le nombre de lames et le nombre de feuilles échantillonnées, dans le cas présent, une lame par matériel évalué. Les lames sont immédiatement montées sur le microscope pour observer les caractéristiques morphologiques des conidies échantillonnées, à l’aide de l’objectif 40X. Résultats et discussion L’absence de cristal violet dans le milieu rend difficile la différenciation des conidies de Pseudocercospora musae (figure 2a) et de Paracercospora fijiensis (figure 2b). L’emploi de cristal violet à 1 % permet de différencier immédiatement les deux espèces. Le produit colore les conidies, de façon plus intense au niveau de la cicatrice (hile), ou point d’insertion des conidies sur le conidiophore, présent chez P. fijiensis (figure 2c) et absent chez P. musae (figure 2d). L’addition de streptomycine et de bénomyl au milieu évite la contamination par les bactéries et la germination des conidies dont le tube germinatif pourrait interférer avec les observations au microscope. Dans les travaux sur la résistance de ces champignons aux fongicides, il suffit de supprimer le bénomyl. Une méthode similaire à celle qui vient d’être décrite, basée sur l’addition ou non de lactophénol à l’agar à 1,5 % fut décrite par Jacome et Schuch (1993) pour étudier les conidies de M. fijiensis. Du fait que le lactophénol est incolore, la couleur des conidies ne change pas, ce qui rend difficile l’identification de l’espèce. Bien que Tapia (1993) décrive une méthode pour quantifier et caractériser les structures reproductives asexuées de M. musicola et M. fijiensis sur la base des caractéristiques des stomates et des conidiophores, 84 heures sont nécessaires pour le traitement des tissus échantillonnés sur le terrain. Il est à noter que le traitement thermique décrit par Tapia (1993) disperse les conidies du champignon, rendant l’observation difficile. Les deux espèces de Mycosphaerella peuvent également aisément se distinguer par les caractéristiques des colonies dans le milieu de culture, mais cette procédure de dix jours est trop longue (Du Pont 1980). De même, les deux espèces se distinguent par l’emploi de techniques moléculaires, comme la mesure de la longueur polymorphe de fragments de restriction d’ADN (RFLP) (Carlier et al. 1994) et la réaction en chaîne de la polymérase (PCR) (Johanson et Jeger 1993), mais l’utilisation de ces techniques est onéreuse. La technique développée dans ce travail, outre le fait qu’elle permet l’identification rapide et sûre des agents responsables de la cercosporiose jaune et de la cercosporiose noire, permet d’obtenir une grande quantité d’échantillons pour un coût minimum. a b c d Figure 1. Préparation du distributeur de la seringue et échantillonnage de conidies sur le terrain. a. Distributeur de disques d’agar-cristal violet. b. Prise d’empreinte. c. Coupe des disques d’agar-cristal violet après la prise d’empreinte. d. Chambre humide pour la conservation des disques d’agar-cristal violet contenant les conidies des champignons échantillonnés. INFOMUSA — Vol 8, N° 2 a b c d Figure 2. Efficacité de la coloration au cristal violet des anamorphes de M. musicola et M. fijiensis. a. Conidie de Pseudocercospora musae sans coloration. b. Conidie de Paracercospora fijiensis sans coloration. c. Conidies de P. musae colorées. A noter : l’absence de hile. d. Conidies de P. fijiensis colorés. A noter : la présence d’un hile et l’intensité de sa coloration. Conclusions On a ainsi mis point une méthode précise, simple et rapide, pour identifier les espèces de M. fijiensis et M. musicola, aux stades anamorphes Paracercospora fijiensis et Pseudocercospora musae. Cette technique est particulièrement économique, permettant l’obtention d’une grande quantité d’échantillons à faible coût et une estimation du nombre de conidies présentes pour chaque espèce de champignon. Cette méthode n’est pas seulement utile pour l’identification précise des espèces de champignons responsables de la cercosporiose noire et jaune, mais également dans le cadre d’études sur la résistance de M. fijiensis et M. musicola aux fongicides, problème fréquemment rencontré à propos de ces agents pathogènes. Remerciements C’est grâce à la convention ICA-CORPOICACIRAD-FLHOR que les auteurs ont pu bénéfi- Parasites et ravageurs cier de l’appui nécessaire à la réalisation du présent travail et ils en remercient les institutions partenaires. ■ Bibliographie Carlier J., X. Mourichon, D. González de León, M.F. Zapater & M.H. Lebrun. 1994. DNA restriction fragment length polymorphisms in Mycosphaerella species that cause banana leaf spot diseases. Phytopathology 84(7): 751-755. Castaño-Zapata J. & L. del Río. 1994. Sigatokas del banano. Pp. 217-218 in Guía para el diagnóstico y control de enfermedades en cultivos de importancia económica (3ème ed.). Zamorano Academic Press, Honduras. 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Plantes de couverture pour le contrôle des nématodes L’arachide sauvage Arachis pentoi : un hôte pour les nématodes gallicoles et les nématodes réniformes ? D Jacome L.H. & W. Schuh. 1993. Effect of temperature on growth and conidial production in vitro, and comparison of infection and aggressivenes in vivo among isolates of Mycosphaerella fijiensis var. difformis. Trop. Agric. (Trinidad) 70(1): 51-59. Johanson A. & M.J. Jeger, 1993. Use of PCR for detection of Mycosphaerella fijiensis and M. musicola, the causal agents of Sigatoka leaf spots in banana and plantain. Mycol. Res. 97: 670-674. Lalancette N. Jr., J.-M. Russo & K.D. Hickey. 1984. A simple device for sampling spores to monitor fungicide resistance in the field. Phytopathology 74(12): 1423-1425. Leach R. 1964. A new form of banana leaf spot in Fiji, black leaf streak. Pp. 60-64 in World Crops. Mourichon X. & R.A. Fullerton. 1990. 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Une étude récente a montré que Meloidogyne incognita (races 1, 2, 3 et 4), M. arenaria (races 1 et 2) et M. javanica infestent facilement les bananiers, tandis que M. hapla se reproduit mal sur cette plante (Jonathan et al. 1999). Nous avons donc étudié si l’arachide sauvage peut servir d’hôte pour ces quatre espèces importantes de nématodes gallicoles, ainsi que pour le nématode réniforme. Matériel et méthodes On a planté des semences d’A. pentoi de dimension uniforme dans des pots de 15 cm de diamètre remplis d’un mélange de sable et de terreau stérilisé à la vapeur (85 % de sable, 10 % de limon et 5 % d’argile). Quinze jours plus tard, on a inoculé certains plants avec les races 1, 2, 3 et 4 de M. incognita (Kofoid & White) Chitwood, les races 1 et 2 de M. arenaria Chitwood, M. javanica (Treub) Chitwood, M. hapla Chitwood et R. reniformis Linford & Oliveira. Les inoculums ont été produits à l’université de l’Etat 9 de Caroline du Nord, à partir de cultures maintenues en serre. A l’exception de la race 2 de M. incognita, les oeufs utilisés pour l’inoculum des différentes espèces et races de Meloidogyne ont été obtenus à partir de populations de nématodes maintenues sur la tomate (Lycopersicon esculentum, cv. Rutgers) ; ceux de la race 2 de M. incognita l’ont été à partir d’une population maintenue sur le tabac (Nicotiana tabacum, cv. NC 95). On s’est servi de la méthode au NaOCl (Hussey et Barker 1973) pour préparer l’inoculum de chaque espèce de nématode gallicole, de façon à obtenir une quantité de 10 000 oeufs/pot. Quant au nématode réniforme, il a été extrait du sol à partir d’une population maintenue sur la patate douce (Ipomea batatas), la quantité étant de 5 000 nématodes/pot. Chaque population de nématodes a été inoculée dans cinq pots d’A. pentoi. Cinq plants non inoculés ont servi de témoins. On a utilisé un dispositif en randomisation totale, les pots étant placés sur une paillasse dans une serre grillagée au sein de laquelle la température variait de 18 à 40 °C, mais se situait la plupart du temps entre 22 et 35 °C. On a récolté les plants 11 semaines après l’inoculation et enregistré leur poids. On a soigneusement lavé leurs racines à l’eau du robinet avant d’enregistrer l’indice de masses d’oeufs (Taylor et Sasser 1978) ainsi que le pourcentage de galles. On a estimé le nombre d’oeufs par système racinaire en prélevant un sous-échantillon de 5 g de racines sur chaque plant, en le traitant avec du NaOCl à 0,5 % pour en extraire les oeufs (Hussey et Barker 1973) et en extrapolant les résultats en fonction du poids de la totalité du système racinaire. Les données ont été soumises à une analyse de variance et l’on s’est servi du test t de Waller-Duncan (où k = 50) pour séparer les moyennes (Waller et Duncan 1969). L’essai a été répété une fois. Résultats et discussion La présence de Meloidogyne hapla a eu pour effet de réduire la croissance des plants, comme en témoigne le poids de ceux-ci (tableau 1). En revanche, les autres espèces ou races de Meloidogyne et le nématode réniforme n’ont pas affecté la croissance des plants. On a obtenu le plus fort indice de masses d’oeufs (4,4) et le pourcentage de galles le plus élevé (23 %) chez les plants inoculés avec M. hapla. Aucune masse d’oeufs n’a été observée sur les racines des plants inoculés avec les autres nématodes. Le nombre élevé d’oeufs extraits par système racinaire (268 332/plant) chez les plants inoculés avec M. hapla s’est traduit par un facteur de reproduction [Fr = population finale/population initiale] élevé, atteignant la valeur de 26,8. Tandis que les plants inoculés avec les autres Meloidogyne spp. et avec R. reniformis ont eu une valeur Fr < 1 (tableau 1). Des résultats similaires ont été obtenus lors de la répétition de l’essai (données non présentées). Ces résultats montrent clairement que, parmi les taxons de nématodes évalués, seul M. hapla infeste facilement l’arachide sauvage et se reproduit sur cette plante. En revanche, les autres nématodes testés, à savoir les races 1, 2, 3 et 4 de M. incognita, les races 1 et 2 de M. arenaria, M. javanica et R. reniformis, ne se sont pas reproduits sur cette plante. Dans une étude antérieure, qui visait à déterminer dans quelle mesure le bananier sert d’hôte à quatre espèces majeures et différentes races de Meloidogyne, on avait constaté que M. hapla ne se reproduisait guère sur le bananier (Jonathan et al. 1999). Par conséquent, cette étude indique que l’on peut effectivement se servir de plants d’arachide sauvage en culture de couverture pour le bananier afin de minimiser les infestations des espèces majeures de Meloidogyne, qui sont susceptibles de causer des dégâts considérables sur cette culture fruitière importante. Il n’est malgré tout pas conseillé de suivre cette option dans le cadre de champs infestés avec Radopholus similis dans la mesure où ce nématode se reproduit sur l’arachide sauvage (Araya 1996). Cependant, il demeure nécessaire de vérifier si l’arachide sauvage est un hôte pour d’autres espèces de nématodes qui s’attaquent aux bananiers. Remerciements Les auteurs remercient Mme Karen M. Parker qui les a aidés à effectuer l’analyse statistique. Le premier auteur a bénéficié d’une bourse post-doctorat de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) pour mener cette recherche collaborative à l’université de l’Etat de Caroline du Nord, à Raleigh (Etats-Unis). ■ Références Araya M. 1996. Capacidad hospedante de Arachis pintoiI a Radopholus similis. CORBANA 21(45): 19-24. Gowen S. R. 1995. Pests. Pp. 382-402 in Bananas and Plantains (S.R. Gowen, ed.). Chapman & Hall, Londres, Royaume-Uni. Hussey R.A. & K.R. Barker. 1973. 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Nématode Race Poids du plant (g) Indice de masses d’oeufsa Indice de gallesa Nb d’oeufs/ système racinaire Fra Meloidogyne incognita Race 1 110 A 0B 1,4 B 0B 0,00 B M. incognita Race 2 108 A 0B <1 B 146 B 0,01 B M. incognita Race 3 100 AB 0B 1B 0B 0,00 B M. incognita Race 4 96 AB 0B 1,4 B 0B 0,00 B 98 AB 0B <1 B 1 467 B 0,15 B M. arenaria Race 1 101 AB 0B 1B 0B 0,00 B M. arenaria Race 2 100 AB 0B <1 B 0B 0,00 B 64 C 4,4 A 23 A 268 332 A 26,83 A 99 AB 0B <1 B 25 B 0,01 B 105 AB 0B <1 B 0B 0,00 B M. javanica M. hapla Rotylenchulus reniformis Témoin a Indice de masses d’oeufs (0-5) d’après Taylor et Sasser 1978 ; indice de galles (0-100) sur la base du pourcentage de galles présentes sur les racines ; Rf (facteur de reproduction) = population finale (Pf)/population initiale (Pi). Dans une même colonne, les moyennes suivies de la même lettre ne présentent pas de différence significative selon le test t de Waller-Duncan avec coefficient k (k = 50). 10 E.I. Jonathan travaille comme professeur associé en nématologie à la Tamil Nadu Agricultural University, Sugarcane Research Station, Sirugamani - 639115, Inde. K.R. Barker et T.B. Sutton sont professeurs au Department of Plant Pathology, North Carolina State University, Raleigh, NC 27695-7616, Etats-Unis INFOMUSA — Vol 8, N° 2 Parasites et ravageurs Le parage : une méthode de contrôle Diffusion et adaptation de techniques pour assainir le matériel végétal en Ouganda P.R. Speijer, Ch. Kajumba et W.K. Tushemereirwe a banane occupe une place importante dans l’alimentation des Ougandais, qui la consomment cuite en tant que légume ou transformée en bière (Bananuka et Rubaihayo 1994). Sa production se concentre surtout sur les hautes terres humides de l’ouest et du centre du pays (Karamura 1993). Elle est généralement cultivée sur de petites exploitations de quelques hectares à des fins de subsistance, seul le surplus étant commercialisé (Mugisha et Ngambeki 1994). La culture de la banane n’est pas mécanisée et l’on replante sur les mêmes parcelles sur de longues périodes de temps, allant de quatre ans dans le centre de l’Ouganda jusqu’à plus de 30 ans dans sa partie occidentale (Gold et al. 1993). La baisse de fertilité des sols, l’abandon des bonnes pratiques agronomiques et l’invasion de nouveaux ravageurs (Gold et al. sous presse) et maladies (Tushemereirwe et al. 1993) affectent sévèrement la production bananière dans le centre et l’ouest de l’Ouganda depuis une quinzaine d’années (Karamura 1993). Ce sont en particulier les nématodes et les charançons, qui réduisent la durée de vie des plantations en provoquant un grand nombre de cassures et de chutes de plants (Speijer et al. 1994, 1998a, 1998b). Les nématodes Radopholus similis, Helicotylenchus multicinctus et Pratylenchus goodeyi vivent, se nourrissent et se reproduisent dans les racines et dans la couche externe du rhizome des bananiers (Quénéhervé 1990), ne passant qu’une partie limitée de leur vie dans le sol (Quénéhervé et Cadet 1986). Les pertes qu’ils causent sont parfois supérieures à 50 % dans le premier cycle de culture (Speijer et Kajumba 1996). Le charançon Cosmopolites sordidus pond la plupart de ses oeufs à l’intérieur du rhizome et dans les parties inférieures du pseudotronc (Abera et al. sous presse). Ses larves se développent et se nourrissent à l’intérieur des tissus du plant, formant de longs tunnels qui donnent lieu à des pertes pouvant aller jusqu’à 60 % dans le quatrième cycle de culture (Rukazambuga 1996). Le charançon adulte se déplace librement d’un plant de bananier à un autre. Chez les jeunes rejets de bananiers, les dégâts des nématodes et des charançons sont fortement associés (Speijer et al. 1993), ce qui peut en- L INFOMUSA — Vol 8, N° 2 traîner une dévastation totale des plants à l’approche de la récolte. L’utilisation de matériel végétal indemne de ravageurs et de maladies permet de réduire la diffusion des nématodes et des charançons qui parasitent les plants. L’élimination des racines et des parties infestées du rhizome avant la plantation a pour effet de réduire les populations initiales de nématodes et de charançons présentes chez le bananier (Speijer et al. 1995, Gold et al. 1998a). Un traitement additionnel à l’eau chaude pendant 20 minutes à une température de 5355oC élimine pratiquement tous les nématodes restants (Colbran 1967, Speijer et al. 1995). Cette méthode, qui est extrêmement efficace, assure dans le premier cycle de culture une production supérieure de 30 % ou plus à celle obtenue avec le matériel usuel des paysans (Speijer et al. 1999). L’usage de matériel désinfesté permet certainement de réduire la diffusion d’espèces de nématodes particulièrement agressives telles que Radopholus similis. Il faut attendre le quatrième cycle de culture pour que le matériel traité à l’eau chaude soit de nouveau parasité par les nématodes à un degré comparable avec le matériel de plantation ordinaire utilisé en Ouganda (Speijer et al. 1995). En revanche, la réinfestation par les charançons peut atteindre un niveau préjudiciable dès le deuxième cycle de culture (Gold et al. 1998b). Vu tous les avantages résultant de l’utilisation de matériel végétal indemne de ravageurs et de maladies, il a été décidé de mettre ces techniques à la disposition des paysans. Le programme national de recherche bananière (UNBRP) et l’Institut international d’agriculture tropicale (IITA) les ont ainsi introduites dans plusieurs sites pilotes dans le centre et l’ouest de l’Ouganda. La figure 1 illustre l’introduction de la technique du traitement à l’eau chaude dans le village de Ruguma, dans la partie occidentale du pays. Nous examinerons ci-après les résultats d’une étude de cas effectuée dans le comté de Busukuma, dans le centre de l’Ouganda, à la suite d’une action de formation organisée par l’UNBRP et l’IITA. Matériel et méthodes Le comté de Busukuma se trouve dans une région représentative de 70 % des zones de production bananière de l’Ouganda (Jagtap 1993). L’altitude y varie entre 1 200 et 1 250 m, et la pluviométrie s’élève à environ 1 100 mm par an. Les bananiers d’altitude d’Afrique de l’Est (Musa AAA) y sont la principale culture (Karamura et Karamura 1994), pratiquée généralement en association avec des céréales, la vanille, des légumes, des haricots ou du maïs, ou encore en culture d’ombrage pour le café. Au cours de la saison culturale 1996-1997, le personnel de l’UNBRP et de l’IITA a formé un ou plusieurs membres d’environ 10 % des 3 000 ménages de ce comté à la technique du parage du rhizome. On a également installé une cuve d’eau chaude qui a permis de traiter plus de 4 200 rejets pour les paysans. Il a été conseillé à ceux-ci de réduire le pseudotronc du matériel végétal à une longueur de 15 cm. Cela, d’une part, pour en diminuer le poids afin de faciliter le transport et, d’autre part, pour permettre d’enfouir le matériel traité dans le sol, de façon à réduire la première infestation de charançons. On a également recommandé aux paysans d’établir de nouvelles parcelles à une distance d’au moins 25 m des plantations existantes, afin de réduire les risques de réinfestation. Pas de cassure de plants Bonne qualité des fruits Vigueur accrue Pas de chute de plants Pas de dégâts des charançons Germination accrue Production supérieure des rejets Sensibilité aux inondations Sensibilité à la sécheresse Nécessité de transport Germination réduite Exposition aux dégâts du bétail -40 -20 0 opinion négative 20 40 60 80 100 opinion positive Pourcentage des paysans Figure 1. Opinion des paysans sur les avantages et inconvénients de l’utilisation de rhizomes parés et traités à l’eau chaude à la place du matériel végétal usuel. 11 Pour évaluer le degré d’adoption de ces techniques d’assainissement du matériel végétal, une visite de suivi a été effectuée en mai 1998 dans le comté de Busukuma. Au total ont été visitées 111 exploitations comptant une ou plusieurs personnes formées et 112 exploitations adjacentes au sein desquelles personne n’avait été formé. Résultats et discussion Tous les paysans formés s’étaient servis de la technique de parage du rhizome ou des deux techniques (parage du rhizome, plus traitement à l’eau chaude) pour établir leurs nouvelles parcelles de bananiers. Plus de 90 % d’entre eux ont observé une réduction du nombre de plants cassés et tombés, ainsi qu’une amélioration de la vigueur des plants et de la qualité des fruits par rapport à leur matériel usuel (figure 2). Il y avait toutefois un inconvénient, comme l’ont remarqué 23 % des producteurs formés : la partie du pseudotronc laissée en place étant relativement courte, le matériel se trouvait davantage exposé aux dégâts du bétail. Aussi la plupart des paysans ont-ils décidé d’utiliser des rejets d’au moins 1,5 m de haut lors de la saison culturale suivante. En outre, ils ont généralement considéré comme un obstacle majeur le degré d’organisation requis pour effectuer le traitement à l’eau chaude, et en particulier pour transporter le matériel végétal. Il devrait être possible d’adapter cette technique au niveau du village, où l’on pourrait réduire la dimension de la cuve d’eau chaude (Mbwana et al. 1998) ou utiliser celle-ci pour divers autres usages tels que la transformation des aliments ou le traitement du matériel végétal d’igname (Meerman et Speijer 1998). Ou encore, des organismes publics ou des organisations non gouvernementales pourraient créer des pépinières villageoises en se servant de la technique du traitement à l’eau chaude pour fournir du matériel végétal sain (Ortiz 1998), en le dimensionnant selon le désir des paysans. On a constaté que 8 % des nouvelles parcelles avaient été établies dans des plantations existantes ou à proximité de celles-ci, ce qui ne pouvait que favoriser leur infestation par les nématodes et les charançons. Dans le cadre de la formation, il faudra veiller à l’avenir à mieux expliquer aux paysans comment ces ravageurs envahissent les parcelles nouvellement établies. Par ailleurs, il se pourrait que ce soit la forte pression s’exerçant sur les terres qui ait contraint les paysans en question à planter dans des parcelles existantes, faute de terrains vacants et indemnes de ravageurs. Si tel est le cas, il faudrait informer les producteurs de la possibilité de faire des rotations avec des cultures telles que la patate douce et le manioc pour réduire les infestations de nématodes dans leurs parcelles (Kashaija et al. sous presse). En raison du manque de terres, 61 % des nouvelles parcelles ont été établies en culture associée. Certaines cultures associées comme la patate douce peuvent avoir pour effet de réduire la production bananière, tandis que d’autres comme les haricots ne gênent pas l’établissement des plants (Englberger et al. 1988). Lors de la formation des paysans, il faudrait envisager le problème du manque de terres et proposer différentes options culturales. Faute de connaissance des méthodes de production optimales ou par suite de maladie des producteurs, 15 % des parcelles étaient mal gérées. On pourrait remédier au manque de connaissances en multipliant et en améliorant les actions de formation. Quant au problème des maladies qui réduisent la productivité des paysans, il est du ressort des autorités nationales qui déploient dans ce domaine des efforts qu’il faudrait peut-être intensifier. Ces résultats démontrent également que la formation des producteurs est un moyen extrêmement efficace pour opérer un transfert de technologie. C’est pourquoi il est prévu de mener de nouvelles actions de formation, par exemple en créant des « champs-écoles », afin d’accroître la production bananière dans le centre de l’Ouganda. Les organismes nationaux de recherche et de vulgarisation, ainsi que les organisations non gouvernementales, pourraient jouer un rôle très important dans ce domaine. Les paysans qui n’avaient pas reçu de formation étaient tous au courant des techniques de parage et de traitement à l’eau Figure 2. Parage et traitement à l’eau chaude des rhizomes de bananiers d’altitude dans le village de Ruguma en Ouganda. 12 chaude des rhizomes, dont ils avaient entendu parler par les autres paysans (98 %) ou par la radio (2 %). Au sein de ce groupe, 30 % prévoyaient d’utiliser l’une des deux techniques au cours de la saison suivante et un quart avait déjà pratiqué le parage durant la saison en cours. Environ 25 % souhaitaient recevoir davantage d’informations, tandis que 45 % n’envisageaient pas d’adopter les nouvelles techniques pour les raisons suivantes : maladie ou âge (27 %), manque de terre ou de matériel végétal (10 %), absence d’intérêt (8 %). On voit que l’information sur les techniques nouvelles se diffuse rapidement au sein de la communauté paysanne. Toutefois, une saison culturale peut s’écouler avant que les paysans non formés adoptent ces techniques. Sans doute préfèrent-ils voir tout d’abord les résultats dans les champs de leurs voisins avant de prendre une décision. Conclusions La technologie du parage du matériel végétal a été facilement adoptée et il est probable que les paysans du comté de Busukuma s’en serviront à l’avenir pour établir leurs plantations, car la plupart d’entre eux ont pu observer ses effets positifs sur la production de bananes d’altitude. On peut s’attendre à ce qu’ils utilisent du matériel ayant un pseudotronc d’au moins 1,5 m de haut, afin de prévenir les dégâts du bétail. Quant au traitement à l’eau chaude du matériel paré, il pourrait s’implanter au niveau des villages si l’on met au point une cuve qui puisse être plus facilement déplacée et si celle-ci est utilisée pour d’autres opérations au niveau du village ou de l’exploitation, telles que la transformation des aliments, la désinfection du matériel végétal d’igname ou le traitement de la vanille. ■ Références Abera A., C.S. Gold & S. Kyamanywa. 1994. Banana weevil oviposition and damage in Uganda. Pp. 1199-1205 in Proceedings of the first International Crop Science Conference for Eastern and Southern Africa, Kampala, 14-18 June 1993 (E. Adipala, M.A. Bekunda, J.-S. Tenywa, M.W. Ogenga-Latigo & J.O.Mugah, eds). African Crop Science Society, Kampala, Ouganda. Bananuka J.A. & P.R. Rubaihayo. 1994. Banana management practices and performance in Uganda. 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Tous les cultivars de bananiers plantain et certains cultivars de bananiers d’Afrique de l’Est sont sensibles à cette affection fongique (Vuylsteke et al. 1993a). Il n’est pas envisageable que L les petits exploitants, qui cultivent la banane essentiellement pour leur subsistance, aient recours à des fongicides pour lutter contre cette maladie. C’est pourquoi on considère généralement qu’une résistance durable de l’hôte vis-à-vis de l’agent pathogène constitue la stratégie de lutte intégrée la plus appropriée. Le programme d’amélioration des bananiers et bananiers plantain de l’Institut international d’agriculture tropicale (IITA) a déjà fait homologuer quelque 14 hybrides de bananiers plantain tropicaux améliorés, capables de résister à la cercosporiose noire 13 (Vuylsteke et al. 1993a). Récemment, Ortiz (1997) a annoncé l’homologation de nouveau matériel de Musa amélioré de l’IITA, qui a été mis à la disposition des services de recherche nationaux pour des évaluations (Crouch et Ortiz 1996). Le CRBP a alors demandé six de ces hybrides à l’INIBAP afin de procéder à leur évaluation au Cameroun. Un essai a été effectué à Mbalmayo (dans le sud du Cameroun) en vue de déterminer leur performance agronomique et leur réaction à la cercosporiose noire dans cette écorégion. Matériel et méthodes L’essai a été établi le 24 avril 1997 à la station de l’IITA située en zone forestière humide, à Mbalmayo (640 m d’altitude ; 3° 25N, 11° 28E). Le régime pluviométrique y est bimodal (plus de deux mois de saison sèche en décembre-janvier et juillet-août), les pluies atteignant une hauteur de 1 500 mm par an. Le sol est un Ultisol dérivé d’une bande de schistes (De Cauver et al. 1995). On a utilisé des vitroplants reçus du Centre de transit de l’INIBAP (ITC basé à Leuven, en Belgique) et sevrés dans le laboratoire de culture de tissus du CRBP. La parcelle expérimentale se trouvait dans un champ nouvellement défriché en lisière d’une forêt, loin de toute bananeraie. L’essai se composait de neuf traitements comparant six hybrides résistants à la cercosporiose noire avec trois cultivars locaux présentant des degrés différents de résistance à cette maladie (tableau 1). Une bordure infectante a été mise en place avec des cultivars locaux de plantains et de bananiers sensibles à la maladie. On a utilisé un dispositif en blocs de Fisher avec deux répétitions et dix plants par répétition. Cependant, il y a eu moins de dix plants observés pour certains des hybrides qui ont dû être épurés parce qu’ils manifestaient des symptômes de virus (TMPx 7002-1, TMPx 1621-1, TMPx 7152-2 et TMBx 5295-1), bien que l’absence du BSV ait été vérifiée par microscopie électronique (INIBAP 1997)1. La densité de peuplement était de 1 667 plants ha-1 (3 m x 2 m). Les pratiques agronomiques normales ont été appliquées uniformément à tous les cultivars, sans aucun traitement fongicide contre la cercosporiose noire. Tableau 1. Matériel génétique de Musa évalué à Mbalmayo. Matériel génétique de Musa Code ITC Croisements TMPx 1621-1 1205 Obino l’Ewai x Calcutta 4 TMPx 4479-1 1293 Bobby Tannap x Calcutta 4 TMPx 7002-1 1272 Obino l’Ewai x Calcutta 4 TMPx 7152-22 1294 Mbi Egome x Calcutta 4 TMBx 1378 1296 Fougamou x BB I-63 TMBx 5295-1 1297 Laknao x Tjau Lagada French Sombre (plantain) / Fougamou (bananier) / Grande Naine (bananier) / On a déterminé les différences morphologiques entre les cultivars en mesurant la hauteur des plants depuis le sol jusqu’au collet de l’inflorescence au moment de la floraison, ainsi que la circonférence du pseudotronc à 100 cm du sol. On a enregistré le taux d’émission foliaire en comptant à partir de la première feuille fonctionnelle (première feuille d’une largeur supérieure à 10 cm). On a évalué la réaction à la cercosporiose noire en enregistrant la plus jeune feuille tachée (PJFT) pendant la phase végétative. Les composantes du rendement ont été également déterminées : poids du régime, nombre de mains par régime, nombre de doigts par régime, longueur du doigt mesurée sur le doigt extérieur du milieu de la deuxième main. Tous ces paramètres ont été enregistrés durant le premier cycle de culture et soumis à une analyse de variance standard, le test de Newman-Keuls servant à séparer les moyennes. Résultats et discussion Tous les hybrides testés ont eu une hauteur de plant supérieure à 3 m et, dans le cas de la descendance de balbisiana (TMBx 1378), supérieure à 4 m (tableau 2). Vuylsteke et al. (1993b) ont signalé que l’hybride TMPx 4479-1 avait eu une hauteur de 295 cm à Onne lors d’une évaluation préliminaire en 1990-1991 (période du cycle de culture). Il est recommandé que les améliorateurs visent 1 Note de l’éditeur : Ces accessions sont actuellement réindéxées par l’INIBAP. Des particules virales ont été trouvées sur les accessions TMPx 1621 et TMPx 7152-2. Elles ne sont donc plus distribuées. 2 Cette accession contient des particules virales et n’est plus distribuée par l’INIBAP. à produire des hybrides ne dépassant pas 3 m de hauteur afin de réduire les dégâts dûs au vent, fréquents dans les zones de production bananière (Jones 1994). Dans le cas étudié, et bien que les hybrides mesuraient plus de 3 m, on doit noter que, hormis TMBx 1378, aucun des hybrides n’était significativement plus haut que deux des variétés locales, Fougamou et French Sombre. Hormis l’hybride TMBx 1378, issu d’un croisement entre balbisiana et Fougamou, qui a fleuri très tard (14 mois après la plantation), tous les autres hybrides ont fleuri environ 8 à 10 mois après la plantation, soit plus tôt que les cultivars locaux de plantain (French Sombre) et de bananier à cuire. Grande Naine, qui est un bananier dessert AAA, a fleuri beaucoup plus tôt. En Ouganda, Vuylsteke et al. (1996) avaient observé précédemment un intervalle plantation-floraison d’environ 14 mois (416 jours) chez l’hybride TMPx 1621-1, ce qui pourrait s’expliquer par l’influence de l’altitude dans cette région d’Afrique de l’Est. On a enregistré des différences significatives (p < 0,05) dans le poids du régime des différents hybrides (tableau 2). Si ceux-ci ont tous produit un régime de moins de 20 kg, le bananier hybride TMBx 5295-1 s’est distingué par le régime le plus lourd (19 kg), car ayant des fruits plus nombreux et plus longs. Les hybrides de plantains TMPx 1621-1 et TMPx 4479-1 ont produit des régimes plus lourds à Mbalmayo qu’à Onne (Vuylsteke et al. 1993b) et au Ghana (Hemeng et Yeboah 1995). En revanche, l’hybride TMPx 7002-1 a produit des régimes plus lourds (17,5 kg) à Onne (Vuylsteke et al. 1993b), ce qui pourrait signifier qu’il est mieux adapté aux conditions Tableau 2. Evaluation agronomique de la croissance et des paramètres du rendement sur un cycle de culture chez des hybrides de Musa de l’IITA à Mbalmayo (Cameroun), 1997-1999. Hybrides Hauteur de Circonférence Nombre total Poids Nb de mains Nb de doigts Longueur Intervalle et cultivars locaux plant (cm) du pseudotronc de feuilles du régime par régime par régime du doigt plantation(cm) (kg) (cm) floraison (jours) TMPx 4479-1 320 b 57 cd 32 ab 17,6 bc 6c 100 bc 17 bc 266 de TMPx 7002-1 307 b 54 cd 30 b 15,8 cd 6c 86 bc 17 bc 291 cd TMPx 7152-2 321 b 57 cd 32 ab 15,0 cd 7 bc 97 bc 15 cd 245 e TMPx 1621-1 351 b 65 b 31 b 16,5 bcd 6c 91 bc 17 bc 263 de French Sombre 329 b 51 d 35 ab 15,5 cd 7 bc 82 c 18 b 316 c TMBx 5295-1 332 b 61 bc 32 ab 19,1 ab 8b 110 bc 21 a 252 e TMBx 1378 406 a 71 a 38 a 17,0 bcd 7 bc 108 bc 14 d 424 a Fougamou 356 b 60 bcd 35 ab 21,0 a 8b 116 b 14 d 361 b Grande Naine 205 c 56 cd 32 ab 14,0 d 9,0 a 145 a 17 bc 210 f Erreur type 13,33 2,28 1,63 0,83 0,41 8,34 0,59 11,52 CV (%) 4,1 3,9 5,0 5,0 5,6 8,0 3,6 3,9 Intervalle floraisonrécolte (jours) 130 bc 129 bc 124 cd 116 d 99 e 85 f 144 a 138 ab 92 ef 4,09 3,5 Intervalle plantationrécolte (jours) 396 cd 420 c 369 d 379 d 415 c 337 e 568 a 499 b 302 f 9,98 2,4 Dans une même colonne, les moyennes suivies de la même lettre ne présentent pas différence significative selon le test de Newman-Keuls au seuil 5 %. 14 INFOMUSA — Vol 8, N° 2 Tableau 3. Réaction à la cercosporiose noire, mesurée par la plus jeune feuille tachée (PJFT), en comparaison avec les résultats obtenus à Onne (Crouch et Ortiz 1996). Hybrides et cultivars locaux TMPx 4479-1 TMPx 7002-1 TMPx 7152-2 TMPx 1621-1 French Sombre TMBx 5295-1 TMBx 1378 Fougamou Grande Naine PJFT 9,1 10,5 11,4 12,2 6,8 12,6 12,8 11,3 4,6 Réaction PRPR PR PR S PR PR PR S Résultats obtenus à Onne (1996)1 Moins sensible Partiellement résistant Partiellement résistant Moins sensible / Moins sensible Hautement résistant / / 1 : en comparaison avec le cultivar local de bananier plantain. S = sensible ; PR = partiellement résistant ; PR- = résistance partielle moins prononcée. écoclimatiques de ce site. Il a été signalé dans un autre article que TMPx 7152-2 (PITA-14) avait un régime lâche qui semblait favoriser le développement de gros fruits (Ortiz 1997). Cette caractéristique n’a pas été observée dans le présent essai chez cet hybride, dont le régime était plutôt compact comme celui des trois autres hybrides de plantains. Tous ces hybrides de plantains ont des doigts assez courts (moins de 20 cm) qu’ils pourraient avoir hérité de leur parent mâle, Calcutta 4. Cette caractéristique n’est guère appréciée des consommateurs, qui préfèrent généralement des fruits plus longs. L’intervalle floraison-récolte a été systématiquement plus long chez les hybrides que chez les cultivars locaux, la différence étant de 17 à 31 jours (tableau 2). Il a fallu un total de 130 jours pour que les fruits de l’hybride TMPx 4479-1 soient entièrement mûrs dans cet essai, contre 114 jours dans un essai précédent à Onne (Vuylsteke et al. 1993b). Cette différence pourrait s’expliquer par les conditions climatiques qui ont prévalu pendant la maturation des fruits, et notamment par la température qui n’est probablement pas la même dans les deux régions. On a évalué la réaction à la cercosporiose noire à l’aide de la méthode de Fouré et al. (1990), en enregistrant la plus jeune feuille tachée (PJFT) à quatre reprises avant la floraison des plants, ainsi que le nombre de feuilles érigées à ce stade (données non présentées). Tous les hybrides ont fait preuve d’une résistance partielle plus ou moins prononcée à la cercosporiose noire (tableau 3). Ces résultats ne concordent pas toujours avec ceux obtenus à Onne (Crouch et Ortiz 1996), peut-être parce que la pression de l’inoculum était différente ou parce qu’on a utilisé des méthodes différentes pour l’évaluation. Conclusion Les performances des hybrides de l’IITA à Mbalmayo diffèrent quelque peu à ce que l’on pouvait espérer au vu des résultats d’évaluations antérieures effectuées sur d’autres sites. Cette démonstration de l’influence de l’environnement sur la performance des hybrides souligne la nécessité de procéder à des évaluations multilocales du matériel amélioré de Musa pour déterminer l’inINFOMUSA — Vol 8, N° 2 fluence des différents environnements sur les génotypes et l’adaptation de ceux-ci à ces environnements. Remerciements Nous remercions le personnel de l’IITA-Cameroun, en particulier F. Gauhl et S. Hauser, pour leur collaboration à l’exécution de cet essai (mise à disposition d’une parcelle expérimentale, d’un bureau, de personnel, etc.). Nous sommes également redevables à Mlle A.V. Momeni Ntowa, technicienne du CRBP, qui a aidé à établir l’essai, assurer le suivi et enregistrer les données. ■ Références Crouch J. H. & R. Ortiz. 1996. Availability of IITA’s improved Musa germplasm. MusAfrica 9: 1-2. De Cauver I., R. Ortiz & D. Vuylsteke. 1995. Genotype-by-environment interaction and phenotypic stability of Musa germplasm in West and Central Ressources génétiques Africa. African Crop Science Journal 3(4): 425432. Fouré E., A. Mouliom Pefoura & X. Mourichon. 1990. Etude de la sensibilité variétale des bananiers et des plantains vis-à-vis de Mycosphaerella fijiensis Morelet au Cameroun. Caractérisation de la résistance au champ de bananiers appartenant à divers groupes génétiques. Fruits 45(4): 339-345. Hemeng O.B. & D.K. Yeboah. 1995. Multilocational evaluation trial (MET-2) in Ghana. MusAfrica 8: 22. INIBAP. 1997. Networking Banana and Plantain: INIBAP Annual Report 1996. Réseau international pour l’amélioration de la banane et de la banane plantain, Montpellier, France. P. 18. Jones D. 1994. Première réunion du réseau des sélectionneurs de Musa. INFOMUSA 3(1): 5-9. Ortiz R. 1997. New releases of improved Musa germplasm by IITA. MusAfrica 11: 18-20. Stover R.H. 1983. Effet du Cercospora noir sur les plantains en Amérique centrale. Fruits 38: 326329. Vuylsteke D., R. Swennen & R. Ortiz. 1993a. Registration of 14 improved tropical Musa plantain hybrids with black Sigatoka resistance. HortScience 28: 957-959. Vuylsteke D., R. Swennen & R. Ortiz. 1993b. Developement and performance of black Sigatoka-resistant tetraploid hybrids of plantain (Musa spp., AAB group). Euphytica 65: 33-42. Vuylsteke D., D. Makumbi & R. Ortiz. 1996. Performance of IITA plantain and banana hybrids in Uganda. MusAfrica 9: 21-23. Les auteurs travaillent au Laboratoire d’amélioration génétique, CRBP, P.O. Box 832, Douala, Cameroun. Evaluation du matériel génétique Evaluation de bananiers pour des créneaux commerciaux en Floride subtropicale Randy C. Ploetz, Jody L. Haynes et Aimé Vásquez epuis plus d’un siècle, la culture commerciale de la banane revêt une dimension importante en Floride (Stambaugh 1952). S’étendant jusqu’à Jacksonville au nord (30oN), elle est surtout concentrée actuellement à l’ouest de Homestead (25o30’N, 80o30’W). La production de cette région est évaluée à quelque 2,5 millions d’US$ par an (Degner et al. 1997). La production bananière de la Floride ne saurait concurrencer les exportations en provenance d’Amérique tropicale. Aussi est-elle axée sur des cultivars autres que Cavendish, qui sont populaires sur les marchés ethniques de la région. En 1995, on a introduit 37 nouvelles accessions dans le sud de la Flo- D ride dans l’espoir d’identifier des variétés dessert et à cuire offrant un intérêt (Ploetz et Benscher 1996). Les essais dont les résultats sont présentés ci-après avaient pour objectifs de déterminer : 1) l’adaptation de ces accessions aux sols locaux et aux conditions hivernales ; 2) leur productivité et la qualité de leurs fruits ; et 3) leur résistance à la fusariose (Ploetz et al. 1999a, 1999b). Matériel et méthodes Trente-deux des 37 accessions provenaient du Centre de transit de l’INIBAP (ITC) basé à la Katholieke Universiteit Leuven, en Belgique, et cinq de la collection in vitro du Queensland Department of Primary Industry (QDPI) à Maroochy, en Australie. Toutes avaient été multipliées à l’aide des méthodes standard de culture de méristèmes au laboratoire du QDPI à Maroochy. Après certifica15 tion par les services phytosanitaires australiens et obtention de l’autorisation des services d’inspection zoo- et phytosanitaire (APHIS), les vitroplants ont été expédiés du QDPI au Tropical Research and Education Center (TREC) de l’université de Floride à Homestead. On a cultivé les plants dans des sacs en polyéthylène jusqu’à ce qu’ils atteignent environ 1 m de haut, avant de les repiquer au champ. Deux accessions, « Niyarma yik » (AA) et « Rimina » (bananier Fe’i), ont succombé au froid durant l’hiver 1995-1996, avant même le début des essais en champ. Caractéristiques agronomiques, productivité et qualité des fruits On a planté les 35 accessions restantes sur une parcelle du TREC, dans un dispositif en randomisation totale avec sept répétitions, chaque répétition correspondant à des paires de plants. On a utilisé un espacement de 4,5 m entre les rangées et de 2,5 m entre les plants d’une même rangée. Après quatre mois, on a enregistré à intervalle mensuel l’émission de rejets et la hauteur des accessions. A la fin du premier cycle de culture, on a déterminé le nombre de rejets par touffe et la hauteur à la floraison (distance en mètres depuis la base du pseudotronc jusqu’en haut du pédoncule). On a aussi enregistré, de 1996 à 1998, la durée du premier cycle (nombre de jours de la plantation à la récolte), ainsi que le poids du régime (poids en kg de l’ensemble des mains d’un régime, moins le rachis). On a fait appel à des panels de dégustation au TREC et lors des foires agricoles de Homestead et de West Palm Beach, en Floride, pour juger de l’aspect et des qualités organoleptiques des fruits des plants expérimentaux, en utilisant pour l’un et l’autre paramètres une échelle subjective allant de 1 à 4 (1 = mauvais, 2 = passable, 3 = bon et 4 = excellent). Les notes ont été calculées à partir de 743 évaluations faites par plus de 200 individus. Pour déterminer le potentiel de rendement de chaque accession, on a calculé l’indice de productivité (IP) à l’aide de la formule suivante : IP = 100 x PR DC où PR = poids du régime en kg et DC = durée du cycle en jours. Réaction à la fusariose Des essais de criblage ont été établis au TREC, dans des sites séparés, afin de déterminer la réaction de 30 des accessions à la fusariose. On a utilisé des cultures de trois isolats de Fusarium oxysporum f. sp. cubense (Foc), obtenues sur un substrat de farine de maïs et sable (chaque culture correspondant à l’un des groupes de compatibilité végétative (GCV) présents dans le sud de la Floride), pour infecter individuellement les trous de plantation au moment de la plantation et six mois plus tard. Au sein de chaque 16 traitement (isolat/GCV), on a planté les accessions selon un dispositif en randomisation totale, avec cinq à huit répétitions selon le nombre de plants disponibles, chaque répétition correspondant à des plants uniques. Les plants ont été établis sur des doubles rangées en quinconce, dont les centres étaient distants de 9 m. L’espacement était de 3 m entre les plants d’une même rangée, et de 2 m à l’intérieur des doubles rangées. On a procédé à l’évaluation des symptômes externes de la maladie à quatre reprises en 1997 et 1998, à l’aide d’une échelle subjective allant de 1 à 5 (1 = plant sain ; 2 = chlorose et flétrissement légers, sans pétioles cassés ; 3 = chlorose et flétrissement moyens, avec quelques pétioles cassés et/ou fissures à la base des feuilles ; 4 = chlorose sévère, flétrissement, pétioles cassés et rabougrissement de la feuille nouvellement émergée ; et 5 = plant mort). Lorsque les symptômes externes étaient équivoques, on a évalué pour confirmation les symptômes internes. Analyses Des analyses de variance ont été faites à l’aide de la procédure informatisée des modèles linéaires généraux du SAS (SAS Institute 1989). On n’a analysé le poids des régimes et l’IP que chez les accessions pour lesquelles on avait récolté au moins quatre régimes, et les qualités organoleptiques et l’aspect des fruits que chez les accessions pour lesquelles on disposait d’au moins 10 évaluations (aucun des bananiers à cuire ne remplissant ce critère en ce qui concerne l’aspect) (tableau 1). Les notes moyennes de sévérité de la maladie indiquées au tableau 1 reposent sur une unique évaluation effectuée à la fin de 1998. Résultats Caractéristiques agronomiques, productivité et qualité des fruits Le taux moyen d’émission de rejets a varié entre 3,6 et 11,6 par touffe pendant le premier cycle (Ploetz et al. 1999a). De manière générale, plus le degré de ploïdie des accessions augmentait, plus le nombre des rejets était faible, les diploïdes ayant un taux d’émission significativement plus important que celui des triploïdes et des tétraploïdes (7,34 contre 5,56 et 4,82 ; P < 0,05). On n’a observé aucune relation entre le génome et le taux d’émission de rejets. La hauteur à la floraison et la durée du cycle ont aussi varié de manière significative. « Kandrian » ABB mesurait environ 2 m de plus que les accessions les plus petites, tandis que le cycle a varié de 372 jours chez « Kumunamba » AAB à 826 jours chez « Kandrian ». Aucune de ces deux caractéristiques n’était en corrélation significative avec le degré de ploïdie ou le génome. Le poids du régime, qui était en forte corrélation avec l’accession, le degré de ploïdie et le génome, s’est situé entre 0,8 kg chez « Pisang mas » AA et 14,4 kg chez « Kandrian » (tableau 1). Il était significativement plus faible chez les diploïdes que chez les triploïdes et les tétraploïdes. L’indice de productivité a varié de 0,1 chez « Pisang mas » à 2,7 chez « Popoulu » AAB. Vingt-deux accessions ont eu un IP supérieur à 1, niveau arbitraire de productivité acceptable. Aucune accession diploïde AA n’a approché ce niveau, tandis que les triploïdes se sont situés à un niveau moyen supérieur à celui des tétraploïdes, sans toutefois que la différence soit significative (respectivement 1,27 et 1,2). En ce qui concerne les qualités organoleptiques, sur 20 bananiers à cuire, 11 ont reçu une note moyenne de 3 ou plus (bon à excellent), « Kofi » AAB se classant au premier rang avec 3,8 (tableau 1). Sur 16 bananiers dessert qui ont eu une note moyenne de 3 ou plus, 11 avaient également une note de 3 ou plus pour l’aspect. Parmi ceux-ci, l’accession 398 « Ney poovan » AB du QDPI s’est classée au premier rang pour les qualités organoleptiques avec une note de 3,79, sans toutefois qu’il y ait de différence significative avec 12 autres accessions. Réaction à la fusariose Chez plusieurs accessions, les notes de sévérité moyennes ont été égales ou supérieures à 2,5, seuil arbitraire de sensibilité. Cependant, la réponse de plusieurs accessions de sensibilité moyenne n’était pas significativement différence de celle des accessions moins sensibles (tableau 1). GCV 0120. Tous les plants de « Popoulu » sont morts avant la première évaluation effectuée six mois après la plantation, et à la fin de l’essai, quelques plants de « Silk » (sport) AAB et de « Ney poovan » AB 584 étaient également morts. On a enregistré une note moyenne de 2,5 ou plus chez ces deux dernières accessions (respectivement 4,0 et 3,0) et chez « Kluai namwa khom » ABB (2,5). GCV 0124. Plusieurs plants de « Silk » (sport), « Sugar » AAB et « Bluggoe » ABB sont morts. On a enregistré une note moyenne de 2,5 ou plus chez ces accessions (respectivement 4,0, 3,3 et 3,3), ainsi que chez « Pisang nangka » AAA et « Inarnibal » AAA (2,7 et 2,5). GCV 01210. Six accessions ont eu une note de sensibilité de 2,5 ou plus, mais seuls les plants de « Pelipita » ABB 564, « Silk » (sport), « Ducasse » ABB et « Sugar » sont morts. Discussion Jusqu’au milieu des années 90, on trouvait une soixantaine de cultivars de bananiers dans le sud de la Floride, mais trois seulement d’entre eux, à savoir « Bluggoe », « Hua Moa » AAB et « Silk », occupaient une place importante dans la production. Ces cultivars étant loin d’avoir une adaptation optimale aux conditions de la région, il importait d’évaluer du nouveau matériel génétique (Ploetz et al. 1999a). Toutes les accessions INFOMUSA — Vol 8, N° 2 Tableau 1. Performance de nouvelles accessions de bananiers dans le sud de la Floridez. Accession(s)x ITC/QDPI/PNG Nw Poids moyen du régime (kg)v Dessertu Indice de product.ivitév Cultivary Aspect A cuireu Saveur Saveur Réaction aux isolats (GCV) de Foct CB1 (0120) B2-1 (0124) A10 (01210) Génome AA 0 nd s nd nd nd Pamotion 1229/576/- 29 1.7 jr 0.2 j 2.5 3.5 nd 1.0 h 1.3 cde 1.0 Pisang jari buaya 0312/577/- 6 3.9 fghij 0.6 ghij 1.63 2.0 nd 1.1 h 1.6 cde 1.1 d Pisang lemak manis 1183/578/- 22 3.2 ghij 0.3 ij 2.75 3.67 nd 1.1 h 1.6 cde 1.2 cd j 0.1 j Niyarma yik nd Pisang mas 0653/579/- 4 0.8 Rose 0712/574/- 1 5.9 Señorita 1230/580/- 4 3.8 fghij 0.7 fghi 3.35 a 3.54 Veinte cohol 1031/582/- 24 2.6 hij 0.3 ij 2.15 de 2.25 Kunnan 1034/583/- 22 4.1 fghi 0.6 ghi 2.44 bcde Ney poovan -/398/- 39 5.7 defgh 1.2 def 3.38 a Ney poovan 0459/584/- 49 6.3 cdefgh 1.4 de 3.07 abc nd nd nd nd d 2.0 4.0 2.0 2.1 cdefgh 2.3 bcde 1.0 d nd nd nd 1.0 h cde 1.2 cd ab nd nd nd nd ef 1.5 nd nd nd 2.31 def 2.0 2.4 cde 3.79 a nd 1.8 efgh 3.05 abcde nd 3.0 c 1.3 Génome AB 1.7 cde nd 2.4 bcde 1.8 cde nd nd Génome AAA Inarnibal 0477/563/- 12 6.3 cdefg 1.0 efgh 2.5 2.5 nd 1.2 gh 2.5 bcd 2.5 Pisang nangka 1062/585/- 16 8.6 cde 1.4 de 2.15 1.5 2.0 1.1 h 2.7 bc 1.5 cd Williams 0570/587/- 12 1.3 j 0.3 ij nd nd nd 1.3 fgh 1.0 e 1.6 cd Yangambi km5 1123/586/- 11 2.0 ij 0.3 ij 3.17 nd 1.0 h 1.8 cde 1.1 d ab 3.33 abc bcd Génome AAB Kofi 0912/355/310 12 8.8 cde 1.1 efgh Kumunamba 0824/337/195 40 9.5 bcd 1.5 de 2.91 abc 2.27 ef Pisang Ceylon 0650/589/- 24 7.0 cdefg 1.0 efgh 2.94 abc 3.11 abcd Popoulu 0335/588/- 25 12.8 ab 2.7 a 3.1 ab 2.98 abcde Prata anã 0962/590/- 23 7.3 cdef 1.1 def 2.72 abcde 2.99 abcde 3.0 1.3 efgh 1.8 cde 1.2 Silk (sport) 1222/591/- 27 6.0 defgh 1.0 efgh 2.33 cde 3.29 abc nd 4.0 b 4.0 a 3.3 a Sugar -/404/- 9 4.3 fghij 0.8 fghij 2.5 bcde 2.67 cdef 3.0 2.3 cdef 3.3 ab 3.0 ab Walha 1033/592/- 1 5.5 nd nd nd nd 3.0 nd nd 3.8 nd nd 3.67 2.0 cdefgh 2.3 bcde 1.3 nd cd nd 1.0 h 1.4 cde 1.3 cd 3.33 5.0 a 1.0 e nd nd cd nd Génome ABB Bluggoe -/261/- 42 8.2 cde 1.4 de 2.67 abcde 2.0 f 3.4 1.9 defgh 3.3 ab 2.0 bcd Ducasse -/256/- 24 6.6 cdefg 1.0 efgh 2.78 abcde 2.91 bcde nd 2.3 cdefg 2.1 bcde 3.1 ab Dwarf kalapua 0812/368/171 39 6.4 cdefg 1.0 efgh 2.1 e 1.93 f 2.45 1.0 h 1.8 cde nd Kandrian 0803/367/148 defgh 1.5 cde 1.4 cd 3.0 2.5 cd 1.8 cde 1.6 cd h 1.6 cde 4.0 a 7 14.4 a 2.0 b 3.0 3.0 3.33 1.5 Kluai namwa khom 0526/593/- 27 8.6 cde 1.0 efgh 2.63 abcde 2.89 bcde Pelipita 0472/564/- 18 7.4 cdef 1.3 de 1.0 1.5 2.5 1.0 Pelipita -/595/- 16 6.4 cdefg 1.3 de 2.0 2.0 3.0 nd Saba 1138/594/- 50 10.1 bc 1.9 bc 2.86 abcd 3.13 3.43 1.5 defgh 1.4 cde 1.8 bcd FHIA-02 0505/597/- 25 7.2 cdef 1.1 defg 3.08 abc 3.07 abcde 2.0 1.3 efgh 1.2 de 1.5 cd FHIA-17 1264/599/- 16 9.9 bc 1.3 de 3.14 ab 3.29 3.0 1.3 efgh 1.5 cde 1.3 cd FHIA-23 1265/600/- 10 7.4 cdef 0.7 fghi 4.0 nd 1.0 h 1.7 cde 1.3 cd 0504/596/- 28 8.9 cde 1.3 de 3.11 ab 3.19 abc 2.5 1.3 efgh 1.5 cde 1.2 cd 0506/598/- 24 8.9 cde 1.6 bcd 3.08 abc 3.0 abcde 2.75 1.1 h 1.8 cde 2.6 bc 1010/-/201 0 nd nd nd abcd nd nd Génome AAAA abc 3.5 Génome AAAB FHIA-01 Génome AABB FHIA-03 Bananier Fe’i Rimina nd nd z La performance des accessions a été déterminée au cours de deux essais effectués au TREC de 1996 à 1998. y Les noms des cultivars sont ceux donnés par le donateur initial. Niyarma yik et Rimina ont succombé aux basses températures avant que les plants soient établis dans la parcelle expérimentale. Il existe un cultivar AA et un cultivar AAB portant le même nom que le cultivar Pisang nangka AAA utilisé dans cette étude. Les plants de l’accession « Williams » étaient des hors-types nains. Le préfixe FHIA indique des obtentions du programme d’amélioration de la Fundación Hondureña de Investigación Agrícola à La Lima, Honduras. nd nd nd u L’aspect et la saveur ont été évalués par des panels de dégustation au TREC et lors des foires de fruits tropicaux à Homestead et à West Palm Beach, en Floride. Pisang mas, Veinte cohol, Kunnan, Pisang nangka, Kumunamba, Prata anã, Sugar, FHIA-01, FHIA-02 et FHIA-17 sont généralement utilisés comme banane dessert, tandis que Kofi, Popoulu, Bluggoe, Dwarf kalapua, Kandrian, Pelipita, Saba et FHIA-03 sont généralement utilisés comme bananes à cuire. On n’a procédé à une analyse statistique que chez les cultivars pour lesquels on disposait d’au moins 10 évaluations (aucune variété à cuire ne remplissant ce critère en ce qui concerne l’aspect). N = nombre de régimes récoltés chez un cultivar pour évaluer les caractéristiques agronomiques et la qualité des fruits. t On a utilisé, pour infecter les trous dans lesquels ont été plantées les différentes accessions, des isolats représentatifs de chacun des groupes de compatibilité végétative (GCV) de Fusarium oxysporum f. sp. cubense présents dans le sud de la Floride. Pour évaluer la sévérité de la maladie, on a utilisé une échelle de 1 à 5 (1 = plant sain ; 2 = chlorose et flétrissement légers, sans pétioles cassés ; 3 = chlorose et flétrissement moyens, avec quelques pétioles cassés et/ou fissures à la base des feuilles ; 4 = chlorose sévère, flétrissement, pétioles cassés et rabougrissement de la feuille nouvellement émergée ; et 5 = plant mort). v s x Les codes des accessions sont, par ordre, ceux : du Centre de transit de l’INIBAP (ITC) à Leuven, Belgique ; du Queensland Department of Primary Industries (QDPI) à Maroochy, Australie ; et du matériel génétique de Musa collecté au cours d’une mission de prospection en Papouasie-Nouvelle-Guinée (PNG), organisée avec l’aide du Conseil international des ressources phytogénétiques (IBPGR, devenu IPGRI). w Indice de productivité = 100 x (PR / DC), où PR = poids du régime en kg et DC = durée du cycle en jours. On n’a procédé à l’analyse statistique du poids moyen du régime et de l’IP que chez les cultivars pour lesquels on a récolté au moins quatre régimes. INFOMUSA — Vol 8, N° 2 nd = non déterminé. r Dans une même colonne, les moyennes suivies de la même lettre ne présentent pas de différence significative selon le test de Duncan au seuil P < 0,05. 17 et la plupart des cultivars testés dans ces essais n’avaient encore jamais été cultivés dans le sud de la Floride. Quatre des cultivars, « Dwarf kalapua » ABB, «Kandrian» ,« Kofi » et « Kumunamba » , ont été collectés en Papouasie-Nouvelle-Guinée lors des missions de prospection INIBAP-IPGRI de la fin des années 80 et, à notre connaissance, n’avaient jusqu’à présent jamais été cultivées dans les Amériques (Arnaud et Horry 1997, Sharrock 1990). Dans certains cas, on a introduit de nouvelles accessions de cultivars anciens dans l’espoir qu’elles donneraient une meilleure performance que celles qui sont actuellement utilisées dans la région. Par exemple, on a testé un cultivar à gros fruit de « Silk » (sport) originaire de Tanzanie, ainsi que « Sugar », la version australienne de ce cultivar populaire, malgré leur sensibilité probable à la fusariose. Il était intéressant de vérifier leur performance dans la région, car la variété « Silk » (« Manzano ») qui est actuellement utilisée dans le sud de la Floride est moins robuste que les variétés « Silk » de la collection de la FHIA, par rapport auxquels elle produit des fruits et des régimes plus petits (Franklin Rosales, communication personnelle). Plusieurs des accessions testées avaient un génome AA. Toutes ont fourni le fruit caractéristique de ce génome (peau mince et chair sucrée), mais aucune n’était très productive, ce qui confirme les observations antérieures sur la médiocre performance des variétés AA (Stover et Simmonds 1987). Sur 33 accessions, 22 ont eu un IP supérieur à 1, mais aucune accession AA n’a approché ce niveau de productivité (tableau 1). Il est intéressant de noter que les deux accessions « Ney poovan » (diploïde AB) ont eu un IP de 1,2 et 1,4, dépassant ainsi certains triploïdes et tétraploïdes testés dans ces essais. Bon nombre d’accessions ont fait preuve d’une bonne ou excellente tolérance aux isolats/GCV de foc qui étaient testés (tableau 1). A quelques exceptions près, toutes les accessions AA et toutes celles du programme d’hybridation de la FHIA ont donné une bonne performance. Il est à noter que, dans quelques cas, des accessions différentes d’un même cultivar ont réagi différemment à un GCV donné. Ainsi, « Ney poovan » 594 était significativement plus sensible au GCV 0120 que « Ney poovan » 398, tandis que l’accession « Silk » (sport) s’est montrée plus sensible au GCV 0120 que « Sugar ». Si l’on n’a pas signalé jusqu’à présent de différences de sensibilité entre les accessions « Silk », on a remarqué en Afrique de l’Est des différences entre deux clones « Ney poovan », dont l’un, « Sukali ndizi », manifeste les symptômes plus lentement que le second, « Kisubi » (Wilberforce Tushemereirwe, communication personnelle). Enfin, « Kluai namwa khom », variant nain de « Pisang awak » ABB, s’est montré moins sensible au GCV 01210 que « Ducasse » , accession de taille normale de type « Pisang awak ». Précédemment, un va18 riant nain Cavendish, « Dwarf Parfitt » AAA, avait fait preuve d’une plus grande résistance à la race 4 de la fusariose que Williams AAA (K.G. Pegg, communication personnelle). Il convient aussi de noter l’anomalie apparente des réactions de « Silk » (sport) et de « Sugar » , toutes deux sensibles à la race 1, ainsi que de « Bluggoe », sensible à la race 2, vis-à-vis de la souche testée du GCV 0124. Les premiers rapports signalant la présence de la race 2 en Amérique tropicale indiquaient que les variétés sensibles à la race 1 étaient extrêmement résistantes à la race 2, et que « Bluggoe » sensible à la race 2 était résistante à la race 1 (données résumées par Stover 1962). Bien que les deux races aient été signalées dans ce GCV (Ploetz et Pegg 1999), on peut se demander si les résultats de la présente étude indiquent l’activité d’une nouvelle race de l’agent pathogène, ou si ce sont les conditions environnementales ou édaphiques du sud de la Floride qui sont responsables. Il apparaît clairement nécessaire de mieux connaître la spécialisation pathogénique de ce champignon (Stover et Buddenhagen 1986). Bien que la plupart des accessions évaluées aient manifesté au moins un caractère intéressant, seuls huit bananiers dessert et huit bananiers à cuire ont fourni une production suffisamment élevée de fruits de qualité acceptable (indice de productivité égal ou supérieur à 1, et note de 3 ou plus pour les qualités organoleptiques) (tableau 1). Malheureusement, plusieurs des accessions les plus savoureuses et les plus productives se sont montrées sensibles à la fusariose. L’accession « Silk » (sport) de Tanzanie, qui a reçu une excellente note pour ses qualités organoleptiques, s’est révélée sensible aux trois GCV dans cette étude, tandis que l’accession « Bluggoe », productive et très savoureuse, s’est montrée sensible au GCV 0124. « Popoulu », autre bananier à cuire au goût très apprécié et qui s’est distingué par la meilleure productivité dans ces essais, a fait preuve d’une grande sensibilité au GCV 0120. Ces accessions et les autres accessions sensibles ne peuvent être recommandées pour des zones de production où l’on sait que sévit la fusariose, mais elles pourraient être utilisées dans d’autres régions. Néanmoins, « Ney poovan » 398, qui se caractérise par une excellente flaveur, et « Popoulu », qui a une productivité remarquable, pourraient, en dépit de leur sensibilité, apporter une contribution importante à la production commerciale dans le sud de la Floride. Les accessions suivantes, qui ont reçu d’excellentes notes et sont résistantes à la fusariose, semblent offrir un potentiel pour toutes les zones de production du sud de la Floride : bananiers dessert « Pisang Ceylon », « FHIA-01 » AAAB, « FHIA-02 » AAAA et « FHIA-17 » AAAA, et bananiers à cuire « Kumunamba », « Kandrian » et « Saba » ABB. Leur adoption dans cette région est donc recommandée. Remerciements Les auteurs remercient Jean-Pierre Horry, ancien responsable du matériel végétal à l’INIBAP, et Ines Van Den Houwe, responsable du Centre de transit de l’INIBAP (ITC) à Leuven, en Belgique, qui ont fourni une grande partie du matériel génétique énuméré au tableau 1. Ils expriment également leur gratitude à Mike Smith et Sharon Hamill (QDPI), qui ont donné certaines accessions et fourni des plantules de haute qualité pour cette étude. Une assistance technique a été apportée par Zaragoza Alegria et Ozvany Rodriguez. ■ Références Arnaud E. & J.P. Horry (eds.) 1997. Musalogue: A catalogue of Musa germplasm : Papua New Guinea collecting missions, 1988-1989. INIBAP, Montpellier, France. Degner R.L., S.D.Moss & M.D. Mulkey. 1997. Economic impact of agriculture and agribusiness in Dade County, Florida. FAMRC Industry Rpt. 97 1. Florida Agr. Mkt. Res. Ctr., Food and Resource Economics Dept. Univ. of Florida, IFAS, Gainesville. Ploetz R.C. & D. Benscher. 1996. Evaluation de nouveau matériel génétique de bananier dans le sud de la Floride. INFOMUSA 5(1):36. Ploetz R.C. J.L. Haynes, A. Vásquez & D. Benscher. 1999a. Performance of new banana germplasm in South Florida. Hortscience (sous presse). Ploetz R.C. J.L. Haynes & A. Vásquez. 1999B. Responses of new banana germplasm in South Florida to Panama disease. Crop protection (sous presse). Ploetz R.C. & K.G. Pegg. 1999. Fusarium wilt. Pp. 143-159 in Diseases of Banana and Abaca. (D.R. Jones, ed.). CABI. Wallingford, Royaume Uni. SAS Institute Inc. 1989. Pp. 891-996 in SAS/STAT* User’s Guide, Version 6, 4th ed., Vol. 2. Cary, NC. SAS Institute, Inc. 846pp. Sharrock S. 1990. Collecting Musa in Papua New Guinea. Pp. 140-157 in Identification of genetic diversity in the genus Musa (R.L. Jarret, ed.). INIBAP, Montpellier, France. Stambaugh S.U. 1952. Bananas in Florida. Florida Dept. Agr., Tallahassee. Stover R.H. 1962. Fusarial wilt (Panama disease) of bananas and other Musa species. C.M.I. Kew, Surrey, Royaume-Uni. 117pp. Stover R.H. & I.W. Buddenhagen. 1986. Banana breeding: polyploidy, disease resistance and productivity. Fruits 41: 175-191. Stover R.H. & N.W. Simmonds. 1987. Bananas. 3 e ed. Longmans, Londres, Royaume-Uni. Les auteurs travaillent à l’université de Floride, Tropical Research and Education Center, 18905 SW 280th Street, Homestead, Florida 33031-3314, Etats-Unis. INFOMUSA — Vol 8, N° 2 Le point sur… Les bananiers au Pérou Les variétés de Musa au Pérou : classification, utilisations, potentiel et contraintes de production Ulrike Krauss, Raúl Figueroa, Andrea Johanson, Enrique Arévalo, Raúl Anguiz, Oscar Cabezas et Luis García L Bolivie INFOMUSA — Vol 8, N° 2 Au tableau 1 sont indiqués, conformément à la classification de Stover et Simmonds (1987), les noms locaux des variétés cultivées au Pérou, ainsi que leurs synonymes régionaux et internationaux. L’appellation la plus courante au Pérou figure dans la colonne « variété » et les « synonymes péruviens » sont présentés par ordre alphabétique. Pour M. textilis, qui est cultivé sporadiquement, il est possible qu’il existe deux variétés différentes, toutes deux dénommées « Semeníferos ». Ce terme est probablement aussi appliqué à d’autres hybrides séminifères de M. acuminata et/ou M. balbisiana qui n’ont pas été identifiés. Dans les stations expérimentales, on trouve aussi les diploïdes Lady’s Finger et Vietnam Occidental (Ney poovan ?) (tous deux du groupe AB), ainsi que les tétraploïdes IC2 et SH3436 (AAAA) (Astocaza 1996). Les hybrides FHIA-23 (=FHIA-1-1) (AAAA), FHIA-01, FHIA-02, FHIA-18 (tous trois Colombie AAAB) et FHIA-03 Equateur (AABB) sont actuellement soumis à des essais Tumbes 5,3% Loreto en milieu payAmazonas Plura 18,7% 1,1% 16,7% san (Anguiz Jaen 4,2% 1998, Krauss, 0,5% non publié). Lambayeque Cajamarca San Martin 6,8% 0,1% Il convient & Chota Brésil 0,4% d’interpréter avec La Libertad prudence les informaChavin Huanuco tions données dans les pu0,1% 11,6% Ucayali 18,7% blications péruviennes au sujet Pasco 6,6% du matériel génétique de Musa. En Lima Junin 5,5% effet, les producteurs et les cher0,8% Madre de Dios 0,9% cheurs utilisent les appellations CuaHuancaCuzco drado, Datíl, Filipino, Guayaquil, Guineo, velica 0,9% 0,1% Indio, Lady’s Finger, Manzano et Morado Andahuaylas pour plusieurs variétés différentes qui sont Ayacucho & Abancay Ica Puno 0,0% 0,2% 0,2% 0,6% cultivées dans des zones différentes. Les termes Guineo et Morado peuvent désigner La cT Arequlpa iti toute variété dont le fruit ou le pseudotronc a ca 0,0% ca une pigmentation foncée. Des suffixes leur Moquegua 0,0% sont ajoutés pour préciser les différences de Oc éa nP couleur et/ou de taille. Ces subdivisions déTacna ac 0,0% ifiq passent le cadre du présent article. Les noms ue des variétés Cavendish sont utilisés comme des synonymes et ne correspondent pas nécessairement à l’équivalent international, ni même à un unique sous-groupe. De manière similaire, Seda et Guayaquil (=Seda GuayaFigure 1. Régions productrices de bananes et de quil), toutes deux membres du sous-groupe plantains au Pérou et contribution de ces régions Gros Michel, ont été classées par erreur dans (en pourcentage) à la production nationale. Chili e Pérou, à la différence de ses voisins, le Brésil, la Colombie et l’Equateur (figure 1), n’exporte pas de volumes importants de bananes et de plantains. De ce fait, les variétés péruviennes de Musa n’ont reçu à ce jour que peu d’attention sur le plan international et elles portent souvent des noms différents de ceux qui sont utilisés dans d’autres pays pour les mêmes variétés. A l’intérieur même du Pérou, une même variété peut avoir des appellations et des utilisations différentes. Cependant, comme dans beaucoup de régions d’Afrique, d’Asie et des Amériques, les bananes et les plantains jouent un rôle important dans l’alimentation des populations rurales et comme source de revenus grâce à leur commercialisation sur les marchés nationaux. Rengifo et Fasanando (1994) ont dénombré 37 variétés de Musa dans les foires agricoles de la moyenne vallée du Mayo (figure 2), ce nombre n’étant dépassé que par celui des variétés du genre Capsicum (42) et des variétés de haricot (52) de différents genres. Outre la région côtière de Grau (départements de Tumbes et Piura), les bananes et les plantains sont surtout produits et consommés dans les parties orientales du pays, de climat tropical (figure 1), et notamment dans les vallées de l’Amazone, de l’Apurímac, de l’Ene, de l’Huallaga, du Marañon, de l’Ucayali et de l’Urubamba ainsi que dans celles de leurs affluents (figure 2). Ces zones approvisionnent aussi les marchés des grandes villes, où les bananes de type dessert sont particulièrement prisées par la classe moyenne. Ce commerce rapporte des revenus appréciables aux habitants des vallées orientales, où la culture illicite de la coca n’est que progressivement remplacée par celles du cacao, du café, de la banane, du plantain et d’autres fruits tropicaux. La banane et la banane plantain étant appelées à jouer un rôle crucial pour le développement durable de beaucoup de régions du pays, nous présenterons et analyserons ciaprès les informations disponibles sur la classification, les utilisations, le potentiel et les contraintes de production des variétés communément cultivées au Pérou. Variétés de Musa le sous-groupe Cavendish par certains auteurs, ces noms étant utilisés indifféremment pour toute banane jaune de type AAA. Dans la région de San Martín, les appellations locales sont souvent des descriptions en langue quechua des caractéristiques du fruit et de la plante, dont les chercheurs n’ont pu trouver les correspondances avec les variétés familières. Ainsi, il se peut qu’il y ait des identités entre les variétés ci-dessous et celles qui figurent au tableau 1, et/ou qu’elles soient identiques entre elles : groupe AAA : Alquizar, Canchaque, Datíl, Flauta, Inmune, Montero, Ovilla Guineo et Seda Sharapino ; groupe French plantain (AAB) : Allpaplátano, Balsino, Brashico, Caballero, Maquisapa, Yanaplátano, Omegon (=Omecon), Rompe Pedro Casanova et Santa Rosa Amarillo ; groupe plantain corne : Bellaco Mellizo, Garaffon (=Garajon), Huacra Bellaco, Huaira Bellaco, Tosco Bellaco et Warmi Bellaco. Plusieurs variétés n’ont pu être classées avec certitude dans aucun groupe. Tosquino, variété populaire à usages multiples, est placée, selon les auteurs, dans le groupe AAA ou AAB (French plantain, Silk, Pome et Maia Maoli). Elle présente certaines caractéristiques du groupe AAA, mais ressemble aussi aux sous-groupes Silk et Pome. Cependant, étant donné sa résistance à la fusariose et sa résistance moyenne à la cercosporiose jaune 19 Tableau 1. Variétés péruviennes de Musa, synonymes locaux, classification génomique et équivalents internationaux (selon Stover et Simmonds 1987). Variété Synonymes péruviens Synonyme international (description) Azucarado, Bizcocho, Bocadillo, Canelita, Ciento en Boca, Datíl, Guineo, Guineo Mequiche, Lady’s Finger, Limenillo, Orito, Oro, Ouro, Perita, Platanito de Oro Sucrier Types AA Moquicho Types AAA Sous-groupe Gros Michel Seda Guayaquil Gros Michel Seda Guayaquil Guayaquil (Colombie), Seda Guayaquil (Equateur) Filipino Congo, Nanicao, Poyo, Robusta, Valery Giant Cavendish Indio Enano del País, Viejilla Dwarf Cavendish Montecristo Lacatán Lacatán Sous-groupe Cavendish Gran Enano Grand Nain Sous-groupe Green-red Morado Claro Guineo Colorado Green-red Guineo, Guineo Rojo, Indio, Morado Oscuro, Rojo Red Sous-groupe Red Morado Sous-groupe Lujugira Lujugira 1, 2 Lujugira Non identifiée nc 3 Tosquino Types AAB Sous-groupe Plantain Inguiri Asapa Plátano, Arcanchaco, Común, Delgado, Dominico, Largo, Hembra, Paisano, Plátano Bueno, Plátano de Freir, Sancochado Green French Plantain Provinciano Manzano, Tosco Pupusapa French Plantain (moins de mains qu’Inguiri, fruit plus court et plus gros) Bellaco Barraganete, Cuerno, Hartón, Macho Hartón (5-7 mains) Bellaco Plátano Bellaco Plantano, Cuerno Plantain corne (généralement 7 mains) Mameluco Mamaluca, Mameluca, Bellaco Cachaco Plantain corne (généralement 2 mains et fruit long) Sous-groupe Mysore Mysore 2 Mysore Sous-groupe Maia Maoli Palillo Canela, Capirona, Guayabo, Guayaquil, Maqueño, Rey, Vaporino Ecuadorian Maqueño ? Apple, Guineo Manzano, Mansanita, Maca Manzano Pacovan, Pome Pome Huaybino Cenizo Sapino Verde Cenizo Silver Bluggoe Pelipita Colombiano, Filipino Pelipita Sapo Balsino, Burro, Chato, Cuadrado, Huaybino, Sapino, Bluggoe Sous-groupe Silk Manzano Sous-groupe Pome Prato de Brazil Types ABB Sous-groupe Bluggoe Sapote, Sapucho Sapo Plátano Cotoplátano (fruit ridé à lignes noires) Trujilliano Morocho Bluggoe Cuadrado, Manzano nc (plusieurs variétés, voir tableau 3) Sous-groupe Pisang awak Isla 1 On pense que cette variété a été introduite au Pérou par les Portugais, qui l’auraient amenée d’Afrique de l’Est, via le Brésil (Astocaza 1996). 2 Seulement dans la région frontalière avec le Brésil ? 3 nc = non connu. (tableau 2), il est exclu qu’elle fasse partie du sous-groupe Silk. On ne peut rejeter la possibilité qu’elle soit de type AB (Ney Poovan) ou qu’elle soit apparentée au sousgroupe Pisang kelat/Pisang raja. Tosquino atteint une hauteur de 3,8 m et produit en moyenne 98 doigts par régime, chaque doigt ayant un poids moyen de 185 g. Ses fruits sont de forme courbe, un peu angulaire, et ont deux rangées régulières d’ovules dans chaque loge. Les fleurs mâles sont jaunes ; leurs bractées sont lancéolées, relativement persistantes et ne s’enroulent pas (Figueroa et Wilson 1992). Bigas Plátano, Dos Racimos 20 (mutant produisant deux régimes), Guinea Viejilla Moquillo (AAA ?), Manzano Sapino (Ney Poovan ?), Moquillo, Omeley Plátato, Omeley Yana, Picuro Plátano, Puca Guineo, Pucaquiro, Quillo Guinea, Sara Guinea Plátano et Shacapa, variétés toutes cultivées dans la région de San Martín, n’ont pu être identifiées. Il serait nécessaire de caractériser, à l’aide des descripteurs de l’IPGRI et des techniques moléculaires, les variétés courantes non identifiées. Au sein du type Isla (sous-groupe Pisang awak), on distingue au moins cinq, voire sept variétés : Isla del Alto Huallaga, Isla Guaya- quil, Isla Maleño, Isla Nacional, Isla de Tingo María, Isla Vaporino (=Isla Baporino) et Isleño (Astocaza 1996, Figueroa et Wilson 1992, MINAG, INIA et CONFRUTA 1997, Rengifo et Fasanando 1994, SENASA et FAO 1997, Pérez et Anguiz 1998). Etant donné l’importance de ce type (à utilisations multiples) au Pérou et ses caractéristiques particulières, une comparaison des principales variétés est présentée au tableau 3. Isla Maleño est cultivée dans la région côtière de Tumbes, tandis que les autres variétés ont une distribution plus large et se rencontrent principalement dans les vallées orientales. La caractéristique la INFOMUSA — Vol 8, N° 2 Tableau 2. Résistance et sensibilité aux maladies et ravageurs1 des variétés de Musa communément cultivées au Pérou (données provenant d’observations personnelles avec analyse par PCR, Astocaza 1996, Figueroa 1992, MINAG et al. 1997, Munive 1985, Ostmark 1997, SENASA et FAO 1997, Pérez et Anguiz 1998). Maladies foliaires Variété Cercosporiose noire Cercosporiose jaune Sigatoka Maladies et ravageurs telluriques Cordana Cladosporium sp. Fusariose Nématodes Types AA Moquicho TS-R 1 (MS) TS-R S S-R (response varies) nc 3 S Types AAA Seda TS TS S S S S Sous-groupe Cavendish TS TS S S R S Morado TS TS-R (MR) nc nc MR nc S S-R (MR) S S R S Non identifiée Tosquino Types AAB Inguiri S S-R (MR) S S R S Bellaco S S-R (MR) S S R S Palillo MS S-R (MR) S S S nc Manzano S S-HR (R) S S R-TS (S) S Pelipita R R-HR nc nc R nc Sapo MS R nc nc S2 nc Isla S-HR (MR) S-HR (R) S S S 2-R (MS) S Types ABB 1 TS = très sensible, S = sensible, MS = moyennement sensible, MR = moyennement résistante, R = résistante, HR = hautement résistante. En cas de sérieuse controverse, on a indiqué la gamme des opinions, par ex S-R, des précisions étant données dans le texte. La note en gras représente notre conclusion. 2 Race 2 seulement. 3 nc = non connu. plus remarquable du type Isla est la teinte bleue du pseudotronc, des feuilles et de la pulpe du fruit. Sur le terrain, on s’en rend le mieux compte en examinant les feuilles à contre-jour. La coloration bleue couvre toute la surface du limbe, à l’exception d’une bande de 5 cm sur sa bordure gauche. On pense que le type Isla a été apporté d’Asie par les Espagnols, via les îles Canaries (d’où son nom). Il ne semble guère s’être répandu vers les pays voisins, et aucun clone de la collection colombienne de Musacées (Belalcázar, non daté) ne lui correspond. La production bananière au Pérou Au cours des 10 dernières années, les surfaces bananières ont régulièrement augmenté au Pérou (tableau 4), ce qui témoigne de l’intérêt des producteurs pour cette culture. Cependant, les rendements demeurent médiocres du fait de pratiques agronomiques rudimentaires et de l’absence presque totale de mesures de lutte contre les maladies (Cavalié et al., Chingay et Molero, Figueroa, Perco et al., Tanchiva et Charpentier, Rivas et Palomino et al. 1986), de sorte que la productivité n’a guère augmenté (tableau 4). En 1996, la production atteignait plus de 1,3 million de tonnes. Les principales régions productrices étaient les départements suivants : Ucayali (251 969 t), Loreto (251 943 t), Piura (225 091 t), Huánuco (156 008 t), Pasco (88 365 t), Junín (73 662 t) et Tumbes (71 887 t) (Fujimori et al. 1997) (figure 1). La production nationale est relativement stable sur l’ensemble de l’année (figure 3). Bien qu’elle soit essentiellement destinée à la consommation locale, les ventes sur le principal marché fruitier de Lima (figure 3) offrent une source régulière de revenus aux producteurs (figure 4). INFOMUSA — Vol 8, N° 2 Entre Jaén et San Ignacio, le long de la frontière avec l’Equateur (figure 1), une petite part (4 %) de la production bananière se fait sous irrigation. On y cultive surtout Seda et Manzano, ainsi que, plus rarement, Isla et Palillo (Díaz 1986). Dans la région de San Martín, Inguiri est la principale variété (Yengle 1986), bien que ce département de composition ethnique mixte offre une diversité considérable de matériel génétique de Musa (Rengifo et Fasanando 1994). La même chose vaut pour le département de Loreto, où Inguiri représentait jusqu’à récemment quelque 80 % de la production, occupant ainsi la première place devant Bellaco (Tanchiva et Charpentier 1986). Mais en raison des attaques de la cercosporiose noire, ces deux variétés sont aujourd’hui largement remplacées par Pelipita. Parmi les bananes dessert, les principales variétés sont Seda, Manzano et Moquicho. Dans le département de Loreto, on trouve les bananes à cuire Mameluca, Maquisapa et Tosquino, ainsi que les bananes dessert Isla et Prato, principalement en culture de jardin (Tanchiva et Charpentier 1986). Les principales variétés dans la Tableau 3. Caractéristiques des principales variétés de type Isla (sous-groupe Pisang awak) au Pérou. Pseudotronc Variété 1 Diamètre (cm) Fleur mâle Marbré Couleur Caractéristiques du fruit Nb de doigts par régime Poids du fruit (g) Forme des doigts 110 140 typique 63 170 gros Isla del Alto Huallaga 16 - jaune Isla Guayaquil 26 + blanchâtre Isla Maleño 16 - crème 120 105 plus plat Isla Nacional 16 - crème 45 120 typique Isla de Tingo María 16 - jaune nc 1 nc plus court,à arêtes, extrémité plus effilée nc = non connu ; similaire à Isla del Alto Huallaga. Tableau 4. Production de bananes et plantains au Pérou de 1990 à 1996 (d’après Webb et Fernández 1997). Année Surface cultivée (ha) Production (tonnes) Rendement (t/an/ha) Prix au producteur ($US/t) nc1 1990 57 888 702 418 12,13 1991 62 443 809 404 12,96 nc 1992 66 404 698 976 10,53 nc 1993 66 470 710 237 10,69 130,00 1994 69 401 845 403 12,18 132,42 1995 83 551 1 065 988 12,76 133,93 1996 114 126 1 347 959 11,81 116,67 1nc = non connu. 21 vallée de l’Huallaga sont Inguiri, Palillo, Isla et Seda, suivies par Morado, Manzano et Moquicho (Cavalié et al. 1986). Dans la Selva Central, ce sont Isla, Seda, Inguiri et Bellaco, suivies par Manzano et Morado (Parco et al. 1986). Dans le département de l’Ucayali, les variétés les plus populaires sont Inguiri, Bellaco et Sapo pour les bananes à cuire, Isla de Tingo María, Seda, Moquicho et Manzano pour les bananes dessert, tandis que Palillo et les autres variétés de type Isla ont des utilisations multiples (Rivas et Palomino 1986). Enfin, dans le département de Madre de Dios, les variétés prédominantes sont Inguiri, Bellaco, Seda, Manzano, Moquicho et Morado (Chingay et Molero 1986). Utilisations des Musa au Pérou Bas Huallaga Les bananes de type dessert sont particulièrement appréciées dans les régions côtières, et les bananes à cuire dans les régions orientales de climat tropical. Parmi les bananes dessert, qui sont consommées sous forme de fruit ou de boisson, les variétés Cavendish sont les moins populaires. Seda est particulièrement prisée, mais la diffusion de la fusariose (tableau 5) limite de plus en plus sa culture. Moquicho gagne en popularité, prenant rapidement la relève. D’après les informations disponibles, certaines lignées non seulement résistent à la fusariose, mais tolèrent les anciens sols à coca, surexploités et acides, qui ne conviennent souvent à aucune autre culture. Les fruits mûrs de Moquicho sont consommés à l’état frais ou sous forme de beignets frits, tandis que ses fruits verts sont bouillis entiers, sans être pelés. Cette variété est la seule à être transportée au marché dans des cageots en bois. Pour toutes les autres, on charge les régimes entiers dans des camions, avec peu ou pas de matelassage pour amortir les chocs. Les bananes plantain sont bouillies ou frites à l’état vert ou mûr. Dans les vallées orientales, on produit de la farine et de l’amidon de plantain de manière artisanale. Le « tacacho », plat populaire dans ces régions, est préparé à partir de plantains matures mais encore verts, qu’on fait bouillir avant de les réduire en purée et de les faire frire avec du saindoux. Les « patacones » se préparent en faisant cuire à la vapeur ou frire légèrement des morceaux de banane plantain, puis en les aplatissant avant de les replonger dans de l’huile bouillante. Pour ce faire, on utilise de préférence du plantain corne. Les « chifles », minces chips de fruit vert frites, sont parfois préparées avec du plantain, mais sur la côte, on utilise de préférence les variétés Manzano (sous-groupe Silk) et Tosquino. Le potentiel commercial de la délicate va- Colombie Equateur Pérou Grau Loreto Torapoto Brésil San Martin 7,0 S Bolivie Ucayali Huallaga Central Chili Brésil Tocache Haut Huallaga Aguaytia Purcalpa San Alejamdro Aucayacu Marañon Pachitea Ucayali 9,0 S Tingo Maria Ucayali Huánuco Ucayali Pachitea Pasco Madre de Dios Urubamba 11,0 S Junín Ene Silva Urubamba Apurimac Océan Pacifique Lima San Francisco 13,0 S Ayacucho Cuzco 77,0 W 73,0 W 75,0 W Figure 2. Régions bananières de l’est du Pérou couvertes lors de l’enquête sur les maladies (ombrées). L’ombrage foncé indique la présence de la cercosporiose noire, et l’ombrage clair son absence. 140 0,6 80 60 40 20 Prix en $US/kg 0,5 100 Commerce de gros Production nationale 120 0,4 0,3 0,2 0,1 v. M ar . A vr . M ai n. Ja Fé . éc . D ct . N ov O t pt . Se il. in ôu A 1997 Année et mois Commerce de gros Seda Bellaco Figure 3. Production bananière nationale et volume du commerce de gros sur le principal marché fruitier de Lima (milliers de t) sur l’ensemble de l’année (d’après Webb et Fernández 1997). 22 Ju 1996 Année et mois Production nationale Ju vr . A v. ar M n. Ja 1997 Fé 1996 M ai 0 . Fé v. M ar . A vr . M ai ai Ju in Ju il. A ôu t Se pt . O ct . N ov . D éc . Ja n. M . vr A Ja n. Fé v. M ar . 0 isla Palillo Moquicho Morado Manzano Figure 4. Prix de gros pour les variétés populaires à Lima, en $US/kg (d’après Webb et Fernández 1997). INFOMUSA — Vol 8, N° 2 Tableau 5. Incidence des maladies et ravageurs (% de plants infectés) dans les bananeraies des vallées orientales du Pérou en 1998. Vallée Huallaga Maladie/ ravageur Cercosporiose jaune Moyenne vallée Haute vallée AguaytíaPachitea San Alejandro Ucayali Urubamba Apurimac Haute vallée San FranciscoSivia Moyenne pondérée Evolution par rapport à 1997 100,0 95,0 97,6 88,9 60,0 77,8 47,1 85,1 + 1,9 Cordana 36,4 25,0 54,8 22,2 20,0 33,3 23,5 35,8 + 10,8 Nématodes + 13,3 40,9 45,0 57,1 33,3 20,0 0,0 0,0 35,8 Fusariose 0,0 0,0 50,0 11,1 26,7 0,0 0,0 19,4 + 22,8 Cercosporiose noire 0,0 45,0 19,0 55,6 20,0 0,0 0,0 18,7 + 46,1 Pourriture de l’extrémité des doigts 18,2 20,0 14,3 0,0 6,7 22,2 5,9 13,4 nc 1 0,0 4,8 0,0 13,3 0,0 0,0 3,7 Moko 1 Basse vallée Ucayali 4,5 nc nc = non connu. riété Manzano (dont la peau a tendance à se fendre lorsque le fruit est mûr) étant progressivement reconnu, on utilise de plus en plus un matelassage de feuilles de palmier pour la protéger des dommages mécaniques et du risque de frisure pendant la traversée des Andes. Mais cette évolution ne se fait que lentement, car les populations des régions orientales tropicales n’apprécient généralement pas Manzano et s’en servent pour nourrir les porcs. Pourtant, dans certaines zones, les variétés des sous-groupes Silk et Pome sont consommées comme fruits à l’état mûr. Manzano n’est pas consommée par les habitants des hautes Andes, qui disent que cette variété ne leur convient pas. Palillo (sousgroupe Maia Maoli) est bouillie (à l’état vert ou mûr) ou frite (à l’état mûr) dans les régions côtières. Dans les régions orientales, on se sert surtout de son fruit mûr, cru, pour préparer une boisson fraîche (le « chapo ») et une boisson fermentée (la « chicha de plátano »). Les variétés Bluggoe sont généralement consommées mûres, après avoir été bouillies. Peu populaires, elles ne se rencontrent qu’en culture de jardin. Sapo Plátano est la seule variété de ce sous-groupe à être aussi consommée crue. En revanche, Isla est appréciée dans tout le pays sous toutes les formes imaginables. Il s’agit de l’un des sousgroupes de Musa les plus populaires au Pérou. Commercialisation Contrairement à ce qui se passe dans la plupart des autres pays, au Pérou, les prix au producteur ne sont pas déterminés par le poids des fruits mais par le nombre de paires de fruits (doigts), ceux-ci étant classés dans deux catégories selon leur qualité. En 1997, le prix de 1 000 doigts variait de 33,00 $US pour Bellaco et Palillo à 28,00 $US pour Isla et 15,00 $US pour Manzano et Moquicho dans la 1re catégorie, qui représente environ 80 % de la production. Le prix de la 2e catégorie (représentant 20 %) est égal à la moitié. A titre de comparaison, les prix au producteur de la 1re catégorie équivalent en moyenne à 120-140 $US par tonne. Compte tenu de ce système de rémunération inhabituel, il faudrait axer les recommandations agronoINFOMUSA — Vol 8, N° 2 miques sur les tout premiers stades de la différenciation de l’inflorescence, c’est-à-dire avant l’émergence de celle-ci. C’est à ce moment qu’est déterminé le nombre maximum de mains et de doigts (Stover et Simmonds 1987). Après l’émergence, où le seul processus restant à accomplir est le remplissage des doigts, l’application de pratiques culturales optimales devient moins rentable. C’est là une tâche difficile pour les vulgarisateurs, car les producteurs sont davantage enclins à prendre soin d’un régime après la floraison, lorsqu’il est visible. Ce système de détermination des prix pose un autre problème, dans la mesure où l’on ne compte que les paires de doigts de part et d’autre d’une main. Si le nombre est impair, il est arrondi vers le bas. Les producteurs perdent ainsi environ 10 % de leur revenu, tandis que les commerçants sont gagnants, les prix de détail étant basés sur le poids, comme dans tout autre pays. Les producteurs n’enlèvent pas les fruits « en trop » pour les réserver à la consommation familiale. Si l’on enlevait ces doigts au début du développement du régime, cela pourrait accélérer le développement des autres fruits. Les pertes seraient ainsi réduites et les revenus bruts s’en trouveraient accrus. Mais le Pérou est encore loin d’utiliser des techniques de gestion des régimes qui soient aussi sophistiquées. Sur le marché de gros de Lima, les prix varient de manière significative selon la période de l’année et selon la variété (figure 4). En 1996, des prix élevés (moyennes indiquées entre parenthèses) ont été obtenus pour Bellaco, Palillo, Morado (0,35 $US kg-1) et Isla (0,34 $US kg-1), tandis que Seda, Moquicho (0,21 $US kg-1) et Manzano (0,20 $US kg-1) se sont vendues à plus bas prix. Les bananes dessert, qui sont consommées tout au long de l’année, ont des prix relativement stables. En revanche, Bellaco et Palillo, deux variétés que les habitants de Lima ne consomment que cuites, se vendent mieux pendant les mois d’hiver où le climat est plus froid. Aussi leur prix enregistre-t-il une hausse saisonnière entre juin et septembre (figure 4). Comme cela a été mentionné plus haut, le Pérou n’exporte que de faibles volumes de bananes et de plantains. Leur principale des- tination est le Chili, qui absorbe 700 à 1 000 t par an. En 1994, l’Equateur, l’Italie et les Pays-Bas ont également importé des bananes du Pérou (Fujimori et al. 1996). L’Equateur se tourne vers cette source d’approvisionnement, pour des quantités minimes, lorsque la production nationale est insuffisante dans les régions frontalières. Ravageurs et maladies Les maladies les plus problématiques au Pérou sont les cercosporioses noire et jaune, ainsi que les taches foliaires causées par Cordana (tableaux 5 et 6) (Anguiz et Nicolas 1998, Arévalo et al. 1998). La cercosporiose jaune, Cordana et la relativement inoffensive cladosporiose sont omniprésentes ; tandis que la cercosporiose noire plus agressive, qui est arrivée au Pérou (Ucayali) en 1994, est encore absente des régions de l’Apurímac, de Madre de Dios et de l’Urubamba (Anguiz et Nicolas 1998, Arévalo et al. 1998) (figure 2). La cercosporiose noire affecte sérieusement la production dans les départements de Loreto et de San Martín ainsi que dans la vallée de l’Ucayali, où elle se répand plus rapidement que toute autre maladie (tableau 5). Actuellement, elle est en train de se diffuser dans les parties en amont de la haute vallée de l’Huallaga. A la fin de 1997, elle avait atteint une zone située entre Tocache et Aucayacu (tableau 6, figure 2). La fusariose (races 1 et 2) est en expansion et revêt des dimensions sérieuses dans certains sites (tableau 5). La maladie de Moko sévit dans le département de Loreto (Pérez et Anguiz 1998, Tanchiva et Charpentier 1986). Elle se rencontre aussi dans la vallée de la Patchitea-Ucayali, mais seulement sporadiquement dans la vallée de l’Huallaga (tableau 5) où Erwinia sp. est également présente. Il faudrait vérifier la distribution actuelle de la maladie de Moko à l’aide des techniques de diagnostic modernes. Le virus de la mosaïque en tirets et le virus de la mosaïque du concombre ont été signalés dans le département de l’Ucayali (Pérez et Anguiz 1998). Les nématodes (Meloidogyne spp., Pratylenchus spp. et Radopholus similis) sont largement répandus (tableau 5). Les ravageurs Cosmopolites sordidus et Metamasmius he23 riétés à la cercosporiose jaune ne se maintient pas sur les hautes terres de Colombie, et Munive (1985) a confirmé qu’au Pérou aussi, elles peuvent être sérieusement affectées lorsque les conditions sont défavorables. En effet, la cercosporiose jaune s’accommode mieux des hautes altitudes que la cercosporiose noire. Cependant, on n’a établi aucune corrélation entre les altitudes enregistrées dans cette enquête (de 220 à 780 m) et l’incidence des maladies. En revanche, on a constaté que la cercosporiose jaune est remplacée par la cercosporiose noire plus agressive dans le département de l’Ucayali, où elle est présente depuis le plus longtemps (tableau 6). On en a conclu que les plantains et Palillo offrent une résistance moyenne à la cercosporiose jaune au Pérou, et que Manzano et Isla sont résistantes, mais peuvent être attaquées par cette maladie si les conditions sont défavorables. Quant à Moquicho, qui est extrêmement sensible à la cercosporiose jaune (Figueroa et Wilson 1992, Munive 1985, Stover et Simmonds 1987), elle n’est que moyennement sensible à la cercosporiose noire (Stover et Simmonds 1987). Si l’on suspecte fréquemment cette variété d’être extrêmement sensible à la cercosporiose noire au Pérou, cela vient sans doute d’une erreur d’identification de l’agent pathogène. En effet, dans les conditions locales, les symptômes au mipterus font de sérieux dégâts (Diaz 1986, Rivas et Palomino 1986, Viera 1986). Castina licus et C. daedalus ont été signalés dans le département de Loreto (Tanchiva et Charpentier 1986). Les producteurs n’appliquent pas de fongicides. La méthode recommandée pour lutter contre les maladies est la lutte culturale, et en particulier l’élagage phytosanitaire (Pérez et Anguiz 1998). Mais l’absence de drainage, les infestations d’adventices et la densité excessive des rejets réduisent souvent ces efforts à néant. De ce fait, les producteurs ne voient pas l’intérêt de l’élagage phytosanitaire et, dans bien des cas, ne le pratiquent pas assidument. Les variétés des sous-groupes Plantain et Bluggoe sont considérées comme résistantes à la cercosporiose jaune, tandis que la plupart des types ABB sont tolérants ou résistants à la cercosporiose noire (Stover et Simmonds 1987). Mais lorsque les mesures de lutte contre ces maladies laissent à désirer, de sérieuses infections se produisent au Pérou. Lors d’une enquête effectuée en 1997, on a constaté que la cercosporiose jaune affectait Inguiri, Bellaco, Palillo, Manzano et Isla (tableau 6). Ces résultats ont été confirmés par examen au microscope et à l’aide de la PCR (d’après Johanson et Jeger 1992). Stover et Simmonds (1987) ont signalé que la résistance des va- champ de la cercosporiose jaune sont atypiques et impossibles à distinguer de ceux de la cercosporiose noire. Néanmoins, dans la plupart des cas, les analyses faites à l’aide de la PCR ont confirmé que l’agent pathogène était bien Mycosphaerella musicola (tableau 6). La réaction de Moquicho à la fusariose fait également l’objet d’une controverse (tableau 2). Il se peut que les synonymes indiqués au tableau 1 correspondent à des mutants différents. Ainsi, Datíl est signalée comme résistante et Moquicho comme sensible (SENASA et FAO 1997). Ou encore, il n’est pas impossible que des races pathogènes de Fusarium oxysporum f. sp. cubense se soient développées sur des systèmes racinaires stressés. Les lacunes mentionnées plus haut dans la gestion des cultures et des maladies, et en particulier le fait que les sols soient périodiquement inondés, contribuent aussi à affaiblir les racines, accentuant les dégâts des ravageurs et des maladies telluriques. L’incidence de la fusariose peut être réduite par l’inondation. Il est surprenant que les flétrissements bactériens ne se rencontrent que de manière localisée en dehors du département de Loreto. En revanche, les nématodes et les foreurs font beaucoup de dommages. Les producteurs ignorent souvent les agents à l’origine de ces dégâts, ainsi leurs mécanismes d’infestation et de diffusion. Tableau 6. Distribution des maladies foliaires dans l’est du Pérou en octobre 1997. Localisation géographique Région Site Diagnostic Altitude (m) Cultivar Cercosporiose noire Cercosporiose jaune Cordana Cladosporium sp. 780 Palillo - + + nc 1 780 Palillo - + + nc Vallée de l’Apurímac San Francisco San Francisco Vallée de l’Huallaga Tingo María Tingo María 660 Isla - + + + Afilador 660 Moquicho - + + + Marona Baja 670 Moquicho - + nc nc 670 Isla - + + nc - + + + Aucayacu Aucayacu 720 Isla Tocache Huayranga 515 Bellaco ++ + + + 515 Palillo ++ + + + 558 Inguiri + + + + 392 Palillo + + + + Bambamarca Bajo Almendra Juanjuí 392 Palillo - + + - 463 Bellaco ++ + + + 463 Inguiri ++ + + - 392 Palillo ++ + + + Costa Rica 360 Inguiri - + + + Huicungo 500 Inguiri ++ + + + Montevideo 500 Inguiri + + + - Pachiza 500 Inguiri ++ + + + Piscuyaco 510 Inguiri + + + - Saposoa 560 Inguiri - + nc nc Vallée de l’Ucayali Boquerón La Divisoria 700 Guayaquil + - - nc “ Boquerón 500 Moquicho + - - nc Aguaytía Hauipoca 360 Seda + - + nc “ San Juan 256 Manzano ++ - + nc San Alejandro San Alejandro 295 Seda - + - nc Pucallpa km 50 228 Morado + - - nc “ Campo Verde 220 nc + - + nc 1 nc 24 = non connu INFOMUSA — Vol 8, N° 2 Perspectives et contraintes Les ravageurs et les maladies sont les principaux facteurs limitant la production bananière au Pérou. On a récemment commencé à évaluer du matériel génétique résistant dans les conditions locales, ce qui devrait contribuer à résoudre ces problèmes. Des variétés de la FHIA résistantes aux maladies ont été introduites. Il reste à voir quelle sera leur performance par rapport à des variétés locales populaires et robustes comme celles de type Isla. Cependant, l’usage de variétés résistantes ne permettra pas, à lui seul, de venir à bout de tous les problèmes, puisque des variétés locales robustes succombent désormais aux infections. Pour que la production devienne viable, il faudra aussi que les services de vulgarisation s’efforcent d’améliorer les pratiques culturales. L’une des priorités est le drainage. Cependant, la proposition de drainer les sols apparaît en contradiction avec le fait que les plantations souffrent saisonnièrement de la sécheresse. Les producteurs croient intuitivement que les dégâts seraient encore plus graves sur des sols drainés. Les services de vulgarisation devront donc appliquer des méthodes pratiques (parcelles de démonstration ou « champsécoles ») pour prouver que les effets de la sécheresse sont moindres sur des sols drainés, du fait que les racines sont en meilleure santé. Il faudra aussi un transfert de technologie pour diffuser des pratiques modernes qui sont largement appliquées dans les pays voisins : sélection du matériel végétal, densité de peuplement, gestion des rejets, élimination des adventices et élagage phytosanitaire. La rentabilité de ces pratiques culturales, insuffisamment étudiée, est très certainement sous-estimée au Pérou. Il conviendrait de déterminer le rapport coûtsbénéfices de la fertilisation aux premiers stades de la différenciation du régime. La commercialisation est limitée par le niveau important des pertes de qualité qui se produisent au cours du transport vers les marchés des grandes villes. Certaines routes transandéennes sont en si mauvais état qu’elles sont parfois impraticables durant plusieurs jours pendant la saison des pluies. L’insuffisance des méthodes post-récolte contribue aussi aux pertes. Il convient en priorité d’améliorer les techniques de récolte, ainsi que l’emballage pour le transport. La communication entre les clients et les producteurs a également besoin d’être développée. La variété Manzano a un excellent potentiel commercial à Lima. Mais les producteurs n’en sont pas encore conscients, car cette variété est impopulaire dans l’est du pays où elle est produite. Il n’est pas rare que son fruit tombe du régime lorsqu’il est mûr et/ou que la peau du fruit se fende. Pour y remédier, on pourrait faire des récoltes partielles de manière séquentielle en laissant le régime sur pied, les mains proximales étant récoltées plus tôt que les mains distales. Les variétés Isla, qui se vendent à un bon prix, INFOMUSA — Vol 8, N° 2 sont robustes et présentent une grande tolérance aux maladies. Produisant un fruit à flaveur et texture uniques, elles ne pourraient être facilement remplacées. Il faudrait donc inclure des variétés de ce type dans toute comparaison de matériel génétique amélioré au Pérou. Remerciements Cet article a été élaboré dans le cadre d’un projet de diversification financé par le ministère péruvien de l’Agriculture, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et le Service de recherche agricole du ministère américain de l’Agriculture (USDA-ARS). Pendant la phase initiale, des fonds ont été également reçus de l’Organisation des Etats américains (CICAD/OAS). Le projet était géré par CABI Bioscience et le Convenio UNAS-ARS-NAS. Le Natural Resources Institute a facilité les diagnostics de la cercosporiose. L’enquête sur les maladies a bénéficié de l’aide des agents de terrain suivants : Esteban Altamirano, David Arévalo, Jefferson Cárdenas, Julio Flores, Tomás Malgarejo, Alejandro Pimentel, Manuel Piña, Tulio Pisco, Walter Rategui et Romulo Rodríguez. Les auteurs remercient aussi les collègues de diverses institutions (FAO, INIA, UNAS, UNSM, UN La Molina) qui les ont aidés par leurs commentaires. Nous sommes particulièrement redevables à Phil Rowe, qui a fourni le matériel génétique et revu le manuscrit de cet article. ■ Références Anguiz R. 1998. Evaluación de variedades introducidas y locales de plátano a la Sigatoka Negra en condiciones de Ucayali. Communication au XV Congreso Peruano de Fitopatología, Pucallpa, Pérou, 27 septembre - 2 octobre 1998. Anguiz R. & Z. Nicolas. 1998. Mapeo fitopatológico e incidencia de la Sigatoka negra del plátano en el Perú. Communication au XV Congreso Peruano de Fitopatología, Pucallpa, Pérou, 27 septembre - 2 octobre 1998. 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Krauss est professeur assistant au CATIE, 7170 Turrialba, Costa Rica, courrier électronique : [email protected], fax : (506) 556 0606. R. Figueroa Z. occupe les fonctions de coordinateur de la Comisión Nacional de Fruticultura (CONFRUT), Pasaje Zela s/n piso 9, Espalda Edificio Ministerio de Trabajo, Jesus María, Lima, Pérou, tél/fax : (51) – 1 4327999. A. Johanson est directeur adjoint de l’Agricultural Biotechnology Support Project (ABSP), 414 Plant & Soil Building, Michigan State University, East Lansing, NI 48824, USA, courrier électronique : [email protected], fax : (1) 517 43221982. E. Arévalo est professeur de phytopathologie à l’UNAS, basé à Taropoto, Jirón Tarapoto 247, Banda del Shilcayo, Tarapoto, San Martín, tél/fax : (51) – 94 – 526815, courrier électronique :[email protected]. R. Anguiz est consultant pour la FAO au Pérou, chargé d’évaluer le matériel génétique de la FHIA dans l’Ucayali ; c/o FAO, Manuel Almenara 328, Urb, Aurora, Miraflores, Apdo 14-0016, Lima 14, fax : (51) 1 4472640, courrier électronique : [email protected]. O. Cabezas est professeur de phytopathologie à l’UNAS, basé à Tingo María, courrier électronique :[email protected]. L. García est chef du Département des sciences agricoles de l’UNAS. Le point sur… Les bananiers d’altitude en Colombie Nigel S. Price La production bananière en Colombie La Colombie figure parmi les principaux pays producteurs de Musa. D’après les données récemment réunies par Thierry Lescot, du CIRAD, ce pays se classe au cinquième rang des producteurs de bananes et de bananes plantain dans le monde, et il est le troisième exportateur de bananes « Cavendish » (Lescot 1998). Ses 36 millions d’habitants consomment principalement des bananes plantain AAB, dont la Colombie, avec 3 millions de tonnes, est le plus gros producteur du monde (un très faible volume étant exporté) (tableau 1). Les bananes « Cavendish » et « Gros Michel » occupent aussi une place importante dans la consommation nationale. 26 Tandis que les bananiers « Cavendish » sont généralement cultivés dans la plaine côtière, les bananiers plantain AAB et les bananiers « Gros Michel » se rencontrent surtout dans la Cordillère centrale, et souvent en association avec le café. Des articles sur la culture de ces deux types de bananiers en Colombie ont été publiés dans des numéros antérieurs d’INFOMUSA (Lescot 1993, Grisales et Lescot 1993, Grisales 1996). Les bananiers d’altitude Moins bien connue est la culture des bananiers d’altitude d’Afrique de l’Est (AAA-EA) qui, si elle n’est pratiquée qu’à petite échelle en Colombie, revêt néanmoins une certaine importance locale. En Afrique, ces bananiers occupent une place de premier plan dans l’agriculture des hautes terres de la région du lac Victoria (leur centre de diversité présumé, voire leur centre d’origine, Simmonds 1966). En Ouganda et dans les pays voisins, ils sont l’une des principales denrées amylacées de base et, par leur utilisation pour produire de la bière, jouent un rôle culturel particulier (Champion 1970). Les origines botaniques et géographiques ainsi que le développement de ce groupe de Musa sont d’un grand intérêt non seulement pour les agronomes, mais aussi pour les anthropologues et les historiens (Simmonds 1966, Davies 1995). Au cours d’une récente visite dans le département d’Antioquia, dans la Cordillère centrale, l’auteur a fréquemment observé la présence de ces bananiers d’altitude d’Afrique de l’Est (AAA-EA) en association avec le café. A la suite de cette visite, et avec l’aide de collègues colombiens, il a rassemblé des informations complémentaires sur la culture de ce type particulier de Musa, si loin de sa région d’origine. Le département d’Antioquia (chef-lieu Medellin, voir figure 1) couvre une superficie de 63 612 km2, ce qui en fait l’un des plus vastes des 32 départements de la République de Colombie. S’étendant depuis la mer des Caraïbes jusqu’à des régions atteignant 4 000 m d’altitude (figure 1), il est aussi l’un des départements les plus importants sur le plan économique, grâce à sa production d’électricité et à son industrie. Dans le domaine de l’agriculture, la culture des bananiers « Cavendish » joue un rôle important dans la plaine côtière au nord du département, tandis que les plateaux andins situés au sud sont voués à la culture caféière (plus de 300 000 hectares). En association avec les caféiers, on trouve communément des bananiers plantain AAB (principalement la variété faux corne « Dominico Hartón »), des bananiers dessert (en particulier « Gros Michel ») et, dans une moindre mesure, des bananiers d’altitude d’Afrique de l’Est Tableau 1. Données comparatives sur la production des principaux types de Musa en Colombie (données compilées par T. Lescot, 1998). Type de Musa Consommation nationale Tonnes % (1 000) Plantains AAB Exportations Tonnes Production totale % (1 000) Tonnes % (1 000) 2 970 96 120 4 3 090 55 Cavendish 524 26 1 476 74 2 000 35 Gros Michel 500 100 Ins Ins 500 9 42 100 Ins Ins 42 1 Bananes d’altitude/ à cuire1 1 Outre les bananes d’altitude d’Afrique de l’Est (AAA-EA), cette catégorie comprend d’autres types de bananes à cuire tels que Bluggoe. Ins = insignifiant ou non connu. INFOMUSA — Vol 8, N° 2 « Sopa de Guineo » (pour environ 6 personnes) Ingrédients : 1 kg de viande de porc ou de bœuf coupée en morceaux Caraïbe 300 – 600 g de carottes coupées en tranches fines Venezuela Panama 500 – 1000 g de pommes de terre coupées en dés Antioquia Medellin 500 g de yucca (manioc doux) coupé en dés Colombie Bogota 6 grosses bananes « Guineo », coupées en gros morceaux ou en dés selon la préférence Océan Pacifique 300 g de poivrons (Capsicum) coupés en lanières Brésil 300 g de haricots frais Equateur 200 g d’oignons émincés quelques gousses d’ail feuilles de coriandre fraîche cumin frais sel et poivre, pour assaisonner selon le goût Figure 1. Situation géographique du département d’Antioquia. Tableau 2. Données comparatives sur la production1 et la consommation de quatre denrées amylacées dans le département d’Antioquia, en Colombie. Production agricole1 Culture Plantains AAB Superficie (ha) Rendement (t/ha) Conso. urb.2 Production (milliers de t) % du total % du total 56 000 6,5 360 454 49 65 Bananes « Guineo » AAA-EA 1 500 4,8 7 406 1 5 Pommes de terre (« Papa ») 9 800 17,8 173 345 24 19 11 000 17,5 193 837 26 11 Manioc (« Yucca ») Mettre les oignons, le sel, le poivre, les poivrons, l’ail et le cumin dans une grande casserole avec 2,5 litres d’eau et faire chauffer. Au bout de 1015 minutes, ajouter les carottes et les haricots frais, et porter à ébullition. Ajouter ensuite la viande, la yucca, les pommes de terre et les bananes « Guineo ». Porter de nouveau à ébullition, puis laisser mijoter jusqu’à ce que tous les légumes et la viande soient cuits. En dernier lieu, ajouter la coriandre fraîche et laisser encore mijoter à feu doux ou moyen pendant 10-15 minutes. Servir sur un plat en parsemant d’un peu de coriandre fraîche. 1 Données fournies par le ministère de l’Agriculture, département d’Antioquia. 2 Tout en supposant que la totalité de la production est consommée, les chiffres de cette colonne donnent les résultats d’une enquête par questionnaire auprès des directeurs de trois supermarchés de Medellin (département d’Antioquia). (AAA-EA) désignés sous l’appellation de « Guineo » (voir photo) et généralement cultivés entre 1 500 et 2 000 m d’altitude. Production et consommation Les données fournies par les collègues d’Antioquia (tableau 2) sur les quatre principales denrées amylacées cultivées dans ce département font ressortir la prédominance des bananes plantain AAB, qui représentent la moitié de la production et les deux tiers de la consommation urbaine. Quant aux bananes « Guineo », elles constituent 1 % de cette production et 5 % de la consommation urbaine. Selon des données collectées sur deux marchés en plein air et dans trois supermarchés de Medellin, les bananes plantain AAB se vendent à un prix moyen de 470 pesos le kilo, contre 350 pesos pour « Guineo » et 306 pesos pour les bananes dessert, ce qui montre bien la popularité des premières. S’il est clair que la banane de type « Guineo » ne représente qu’une fraction très minime de la production bananière de la région, elle est néanmoins fort appréciée par une partie de la population. En Colombie, on la consomme généralement bouillie, et non cuite sous forme de « matooke » comme en INFOMUSA — Vol 8, N° 2 Afrique de l’Est. Elle entre également dans la composition d’une délicieuse soupe ou ragoût portant le nom de « sopa de Guineo » (dont la recette est donnée dans l’encadré ci-dessus). Discussion D’autres chercheurs ont remarqué la présence des bananiers d’altitude d’Afrique de l’Est dans les régions montagneuses d’Amérique du sud (Lescot 1998, Tézenas du Montcel, comm. pers., Jaramillo, comm. pers., Rossell 1998). Comment « Guineo » est-il parvenu dans ces régions depuis son centre d’origine en Afrique de l’Est ? Comme le souligne Simmonds (1966), on l’ignore et il y a peu de chances qu’on le découvre un jour. Les bananiers d’altitude d’Afrique de l’Est se rencontrent aussi (bien que peu fréquemment) dans d’autres régions d’Afrique (Rossell 1998), comme sur les hautes terres du pays bamiléké, dans l’ouest du Cameroun, où leur culture revêt une certaine importance (Bridge et al. 1995). Rossell (comm. pers.) pense que ce sont les Portugais qui, lors de leurs « voyages de découverte », les ont amenés par la mer en Afrique de l’Ouest. La même période a sans doute vu l’arrivée de « Guineo » dans le Nouveau Monde. On peut constater que ces bananiers prospèrent nettement mieux sur les hautes terres au climat plus frais, comme en témoignent leur implantation dans leur région d’origine en Afrique de l’Est, aussi bien que leur « migration » ultérieure vers l’Afrique de l’Ouest et l’Amérique du Sud, où les régions montagneuses constituent leur habitat préférentiel, loin des côtes où ils ont probablement été introduits au départ. On connaît très mal les systèmes de culture et les contraintes qui affectent la production de « Guineo » en Colombie. De l’avis de Lescot (1993), des recherches agronomiques fondamentales et un transfert de technologie pourraient contribuer à améliorer la production bananière destinée à la consommation nationale, et donc aussi celle de « Guineo ». Bien sûr, on ne peut s’attendre à ce que beaucoup de ressources soient consacrées spécifiquement à des recherches agronomiques sur une variété aussi mineure que « Guineo ». Cependant, les bananiers d’altitude font l’objet d’un important effort de recherche en Afrique de l’Est (voir, par exemple, Gold et Gemmill 1993). Compte tenu des « retombées » potentielles de la recherche bananière (Frison et al. 1997), on 27 peut espérer que ce travail bénéficiera un jour aux producteurs de « Guineo » d’Amérique du Sud. Remerciements L’auteur remercie William Cardona Garzon du ministère de l’Agriculture (département d’Antioquia) et Mauricio Realpe du Centro de Investigaciones Biológicas à Medellin pour les informations qu’ils lui ont fournies, ainsi que Mme Miryam Nunez de Lopez pour la recette de la « sopa de Guineo ». ■ Références Bridge J., N.S. Price & P.W. Kofi. 1995. Nematodes of plantains and other crops in the Cameroon. Fundamental and Applied Nematology 18: 251-260. Agronomie Champion J. 1970. Culture du bananier au Rwanda. Fruits 25: 161-168. Davies G. 1995. Bananas Persisting: Food and Fibre Crops in an Ugandan Village on 1937 and 1994. 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L’auteur, nématologiste au CAB International (Royaume-Uni), travaille actuellement comme conseiller technique principal pour l’Indian Ocean Regional Fruit Fly Programme, Réduit, île Maurice. Productivité et qualité Comparaison agronomique entre différents matériels de plantation pour le bananier plantain Dominico Hartón (Musa sp. AAB) Francisco Grisales L. raditionnellement, les agriculteurs des zones caféières plantent des bananiers plantain sur leurs terres et utilisent comme matériel de plantation des souches de taille variable. Le cas le plus fréquent est celui de souches de 3 à 6 kg sans sélection ni traitement, soit un matériel peu homogène du point de vue physiologique, et souvent contaminé par des charançons noirs, des nématodes, etc., qui sont des facteurs limitants pour le développement des plants. Par ailleurs, ils ont coutume d’utiliser des rejets latéraux différenciés de la souche-mère, possédant un système racinaire indépendant et de bonnes réserves (1-2 kg), connus sous le nom de « puyones » ou rejets baïonnette, réputés vigoureux, sains et faciles à manipuler (Belalcázar et Valencia 1990, Echeverri 1977). Ces dernières années, d’autres méthodes se sont répandues, comme les plantules élevées en pépinière (bourgeons de 200-300 g en sacs individuels), et surtout le matériel obtenu par culture in vitro qui ouvrait de larges perspectives chez les producteurs de la région centrale, en raison de leur succès dans l’agro-industrie bananière. De fait, le matériel de pépinière ainsi que les vitroplants présentent un certain niveau de sélection et requièrent des manipulations attentives avant d’être plantés. Au vu de ce qui précède, une expérimentation a été conduite T 28 afin de comparer la productivité et la qualité du bananier Dominico Hartón multiplié en pépinière et in vitro, avec le moyen de propagation traditionnel recommandé (rejets baïonnette). Matériels et méthodes L’expérimentation a été conduite de 1995 à 1998 dans deux régions propices à la culture de bananier plantain, avec des caractéristiques pédologiques et climatiques distinctes : la sous-station Paraguaicito de Buenavista (Quindío) et la Hacienda Chagualito de Chinchiná (Caldas). Sur les deux sites ont été expérimentés les matériels de plantation suivants : vitroplants, plantules de pépinière et rejets baïonnette, suivant un modèle en randomisation avec des parcelles de 36 plantes placées à une distance de 2.5 x 2 m. Les vitroplants et le matériel de pépinière ont été placés dans des poches perforées de 20 x 25 cm sur un substrat sol/pulpe de café suivant une proportion de 3/1. La gestion s’est faite de façon individuelle pour chaque lot, en mettant l’accent sur les trois pratiques fondamentales : 1) contrôle des mauvaises herbes par leur élimination à la faux autour des sites et application sélective de glyphosate ; 2) fertilisation par application de potassium et de magnésium et 3) œilletonnage en maintenant deux rejets productifs par plant. Des manipulations complémentaires ont été effectuées en fonction des besoins, telles que l’effeuillage, le repiquage de pseudotroncs post-récolte et le tuteurage. En outre, sur le lot de Paraguaicito, le contrôle du charançon a été réalisé à l’aide d’aldicarb (0,1 g/pied) et par piégeage. La productivité (poids moyen des régimes) et la qualité ont été mesurées selon les critères suivants : première classe (nombre de régimes de plus de 13 kg par parcelle), deuxième classe (régimes équivalents ou inférieurs à 13 kg). La précocité au moment de la première coupe (nombre de semaines jusqu’à la récolte) ainsi que le pourcentage de variants (différentes du clone Dominico hartón) constituent des informations complémentaires. L’information a été soumise à l’analyse de variance et au test de comparaison des moyennes de Turkey (p= 0.05). Résultats Sur les figures 1 et 2 sont résumées les informations sur la productivité et la qualité des trois types de matériel de plantation sur les deux sites expérimentaux pour la période 1995-1998. Ainsi qu’on le constate sur la figure 1, il n’y a pas, à Paraguaicito, de différence significative de productivité entre les plantes, tandis qu’à Chagualito, les performances des plantes de pépinière sont statistiquement inférieures aux vitroplants et aux rejets conventionnels, eux-mêmes égaux entre eux. D’autre part, on remarque que la productivité est meilleure à Chagualito qu’à Paraguaicito, INFOMUSA — Vol 8, N° 2 Paraguaicito 25 b a Poids du régime (kg) Pour le matériel produit in vitro, il arrive fréquemment que les plantes présentent des anomalies de l’inflorescence, affectant le rendement (Sandoval et al. 1991). Dans ce cas, on a constaté, sur des régimes de type “Dominico”, le phénomène dit de “réversion”, en proportions légèrement supérieures à la normale (3 à 4 %), ce qui montre que la stabilité génétique de la variété n’est pas affectée. Chagualito a 20 a a a 15 10 5 Conclusions 0 Vitroplants Rejets baïonnette Plantules Vitroplants Plantules Rejets baïonnette Figure 1. Poids moyen du régime pour les trois types de plants à Paraguaicito (Quindío) et sur l’Hacienda Chagualito (Chinchiná, Caldas). Chagualito Paraguaicito 100 a a a a b a Pourcentage 80 Du point de vue de la productivité et de la qualité, le matériel de plantation in vitro Dominico Hartón n’apparaît pas comme avantageux. Les plants élevés en pépinière ont un comportement variable, mais les différences de productivité et de qualité sont négligeables dans un système de commercialisation par régimes. Le matériel conventionnel (rejet baïonnette/“puyón”) présente un développement satisfaisant et on peut le recommander, s’il s’accompagne de bonnes conditions de sélection et de conduite des cultures. ■ 60 Bibliographie 40 20 0 Vitroplants Plantules Rejets baïonnette 1ère classe Vitroplants Plantules Rejets baïonnette 2ème classe Figure 2. Pourcentage des régimes de première et deuxième classe pour les trois types de plants à Paraguaicito (Quindío ) et sur l’Hacienda Chagualito (Chinchiná, Caldas). où des problèmes sanitaires sont venus perturber le déroulement de l’expérience. Un résultat équivalent apparaît quant à la qualité : il n’y a pas de différence significative entre les plants à Paraguaicito, tandis qu’à Chagualito, les plantules mises en sacs sont d’une qualité inférieures aux autres types de plants (figure 2). Au vu de ce qui précède, on peut dire que le type de matériel de plantation utilisés a peu d’impact sur l’expression du potentiel productif et qualitatif du bananier plantain Dominico Hartón. Ceci est particulièrement frappant dans le cas du matériel in vitro, qui montre chez d’autres types de Musa (bananiers dessert) une possibilité d’utilisation agronomique supérieure à celle des rejets conventionnels (Londoño et Villa 1994, Vuylsteke et Ortiz 1996). Chez les bananiers plantain, cependant, ceci n’est pas clairement démontré puisque les résultats publiés sont contradictoires à ce sujet (Vuylsteke et Ortiz 1996), ce qui est imputable à la sensibilité importante de la plante vis-à-vis de son environnement. Concernant le matériel de INFOMUSA — Vol 8, N° 2 pépinière, le résultat observé dans l’hacienda Chagualito est difficile à expliciter, mais dans la pratique il reste peu important puisque la différence observée par rapport aux autres types de plantes (2,9 kg par régime) n’affecte pas les revenus, compte tenu du système de commercialisation des régimes qui prévaut dans la région. En fin de compte, il est évident que le matériel de type rejet baïonnette, sélectionné de façon pertinente, présente un fort potentiel de production, s’il est associé à une bonne conduite de la culture, et à des conditions de sol et de climat favorables (cas de Chagualito). Quelques différences ont été notées sur la durée de la période séparant la plantation de la récolte (précocité). Pour les deux sites d’expérimentation, on a pu constater que les rejets baïonnette se développent plus lentement (environ 63 semaines de la plantation à la récolte), que les vitroplants et les plantules de pépinière (environ 59 semaines). Cette différence disparaît après la première coupe, ce qui en fait un élément peu important. Belalcázar C.S. & M.J. Valencia. 1990. Evaluación del tamaño de semilla en Dominico Hartón. Pp: 39-45 in Generación de tecnología para la producción rentable de plátano en la zona cafetera de Colombia. Informe técnico. ICA, Armenia, Colombia. Echeverri M.J. 1977. Influencia de la clase de material de siembra sobre la producción de plátano. Cenicafé 28(4). Londoño L.C. & J. Villa. 1994. Producción de semilla de plátano y banano por cultivo in vitro. in Seminario nacional estrategias de reingenieria en el cultivo de plátano. Comité departamental de cafeteros de Caldas, Manizales, Colombia. Sandoval F.J, F.A. Tapia, L. Muller & A.V. Villalobos. 1991. Observaciones sobre la variabilidad encontrada en plantas micropropagadas de Musa cv. `Falso Cuerno’ AAB. Fruits 46(5): 533-539. Vuylsteke D & R. Ortiz. 1996. Field performance of conventional and in vitro propagules of plantain. Hortscience 31 (5). L’auteur travaille à Cenicafé, A.A. 2427, Manizales, Colombie. 29 Agronomie Composition minérale d’un régime de plantain Impact de la défoliation sur la répartition des éléments minéraux d’un régime de bananes du clone Dominico Harton (Musa AAB Simmonds) Gerardo Cayón S. et Marta M. Bolaños B. a croissance et le développement de la culture du bananier plantain dépend essentiellement de l’intensité lumineuse captée par les feuilles, du taux de conversion de ce rayonnement en biomasse, et de la répartition de la matière sèche entre les organes végétatifs et les régimes produits. Du fait que le développement progressif des feuilles est déterminant pour la croissance et la productivité de la plante, elles doivent rester fonctionnelles à partir du début de la floraison et pendant toute la durée du développement des fruits. La modification de la canopée d’une culture par défoliation sélective affecte le développement de la surface foliaire et la fructification des plantes (Decoteau 1990). Les fruits de Musa se caractérisent par une teneur élevée en amidon à l’état vert, et une teneur élevée en sucres quand ils sont mûrs. Par ailleurs, la teneur en éléments minéraux est importante. L’hydrate de carbone prédominant dans le fruit vert est l’amidon, dont la teneur représente 48 % de la matière sèche, soit 12,7 % du poids frais (Foulkes et al. 1978). D’après Belalcázar et al. (1991), la pulpe sèche de banane plantain contient, au moment de la récolte, environ 0,28 % d’azote (N), 0,07 % de phosphore (P), 1,1 % de potassium (K), 0,06 % de calcium (Ca), 0,12 % de magnésium (Mg), 20 à 40 ppm de fer (Fe) et 2,5 ppm de zinc (Zn). Des travaux réalisés sur les Musa montrent que les défoliations conduisent à une réduction du poids des fruits qui varie en fonction de l’époque et de leur nombre (Ostmark 1974, Stover 1980, Satvanaravana 1986, Cayón et al. 1995). Ces aspects doivent être pris en compte dans les opérations de défoliation phytosanitaire associées à une gestion intégrée des cercosporioses jaune (Mycosphaerella musicola) et noire (Mycosphaerella fijiensis), puisque ces maladies affec- L tent particulièrement les feuilles anciennes. On a observé chez le bananier Dominico Harton que les tiers moyen et inférieur des feuilles semblaient plus concernés que le tiers supérieur dans le développement du régime. Il est donc recommandé de garder neuf feuilles fonctionnelles à partir de la floraison, bien qu’il soit possible d’obtenir des régimes acceptables d’un point de vue commercial en laissant seulement les six dernières feuilles émises par la plante (Cayón et al. 1995). Plusieurs études ont été effectuées sur la composition chimique des fruits du bananier plantain, mais aucune ne concerne l’impact de la défoliation sur la composition minérale de ces fruits. L’objectif de l’étude a donc été d’évaluer l’impact des défoliations sélectives effectuées pendant la floraison, sur la répartition des minéraux dans le fruit et le rachis du régime du bananier plantain Dominico Harton. Matériels et méthodes L’essai a été réalisé au centre de recherches « Palmira », situé sur la commune de Palmira, département de la Vallée du Cauca, à 3°31’ de latitude nord et 76°19’ de longitude ouest, à 1 001 m d’altitude. La température moyenne annuelle est de 24 °C, les précipitations annuelles de 1 000 mm et l’humidité relative moyenne de 75 %, conditions correspondant à celles d’une forêt tropicale sèche. Le sol de la parcelle expérimentale est de texture limono-argileuse et les résultats de l’analyse chimique sont présentés dans le tableau 1. On a choisi une plantation du clone Dominico Harton dont les rangées sont espacées de 3 m et les plants de 2 m, pour une densité de 1 666 plantes par hectare. Le dispositif expérimental est en randomisation totale et comporte trois répétitions. Au moment où la plantation en était au stade initial de la floraison (apparition apicale de l’inflorescence), 30 plants ont été sélectionnés par traitement, et des défoliations ont été effectuées afin de laisser sur chaque plant, et pour chaque traitement, un nombre de feuilles tel qu’exposé dans le Tableau 1. Analyse chimique du sol de la parcelle expérimentale. Localité pH N MO K Ca Mg % Palmira 6,8 0,09 2,9 Na CIC P Fe Mn Zn meq/100 g de sol 0,4 9,2 5,0 0,29 14,9 Cu B 63,5 76,0 7,0 2,1 6,2 0,36 14,7 pH (potentiomètre, rapport sol eau 1:1). N (semimicro Kjeldahl). MO (Walker Black, colorimétrie). K, Ca, Mg (acétate d’ammonium, pH 7,0) AI (Yuan). Fe, Mn, Zn, Cu (E.D.T.A. 0,01 m, acétate d’amonium1N, pH 7,0). CIC (acétate d’ammonium l1N, pH 7,0 Nessler). P (Bray II, coloration Bray Kurst). Granulométrie (Bouyucos au pyrophosphate de sodium, classification au diagramme triangulaire de l’USDA). 30 S ppm Tableau 2. Nombre de feuilles conservées sur chaque plant après les défoliations effectuées en début de floraison. Traitements Tiers de feuilles persistantes Neuf feuilles Supérieur, moyen, inférieur Six feuilles supérieures Supérieur, moyen Trois feuilles supérieures Supérieur Six feuilles inférieures Moyen, inférieur Trois feuilles inférieures Inférieur Sans feuilles Aucun tableau 2. Au moment de la récolte, on a prélevé quatre régimes par traitement, desquels on a retiré la première main, puis séparé la pulpe et la peau des fruits, lesquels ont été placés en chambre de ventilation à 80 °C pendant 48 heures afin d’obtenir la matière sèche. On a alors déterminé la teneur en minéraux sur les échantillons secs. Les analyses de la composition minérale des échantillons ont été réalisées au laboratoire d’étude des sols du centre de recherches « Palmira ». Les données ont été traitées par analyse de variance et les moyennes comparées par la preuve de Duncan (P < 0,05), à l’aide du programme statistique MSTAT-C (Michigan State University). Résultats et discussion Les résultats montrent des différences significatives de concentration et de répartition des minéraux, dues à la défoliation réalisée sur les plantes. La figure 1 présente le taux d’azote et de potassium dans les fruits et les rachis du régime. Le taux d’azote au niveau de la pulpe des fruits est légèrement supérieur pour les plantes ayant conservé trois feuilles inférieures pendant toute la période de croissance du régime, tandis que les autres traitements de défoliation restent sans effet. Au niveau de la peau, le taux d’azote est le plus élevé quand les trois feuilles supérieures sont laissées en place, et il est le plus bas quand les plantes sont totalement défeuillées. Sur le rachis du régime, le taux d’azote est plus élevé sur les plantes à neuf feuilles, six feuilles supérieures et pas de feuilles, comparé aux autres traitements de défoliation. La concentration en potassium dans la pulpe est identique pour les traitements où des feuilles fonctionnelles ont été conservées, INFOMUSA — Vol 8, N° 2 4 a 4 b a b b b b 3 a b K (%) N (%) 3 2 c 2 b 1 b a b b b b b b b b 1 b b b c a a a b c b b b a b b 0 Neuf feuilles Six feuilles supérieures Pulpe Trois feuilles supérieures Peau Six feuilles inférieures Trois feuilles inférieures 0 Pas de feuilles Neuf feuilles Rachis Six feuilles supérieures Pulpe Trois feuilles supérieures Peau Six feuilles inférieures Trois feuilles inférieures Pas de feuilles Rachis Figure 1. Impact de la défoliation sur les taux de N et K des fruits de bananier plantain Dominico Harton. Les concentrations exprimées par les mêmes lettres ne diffèrent pas statistiquement sur chaque organe (Duncan P < 0,05). 2 2 1,6 1,6 a a 1,2 Mg (%) Ca (%) 1,2 a b 0,8 0,8 b b b a b b b c 0,4 b a b b a a b a 0,4 b b b b b b b a b b c c b b a c 0 0 Neuf feuilles Pulpe Six feuilles supérieures Trois feuilles supérieures Peau Six feuilles inférieures Rachis Trois feuilles inférieures Pas de feuilles Neuf feuilles Six feuilles supérieures Pulpe Peau Trois feuilles supérieures Six feuilles inférieures Trois feuilles inférieures Pas de feuilles Rachis Figure 2. Impact de la défoliation sur les taux de Ca et Mg du fruit de bananier plantain Dominico Harton. Les concentrations exprimées par les mêmes lettres ne diffèrent pas statistiquement sur chaque organe (Duncan P < 0,05). avec un accroissement quand la défoliation est totale. Des valeurs similaires du taux de potassium dans la pulpe (1,1 %) sont relevées par Belalcázar et al. (1991). Le fait de trouver une plus grande quantité de potassium dans la pulpe des fruits développés sur les plantes qui n’ont pas de feuilles fonctionnelles peut s’expliquer par le fait que la croissance de ces fruits est très lente et s’arrête au niveau des étapes initiales, en raison de l’élimination prématurée de la source d’hydrates de carbone (Cayón et al. 1998), et de la forte concentration en minéraux au cours de ces étapes (Belalcázar et al. 1991). L’accumulation de potassium dans la peau est plus importante dans les traitements à neuf et trois feuilles supérieures, et se réduit significativement dans les autres traitements. L’accumulation la plus importante de potassium dans le rachis se présente chez les plantes à six feuilles inférieures, tandis que la concentration en ce nutriment dans le rachis n’est pas affectée dans les autres traitements. Le taux moyen de minéraux dans le fruit entier est seulement de 5,3 %, dont 80 % sous la forme INFOMUSA — Vol 8, N° 2 K+, ce qui semble dû au fait que le K+ remplit un rôle important dans la synthèse de l’amidon à partir de saccharose pendant le développement des fruits (Salisbury et Ross 1994). Sur la figure 2, on remarque que les concentrations en calcium et en magnésium dans la pulpe des fruits ont été peu affectées par les défoliations ; cependant, au niveau de la peau et du rachis, ces deux minéraux présentent des taux plus élevés chez les plantes où les trois feuilles supérieures ont été laissées en place. Lianes et al. (1990) considèrent que des taux de calcium au niveau de la pulpe de 0,17 à 0,23 % sont peu élevés. On remarque par ailleurs une augmentation du taux de magnésium dans la peau et le rachis des plantes dépourvues de feuilles. La concentration en fer au niveau de la pulpe et de la peau est légèrement favorisée par l’élimination des feuilles (figure 3). Dans le rachis du régime, la teneur en fer est faible pour les traitements avec trois et six feuilles inférieures, pour lesquels les feuilles les plus jeunes de la plante ont été éliminées. De même que pour le potassium, ceci est proba- blement dû au fait que les fruits développés sur des plantes sans feuilles voient leur croissance stoppée aux premiers stades de leur développement lorsque la concentration en minéraux est plus élevée, ce qui empêche leur migration vers la peau et le rachis. Sur la figure 4 on remarque que le taux de zinc dans la pulpe des fruits augmente à mesure que la défoliation est plus importante et qu’il est significativement supérieur pour les plantes avec trois feuilles inférieures et pour les plantes sans feuilles. On n’observe aucun effet évident de la défoliation sur l’évolution de la concentration en zinc au niveau de la peau et du rachis D’après ces résultats, les défoliations ne réduisent pas significativement l’accumulation des minéraux dans le rachis et la banane plantain. Dans la pulpe des fruits développés sur les plantes sans feuilles, on relève une plus grande concentration en potassium, magnésium, fer et zinc. Par conséquent, la défoliation sélective, recommandée en tant que moyen de contrôle phytosanitaire des cercosporioses noire et jaune, n’entraîne pas de ré31 50 a a a 210 a a a b b 40 160 b Zn (ppm) Fe (ppm) a b b 110 a b c 30 c c c b b b b 20 b b 60 b b b a a b b c b c a b 10 10 Neuf feuilles Pulpe Six feuilles supérieures Peau Trois feuilles supérieures Six feuilles inférieures Trois feuilles inférieures Neuf feuilles Pas de feuilles Six feuilles supérieures Pulpe Rachis Peau Trois feuilles supérieures Six feuilles inférieures Trois feuilles inférieures Pas de feuilles Rachis Figure 3. Impact de la défoliation sur les taux de Fe et Zn du fruit de bananier plantain Dominico Harton. Les concentrations exprimées par les mêmes lettres ne diffèrent pas statistiquement sur chaque organe (Duncan P < 0,05). duction significative des minéraux dans la pulpe des fruits du clone Dominico Harton. Par contre, le poids du régime est réduit par suite de ces défoliations (Cayón et al. 1995). Les résultats de ce travail et d’études antérieures (Belalcázar et al. 1991, Cayón et al. 1998) présentés dans le tableau 3 confirment que le rachis du régime ainsi que la peau des fruits, ont des teneurs en minéraux, sucres totaux et protéines brutes plus importantes que la pulpe, ce qui indique que ces organes ont un grand potentiel d’utilisation en tant que source d’amendement organique et comme matière première pour l’élaboration d’aliments pour animaux. Offem et Njoku (1993) parviennent aux mêmes conclusions, suggérant que les agriculteurs doivent être attentifs à leurs plantations pour observer le moment de l’apparition du régime de chaque plante, et le récolter au bout de 90 jours, étant donné qu’à cet âge, les fruits ont la teneur en minéraux la plus favorable pour l’alimentation humaine, et présentent un taux élevé au niveau de la peau, intéressant pour son introduction dans l’alimentation animale. Tableau 3. Composition physicochimique d’un régime du clone Dominico Harton. Pulpe Peau Rachis Matière fraîche (%) 54,0 38,0 8,0 Matière sèche (%) 24,0 5,1 3,1 Amidon (%) 42,0 31,0 6,0 Sucres totaux (%) 0,7 3,3 0,9 Protéines (%) 1,8 5,3 7,0 Azote (%) 0,3 0,8 1,1 Potassium (%) 1,2 3,1 3,1 Calcium (%) 0,2 0,5 0,6 0,16 0,22 0,23 Magnésium (%) Fer (ppm) 31 82 204 Zinc (ppm) 11 33 27 • La plus forte teneur en éléments minéraux est relevée au niveau de la peau des fruits et dans le rachis du régime. Remerciements Au Comité des Producteurs de Café du Quindío pour le soutien technique et financier apporté à la réalisation de cette étude. A Mme Gloria Inés López pour son travail minutieux et patient de mécanographie du document. ■ Conclusions • Le plus fort taux d’azote au niveau de la pulpe est observé sur les plantes où les trois feuilles inférieures ont été conservées; pour la peau et le rachis, le taux le plus fort en azote correspond aux plantes avec trois et six feuilles supérieures. • La plus forte concentration de potassium dans la pulpe est observée quand la plante est totalement défeuillée, tandis qu’au niveau de la peau, le taux est plus élevé chez les plantes non défeuillées, et se réduit significativement avec l’ablation des feuilles inférieures. • Les concentrations en calcium et en magnésium dans la pulpe des fruits sont peu affectées par les défoliations. 32 Bibliographie Belalcázar S., J. Valencia & E. Lozada. 1991. La planta y el fruto. Pp. 43-89 in El cultivo del plátano en el trópico (S. Belalcázar, ed.). ICA, Manual de asistencia técnica No. 50. Cayón G., E. Lozada & S. Belalcázar. 1995. Contribución fisiológica de las hojas funcionales del plátano (Musa AAB Simmonds) durante el llenado del racimo. Pp. 725-739 in Memorias ACORBAT XIa reunión (V. Morales Soto, ed.). ACORBAT, San José, Costa Rica Cayón G., M.I. Arcila, S. Belalcázar & L.D. Celis. 1998. Efecto de la remoción de hojas sobre la partición de materia seca, carbohidratos y proteína en el racimo del plátano Dominico-Harton (Musa AAB Simmonds). Pp. 153-164 in Memo- rias ACORBAT XIIIa reunión (Luis Hidalgo A., ed.). ACORBAT, Guayaquil, Ecuador. Decoteau D.R. 1990. Tomato leaf development and distribution as influenced by leaf removal and decapitation. HortScience 25: 681-684. Foulkes D., S. Espejo, D. Marie, M. Delpeche & T.R. Preston. 1978. El plátano en la alimentación de bovinos: Composición y producción de biomasa. Rev. Producción Animal Tropical (Santo Domingo) 31: 41-46. Llanes M.A., M.A. López, P.L. Fonseca, S.E. Viltres & B.L. Arias. 1990. Composición química de la pulpa y la cáscara de siete clones de plátanofruta. Ciencias de la Agricultura 39: 181-184. Offem J.O. & P.C. Njoku. 1993. Mineral distribution in the fruits of the plantain plant (Musa paradisiaca) in relation to mode and degree of maturation. Food Chemistry 48: 63-68. Ostmark H.E. 1974. Economic insect pests of bananas. Ann. Rev. Ent. 19: 161-176. Stover R.H. 1980. Las manchas producidas por las enfermedades de Sigatoka en las hojas de bananos y plátanos. SIATSA, La Lima, Honduras. 15pp. Satyanarayana M. 1986. Effect of number of functional leaves on growth and yield of “Dwarf Cavendish” banana (AAA). Newsletter of the International Group on Horticultural Physiology of Banana. University of Western Australia 9: 34-36. Salisbury F.B. & C.W. Ross. 1992. Plant Physiologiy (4th edition) Wadsworth Publishing, Belmont, USA. Les auteurs travaillent pour la Corporación Colombiana de Investigación Agropecuaria, CORPOICA, Apartado aéreo 1807, Armenia, Colombie. Courrier électronique : [email protected] INFOMUSA — Vol 8, N° 2 Le point sur… Recherches sur les nématodes à l’Institut national des sciences agricoles (INSA) du Viêt-nam Inge Van den Bergh ’objectif général du projet, qui a débuté en octobre 1997, consiste à élucider les différents aspects de l’association entre les nématodes et les bananiers au Viêt-nam. A la fin de la deuxième année, de bons progrès ont été réalisés. Les conditions de travail ont été améliorées au sein du département des biotechnologies végétales de l’INSA où trois salles ont été rénovées : une pour le stockage au froid in vitro, une autre pour la multiplication in vitro, la troisième servant de salle de travail. Une serre a été construite pour les essais de criblage en pots. A ce jour, les activités de recherche suivantes ont été entreprises : • enquête sur les nématodes parasitant les génotypes de bananiers économiquement importants au Viêt-nam ; • établissement de cultures in vitro de Pratylenchus coffeae sur rondelles de carotte (O’Bannon et Taylor 1968) ; • deux essais de criblage dans des pots en serre pour déterminer la résistance/tolérance du matériel génétique de Musa viêtnamien à P. coffeae et Meloidogyne spp. ; L Réunions, séminaires • un essai de criblage au champ pour déterminer la résistance/tolérance du matériel génétique de Musa viêt-namien à Meloidogyne spp. Au cours de l’enquête susmentionnée, les principales espèces de nématodes rencontrées étaient Meloidogyne spp., P. coffeae et Helicotylenchus multicinctus. Quant à Radopholus similis, qui est un parasite important du bananier, nous n’avons pas encore constaté sa présence au Viêt-nam sur des bananiers, bien qu’on ait récemment observé cette espèce sur des caféiers et des durians. Dans les essais en pot, nous avons observé que l’infestation par P. coffeae n’affectait pas la performance générale des plants, tandis que la présence de Meloidogyne spp. entraînait une augmentation du poids du système racinaire et une diminution du nombre de feuilles sur les plants. Aucun des génotypes testés n’a fait preuve de résistance ou de tolérance à Meloidogyne spp. Trois génotypes viêt-namiens ont semblé manifester un certain degré de résistance à P. coffeae : « Tieu Xanh » (ITC1406, AAA), « Tay But » (ITC1367, AA) et « Tien » (ITC1368, AA). Cependant, ces observations restent à confirmer. Les activités suivantes sont planifiées pour les deux prochaines années : • enquête sur les nématodes parasitant les espèces sauvages de Musa dans les habitats naturels du Viêt-nam ; • poursuite des recherches sur l’incidence de R. similis chez les bananiers au Viêtnam ; • essai en champ pour évaluer les dégâts et pertes de rendement causés par P. coffeae et Meloidogyne spp. chez les génotypes de bananiers économiquement importants (en cours) ; • étude en champ et en serre sur la dynamique des nématodes parasitant les racines des bananiers au Viêt-nam ; • établissement de cultures in vitro de Meloidogyne spp. sur des racines de tomate transformées sur milieu B5 de Gamborg (en cours) ; • poursuite des essais de criblage dans des pots en serre et en champ (en cours). Ce projet est cofinancé par l’Administration générale de la coopération au développement (AGCD) et l’assistance technique belge (VVOB), le Conseil interuniversitaire belge (VLIR) et l’Australian Center for International Agricultural Research (ACIAR, avec J. Stanton comme conseiller en nématologie). Le coordinateur scientifique est D. De Waele du Laboratory of Tropical Crop Improvement de la Katholieke Universiteit Leuven, en Belgique. ■ L’auteur est un expert associé de l’INIBAP basé au Vietnam Agricultural Science Institute, Van Dien, Thanh Tri, Hanoi, Viêt-nam. Fax : +84 4 8613937, courrier électronique : [email protected] Fusariose Séminaire-atelier international sur la fusariose du bananier 18-20 octobre 1999, Malaisie n séminaire-atelier international sur la fusariose du bananier a eu lieu du 18 au 20 octobre 1999 à Genting (Malaisie). Organisée par le réseau ASPNET de l’INIBAP et par le MARDI, en coopération avec d’autres institutions et universités malaisiennes, cette réunion a permis de faire le point sur la situation de la fusariose dans les diverses régions de culture bananière du monde. Soixante-dix délégués d’universités, d’institutions de recherche, de gouvernements et de l’industrie bananière, représentant 17 pays de toutes les régions du monde, y ont participé. Trente-deux communications ont été présentées sur les thèmes suivants : rapports nationaux sur la situation de la production face à la menace de la fusariose, bilan de la recherche-développement sur la diversité de l’agent pathogène, techniques de gestion de la maladie, amélioration variétale, méthodes de suivi et de criblage. U INFOMUSA — Vol 8, N° 2 Les débats ont bénéficié de la participation des chercheurs du groupe de travail de PROMUSA sur la fusariose, qui ont tenu leur propre réunion à l’issue des trois jours du séminaire (voir le rapport sur cette réunion dans la section consacrée aux nouvelles de PROMUSA). Parmi les nombreuses communications intéressantes qui ont été présentées, celles de Natalie Moore et de Suzanne Bentley d’Australie, de Randy Ploetz des Etats-Unis et d’Africano Kangire d’Ouganda ont fait le point sur la diversité de l’agent pathogène. Gisella Orjeda, de l’INIBAP, a résumé les résultats de la phase II de l’IMTP, qui mettent en lumière la stabilité de la résistance de certains hybrides améliorés dans les nombreux sites où ont eu lieu les évaluations. Les points saillants suivants se sont dégagés de la réunion : • Parmi les rapports nationaux, ceux d’Asie en particulier montrent que la fusariose de- Le ministre de l’Agriculture de Malaisie, S.E. Sulaiman Bin Haji Daud goûte la variété FHIA-01 sous le regard du directeur général du MARDI, Sharif Ahmad (à gauche) et d’Agustín Molina, Coordinateur régional de l’INIBAP (à droite). meure la principale menace pesant sur la production bananière dans cette région. • Les souches virulentes de Fusarium oxysporum f. sp. cubense (Foc) race 4 qui attaquent les Cavendish en Malaisie et en Indonésie, et plus récemment dans le Territoire du nord de l’Australie, sont la principale contrainte pour la production dans ces pays. Ces souches menacent aussi sérieusement les pays voisins. • Les analyses des groupes de compatiblité végétative (GCV) faites sur un grand nombre d’échantillons de toutes les régions 33 Participants du séminaire sur la fusariose. du monde confirment la diversité génétique de Foc. • Les chercheurs australiens ont mis au point une nouvelle technique d’empreintes génétiques de produits d’amplification de l’ADN (DAF) pour déterminer la diversité génétique de l’agent pathogène. Cette technique donne des résultats qui concordent avec ceux des analyses traditionnelles des GCV, mais elle est beaucoup plus rapide et permet de traiter un plus grand nombre d’échantillons. • Si les études sur les GCV sont exhaustives, il est urgent de déterminer la diversité de la pathogénicité/virulence de Foc, surtout en fonction des différentes variétés. Il Réunions, séminaires reste à établir les relations entre les GCV et la virulence/pathogénicité (races). • L’intérêt de la sélection de variants somaclonaux résistants à la fusariose a été mis en évidence par les expériences faites au TBRI (Taiwan), à la United Plantation (Malaisie) et à l’ITSC (Afrique du Sud). • Des progrès ont été réalisés dans la mise au point de méthodes de criblage précoce sur vitroplants inoculés en serre. Des études sont en cours dans des laboratoires de Floride, de Malaisie et d’Afrique du Sud pour confirmer et optimiser ces méthodes. • Des études ont été entreprises sur l’introduction d’agents biologiques tels que des bactéries, mycorhizes et autres microorganismes dans la rhizosphère pour améliorer la résistance des plants à Foc. • Des détails ont été donnés sur les mesures de quarantaine mises en vigueur aux niveaux international, régional, national, et même sur les plantations. On a rappelé la nécessité d’appliquer les directives FAOIPGRI pour la sécurité des transferts internationaux de matériel génétique de Musa. Il importe de mener une action de sensibilisation pour faire connaître l’importance et la nature de la maladie au public et aux agents responsables de la quarantaine. • La nécessité a été soulignée de développer, évaluer et adopter une ou plusieurs variété(s) résistante(s) à la fusariose. Il a été recommandé de mettre en place un programme d’amélioration en Asie. Les débats de ce séminaire-atelier ont été d’une contribution importante pour la réunion du groupe de travail de PROMUSA sur la fusariose qui s’est tenue immédiatement après. L’INIBAP et le MARDI en publieront conjointement le compte rendu. L’intérêt et l’appui manifestés par le ministre de l’Agriculture, S.E. Sulaiman Bin Haji Daud, et le directeur général du MARDI, Sharif Ahmad, qui ont honoré le séminaireatelier de leur présence lors de la session d’ouverture en dépit des nombreuses charges de leur fonction, témoignent de l’importance de la fusariose en Malaisie. ■ Bananes biologiques Atelier international sur la production et la commercialisation des bananes issues de la petite agriculture biologique 31 octobre-4 novembre 1999, République dominicaine ans le contexte d’une économie libérale, beaucoup de petits producteurs de bananes ont de plus en plus de mal à faire face à la concurrence. Il est donc indispensable qu’ils opèrent une diversification. L’une des possibilités s’offrant à eux est la culture biologique de la banane, qui suscite un intérêt croissant tant dans les pays producteurs que dans les pays importateurs. En réponse à cette demande, l’INIBAP, le CAB International et le Centre technique de coopération agricole et rurale (CTA) ont organisé conjointement un atelier international sur la production et la commercialisation des bananes issues de la petite agriculture biologique. Cet atelier s’est déroulé du 31 octobre au 4 novembre en République dominicaine, à l’invitation du directeur général du Centro para el Desarrollo Agropecuario y Forestal, Inc. (CEDAF). Les débats ont été axés sur les besoins et les contraintes liés à la culture biologique des D 34 bananes par les petits producteurs des Caraïbes et à leur commercialisation. A cette réunion étaient représentés les acteurs de tous les stades de la filière, depuis la plantation jusqu’à la table : des producteurs et représentants d’associations de producteurs originaires pour la plupart des Caraïbes et d’Amérique latine, mais aussi des délégués d’Afrique venus partager leur expérience ; du côté importation/commercialisation, des organismes de certification des produits de l’agriculture biologique, des importateurs et des détaillants d’Europe et d’Amérique du Nord ; ainsi que des représentants des gouvernements, des donateurs et d’un certain nombre d’organisations régionales et internationales. Cette réunion visait essentiellement à créer un cadre impartial de discussion et d’échange d’informations, en vue d’établir des fondements solides pour faire progresser les initiatives de culture biologique de la banane. Les organisateurs de la réunion étaient conscients du fait que la culture biologique de la banane ne peut apporter une solution à tous les problèmes de l’industrie bananière des Caraïbes. Néanmoins, il ne fait aucun doute qu’elle peut fournir une source de revenu stable à un certain nombre de petits producteurs et qu’il existe une demande du marché pour un approvisionnement régulier en bananes biologiques. Les débats se sont déroulés en grande partie dans le cadre de groupes de travail qui se sont penchés sur cinq aspects essentiels de la production et de la commercialisation des bananes biologiques. Contraintes techniques au niveau de la production Les membres de ce groupe de travail ont identifié la cercosporiose noire et le manque de fertilité des sols comme les principales contraintes pesant sur la production. Observant que le choix des sites de culture bioloINFOMUSA — Vol 8, N° 2 gique est crucial, ils ont recommandé d’établir ce type de production sur la totalité d’un bassin versant de dimension suffisamment importante. Cela suppose une concertation et une masse critique de producteurs. Ils ont également recommandé d’adopter une approche systémique de la production, en ayant recours à des méthodes de recherche participatives pour apporter des solutions aux principales contraintes. Il a été reconnu que, dans les sites où la cercosporiose noire est très présente, la culture biologique des variétés Cavendish est extrêmement difficile. Cependant, il existe d’autres variétés qui peuvent être cultivées biologiquement à la place des Cavendish ou pour des créneaux spécialisés. Plusieurs thèmes de recherche prioritaires ont été identifiés : • élaboration de lignes directrices pour le choix des sites de production ; • stratégies de gestion de la cercosporiose noire : lutte biologique ; méthodes telles que la replantation, les cultures d’ombrage et les cultures en mélange pour réduire l’impact de la maladie ; pulvérisation de produits organiques ; • lutte intégrée contre les ravageurs et les maladies ; • amélioration génétique des bananiers, axée sur le nanisme et la résistance à la cercosporiose noire et aux nématodes ; • sélection et évaluation en champ des variétés ; • mécanismes d’établissement de microorganismes bénéfiques tels que les mycorhizes ; • recherches post-récolte sur la pourriture de la couronne et les taches de latex et sur le traitement des nouvelles variétés après la récolte ; • amélioration de la fertilité des sols. Il a été recommandé de créer des parcelles de démonstration pour faciliter la formation des producteurs à l’application des nouveaux systèmes technologiques. La nécessité a été également soulignée de partager l’information, d’établir des liaisons et de procéder à des échanges d’expérience. Mécanismes pour aider les petits producteurs à se reconvertir à l’agriculture biologique Il est clair que la reconversion à l’agriculture biologique exige de la part du producteur des investissements importants en temps et en ressources, à la fois financières et humaines. Sans aide extérieure, de tels investissements risquent de demeurer hors de portée du petit producteur. Les membres de ce groupe de travail ont souligné la nécessité urgente d’assurer une formation et des informations aux producteurs désireux de s’engager dans l’agriculture biologique. Ils ont recommandé de cibler cette action sur les « paysans innovants », en leur donnant une formation non seulement sur les aspects techniques de la production, mais aussi dans le domaine de la comptabilité et dans les autres domaines requis pour les aider à s’associer et à mener des négociations. Les groupements de producteurs ou coopératives, qui constituent une structure de concertation idéale, pourront servir de cadre pour fournir ces services d’appui. Mettant en relief la nécessité d’apporter un soutien financier aux producteurs durant leur processus de reconversion, les participants ont noté que des possibilités existent dans le cadre des réseaux constitués autour des labels « commerce équitable » ou « sans pesticides ». En outre, un environnement favorable à l’agriculture biologique – appui institutionnel local et cadre macroéconomique favorable – est essentiel pour encourager les producteurs à se reconvertir. A plus long terme, il sera indispensable de sensibiliser et d’éduquer le public à tous les niveaux si l’on veut conférer un caractère durable à la culture biologique et réduire les risques de « contamination » par des sources extérieures et de dégradation des systèmes de production. Les thèmes de recherche spécifiques suivants ont été retenus : • recherches sur les aspects socioéconomiques et techniques de la reconversion dans les agroécosystèmes tropicaux, en vue d’identifier des approches localement appropriées ; • adaptation locale des méthodes de recherche et de formation participatives, telles que les « champs-écoles » ; • études de marché afin d’aider à planifier la diversification liée à la reconversion ; • recherches sur l’impact potentiel de l’agriculture biologique au niveau national, afin de faciliter le financement des investissements. Certification des bananes biologiques La certification des produits de l’agriculture biologique revêt une importance particulière pour les petits producteurs. A l’heure actuelle, la certification est effectuée la plupart du temps par des organismes internationaux qui font appel à des inspecteurs nationaux. Etant donné le coût élevé de la certification internationale, les membres du groupe de travail ont estimé qu’il faudrait mettre en place des capacités de certification au niveau national. Entre autres avantages, cela permettrait de réduire les coûts administratifs et de rapprocher les points de vue des producteurs et des certificateurs. Mais cela implique de résoudre un certain nombre de problèmes : crédibilité de l’importateur, risques accrus de conflits d’intérêt, limitations financières, nécessité d’une accréditation et manque de ressources humaines. Il est clair qu’il serait avantageux pour le marché de lier la certification des produits de l’agriculture biologique et celle des produits du commerce équitable, bien que ce dernier ne reprenne pas à son compte toutes les normes de l’agriculture biologique. Les participants ont noté qu’il serait souhaitable, en particulier, d’avoir les mêmes organismes certificateurs pour les deux types de produits. Après une discussion sur la question de savoir s’il est approprié d’imposer aux systèmes de production tropicaux des normes élaborées pour l’agriculture européenne, il a été recommandé que des représentants des producteurs des pays tropicaux participent à la définition des normes. Il a également été noté qu’il faudrait résoudre des problèmes tels que le coût initial et la maîtrise du pro- Différents stades de préparation pour l’emballage des bananes biologiques. INFOMUSA — Vol 8, N° 2 35 Des recherches devront être menées sur les méthodes permettant de lutter contre la pourriture de la couronne chez les bananes issues de l’agriculture biologique et de minimiser les taches de latex sur les fruits. Résumé des conclusions Préparation de compost à base de bananes biologiques. cessus de certification, problèmes qui ne se posent pas uniquement pour la culture biologique de la banane, mais pour l’agriculture biologique en général. Commercialisation des bananes biologiques Ce groupe de travail a constaté qu’il existe actuellement une certaine confusion en ce qui concerne la commercialisation des bananes issues de l’agriculture biologique. Du côté de la demande, on estime que la production de bananes biologiques est encore loin d’atteindre un niveau répondant au potentiel du marché, tandis que du côté des producteurs, on a l’impression que les bananes biologiques ne se vendent pas. Afin d’évaluer la situation réelle de l’offre et de la demande, les participants ont décidé de former un groupe d’étude qui sera chargé de rassembler des données à ce sujet. Ils ont également souligné la nécessité de disposer d’informations plus précises sur les prix et de déterminer un niveau de surprix réaliste pour les bananes biologiques dans chaque pays. Ils ont noté que ces informations doivent être transparentes et ont recommandé la mise en place d’un système de suivi à l’échelle mondiale. Les participants ont estimé qu’il existe un marché pour les différents types de bananes, à condition que celles-ci répondent à un certain nombre de critères de base en ce qui concerne leur aspect, leurs qualités organoleptiques, leur durée de conservation et leur mûrissement. Le marché des bananes biologiques ne peut plus être considéré comme un simple créneau, mais est devenu un marché à part entière, avec des exigences de qualité similaires à celles des autres marchés. A cet égard, il importe d’instaurer une solidarité entre les consommateurs et les producteurs, afin d’amener les premiers à prendre conscience des limites et des contraintes existant au niveau de la production. Les participants ont observé que les produits portant à la fois le label du commerce 36 équitable et celui de l’agriculture biologique ont les meilleures chances de s’imposer sur le marché. Ils ont jugé souhaitable que les organismes de commerce équitable s’adressent plus largement aux petits producteurs, et notamment à ceux qui pratiquent l’agriculture biologique. La nécessité d’une offre stable et régulière ayant été soulignée, il a été observé que, d’après l’expérience, la dimension minimale des blocs pour produire des chargements en container homogènes est de 25-30 ha. Assurance de qualité totale et exportation Il a été rappelé que l’assurance de qualité totale a pour objectif de garantir une banane ayant une bonne flaveur, dépourvue de défauts évolutifs et présentant un aspect attractif pour les consommateurs, quels que soient le lieu et le moment où ceux-ci souhaitent l’acheter. Les membres de ce groupe de travail ont souligné la nécessité de définir des critères de qualité pour les Cavendish et les autres variétés en fonction des exigences des parties prenantes, à savoir les consommateurs, les organismes réglementaires et les distributeurs/détaillants. Il importe également de comprendre comment ces critères reflètent les différents aspects de la qualité des fruits, aussi bien pour les Cavendish que pour les autres variétés. Des recherches sont donc nécessaires pour étudier les facteurs qui déterminent la qualité des fruits et pour élaborer des lignes directrices et des normes minimales à l’intention des producteurs et des mûrisseries. Il convient de définir des protocoles de production pour les petits agriculteurs, de façon à assurer un produit de qualité, qui réponde aux critères établis. En outre, il a été recommandé de mettre en place des systèmes de vérification rétrospective pour les bananes provenant des petits producteurs et d’élaborer un manuel de vérification rétrospective. Les participants se sont accordés à reconnaître que le marché des bananes biologiques est en expansion, particulièrement en Europe et en Amérique du Nord. En revanche, les bananes biologiques sont encore peu connues sur les marchés locaux, où les débouchés sont néanmoins susceptibles de se développer. Des initiatives de culture biologique de la banane sont en place, notamment en République dominicaine, et l’expérience montre que les petits producteurs organisés en groupe s’adaptent bien à ce système. Il est clair que les méthodes de culture biologique sont plus durables que les méthodes traditionnelles et qu’elles peuvent offrir de nouveaux débouchés aux petits producteurs. De manière générale, les participants ont souligné la nécessité de développer les échanges d’informations et le dialogue entre toutes les parties prenantes, et de favoriser la naissance de partenariats entre les producteurs et les acteurs du marché. En outre, une coordination des actions et un engagement collectif sont indispensables, en particulier lorsqu’on a affaire à de petits producteurs. Il faudrait également mener des recherches dans un certain nombre de domaines, assurer une formation aux producteurs s’engageant dans l’agriculture biologique et faire davantage d’efforts pour sensibiliser aussi bien les producteurs que des consommateurs. En ce qui concerne l’adéquation de la culture biologique de la banane dans les îles du Vent, les participants ont noté qu’il existe plusieurs facteurs en faveur de cette orientation : absence de la cercosporiose noire, existence d’une tradition de la culture bananière et d’associations de producteurs, possibilité d’établir des liens entre l’agriculture biologique et le tourisme (écotourisme en particulier), existence d’une demande du marché et intérêt des jeunes agriculteurs. Cependant, d’autres facteurs rendent cette entreprise difficile : topographie des îles, grand nombre de petits producteurs, absence de matières organiques pour améliorer la fertilité des sols, coût élevé de la maind’œuvre et vieillissement de la communauté paysanne, problème de l’absence de droits fonciers, tout spécialement pour les jeunes producteurs et manque de connaissances techniques. Suivi Il a été décidé d’entreprendre immédiatement des actions précises dans plusieurs domaines : • effectuer, dans un proche avenir et avec le concours des agriculteurs, des études de faisabilité sur les potentialités éconoINFOMUSA — Vol 8, N° 2 • • • • miques et agronomiques de la culture biologique de la banane dans les îles du vent ; mettre en place de nouveaux essais d’évaluation variétale (des essais sur FHIA-23 sont déjà planifiés en République dominicaine) ; initier des recherches sur la gestion des systèmes de production de bananes biologiques, portant notamment sur la gestion de la cercosporiose noire et de la fertilité des sols sur les petites exploitations agricoles de culture biologique ; suivre les mécanismes de définition des normes (ISO 14000 et 9000, FAO-CODEX, IFOAM) ; le groupe d’étude sur la commercialisation créé au cours de la réunion effectuera une Réunions, séminaires • • • • enquête au sujet de l’offre et de la demande et présentera un rapport d’ici mars 2000 ; le Consortium international des supermarchés de produits biologiques créera un forum de discussion entre producteurs et détaillants ; l’INIBAP créera un site Web sur la culture biologique de la banane, qui permettra de donner des informations sur les producteurs et les marchés ; les parties intéressées solliciteront l’aide des donateurs et des organisations régionales afin de faire progresser cette initiative ; il est prévu de publier les actes de la réunion en y incluant un programme de recherche. ■ Taxonomie Atelier sur les noms et synonymes des variétés de bananiers en Asie du Sud Est 1-4 septembre 1999, Philippines l existe de nombreux synonymes et noms de cultivars dans les différentes langues de la région d’Asie du Sud-Est, qui posent un problème aux chercheurs et aux agriculteurs travaillant sur la banane. Le fait qu’une même variété porte des noms différents selon les pays, entraîne une certaine confusion et, bien souvent, une duplication dans les efforts de la recherche. La connaissance de ces synonymes peut aussi améliorer la compréhension et la communication entre les pays de la zone et promouvoir les échanges et le commerce de la banane. L’atelier régional qui s’est tenu au Southeast Asian Banana Germplasm Resources Center à Davao, aux Philippines, du 1 au 4 septembre 1999, avait pour objet de trouver des solutions à ces problèmes. Cet atelier, auquel participaient les responsables des collections nationales de Malaisie, Indonésie, Thaïlande, Vietnam et Philippines était cofinancé par l’INIBAP-ASPNET et le BPI / DNCRDC (Bureau of Plant Industry / Davao National Crop Research and Development Center) du Ministère de l’Agriculture. La classification des bananiers en groupes génomiques à partir de la méthode taxinomique proposée par Silayoi et Chomchalow (1987), version modifiée de celle de Simmonds et Shepherds a permis de répartir les nombreuses variétés de bananiers dans plusieurs groupes génomiques (AA/AAA, AAB, AB, ABB, BB/BBB etc.). Après avoir identifié les espèces et les groupes génomiques, chaque cultivar a été I INFOMUSA — Vol 8, N° 2 classé individuellement suivant la dernière version de la publication « Descripteurs pour le bananier (Musa spp.) » et le système d’information sur les ressources génétiques des bananiers (MGIS) mis au point par l’INIBAP et le CIRAD. Les descripteurs hautement discriminants sur la taille de la plante, les caractéristiques du pseudo-tronc et de la feuille, celles du fruit et du régime, du bourgeon mâle et de la fleur mâle ont été enregistrés. Les résultats sur le rendement agronomique tels que les délais plantation/floraison, floraison/récolte, récolte /formation du premier rejet, ainsi que le nombre de rejets au moment de la première récolte, le poids du régime, le nombre de mains et de doigts, la taille du fruit et sa qualité ont été observés. Un inventaire de noms et synonymes a été préparé par les responsables des collections nationales du Sud Est asiatique, à l’aide d’illustrations botaniques, de photographies, ainsi que d’observations et études sur le terrain réalisées sur la collection régionale de bananiers du BPI à Davao. Le tableau 1 donne la liste des noms et synonymes des variétés de bananiers en Asie du Sud-Est, alors que le tableau 2 présente la liste des cultivars propres à chaque pays de la zone. Afin d’éviter des erreurs et une certaine confusion, les participants à l’atelier n’ont pas souhaité utiliser les sous-groupes reconnus au niveau international ni le système de nomenclature proposé par Simmonds et Shepherd, qui remplace le nom des espèces par des groupes génomiques. Ils ont choisi, à la place, la méthode de Cheesman, plus simple mais précise et fiable et le Code International de Nomenclature des Plantes Cultivées (International Code of Nomenclature for Cultivated Plants). Résultats et recommandations Les responsables des collections nationales de bananiers d’Asie du Sud-Est ont examiné les programmes existant en matière de classification des bananes et se sont mis d’accord sur un format commun et standardisé, système de nomenclature simple mais précis et fiable permettant d’identifier les espèces et les cultivars de bananiers. C’est le système à trois niveaux utilisant l’espèce, le groupe génomique et le cultivar qui a été choisi. Selon les recommandations de Cheesman, les descendants comestibles diploïdes et triploïdes de Musa acuminata Colla et de Musa Balbisiana Colla prendront le nom de leurs parents sauvages respectifs. Les hybrides des deux espèces seront répertoriés sous le nom de Musa x paradisiaca Linn comme c’est le cas dans le Code International de Nomenclature des Plantes Cultivées. Les taxinomistes de la région ont identifié 62 variétés de bananiers ayant des synonymes en Asie du Sud Est (tableau 1) et établit une liste des noms de nombreux autres cultivars propres aux pays de la région (tableau 2). Pour que les responsables de la conservation du matériel génétique des autres parties du monde puissent identifier correctement les variétés de bananier provenant d’Asie, les taxinomistes de la région ont préconisé le développement et l’adoption d’un système de référence qui permette aux taxinomistes d’autres régions d’obtenir l’avis du responsable national concerné. De plus, les taxinomistes bananiers présents à la réunion ont proposé de fournir, si nécessaire, une aide supplémentaire aux responsables du matériel génétique de Musa à travers le monde, pour l’identification des accessions en provenance d’Asie du Sud-Est. Les participants à cet atelier ont demandé qu’un travail de ce genre soit organisé en Inde, au Sri Lanka, au Bangladesh, au Myanmar et, si possible, au Pakistan de façon à classifier les synonymes existants dans ces pays. Il conviendra également de se pencher sur le problème de synonymie dans le Pacifique Sud. ■ Bibliographie Greuter W. (ed.) 1994. International Code of Botanical Nomenclature. Koeltz Scientific Books, D61453 Konigstein, Germany. Silayoi B. & N. Chomchalow. 1987. Cytotaxonomic and morphological studies of Thai banana cultivars. Pp. 157-160 in Banana and Plantain Breeding Strategies (G.J. Persley and E.AL. De Langhe, eds). ACIAR Proc. No. 21. ACIAR, Canberra, Australia. 37 Participants de l’atelier sur les noms et synonymes des cultivars bananiers en Asie du Sud-Est. Tableau 1. Noms et synonymes des cultivars bananiers en Asie du Sud-Est. Espèce, génome Philippines Musa acuminata Diploïde AA (dessert) Amas Kinamay Dalaga Tudlo Datu Tudlo Tumbaga Señorita Bata-Bata Pamoti-on Inarnibal Diploïde AA (consommée en frais ou cuite) Diploïde/triploïde AA/AAA (dessert) Musa acuminata Triploïde AAA (dessert) Triploïde AAB (à cuire) Indonésie Thailande Pisang Mas Pisang Pinang Pisang Jari Buaya Pisang Mas Pisang Pinang Pisang Jari Buaya Pisang Kole Pisang Gadis Kluai Khai Chuoi Trung Kluai Lep Mu Nang Chuoi Tieu Pisang Lampung Pisang Lemak Manis Pisang Muli Pisang Lilin Alaswe Pogpogon Pisang Kapas Pisang Kapas Lakatan 1 Pisang Berangan Pisang Barangan Kuning Kluai Hom Maew Pisang Barangan Merah Kluai Nga Phaya Sulay Baguio Pisang Serendeh Pisang Badak Tudok Tumok Bungulan Pastilan Grande Naine Ambon Bangan Pisang Buai Pisang Embun Pisang Ambon Putih Pisang Ambon Hijau Pisang Ambon Lumut Pisang Ambon Filippina Pisang Ambon Jepang Pisang Ambon Kuning Pisang Susu Pisang Raja Udang Merah 2 Pisang Raja Udang Hijau 2 Pisang Susu Pisang Photo Merah Pisang Photo Hijau Pisang Amping Pisang Pelimbing Pisang Ampyang Pisang Palembang Pisang Rastali Pisang Keling 3 Pisang Kelat Air Pisang Raja 3 Pisang Seribu Pisang Raja Sereh Pisang Keling Pisang Longong Pisang Raja Pisang Seribu Pisang Tanduk Pisang Lang Pisang Tanduk Pisang Byar Pisang Agung Pisang Candi Pisang Nangka Pisang Gading Pisang Maole Pisang Raja Talun Pisang Uli Kluai Nga Chang Kluai Klai Latundan2 Inangel Galamay Se£ora Radja Tindok Daluyao Patag Bungaoisan Laknau Maia Maole Pisang Masak Hijau Pisang Nangka Pisang Gading Duhoy Musa x paradisiaca Triploïde ABB (à cuire) 38 Vietnam International Sucrier Jari Buaya Chuoi Ngu Thoc Chuoi Ngu Tien Chuoi Cau Trang Kluai Thong Ki Maew Chuoi Tien Pisang Raja Talong Musa x paradisiaca Triploïde ABB (consommée en frais ou cuite) Kluai Thong Ruang Kluai Sa Pisang Ampat Pulu Hari Pisang Lemak Manis Terenganu Pisang Lemak Manis Kelantan Pisang Lilin Pisang Mas Sagura Morado Moradong Puti Musa x paradisiaca Triploïde AAB (dessert) Malaisie Kluai Hom Khieo Khom Kluai Hom Khieo Chuoi Tieu Lun Dwarf Cavendish Chuoi Tieu Nho Chuoi Tieu Xanh Chuoi Tieu Cao #1 Robusta Giant Cavendish Tall Cavendish Kluai Hom Thong Kluai Dok Mai Kluai Nam Nom Kluai Nak Kluai Kung Khieo Kluai Khai Bong Chuoi Tieu Cao #2 Chuoi Tieu Vua Kluai Lanka Kluai Nam Phat Kluai Khai Boran 3 Kluai Roi Wi Chuoi Com Chua Chuoi Muop Chuoi Com Lua Grande Naine Gros Michel Red Green Red Chuoi Bom Silk Fig Mysore Pome Chuoi Tram Nai Horn Plantain Chuoi Sung Bo Kluai Niu Charakne Maia Maoli Chuoi Voi Katali Siusok Pisang Awak Biji 3 Pisang Awak13 Pisang Rasa Pisang Awak3 Pisang Siem3 Kluai Namwa Luang Kluai Namwa Daeng Chuoi Tay Chuoi Mat Boket Awak Matavia Katsila Maduranga Pisang Abu Keling Pisang Abu Perak Pisang Abu Bujal Pisang Kepok Hijau Pisang Kepok Awu Kluai Som Kluai Hak Muk Kluai Nom Mi Bluggoe Silver Bluggoe Chuoi Ngop Lun Chuoi Ngop Cau INFOMUSA — Vol 8, N° 2 Tableau 1. suite… Espèce, génome Musa x paradisiaca Triploïde ABB (à cuire) Musa x paradisiaca Tétraploïde ABBB Triploïde BBB 5 (à cuire) 1 2 Philippines Malaisie Pisang Kari Indonésie Thailande Kluai Tip Pelipia Pondol Tiparot 4 Saba Cardaba Gubao Pa-a Dalaga Turangkog Sabang Puti Pisang Abu Siam Pisang Nipah Pisang Kepor (?) Pisang Chematu Pisang Kepok Pisang Kepok Besar Pisang Kepok Kuning Pisang Kepok Putih Kluai Thepparot Kluai Hin Vietnam International Chuoi Ngop Cao Chuoi Ngop Dui Duc Pelipita Chuoi Gao Tiparot Chuoi Mat Kluai Phama Haek Kuk Chuoi Chua Chuoi Sap Chuoi Ngu Kluai Lep Chang Kut Comptage des chromosomes aux Philippines, diploïde; en Malaisie et en Thailande, triploïde; à la Commission internationale pour l’énergie atomique à Vienne, parfois diploïde, parfois triploïde. parfois cuite. 3 Préférée cuite. 4 La ploïdie doit être confirmée par le comptage des chromosomes (voir INFOMUSA 7(1): 5-6). 5 à vérifier. Tableau 2. Cultivars bananiers spécifiques à chaque pays d’Asie du Sud-Est. Espèce, génome Musa acuminata Diploïde AA (dessert) Diploïde AA (consommée en frais ou cuite) Diploïde AA (à cuire) Musa acuminata Triploïde AAA (dessert) Philippines Eda-an Veinte Cohol Morong Princesa Ga-o Baukas Manang Suyak Inabaca Binaktong Lonsing Talipan Katil Bu-oy Canara Sarocsoc Binawe Guyod Golimpang Talip Tarakitok Tanggung Binalatong Oma Malaisie Pisang Serindek Pisang Jarum Pisang Ekor Kuda Indonésie Pisang Lidi Pisang Masan Pisang Hutan Pisang Berlin Pisang Cici Kuning Pisang Cici Merah Pisang Buloh 1 Pisang Angleng Pisang Bilitung Pisang Bakar Pisang Byok Thailande Kluai Khai Boran #1 Kluai Lai Kluai Hom Thong Son Kluai Hom Jan Kluai Nam Thai Chuoi La Rung Chuoi Cau Tay Chuoi Tieu Cao Hong Musa x paradisiaca Diploïde AB (dessert) Musa x paradisiaca Triploïde AAB (dessert) Hilao-Hinog Daliri Dalaga Ternate Reynis Pisang Jambe Pisang Triolin Pisang Raja Bali Pisang Sri Vietnam Chuoi Tay But Chuoi Cau Man Kluai Nam Kluai Khom Kluai Nom Sao Chuoi Dong Chuoi La’ta Chuoi Nanh Heo Chuoi Com Lao Chuoi La Nang Tien Chuoi Mit Chuoi Thom Chuoi Simmon Chuoi Man Pisang Lampenang Triploïde AAB (consommée en frais ou cuite) Triploïde AAB (à cuire) Musa x paradisiaca Triploïde ABB (consommée en frais ou cuite) Triploïde ABB (à cuire) Tetraploïde AABB (à cuire) Diploïde BB (à cuire) Diploïde BB (à graines, diverses utilisations) Triploïde BBB (à cuire) Muracho Popo’ulo Pitogo Moko Kluai Wan Chuoi Goong Chuoi Tay Bot Chuoi Cha Chuoi Xiem Mat Pisang Kates Pisang Selendang Pisang Kastroli Kluai Namwa Dam Kluai Namwa Khao Kluai Namwa Khom Pisang Usak Pisang Longok Kluai Pluak Na Chuoi Mo Giang Chuoi La Chuoi Tay Tia Chuoi Bot Chuoi Nam Pisang Raksa Kluai Ngoen Abuhon Chuoi Hot Qua Lep 2 Inabaniko Bigihan Saba sa Hapon Mundo Musa fehi Pisang Tongkat Langit Kuning Pisang Tongkat Langit Merah Non classée Inambak 1 Parfois consommées cuites. Beaucoup de graines avortées ; les feuilles sont utilisées comme matériel d’emballage, les bourgeons mâles sont cuits comme des légumes ou consommés crus dans différents types de salades, les pseudotroncs servent pour l’alimentation du bétail, les fruits à graines sont mangés crus. 2 INFOMUSA — Vol 8, N° 2 39 tions écologiquement durables et économiquement rentables. Des délégués de 10 pays, réunis lors d’un séminaire au Costa Rica en juillet 1998, ont apporté des informations sur les divers aspects de la culture biologique de la banane et sur les caractéristiques de plusieurs systèmes de production respectueux de l’environnement. Les contraintes agricoles et/ou scientifiques rencontrées pour opérer une conversion des systèmes de production à court et à Livres, etc. A tribute to the work of Paul H. Allen : a catalogue of wild and cultivated bananas Compilé et édité par F.E. Rosales, E. Arnaud et J. Coto ISBN : 2-910810-35-6 s’intéressent à la lutte intégrée contre les ennemis des bananiers, en particulier en Afrique. Pour obtenir cette publication, contacter le service information/communication au siège de l’INIBAP Bananas and food security Cette publication, résultat d’une collaboration entre la Fundación Hondureña de Investigación Agrícola (FHIA, Honduras) et l’INIBAP, donne des informations sur le travail considérable que Paul H. Allen a accompli dans les années 50 et 60 pour établir et caractériser la collection de Musa de la United Fruit Company (devenue aujourd’hui la collection de la FHIA). Cet ouvrage contient des données sur 337 accessions de bananiers qu’il a collectées au cours de ses prospections, principalement en Asie du Sud-Est et en Nouvelle-Guinée dans les années 60. Ces informations sont restituées selon le format de Musalogue, avec une page par accession. Elles reprennent le contenu des fiches signalétiques établies par Allen, auquel on a ajouté des observations morphotaxinomiques et les données des évaluations recueillies sur les variétés de la collection. Afin de produire cette monographie, on a entré la plupart de ces informations dans une base de données. Ainsi, la préservation de ce travail remarquable est désormais assurée. Cette publication permettra de faire connaître une précieuse « ressource » régionale et historique. Pour obtenir un exemplaire de cet ouvrage, contacter le service information/communication au siège de l’INIBAP. Mobilizing IPM for sustainable banana production in Africa Edité par E.A. Frison, C.S. Gold, E.B. Karamura et R.A. Sikora ISBN : 2-919819-33-X Cet ouvrage de 356 pages présente les actes d’un atelier qui a eu lieu en novembre 1998 à Nelspruit, en Afrique du Sud (voir INFOMUSA 7(2): 40-42). Les 21 communications très intéressantes qui y sont reproduites dressent un bilan des activités de recherche sur les charançons, les nématodes, les maladies et les systèmes de production en Afrique subsaharienne. Cette publication, qui contient également neuf études de cas, ainsi que les points saillants des discussions et les recommandations des groupes de travail, sera d’une grande utilité pour tous ceux qui 40 Edité par C. Picq, E. Fouré et E.A. Frison ISBN : 2-910 810-36-4 L’INIBAP vient de publier les actes du premier symposium international sur les aspects socioéconomiques de la production bananière non destinée à l’exportation (« Productions bananières et sécurité alimentaire »), qui a eu lieu en novembre 1998 à Douala, au Cameroun (voir INFOMUSA 7(2): 24-26). Cette publication regroupe 61 contributions du monde entier sur les thèmes suivants : importance de la banane sur les plans économique et alimentaire (16 contributions) ; diversité et dynamique des filières (18 contributions) ; organisation des marchés et commercialisation (13 contributions) ; et systèmes de production (14 contributions). Les textes sont publiés dans la langue originale (français ou anglais), avec des résumés dans les deux langues. Ces actes, qui permettront de faire plus largement connaître les expériences et informations très diverses présentées durant le symposium, stimuleront la recherche sur les aspects socioéconomiques de la production bananière. Cette publication est disponible au siège de l’INIBAP, auprès du service information /communication. Organic and/or environmentally friendly banana production Edité par F.E. Rosales, S.C. Tripon et J. Cerna ISBN : 2-910810-98-4 Cette publication de 265 pages regroupe 16 articles scientifiques sur la production de bananes et bananes plantain dans des condi- moyen terme sont décrites. Les thèmes suivants sont abordés : agriculture de précision, nouvelles variétés issues des programmes d’amélioration génétique, méthodes de fertilisation traditionnelles et biologiques, gestion des sols, ravageurs et maladies, débouchés pour les bananes biologiques. Les informations présentées dans ce livre, qui intéresseront les producteurs aussi bien que les chercheurs et les enseignants, devraient fournir une incitation à s’engager dans ce type d’agriculture, avec les nombreux défis et difficultés que cela implique. Ce livre est disponible en espagnol. La version anglaise sera publiée au début de l’an 2000. Pour obtenir cette publication, contacter le bureau du réseau LACNET de l’INIBAP au Costa Rica. Diseases of banana, abacá and enset CABI Publishing Edité par David R. Jones ISBN : 0-85199-355-9 Ce livre de 544 pages publié en novembre 1999 est un guide exhaustif sur les maladies causées par les champignons pathogènes, les bactéries, les virus et les nématodes chez le bananier, l’abaca et l’enset. Il décrit aussi des désordres dont l’étiologie est incertaine, des anomalies génétiques et des problèmes provoqués par les conditions cliINFOMUSA — Vol 8, N° 2 matiques, les carences minérales ou des concentrations toxiques de produits chimiques. Pratiquement toutes les maladies et beaucoup d’autres problèmes sont illustrés par 260 planches en couleur qui font de ce livre un excellent outil de diagnostic. Des informations sont données également sur l’origine et la classification des bananiers, les conditions à observer pour sécuriser les transferts de matériel génétique de Musa, ainsi que l’amélioration génétique des bananiers, et notamment l’application des techniques du génie génétique pour obtenir une résistance aux maladies. Dirk De Waele, Eric Fouré, Friedhelm Gauhl, Simon Gowen, Marie-Line Iskra Caruana, Yair Israeli, David Jones, Emmanuel Lahav, Ben Lockhart, Xavier Mourichon, Randy Ploetz, Ronald Romero, Phil Rowe, Laszlo Sági, Jean-Louis Sarah, John Thomas et d’autres chercheurs ont contribué aux différentes sections de ce livre dans leurs domaines d’expertise respectifs. Cet ouvrage est recommandé à tous ceux qui font des études, recherches ou autres activités sur la culture du bananier, de l’abaca et de l’enset, et tout particulièrement aux phytopathologistes. Il remplace un ouvrage antérieur de R.H. Stover, intitulé « Banana, Plantain and Abaca Diseases », publié en 1972 par l’ex-Commonwealth Mycological Institute. Pour commander cette publication, contacter : CABI Publishing, CAB International, Wallingford, Oxon, OX10 8DE, RoyaumeUni (tél : +44 1491 832111 ; fax : +44 1491 829292 ; courrier électronique : [email protected]). Prix : £85,00 plus £2,50 de frais d’emballage et d’expédition pour les pays autres que le Royaume-Uni. Payer par chèque à l’ordre de CABI Publishing. Pour les commandes d’Amérique du Nord et centrale, s’adresser à Oxford University Press, 2001 Evans Road, Cary, North Carolina 27513, Etats-Unis (tél : +1 800 451 7556 ; fax : +1 919 677 1303). Prix : US$160,00 plus US$3,50 de frais d’emballage et d’expédition. Les résidents des Etats de Caroline du Nord et de Californie devront ajouter le montant de la taxe à l’achat. Payer par chèque à l’ordre d’Oxford University Press. Black Sigatoka disease of banana and plantain : a reference manual Kathelyne Craenen ISBN : 978-131-156-8 picale (IITA) donne des lignes directrices pour évaluer la cercosporiose noire et prendre des mesures de lutte contre cette maladie. L’auteur s’est appuyé sur sa propre expérience pratique dans ce domaine, ainsi que sur l’abondante documentation qui existe sur le sujet. Ce manuel aidera les chercheurs et les étudiants à maîtriser les méthodes d’évaluation et de lutte contre la cercosporiose noire dans leur environnement. Pour obtenir un exemplaire de cette publication, contacter l’IITA à l’adresse postale suivante : c/o Lambourn & Co, 26, Dingwall road, Croydon CR9 3EE, Royaume-Uni. Fax : (234-2) 2412221, courrier électronique : [email protected] A guide to banana production in Jamaica: a reference manual B.K. Dadzie ISBN : 0-8554-510-5 Ce manuel de 192 pages a été produit dans le cadre d’un projet international de collaboration entre le Jamaica Banana Board et le Natural Resources Institute, qui visait à rassembler des informations techniques actuelles sur la production bananière à l’intention des petits et gros producteurs de la Jamaïque. Il donne des informations utiles sur tous les aspects des opérations requises pour produire des bananes d’exportation de qualité. Les recommandations formulées dans ce manuel permettront d’accroître la productivité et d’obtenir des fruits de haute qualité, en réduisant considérablement la quantité de fruits rejetés pour défaut de qualité. Pour commander ce manuel, contacter : NRI Catalogue Service, CAB International, Wallingford, Oxon, OX10 8DE, Royaume-Uni. Indiquer la référence CRP14. nément rencontrés en Jamaïque, avec des illustrations qui facilitent leur identification. Des recommandations pratiques sont données sur les moyens d’éviter ou de contrôler chaque défaut de qualité. Ce guide est conçu pour aller de pair avec le manuel intitulé « A guide to banana production in Jamaica ». Assessing the impact of banana biotechnology in Kenya ISAAA Briefs n° 10-1999 Matin Quaim ISBN : 1-892456-12-5 Cette publication présente les résultats d’une étude socioéconomique approfondie menée par le Centre allemand de recherche-développement (ZEF). Une analyse préliminaire a été effectuée sur les avantages et l’impact susceptibles de résulter de la diffusion de vitroplants de bananiers auprès des petits producteurs du Kenya. L’étude décrit les variétés de bananiers de ce pays, ainsi que les ravageurs et les maladies qui les parasitent. Des détails sont donnés sur le système de production bananière, les débouchés et les circuits de commercialisation. Le processus de culture de tissus et les avantages et inconvénients des vitroplants sont examinés sous l’angle des effets pouvant être exercés sur les rendements, les coûts de production, les revenus agricoles et le bien-être des producteurs et des consommateurs. L’étude conclut que l’utilisation de vitroplants offre un excellent potentiel pour accroître les rendements moyens. Pour commander cette publication, contacter : ISAAA SEAsia Centre, c/o IRRI, PO Box 3127, 1271 Makati City, Philippines. Ou écrire à [email protected]. Toutes les publications de l’ISAA sont envoyées gratuitement aux pays en développement ; pour les autres pays, le prix est de $25 par exemplaire d’ISAAA Briefs. El cultivo del plátano : guía práctica Sylvio L. Belalcázar C. Ce manuel en espagnol de 38 pages présente, de manière simple et pratique, et avec beaucoup d’illustrations, les techniques mises au point en Colombie pour la culture du bananier plantain. Il couvre tous les aspects de la production, depuis la plantation jusqu’aux Banana fruit quality – a pocket guide B.K. Dadzie Ce manuel de référence de 60 pages publié par l’Institut international d’agriculture troINFOMUSA — Vol 8, N° 2 ISBN : 0 85954 506-7 L’industrie internationale de la banane est très compétitive et attache une grande importance aux normes. La gestion de la qualité du fruit est donc essentielle. Ce guide de poche est destiné à servir de référence aux agents de contrôle de qualité (ou de certification), gérants de plantation, contremaîtres et producteurs, afin de leur permettre d’identifier et de résoudre les problèmes de qualité des fruits. Il fournit une description de chacun des défauts des bananes les plus commu- opérations post-récolte, en s’intéressant aussi à la lutte contre les ravageurs et les maladies. Cette publication s’adresse principalement aux vulgarisateurs et aux producteurs. 41 Pour obtenir un exemplaire de ce manuel, contacter l’auteur par fax à l’un des numéros suivants : en appel national (Colombie) (096) 7493071, en appel international (57-6) 7493071 – ou par courrier électronique à l’adresse [email protected]. Adresse postale : A.A. 1069, Armenia, Quindío, Colombie. Annonces Colloque international sur l’optimisation de la nutrition des plantes Le Caire, Egypte, 8-13 Avril 2000 L’Association internationale pour l’optimisation de la nutrition des plantes (IAOPN) organise son Xe colloque international sur « la nutrition des plantes au prochain millénaire » du 8 au 13 avril 2000 à l’hôtel Sheraton du Caire, en Egypte. Ce colloque a pour thème : « Eléments nutritifs, rendement, qualité et environnement ». Les plantes vivrières, textiles, médicinales, industrielles, ornementales, aromatiques, condimentaires, forestières et aquatiques seront envisagées sous l’angle du diagnostic, de l’interprétation des résultats et de la formulation de recommandations. Pour tous renseignements complémentaires, contacter : Prof. Dr. F.E. Abdalla, Botany Department, National Research Centre, El-Tahrir Str., Dokki – Cairo 12311 Egypte Tél : (202) 3365223 / 3365199 / 3361225 Fax : (202) 3610850 Courrier électronique : [email protected] www.NRC-Micro.sci.eg/index.html Symposium international sur les méthodes participatives d’amélioration des plantes en Asie : un échange d’expériences Pokhara, Népal, 1er-5 mai 2000 Le Programme global de recherche participative et d’analyse de l’intégration des femmes dans le développement technologique (Programme PRGA) du GCRAI organise un symposium international sur l’application des méthodes participatives dans le domaine de l’amélioration des plantes en Asie du Sud et du Sud-Est. L’objectif consiste à offrir des chances égales aux approches formelles et aux approches faisant appel à l’initiative paysanne, en axant la réflexion sur les méthodes participatives et dynamiques d’amélioration des plantes pour la conservation et le développement de la biodiversité. Ce symposium vise à conjuguer les efforts des parties prenantes intéressées par l’amélioration participative, les systèmes semenciers, l’utilisation et la conservation de la diversité génétique des plantes et l’application 42 des méthodes de recherche participatives en Asie du Sud et du Sud-Est. Les parties prenantes sont les suivantes : chercheurs en sciences agricoles, sélectionneurs, producteurs, chercheurs en sciences sociales, responsables de collections de matériel génétique, agronomes et vulgarisateurs des systèmes agricoles nationaux, des organisations non gouvernementales, des universités, du GCRAI et des donateurs. Les personnes désireuses de présenter des communications au symposium sont priées de soumettre un résumé d’environ 500 mots d’ici le 29 février 2000. Contacter : Barun Gurung International Center for Tropical Agriculture c/o Resources Nepal GPO Box 2448, Kathmandu, Népal Tél : (977 1) 537502 Fax : (977 1) 537013 Courrier électronique : [email protected] 4e réunion nationale du Groupe d’agriculture biologique de l’ACTAF La Havane, Cuba, 17-19 mai 2000 Le Groupe d’agriculture biologique de l’Association cubaine des techniciens d’agriculture et de foresterie (ACTAF) organise, en collaboration avec le ministère de l’Agriculture et l’Association nationale des petits producteurs (ANAP), la 4 e réunion nationale sur l’agriculture biologique, qui aura lieu du 17 au 19 mai 2000 à EXPO-CUBA à La Havane. Au cours de cette réunion, la contribution de l’agriculture biologique et de l’agroécologie à la transformation de l’agriculture cubaine et à un développement rural durable sera examinée. Toutes les parties intéressées sont invitées à participer à ces journées de réflexion et d’échange d’expériences. Des visites d’étude, des journées sur le terrain et des cours seront également organisés avant et après la réunion. Pour des détails sur chacune de ces activités, consulter la page Web : http://www.foodfirst.org ou contacter : Pour des informations générales Ing. Marta Pérez Pérez, Executive Secretary Grupo de Agricultura Orgánica - ACTAF Apartado Postal 4029 C.P. 10400 La Habana, Cuba Tél./fax : (537)845387 Courrier électronique : [email protected] Pour les visites d’étude et journées sur le terrain Lic. Ricardo Reyes Veiga Comercial Agropecuaria CATEC Tél. : (537)212164/212064 Fax : (537)666071 Courrier électronique : [email protected] ACORBAT 2000 San Juan, Porto Rico, 31 juillet-4 août 2000 La XIVe réunion de l’Association pour la coopération en recherches bananières dans les Caraïbes et en Amérique tropicale se tiendra à l’Université de Porto Rico, Mayagüez Cam- pus, San Juan, du 31 juillet au 4 août 2000. Cette réunion sera dédiée au Dr Heber Irizarry, éminent chercheur bananier cofondateur de l’ACORBAT et à Mr Ramiro Jaramillo, membre fondateur de l’ACORBAT et ancien coordinateur régional de l’INIBAP pour l’Amérique latine et les Caraïbes. Le programme inclut différentes sessions où seront présentés les derniers résultats scientifiques et techniques concernant l’industrie bananière sous différentes formes (présentations orales, posters, tables rondes, visites de terrain, etc.). Pour soumettre une communication, contacter : Dr José Andrés Chavarría, President, Technical/Scientific Presentations Committee: Agricultural Experiment Station, University of Puerto Rico PO Box 9031, Mayagüez Campus, Mayagüez, PR 00681-9031 Tél. : (787) 265-3859, Fax : (787) 833-7765 Courrier électronique : [email protected] Pour une inscription : Mme Fátima Ortiz Colberg Office of International Programs University of Puerto Rico - RUM PO Box 9030 Mayagüez, PR 00681-9030 Fax: (787) 834-3413 Courrier électronique : [email protected] Des informations plus détaillées sur ces différentes réunions sont également disponibles en anglais sur le site web de l’INIBAP (http://www.inibap.fr ), rubrique ‘News’. Nouvelles de l’INIBAP Recrutements L’INIBAP a récemment recruté deux nouvelles assistantes de programme pour son siège à Montpellier. Gillian Moffat, de nationalité irlandaise, est titulaire d’un BSc en marketing international du Dublin Institute of Technology. Gillian, qui a passé un an à l’université de Montpellier en 1997 dans le cadre de ses études, parle couramment le français. Elle est entrée dans ses fonctions le 11 octobre et travaille pour Bertus Eskes, du Programme cacao, en remplacement de Bernadette Sellers, ainsi que pour Jean-Vincent Escalant dans le cadre de PROMUSA. Anne Causse, de nationalité française, est titulaire d’une maîtrise en langues étrangères appliquées (anglais et espagnol) et d’un DESS en traduction de l’université de Montpellier. Elle a séjourné pendant 18 mois au Royaume-Uni dans le cadre de ses études. Après l’université, elle a travaillé à Montpellier dans le secteur médical et dans le secteur de la recherche, notamment au CIRAD. Elle a pris son nouveau poste d’assistante de programme le 22 novembre et travaillera INFOMUSA — Vol 8, N° 2 pour Hubert Omont, du nouveau Programme filières et Suzanne Sharrock, responsable de la conservation du matériel génétique. Nouveau matériel disponible au Centre de transit de l’INIBAP FHIA-25, hybride de bananier à cuire amélioré de la FHIA (Honduras), dont l’indexation pour les virus a été achevée, est maintenant distribué par l’INIBAP. Il s’agit d’une variété naine à haut rendement qui résiste à la cercosporiose noire et dont la qualité à la cuisson est excellente. La FHIA estime que cet hybride offre un grand potentiel pour remplacer les bananiers plantain et les bananiers d’altitude d’Afrique de l’Est qui sont fortement affectés par la cercosporiose noire. Cet hybride (accession de l’INIBAP n° ITC 1418) est disponible au Centre de transit de l’INIBAP en Belgique, ainsi qu’aux centres de multiplication régionaux du Costa Rica (CATIE) et du Cameroun (CRBP). Pour obtenir la liste de toutes les variétés améliorées disponibles au Centre de transit, contacter Suzanne Sharrock au siège de l’INIBAP à Montpellier. Renforcement de la collaboration européenne dans le domaine de la recherche sur les bananiers Le CIRAD (France) et la Katholieke Universiteit Leuven (KUL, Belgique) sont deux institutions européennes qui ont d’importants programmes de recherche sur les bananiers. Des efforts sont en cours pour renforcer la collaboration entre ces deux programmes. Emile Frison, Directeur de l’INIBAP, a récemment assisté à la deuxième réunion de planification entre la KUL et le CIRAD, dont se sont dégagées de bonnes perspectives pour établir un solide partenariat, en mettant à profit les points de force et les complémentarités des deux institutions dans le domaine de la recherche sur les bananiers. auteurs, des titres, des mots clés, des pays et des dates de publication. MUSALIT comprend plus de 5 000 références accompagnées de résumés en trois langues (français, anglais et espagnol) et est mise à jour en permanence par l’INIBAP. BRIS est une base de données sur les chercheurs travaillant sur les Musa. Elle contient des informations sur plus de 800 chercheurs, incluant adresses détaillées et spécialité pour chaque chercheur. Il est possible de chercher des informations dans BRIS à partir du nom du chercheur, de l’institut, du pays et de la thématique de recherche. Collection internationale de matériel génétique de Musa Une liste des accessions disponibles auprès de la collection internationale de matériel génétique de Musa gérée par l’INIBAP est également disponible sur le nouveau site Web de l’INIBAP. Cette liste fournit des informations sur le nom, la classification et le numéro de code (code ITC) des accessions qui ont été testées pour les virus et sont disponibles auprès de l’INIBAP. Publications Le site Web donne également accès aux versions électroniques d’un large éventail de publications de l’INIBAP et notamment : le rapport annuel, INFOMUSA, les fiches techniques sur les maladies et les ravageurs, les guides techniques, les actes de séminaire et les monographies les plus récentes. Liens L’INIBAP lance son nouveau site Web L’INIBAP a récemment mis sur Internet son nouveau site Web. Il est opérationnel en version anglaise et les versions française et espagnole seront bientôt disponibles. Le site présente un grand éventail d’informations sur l’INIBAP et sur ses projets et fournit, pour la première fois, un accès aux bases de données de l’INIBAP. Le site continuera à se développer au cours des mois à venir, et mettra plus particulièrement l’accent sur les activités régionales. Accès en ligne aux bases de données Deux bases de données de l’INIBAP, MUSALIT et BRIS sont interrogeables sur le site. MUSALIT est la base de données bibliographiques de l’INIBAP, diffusée au préalable sous forme imprimée au travers du bulletin bibliographique Musarama. L’accès en ligne à cette base de données permet désormais des recherches bibliographiques à partir des INFOMUSA — Vol 8, N° 2 Afin d’aider les utilisateurs de l’information bananière à accéder de façon rapide et efficace à une information la plus exhaustive possible, le site Web de l’INIBAP comporte un nombre important de liens vers d’autres sites utiles. Ces liens sont mis à jour et vérifiés régulièrement afin de s’assurer de leur pertinence et de leur utilité. Vous pouvez visiter le nouveau site de l’INIBAP à l’adresse suivante : http://www.inibap.fr Atelier de formation RISBAP sur l’utilisation des bases de données En septembre 1999, un atelier de formation à l’utilisation des bases de données améliorées de l’INIBAP (fonctionnant sur Winisis, version de CDS/ISIS pour Windows) a été organisé en Thaïlande à l’intention des membres du Système régional d’information sur les bananiers et bananiers plantain en Asie et dans le Pacifique (RISBAP). L’ensemble du processus de gestion de l’information, depuis le document primaire jusqu’à la recherche d’information dans les bases de données, a été passé en revue à l’aide des fiches de traitement standard. Cet atelier avait également pour objectif d’examiner les contraintes rencontrées dans la mise en place d’un système d’information national et de proposer des procédures afin de stimuler la collecte des données. Il a été recommandé que chacun des dix représentants du RISBAP assume la responsabilité de la mise en œuvre du système amélioré dans son pays et qu’il désigne un agent pour effectuer l’entrée des données. Les premières données traitées devront être transmises au bureau régional du RISBAP d’ici le 1er décembre 1999. Les participants distribueront les questionnaires BRIS aux chercheurs travaillant sur les Musacées dans leur pays afin de compléter cette base de données. L’INIBAP tient à remercier le professeur Det Wattanachaiyingcharoen, vice-doyen de la faculté d’agriculture de la Naresuan University, pour les excellentes facilités mises à la disposition des participants. Cédérom MusaDoc Pour les personnes qui n’ont pas accès à Internet, l’INIBAP a produit un cédérom MusaDoc qui inclut l’essentiel de l’information publiée sur le site Web. Le Cédérom contient des publications sélectionnées de l’INIBAP dans plusieurs langues (actes et comptes rendus de réunions, livres, guides et fiches techniques), ainsi que les deux bases de données MUSALIT et BRIS. Le cédérom sera disponible à compter de janvier 2000. Les participants de l’atelier de formation RISBAP en plein travail. 43 Travail en réseau pour BRIS Une enquête a été effectuée en 1999 afin d’actualiser la base de données sur les chercheurs travaillant sur les bananiers et les bananiers plantain. Une aide a été reçue des partenaires et agents régionaux qui ont distribué les questionnaires durant les réunions. Ainsi, plus de 150 fiches de chercheurs ont été ajoutées et/ou mises à jour. La base de données BRIS comprend à présent 824 chercheurs.ll est prévu de publier le répertoire actualisé des chercheurs au début de l’an 2000. Asie/Pacifique 9e réunion du Comité consultatif d’ASPNET La 9e réunion du CCR du réseau de l’INIBAP pour l’Asie et le Pacifique (ASPNET) a eu lieu du 2 au 5 novembre 1999 à Guangzhou, en Chine, à l’invitation du président de la South China Agricultural University, le professeur Luo Shiming. A l’ordre du jour de cette réunion figuraient des communications sur des aspects importants de la recherche-développement sur les bananiers en Chine, un bilan des activités menées par l’ASPNET pendant sa 9e année d’existence et un rapport sur les projets spéciaux INIBAP/ASPNET. En outre, des rapports sur des thèmes spécifiques ont été présentés par des membres du CCR et des invités spéciaux, et des rapports nationaux ont fait le point sur les orientations de la recherche-développement dans les différents pays. Ces exposés ont été suivis d’une session de discussion et de planification des activités de collaboration prioritaires dans la région. Dans son rapport, Agustín B. Molina, coordinateur régional du réseau ASPNET, a décrit les différentes activités qui ont eu lieu durant l’année : séminaires, ateliers, formation, développement de l’information, appui à la recherche-développement et facilitation des activités de collecte, conservation, caractérisation et évaluation de matériel génétique. Il a également indiqué les domaines sur lesquels le réseau ASPNET entend travailler de manière prioritaire dans les prochaines années. Il s’agit notamment de mettre du matériel génétique amélioré et des cultivars indigènes supérieurs à la disposition des petits producteurs, et d’élaborer et d’appliquer des Les participants de la 9ème réunion du CCR ASPNET. 44 systèmes de lutte intégrée qui permettront d’atténuer la pression croissante des ravageurs et des maladies dans la région. Afin de maximiser les synergies inhérentes à ce type de réunion, les chercheurs chinois ont été invités à présenter des communications au sujet de l’évolution de la recherchedéveloppement sur les bananiers en Chine. Chen Houbin de la SCAU, représentant du CCR en Chine, a fourni des informations sur la collection de bananiers ; Li Fengnian, de l’institut de recherches fruitières (GAAS), a dressé un tableau de la production bananière ; Xiao Huogen, de la SCAU, a donné des détails sur l’identification, l’indexation et la biologie moléculaire du BBTV ; Liao Jinling, de la SCAU, a fait le point sur les recherches relatives aux nématodes des bananiers. Un orateur invité, Hong-Ji Su, de la National Taiwan University (NTU), a présenté une communication très détaillée sur le développement et l’application des sondes de diagnostic moléculaires pour la détection, la caractérisation et la gestion des virus des bananiers. La détection des virus est un aspect important de la production de matériel végétal indemne de maladies, qui constitue l’un des éléments fondamentaux de la stratégie de gestion des affections virales à Taiwan et dans les autres pays. Ramon Valmayor a communiqué les résultats et les recommandations de l’atelier sur les noms et les synonymes des cultivars de bananiers. Il a présenté des tableaux préliminaires sur les synonymes et les cultivars uniques de l’Asie du Sud-Est, qui seront publiés ultérieurement sous forme de bulletin de l’INIBAP (voir le rapport de cet atelier dans ce numéro d’INFOMUSA). Ho Huu Nhi a fait part des résultats du projet de recherche sur les nématodes au Viêtnam, tandis que Det Wattanachaiyingcharoen a présenté les résultats du système d’exploration et d’imagerie géographique des bananiers en Thaïlande. René Espino a donné des informations sur le réseau de recherche, développement et vulgarisation pour la production bananière récemment créé aux Philippines, dont il a exposé le programme d’activités. S.C. Hwang, directeur du Taiwan Banana Research Institute (TBRI), a présenté un rapport au sujet de l’évolution récente de la recherche sur la fusariose à Taiwan. Il a donné des détails sur les résultats atteints par son institut dans la sélection de variants somaclonaux résistants à la fusariose. La survie de l’industrie bananière de Taiwan dépend de la culture de variétés résistantes et de l’utilisation de vitroplants indemnes de maladies. Dans un esprit de collaboration internationale, Dr Hwang a annoncé que le TBRI allait mettre à disposition, par le canal de l’INIBAP, deux clones à haut rendement résistants à la fusariose qui seraient inclus dans les essais de la phase III de l’IMTP. Des rapports nationaux, mettant en lumière les orientations actuelles et les priorités futures de la recherche-développement sur les bananiers et les plantains dans les différents pays de la région, ont été présentés par les membres du CCR ci-après, au nom de leurs pays et institutions respectifs : Siti Hawa Jamaluddin de Malaisie, Bob Williams d’Australie, N.I. Bhuiyan du Bangladesh, Djoko Said Damarjati d’Indonésie, René Rafael Espino des Philippines, Sujatha Weerasinghe du Sri Lanka, Det Wattanachaiyingcharoen de Thaïlande, Ho Huu Nhi du Viêt-nam, Tom Osborn du Secrétariat de la Communauté du Pacifique et Shin-Chuan Hwang du Taiwan Banana Research Institute. Il est intéressant de noter que, dans tous les pays, les préoccupations primordiales sont l’atténuation des problèmes posés par les ravageurs et les maladies, et la disponibilité d’hybrides et variétés améliorés. La commercialisation et la valorisation retiennent aussi l’attention. Recommandations issues de la session de discussion et de planification • Mise en place d’un réseau d’amélioration variétale dans la région, le réseau ASPNET de l’INIBAP faisant fonction de facilitateur et aidant à mobiliser une assistance. • Missions de prospection dans les régions qui n’ont pas encore été couvertes : – poursuivre la collecte à Irian Jaya, en Indonésie, – poursuivre les missions de prospection à Sabah et Sarawak, en Malaisie, – étudier la possibilité de missions de prospection au Bangladesh, en Birmanie, au Laos et au Cambodge. • Poursuite de la participation régionale au MGIS et au RISBAP. • Adoption du système de classification recommandé par les responsable de collections lors de l’atelier sur les noms et les synonymes des bananiers. • Communication par l’INIBAP d’informations (caractères agronomiques, résistance aux maladies, etc.) sur les hybrides/variétés améliorés et les variétés naturelles cultivées commercialement, afin que les pays disposent de tous les éléments requis pour choisir les variétés à inclure dans les programmes d’évaluation nationaux et/ou dans les essais de l’IMTP. INFOMUSA — Vol 8, N° 2 • Nécessité d’assurer aux participants à l’IMTP une formation aux méthodes de mise en place des essais et de collecte des données afin de standardiser l’exécution des essais de la phase III. • Nécessité d’un centre régional de multiplication et distribution de matériel génétique. • Demande d’une formation supplémentaire sur l’indexation des virus et la production d’antisérums. • Appel à la mise en vigueur des procédures de quarantaine aux niveaux national, régional et international. • Validation du matériel génétique de l’ITC. • Détermination/validation du degré de ploïdie du matériel des collections à l’aide des techniques cytologiques (Viêt-nam, Chine et une partie (moitié) de l’Indonésie). Prix Pisang Raja Selon la tradition des réunions du CCR de l’ASPNET, le coordinateur a décerné le prix Pisang Raja 1999 aux chercheurs suivants pour les récompenser de leurs services méritoires : Chen Houbin, directeur du Tropical and Subtropical Fruit Research Laboratory, South China Agricultural University, et Hong-Ji Su, de la National Taiwan University. La plaque de reconnaissance réservée aux institutions a été décernée à la South China Agricultural University. Le réseau de l’INIBAP pour l’Asie et le Pacifique opère sous la conduite de son Comité consultatif régional (CCR). Les membres du CCR représentent les systèmes nationaux de recherche agricole (SNRA) des pays membres (Australie, Bangladesh, Chine, Inde, Indonésie, Malaisie, Philippines, Sri Lanka, Thaïlande et Viêt-nam) ainsi que leurs institutions (Taiwan Banana Research Institute et Secrétariat de la Communauté du Pacifique, représentant 22 pays du Pacifique Sud). Le Professeur Su montre aux participants de l’atelier sur les virus des symptômes du virus du bunchy top au cours d’une visite de terrain. Collaboration entre le ministère sri-lankais de l’agriculture et l’INIBAP Des manipulations en laboratoire sont également présentées au cours de cet atelier. Atelier sur la gestion des affections virales des bananiers Selon des études récentes des phytopathologistes de l’Horticultural Research and Development Institute (HORDI) de Sri Lanka, environ 80 % des bananiers de ce pays sont affectés par les maladies virales, et en particulier par le virus de la mosaïque des bractées et le virus du bunchy top du bananier. Afin d’aider les chercheurs srilankais à identifier des méthodes de lutte, le réseau ASPNET de l’INIBAP a organisé, en collaboration avec l’HORDI, un atelier sur la gestion des affections virales des bananiers qui a eu lieu le 27 juillet 1999 au Plant Genetic Resources Center (PGRC) à Gannoruwa, Kandy. Plus de 60 chercheurs, décideurs et enseignants d’organismes publics et d’universités ont examiné la distribution et la sévérité des affections virales des bananiers dans ce pays, avant d’élaborer des plans d’action en vue de remédier à ce problème. La réunion a été ouverte par S.D.G. Jayawardena, directeur général du ministère de l’Agriculture, qui a souligné l’impact que ces maladies sont susceptibles d’exercer sur l’industrie bananière locale. Agustín B. Molina, coordinateur régional du réseau ASPNET, et H.J. Su, éminent virologiste de l’université nationale de Taiwan, ont étayé les débats par des présentations techniques. Le professeur Su, décrivant l’épidémiologie et la gestion de ces maladies, a mis l’accent sur l’importance des stratégies de lutte intégrée, combinant l’utilisation de matériel végétal sain avec des pratiques culturales appropriées. Parmi les recommandations formulées, il a été jugé nécessaire de mettre en place : • un programme national de gestion des maladies ; • un programme d’éradication et de réhabilitation grâce à l’utilisation de matériel végétal sain ; INFOMUSA — Vol 8, N° 2 • un programme national de certification du matériel végétal de bananier. Il a été recommandé également de confier l’indexation pour les virus à deux centres : le laboratoire de virologie de l’HORDI, à Gannoruwa, et la station de recherche adaptative de Homagama, à Colombo. Formation à l’indexation pour les virus Dans le prolongement de l’atelier sur la gestion des affections virales, le réseau ASPNET de l’INIBAP et l’HORDI ont organisé un stage pratique d’indexation qui a eu lieu du 26 au 28 août dans les laboratoires du Plant Genetic Resources Center à Gannoruwa, Paredeniya, avec la participation de 22 chercheurs et techniciens des laboratoires de culture de tissus du ministère de l’Agriculture et des universités. L’instructeur principal était H.J. Su, virologiste de l’université nationale de Taiwan, assisté par I. Ariyaratne, virologiste de l’HORDI. 45 La formation a été axée sur l’application de deux procédures d’indexation basées sur le test ELISA et la PCR. Les échantillons de bananier utilisés ont manifesté des réactions positives aux quatre virus suivants : CMV, BBTV, BBrMV et BSV. Cela confirme la présence de ces virus, déjà identifiés d’après les symptômes observés en champ. Le professeur Su a fourni les anticorps et les amorces pour le stage. Il a également fait, par l’intermédiaire de l’INIBAP, un don d’agents réactifs et d’instruments d’une valeur globale de plus de 2000 $US. Cette formation pratique était d’une nécessité cruciale pour le ministère de l’Agriculture, qui s’apprête à mettre en place un programme national de gestion des affections virales qui reposera sur l’utilisation de matériel végétal sain. Une aide de Taiwan pour lutter contre les affections virales en Asie Lors de la récente réunion du Comité consultatif régional du réseau ASPNET de l’INIBAP, le professeur Su, virologiste de l’université nationale de Taiwan, a fait don d’anticorps aux représentants des Philippines et de Sri Lanka. Ce don s’inscrit dans le cadre de l’engagement qu’il a pris de fournir des anticorps gratuitement aux membres du réseau pendant les deux prochaines années, jusqu’à ce que ceux-ci soient en mesure de produire eux-mêmes les anticorps nécessaires pour les programmes nationaux d’indexation. Afrique Un coordinateur régional de l’INIBAP rejoint le comité éditorial de MusAfrica Eldad Karamura, coordinateur régional de l’INIBAP pour l’Afrique orientale et australe, a récemment rejoint le comité éditorial de MusAfrica, la revue sur bananiers et bananiers plantain publiée par l’Institut international d’agriculture tropicale (IITA). Cette décision résulte des discussions tenues lors de la réunion de MUSACO (Douala, Cameroun, novembre 1998). Il a été décidé que MusAfrica serait l’outil de communication de la recherche sur les Musa en Afrique et serait financée par l’IITA et l’INIBAP. Comme antérieurement, MusAfrica continuera à fournir des nouvelles sur des événements et 46 des thèmes d’intérêt pour les chercheurs sur Musa travaillant en Afrique. La revue sera également le lieu de publication de résultats scientifiques. Les changements dans le Comité éditorial se sont accompagnés de changements dans l’organisation : de nouvelles dates butoir ont été instaurées afin que MusAfrica redevienne une publication semestrielle. Les dates butoirs pour la soumission d’articles sont le 1er mars pour le premier numéro de l’année et le 1er août pour le second. Le numéro de juin 1999 de MusAfrica est disponible auprès de l’IITA et contient les articles suivants : • Focus : un rapport de la réunion sur IPM tenu à Nelspruit, Afrique du Sud du 23–26 novembre 1998 • Notes sur la recherche : analyse financière de la production de rejets de bananiers plantain au Ghana • Evaluation de matériel génétique : Multiplication et distribution d’hybrides présentant une tolérance au BSV • Résumés : Résumés des présentations préparées à l’occasion des séminaires mensuels du programme national bananier d’Ouganda en 1998. • Nouvelles et points de vue : information de l’IITA sur les activités de recherche sur les Musa. Les contributions pour les futurs numéros doivent être envoyées à : Dr J. Hartman (Editeur en chef, MusAfrica), IITA, c/o Lambourn & Co, Carolyn House, 26 Dingwall Road, Croydon, CR9 3EE, Grande Bretagne. 5e réunion du Comité de pilotage du réseau BARNESA La 5e réunion du Comité de pilotage du réseau BARNESA s’est tenue le 23 septembre 1999 au Kenya Agricultural Research Institute (KARI), Nairobi, sous la présidence de Zaag de Beer de l’Institute for Tropical and Subtropical Crops (ITSC) d’Afrique du Sud. Des représentants des pays membres, ainsi que de l’IITA, de l’ICIPE et de l’IRAZ, étaient présents. Rapport du coordinateur Le coordinateur du réseau BARNESA a présenté un rapport sur les activités des 12 mois écoulés. Pendant cette année, quatre ateliers techniques ont été organisés sur la lutte intégrée contre les ennemis des bananiers, la culture de tissus et la conservation in situ. En outre, plusieurs projets ont été formulés et soumis aux donateurs, dont un projet de conservation in situ qui a d’ores et déjà commencé en Ouganda et en Tanzanie, et des projets visant à rassembler des données de référence sur la production bananière dans la région et à mener des recherches sur la lutte intégrée, qui seront lancés au début de l’an 2000. Plan stratégique Le groupe de consultation ECART a été chargé par l’Union européenne d’examiner le plan stratégique du réseau. Il a recommandé que celui-ci s’aligne plus étroitement sur la stratégie de l’ASARECA et adopte une approche qui soit davantage orientée vers le marché. Il a été convenu que le coordinateur fera appel à des conseils appropriés pour remanier le plan stratégique. En outre, il a été observé que le Comité de pilotage est presque exclusivement composé de chercheurs et que le secteur commercial n’est pas adéquatement représenté en son sein. Afin de lui permettre d’appréhender les problèmes de commercialisation en toute connaissance de cause, il a été décidé de revoir la composition du Comité de pilotage. Présidence Le Comité de pilotage a décidé de modifier la durée du mandat de son président, qui sera désormais de deux ans au lieu d’un. Mme Mary Wabule du KARI (Kenya) a été élue présidente du réseau BARNESA pour la période 1999-2001. Les participants de la 5e réunion du Comité de pilotage du réseau BARNESA en visite sur le terrain. INFOMUSA — Vol 8, N° 2 Formation à l’utilisation du cadre logique Dans le cadre de la réunion du Comité de pilotage du réseau BARNESA, un cours de formation a été organisé afin de familiariser ses membres avec l’utilisation du cadre logique comme outil pour la formulation et la gestion des projets. Mike Carter, du Centre for Rural Development and Training de l’université de Wolverhampton (Royaume-Uni), a fait fonction de facilitateur. Les participants ont étudié les principes, l’élaboration et les applications des cadres logiques. Puis ils ont élaboré une ébauche de cadre logique pour un futur projet régional de lutte intégrée. Dans le cadre de ce cours, les participants ont procédé à une analyse des parties prenantes du projet envisagé : après identification de celles-ci, ils ont déterminé leurs intérêts, leur importance pour la réalisation des objectifs du projet et leur influence sur la bonne marche du projet. Les participants ont analysé le problème devant être résolu par le projet et ils ont étudié comment ce problème pouvait être appréhendé avec la structure du cadre logique. Ils ont ensuite consacré un certain temps à élaborer un cadre logique pour un projet de lutte intégrée, en travaillant tout d’abord en groupes de travail, puis en session plénière. Excursion Le KARI a organisé une excursion pour permettre aux membres du Comité de pilotage du réseau BARNESA de se familiariser avec certaines des activités de recherche bananière menées au Kenya. Les participants ont visité le laboratoire de culture de tissus de l’université Jomo Kenyatta, ainsi qu’un laboratoire commercial produisant des vitroplants de bananiers destinés à être vendus aux producteurs. Ils se sont ensuite rendus sur des exploitations où ils ont pu observer un certain nombre de variétés introduites (notamment de la FHIA) cultivées par de petits producteurs. Ceux-ci utilisent des vitroplants, qu’ils apprennent à sevrer et à acclimater. Conservation in situ des bananiers en Afrique de l’Est Un projet de recherche sur la conservation in situ des bananiers a été récemment lancé en Ouganda et en Tanzanie. Ce projet, financé par le Centre de recherches pour le développement international (CRDI) du Canada, est mis en œuvre par l’INIBAP au travers de son bureau régional basé à Kampala. Deux sites ont été sélectionnés dans chaque pays. L’objectif est d’identifier et de caractériser le matériel génétique indigène maintenu dans les champs des producteurs dans chacun de ces pays, et d’étudier les facteurs qui affectent ce mode de conservation en milieu paysan. Grâce à ce projet, l’INIBAP se propose de déterminer les menaces qui pèsent sur la conservation de la diversité génétique, ainsi que les moyens d’y remédier afin de prévenir l’érosion des ressources génétiques. Il est INFOMUSA — Vol 8, N° 2 également prévu de sensibiliser les communautés locales à l’importance de la préservation de la diversité génétique et d’étudier les possibilités d’assurer la conservation des variétés en milieu paysan à plus long terme, en optimisant l’utilisation faite de cette diversité. Comité de pilotage de MUSACO La diffusion de variétés de bananiers et bananiers plantain à forte productivité devrait permettre aux producteurs Ghanéens d’obtenir un meilleur rendement. Le Ghana’s Crop Research Institute a mis en circulation FHIA–21 sous l’appellation locale de Apem hemaa (Reine des plantains « French ») et FHIA-01 sous le nom de Kwadu Bempa (la banane « Monsieur »). Plus de 80 % des agriculteurs du Bas Congo (République Démocratique du Congo) cultivent la banane plantain à des fins commerciales. Si cette tendance se confirme dans d’autres pays, cela entraînera un changement de statut pour la banane plantain, jusque-là considérée comme une culture vivrière. En effet, les agriculteurs vendaient uniquement ce qu’il leur restait après leur consommation personnelle. Le CRBP a développé des hybrides de bananiers plantain qui, s’ils réussissent les tests agronomiques et les tests organoleptiques organisés dans chaque pays, devraient contribuer de façon significative à l’augmentation des récoltes dans la sous-région. Ces éléments ont été rapportés par les participants à la troisième réunion du comité régional de pilotage qui s’est tenue à Abidjan, les 23 et 24 novembre 1999, sous la présidence de Madame Adèle Sambo du Gabon. Madame Sambo a été élue à l’unanimité à la présidence du comité de pilotage en remplacement du regretté Jean Pedro, qui a assuré la présidence du comité jusqu’à sa mort. La réunion a commencé par une minute de silence en mémoire de l’ancien président et de Lancine Condé, chercheur originaire de Guinée (Conakry), décédé au cours d’un accident de chasse. Le Dr Kassoum Traoré, directeur général adjoint du Centre national de recherche agronomique (CNRA) de Côte d’Ivoire a prononcé le discours d’ouverture. Il a mis l’accent sur la nécessité d’un partenariat pour faire avancer la recherche agronomique dans la région. Monsieur Kouassi Martin, directeur général de l’agence nationale pour le développement rural (ANADER) et le Dr Osseni Bouraima, directeur de la coopération et de l’information scientifique au CNRA étaient présents. Outre l’IITA, l’INIBAP et le CRBP, onze pays sur douze étaient représentés (Bénin, Cameroun, République du Congo, Côte d’Ivoire, République Démocratique du Congo, Gabon Ghana, Guinée, Nigeria, Sénégal et Sierra Leone). En faisant le point sur les activités de recherche dans leur pays, plusieurs représentants des SNRA ont insisté sur le besoin d’inventorier le matériel génétique des deux cultures existant dans leur pays et donc sur la nécessité de collecter et caracté- riser les variétés rustiques. Les pays ayant déjà collecté localement du matériel génétique ont demandé de l’aide pour en effectuer la caractérisation. Tout comme lors de la dernière réunion du comité de pilotage, les besoins de formation exprimés étaient les suivants : formation sur la caractérisation des musacées, la rédaction scientifique et les méthodes lutte intégrée contre les maladies Les participants ont également demandé une formation sur le développement de cadres logiques. Le bureau de coordination ne devra pas ménager ses efforts afin de trouver des fonds pour le financement de certaines de ces formations, car elles sont indispensables à l’avancée de la recherche dans la région. Dans son rapport devant l’assemblée, le coordinateur régional a exprimé sa satisfaction quant aux progrès réalisés par le réseau. Des inventaires du matériel génétique vont avoir lieu dans sept pays. Des projets sur la culture des bananiers dans les zones périurbaines de deux villes du Ghana (Kumasi et Sekondi) et au Bénin (Cotonou) sont en cours de réalisation. Le bureau de coordination et l’INIBAP ont préparé des propositions visant à étendre les activités de recherches dans les pays membres du réseau. En vue de recueillir des informations sur le résultat des activités de recherche et de développement menées dans la sous-région par le passé, ainsi que sur les travaux en cours, il a été convenu que chaque pays préparerait une monographie sur ce sujet. De même, une base de données sur les activités en cours sera mise en place. Chaque pays devra remplir un questionnaire que le bureau de coordination a préparé à cet effet. Jean-Vincent Escalant, Secrétaire de PROMUSA, a invité les scientifiques de la région à participer à ce programme, après avoir présenté sa structure, ses objectifs et certaines des actions en cours. A l’issue de la réunion, il a été convenu ce qui suit : 1. La diversité des bananiers à l’échelle régionale est un fait avéré. Des missions de collectes devront être organisées, en particulier dans le bassin d’Afrique Centrale, où cette diversité semble être très importante. Les scientifiques nationaux seront formés aux techniques de collecte et de caractérisation des musacées. 2. Les technologies disponibles dans la région ont été répertoriées. Des brochures (ou autres supports) sur ces technologies, seront éditées en vue d’une large diffusion. 3. Après la réunion du comité de pilotage de MUSACO en l’an 2000, un atelier sera organisé afin que chaque pays fasse part des informations recueillies à l’issue des enquêtes menées et qu’un programme régional de recherche soit développé au cours d’un processus ascendant de réflexion. Pour finir, le comité a remercié la Belgique pour les fonds versés au bureau de coordina47 tion, dans l’espoir que cette contribution sera renouvelée. Le comité à réaffirmé son soutien à la proposition commune du CRBP et de MUSACO soumise à l’Union Européenne pour un financement dans le cadre du 8ème FED. Le comité de pilotage demande expressément à la Fondation Gatsby d’élargir son soutien aux activités de recherche sur les bananiers afin d’inclure un plus grand nombre de pays d’Afrique Centrale et d’Afrique de l’Ouest dans le réseau MUSACO. Culture de la banane dans les zones périurbaines d’Afrique de l’Ouest L’urbanisation est en progression constante dans beaucoup de pays en développement. La croissance d’une population urbaine à faible revenu entraîne le développement des cultures vivrières dans les cours des habitations, sur les bas-côtés des routes et sur les terrains vacants. Dans les zones de bas-fonds humides de l’Afrique de l’Ouest et centrale, ces cultures de jardin font une large place aux bananiers plantain, qui présentent plusieurs avantages : ils poussent facilement, n’ont pas besoin d’être replantés à chaque saison et produisent des fruits tout au long de l’année. En outre, du fait de leur rôle fondamental dans l’alimentation des populations de cette région, les bananes plantain trouvent aisément des débouchés dans les villes avoisinantes. Le ministère français de la Coopération a récemment approuvé un projet d’une durée de deux ans, dont l’objectif est de permettre aux chercheurs et vulgarisateurs du Ghana et du Bénin de distribuer des hybrides améliorés de bananiers et bananiers plantain aux cultivateurs de jardins périurbains. Dans le cadre de ce projet, il est prévu de familiariser les cultivateurs avec les méthodes de production en masse de matériel végétal sain. Le projet sera géré dans le cadre du Réseau Musa pour l’Afrique centrale et de l’Ouest (MUSACO) et l’INIBAP en assurera l’exécution au travers de son bureau régional. Les bananiers entrent dans la ville (Ghana). 48 Amérique latine et Caraïbes 8e réunion du Comité consultatif régional de LACNET Cette année, la 8e réunion du CCR du réseau de l’INIBAP pour l’Amérique latine et les Caraïbes (LACNET) a pris la forme d’un rassemblement spécial qui a eu lieu à La Havane (Cuba) du 5 au 8 novembre. Pour la première fois, la réunion du CCR s’est déroulée sous les auspices de FORAGRO (Foro Regional de Investigación y Desarrollo Tecnológico Agropecuario para América Latina y el Caribe). Ce dernier a pour objectif de servir de forum pour faciliter le dialogue, la concertation et les alliances stratégiques entre les différents acteurs des systèmes nationaux de recherche-développement agricole d’Amérique latine et des Caraïbes. Jorge Kondo, président de FORAGRO, a pris l’initiative d’envoyer des invitations spéciales aux pays membres du réseau LACNET pour les convier à cette réunion. Celleci a bénéficié du concours du personnel du ministère cubain de l’Agriculture, qui a veillé avec beaucoup d’efficacité à son organisation matérielle. Cette réunion avait pour principal objectif de jeter des bases pour établir un réseau de recherche-développement sur les bananiers et bananiers plantain en Amérique latine et dans les Caraïbes, sous les auspices de FORAGRO et avec la participation de tous les pays de la région. Dans le cadre de cette initiative, l’INIBAP continuera d’apporter un appui aux activités menées dans la région, au même titre que les autres organismes et donateurs qui financeront le réseau. Cette initiative marque le passage à un nouveau stade dans la coopération horizontale entre les pays de la région. A cette réunion ont participé 35 chercheurs des 13 pays suivants : Bolivie, Brésil, Colombie, Costa Rica, Cuba, République dominicaine, Equateur, Honduras, Jamaïque, Mexique, Panama, Porto Rico et Venezuela. Franklin E. Rosales et Lissette Vega (respectivement coordinateur du réseau LACNET et assistante administrative) ont également assisté à cette réunion, ainsi qu’Emile Frison et Jean-Vincent Escalant, du siège de l’INIBAP. Parmi les invités représentant des institutions figuraient Thierry Lescot (CIRADFLHOR, France), Elkin Bustamante (CATIE, Costa Rica), Bart Panis (KUL, Belgique), Rodolfo Arámbulo, Jorge Chang (FUNDAGRO) et Richard Taylor (EARTH, Costa Rica). La réunion s’est ouverte sur des présentations de Rodrigo Aveldaño (représentant de FORAGRO), Alfredo Gutiérrez, vice-ministre cubain de l’Agriculture, Emile Frison et Franklin Rosales. Richard Taylor a ensuite fait un exposé intitulé « scénarios et vision future de l’agriculture en Amérique latine et dans les Caraïbes », qui a été suivi de deux autres communications spéciales, l’une de Franklin Rosales sur l’origine et l’évolution de l’INIBAP, et l’autre de Bart Panis sur la « collaboration actuelle et future entre la KUL et les pays d’Amérique latine et des Caraïbes ». Des rapports nationaux ont été présentés par les représentants des différents pays. Des discussions ont ensuite eu lieu en groupes de travail sur les thèmes suivants : amélioration génétique, lutte intégrée contre les ennemis des bananiers, gestion des cultures et aspects socioéconomiques. Les groupes ont identifié des objectifs spécifiques et des domaines d’impact pour chacun de ces thèmes. Les activités recensées pour chaque domaine d’impact ont fait l’objet de discussions au cours d’une session plénière durant laquelle les points de force et les faiblesses ont été également analysés. La dernière session de la réunion a été consacrée à examiner un projet d’accord de coopération destiné à établir le nouveau réseau. Une déclaration du réseau a été élaborée et approuvée par tous les participants. Il a été décidé de lancer le nouveau réseau (MUSALAC) au début de l’an 2000, lors d’une réunion qui se tiendra à Pereira, en Colombie, à l’invitation de la CORPOICA et de l’université de Tolima. Les participants se sont rendus en excursion au Centre de recherche sur la génétique et les biotechnologies (CIGB), où le directeur adjoint par intérim, Carlos Borroto, leur a donné des informations intéressantes sur les avancées récentes de la recherche relative aux bananiers et bananiers plantain. Les participants ont également visité des exploitations où ils ont pu observer des hybrides de la FHIA, aujourd’hui largement cultivés à Cuba. Au cours du dîner de clôture, un témoignage de reconnaissance a été décerné à Ruben Guevara Moncada, directeur général du CATIE (Costa Rica). Celui-ci a apporté un appui précieux au réseau tout au long de ses deux mandats à la tête de cette institution, notamment en accueillant le bureau régional de l’INIBAP et en lui fournissant un soutien administratif et des locaux. Le réseau LACNET lui a marqué son appréciation en lui attribuant une plaque spéciale qui a été remise à Elkin Bustamante, qui le représentait à cette réunion. Nouvelles des Musa Afrique Le bananier plantain classé parmi les cultures prioritaires en Afrique de l’Ouest et centrale Au cours de sa 12 e session plénière, le CORAF (Conseil ouest et centre africain pour la recherche et le dévelopment agricoles) a classé les bananiers et bananiers plantain parmi les cultures prioritaires pour la recherche dans la zone centrale humide de la sous-région. Les bananiers et bananiers plantain ont aussi une place prioritaire dans le secteur de l’agriculture périurbaine, aux côtés des racines et tubercules, des légumes et du maïs. INFOMUSA — Vol 8, N° 2 Evaluation de variétés de plantains en Guinée Les bananes et les bananes plantain occupent une place importante dans l’alimentation des Guinéens, qui les consomment cuites sous diverses formes (bouillies, rôties, frites, etc.) ou crues lorsqu’il s’agit de bananes dessert. Conakry offre des débouchés qui sont encore loin d’être saturés. En réponse à cette demande, on assiste à un essor de la production dans la région de Guinée maritime. L’IRAG a évalué deux variétés de bananiers plantain introduites sous forme de vitroplants : Kelong Mekintu, French moyen, et Orishèle, plantain faux corne. Testées dans 12 champs de paysans, ces variétés ont toutes deux donné de bons rendements (respectivement 28,5 et 28,8 t/ha). Bien qu’il n’y ait eu aucune différence de rendement significative entre les deux variétés, les producteurs et les consommateurs locaux ont exprimé une préférence pour Orishèle. Pour toute information complémentaire, contacter : M. Lama, N. Sidibé et M.L. Barry, Centre de recherche agronomique de Foulaya (CRAF), BP 161, Kindia / IRAG, BP 1523, Conakry, République de Guinée. Des variétés améliorées de Musa commencent à avoir un certain impact en Tanzanie Les bananes sont l’aliment de base le plus important pour environ un million de personnes vivant dans la région de la Kagera en Tanzanie. Au cours des dernières années, les rendements ont diminué, essentiellement du fait d’une baisse de fertilité des sols, d’une recrudescence des ravageurs et des maladies et de la sécheresse. Dans le cadre du projet de développement de la communauté de la Kagera (Kagera Community Development Project, KCDP), financé par le gouvernement belge, des varié- tés améliorées ont été introduites, multipliées et distribuées dans la région (voir INFOMUSA 7(1): 15–17). Dix-neuf variétés différentes ont été obtenues du centre de transit de l’INIBAP et sont actuellement multipliées et distribuées pour évaluation. En collaboration avec des organisations gouvernementales et non-gouver- nementales, un nombre important de plantes sont multipliées localement afin d’être évaluées par les paysans eux-mêmes dans leurs champs et par des vulgarisateurs dans des sites spécifiques d’évaluation. Certaines de ces nouvelles variétés présentent des rendements nettement supérieurs à ceux des variétés locales, particulièrement dans les zones les plus touchées par la baisse de fertilité des sols et la sécheresse. Les résultats préliminaires des essais chez les agriculteurs montrent que les nouvelles variétés ont un impact majeur sur l’amélioration de la sécurité alimentaire des paysans les plus pauvres de la région. La demande des nouvelles variétés est importante et, dans quelques endroits, elles sont maintenant préférées aux variétés traditionnelles. Les variétés les plus prisées évaluées à ce jour sont FHIA-01, FHIA-03 et Yangambi Km5. Malgré tout, on peut penser que les hybrides FHIA-17, FHIA-23 et SH3436-9 seront également appréciés lorsqu’ils seront introduits chez les paysans. Pour plus d’information sur ce projet, contacter KCDP, PO Box 1745, Bukoba, Tanzanie. Europe La plus ancienne banane de Grande-Bretagne Récemment, alors qu’ils fouillaient un site médiéval au sud du vieux pont de Londres, les chercheurs du Musée de Londres ont eu la surprise de mettre au jour une peau de banane parfaitement préservée dans une fosse à ordures de l’époque des Tudor. Trouvée au même niveau que d’autres objets datant approximativement des années 1480, elle provient apparemment d’une banane de la fin du XVe ou du début du XVIe siècle. La découverte d’une peau de banane aussi ancienne – datant d’environ 500 ans et probablement consommée durant le règne de Henri VIII – est cause de perplexité pour les archéologues, car ce fruit exotique n’a commencé à être couramment importé en Angleterre qu’au XIXe siècle. A la suite de contacts entre l’INIBAP et le Musée de Londres, il a été convenu que celuici enverra un échantillon à l’INIBAP, qui prendra des dispositions pour le soumettre à une analyse moléculaire afin de déterminer le sous-groupe de cette banane de l’époque médiévale. Amérique latine et Caraïbes Diffusion de la cercosporiose noire aux Caraïbes Discussion autour des variétés améliorées. INFOMUSA — Vol 8, N° 2 D’après les résultats d’une mission de chercheurs du CIRAD-FLHOR à Haïti, la cerco- sporiose noire n’est pas présente pour l’instant dans ce pays, mais le risque est grand. Précédemment décelée à Cuba (1992), en Jamaïque (1994) et en République dominicaine (1996), cette maladie menace aujourd’hui la production bananière à Haïti, à Porto Rico et dans les Petites Antilles. Source : Fruitrop, septembre 1999. Une nouvelle maladie à Haïti ? Au cours de la même mission à Haïti, les chercheurs ont observé trois épidémies relativement sérieuses de pourriture humide du pseudotronc. Causée par la bactérie Erwinia carotovora, cette maladie est présente en Colombie, au Venezuela et en Equateur. Elle a déjà une forte incidence dans l’île et menace aussi les Grandes Antilles. Il est impossible de faire un diagnostic précis sur la base des symptômes observés. Des études sont en cours sur le (ou les) agent(s) responsable(s) de ce qui pourrait être une nouvelle maladie. Source : Fruitrop, septembre 1999. Evaluation de Musa au Nicaragua Un projet d’évaluation de Musa au Nicaragua, associant des partenaires de Belgique (VVOB et KUL) avec l’Universidad Nacional Autonoma de Nicaragua (UNAN-León), le Centro de Enseñanza Técnica Agropecuaria (CETAChinandega) et BANANIC, va de l’avant. Ce projet a pour objectif d’introduire des variétés améliorées de bananiers et de bananiers plantain, de les évaluer et de les diffuser auprès des producteurs dans la région de León et de Chinandega. A ce jour, le projet collabore avec 50 producteurs appartenant à 15 communautés paysannes. Quinze accessions du Centre de transit de l’INIBAP ont été introduites et soumises à une évaluation préliminaire à la ferme expérimentale de l’université, ce qui a permis d’en sélectionner neuf pour les multiplier et les distribuer aux producteurs. Le laboratoire de culture de tissus de l’université produira environ 5000 plants qui seront distribués cette année. On espère porter ce chiffre à 15 000 plants l’année prochaine. Des informations sur ce projet sont disponibles à l’adresse suivante : http://www.unanleon.edu.ni/~vitro/ Asie et Pacifique La consommation de bananes fait baisser la tension artérielle D’après les résultats obtenus par des chercheurs indiens, la banane permet de traiter l’hypertension. Ces chercheurs ont démontré qu’une consommation de deux bananes par jour permet de faire baisser la tension artérielle de 10 %. Ils attribuent cet effet à des composés du fruit qui se comportent comme les inhibiteurs de l’enzyme convertissante d’angiotensine (ECA) – catégorie de médicament communément utilisée pour traiter l’hypertension. Dans un article publié par la revue Current Science, ces chercheurs indiens indiquent qu’ils ont trouvé des propriétés d’inhibition de l’ECA chez six variétés de 49 bananes. Ces résultats confirment des études antérieures selon lesquelles les aliments riches en potassium, tels que la banane, aident à réduire la tension artérielle. Information donnée par Asia Week, 19 mars 1999. Un projet de recherche très rentable Selon un communiqué du CSIRO, un projet de lutte biologique contre un ravageur du bananier a permis à l’Australie et à la Papouasie-Nouvelle-Guinée d’économiser plusieurs centaines de millions de dollars qui seraient sinon partis en pertes de production. Il ressort d’un rapport récent qu’un projet de coût relativement modeste, consistant à utiliser une guêpe parasite (Cotesia erionatae) pour éliminer l’hespéride du bananier, s’est soldé par un gain de plus de 400 millions de dollars pour les deux pays. Les économistes ont chiffré le ratio avantages-coûts du projet à 607:1. Ce ratio pourrait même être encore plus élevé, car, comme le signale le rapport, il n’a pas été possible de quantifier tous les avantages de la lutte contre ce ravageur en Papouasie-Nouvelle-Guinée, où les habitants se servent des feuilles de bananier pour de multiples usages quotidiens, par exemple pour emballer les aliments ou pour assurer une protection contre la pluie. Des informations sur ce projet sont disponibles à l’adresse suivante : http://www.csiro.au/ La fusariose demeure l’ennemi n° 1 des bananiers en Asie La fusariose demeure la principale menace pour la production bananière en Asie, comme cela ressort des communications et des discussions du séminaire-atelier international qui s’est tenu récemment en Malaisie sur ce sujet. Les participants ont fait le point sur la contrainte que cette maladie constitue actuellement pour la production dans les différentes zones de culture bananière du monde, et notamment en Asie. Particulièrement préoccupants sont les rap- Bananiers infectés par la fusariose. 50 ports sur l’incidence d’une souche virulente de Fusarium oxysporum f. sp. cubense (race 4) qui dévaste les nouvelles plantations commerciales de Cavendish en Malaisie et en Indonésie, et qu’on a récemment décelée également dans le Territoire du nord de l’Australie. Si cette souche n’a pas encore été signalée dans les autres pays asiatiques, elle représente une grande menace pour ceux-ci. Un rapport a été présenté sur les résultats obtenus dans la sélection de variants somaclonaux dotés de résistance à la fusariose à Taiwan. On a créé, à partir de ces variants somaclonaux, des variétés à haut rendement résistantes à la maladie, qui sont aujourd’hui cultivées commercialement dans ce pays. Ce travail de sélection, combiné à l’utilisation de vitroplants sains, a permis de sauver l’industrie bananière locale. La United Plantation (Malaisie) et l’ITSC (Afrique du Sud), qui ont recours à la même approche, commencent aussi à obtenir des résultats positifs. Pour plus de détails, voir le rapport sur cette réunion en page 33 Un jardin botanique sert de site de conservation en Thaïlande Un nouveau jardin botanique a été récemment créé en Thaïlande. Conçu à la fois comme un site de conservation sur pied du matériel génétique de bananier local et comme un lieu de promenade et d’éducation pour le public, ce parc a été baptisé «Royal Queen Sirikit Botanical Garden» en l’honneur de la Reine de Thaïlande. Le professeur Wattanachaiyingcharoen, représentant de ce pays au sein du Comité consultatif régional du réseau ASPNET de l’INIBAP, fait fonction de conseiller du projet. La bananeraie permettra de conserver le matériel génétique de bananier national, tout en ayant une fonction d’éducation pour le public intéressé par les bananiers et leur taxinomie. L’utilisation du jardin botanique comme lieu de loisir et d’éducation fera tout d’abord l’objet d’une période d’essai pendant laquelle le site de démonstration se limitera à un hectare. Si l’expérience est réussie, la superficie de ce site sera portée à 10 hectares. Le jardin botanique est ouvert au public et contiendra ultérieurement l’ensemble de la collection nationale de bananiers, ainsi que des accessions internationales. Le gouvernement thaïlandais se propose également de construire un musée consacré aux bananiers et à la culture thaï. Toutes les contributions et publications sont les bienvenues pour aider à établir ce site. Contacter le professeur Wattanachaiyingcharoen à l’adresse suivante : Faculty of Agriculture, Natural Resources and Environmental Science, Naresuan University, Phitsanulok 65000, Thaïlande. Tél. 661-8369049, 66-55-261038-41 poste 2737, fax : 66-55-261040, courrier électronique : [email protected]. Bananiers dans le « Royal Queen Sirikit Botanical Garden ». Lancement de FHIA-01 et FHIA-03 par le MARDI en Malaisie La banane est, après le durian, l’un des principaux fruits produits en Malaisie. Couvrant environ 15 % des surfaces fruitières du pays (39 000 ha), sa culture rapporte quelque 7,5 millions de dollars de recettes d’exportation. Cependant, elle est menacée par la fusariose, causée par le champignon tellurique Fusarium oxysporum f. sp. cubense. Plusieurs plantations de la variété semi-naine de type Cavendish Grande Naine ont été sévèrement touchées par cette maladie. Des cultivars locaux tels que Pisang Mas, Pisang Berangan, Pisang Rastali, Pisang Embun, Pisang Raja, Pisang Abu Nipah et Pisang Awak succombent également à ses attaques lorsqu’ils sont plantés dans des zones sensibles. A la suite des essais réalisés sur des hybrides améliorés dans le cadre du Programme international d’évaluation des Musa (IMTP), le MARDI a décidé de lancer officiellement FHIA-01 et FHIA-03. Le 18 octobre 1999, durant le séminaire-atelier sur la fusariose, le ministre malaisien de l’Agriculture, Datuk Amar Dr Sulaiman Bin Haji Daud, a annoncé que ces deux hybrides allaient être distribués dans le pays. Parmi les personnes assistant à ce lancement figuraient le directeur général du MARDI, Dato’ Dr Md. Sharif Ahmad, la représentante de la Malaisie au sein du CCR du réseau ASPNET, Siti Hawa Jamaluddin, et le coordinateur régional du réseau ASPNET, Agustín B. Molina. Ces hybrides seront proposés aux producteurs malaisiens en remplacement des variétés de bananiers précédemment cultivées dans des zones infectées par la fusariose qu’il faudrait sinon abandonner, ou dans des zones où les conditions sont difficiles, mais où la culture de la banane demeure néanmoins populaire. Ces hybrides, qui se caractérisent par une bonne résistance/tolérance à la fusariose aussi bien qu’aux cercosporioses, et par un plant très vigoureux et des rendements supérieurs, devraient permettre de redynamiser la filière bananière locale dont l’activité est actuellement fléchissante. On pense que FHIA-01 et FHIA-03 offrent un excellent potentiel pour l’industrie de transformation, qui pourra en tirer divers produits : sauce à base de banane, farine, banane fumée (« salai »), frites, chips, divers types d’amidon, amylose et gélifiant pour confiserie. INFOMUSA — Vol 8, N° 2 Les adresses de l’INIBAP • Siège : Parc Scientifique Agropolis II 34 397 Montpellier Cedex 5 - FRANCE E-mail : [email protected] http://www.inibap.fr Directeur Dr Emile FRISON E-mail : [email protected] Responsable des Recherches sur les Ressources Génétiques Dr Jean-Vincent ESCALANT E-mail : [email protected] Responsable de la Conservation du Matériel Génétique Melle Suzanne SHARROCK E-mail : [email protected] Responsable de l’Information et de la Communication Melle Claudine PICQ E-mail : [email protected] Responsable du MGIS Melle Elizabeth ARNAUD E-mail : [email protected] Responsable Financier Mr Thomas THORNTON E-mail : [email protected] • Bureau Régional pour l’Amérique latine et les Caraïbes Coordinateur Régional Dr Franklin E. ROSALES, C/o CATIE, Apdo 60-7170 Turrialba, COSTA RICA Tel/Fax : (506) 556 2431 E-mail : [email protected] • Bureau Régional pour l’Asie et le Pacifique Coordinateur Régional Dr Agustín MOLINA C/o PCARRD Los Baños, Laguna 4030, PHILIPPINES Fax: (63 49) 536 05 78 E-mail : [email protected] • Bureau Régional pour l’Afrique de l’Ouest et centrale Coordinateur Régional Dr Ekow AKYEAMPONG Expert associé, Entomologie Stjin MESSIAEN C/o CRBP - BP 12438 Douala, CAMEROUN Tel/Fax : (+237) 42 91 56 E-mail : [email protected] Bureau Régional pour l’Afrique orientale et australe Coordinateur Régional Dr Eldad KARAMURA Coordinateur Adjoint Dr Guy BLOMME P.O. Box 24384 Kampala, OUGANDA Fax: +(256-41) 28 69 49 E-mail: [email protected] Centre de Transit INIBAP (ITC) Responsable : Melle Ines VAN DEN HOUWE Katholieke Universiteit Leuven Laboratory of Tropical Crop Improvement Kardinaal Mercierlaan 92 B-3001 Heverlee, BELGIQUE Fax: (32 16) 32 19 93 E-mail : [email protected] Experts associés, Nématologie Inge VAN DEN BERGH C/o VASI, Van Diem, Than Tri Hanoi, VIET-NAM Fax: (84 4) 86 13 937 E-mail : [email protected] Thomas MOENS C/o CORBANA Station de recherche La Rita Apdo 390-7210, Guápiles, COSTA RICA Fax : (506) 763 30 55 E-mail : [email protected] Conseils aux auteurs Les textes dactylographiés seront préparés en français, anglais ou espagnol et envoyés au rédacteur en chef de la revue. Ils seront présentés en double interligne. Toutes les pages seront numérotées (y compris les tableaux, figures, légendes et références) à partir de la page de titre. Le titre sera le plus court possible. Mentionnez le nom complet de tous les auteurs ainsi que leur adresse au moment de l’étude. Indiquez également l’auteur auquel doivent être adressées les correspondances. Si le texte a été saisi sur un système informatisé, merci d’envoyer avec votre version imprimée une copie sur disquette ou par courrier électronique en indiquant les références du logiciel de traitement de texte utilisé. • Résumés Un résumé dans la langue du texte et éventuellement dans les deux autres langues de la revue devra accompagner la contribution. Il ne devra pas excéder 200 à 250 mots. • Sigles Il seront développés lors de leur première apparition dans le texte et suivis du sigle entre parenthèses. INFOMUSA — Vol 8, N° 2 • Bibliographie Les références bibliographiques seront présentées par ordre alphabétique d’auteurs. L’appel à référence dans le texte indiquera le nom de l’auteur et l’année de publication (ex : Sarah et al. 1992). Vous trouverez ci-dessous trois exemples de références parmi les plus courantes : Articles de périodiques : Sarah J.L., C. Blavignac & M. Boisseau. 1992. Une méthode de laboratoire pour le criblage variétal des bananiers vis-à-vis de la résistance aux nématodes. Fruits 47(5): 559-564. Livres : Stover R.H. & N.W. Simmonds. 1987. Bananas (3 rd edition). Longman, Londres, Royaume Uni. Articles (ou chapitres) de publications non-périodiques : Bakry F. & J.P. Horry. 1994. Musa breeding at CIRAD-FLHOR. Pp. 169-175 in The Improvement and Testing of Musa: a Global Partnership (D.R. Jones, ed.). INIBAP, Montpellier, France. • Tableaux Numérotez-les et faites référence à ces numéros dans le texte. Chaque tableau sera accompagné d’un titre. • Illustrations Numérotez-les et faites référence à ces numéros dans le texte. N’oubliez pas d’indiquer les légendes. Graphiques : Merci de fournir avec le graphique les données brutes correspondantes. Dessins : dans la mesure du possible, fournir des originaux. Photographies noir et blanc : elles doivent être tirées sur papier brillant et très contrastées. Photographies en couleur : fournir un très bon tirage papier ou des diapositives de bonne qualité. Note : Les auteurs citant dans leur article du matériel végétal originaire du Centre de transit de l’INIBAP (ITC) à Leuven ou indexé dans ce centre indiqueront les numéros de code ITC des accessions citées. Merci de suivre ces conseils. Cela facilitera et accélérera le travail d’édition. 51 Les publications de l’INIBAP Disponibles au Siège central à Montpellier : CIRAD/INIBAP 1998. Les bananes. INIBAP/EARTH/IDRC 1999. F.E. Rosales, S.C. Tripon y J. Cerna (eds). Organic/environmentally friendly banana production. Proceedings of a workshop held at EARTH, Guácimo, Costa Rica, 27-29 July 1998 (in press). INIBAP/ACIAR 1997. E. Arnaud & J.P. Horry (eds). Musalogue, a catalogue of Musa germplasm: Papua New Guinea collecting missions 1988-1989. INIBAP/CRBP/CTA/CF 1999. C. Picq, E. Fouré, E.A. Frison (eds). Bananas and food security/Les productions bananières: un enjeu économique majeur pour la sécurité alimentaire. Proceedings of an International Symposium held in Douala, Cameroon, 10-14 November 1998 (in press). INIBAP/FHIA. 1999. F.E. Rosales, E. Arnaud and J. Coto (eds). A tribute to the work of Paul H. Allen: a catalogue of wild and cultivated bananas: (in press). INIBAP/EARTH/CIID 1999. F.E. Rosales, S.C. Tripon y J. Cerna (eds). Producción de banano orgánico y, o, ambientalmente amigable. Memorias del taller internacional organizado en la EARTH, Guácimo, Costa Rica, 2729 de Julio 1998. INIBAP/RF/SDC 1999. E.A. Frison, C.S. Gold, E.B. Karamura & R.A. Sikora (eds). Mobilizing IPM for sustainable banana production in Africa. Proceedings of a workshop on banana IPM held in Nelspruit, South Africa, 23-28 November 1998. INIBAP 1999. E. Akyeampong (ed.). Musa Network for West and Central Africa. Report of the second Steering Committee meeting held at Douala, Cameroon, 15-16 November 1998. INIBAP 1999. Annual Report 1998. INIBAP 1999. K. Shepherd. Cytogenetics of the genus Musa. INIBAP 1998. E. Akyeampong (ed.) Musa Network for West and Central Africa. Report of the first Steering Committee meeting held at Douala, Cameroun, 8-10 Decembre 1998. INIBAP 1998. E.A. Frison & S.L. Sharrock (eds). Banana streak virus: a unique virus-Musa interaction? Proceedings of a workshop of the PROMUSA virology working group held in Montpellier, France, 19-21 January 1998. INIBAP 1998. C. Picq (ed.). Segundo seminario/taller de la Red regional de información sobre banano y plátano de America Latina y el Caribe. San José, Costa Rica, 10-11 de Julio 1997. INIBAP 1998. B.K. Dadzie. Post-harvest characteristics of black Sigatoka resistant banana, cooking banana and plants hybrids. INIBAP Technical Guidelines 4. INIBAP 1998. G. Orjeda en collaboration avec les groupes de travail de PROMUSA sur la fusariose et les cercosporioses. Evaluation de la résistance des bananiers aux cercosporioses et à la fusariose. Guides techniques INIBAP 3. INIBAP 1998. Annual Report 1997. INIBAP/CTA/FHIA/NRI/ODA 1997. B.K. Dadzie & J.E. Orchard. Evaluation post-récolte des hybrides de bananiers et bananiers plantain : Critères et méthodes. Guides techniques INIBAP 2. INIBAP/CTA 1997. P.R. Speijer & D. De Waele. Evaluation du matériel génétique de Musa pour la résistance aux nématodes. Guides techniques INIBAP 1. INIBAP/The World Bank 1997. E.A. Frison, G. Orjeda & S. Sharrock (eds). PROMUSA: A Global Programme for Musa Improvement. Proceedings of a meeting held in Gosier, Guadeloupe, March 5 and 9, 1997. Disponibles directement auprès d’ASPNET : INIBAP-ASPNET 1999. V.N. Roa & A.B. Molina (eds). Minutes: Eighth meeting of INIBAP-ASPNET Regional Advisory Committee (RAC) hosted by the Queensland Horticulture Institute (DPI) in Brisbane, Australia, 21-23 October 1998. INIBAP-ASPNET 1998. Minutes: Seventh meeting of INIBAP-ASPNET Regional Advisory Committee (RAC) hosted by the Vietnam Agricultural Science Institute (VASI) in Hanoi, Vietnam, 21-23 October 1997. INIBAP-ASPNET 1997. V.N. Roa & R.V. Valmayor (eds). Minutes: Sixth meeting of INIBAP-ASPNET Regional Advisory Committee (RAC) hosted by National Research Center on Banana (ICAR) in Tiruchirapalli, India, 26-28 September 1996. INIBAP-ASPNET 1996. R.V. Valmayor, V.N. Roa & V.F. Cabangbang (eds). Regional Information System for Banana and Plantain - Asia and the Pacific (RISBAP): Proceedings of a consultation/workshop held at Los Baños, Philippines, 1-3 April 1996. (ASPNET Book Series No. 6). INIBAP-ASPNET 1996. V.N. Roa & R.V. Valmayor (eds). Minutes: Fifth meeting of INIBAP-ASPNET Regional Advisory Committee (RAC) hosted by MARDI in Serdang and Langkawi, Malaysia, 6-9 October 1995. INIBAP-ASPNET 1994. V. N. Roa & R. V. Valmayor (eds). Proceedings, Fourth Meeting of the Regional Advisory Committee, Asia and Pacific Network hosted by Taiwan Banana Research Institute in Chiuju, Pingtung, Taiwan, 21-25 November, 1994. INIBAP-ASPNET 1994. R. V. Valmayor et al. (eds). Banana Nematodes and Weevil Borers in Asia and the Pacific: Proceedings of a conference held in Sergang, Selangor, Malaysia, 18-22 April 1994. (ASPNET Book Series No. 5). PROMUSA N° 4 Sommaire Réunion du groupe de travail PROMUSA sur la fusariose . . . . . . . .p. I Troisième réunion FAO/AIEA de coordination de la recherche sur le projet « Biologie et biotechnologies cellulaires, incluant les techniques de mutation, en vue de la création de nouveau génotype utiles de bananiers » . . . . . . . . . . . . . . . .p. VI Qu’est-ce que PROMUSA? Le programme mondial pour l’amélioration des bananiers (PROMUSA) est un programme qui cherche à impliquer les principaux acteurs de l’amélioration des bananiers. Il est un moyen de relier le travail mené sur les problèmes des producteurs travaillant pour l’exportation et les initiatives dans le domaine de l’amélioration de la production d’autosubsistance et à petite échelle pour les marchés locaux. Le programme mondial est basé sur les acquis de la recherche et se construit sur les recherche en cours. PROMUSA est donc un mécanisme qui permet de maximiser les résultats et d’accélérer l’impact de l’effort mondial en matière d’amélioration des bananiers. Ce mécanisme novateur, qui permet de catalyser les recherches menées tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du GCRAI, favorise la création de nouveaux partenariats entre les Systèmes nationaux de recherche agricole (SNRA) et les instituts de recherche dans les pays développés et dans les pays en voie de développement. La création de tels partenariats contribue aussi à renforcer la capacité des SNRA à conduire des recherches sur les bananiers. L’une des initiatives majeures de PROMUSA est le développement d’un large éventail de nouveaux hybrides de bananier correspondant aux différentes attentes des petits producteurs du monde entier. Le programme rassemble à la fois les acteurs de l’amélioration conventionnelle, basée sur les techniques d’hybridation et ceux travaillant sur des approches liées au génie génétique et aux biotechnologies. Cet effort en matière d’amélioration génétique s’appuie sur les recherches menées sur des ravageurs et des maladies spécifiques dans le cadre des différents groupes de travail de PROMUSA. Le mécanisme efficace mis en place pour évaluer les nouvelles variétés produites dans le cadre de PROMUSA est une autre composante essentielle du programme. INFOMUSA — Vol 8, N° 2 PROMUSA Un programme mondial pour l’amélioration des Musa Réunion du groupe de travail PROMUSA sur la fusariose 21-22 octobre 1999, Malaisie La troisième réunion du groupe de travail sur la fusariose (GTF) a eu lieu les 21 et 22 octobre 1999 à Kuala Lumpur en Malaisie, à l’occasion du séminaire international sur « La fusariose des bananiers : vers une culture durable ». Participants Membres du groupe de travail et invités : Zaag de Beer, Julio Hernandez, Siti Hawa Jamaluddin, Africano Kangire, Natalie Moore (rapporteur), Gisella Orjeda (INIBAP, PROMUSA), Aristoteles Pires de Matos, Randy Ploetz, Mike Rutherford, Suzy Bentley, Liew Kon Wui, Nik Masdek, Agustín Molina, Ibrahim Omar, Anita Severn-Ellis et Altus Viljoen, Absents (excusés) : Ken Pegg, Mike Smith et Mauricio Rivera. Introduction Les discussions ont porté principalement sur quatre thèmes : • problèmes de gestion de la fusariose ; • phase III de du Programme international d’évaluation des Musa (IMTP) ; • aspects concernant les autres groupes de travail de PROMUSA ; • mise à jour des documents du groupe de travail sur la fusariose. Problèmes de gestion de la fusariose Les aspects suivants ont été examinés : diversité de l’agent pathogène, stratégies de gestion de la maladie, épidémiologie et autres thèmes de recherche. Le contenu et les points saillants des discussions sont résumés ci-après. Le tableau 1 donne des détails sur les actions recommandées, les pos- sibilités de recherche et les collaborations envisagées. Diversité de l’agent pathogène Les participants ont discuté de ce sujet à la fois sous l’angle de la diversité génétique de l’agent pathogène et de la diversité pathogénique des isolats de Fusarium oxysporum f.sp. cubense (Foc). Ils ont jugé nécessaire de développer la formation à l’utilisation des techniques DAF et GCV, et de poursuivre la collecte et l’analyse d’échantillons dans certaines régions du monde. Ils ont recommandé de créer une base de données centralisée sur la diversité génétique de Foc, en établissant des liens avec les informations sur la réaction des cultivars indigènes et des hybrides à cet agent pathogène (par exemple, base de données MGIS). Les participants ont aussi souligné la nécessité de mettre au point un protocole pour effectuer des tests de pathogénicité en utilisant des isolats purifiés de Foc, afin de permettre à chaque pays de faire lui-même ses analyses. Pour les diagnostics, il faudrait disposer d’un système de détection de Foc afin de faciliter les études sur la diversité, la gamme des hôtes et la lutte biologique et culturale. Stratégies de gestion de la maladie La mise en place de stratégies de gestion de la maladie suppose des actions d’éducation et de sensibilisation des producteurs, notamment en ce qui concerne l’utilisation de matériel végétal sain et de variétés résistantes. Les mesures de quarantaine, qui sont indispensables pour prévenir la diffusion de la maladie, doivent être envisagées au niveau de chaque pays. Il convient de déterminer pourquoi les vitroplants font PROMUSA I preuve de davantage de sensibilité à Foc et de mener des recherches sur les microorganismes ayant une action bénéfique sur la vigueur et la résistance des plants. Les participants ont identifié plusieurs domaines de recherche sur la lutte biologique, chimique et culturale, qui sont indiqués dans le tableau 1. En outre, ils ont recommandé de travailler en liaison étroite avec le groupe de travail sur l’amélioration génétique en vue du développement de variétés résistantes. Enfin, l’idée de la création d’un programme d’amélioration/sélection localisé en Asie a recueilli une forte adhésion. Epidémiologie Dans le domaine de l’épidémiologie, il est nécessaire de mener des recherches plus poussées sur les aspects suivants : effets de l’engorgement, du froid et du pH sur l’agent pathogène, développement temporel et spatial de la maladie, taux de survie de l’agent pathogène. Autres thèmes de recherche Le groupe a identifié trois autres domaines prioritaires de recherche : • mise au point d’un test de criblage des plantules pour faciliter l’évaluation du ma- tériel des programmes d’amélioration et les bioanalyses ; • collecte de matériel génétique local et évaluation de sa réaction à Foc ; • recherches sur la fausse maladie de Panama. Phase III de l’IMTP L’une des priorités consiste à assurer aux pays qui participent pour la première fois à l’IMTP une formation à l’utilisation des protocoles d’évaluation du matériel génétique. En outre, il importe de réfléchir aux moyens de promouvoir l’adoption des variétés résistantes à la suite des essais IMTP. Les participants ont recommandé de mettre en place des parcelles de démonstration, en liaison avec la formation des producteurs dans des domaines tels que l’utilisation de matériel végétal sain. Aspects concernant les autres groupes de travail de PROMUSA Les participants ont examiné le rapport de la réunion du groupe de travail sur l’amélioration génétique inclus dans PROMUSA n° 2 (INFOMUSA Vol. 7, n° 2). Ils ont apporté quelques amendements au tableau sur la fusariose, dont la version révisée est présentée ci-après (tableau 2). En outre, ils ont souligné que l’identification de marqueurs moléculaires pour la résistance à Foc doit constituer une priorité. L’accent a été mis sur le fait que la tâche prioritaire, au sein du groupe de travail, est de mettre au point un test de criblage des plantules et de le communiquer à d’autres laboratoires pour validation. Les autres groupes de travail, notamment celui sur la nématologie, pourraient collaborer à cette entreprise. Mise à jour des documents du groupe de travail sur la fusariose Les participants ont examiné et mis à jour les rapports du groupe de travail sur la fusariose préparés à la suite de la première réunion mondiale de PROMUSA (Guadeloupe, mars 1997). Les documents révisés seront diffusés sur le site Web de PROMUSA. Tableau 1. Résumé des recommandations et des possibilités de recherche sur les différents aspects de la gestion de la fusariose examinés pendant la réunion du groupe de travail sur la fusariose d’octobre 1999 à Kuala Lumpur. Aspect Actions recommandées Possibilités de recherche Collaborations envisagées Programme de formation aux techniques DAF et GCV (y compris isolement et stockage des cultures) – coordonné par l’INIBAP Etablir une base de données centralisée sur la diversité génétique, accessible à tous, sous les auspices de l’INIBAP/PROMUSA DPI, CRCTPP, UF, USM, CABI, ICIA, TBRI, KARI, etc. Assurer la liaison de la recherche sur les GCV de Foc avec le coordinateur GCV et établir des liens avec la base de données Un travail de collecte et d’analyse demeure nécessaire dans certaines régions du monde – identifier les régions géographiques à prospecter Tous pays, toutes institutions 1. Diversité de l’agent pathogène 1.1. Diversité génétique En cas de besoin, établir des doubles des collections de référence (souches de référence de Foc) qui serviront de collections nationales de référence (le stockage et l’utilisation devant être conformes aux règles de quarantaine) Le GTF devra établir un format standard d’information sur les isolats des collections Note de systématique à l’intention des revues internationales : renommer Foc pour Heliconia —> forma specialis différente (S. Bentley) 1.2. Diversité pathogénique Ajouter un module au MGIS pour enregistrer les réactions des cultivars indigènes et des hybrides à Foc – possibilité de liaison avec la base de données Foc Elaborer des projets de protocoles pour effectuer des tests de pathogénicité en utilisant des isolats purifiés de Foc, afin de permettre à chaque pays de faire ses propres analyses Rassembler les données existantes sur la gamme des hôtes dans les différents sites/pays du monde – base de données IMTP + données des différents pays Un travail de collecte et d’analyse demeure nécessaire dans certaines régions du monde – identifier les régions géographiques devant faire l’objet de prospections et d’études de diversité CABI/Afrique de l’Est Mettre au point un protocole pour tester les plantules (voir 4.1. ci-dessous) II PROMUSA INFOMUSA — Vol 8, N° 2 Tableau 1. (suite) Aspect Actions recommandées Possibilités de recherche Collaborations envisagées 1.3. Système de diagnostic/détection Soumettre des souches d’ADN purifiées de Fusarium oxysporum et d’autres espèces de Fusarium à la collection de cultures du CRCTPP pour évaluer la spécificité du système de détection (S. Bentley) (vérifier tout d’abord l’autorisation de l’AQIS) Mettre au point un système de détection de Foc (dans le matériel végétal et dans le sol) afin de faciliter les études sur la diversité, la gamme des hôtes et la lutte biologique et culturale CRCTPP, etc. 2. Stratégies de gestion de la maladie 2.1. Education et sensibilisation 2.2. Mesures de quarantaine pour prévenir la diffusion de l’agent pathogène 2.3. Utilisation de matériel végétal sain Produire une fiche d’information générale à l’intention des producteurs bananiers et du public DPI/CABI/INIBAP Encourager la mise en place de parcelles de démonstration en milieu paysan afin de sensibiliser les producteurs – en liaison avec les parcelles de démonstration visant à développer l’utilisationdes vitroplants et à introduire des variétés résistantes (inclure des témoins sensibles) UP + ? Chaque pays devra adapter la fiche d’information du point 2.1en fonction des conditions et réglementations locales – sensibiliser le personnel chargé de l’application des protocoles de quarantaine Il faudra sans doute des enquêtes plus poussées dans certains pays pour déterminer la distribution nationale/régionale des différentes souches/GCV de Foc Rassembler les protocoles existants afin d’élaborer une fiche d’information sur la désinfection du matériel, des outils, des pédiluves, etc. Etudes sur les hôtes alternatifs : rassembler les données existantes sur Foc et effectuer de nouvelles études là où existent des conditions naturelles appropriées (par ex., palmier à huile en Malaisie) Le GTF devra évaluer l’efficacité des recommandations actuelles afin de remédier aux lacunes éventuelles Mettre au point un système de détection de l’agent pathogène dans le matériel végétal et dans le sol (voir 1.3 et 3) Appliquer les mesures de quarantaine aux niveaux national et international prévues par les protocoles de la FAO pour le transfert du matériel génétique de bananier Il faudra sans doute mener ultérieurement des recherches pour tester/ améliorer les protocoles actuels d’hygiène des plantations, etc. Se servir des parcelles de démonstration en milieu paysan pour sensibiliser les producteurs aux avantages du matériel végétal sain (vitroplants) Nécessité d’étudier pourquoi les vitroplants font preuve de davantage de sensibilité à Foc QDPI + autres ? Rassembler les protocoles de gestion des vitroplants en vue d’adopter des lignes directrices appropriées pour les petits producteurs Etudier les microorganismes ayant une action bénéfique sur la vigueur et la résistance des plants QDPI, USM, ICIA, ARC-ITC, EMBRAPA, etc. Chiquita et UPLB aux Philippines ; MARDI et EPA en Malaisie Introduire des modalités d’accréditation pour la production et la distribution de vitroplants Mettre en place des systèmes locaux assurant la traçabilité du matériel végétal en provenance des sources accréditées afin de pouvoir suivre les épidémies ultérieures 2.4. Développement de variétés résistantes L’idée d’un programme d’amélioration/sélection localisé en Asie est à étudier Identifier de nouveaux hybrides, cultivars indigènes et diploïdes primitifs à évaluer localement (voir 4.2 ci-dessous et recommandations du groupe de travail de PROMUSA sur l’amélioration génétique) Les programmes d’amélioration existants doivent se référer aux données des tests de pathogénicité et à la base de données sur Foc Mettre au point un test plus rapide pour le criblage des plantules (voir 4.1) afin de faciliter l’évaluation de la résistance du matériel génétique Le GTF devra rassembler les résultats des essais sur la résistance du matériel sauvage inclus dans les collections de matériel génétique Il importe de mieux comprendre les interactions hôte-pathogène pour ce pathosystème : – mécanismes de défense de l’hôte – mécanismes pathogéniques – Travailler en liaison avec le groupe de travail de PROMUSA sur l’amélioration génétique Les programmes d’amélioration devront procéder à des échanges de cultivars indigènes et d’espèces sauvages Identifier des marqueurs pour la résistance afin de faciliter le travail d’amélioration et de sélection CIRAD-FHLOR, CRCTPP + ? Accès global au matériel local résistant à la fusariose au travers des procédures INIBAP-ITC (et inclusion dans la phase III de l’IMTP) INFOMUSA — Vol 8, N° 2 PROMUSA III Tableau 1. (suite) Aspect Actions recommandées Possibilités de recherche Collaborations envisagées 2.5. Adoption de variétés résistantes Nécessité d’une formation à l’utilisation des protocoles d’évaluation de la phase III de l’IMTP Identifier des modalités de transfert de technologie et d’adoption par les producteurs Tous les pays participants (projet DFID actuellement mis en place en Afrique) Utilisation d’agents SAR – zinc, acide salicylique, Bion, acide phosphorique, agrume « Ecolife » Essais coordonnés – Australie, Afrique du Sud, Brésil Etudier l’utilisation de mycorhizes vésiculo-arbusculaires, bactéries et champignons comme agents de lutte biologique (en relation avec les études sur l’amélioration de la vigueur des vitroplants, voir 2.3 ci-dessus) QDPI, USM, ICIA, ARC-ITC, . EMBRAPA, etc Caractériser les sols défavorables à la fusariose QDPI, CRCTPP, ARC-ITC, ICIA Rassembler et diffuser les résultats des recherches sur les méthodes de lutte culturale (par ex., du TBRI et d’Inde) Etudier le rôle des amendements du sol – mélasse – «tourteaux de graines de moutarde»– Bangladesh – amendements à base de produits ligneux (également utiles pour lutter contre les nématodes) – analyses de sols QDPI, ARC-ITC, CABI, HRC (Bangladesh) + autres ? Tester la viabilité économique de ces méthodes dans des conditions différentes Rotation/culture annuelle – vérifier l’efficacité des stratégies de lutte biologique dans le cadre de ces systèmes TBRI (Taiwan), SCAU, NRCB, Inde, compagnies commerciales, EMBRAPA, Bangladesh Groupes de discussion avec des producteurs locaux en vue de définir des orientations et d’établir des essais en milieu paysan Gestion de l’eau (voir 3.1) Afrique du Sud, QDPI, UPLB Etudier l’utilisation de moyens biologiques pour décomposer le matériel du pseudotronc du bananier (Inde) Inde Elaborer et appliquer des protocoles locaux pour l’adoption des variétés résistantes avant leur mise en commerce afin d’assurer l’équité de leur distribution (INIBAP-ASPNET, programmes d’évaluation nationaux) L’utilisation de parcelles de démonstration est recommandée – en liaison avec les parcelles de démonstration visant à sensibiliser les producteurs aux avantages du matériel végétal sain (voir 2.3) Diffuser les résultats du projet DFID (en préparation) sur les modalités d’adoption Chaque pays devra élaborer des protocoles pour la commercialisation des nouvelles variétés 2.6. Lutte chimique/biologique 2.7. Lutte culturale 3. Epidémiologie – physiologie de la maladie Etudier les effets de l’engorgement/hypoxie et du froid en relation avec l’accroissement de l’incidence de la fusariose (ainsi que le pH de l’ensemble du profil du sol) Développement temporel et spatial de la maladie, par ex.chez la race tropicale 4 dans les nouvelles plantations de Cavendish en Malaisie Survie de l’agent pathogène dans le matériel végétal infecté – dans le sol et en l’absence de matériel hôte vivant (bananier et hôtes alternatifs) en surface (enfoui et en surface) Etude sur la diffusion de la maladie à partir du point source/ développement focal Possibilités de Masters et PhD Possibilités de Masters et PhD Nécessité de mettre au point un système de détection pour atteindre ces objectifs (voir 1.3) et de rassembler des informations sur les hôtes alternatifs (voir 2.2) IV PROMUSA INFOMUSA — Vol 8, N° 2 Tableau 1. (suite) Aspect Actions recommandées Possibilités de recherche Collaborations envisagées 4. Autres domaines de recherche prioritaires 4.1. Test de criblage des plantules Les protocoles doivent pouvoir être utilisés dans divers sites/ 1. Optimiser les protocoles USM (en faisant des tests laboratoires et être communiqués pour validation à d’autres dans différents laboratoires) laboratoires, y compris ceux pouvant tester 2. Les valider à l’aide de données sur les réactions en champ des souches non endémiques USM, UF, UPLB, CABI (souches non endémiques), QDPI La mise au point d’un test de criblage des plantules a un degré élevé de priorité, afin de faciliter l’évaluation du matériel des programmes d’amélioration et les bioanalyses (par ex., études sur l’amendement des sols et la lutte biologique) Voir également les documents de la réunion du GTF tenue au Cameroun 4.2. Collecte de matériel génétique indigène et évaluation de sa réaction à Foc 4.3. Fausse maladie de Panama Les programmes nationaux devront fournir du matériel authentifié selon les protocoles établis et le transmettre à l’ITC avec l’accord de transfert signé Elargir les collections nationales et authentifier le matériel qui y est inclus Nécessité de vérifier l’identité du matériel à l’ITC Une fois le matériel indigène identifié, déterminer sa réaction à Foc Rassembler les descriptions et images en couleur de cette maladie et les diffuser par courrier électronique aux groupes de travail de PROMUSA et sur le site Web de l’INIBAP Etudier la maladie aux îles Canaries (J. Hernandez) : enquêtes, analyses de sols, tests de pathogénicité, histologie Tous pays, toutes institutions – coordination par l’INIBAP-ASPNET Iles Canaries, Afrique du Sud, Afrique de l’Est Tableau 2. Tableau des priorités du groupe de travail sur l’amélioration génétique, modifié en fonction des priorités du groupe de travail sur la fusariose. Fusariose Disponibilité Lacunes dans la recherche Degré de priorité Ressources génétiques Oui – Cultivars indigènes (diploïdes primitifs) – Hybrides avancés – Autres sources de résistance, par ex. transgéniques – Mécanismes de résistance (diversité de l’agent pathogène, populations en ségrégation, gènes de résistance) 1 1 2 1 Programmes d’amélioration génétique Oui – Programmes d’amélioration asiatiques 1 – Résistance à la race 4 – Test de criblage des plantules – Optimisation et validation des protocoles EST – Quarantaine – Autres maladies 1 1 1 1 2 – Sensibilisation et évaluation – Adoption de nouveaux cultivars 1 1 – Disponibilité d’hybrides Oui, mais pas assez – Evaluation initiale – Essais multilocaux et en milieu paysan Evaluation mondiale Disponibilité de méthodes de lutte Oui Participants de la réunion du groupe de travail sur la fusariose de PROMUSA. INFOMUSA — Vol 8, N° 2 PROMUSA V Troisième réunion FAO/AIEA de coordination de la recherche sur le projet « Biologie et biotechnologies cellulaires, incluant les techniques de mutation, en vue de la création de nouveaux génotypes utiles de bananiers » Cette réunion, organisée du 4 au 8 Octobre 1999 à Colombo, Sri Lanka par la FAO et l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) avait pour but de faire le point sur les progrès accomplis, depuis la dernière réunion tenue en octobre 1997, en matière d’induction de mutations et de biotechnologies appliquées aux recherche bananières et de discuter des stratégies futures et du programme de travail détaillé de chaque institut ou laboratoire participant. L’INIBAP publie ci-après les résumés des communications présentées. Résumé des communications présentées Amélioration du bananier par manipulation et mutation in vitro Mak Chai1,Y.W.Ho2, K.W.Liew3, Azahar Mohd4, J.M.Asif1 et A.A. Mohamed1 1 University of Malaya, 2United Plantations Bhd, 3University of Science, 4Institute of Nuclear Technology Research, Malaisie. On a amélioré des cultivars locaux par manipulation in vitro, en les irradiant avec des rayons gamma. Le projet a utilisé les stratégies suivantes : sélection et micropropagation de variants naturels de cultivars sélectionnés ; exploitation de quelques variants somaclonaux ; induction de mutation par irradiation gamma ; mutation chomosomique par induction de polyploïdes in vitro ; utilisation de matériel génétique sauvage (Musa acuminata ssp. malaccensis). Micropropagation et évaluation de variants naturels Des cultivars bananiers traditionnels on été collectés dans de petits villages. Après micropropagation, ils ont été évalués dans le ‘point chaud fusariose’ (un champ de quarantaine infecté avec Fusarium oxysporum f. sp. cubense (Foc) race 4, GCV 01213). Après deux ans, les cultivars survivants dans le ‘point chaud’ sont Pisang Jari Buaya, Pisang Abu, Pisang Serendah et le cultivar introduit ‘Goldfinger’. Malgré tout, il n’est pas certain qu’ils possèdent le potenVI PROMUSA tiel et les caractéristiques requises pour être commercialisés. Exploitation de variants somaclonaux Notre rapport antérieur indiquait qu’une sélection de Pisang Rastali (AAB) issue de culture de tissus avait survécu plus de trois ans dans un champ fortement infecté de fusariose alors que tous les autres clones plantés étaient morts. Quand les rejets de ces plants de Pisang Rastali ont été plantés, après micropropagation, dans le ‘point chaud’ avec des plants de Cavendish, Pisang Berangan et Pisang mas, ils ont survécu à 51 % alors que tous les autres clones présents sont morts. On a alors sélectionné les plants de Pisang Rastali qui montraient le plus de vigueur et cette sélection a de nouveau été évaluée sur le ‘point chaud’ et comparée à Pisang Berangan, un mutant précoce de bananier Cavendish, Novaria (Mak et al. 1996), et ‘Goldfinger’ (AAAB), un tétraploïde connu pour ses résistance multiple et notamment à la fusariose. Après deux ans, Pisang Rastali s’est montré hautement tolérant à la fusariose par rapport à ‘Goldfinger’. Novaria a également montré une résistance de 7 % au cours de cet essai. Amélioration par mutation in vitro L’induction de mutation peut changer un ou plusieurs aspects sans altérer les caractéristiques d’un excellent cultivar (Novak 1991, 1992, Smith et al. 1995, Mak et al.1995). Un programme d’amélioration par mutation du cultivar local Pisang Berangan a dé- Quelques nouvelles de PROMUSA Au cours des six derniers mois, les activités de PROMUSA sont allées de l’avant dans plusieurs domaines. Le groupe de travail sur la fusariose s’est réuni en Malaisie en octobre (voir le rapport sur cette réunion), à l’occasion du symposium sur « La fusariose des bananiers : vers une culture durable ». La nomination de groupes restreints et de leurs présidents respectifs, qui est en cours, devrait faciliter les échanges d’informations et d’expériences entre les groupes de travail et en leur sein. A ce jour, la nomination des deux groupes restreints pour l’amélioration génétique et la nématologie est presque finalisée. Le secrétariat a établi plusieurs messageries électroniques (voir ci-après) afin de faciliter les échanges entre les membres des groupes de travail. De nouvelles initiatives de collaboration ont donné lieu à la soumission de projets PROMUSA dans le cadre du 5e PCRDT/NCO-DEV. Des discussions sont en cours entre les différents groupes en vue d’élaborer une ou plusieurs propositions supplémentaires pour le prochain appel de projets d’INCO-DEV en mars 2000. Groupe de travail sur l’amélioration génétique Plusieurs initiatives de collaboration ont été identifiées : • caryologie de Musa : CIRAD, IEB, IITA et AIEA ; • établissement d’une carte saturée de Musa afin de faciliter le travail des programmes d’hybridation : CIRAD, BTI, université de Francfort, IEB, CRBP, IITA ; • utilisation des mutations induites afin de faciliter le travail des programmes d’hybridation : CRBP, AIEA et IEB. Une collaboration étroite a été engagée entre le CIRAD-FLHOR, le CRBP et l’IEB en vue de mettre au point une nouvelle technologie pour purifier les fractions de chromosomes, qui sera d’une grande contribution pour l’analyse et la cartographie du génome de Musa. Il a été proposé de lancer une « initiative de génomique de Musa » dans le cadre du groupe de travail sur l’amélioration génétique, en faisant largement appel à la participation du secteur privé. Dans cette perspective, un atelier PROMUSA aura lieu sur ce thème au début de 2000 à Montpellier. INFOMUSA — Vol 8, N° 2 Groupe de travail sur les cercosporioses Au cours de la réunion de Douala, les membres de ce groupe de travail ont retenu les objectifs suivants : • parvenir à une compréhension précise de la structure des populations des agents pathogènes Mycosphaerella sp. La priorité a été donnée à l’Asie : on est en train d’élaborer un projet qui sera soumis à la Commission européenne (5e PCRDT/INCO-DEV) ; • efficacité, durabilité et gestion de la résistance. Analyse de la résistance (CIRAD/CRBP, IITA et FHIA) : la collaboration entre les programmes d’hybridation permettra de mieux comprendre quels sont les gènes impliqués et les mécanismes hérités (PR, HR) ; • mise au point de méthodes de criblage précoce. Le CIRAD et le CRBP collaborent au développement d’une méthode d’inoculation artificielle en conditions contrôlées. Des fragments de feuilles sont maintenus in vitro après inoculation avec des conidies. Groupe de travail sur la nématologie Il a été décidé d’organiser une réunion du groupe de travail de PROMUSA sur la nématologie lors du 14e symposium de la NSSA qui aura lieu en 2001 en Afrique du Sud. Paul Speijer s’est également proposé pour faire partie du comité d’organisation du symposium. Il est prévu de publier ensuite les actes de la réunion du Groupe de travail sur la nématologie. Echanges d’informations et visibilité Afin de faciliter les échanges d’informations entre les membres des différents groupes de travail, l’INIBAP a établi plusieurs messageries électroniques ‘Listserver’. Une pour tous ceux qui s’intéressent au programme global, [email protected], et une messagerie spécifique pour chacun des groupes de travail : [email protected] pour le groupe de travail sur l’amélioration génétique [email protected] pour le groupe de travail sur les cercosporioses [email protected] pour le groupe de travail sur la virologie [email protected] pour le groupe de travail sur la nématologie [email protected] pour le groupe de travail sur la fusariose. En outre, le site Web de PROMUSA a été mis à jour. Vous êtes invités à le visiter et à envoyer vos commentaires et idées pour l’améliorer et y inclure des liens et informations supplémentaires. L’adresse du site est : http://www.inibap.fr/promusa/ INFOMUSA — Vol 8, N° 2 buté en 1992 avec comme objectif l’utilisation de l’irradiation gamma afin d’induire des variations génétiques qui pourraient permettre la sélection de plantes tolérantes à la fusariose. Certaines sélections de Pisang Berangan obtenues par l’irradiation gamma ont semblé prometteuses et leur tolérance à la fusariose devra être confirmée par des essais. Une technique de criblage précoce des vitroplants vis-à-vis de la fusariose a été mise au point avec un système de double plateau. Cette méthode est maintenant adoptée pour des criblages préliminaires de variants somaclonaux et de plantes mutagènes pour évaluer leur tolérance à la fusariose à des concentrations connues de Fusarium oxsporum f. sp. cubense. Induction de polyploïdie in vitro L’induction in vitro de polyploïdes a produit un Pisang mas autotétraploïde (AAAA) qui sera soumis à une évaluation en champ. Les plantes tétraploïdes ont montré des feuilles fanées et des pseudostems non compacts. Malgré tout, ces particularités tendent à disparaître au fur et à mesure de la croissance des plantes. Utilisation de matériel génétique sauvage (Musa acuminata ssp. malaccensis) Des descendances de certaines populations de Musa acuminata ssp. malaccensis obtenues par culture d’embryons zygotiques ont été criblées vis à vis de Foc race 4 avec la méthode du double plateau. Pour chaque descendance, la ségrégation a été observée pour la tolérance à la fusariose. Les plus sensibles ainsi que le témoin sensible sont morts dans les quatre semaines suivantes. Les réactions de sensibilité et de tolérance à la fusariose et le potentiel de telles descendances sont en cours d’étude. Références Mak C., Y.W. Ho, Y.P. Tan, R. Ibrahim & K.W. Liew. 1995. Mutation reduction by gamma irradiation in a triploid banana Pisang Berangan. Malaysian Jour. Sci. 16A: 77-81. Mak C., Y.W. Ho, Y.P. Tan & R. Ibrahim 1996. Novaria – un mutant de bananier induit par irradiation gamma. INFOMUSA 5(1): 35-36. Novak F.J. 1991. In vitro mutation system for crop improvement. Pp. 327-342 in Plant mutation breeding for crop improvement. Vol. 2. IAEA, Vienna, Austria. Novak F.J. 1992. Musa (Bananas and Plantains). Pp. 449-488 in Biotechnology of perennial fruit crops. (F.A. Hammerschlag and R.E. Litz, eds). CAB. International. Wallingford, UK. Smith M.K., S.D. Hamil & P.W. Langhon. 1995. In vitro mutation breeding for the development of banana with resistance to Race 4, Fusarium wilt (Fusarium oxysporum f. sp. cubense). Pp. 37-44 in In vitro mutation breeding of bananas and plantains. IAEATECDOC-800. Application d’un traitement mutagène à des cultures in vitro de bananier plantain (Musa sp.) P. Wharton-Gill et Eva Willabus National Agriculture Research Institute, Mon repos, East Cost Demerara, Guyana. Toutes les variétés de bananiers plantain communément cultivées en Guyana étant sensible à la maladie de Moko (Ralstonia solanacaearum race 2), la stratégie de lutte la plus efficace consiste à utiliser des génotypes résistants/tolérants. Cependant, de tels génotypes ne pourront être introduits avec succès que s’ils sont adaptés aux conditions agroécologiques locales et acceptés des producteurs aussi bien que des consommateurs. La solution est donc de prendre des variétés supérieures sur le plan agronomique et de les améliorer génétiquement afin de leur conférer la résistance ou tolérance recherchée. Pour ce faire, on peut avoir recours à la mutation induite, combinée aux techniques de culture in vitro. Le NARI met en œuvre un projet de recherche en collaboration avec la FAO, l’AIEA et l’AGCD en vue d’améliorer génétiquement des cultivars de plantains locaux supérieurs, en combinant l’irradiation avec les techniques de culture in vitro. Il s’agit de créer des génotypes alliant la résistance et/ou tolérance à des caractères agronomiques optimaux. Le projet en est actuellement à sa quatrième année. Les principaux objectifs poursuivis dans cette quatrième année étaient les suivants : • collecter des cultivars de plantains supérieurs, procéder à leur micropropagation et envoyer les cultures à l’AIEA pour irradiation ; • mettre au point une technique permettant d’isoler R. solanacearum dans le sol à l’aide de milieux sélectifs ; • cribler les plantules irradiées pour déterminer leur résistance/tolérance à la maladie de Moko ; • caractériser génétiquement des isolats de R. solanacearum. Les activités de prospection, culture de méristèmes et expédition à l’AIEA pour irradiation sont en cours. Cependant, il importe de résoudre un problème qui se pose de PROMUSA VII manière récurrente : la contamination des cultures à leur arrivée à l’AIEA en Autriche. Afin de mettre au point une technique pour isoler R. solanacearum dans le sol, on a utilisé deux milieux semi-sélectifs : du chlorure de tétrazolium amendé avec de la chloromycétine (TZCC) et de la gélose dextrosée à la pomme de terre amendée avec du violet de méthyle (PDACV). On a comparé l’efficacité de ces deux milieux pour isoler la bactérie dans du sol artificiellement ou naturellement infecté. D’après les résultats obtenus, le milieu TZCC est significativement plus efficace que le milieu PDACV, quel que soit le type de sol. Pour procéder aux criblages en champ, on a établi des plantules irradiées et non irradiées (témoins) dans des parcelles infectées naturellement. Des observations sont en cours pour déterminer la résistance/tolérance de ces plants à la maladie ainsi que leurs caractères agronomiques. Pour l’instant, aucune différence n’est encore apparue dans la performance globale des deux types de plants. Les observations doivent être poursuivies durant les deuxième et troisième cycles de culture. On a analysé, à l’aide de l’AFLP, l’ADN extrait d’isolats de R. solanacearum en vue de déterminer le polymorphisme existant chez les isolats indigènes. Cette analyse a mis en évidence un niveau élevé de polymorphisme parmi les 18 isolats locaux. Ces résultats préliminaires ont des implications importantes pour la création d’un génotype résistant/tolérant, car ils indiquent que les plantains mutants pourraient avoir un degré de résistance ou de tolérance variable selon les régions. Mécanisme susceptible d’expliquer l’apparition du mutant « Cavendish » à feuilles longues et étroites (FLE) lors de la micropropagation Eli Khayat1, S. Regev2, M. Amira1 et A. Duvdevani1 1 Rahan R & D, Rosh Hanikra, Western Galilee 22825, Israël. Technion, Israel Institute of Technology, Dept. of Biology, Haifa, Israël. 2 Le pool génétique de bananiers cultivés pour l’exportation étant limité, les chercheurs sont amenés à se servir de nouvelles méthodes pour améliorer le matériel génétique. Depuis un certain nombre d’années, on a recours à la mutation et à la recombinaison de l’ADN des lignées « Cavendish ». VIII PROMUSA Bien qu’elle n’ait pas encore permis d’obtenir des variétés commerciales, la technologie de recombinaison de l’ADN se révèle particulièrement prometteuse pour créer du matériel doté de caractéristiques optimales. L’élaboration de protocoles de transformation et de régénération efficaces et fiables, se conjuguant avec la disponibilité de techniques de pointe (bioinformatique, librairies d’étiquettes de séquences exprimées, analyse électro-optique, etc.), augmente les chances d’atteindre des objectifs d’amélioration jusqu’à présent irréalisables. Cependant, il importe de partir d’une base génétique stable et de bonne qualité, et de disposer de plants indemnes de virus, de microorganismes et de nématodes. Pour ce faire, les sélectionneurs et l’industrie bananière disposent d’un outil très performant qui est la culture de tissus. Cependant, cette technique a pour inconvénient les mutations somaclonales qui apparaissent dans le cours du processus de culture in vitro. D’un autre côté, on peut utiliser la variation somaclonale pour sélectionner des clones supérieurs sur les plans du rendement et de la qualité des fruits. Rahan Meristem, institut spécialisé dans la micropropagation et la génétique moléculaire des bananiers, mène actuellement des recherches en vue d’élucider les mécanismes de la variation somaclonale chez les bananiers « Cavendish ». La plupart des variations somaclonales des « Cavendish » entrent dans trois catégories : un type de variants manifeste une hypersensibilité à l’acide gibbérellique GA (mutants géants), un autre type a une sensibilité réduite au GA (mutants nains) et le troisième type a des feuilles panachées. Ces trois types sont fortement induits par la durée de la culture de tissus et par le taux de multiplication à partir d’un explant donné. Nous avons supposé que la corrélation entre les mutations somaclonales et la durée de la culture de tissus était au moins en partie attribuable à l’activation d’éléments transposables. On a constaté qu’un élément rétrotransposable de type « copia » était transcrit après une culture de tissus de clones de bananiers de longue durée. Le génome de R-500 (clone de « Grande Naine » sélectionné par Rahan) contient au moins trois copies du gène BR-1. Après une période prolongée de culture de tissus, on a isolé un mutant distinctif présentant des feuilles longues et étroites. Le phénotype de ce mutant était détectable in vitro et il est demeuré stable pendant au moins 18 mois en champ. A l’aide de la RT-PCR, on a pu détecter le transcrit de BR-1 chez ce mutant. Une analyse par buvardage de Southern, avec BR 1 comme sonde spécifique, a révélé une intensification des bandes existantes. Nous avons formulé l’hypothèse que cette intensification des bandes reflétait la transposition de l’élément transcrit au voisinage de la séquence d’origine. Nous sommes en train de séquencer et de caractériser un clone génomique comprenant la séquence BR-1. Si les rétroéléments font partie de la cause naturelle de la variation somaclonale, nous ne devrions avoir qu’une variété limitée de mutants. Sélection en champ Les composantes du rendement des bananiers sont le poids du régime, le nombre de régimes à l’hectare et l’intervalle de temps entre deux cycles (précocité de la floraison). Du fait de la variation somaclonale, on trouve souvent des différences de rendement et de qualité des fruits entre les différents individus d’une population de clones. On a utilisé la déviation existant au sein d’une population multipliée par culture de tissus pour sélectionner des sources d’explants. Le dispositif de sélection comprenait 300 touffes se composant chacune de trois plants de « Grande Naine » obtenus par culture de méristèmes à partir de six clones mères selon la procédure de Cronauer et Krikorian (1984). Après trois mois d’acclimatation ex vitro, on a transféré les plants à la Station de recherche bananière de l’ouest de la Galilée. On a sélectionné les plants (rejets) porteurs de régimes selon les pratiques usuelles des producteurs de cette région d’Israël. On a pesé les régimes et enregistré les données sur une période de six ans (tableau 1). Les meilleurs clones, déterminés d’après les résultats de cette expérimentation, ont été multipliés par culture de méristèmes selon la procédure indiquée plus haut. La performance (rendement total), bien que différente d’un clone à un autre, a été systématiquement supérieure à celle du témoin. Tableau 1. Données relatives au régimes. Clone Paramètre Poids du régime (kg) 5-1 6-6 37-5 42-5 17-1 Témoin 37,82 37,47 35,68 37,44 33,44 30,47 Nombre de régimes/touffe/an 2,83 2,83 3,00 2,83 2,33 1,74 Rendement calculé (t/ha/an) 88,19 87,38 88,10 87,31 64,22 43,59 INFOMUSA — Vol 8, N° 2 Rôle de rétrotransposons dans la variation somaclonale Il apparaît clairement qu’une culture de tissus de longue durée induit une variation somaclonale. Toutefois, on ne connaît pas le mécanisme de ces mutations chez les bananiers. Dans des études récentes, Hirochica et al. (1996) ont démontré qu’une culture prolongée de cellules de riz activait des rétrotransposons. En outre, il a été établi qu’une blessure et l’application de jasmonate de méthyle induisent l’activation transcriptionnelle du rétroélément Tto 1 chez le tabac (Takeda et al. 1998). Les caractéristiques structurelles ainsi que l’activation transcriptionnelle de ces rétroéléments ressemblent à celles des rétrovirus. En conditions normales, ils demeurent à l’état latent, et quand il y a activation, ils sont transcrits, transcrits inversement en molécules d’ADNc et réintégrés dans de nouvelles régions chromatiques. Nous avons étudié l’activation de rétroéléments dans le génome du bananier en conditions de culture in vitro prolongée, induisant des phénotypes anormaux. Des variants somaclonaux, hypersensibles ou faiblement sensibles au GA, sont apparus. Les deux hors-type ont pu être détectés à l’aide d’un test relativement simple mis au point dans notre laboratoire (tableau 2). Les résultats de ce test étayent l’hypothèse selon laquelle les phénotypes « nain » et « géant » sont liés à la sensibilité au GA. Sandoval et al. (1995) ont montré qu’en plus de cette différence de sensibilité, il existe, entre les phénotypes « nain » et « géant » et le phénotype normal, une différence de répartition des divers métabolites du GA A l’aide d’amorces dégénérées provenant d’une séquence publiée du riz « Tos 17 » (Hirochica et al. 1996), nous avons isolé dans le génome de Musa un rétrotransposon putatif de 344 pb homologue de cette séquence. Nous nous sommes servis de la technique d’hybridation de Southern pour analyser l’ADN du méristème avant culture et celui des mutants, en utilisant BR-1 comme sonde. La sonde s’est hybridée avec deux fragments chez le témoin tandis qu’elle s’est hybridée avec au moins quatre fragments supplémentaires chez le mutant FLE. L’addition des bandes sur le buvardage indique une propagation du rétroélément chez les mutants FLE. A ce stade, le nombre de copies intégrées représentées par bande n’est pas clair. Toutefois, chez le mutant FLE, le signal hybridé était intensifié. Cela pourrait indiquer la multiplication de rétroélements tout près de la rétroséquence d’origine. Une cascade de rétroéléments a été signalée INFOMUSA — Vol 8, N° 2 Tableau 2. Influence de l’acide gibbérellique GA3 sur la longueur des « entrenœuds » chez des vitroplants de bananiers normaux et mutants, cultivés pendant cinq semaines sur un milieu contenant du GA3 ou sur un milieu sans hormone. Clone/traitement Témoin (sans hormone) GA3 (10 mg/l) Normal (cv. Grande Naine) 14,2 b 21,7 a chez d’autres espèces (San Miguel et al. 1996). Ce phénomène pourrait expliquer la fréquence élevée d’une variation phénotypique donnée. Si un gène associé à la sensibilité au GA se trouve tout près de la rétroséquence d’origine et que la distribution des insertions est biaisée en faveur de courtes distances, il faut s’attendre à un taux élevé de mutants faisant intervenir la sensibilité au GA. Nous sommes en train d’étudier cette hypothèse. Références Cronauer S.S. & A.D. Krikorian. 1984. Multiplication of Musa from excised stem apices. Annals of Botany 53:321-328. Hirochika H., K. Sugimoto, Y. Otsuki, H. Tsugawa & M. Kanda M. 1996. Retrotransposons of rice involved in mutations induced by tissue culture. Proc. Natl. Acad. Sci. USA 93, pp.7783-7788. SanMiguel P. et al. 1996. Nested Retrotransposons in the Intergenic Regions of the Maize Genome. Science 274: 765-768 Sandoval J., F. Kerbelec, F. Côte & P. Doumas. 1995. Distributions of endogenous gibberellins in dwarf and giant off-types banana (Musa acuminata AAA cv. ‘Grand Nain’) plants from in vitro propagation. Plant Growth Regulation 17:219-224. Takeda S., K. Sugimoto, H. Otsuki & H. Hirochika. 1998. Transcriptional activation of the tobacco retrotransposon Tto 1 by wounding and methyl jasmonate. Plant Molecular Biology 36: 365-376. Approches de l’amélioration génétique de Musa spp. Peter J. Balint-Kurti1, S.K. Clendennen2, Al.C.L. Churchill, J. Dolezela, T.R. Ganapathi3, N.S. Higgs, H. Mason, C.J. Arntzen, G.D. May4, J.M. Van Eck The Boyce Thompson Institute for Plant Research, Tower Rd., Ithaca, NY 14853-1801, Etats-Unis a Institute of Experimental Botany, Laboratory of Molecular Cytogenetics and Cytometry, Sokolovská 6, CZ-77200 Olomouc, République tchèque Adresses actuelles : 1 DNA Plant Technology Corp., 6701 San Pablo Ave, Oakland CA. 94608-1239, Etats-Unis. [email protected]. 2 Agritope, Inc. 16160 SW Upper Boones Ferry Rd., Portland Oregon 97224-7744, Etats-Unis. 3 Nuclear, Agriculture, and Biotechnology Division, Bhabha Atomic Research Center, Trombay, Mumbai 400 085, Inde. 4 Noble Foundation, Inc., P.O. Box 2180, 2510 Sam Noble Parkway, Ardmore, OK 73402, Etats-Unis. Plusieurs approches de l’amélioration génétique des Musa sont mises en œuvre au Nain (mutant de Grande Naine) 10,8 c 14,9 b Mutant ultra-nain 9,6 d 9,6 d Boyce Thompson Institute. Ci-après sont résumés les résultats récemment atteints. Un système de transformation génétique a été mis au point pour trois espèces étroitement apparentées du champignon Mycosphaerella qui parasitent Musa spp. M. fijiensis et M. musicola, responsables respectivement de la cercosporiose noire et de la cercosporiose jaune, et une espèce récemment caractérisée de Mycosphaerella/ Septoria ont été transformées à l’aide d’une construction contenant un gène codant pour la protéine à fluorescence verte (GFP). On a utilisé les transformants de chaque espèce, exprimant la GFP de manière constitutive dans l’ensemble des hyphes et des conidiospores, pour examiner et comparer les processus d’infection chez le cultivar de bananier Grande Naine. Avec les trois espèces, la pénétration dans les feuilles se faisait exclusivement par les stomates, et les hyphes croissaient entre les cellules plutôt qu’à l’intérieur de celles-ci. On n’a pas observé de structures de type haustorium. L’utilisation de ces transformants exprimant la GFP nous a permis d’observer la croissance du champignon in vivo avec une précision et une facilité nouvelles et de voir plusieurs phénomènes qui n’avaient encore jamais été décrits jusqu’à présent. Les trois espèces se sont abondamment développées dans les tissus foliaires jusqu’à ce que ceuxci soient nécrosés, et elles ont alors continué à croître en saprophytes sur les tissus morts. En outre, on a, dans beaucoup de cas, observé un phénomène de nécrose et de chlorose des feuilles avant la croissance saprophyte du mycélium sur les tissus nécrosés, ce qui semble indiquer qu’il y a sécrétion d’une phytotoxine. Des structures infectieuses dénommées stomatopodies se sont formées au-dessus des orifices stomatiques, tant chez les espèces hôtes que chez les espèces non hôtes, ce qui laisse à penser que ce phénomène ne nécessite pas de signaux spécifiques au bananier. On a identifié un autoinhibiteur de la germination des conidiospores qui a été partiellement caractérisé, et l’on a aussi identifié une phytotoxine activée par la lumière dans une culture in vitro de M. musicola. Un protocole a été élaboré pour établir des cultures de suspensions cellulaires em- PROMUSA IX bryogènes à partir de méristèmes du cultivar de bananier Rasthali. Ces cultures ont été transformées à l’aide d’Agrobacterium, avec un vecteur binaire contenant le gène uida pour l’expression de la ß-glucuronidase. Une analyse par buvardage de Southern a confirmé l’intégration du gène uida dans 16 plants exprimant la ß-glucuronidase. Des rétroéléments se trouvent dans le génome de tous les eucaryotes et représentent souvent une fraction importante de leur ADN. On a identifié et partiellement caractérisé une séquence du génome du bananier qui manifeste une homologie significative avec les rétroéléments LTR de type gypsy d’autres espèces. L’élément dénommé monkey montre une forte homologie avec les gènes de la transcriptase inverse, de la RNAseH et de l’intégrase de rétroéléments de plantes, de champignons et de la levure. L’hybridation avec la technique de Southern a mis en évidence la présence de monkey dans le génome A comme dans le génome B de Musa, sa fréquence étant d’environ 1000 copies/cellule chez le cv. Grande Naine. Une localisation chromosomique par hybridation fluorescente in situ a montré que les copies de monkey se trouvaient concentrées dans les régions organisatrices nucléolaires et en association avec des gènes d’ARNr. D’autres copies de monkey semblent dispersées dans l’ensemble du génome. Enfin, on est en train de mettre au point un système qui permettra d’utiliser la banane comme véhicule de vaccination dans les pays en développement. Pour ce faire, on se servira de plants transgéniques exprimant des sous-unités vaccins. Des résultats positifs ont été obtenus avec le modèle de la pomme de terre. Des volontaires humains ont développé des anticorps à la sous-unité LT-B de la toxine LT d’E. coli après avoir ingéré des pommes de terre crues exprimant cette sous-unité LT-B. On a obtenu des résultats similaires avec des pommes de terre exprimant la protéine capsidique du virus de Norwalk. Analyse du génome de Musa à l’aide de la cytométrie en flux et de la génétique moléculaire J. Dolezel, M.A. Lysák, M. Dolezelová, M. Valárik, H. Simková et J. Vrána Institute of Experimental Botany, Laboratory of Molecular Cytogenetics and Cytometry, Sokolovská 6, CZ-77200 Olomouc, République tchèque ; courrier électronique : [email protected] X PROMUSA L’utilisation des méthodes conventionnelles pour améliorer les bananiers et bananiers plantain est rendue difficile par la complexité du système génétique qui caractérise le genre Musa. Cependant, il s’avère possible d’accroître l’efficacité de ces méthodes en les combinant à des approches biotechnologiques et aux techniques moléculaires. Il importe également de procéder à une caractérisation approfondie des ressources génétiques naturelles. Si des progrès significatifs ont été réalisés dans l’analyse du génome nucléaire de Musa au niveau moléculaire, on ne connaît pas encore suffisamment bien le génome aux niveaux nucléaire et chromosomique. Nos recherches visent à combler ces lacunes. Afin de faciliter l’analyse, nous avons mis au point de nouvelles approches : cytométrie en flux de l’ADN (Dolezel et al. 1994), étude à haute résolution des chromosomes (Dolezel et al. 1998) et cytogénétique moléculaire (Dolezelová et al. 1998). Ces méthodes nous ont permis d’aller de l’avant dans la connaissance du génome de Musa aux niveaux chromosomique et nucléaire. Les résultats obtenus à ce jour ont confirmé l’intérêt de la cytométrie en flux de l’ADN. Cette technique a été utilisée pour déterminer la dimension du génome (Dolezel et al. 1994, Lysák et al. 1999), pour sélectionner les autotétraploïdes après polyploïdisation de diploïdes in vitro (Van Duren et al. 1996) et pour procéder à des criblages à grande échelle afin de déterminer le degré de ploïdie (Dolezel et al. 1997), par exemple chez les descendances des divers programmes d’hybridation, ou de vérifier le degré de ploïdie d’accessions mal caractérisées. Ainsi, on s’est servi de la cytométrie en flux pour analyser la quantité d’ADN nucléaire chez quatre accessions de Musa jusqu’alors considérées comme des tétraploïdes naturels acuminata x balbisiana (Horry et al. 1998). L’un d’entre eux, un clone dénommé « Kluai Tiparot » (ITC 0652), était considéré comme la référence pour les bananiers tétraploïdes naturels. Les résultats des analyses ont démontré que Kluai Tiparot (ITC 0652) et deux autres clones étaient en réalité des triploïdes. Cette observation inattendue indique que les cultivars tétraploïdes naturels acuminata x balbisiana sont sans doute encore plus rares qu’on ne le pensait généralement. Nous nous sommes servis de l’hybridation par fluorescence in situ pour analyser la structure des chromosomes de Musa. Récemment, nous avons étudié la distribution d’un rétrotransposon monkey au sein du génome de Musa (Balint-Kurti et al. 1999). D’après les résultats obtenus, cet élément est localisé de manière préférentielle dans les régions organisatrices nucléolaires. Il s’agit là d’une observation surprenante, car tous les rétroéléments qui ont été cartographiés physiquement à ce jour chez les plantes étaient soit distribués de manière relativement uniforme sur l’ensemble des chromosomes, soit localisés dans le centromère. Cela ajoute un deuxième domaine chromosomique à la liste des sites d’accumulation préférentielle des rétroéléments chez les plantes. La localisation d’un grand nombre de copies de monkey dans les régions organisatrices nucléolaires et la corrélation existant entre le nombre de copies de gènes d’ARNr et le nombre de rétroéléments monkey semblent indiquer une évolution et une amplification simultanées de monkey et des gènes d’ARNr. Cela pourrait signifier que ce rétroélément est entré dans le génome de Musa avant la séparation entre M. acuminata et M. balbisiana. Outre l’analyse de la structure des chromosomes, nous nous efforçons de mettre au point d’autres approches pour faciliter les tentatives d’intégration des cartes génétiques et physiques du génome de Musa. Une carte intégrée rendrait le travail d’hybridation beaucoup plus efficace et l’on pourrait isoler des gènes intéressants en procédant à des clonages sur la base de cette carte. Pour ce faire, il est tout d’abord essentiel d’accumuler un nombre suffisant de marqueurs cytogénétiques pour l’ensemble du génome de Musa. Nous avons constitué une bibliothèque génomique partielle de TaqI pour le clone diploïde « Pisang Mas » (ITC0653) et nous avons criblé les séquences d’ADN répétitives. Nous avons caractérisé les clones candidats en déterminant leur dimension, leur organisation génomique (en tandem ou dispersée) et leur abondance. Une recherche est en cours pour étudier la distribution de ces clones sur les chromosomes de Musa. Un nouveau protocole a été élaboré pour isoler l’ADN de poids moléculaire élevé chez Musa (Simková et al. 1999). D’après les résultats préliminaires, ce protocole permet d’obtenir un ADN de qualité nettement meilleure que celui obtenu avec les protocoles traditionnels. Nous avons entrepris d’établir une bibliothèque génomique de BAC. Celle-ci servira à sélectionner des clones contenant peu de séquences d’ADN répétitives, ainsi que des clones contenant des marqueurs moléculaires. Il est prévu d’établir une carte physique de la distribution de ces clones sur les chromosomes à l’aide de l’hybridation par fluorescence in situ et de s’en servir comme repères physiques. INFOMUSA — Vol 8, N° 2 Remerciements Nous remercions I. Van den houwe, responsable du Centre de transit de l’INIBAP à la Katholieke Universiteit Leuven (Belgique), pour la fourniture du matériel végétal. Nous avons bénéficié d’une excellente assistance technique de Mlles R. Tusková et J. Weiserová. Cette recherche, effectuée dans le cadre du Programme mondial pour l’amélioration des Musa (PROMUSA), a été subventionnée par l’Agence internationale de l’énergie atomique (Vienne) dans le cadre du contrat de recherche n° 8145/RB. Références Dolezel J., M. Dolezelová & F.J. Novák.1994. Flow cytometric estimation of nuclear DNA amount in diploid bananas (Musa acuminata and M. balbisiana). Biol. Plant. 36: 351-357. Dolezel J., M. Dolezelová, N. Roux & I.Van den houwe. 1998. Une nouvelle méthode de préparation de lames pour l’étude à haute résolution des chromosomes chez Musa. INFOMUSA 7(1): 3-4. Dolezel J., M.A. Lysák, I. Van den houwe, M. Dolezelová & N. Roux. 1997. Utilisation de la cytométrie en flux pour la détermination rapide du degré de ploïdie des espèces de Musa. INFOMUSA 6(1): 6-9. Dolezelová M., M. Valárik, R. Swennen, J.P. Horry & J. Dolezel. 1998. Physical mapping of the 18S-25S and 5S ribosomal RNA genes in diploid bananas. Biol. Plant. 41: 497-505. Horry J.P., J. Dolezel, M. Dolezelová & M.A. Lysák. 1998. Les bananiers naturels tétraploïdes A x B existent-ils ? INFOMUSA 7(1): 5-6. Lysák M.A., M. Dolezelová, J.P. Horry, R. Swennen & J. Dolezel. 1999. Flow cytometric analysis of nuclear DNA content in Musa. Theor. Appl. Genet. 98: 1344-1350. Balint-Kurti P.J., S.K. Clendennen, M. Dolezelová, M. Valárik, J. Dolezel, P.R. Beetham & G.D. May. 1999. Identification and chromosomal localization of the monkey retrotransposon in Musa sp. Mol. gen. Genet. (soumis pour publication) Simková H., J. Èíhalíková, M.A. Lysák, J. Vrána, & J. Dolezel. 1999. Improved method for preparation of high-molecular-weight DNA from nuclei and chromosomes. P. 134 in Abstracts of the Symposium “From Cells to Crops”. Institute of Plant Genetics and Biotechnology of the Slovak Academy of Sciences, Nitra. Van Duren M., R. Morpurgo, J. Dolezel & R. Afza. 1996. Induction and verification of autotetraploids in diploid banana (Musa acuminata) by in vitro techniques. Euphytica 88: 25-34. Le chimérisme chez Musa spp. Nicolas Roux1, J. Dolezel2, R. Swennen3 et F.J. Zapata-Arias1 1 Plant Breeding Unit, FAO/IAEA Agriculture and Biotechnology Laboratory, International Atomic Energy Agency Laboratories, INFOMUSA — Vol 8, N° 2 A-2444 Seibersdorf, Autriche. Laboratory of Molecular Cytogenetics and Cytometry, Institute of Experimental Botany, Sokolovska 6, CZ-77200 Olomouc, République tchèque. 3 Laboratory of Tropical Crop Improvement, Katholieke Universiteit Leuven, Kardinaal Mercierlaan 92, B-3001 Heverlee, Belgique. 2 Dans le cadre de l’amélioration génétique des bananiers et bananiers plantain (Musa spp. L.), le recours à des approches biotechnologiques telles que la mutagenèse in vitro (Novak 1992) et la transformation génétique (May et al. 1995, Sagi et al. 1995) de méristèmes multicellulaires donne lieu à un degré élevé de chimérisme. Il faut normalement une multiplication végétative répétée pour que se produise une dissociation de chimères, mais il reste à effectuer des études précises pour vérifier le nombre de cycles requis (par ex, trois) (Van Harten et al. 1998). Il est généralement difficile de suivre les cellules mutantes, mais les mutations qui entraînent un changement du nombre de génomes font sans doute exception, puisqu’on peut facilement les induire par un traitement à la colchicine. Pour suivre la dissociation des cytochimères, il faut une méthode de criblage rapide et précise qui permette de déterminer le degré de ploïdie à un stade précoce du développement du plant. Des caractères phénotypiques tels que la dimension des stomates, la densité des stomates et la dimension du pollen ne permettent pas une sélection à grande échelle, car avec ces indicateurs, le criblage des cytochimères et des polyploïdes est lent et peu fiable (Adniya et Ardian 1994, Van Duren et al. 1996, van den Hout et al. 1995). On peut certes estimer le degré de ploïdie en comptant les chromosomes, mais cette opération s’avère difficile chez les Musa en raison de la petite dimension des chromosomes (Osuji et al. 1996, Dolezel et al. 1998). On se sert de plus en plus de l’analyse de la teneur en ADN nucléaire à l’aide de la cytométrie en flux pour réaliser des criblages à grande échelle (Dolezel 1998) et cette méthode a été déjà appliquée à Musa spp. pour déterminer le degré de ploïdie (Dolezel et al. 1994, Dolezel et al. 1997). Afin d’observer la dissociation de chimères avec trois systèmes de multiplication (culture de méristèmes apicaux, culture multi-apex et culture de rhizome sur lame), on a tout d’abord induit un chimérisme de ploïdie (mixoploïdie) en traitant des méristèmes apicaux à la colchicine, puis on a suivi la dissociation des chimères à l’aide de la cytométrie en flux. D’après les résultats obtenus, en utilisant la technique de la culture de méristèmes apicaux, avec trois sous-cultures immédiatement après le traitement à la colchicine, le pourcentage moyen de cytochimères a été réduit de 100 % à 36 %, tandis qu’il était réduit de 100 % à 24 % avec la technique de culture de rhizome sur lame, et de 100 % à 7 % avec la technique multi-apex après le même nombre de sous-cultures. Néanmoins, aucun des trois systèmes n’a permis d’éliminer entièrement le chimérisme. Nous avons passé en revue le concept général du chimérisme et analysé les facteurs susceptibles d’influer sur la dissociation de chimères in vitro dans la communication que nous avons présentée à la troisième réunion FAO/AIEA de coordination de la recherche sur l’application de la biologie cellulaire et des biotechnologies, et notamment des techniques de mutation, pour créer des génotypes de bananiers utiles. Remerciements Cette recherche a été subventionnée par le Programme de recherche conjoint FAO/ AIEA/AGCD (Administration générale de la coopération au développement, Belgique) : « Application de la biologie cellulaire et des biotechnologies, et notamment des techniques de mutation, pour créer des génotypes de bananiers utiles ». Références Adniya S. & Ardian. 1994. A new method for selecting cytochimeras by the maximum number of nucleoli per cell in Allium wakegi Araki and A. fistulosum L.. Euphytica 79: 5-12. Dolezel J., M. Dolezelová & F.J. Novák. 1994. Nuclear DNA amount in diploid bananas (Musa acuminata and M. balbisiana). Biology Plantarium 36: 351-357. Dolezel J., M.A. Lysák, I. Van den Houwe, M. Dolezelová & N. Roux. 1997. Utilisation de la cytométrie en flux pour la détermination rapide du degré de ploïdie des espèces de Musa. INFOMUSA 6(1): 6-9. Dolezel J. 1998. Flow cytometry, its application and potential for plant breeding. Pp. 80-90 in Current Topics in Plant Cytogenetics Related to Plant Improvement (T. Lelley, ed.). Universitätsverlag, Vienne, Autriche. Dolezel J., M. Dolezelova, N. Roux & I. Van den houwe. 1998. Une nouvelle méthode de préparation de lames pour l’étude à haute résolution des chromosomes chez Musa. INFOMUSA 7(1): 3-4. May G.D., R. Afza, H. S. Mason, A. Wiecko, F. J. Novak, & C. J. Arntzen. 1995. Generation of transgenic banana (Musa acuminata) plants via agrobacterium-mediated transformation.Bio/Technology 13: 486-492. Novák F.J. 1992. Musa (Bananas and Plantains). Pp. 449-488 in Biotechnology of Perennial Fruit Crops (F.A. Hammerschlag and R.E. Litz, eds.). CAB International, Wallingford, Oxon, Royaume-Uni. Osuji J.O., B.E. Okoli & R. Ortiz. 1996. Procédure améliorée pour des études mitotiques sur la section PROMUSA XI Eumusa du genre Musa L. (Musacées). INFOMUSA 5(1): 12-14. Sagi L., B. Panis, S. Remy, H. Schoofs, K. de Smet, R. Swennen & B. P. A. Cammue. 1995. Genetic transformation of banana and plantain (Musa spp.) via particle bombardment. Bio/Technology 13: 481485. Van Denhout H., R. Ortiz, D. Vuylsteke, R. Swennen & Tani et Pisang lilin. Des cultures d’anthères de ces clones ont été établies. Il s’est avéré qu’une concentration d’hormones de 1-3 mg/l de 2,4-D plus 0,5 mg de kinétine était la plus appropriée pour l’embryogenèse somatique. Avec l’ajout de 1-3 mg/l de 6-BAP, des pousses ont été initiées à partir des embryons somatiques. K.V. Bai. 1995. Effect of ploidy on stomatal and other quantitative traits in plantain and banana hybrids. Euphytica 839: 117-122. Van Duren M., R. Morpurgo, J. Dolezel & R. Afza. 1996. Induction and verification of autotetraploids in diploid banana (Musa acuminata) by in vitro techniques. Euphytica 88: 25-34. Van Harten A.M. 1998. Mutation Breeding: Theory and Practical Applications. Cambridge University Press, Cambridge, Royaume-Uni. Facteurs améliorant la production in vitro de plants haploïdes à partir d’anthères et de microspores isolées de Musa spp. Margarita Perea Dallos Departamento de biología, Facultad de Ciencias, Universidad Nacional de Colombia, Apartado Aereo 14490, Bogota, Colombie. Les bananes et les bananes plantain jouent un rôle essentiel dans l’alimentation de près de 400 millions d’habitants de notre planète. Pourtant, la durabilité de cette culture est menacée par une pression croissante des maladies (Horry 1992). La production de pollen chez les Musacées n’a guère fait l’objet de recherches jusqu’à présent. Des études ont été entreprises sur la viabilité du pollen, le taux de germination et le degré de ploïdie de neuf clones de Musa diploïdes : Malaccensis pahang (AA), Malaccensis cici (AA), Malaccensis annan (AA), Bocadillo (AA), Pisang mas (AA), Pisang lilin (AA), Tugia (AA), Peciolos oscuros (AA) et Tani (BB). Chez trois de ces diploïdes, la régénération de plants par embryogenèse somatique à partir de grains de pollen et de cultures d’anthères a donné des résultats prometteurs. Dans cette étude, on a prélevé les inflorescences de neuf clones diploïdes âgés d’environ 10-11 mois dans les pépinières de la CORPOICA à Armenia (Quindío, Colombie). L’objectif était d’étudier les conditions physiologiques liées à la longueur de l’inflorescence, son âge et la quantité de pollen produite (Perea Dallos 1998). Sur la base de la quantité de pollen produite, on a sélectionné trois clones : Malaccensis pahang, XII PROMUSA Références Horry J.P. 1992. Taxonomic and genetic diversity of diploid bananas. Pp. 35-42 in Breeding banana and plantain for resistance to diseases and pests (J. Ganry, ed.). CIRAD-FLHOR, Montpellier, France. Perea-Dallos M. 1998. Pollen and anther culture in Musa spp. Proceedings of the First International Symposium on Banana in the Subtropics (V. Galan Sauco, ed.). Acta Horticulturae 490: 493-497. Amélioration des bananiers au Sri Lanka grâce aux techniques d’induction de mutation et de culture de tissus B.D.P. Laksiri et Kshanika Hirimburegama Department of Botany, University of Colombo, P.O. Box 1490, Colombo 03, Sri Lanka. Les bananes (Musa spp.) sont l’un des fruits les plus largement consommés par toutes les couches de la population du Sri Lanka. Il existe dans ce pays environ 28 cultivars locaux, parmi lesquels les plus populaires sont les types « Embul » (Mysore AAB) et « Kolikuttu » (Pome AAB). Les surfaces bananières sont en progression, atteignant 6 000 ha en 1998. Dans certaines parties du pays, la banane est aujourd’hui produite commercialement et l’on assiste à la reconversion de rizières à cette culture pour deux raisons essentielles : l’insuffisance d’eau pour la riziculture et le niveau supérieur des revenus tirés de la vente des bananes. Dans la région d’Uda Walawe, principale zone bananière du pays, la production se chiffre actuellement à 92 299 tonnes/an. Du fait de cet essor de la production, les activités de transformation (chips de banane, pain à base de banane, banane semi-déshydratée, etc.) se développent. Cependant, les cultivars « Embul »et « Kolikuttu » présentent deux grands inconvénients : la hauteur de leur plant et la longue durée de leur cycle (10-11 mois jusqu’à l’initiation florale). Il serait donc avantageux d’améliorer le type «Embul»pour obtenir un cultivar de moins grande taille et à floraison plus précoce. A cet effet, on a induit des mutations en irradiant des méristèmes apicaux et des cultures cellulaires d’un cultivar « Embul » à haut rendement avec des rayons gamma60CO à des doses de 35, 45 et 60 Gy. Tous les méristèmes apicaux irradiés avec 60 Gy sont morts dans les quatre semaines qui ont suivi l’irradiation, tandis que ceux irradiés avec 35 ou 45 Gy ont survécu et ont été multipliés jusqu’à la génération M1V8. Après régénération et acclimatation des plants, on a testé ceux-ci pour déterminer leur croissance en champ et leur cycle jusqu’à la floraison. Sur 3 000 plants testés, six ont eu une initiation florale précoce : un à cinq mois, trois à six mois et deux à sept mois. Chez les plants issus des cultures de tissus, on a observé l’initiation florale usuelle à huit mois. La hauteur moyenne des plants à floraison précoce n’était pas significativement différente de celle des plants issus des cultures de tissus. Les rejets des plants sélectionnés ont été multipliés in vitro jusqu’à la génération M2V8 et les plants régénérés ont été ensuite cultivés en champ. On a observé l’initiation florale à six mois chez 85 % d’entre eux. On a également procédé à la multiplication in vitro (M3V8) des premiers rejets (deuxième cycle) en vue de tester les deuxièmes rejets (troisième cycle). Utilisation de marqueurs microsatellites pour analyser le génome de Musa et de Mycosphaerella Dieter Kaemmer1, C. Neu1, G. Farashahi1, R.L. Jarret2, A. James3, R. Swennen4, C. Pasberg-Gauhl5, F. Gauhl5, D. Fisher6, G. Kahl1 et K. Weising1 1 Plant Molecular Biology, Biocentre, université de Francfortsur-le-Main, Allemagne. 2 Plant Genetic Resources, USDA, Griffin, Georgia, Etats-Unis. 3 CICY, Merida, Yucatan, Mexique. 4 Laboratory of Tropical Crop Improvement, KUL, Belgique. 5 IITA, Onne Station, Nigeria. 6 Institute for Plant Genetic Resources and Breeding, Gattersleben, Allemagne. On a développé un certain nombre de marqueurs microsatellites spécifiques de locus, appelés également répétitions de séquences simples (SSR) ou sites microsatellites à séquence ciblée (STMS), pour analyser le génome de Musa et différencier les types de Mycosphaerella à l’aide d’une nouvelle méthode d’enrichissement des SSR. Des marqueurs SSR dérivés de M. acuminata ssp. malaccensis ont détecté également des polymorphismes chez d’autres représentants de la section Eumusa, ainsi que chez Rhodochlamys (n=11), Australimusa (n=10), Callimusa (n=10) et même chez Ensete (n=9). Les niveaux d’hétérozygotie attendus et observés étaient les plus élevés chez les diploïdes M. acuminata. Chez les INFOMUSA — Vol 8, N° 2 plantains triploïdes (AAB), les variations étaient faibles. Les SSR chloroplastiques ont exclu la possibilité qu’aucune des diverses accessions de M. balbisiana étudiées soit un ancêtre femelle des plantains africains. L’hypothèse la plus probable est que M. acuminata spp. banksii est le « donneur A » et M. balbisiana type Honduras le « donneur B » des plantains africains. Afin de quantifier la diversité génétique de l’agent pathogène de la cercosporiose noire, Mycosphaerella fijiensis, on a utilisé des marqueurs SSR pour étudier des isolats du Nigeria et du Mexique échantillonnés hiérarchiquement. Le nombre des allèles a varié entre 2 et 7 par locus. Chaque isolat s’est caractérisé par un unique haplotype. Tous les marqueurs SSR testés jusqu’à présent se sont révélés être spécifiques d’une espèce. Dans les études futures sur la plante hôte et sur l’agent pathogène, il est prévu de se servir des marqueurs SSR pour cartographier le génome et analyser les liaisons des gènes de résistance à la cercosporiose et à la fusariose, ainsi que des gènes d’avirulence fongique. Utilisation des techniques de l’AFLP et de la MSAP pour détecter les polymorphismes chez des plants du cv. « Grande Naine » (Musa AAA) obtenus par micropropagation Andrew C. James, S. Peraza-Echeverria et V. Herrera-Valencia Unité de biotechnologie, Centro de Investigación Cientifica de Yucatán, C.43 # 130 Colonia Chuburna de Hidalgo, C.P. 97200, Mérida, Yucatán, Mexique. On a récemment utilisé avec succès la technique du polymorphisme de longueur des fragments d’amplification (AFLP) pour détecter des différences de polymorphisme entre des vitroplants de bananiers normaux et des hors-type nains (Engelborghs et al. 1998). En utilisant des enzymes de restriction isoschizomériques ayant une sensibilité différente à la méthylation de l’ADN, on a maintenant adapté cette technique pour détecter des changements dans la méthylation de l’ADN, en lui donnant l’appellation de MSAP (methylation sensitive amplified polymorphism : polymorphisme de méthylation des fragments d’amplification) (Xiong et al. 1999). Dans cet article sont présentés les résultats obtenus en utilisant l’AFLP et la MSAP pour détecter les polymorphismes chez des plants de « Grande Naine » obteINFOMUSA — Vol 8, N° 2 nus par micropropagation à partir d’explants prélevés sur l’inflorescence mâle ou le rejet. Les résultats préliminaires que nous avons obtenus avec l’AFLP, en utilisant 10 combinaisons d’amorces pour analyser 30 régénérants issus d’un même plant mère (15 dérivés du rejet et 15 dérivés de l’inflorescence), indiquent qu’il y a davantage de polymorphismes parmi les régénérants dérivés de l’inflorescence mâle (6,36 %) que parmi les régénérants dérivés du rejet (3,96 %). Il se pourrait donc que le mécanisme d’organogenèse doit plus indirect chez les premiers que chez les seconds. En appliquant la MSPA à la même famille de régénérants, avec huit combinaisons d’amorces, nous avons obtenu à ce jour 101 phénomènes de méthylation sur un total de 543 bandes. Le pourcentage est donc de 18,6 %, ce qui est très similaire au taux de 16,3 % obtenu par Xiong et al. (1999) pour le génome du riz. Nous n’avons trouvé que 7 polymorphismes de méthylation de l’ADN (mis en évidence par quatre combinaisons d’amorces) et aucune différence significative n’a été enregistrée entre les plants dérivés de l’inflorescence et ceux dérivés du rejet. En revanche, deux combinaisons d’amorces ont mis en évidence des différences nettes entre les schémas de méthylation observables chez des plants multipliés de manière conventionnelle à partir de «fragments de souche»et des plants du même clone multipliés par culture in vitro. Dans nos recherches futures, nous analyserons l’ADN de l’explant mère de 10 clones ainsi que les régénérants issus d’un autre plant mère. En vue de l’application future de la technique de la MSAP, nous réétudierons les vitroplants et une population plus importante d’individus multipliés de manière conventionnelle, afin de déterminer si certains polymorphismes de la méthylation de l’ADN sont inhérents à la technique de micropropagation ou s’ils résultent de la régulation du développement. Nous n’avons pas encore vérifié si le nombre supérieur de polymorphismes chez les régénérants dérivés de l’inflorescence a des effets significatifs au niveau du phénotype, et nous nous proposons donc d’évaluer les phénotypes dans des essais en champ. Références Engelborghs I., R. Swennen & S. Van Campenhout. 1998. Potentiel de l’AFLP pour détecter les différences génétiques et les variants somaclonaux chez Musa spp. INFOMUSA 7(2): 3-6. Xiong L.Z., C.G. Xu, M.A. Saghai Maroof & Q. Zhang.1999. Patterns of cytosine methylation in an elite rice hybrid and its parental lines detected by a methylation-sensitive amplification polymorphism technique. Mol. Gen. Genet. 261: 439-446. Caractérisation morphologique et moléculaire de la variation génétique chez des mutants de cultivars de bananiers philippins induits par irradiation Désirée M. Hautea, G.C. Molina, N.O. Bituin, H.F. Galvez, C.H. Balatero et R. B. Quilloy Institute of Plant Breeding, College of Agriculture, University of the Philippines at Los Baños, 4031 College, Laguna, Philippines. Ce rapport décrit les résultats les plus récents des recherches que nous menons en vue de : 1) produire des mutants des cultivars de bananiers philippins « Lakatan » (AAA) et « Latundan » (AAB) qui soient utilisables ; et 2) évaluer l’adéquation des marqueurs moléculaires pour caractériser la variation observée chez les populations de mutants. Trois populations de génération avancée (M1V5) de mutants de ces deux cultivars induits par irradiation ont été sorties de leur culture et établies en champ. On a procédé à la caractérisation morphologique de chaque clone à l’aide des descripteurs de l’IPGRI pour le bananier (IPGRI-INIBAP/CIRAD 1996). On a aussi observé l’incidence du virus du bunchy top du bananier (BBTV) et évalué la sévérité de l’infection sur la base de la symptomatologie. Les hors-type et les clones de morphologie désirable ont été sélectionnés au sein de chaque population et caractérisés à l’aide d’une technique d’analyse non radioactive (Promega 1996), de microsatellites (Kaemmer et al. 1997) et du polymorphisme de longueur des fragments d’amplification (AFLP) (Vos et al. 1995). On a constaté la présence de variants morphologiques pour pratiquement tous les caractères mesurés. Cependant, on n’a trouvé qu’une petite proportion de phénotypes variants au sein de chaque population ; cette proportion était plus forte chez les populations irradiées avec des neutrons rapides à la dose de 3 Gy (LK-3 et LT-3) que chez celles irradiées avec des rayons gamma à la dose de 40 Gy. Chez l’un et l’autre cultivars, les deux modes d’irradiation n’ont pas entraîné de variation importante des caractères morphologiques. On n’a obtenu aucun clone résistant au BBTV. Néanmoins, on a sélectionné, parmi le matériel irradié, plusieurs clones prometteurs ayant des caractères morphologiques désirables (par ex, gros fruits). Il est prévu de poursuivre les essais sur la prochaine génération afin de déterminer la stabilité génétique des clones sélectionnés. PROMUSA XIII Neuf amorces SSR de Musa, reçues de l’université de Francfort, ont été testées sur 10 échantillons représentatifs des phénotypes « hors-type » et « typiques » de chacune des populations irradiées, plus deux clones non irradiés de Lakatan et Latundan. Cinq paires d’amorces SSR (STMS-1, -7, -9, -10, AGMI93) ont permis de différencier les clones Lakatan des clones Latundan. Mais aucune des amorces testées n’a permis de discriminer entre les clones irradiés au sein des populations de Lakatan ou de Latundan. On a optimisé les protocoles de l’AFLP et de la coloration au nitrate d’argent en utilisant 10 paires d’amorces AFLP (+3/+3) sur cinq clones sélectionnés. On a ainsi obtenu un total de 301 bandes AFLP avec un niveau de polymorphisme moyen de 51,14%. De même que les SSR, chacune des 10 paires d’amorces AFLP a permis de différencier aisément les clones Lakatan des clones Latundan. En outre, deux de ces paires d’amorces ont différencié deux clones mutants désirables des autres clones Lakatan et des clones Lakatan non irradiés. S’il demeure nécessaire de tester d’autres amorces SSR et AFLP afin d’identifier un plus grand nombre de marqueurs discriminants et d’établir éventuellement des corrélations entre des marqueurs spécifiques et des caractères, ces résultats apparaissent d’ores et déjà prometteurs pour l’identification des souches mutantes. Références IPGRI-INIBAP/CIRAD. 1996. Descripteurs pour le bananier (Musa spp.). IPGRI, Rome, Italie ; INIBAP, Montpellier, France/CIRAD, Montpellier, France. Kaemmer D., D. Fischer, R.L. Jarret, F.C. Baurens, A. Grapin, D. Dambier, J.L. Noyer, C. Lanaud, G. Khal & P.J.L. Lagoda. 1997. Molecular breeding in the genus Musa: a strong case for STMS marker technology. Euphytica 96: 49-63. Promega. 1996. Technical manual: Silver sequence DNA staining system. Vos P., R. Hogers, M. Bleeker, M. Reijans, T. van de Lee, M. Hornes, A. Freijters, J. Pot, J. Peleman, M. Kuiper & M. Zabeau. 1995. AFLP: a new technique for DNA fingerprinting. Nuc. Acids Res. 23: 40074414. Sélection pour la résistance à la maladie des raies noires du bananier Jean-Pierre Busogoro1, J.J. Etame1, G. Lognay2, P. Van Cutsem3 et P. Lepoivre1 1 Faculté universitaire des sciences agronomiques de Gembloux, Unité de phytopathologie, passage des Déportés, 5030 Gembloux, Belgique. 2 Faculté universitaire des sciences agronomiques de Gembloux, Unité de chimie organique, passage des Déportés, 5030 Gembloux, Belgique. XIV PROMUSA 3 Faculté universitaire Notre Dame de la Paix, Unité de recherche en biologie végétale cellulaire, rue de Bruxelles, 61, 5000 Namur, Belgique. Ce programme vise à élucider les différents facteurs expliquant le rôle des toxines de Mycosphaerella fijiensis dans le développement de la maladie des raies noires et les mécanismes d’action de ces métabolites, afin de s’en servir pour sélectionner des génotypes de bananiers résistants à cette maladie. Les cultivars Grande Naine, sensible à M. fijiensis, et Fougamou, doté de résistance, ont servi de cultivars de référence. On a initialement mis au point une série d’essais (induction de nécrose sur des feuilles de bananier, libération d’électrolytes et mesure de la fluorescence de la chlorophylle) pour mettre en évidence les effets de stress engendrés par l’extrait brut à l’acétate d’éthyle (ETB) de filtrats de cultures de M. fijiensis (Harelimana et al. 1997). Tous ces essais ont montré que la toxicité de l’ETB vis-à-vis des cultivars de bananiers dépendait de la lumière et qu’il y avait une corrélation entre la sensibilité à l’ETB et la sensibilité à l’infection par M. fijiensis. En outre, la première anomalie cellulaire observée par microscopie électronique dans les feuilles de Grande Naine traitée avec l’ETB était le gonflement des chloroplastes. Au cours de ces deux dernières années, nos recherches ont visé à : 1) identifier les métabolites toxiques présents dans l’ETB ; 2) analyser la corrélation entre la sensibilité aux métabolites purifiés et la sensibilité à l’infection par l’agent pathogène ; et 3) élucider le mécanisme d’action des métabolites toxiques de M. fijiensis. Le fractionnement de l’ETB, effectué par chromatographie sur colonne, a révélé l’existence de quatre fractions principales ayant des activités biologiques similaires sur la base de la fluorescence de la chlorophylle et de l’induction d’une nécrose. La toxicité de ces fractions purifiées dépendait de la lumière. La sensibilité des cultivars de référence à ces fractions était en corrélation avec la sensibilité à M. fijiensis (le cultivar Grande Naine étant plus sensible que le cultivar Fougamou). La fraction contenant de la juglone (fraction A) a fait preuve de la plus grande toxicité et l’on a détecté ce métabolite dans les extraits bruts de quatre souches de M. fijiensis. Ces observations nous ont amenés à procéder à une analyse plus détaillée sur la juglone. Dans l’ensemble, les tests d’injection de juglone (et d’ETB) dans la série de cultivars de bananiers étudiés dans le cadre du Programme de recherche conjoint ont donné lieu à un classement similaire à celui de la sensibilité à M. fijiensis. Sur la base des données obtenues par microscopie électronique et compte tenu du fait que la toxicité des quatre fractions toxiques et des extraits bruts dépend de la lumière, nous avons formulé l’hypothèse que les chloroplastes sont le site ciblé par ces toxines. Nous avons donc mis au point un essai sur des chloroplastes isolés. Des chloroplastes ont été isolés par broyage mécanique de tissus de feuilles de bananiers (Leegood et Malkin 1986). L’aptitude fonctionnelle de ces chloroplastes, déterminée à l’aide de la réaction de Hill [reposant sur un échange d’électrons effectué par les chloroplastes placés à la lumière selon l’équation « H2O + A → AH2 + 1/2 O2 », où A représente un accepteur d’électrons tel que le 2,6-dichlorophénoindophénol (Allen et Holmes 1986)], a confirmé l’intégrité des chloroplastes isolés avec notre protocole. On a évalué l’activité de la juglone sur les chloroplastes isolés en ajoutant ce composé à une suspension de chloroplastes fonctionnels de Grande Naine, puis en comparant leur capacité d’échange d’électrons avec celle d’un témoin. La quantité de DCPIP réduit était plus faible dans la suspension de chloroplastes traitée à la juglone que chez le témoin, ce qui indique un effet toxique direct de la juglone sur les chloroplastes isolés des feuilles de bananiers. En comparant les chloroplastes isolés chez le cultivar sensible (Grande Naine) et le cultivar résistant (Fougamou), on a constaté que la diminution de l’aptitude fonctionnelle des chloroplastes par suite de l’ajout de juglone était plus importante chez le premier que le second. Ces résultats préliminaires montrent donc que l’effet toxique de la juglone sur les chloroplastes isolés s’exerce plus fortement chez Grande Naine que chez Fougamou. Le classement de nos cultivars de référence pour la sensibilité du plant entier à la juglone semble similaire à celui obtenu dans les essais sur les chloroplastes isolés. Références Allen J.F. &. N.G. Holmes. 1986. Electron transport and Redox Titration. Pp. 103-141 in Photosynthesis energy transduction. A practical approach (M.F. Hipkins & N.R.Baker, eds). IRL Press, Washington, USA. Harelimana G., P. Lepoivre, M.J. Jijakli & X. Mourichon. 1997. Use of Mycosphaerella fijiensis toxins for the selection of banana cultivars resistant to black leaf streak. Euphytica 96(1): 125-128. Leegood R.C. & R. Malkin. 1986. Isolation of subcellular photosynthetic systems. Pp. 9-26 in Photosynthesis energy transduction. A practical approach (M.F. Hipkins & N.R.Baker, eds). IRL Press, Washington, USA. INFOMUSA — Vol 8, N° 2 Amélioration génétique de Musa spp. par mutation in vitro Jorge López Torres INIVIT, Cuba. Les bananes et les bananes plantain (Musa spp.) sont consommés par des millions d’habitants de pays tropicaux en développement comme le nôtre, où ils occupent une place importante dans l’alimentation. A Cuba, ils sont cultivés sur environ 46 000 ha, dont les deux tiers sont représentés par les bananiers dessert. Quant aux bananiers à cuire (ABB), qui couvrent 60 000 ha, ils prennent de plus en plus la place des plantains (AAB), moins productifs et sensibles aux maladies (principalement la cercosporiose noire). Il s’avère donc urgent d’obtenir de nouveaux clones de bananiers plantain. L’amélioration des bananiers suppose la maîtrise et l’exploitation des méthodes in vitro. Etant donné la faible fertilité des clones de bananiers comestibles, la culture de tissus et de cellules apparaît particulièrement prometteuse pour parvenir à une amélioration génétique. Les techniques de culture aseptique sont également un élément essentiel pour les essais en laboratoire et en champ. Nous avons mis en place un projet de recherche comportant trois phases essentielles : 1) évaluation en champ de mutants des principaux cultivars du pays, obtenus par irradiation dans les années 80 et 90 ; 2) irradiation de nouveaux génotypes introduits et améliorés ; et 3) affinement des méthodes de multiplication telles que la culture de méristèmes apicaux et l’embryogenèse somatique pour le groupe AAB. Description des recherches Essais en champ Evaluation en champ des mutants 6.32 et 6.44 de « Parecido al Rey » Le matériel de départ était constitué par des plants irradiés avec des rayons gamma et des neutrons rapides au laboratoire de Seibersdorf de l’AIEA (Autriche) en 1992. Les deux plants ci-dessus ont été ensuite sélectionnés à Cuba et soumis à des essais durant leur troisième cycle. On a évalué les principales composantes du rendement. Evaluation en champ d’un mutant possible (III-2) de « Gran Enano » Ce mutant a été obtenu dans le cadre du même contrat par irradiation avec des rayons gamma (35 Gy). Un essai a été effectué durant le deuxième cycle. INFOMUSA — Vol 8, N° 2 Evaluation en champ des sélections 2.16.1 et 4.20.2 de « Burro CEMSA » On a sélectionné neuf lignées irradiées avec des rayons gamma (35 Gy), à partir desquelles ont été obtenues les sélections 2.16.1 et 4.20.2 dotées de caractères agronomiques supérieurs. On a évalué leur performance en champ pour les caractères recherchés. Irradiation de nouveaux clones Au cours de cette période, on a irradié « SH 3436-L-9 » à la dose de 45 Gy sur la base des résultats obtenus dans un essai pilote antérieur. 2 000 vitroplants ont été irradiés, puis évalués en champ. Affinement des techniques de multiplication pour des génotypes (AAB) devant être soumis à une irradiation On a établi des cultures in vitro du clone « CEMSA 3/4 » en vue de faire des essais d’embryogenèse somatique. On a utilisé un milieu MS (1962) additionné d’hormones aux concentrations suivantes : BAP/AIA (0/0, 5/0, 10/0, 0/3, 5/3, 10/3, 0/5, 5/5, 10/5, 0/7, 5/7 et 10/7 µ M). Les essais d’embryogenèse somatique ont été effectués en deux stades : on a tout d’abord étudié les génotypes « Zanzibar » et « Navolean » dans le cadre du projet conjoint AIEA/BADC/FAGx/KUL/INIBAP, puis les essais se sont poursuivis à l’INIVIT où l’on y a inclus d’autres génotypes (« Montañas de Baracoa » et « CEMSA 3/4 »). Ces essais sont en cours. Résultats obtenus Parmi les plants sélectionnés précédemment à partir du matériel irradié (« Parecido al Rey », « Gran Enano »et « Burro CEMSA »), un mutant possible de « Parecido al Rey » doit faire l’objet d’études plus approfondies. Neuf plants prometteurs de « SH 3436-L9 », se caractérisant par une plus petite taille, ont été sélectionnés. Ils seront évalués durant le prochain cycle. On a établi des cultures de méristèmes apicaux in vitro avec des concentrations de BAP et d’AIA (5/5 µ M) qui permettent de réduire considérablement l’oxydation phénolique. Enfin, on a réussi à produire des embryons somatiques, ce qui ouvre de nouvelles perspectives à moyen et à long terme pour l’amélioration génétique par induction de mutation et transgenèse. Mise au point de systèmes de culture aseptique de Radopholus similis pour des études in vitro sur les interactions entre l’hôte et l’agent pathogène Annemie Elsen, R. Stoffelen, R. Swennen et D. De Waele Laboratory of Tropical Crop Improvement, Katholieke Universiteit Leuven, K. Mercierlaan 92, 3001 Heverlee, Belgique. Parmi les nématodes qui parasitent les bananiers dans les différentes régions du monde, l’un des plus nuisibles est le nématode foreur, Radopholus similis (Cobb) Thorne, qui cause de sévères pertes de rendement aussi bien en production commerciale qu’en culture de subsistance (Sarah et al. 1996). L’application de nématicides chimiques est la méthode de lutte la plus courante, bien qu’elle soit à la fois dangereuse, toxique et coûteuse. C’est pourquoi on se tourne de plus en plus vers une autre stratégie de lutte : l’amélioration génétique des cultivars. A ce jour, on a criblé un grand nombre de cultivars de Musa pour identifier des sources de résistance contre ce parasite des racines. Ces recherches demandent beaucoup de temps, car elles se font essentiellement en champ ou en serre (Pinochet 1988, Price 1994). Des criblages in vitro faciliteraient et accéléreraient le processus. Outre le criblage des cultivars de Musa existants et du matériel amélioré des programmes d’hybridation, on pourrait évaluer des gènes de résistance naturels présents chez des plantes comme Arabidopsis thaliana. L’objectif de cette étude était d’établir un système de culture aseptique de R. similis et de déterminer si ce nématode, élevé sur des tissus de cals, peut infecter des vitroplants de bananiers et d’A. thaliana et se reproduire sur eux. Dans une première phase, on a mis au point un système de culture in vitro approprié pour R. similis. La technique la plus couramment utilisée est celle des rondelles de carotte (O’Bannon et Taylor 1968). Mais bien que ce système permette un taux de reproduction très élevé, il ne se prête guère à des études in vitro car les cultures sont facilement contaminées, les nématodes se nourrissant de tissus de carotte qui n’ont été stérilisés qu’en surface. On a donc fait des essais sur des cals de carotte. Le taux de reproduction a été inférieur, mais les nématodes étaient dépourvus de bactéries et de champignons. Cependant, quand les populations de R. similis élevées sur les cals de carotte ont été inoculées dans la serre, leur aptitude à la PROMUSA XV reproduction et leur pathogénicité se sont révélées très faibles. On a alors essayé une autre solution, en utilisant des cals de luzerne pour cultiver des populations de R. similis en conditions aseptiques. On a constaté que ce système de culture offrait les mêmes avantages que les cals de carotte. En outre, les essais en serre ont confirmé l’aptitude à la reproduction et la pathogénicité des nématodes. La population de R. similis élevée sur cals de luzerne a été en mesure de se reproduire et de créer des lésions nécrotiques dans les racines du cultivar sensible «Grande Naine», les résultats n’étant pas significativement différents de ceux obtenus avec une population élevée sur rondelles de carotte. Dans une deuxième phase, on a étudié la reproduction de la population stérile de R. similis sur des vitroplants de Musa. Les vitroplants de «Grande Naine»se sont révélés être de bons hôtes : la population de nématodes a été multipliée par 126 en l’espace de huit semaines. Les nématodes ont pu pénétrer dans les racines et s’y reproduire. On a observé des lésions dans le cortex racinaire. Dans une troisième phase, on a étudié la reproduction de R. similis sur des vitroplants d’A. thaliana. Les nématodes ont été en mesure de pénétrer dans les plants et de s’y développer en conditions monoxènes : 10 semaines après l’inoculation, leur population atteignait 975 individus. La récupération de 367 femelles et la présence de mâles indiquaient que le cycle biologique était complet. On a observé tous les stades de développement des vermiformes dans les racines et dans le milieu avant l’extraction. En conclusion, les cals de luzerne constituent un bon système de culture aseptique in vitro, permettant de produire une population stérile de R. similis en quantité suffisante et de manière plus continue que les rondelles de carotte. Les nématodes ainsi cultivés peuvent infecter les vitroplants de bananiers et d’A. thaliana et s’y reproduire. Cela ouvre de nouvelles perspectives pour accélérer les criblages in vitro. Cependant, il reste à confirmer l’efficacité de ce système pour le criblage de la résistance à R. similis. Références O’Bannon J.H. & A.L. Taylor. 1968. Migratory endoparasitic nematodes reared on carrot discs. Phytopathology 58: 385. Pinochet J. 1988. A method for screening bananas and plantains to lesion forming nematodes. Pp. 62-65 in Nematodes and the borer weevil in banana: present status of research and outlook. INIBAP, Montpellier, France. Price N.S. 1994. Field trial evaluation of Musa varieties and other crops as hosts of Pratylenchus goodeyi in Cameroon. Afro-Asian Journal of Nematology 4: 11-16. XVI PROMUSA Sarah J.L., J. Pinochet & J. Stanton. 1996. Radopholus similis Cobb, nématode parasite des bananiers. Parasites et ravageurs des Musa, fiche technique n° 1. INIBAP, Montpellier, France. Difficultés rencontrées pour établir et maintenir des suspensions cellulaires morphogènes de bananier et pour régénérer des plants par embryogenèse somatique H. Schoofs1, B. Panis1, H. Strosse1, A. Mayo Mosqueda2, J. Lopez Torres3, N. Roux4, J. Dolezel5 et Rony Swennen1 et al. 1990), celles-ci risquant d’être très vite contaminées, de perdre leur potentiel morphogène avec le temps ou de subir une variation somaclonale. On dispose à présent de premières données sur la variation somaclonale chez des plants dérivés de suspensions (Côte et al.). References Côte F.X., R. Domergue, S. Monmarson, J. Schwendiman, C. Teisson & J.V. Escalant. 1996. Embryogenic cell suspensions from the male flower of Musa AAA. Physiologia Plantarum 97: 285-290. Côte F.X., M. Folliot, R. Domergue & C. Dubois. 1999. Field performance of embryogenic cell suspensionderived banana plants (Musa AAA, cv. Grand Nain). 1 Laboratory of Tropical Crop Improvement, Katholieke Universiteit Leuven, Kardinaal Mercierlaan 92, B-3001 Heverlee, Belgique 2 Centro de Investigacion Cientiíica de Yucatàn (CICY) A.C., Calle 43 No. 130, Col. Chuburna de Hidalgo, Mexique 3 Instituto de Investigaciones en Viandas Tropicales (INIVIT), Apdo 6 Santo Domingo, Villa Clara, CP 53000, Cuba 4 Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), FAO/IAEA Agriculture and Biotechnology Lab., Plant Breeding Unit, A-2444 Seibersdorf, Autriche 5 Laboratory of Molecular Cytogenetics and Cytometry, Institute of Experimental Botany, Sokolovska 6, CZ-77200 Olomouc, République tchèque. Depuis une dizaine d’années, on sait initier des suspensions cellulaires embryogènes de Musa à partir de méristèmes proliférants (Dhed’a et al. 1991, Dhed’a 1992, Schoofs 1997, Schoofs et al. 1998) et de fleurs mâles (Escalant et al., Côte et al. 1996, Grapin 1995, Grapin et al. 1996, 1998) ou femelles de divers génotypes et cultivars indigènes. Il faut, selon le type d’explant et le cultivar, une période de neuf à 26 mois pour établir une suspension cellulaire de bananier. En raison de la faiblesse de la réponse embryogène, il s’avère difficile d’optimiser l’induction et les premiers stades de l’initiation. Parmi les bons cals embryogènes, la proportion de ceux qui donnent une « bonne » suspension cellulaire (c’est-à-dire apte à la transformation et ayant un potentiel de régénération élevé) se situe seulement entre un sur deux et un sur cinq. Il est clair que l’initiation des suspensions est encore loin d’être bien maîtrisée. Les principaux problèmes posés par l’utilisation des méristèmes proliférants sont la nécessité d’une culture prolongée en présence de concentrations très fortes de BA et les effets qui peuvent en résulter sur le degré de ploïdie. La cytométrie en flux est un outil très performant pour déterminer le degré de ploïdie du matériel de départ et des suspensions. Il est important de faire cette analyse, car l’établissement de suspensions exige beaucoup de temps et de travail. Il est aussi indispensable de procéder rapidement à la cryoconservation des suspensions cellulaires (Panis Abstracts of the International symposium on the molecular and cellular biology of bananas, March 2225, Ithaca, NY, USA. INFOMUSA 8 (1): XII. Dhed’a D. 1992. Culture de suspensions cellulaires embryogéniques et régénération en plantules par embryogénèse somatique chez le bananier et le bananier plantain (Musa spp.). PhD thesis, K.U.Leuven, Belgium. 171pp. Dhed’a D, F. Dumortier, B. Panis, D. Vuylsteke & E.A.L. De Langhe. 1991. Plant regeneration in cell suspension cultures of the cooking banana cv. ‘Bluggoe’ (Musa spp. ABB group). Fruits 46: 125-135. Escalant J.V., C. Teisson & F. Côte. 1994. Amplified somatic embryogenesis from male flowers of triploid banana and plantain cultivars (Musa spp.). In vitro Plant Cellular and Development Biology 30, 181-186. Grapin A. 1995. Régénération par embryogénèse somatique en milieu liquide et transformation génétique par biolistique de bananiers di- et triploides. Ph.D. thesis, Montpellier, France. 90 pp. Grapin A., J. Schwendiman & C. Teisson. 1996. Somatic embryogenesis in plantain banana. In vitro Plant Cellular and Development Biology 32: 66-71. Grapin A., J.L. Ortiz, R. Domergue, J. Babeau, S. Monmarson, J.V. Escalant, C. Teisson & F. Côte. 1998. Establishment of embryogenic callus and initiation and regeneration of embryogenic cell suspensions from female and male immature flowers of Musa. INFOMUSA 7(1): 13-14. Panis B., L.A. Withers L.A & E.A.L. De Langhe. 1990. Cryopreservation of Musa suspension cultures and subsequent regeneration of plants. Cryo-Letters 11: 337-350. Panis B., D. Dhed’a & R. Swennen. 1992. Freezepreservation of embryogenic Musa suspension cultures. Pp. 183-195 in Conservation of Plant Genes (R.P. Adams and J.E. Adams, eds). New York: Academic Press. Schoofs H. 1997. The origin of embryogenic cells in Musa. Ph.D. thesis, K.U.Leuven, Belgium. 257pp. Schoofs H. B. Panis & R. Swennen. 1998. Competence of scalps for somatic embryogenesis in Musa. Proceedings of the First International Symposium on Banana in the Subtropics (V. Galan Sauco, ed.). Acta Horticulturae 490: 475-483. INFOMUSA — Vol 8, N° 2