LES TRADITIONS TAURINES A NÎMES
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LES TRADITIONS TAURINES A NÎMES
LES TRADITIONS TAURINES LE TAUREAU Le taureau a été de tous les temps l’objet d’une vénération païenne ou religieuse. Symbole de la force et de la virilité, le taureau a aussi représenté fécondité et fertilité, tous les caractères qui ont permis l’épanouissement de l’homme sur la terre. Comme l’explique le journaliste Jean-Louis Lopez, le combat de l’homme et du taureau a commencé il y a…quelque cinq cent siècles. Le taureau était l’objet de la convoitise des hommes du paléolithique et la chasse qui s’engageait alors était sans nul doute la plus ancienne des corridas. Plus tard, le taureau cessera d’être nourriture pour devenir un dieu puissant et fougueux. La plus belle histoire racontée a pour cadre une plage grecque au sable fin sur laquelle la douce Europe jouait tranquillement lorsqu’arriva un splendide taureau à l’éclatante blancheur. L’animal n’était autre que Zeus, roi des dieux et des hommes qui, délaissant l’Olympe, vint se coucher aux pieds de celle qu’il aimait. D’abord effrayée, la jeune fille ne tarda pas à monter sur le dos du taureau. Aussitôt Zeus s’élança vers la mer et pénétra dans les flots tandis qu’Europe s’accrochait à ses cornes. Tous deux parviendront ainsi en Crète où ils s’uniront. Vers le Xe siècle avant J.C, la Sicile accueille de nombreuses tribus grecques et étrusques qui offriront à Rome une véritable tradition du Dieu Taureau. On sait que les Grecs vénéraient le taureau sacré et l’un des cultes les plus anciens était celui voué à Dionysos. C’est donc dans ce contexte que pénétra à Rome vers 50 avant J.C le culte de Mithra, Dieu de la lumière et de la bonté, qui reçut un jour l’ordre de tuer un taureau… Et du corps de l’animal estoqué, le Dieu taureau, jaillirent toutes les richesses indispensables à l’homme. Jules César, lui-même, fit apparaitre l’animal mythique dans les Arènes de Rome où des toréros munis d’une épée ou d’une lance l’attendaient. Ovide narre qu’on excitait le taureau à l’aide d’une étoffe rouge : la muleta voyait le jour. Jules César, impressionné par les cavaliers thessaliens, ajouta même à ces tauroboles la présence d’un cheval : le rejoneo serait donc né à Rome. LA FERIA DE NIMES Les dates : 2 fois par an (Féria de Pentecôte et Féria des Vendanges) On parle d’un million de personnes qui se rendent à Nîmes chaque année à la Pentecôte pour participer à la Féria, l’une des plus grandes fêtes de l’Hexagone. Là, il n’y a plus d’interdit, juste un mélange d’opinions, de croyances ou de goûts. La Ville transformée revêt un air de fête, résonne des clameurs sorties des Arènes ou des airs joués par les fanfares, affiche ses toiles sur les boulevards et se laisse aller. La première Féria de Nîmes a eu lieu du 30 mai au 2 juin 1952 et n’a cessé depuis d’évoluer. Durant 6 jours de fête, on peut assister à des corridas dans les arènes, à des abrivados et des encierros (lâchers de taureaux dans les rues), admirer les spectacles de chevaux dans les Jardins de la Fontaine, voir déambuler sur les boulevards les penas, ces troupes musicales, danser la Sévillane jusque tard dans la nuit dans les bodegas en buvant Fino, vins des Costières de Nîmes ou champagne, se restaurer et flâner sur les marchés ou dans les villages camarguais et sévillans disséminés dans la ville, regarder les joutes sur les canaux de la Fontaine, assister à la Pégoulade (défilé carnavalesque d’ouverture de la Féria), danser au gré des concerts et des bals, aller écouter la messe en provençal à la cathédrale ou voir les groupes folkloriques… Le taureau est un mythe chez les Nîmois. La tradition tauromachique coule dans les veines de ce peuple du Sud bercé depuis des générations par une culture et des coutumes d’inspiration camarguaise ou espagnole. C’est pourquoi, s’il est un lieu où la Féria peut s’exprimer, c’est bien à Nîmes. On rapporte que les premières courses datent des fêtes royales données par Alphonse II en l’an 815. Au XIIIe siècle on parlait déjà de « mata-toro » (l’homme qui tue les taureaux) et il semblerait que les Maures aient incontestablement pratiqué cet art. En 1811, des courses de taureaux furent organisées à Nîmes à l’occasion de la naissance du Roi de Rome, et c’est en 1863 qu’eut lieu la première corrida dans l’Amphithéâtre nîmois. LA CORRIDA Elle débute par le « paseo », défilé préliminaire où deux « alguaciles » (cavaliers) viennent saluer le Président, suivis des trois matadors et de leurs « cuadrillas » (équipes). Le Président déclare l’ouverture de la corrida. Le tercio des piques commence : le taureau entre en piste ; il est reçu par les peones, puis par le maestro qui exécute une série de passes, généralement des « véroniques ». Entrent ensuite les picadors dont le but est de calmer, à l’aide d’une pique, la fougue du taureau sans diminuer sa puissance. Suit le tercio des banderilles : le torero ou ses peones vont placer les banderilles (longs bâtonnets) par paires (trois au total) sur le taureau. Après que les clarines aient retenti, le torero prend sa muleta et s’approche de la Présidence pour lui dédier son premier taureau – c’est le brindis – et lui demander l’autorisation de toréer. La faena commence : elle se compose de diverses passes à la muleta (cape rouge) parmi lesquelles les naturelles, les pechos, les derechazos ou les statuaires pour n’en citer que quelques-unes. Enfin arrive le moment de l’estocade (mise à mort). En fonction du travail effectué, les matadors reçoivent des trophées : une ou deux oreilles du taureau, la queue étant la récompense suprême en France. LES TRADITIONS CAMARGUAISES ET LA BOUVINE La Bouvine est l’ensemble des manifestations et des traditions liées au taureau de Camargue. Nîmes est languedocienne géographiquement seulement : ses traditions et ses coutumes sont, elles, profondément ancrées à la Terre Camarguaise. La Petite Camargue, qui est son territoire, se situe à la croisée du Languedoc et de la Provence. Comme le dit si bien Michel Droit : Fière de ses origines, fidèle à ses souvenirs, jalouse de ses traditions, cette Camargue gardianne est, pour nous, la vraie Camargue. Son royaume est l’espace, sa religion est le rêve, son dieu est le taureau. Les origines du taureau de Camargue : La légende est belle. Selon elle, c’est à Héraclès que l’on doit les taureaux de Camargue. L’un des 12 travaux d’Hercule consistait à aller voler des bœufs vers le détroit de Gibraltar. Il les aurait ramenés sur une nacelle d’or. Si l’on en croit la seconde version, le héros a fait halte à la Fontaine de Nîmes où il a rencontré une jeune bergère. De leurs amours est né Nemausus, génie de la Fontaine et de la Ville. Pendant qu’Héraclès est avec la bergère, les animaux du troupeau s’ébattent dans la campagne avec les aurochs indigènes, ce qui aurait donné naissance aux ancêtres des taureaux de Camargue (les gardians de ces troupeaux étaient eux appelés les centaures des marais). Nîmes a toujours été marquée par le taureau puisque la Porte Auguste, porte principale de la ville romaine, est ornée de têtes de taureaux ainsi que les Arènes. L’emblème de la ville est resté une tête de taureau jusqu’à ce que François 1er rétablisse les armoiries actuelles qui sont le crocodile et le palmier. On a même découvert des ossements de bœufs datant de l’âge de fer attestant d’animaux de petite taille. Les taureaux de Camargue descendraient donc de ces petits taureaux antiques. Au 19ème siècle la race a failli disparaitre car les éleveurs les ont accouplés avec des taureaux espagnols. C’est le Marquis de Baroncelli qui, au début du 20ème siècle, a retrouvé la race originelle. LA COURSE CAMARGUAISE L’origine de la course est le Jeu Taurin où animaux divers et valets de ferme combattent et jouent avec le taureau. Le plus ancien témoignage sur l’origine de la course camarguaise remonte en 1402 en Arles où une course avait été donnée en l’honneur de Louis II, Comte de Provence. Un peu plus tard, ces jeux de cirque sont critiqués et l’on passe à un jeu moins cruel, les éleveurs de taureaux prenant conscience de l’importance de la race de taureau « Camargue » qui le prédispose à la course plutôt qu’à la production de viande. Dans ce jeu, l’homme (le razeteur), joue avec le taureau : une cocarde, des glands et ficelles sont fixés sur les cornes de l’animal et des primes sont attribuées à celui qui ira décrocher à l’aide d’un crochet, l’attribut: La course camarguaise est née. Elle devient course libre, après avoir été interdite pendant plusieurs années, en 1852 sous Napoléon III. La première a eu lieu à Vergèze, près de Nîmes, le 14 août 1852. La Fé di Biou est le goût, l’amour et la passion pour les taureaux et chevaux de Camargue, qui pousse les populations dans les rues des villages pour participer ou y admirer les jeux taurins. LA FÊTE VOTIVE Les habitants des villages de petite Camargue et autour de Nîmes se retrouvent chaque année durant la fête votive pour un pur moment de convivialité, mais, la fête, c’est avant tout l’amour du taureau. C’est lui le roi de la Voto, institution qui a ses racines dans la société rurale du XIXe et début du XXe siècle. A cette époque, les fêtes se célébraient après les récoltes, aujourd’hui la plupart se déroulent en plein été. L’ABRIVADO Le matin, les gardians vont « aux prés » trier les taureaux, pour les emmener aux Arènes, et sur le parcours le jeu consiste à faire échapper le taureau : c’est l’Abrivado. Ces matinées aux prés attirent beaucoup de personnes qui viennent y voir trier les taureaux et déjeuner d’un pique-nique souvent bien arrosé : c’est le Déjeuner aux Prés. LA BANDIDO Le soir, les taureaux empruntent le même itinéraire pour rentrer aux prés entourés des gardians selon le même rituel : c’est la Bandido ou échappée. Après l’Abrivado, une vache pour les jeunes est lâchée dans l’arène, puis vient l’heure de l’apéritif, du concours de boules et la course camarguaise de l’après-midi. Après la course, c’est la Bandido, suivie de l’apéritif et du bal jusque tard dans la nuit. De plus en plus de villages organisent aussi, pour leur fête, une journée à l’ancienne durant laquelle on se rend aux prés en calèche, habillés comme à la vieille époque.