Lure : une famille géorgienne expulsée vers la Belgique Le

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Lure : une famille géorgienne expulsée vers la Belgique Le
L’ E S T R É P U B L I C A I N | M E R C R E D I 1 3 J A N V I E R 2 0 1 6
REGION
Tribunal Il prétendait vendre des voitures de Société Arrestation d’un couple et de ses deux enfants en situation irrégulière, hier matin dans un hôtel luron
première main et multipliait les arnaques
L’entrepreneur doubien
condamné dans le Jura
K Le revendeur stockait les voitures à vendre sur un terrain
appartenant à un garagiste de Parcey.
Photo d’illustration Philippe TRIAS
Lons­le­Saunier. « Un véritable escroc » selon le ministère pu­
blic. Ce doubien, ancien autoentrepreneur spécialisé dans la revente de véhicule, était poursuivi pour cinq délits
commis entre 2012 et 2013 dans la région doloise : trom­
perie, faux, altération fraudu­
leuse, abus de confiance et non tenue du registre de re­
vente.
Début 2012, ce trentenaire
se lance dans une activité de négoce de voitures d’occa­
sions. Il s’installe à Parcey sur un terrain prêté par le gérant d’un garage de la commune (notre édition du 6 décembre 2013).
Problème, cet autoentrepre­
neur multiplie les tromperies avec sa clientèle directe ou sur
Leboncoin.fr, comme en té­
moigne la présidente du tribu­
nal correctionnel de Lons qui jugeait l’affaire ce mardi. Onze
victimes sont comptabilisées. Parmi elles, Jean­Luc Coutu­
rier, un habitant d’Ounans est présent à l’audience. Il avait laissé sa voiture en
dépôt­vente, une DS 3, chez le
prévenu qui après la vente de­
vait lui rendre 12 700 €. Bien que le prévenu ait affirmé qu’il rembourserait ses victi­
mes, l’ancien propriétaire de la DS 3 n’a jamais reçu son dû.
Un autre couple s’est aussi fait
abuser de la sorte avec une voiture d’une valeur de 9 000 €.
À l’audience, un représen­
tant de la préfecture du Jura ajoute que le prévenu disait vendre des « premières mains », alors que les véhicules avaient eu au moins trois pro­
priétaires avant cession. Du­
rant l’enquête, les services de l’État ont également constaté qu‘il ne tenait pas son registre de vente. « 330 000 € en 2012
puis 250 000 € sur les six
premiers mois de 2013 »
Absent à l’audience, le pré­
venu se serait défendu en af­
firmant que, ses charges étant trop importantes, il ne pouvait
payer les vendeurs de véhicu­
les. Une version qui n’a pas convaincu le ministère public, mettant en exergue le volume financier du chiffre d’affaires :
« On n’a du mal à le croire vu que son activité a enregistré plus de 330 000 € en 2012 puis 250 000 € sur les six premiers mois de 2013 ». Le tribunal l’a finalement condamné à 10 mois de prison dont cinq avec sursis. La juridiction a également
prononcé une interdiction de gérer une entreprise à but commerciale pendant cinq ans. À ce jour, aucune de ses victimes n’a été payée.
Maxime COURCHÉ
Zoo
La Chaux­de­Fonds :
l’ourse Leila euthanasiée
La Chaux­de­Fonds.
L’émotion est vive au Bois du
Petit­Château, comme va
l’être celle de toute la ville et
du Haut­Doubs tout proche :
l’ourse du célèbre zoo de
La Chaux­de­Fonds a été
euthanasiée ce lundi.
Bien connue des visiteurs
sous le nom de Leila, cette
pensionnaire a marqué
l’histoire de l’institution
depuis son arrivée, en 1993,
du Tierpark de Berne. Trois
ans après son arrivée, elle
avait notamment donné
naissance à trois oursons
dans ce zoo qui compte plus
de 100.000 visiteurs annuels
dont un nombre important
de frontaliers.
L’état de l’ourse s’est
dégradé très rapidement en
fin de semaine dernière.
Semi­paralysé, cet animal de
28 ans ne pouvait plus se
lever et manifestait
beaucoup de souffrance
depuis vendredi passé. Le
traitement administré durant
tout le week­end n’a pas
Lure : une famille géorgienne
expulsée vers la Belgique
Lure. Un couple d’origine géorgienne et ses deux en­
fants en situation irrégulière ont été interpellés mardi ma­
tin à leur hôtel, à Lure, par les
forces de gendarmerie. Les quatre personnes devraient être expulsées vers la Belgi­
que ce mercredi matin.
L’affaire a ému les bénévo­
les des associations caritati­
ves locales et du Comité d’en­
traide aux réfugiés de Lure. Mardi matin, peu avant 8 h, des gendarmes se sont pré­
sentés à l’hôtel Le Luron où résidait la famille Abramyan. Séran et son épouse, Lola, et leurs deux enfants, Lana, 8 ans, et Joni, 12 ans, étaient hébergés là depuis la mi­sep­
tembre arrivant de Besan­
çon.
Déboutés du droit d’asile en
Belgique, leur pays d’accueil (du ressort de la procédure dite de Dublin 3), ces Géor­
giens étaient arrivés illégale­
ment, à Besançon, à la mi­
août. Puis, pris en charge par une association bisontine sur
« Parfaitement intégrés »
Pour Michèle Schepens, la
présidente du Comité d’en­
traide luron, il s’agit d’une décision « incompréhensi­
ble ». « Le couple était parfai­
tement intégré », explique la bénévole. « Séran, le père, avait une promesse d’em­
bauche dans son métier de coiffeur, à Besançon, et son épouse, Lola, était une béné­
vole appréciée aux Restos du Cœur de Lure. » La présiden­
K Les gendarmes sont intervenus hier matin à l’hôtel.
te insiste sur la bonne inté­
gration des enfants : Lola
scolarisée en CE1 à l’école de
la rue de Libération et Joni, inscrit en 6e au collège local. « Il s’agit d’une situation qui
s’avère aussi très coûteuse à tous points de vue. En tant que citoyens, on ne com­
Photo ER
prend pas le sens de cette politique de l’État qui consis­
te à maintenir des gens dans la précarité. »
La famille géorgienne a été
transférée, hier après­midi, au centre de rétention de Metz et devrait être mise
dans un avion à destination de la Belgique ce matin.
« Nous allons mobiliser des
associations à Metz et un avo­
cat », poursuit Michèle Sche­
pens, « pour essayer de trou­
ver une solution juridique
avant la remise dans l’avion. Mais c’est compliqué. »
Une situation « humaine­
ment et administrativement particulièrement dramati­
que », de l’avis de Christine Paoli, également bénévole au
comité d’entraide. « Les deux enfants vont transiter par le centre de rétention de Metz alors que la circulaire Valls stipule que ce ne doit plus être le cas en France désor­
mais », regrette encore Mi­
chèle Schepens.
À Lure, quatre autres fa­
milles sont dans ce cas, deux géorgiennes et quatre alba­
naises, plus deux hommes célibataires. Les associations caritatives et le comité se montrent aussi très inquiets pour leur avenir sur le terri­
toire national.
A.R.
Justice A Belfort, la deuxième journée de l’audience sur « le supermarché de la drogue » a vu le prévenu soupçonné
d’avoir tenu le rôle central dans l’affaire se borner dans le déni
Le fournisseur présumé sur le grill
Belfort. L’audition des « se­
conds couteaux » à la premiè­
re journée de l’audience du tribunal correctionnel de Bel­
fort avait reflété l’hypothéti­
que rôle central de Hocine, un Bisontin de 37 ans, dans l’or­
ganisation d’un trafic de stu­
péfiants sur les régions d’Hé­
rimoncourt (25) et Masevaux (68). Les écoutes téléphoniques
et la sonorisation de son véhi­
cule sous­entendaient les liens étroits d’Hocine avec le réseau d’Offemont et de l’ag­
glomération belfortaines. Ce faisceau de présomptions in­
sinuait que le prévenu était leur fournisseur.
Au président Jean­Luc Frey,
qui lui a donc offert l’opportu­
nité de se défendre hier à la deuxième journée de ce pro­
cès, le trentenaire a, sans sur­
prise, nié toute participation à un quelconque trafic de stu­
péfiants.
« Je ne suis pas un grossiste
et je ne l’ai jamais été », sou­
tient­il. « J’ai été consomma­
teur occasionnel autrefois. Pour de la beuh (cannabis) et de la coke (cocaïne). C’est ter­
miné aujourd’hui. »
Le président a néanmoins
remarqué que le prévenu avait vendu du cannabis. « C’étaient des petites quanti­
tés », assure­t­il en s’agitant à la barre. « C’était pour dépan­
ner. J’ai dû revendre 2 kilos à 2,8 kilos. Pas plus ! D’ailleurs vous n’avez pas trouvé 100 à 300 kilos de cannabis chez moi. Et vous n’avez pas de preuves que je me suis enri­
chi. »
Au président Frey qui a
pointé du doigt ses contradic­
tions sur les quantités de can­
nabis et d’héroïne qu’il a , tant bien que mal, reconnu avoir possédé, il a rétorqué n’avoir été qu’une « nourrice ». « J’ai gardé 46 kilos de résine de cannabis pour des personnes qui savaient qu’elles pou­
vaient me faire confiance », résume­t­il sans se démonter. « E n é c h a n g e, e l l e s m e payaient 2.000 € les trois se­
maines de gardiennage ou 700 € la semaine. »
Dans une conversation cap­
tée dans sa voiture, il a expli­
qué à Hassan, s’être fait voler à l’Arsot une « carotte » (un ballon de 30 kilos). Préjudice : 57.000 € qu’il n’a pas réussi à rembourser. « Je ne savais pas que ma voiture était sonori­
sée », s’offusque­t­il. « Sinon je n’aurais pas dit n’importe quoi. Tout ça, ce sont des bali­
vernes. Vous savez comment c’est, dans les quartiers, on se vante, on exagère. Un peu comme le gars qui va en boîte et qui dit avoir niqué deux meufs. Alors qu’en vérité, il est
rentré bredouille. »
Lecture
des enregistrements
Cherchant à le confondre, le
magistrat a donc relu, une par une, ses déclarations devant les fonctionnaires de police, le magistrat instructeur et les transcriptions des intercep­
tions.
« Votre dossier est monté sur
de mauvaises interprétations des policiers », s’emporte­t­il. « Ce sont des mythos. Entre la réalité et la fiction, il y a une grosse différence. »
Il en a profité pour démentir
s’être retrouvé avec Hassan, dans sa voiture. Des dénéga­
tions qu’avait aussi formulées,
dans la matinée, l’habitant de Chaux âgé de 36 ans qui est soupçonné d’avoir été un transporteur de drogue pour Hocine.
Devant l’insistance du prési­
dent du tribunal à souligner ses contradictions, Hocine est retourné s’asseoir sur son banc. « Je ne répondrais plus à
vos questions », s’énerve­t­il. « Cela ne sert à rien ! Vous ne prenez que la partie des con­
versations qui vous arran­
gent. Il faut relire toute la dis­
cussion. »
Pour calmer son client, Me
Jérôme Pischoff, avocat de la défense, a tenté un coup de poker. Comme l’avaient fait avant lui Mes Alain Dreyfus­
Schmidt et Jean­Michel Ver­
nier, il a demandé la lecture des enregistrements contes­
tés. Ayant décidé d’accéder à leur demande, le président a profité d’une pause pour se les
faire apporter. Puis il a effec­
tué la lecture de la conversa­
tion dans la voiture d’Hocine. Les traits de langage caracté­
ristiques de celui­ci, qui ponc­
tue chaque phrase d’un « tu vois », y sont distincts.
« Franchement », réagit Ho­
cine un tantinet de mauvaise foi, « je n’arrive pas à savoir qui parle. Je conteste la trans­
cription et la cohérence des propos. Ils ne correspondent pas à ma façon de m’expri­
mer ». La main sur le cœur, Hassan n’a pas reconnu sa voix.
La troisième journée de cet­
te audience marathon devrait débuter avec l’audition du dernier prévenu dont le train de vie était incompatible avec ses revenus déclarés.
Pascal CHEVILLOT
Télévision Aymric a crevé le petit écran durant les fêtes de fin d’année. Le maestro haut­saônois de l’émission de
Nagui, « N’oubliez pas les paroles », revient ce jeudi soir à l’antenne pour les masters. Rencontre
K Leila n’est plus là. Photo DR
apporté d’amélioration.
Reconnaissable à son pelage
beige clair – raison pour
laquelle des visiteurs l’ont
souvent confondue avec un
ours polaire – elle laisse
l’ours mâle du zoo bien seul.
Une réflexion approfondie
va être menée pour définir
ce qu’il conviendra de faire
afin que les vieux jours de ce
dernier se passent au mieux.
Le maestro Aymric revient sur France 2
Besançon. Il a (presque) tordu le coup aux canards, aux trous
de mémoire mais pas aux van­
nes de l’animateur vedette Nagui, plutôt soft, finalement, avec l’accent du candidat franc­comtois…
Micro d’argent en main et
disque dur à la place du cer­
veau, Aymric Laïb, le télégéni­
que prof de maths du collège Jean­Rostand de Luxeuil­les­
Bains, folâtre candidat de l’émission « N’oubliez pas les paroles », revient ce jeudi soir en fanfare sur France 2 pour tenter de remporter les mas­
ters. Rencontre, à son domicile
de Velorcey, au nord de Ve­
soul, avec un récent trentenai­
re pétillant et attachant, bercé par les mélodies françaises depuis sa plus tendre enfance.
« J’ai dû garder ma
langue »
« La musique et la chanson,
c’était une fête quotidienne à la maison. » Avec un papa, Mi­
loude, aussi prof de maths et musicien, et une maman, Pa­
tricia, passionnée de chanson, l’équation était simple. Et le résultat tonitruant. Neuf vic­
toires et 71 000 € dans la (gros­
se) caisse. Et surtout, une pré­
sence dans le top 10 des meilleurs maestros. Chapeau l’artiste ! « J’avais passé le cas­
ting et je me retrouvais sur le plateau, pour moi, c’était déjà grandiose. » Trompettes !
Ce jeudi soir, devant trois
millions de téléspectateurs, RFC02 ­ V1
place, ils avaient saisi le tri­
bunal administratif pour un recours peu avant Noël avec l’aide d’une avocate commise
d’office. Une fois encore dé­
bouté, le couple avait fait ap­
pel. Mais cet appel est non suspensif de la décision ad­
ministrative.
Aussi, hier matin, les forces
de l’ordre sont venues les in­
terpeller dans leur chambre d’hôtel, la préfecture ayant
signifié l’exécution de leur expulsion en direction de la Belgique.
dont sa famille, ses élèves, ses collègues profs, ses potes… Aymric gagnera­t­il sa battle ?
Roulement de tambours. Et bouche cousue. « Depuis le tournage de l’émission les 14 et 15 décembre dernier, j’ai dû
garder ma langue. » Résister aux rafales de questions des collégiens curieux devant les­
quels Aymric récite une large partition vestimentaire qui peut aller « du costume, com­
me chez Nagui, au sweat à ca­
puche » qu’il enfile lorsqu’il va
faire du skate. Il est fun ce matheux. Et cool. Il a plu­
sieurs cordes à sa guitare. D’ailleurs, il a commencé par la clarinette.
Dans le creux de l’oreille, sa
maman lui soufflait déjà les paroles des chansons de va­
riété française. Son registre actuel. Celui qui rythme sa vie.
Et celle du groupe avec lequel il va composer son deuxième album après un premier CD en single. « Avant que j’aille à l’émission, elle m’a fait une liste de chansons et chanteurs qui pouvaient potentiellement
tomber. Je connaissais dans les 200 chansons. J’en maîtri­
sais déjà la moitié car j’ani­
mais des soirées dans des res­
taurants, à Besançon, lorsque j’y étais étudiant et je les fai­
sais chanter aux gens. Les autres, je me suis forcé à les apprendre. » Révision avant le
grand oral. Le ton était donné. Dans les aigus en l’occurren­
ce. Style Balavoine, l’une de ses références.
K Le show d’Aymric sur France 2 a duré plusieurs jours.
Heureux hasard, c’est grâce
à « Mon fils, ma bataille » que le Haut­Saônois a lancé son récital télévisuel. « J’ai gagné 10 000 € dès la première émis­
sion. Je me suis dit, mainte­
nant, tout ce que je vivrai, c’est
tout bonus. » Aucun calcul, Aymric enchaîne les bonnes notes. « Ce qui m’a le plus im­
pressionné, ce sont les réac­
tions des gens que je croisais et qui me disaient bravo et merci pour ces instants. » Une bonne humeur contagieuse qui éclaire le petit écran. C’est pareil en cours de maths ? « J’essaie de tout faire pour que les enfants aiment cette matière en essayant de m’adapter au niveau de cha­
cun pour qu’ils s’en sortent. » Sa théorie des accords.
En studio pour son album
Un label qui fait d’Aymric
une composition originale. Avec une résonance qui tou­
che forcément les téléspecta­
teurs. Et peut­être prochaine­
ment, on lui souhaite, un public séduit par ses créations
musicales. « J’ai autoproduit mon premier album et, avec une partie de l’argent que j’ai Photo ER
gagné, je vais pouvoir entrer en studio pour un deuxième. Je vais aussi offrir un nouveau violon à ma femme, Marie. Elle n’a malheureusement pas pu assister aux enregis­
trements. » Il y aura peut­être une séance de rattrapage avant l’été si Aymric conserve sa place au classement des maestros. Il pourra à nouveau participer aux masters. Si c’est
le cas, Aymric sait déjà qu’il « donnera son accord ». Et il bloque ces paroles.
W
Éric BARBIER
Retrouvez les compositions
d’Aymric sur son site aymric.com