le dossier explicatif et technique de Pierre
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le dossier explicatif et technique de Pierre
Il est aisé de prévoir comment agit la lumière. Partout dans le monde, les hommes l'observent et y réagissent depuis des millénaires. Les Chinois l'ont utilisée pour projeter des images lumineuses il y a de cela plus de 2500 ans. Depuis, des savants ont décrit ce même phénomène. D'autres encore ont inventé des appareils destinés à améliorer les images. Certaines de ces inventions ont donné naissance à la photographie. 1. Des traits de lumière C’est grâce à la lumière que nous pouvons voir le monde qui nous entoure. La plupart des objets visibles n'émettent pas de lumière, ils réfléchissent celle émise par d'autres sources. Quand la lumière ainsi réfléchie pénètre dans nos yeux, nous percevons l'objet : nous pouvons le voir. La lumière se déplace en ligne droite. elle peut être réfléchie par des objets. Elle peut être déviée, ou réfractée, quand elle passe d'une substance transparente à une autre (par exemple de l'air dans l'eau). Elle peut être absorbée 1 Dossier réalisé par Pierre STRUDER, enseignant en cycle 3. 2. Les observations savantes Depuis très longtemps, des savants observent les principes fondamentaux de l'optique, ou de la science de la lumière, en observant et en étudiant les images qu’elle dessine et projette. Mo Ti, philosophe chinois (v. 472-v. 391 av. J.-C.) La lumière crée une image inversée quand elle passe par un petit trou percé dans un écran. Aristote, philosophe grec (384-322 av. J.-C.) Des images du Soleil en partie éclipsé sont projetées au sol lorsque la lumière filtre à travers les trous d'une passoire ou le feuillage d'un arbre. Plus le trou est petit, plus l'image est nette. Alhazen, scientifique arabe (v. 965-1039) On peut produire une image du Soleil dans une chambre obscure en laissant passer de la lumière par un petit trou pratiqué dans une de ses parois. Léonard de Vinci, artiste et scientifique italien (1452-1519) « Lorsque les images d'objets éclairés passent par un petit trou dans une chambre très obscure, et si vous recevez ces images sur un papier blanc placé à la verticale à quelque distance de l'ouverture, vous verrez sur le papier tous les objets sous leurs formes et couleurs naturelles. Les objets seront de taille réduite, et inversés, en raison de l'intersection des rayons dans l'ouverture. » Dossier réalisé par Pierre STRUDER, enseignant en cycle 3. 3 3. La camera obscura Camera obscura signifie « chambre obscure » en latin. Il s'agit d'une chambre noire munie d'une petite ouverture : le sténopé, dans une de ses parois. Les rayons lumineux qui traversent cette ouverture forment sur la paroi opposée une image des objets se trouvant à l'extérieur. L'image est inversée verticalement (haut/bas) et horizontalement (gauche/droite). Elle reproduit aussi la couleur et le mouvement. Les inventeurs En 1558, le scientifique italien Giovanni Battista della Porta publie Magiae naturalis (La Magie naturelle). Il s'agit de l'un des ouvrages scientifiques les plus connus du XVIe siècle. Ce livre contribuera plus que tout autre à faire connaître la chambre obscure. La description vivante qu'y fait Della Porta de la chambre obscure et de ses applications éventuelles au théâtre lui valent d'être accusé de sorcellerie. Il comparaît devant un tribunal papal qui l'acquitte; toutefois, il quitte le pays pour un certain temps. "Vous devez d'abord obturer les fenêtres de la pièce et toutes les fissures afin qu'aucune lumière ne s'y infiltre. On fera dans une fenêtre un trou rond de la grosseur du petit doigt. En arrière de cette ouverture, vous mettrez un morceau de toile blanche, voire un morceau de papier. Dans ces conditions, tout ce qui se trouve à l'extérieur, éclairé par le soleil, vous le verrez à l'intérieur et vous remarquerez que les personnes ont la tête en bas ; les objets à droite auront l'air d'être à gauche, toutes les choses seront renversées..." J-B Della Porta, physicien, 1597 L'expression camera obscura a été inventée par l'astronome allemand Johannes Kepler au début du XVIIe siècle. Celui-ci a découvert ce dispositif en lisant l'ouvrage de Della Porta. En 1550, le médecin et mathématicien italien Jérôme Cardan fut le premier à parler de l'utilisation d'une lentille en rapport avec la camera obscura. Comment ça marche ? La camera obscura repose sur le principe que la lumière voyage en ligne droite. Donc en perçant un trou minuscule (sténopé) dans une paroi de la chambre noire, seuls quelques rayons lumineux de chaque détail de la scène à l'extérieur de la chambre obscure passeront à travers l'orifice. Ce sont ces rayons qui forment l'image renversée sur la paroi opposée. Dossier réalisé par Pierre STRUDER, enseignant en cycle 3. Le trou doit être suffisamment petit pour que chacun des points de l'objet soit projeté sur un seul point de l’écran (un seul rayon lumineux partant d'un point donné de l'objet atteint l'écran). Si le trou est trop gros, l'image sera floue... Au XVIe siècle, des savants italiens constatent qu'une lentille placée dans l'orifice produit une image plus et brillante sur un écran placé à la distance appropriée de la lentille. image nette image floue À quoi ça sert ? Les toutes premières cameras obscuras sont des pièces très obscures dans des maisons. On s'en servait pour observer les paysages ou les éclipses solaires. Au XVIe siècle, certains artistes se servent de ces chambres comme outils à dessiner. Ils tracent les images projetées sur le mur. Dossier réalisé par Pierre STRUDER, enseignant en cycle 3. Dans les années 1660, on voit couramment les artistes utiliser des chambres noires portatives en forme de boîte ou de tente. Un petit modèle en forme de boîte se porte aisément sous le bras. Il est muni d'une lentille sur la paroi avant qui fait converger l'image sur un écran en verre dépoli installé au fond de la boîte. L'artiste trace l'image projetée sur cet écran. Les cameras obscuras à usage d'observatoire s'avèrent des plus populaires au XIXe siècle. Souvent situées en des lieux riches en vues panoramiques, elles attirent les curieux et les chercheurs étudiant la nature. 4. De la camera obscura à la photographie 5 Dossier réalisé par Pierre STRUDER, enseignant en cycle 3. L'appareil photographique a été inventé à partir de la camera obscura portative. Dans les années 1660, les chambres obscures portatives possédaient un grand nombre des caractéristiques de l'appareil photographique, sauf qu'il n'existait aucun moyen d'enregistrer les images qu'elles produisaient. Il a fallu plus de cent cinquante ans pour que l'on mette au point des procédés permettant de « fixer » ou rendre permanentes les images créées par la lumière - la naissance de la photographie fut lente et laborieuse… Les premières photographies Le principe de la chambre noire inventé, il faut fixer l'image sur un support. Au 18ème siècle, plusieurs scientifiques réussirent à prendre des clichés, sans parvenir cependant à les fixer. Ces derniers s'effacèrent après exposition à la lumière. Les premières véritables photographies (qui ne disparaissent pas à la lumière) furent réalisées par le physicien français Nicéphore Niépce (1765-1833). Il parvint en 1826 à photographier le paysage qu'il voyait de sa fenêtre. 8 heures d'exposition furent nécessaires pour prendre la photo : on est bien loin des quelques 1/100 de secondes qu'il faut aujourd'hui. Vers l’industrialisation de la photographie En 1829, Niépce s'associe à Jacques Daguerre (1789-1851), qui après la mort de l'inventeur de la photo, poursuivit avec succès les recherches entreprises. Daguerre inventa une nouvelle méthode pour prendre des images qui ne nécessite plus que quelques minutes d'exposition, pour une meilleure qualité. On appelle ces nouvelles photos des Daguerréotypes. Au début des années 1830, l'inventeur britannique William Henry Fox Talbot (1800-1877) découvrit le moyen d'obtenir plusieurs photos à partir d'une unique prise de vue. Il invente ainsi le procédé négatif-positif qui demeure aujourd’hui à la base de la photographie. La photo se fait sur un support transparent, dont les zones exposées à la lumière deviennent noires : le négatif. Les couleurs sont donc inversées. On peut ensuite obtenir un nombre illimité de tirages positifs en mettant le négatif en contact avec une feuille de papier sensibilisé et en exposant le tout à la lumière. Dossier réalisé par Pierre STRUDER, enseignant en cycle 3. 5. Le photogramme ou « épreuve solaire » Un photogramme est une photographie réalisée sans appareil photo. On place un ou des objets directement sur du papier sensible, puis on expose le tout à la lumière. Là où les objets couvrent le papier, celui-ci demeure non exposé et clair; toutefois, là où les objets ne couvrent pas le papier, celui-ci noircit. Après avoir été exposé à la lumière, le papier est développé dans la chambre noire pour révéler l'image, qu'on fixe ensuite. L'Anglais Thomas Wedgwood réalise, vers 1800, les premiers photogrammes qu'il appelle sun prints, épreuves solaires. 6. L’appareil à sténopé L'appareil photographique à sténopé (du grec stenos, étroit, et opê, trou) est le plus simple qui existe pour prendre des photographies. La lumière entre dans la boîte noire par un petit trou pratiqué dans la paroi avant et impressionne le papier photographique placé devant la paroi opposée. Le développement du papier impressionné fait apparaître une image négative inversée. La photographie au sténopé se dit aussi photographie sans lentille. La photographie au sténopé est surtout populaire dans les années 1890. Elle permet de produire des images plus douces qui séduisent le public. À cette époque, des milliers d'appareils à sténopé se vendent bon marché en Europe, au Japon et aux États-Unis. Au début du XXe siècle, ce type de photographie tombe dans l'oubli pour renaître dans les années 1960 et refleurir depuis comme moyen d'expression artistique. L'appareil à sténopé comporte quatre éléments fondamentaux : l'enceinte (la boîte), le sténopé (l'orifice), le support photosensible et l'obturateur. Chacun est adaptable aux besoins du photographe. À titre d'exemples, des photographies par sténopé ont déjà été prises au moyen d'un trou dans le sol, d'une coquille d'œuf, d'une machine à laver le linge et même d'une bouche humaine. N'importe qui peut construire son propre appareil à sténopé. 7. L’œil et l'appareil photo L'oeil humain est l'organe de la vue. L'appareil photo enregistre ce que voit l'oeil. L'oeil et l'appareil photo fonctionnent d'une manière similaire. Les rayons lumineux traversent (A) un petit orifice qui se dilate ou se contracte pour réguler l'intensité variable de la lumière (B). La lumière qui entre s'enregistre sur une surface photosensible (C). Il en résulte une image. 7 Dossier réalisé par Pierre STRUDER, enseignant en cycle 3.