Vie Parisienne - mars 2014
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Vie Parisienne - mars 2014
VENDREDI 14 MARS 2014 L’EXPRESS - L’IMPARTIAL ÉVASION SP-BERNARD PICHON A taille humaine On ne découvre jamais mieux une métropole qu’en la parcourant à pied. Dublin offre ce privilège. PAGE 18 LE MAG PORTRAIT La jeune soprano Leana Durney goûte à la gaieté de «La vie parisienne». La légèreté lui va comme un gant DOMINIQUE BOSSHARD = LE REGARD DE «Joyeuse, un brin déjantée et étourdie.» Telle apparaît Gabrielle aux yeux de Leana Durney. La jeune soprano incarne cette gantière qui, dans «La vie parisienne» d’Offenbach, se déguise en veuve d’un colonel pour duper un baron suédois grisé par les plaisirs de la capitale. Un rôle, osons le jeu de mots, qui lui va comme un gant. Elle s’apprête à le défendre ce week-end à Neuchâtel, au théâtre du Passage, dans une production de l’Avant-Scène opéra. «Interpréter ce personnage comique est très plaisant; d’autant plus que la partition est, vocalement, très intéressante», plaide Leana Durney, rencontrée à l’heure du thé. Plus difficile à exécuter qu’à écouter, et c’est ce qui fait son génie, l’écriture d’Offenbach l’enchante. «Sa musique me met en gaieté; et j’aime sa façon détournée de critiquer la société de son époque.» YVES SENN DIRECTEUR DE L’AVANT-SCÈNE OPÉRA. INTERPRÈTE GARDEFEUX DANS «LA VIE PARISIENNE» «Elle déploie une énergie surdimensionnée» Deux frères en exemple Ses parents – un père décorateur et une mère secrétaire – appréciaient la musique. Pour autant, Leana Durney ne s’est pas réveillée un matin dans son lit de petite fille avec une vocation de chanteuse lyrique. Le virus s’est peu à peu développé, sans doute inoculé par ses frères, deux vecteurs actifs dans les chorales de l’école secondaire et du gymnase de Neuchâtel. «J’allais les écouter au temple du Bas; l’un d’eux faisait des solos d’opéra qui m’impressionnaient beaucoup.» Est-ce la beauté des airs? L’envie d’imiter ses aînés? Toujours est-il qu’à 10 ans, elle fait ses premiers pas dans un «Don Giovanni» monté par l’AvantScène opéra. «J’ai adoré! J’écoutais le CD dans ma chambre, je connaissais les paroles de tous les rôles». Le grand Mozart Désormais, sa voie est toute tracée: en tant que première élève, elle inaugure l’Ecole d’opéra de l’Avant-Scène, prend, Leana Durney éprouve les vertiges de «La vie parisienne». SP-ERIC RENGNET « J’ai vite pris conscience que le talent et la passion ● ne suffisaient pas. Brigitte Hool m’a encouragée à travailler, encore et encore.» LEANA DURNEY SOPRANO en parallèle, des cours de chant avec la soprano neuchâteloise Brigitte Hool, puis gravit l’échelon de la Haute Ecole de musique de Genève, site de Neuchâtel. «Brigitte m’a transmis la rigueur. J’ai très vite pris conscience que le talent et la passion ne suffisaient pas. Je suis bosseuse de nature, mais elle m’a encouragée à travailler, encore et encore!» Parmi les grands rôles que Leana Durney rêverait d’interpré- MÉMENTO RÉCITAL Partitions françaises. Marc Pantillon et sa fille Anne-Laure s’associent pour un concert dédié à des compositeurs, connus et moins connus, qui ont écrit pour le piano et la flûte. Une femme, Mel Bonis – Mélanie pour l’état civil, mais mieux valait, au début du siècle dernier, un prénom neutre pour faire carrière dans ce métier! –, figure dans ce programme entièrement consacré à la musique française. Rendez-vous ce soir à 20h15, Salle Faller à La Chaux-de-Fonds. CONCERT A quatre. Le Quatuor Schumann est l’un des rares ensembles dédiés au répertoire, pourtant riche, du quatuor avec piano, qu’il explore depuis une quinzaine d’années avec bonheur. Demain à 20h, il s’arrêtera au temple du Bas à Neuchâtel, avec des partitions de Gabriel Fauré (Quatuor en sol mineur op. 47 pour piano et cordes) et Robert Schumann (Quatuor en mi bémol majeur pour cordes et piano op. 45). Un concert commenté est proposé aux enfants à 18 heures. ter, ceux des opéras de Mozart s’inscrivent en tête de liste: «Quand j’étais jeune, je le trouvais gnangnan; avec le bagage que j’ai acquis depuis, je me rends compte à quel point cette musique est belle – et difficile à chanter! A quel point, aussi, les émotions que Mozart dépeint restent d’actualité.» Mais qu’en est-il des opéras italiens, de ces grands airs plus tragiques – «La Traviata», «Tosca», «La bohème» – qui très tôt LITTÉRATURE Double vernissage à Neuchâtel Plumes neuchâteloises, Odile Cornuz et Antoinette Rychner (photo) se rendront toutes deux à la librairie le Cabinet d’amateur, demain de 11h à 12h30. La première y présentera «Pourquoi veux-tu que ça rime?», la seconde «Lettres au chat». Deux nouveaux livres, publiés aux éditions d’Autre part. RÉD ont accroché son oreille? «Je les travaille mais, à 27 ans, je m’estime encore trop jeune pour les présenter en public. Ces rôles-là sont très lourds à assumer, et vocalement et émotionnellement. J’ai encore du chemin à faire et je pense qu’il est important de ne pas brûler les étapes.» Sur ce chemin semé d’embûches – la concurrence qui règne dans le milieu n’est pas la moindre! –, l’interprète de Despina («Cosi fan tutte»), de Frasquita («Carmen») ou de la comtesse de Folleville («Le voyage à Reims») a pu compter sur quelques guides avisés. Yves Senn, bien sûr, directeur de l’AvantScène qui, dit-elle, lui a insufflé la passion, la joie et l’envie de faire ce métier. Son coach vocal, Anthony Di Giantomasso, tout à la fois prof de chant, de diction et de phonétique: «Il m’a apporté quantité d’outils. Avec lui, j’ai découvert un monde que je n’imaginais même pas.» Le musicien et chef d’orchestre Nicolas Farine, qui l’a engagée alors qu’elle n’avait pas trop confiance en elle. Et, last but not least, le baryton Davide Autieri, son compagnon à la ville comme à la scène, avec qui elle a créé «L’opéra dans tous ses états», une fantai- «Je connais Leana depuis qu’elle est toute petite. Sur scène, c’est quelqu’un qui déploie une énergie surdimensionnée. Elle dévore les choses, avec une grande intelligence. Elle donne vraiment tout ce qu’elle a, c’est sa grande force, mais sans qu’aucun de ses mouvements ne soit gratuit, ou anecdotique. Au-delà de cette implication totale, elle possède une grande sensibilité et une grande poésie. Je garde, entre beaucoup d’autres, un merveilleux souvenir de son apparition dans les arènes d’Arles: quand, un cierge à la main, elle a chanté la chanson du berger (réd: dans «Mireille» de Gounod) devant 3000 personnes, je crois que j’ai rarement vu autant de gens pleurer. Elle a su nous toucher directement, avec une grande simplicité, et c’est une qualité qu’elle a gardée. Jouer cette «Vie parisienne» avec elle et Davide Autieri, c’est un véritable cadeau!» sie lyrique plébiscitée par la critique et le public. «Le mental est très important dans notre métier. J’ai dû le travailler tout comme ma voix. Mon entourage m’aide, et m’a toujours aidée, à tenir la barre; c’est une chance énorme. Aujourd’hui, je commence à avoir les épaules un peu plus larges!» + INFO Neuchâtel: théâtre du Passage, ce soir et demain à 20h (places disponibles); dimanche à 17h (complet). En collaboration avec le Conservatoire neuchâtelois et la Campanelle de Pontarlier. = LE LIVRE DE LA SEMAINE «Diego le dompteur» Diego est un sacré dompteur d’animaux! Il crée des toboggans pour les escargots et des trapèzes pour les écureuils. Mais Diego a aussi un gros problème. Il a un papa qui a MARIE-ANNE très peur des animaux (même des paAEBY pillons!) et qui ne veut jamais assister à ses LIBRAIRIE LE RAT CONTEUR, spectacles de dressage. Alors à quoi bon! NEUCHÂTEL Un jour, il décide que tout ça est terminé. Il va dresser des animaux sauvages en les transformant en objets du quotidien. Un ours polaire devient fauteuil, un tigre tapis et des hippopotames canapé. Mais comment va réagir son papa quand il va se rendre comp- te qu’il vit entouré de ses plus grandes peurs? Quel enfant n’a pas rêvé de vivre avec un tigre, un flamant rose ou un serpent comme animal domestique? Une aventure farfelue d’un petit garçon bien courageux et d’un papa un peu peureux. Une chouette histoire qui ravira petits et grands. «Diego le dompteur», Tjibbe Veldkamp et Philip Hopman, éditions Sarbacane, 32 pages.