Ivry ma ville - Théâtre des Quartiers d`Ivry

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Ivry ma ville - Théâtre des Quartiers d`Ivry
IVRYMAVILLE
ivry 94.fr • JOURNAL MUNICIPAL D’INFORMATIONS LOCALES
DOSSIER
À Ivry, l’école
c’est classe
MARS 2013 N•441
T H É ÂT R E D E S Q U A R T I E R S D ’ I V R Y
Un auteur venu
d’ailleurs
L’ÉVÉNEMENT
T R I LO G I E U R U G U AY E N N E
Le théâtre de l’humour
S
Gabriel Calderón,
jeune dramaturge
uruguayen,
auteur phare de
la nouvelle
génération,
présente trois
pièces au Théâtre
des quartiers d’Ivry.
Photo ci-dessus :
Répétition de Ore, mis en
scène par Adel Hakim
(costumes et décors non
définitifs).
6 ● IVRY MA VILLE ● MARS 2013
Subversif ou transgressif ? C’est un point que
l’auteur Gabriel Calderón tranche avec la précision qui caractérise son écriture. « Je ne veux
pas être hypocrite, déclare-t-il. Je ne suis pas
en marge de la société. Je me place du côté
de la subversion, c’est-à-dire que je me développe dans un modèle pour mieux le faire exploser de l’intérieur. » Le trentenaire est du genre
à vous expliquer la différence entre les deux
notions en comparant deux peintres baroques :
le Caravage, qui vivait dans des bouges, serait
transgressif vis-à-vis du pouvoir, et Vélazquez,
membre de la cour, subversif. Calderón dépeint
donc, à la Vélazquez, la société uruguayenne :
la dictature à l’œuvre pendant des années dans
le pays, la religion, la sexualité, la politique...
« La subversion de mon théâtre c’est de distraire le public mais en le dérangeant, explique
le dramaturge. Je pratique un humour cruel,
un rire douloureux. »
Ouz, Ore et Ex, les trois pièces qu’il présente
au Théâtre des quartiers d’Ivry sous le titre
Radical Calderón, décrivent des familles dysfonctionnelles d’où sourdent domination et
angoisse.
BATMAN ET ŒDIPE
« J’aurais pu choisir de parler de la vie de
bureau, mais la famille est pour moi la cellule
politique primordiale, avec ses hiérarchies, ses
mensonges », précise-t-il. Il y fait surgir le fantastique : des extraterrestres, Dieu ou des
morts s’invitent dans ces foyers. « Je connais
mieux Batman que Œdipe ou Hamlet, avancet-il avec sérieux. Mais utiliser la science fiction
n’est pas un gadget, c’est un moyen de mieux
raconter mes histoires. Sans elle, mes pièces
ne tiennent pas. »
C’est cette écriture foisonnante qui a séduit
Adel Hakim, le codirecteur du TQI.
BIO EXPRESS
Calderón, le prolifique
Né en novembre 1982 à Montevideo, Uruguay, Gabriel Calderón
étudie l’art dramatique à l’atelier dirigé par Diego Artucio, cours
d’approche théâtrale du Teatro Circular de Montevideo. En 2001, il
intègre l’école municipale d’art dramatique de Montevideo, jusqu’en
troisième année. Il est auteur de quatorze pièces de théâtre, acteur,
metteur en scène et directeur de compagnie.
Il met en scène de nombreuses productions, pour la plupart de ses
propres textes, dont :
- Mas Vale Solo (prix du meilleur spectacle et mention à la
meilleure dramaturgie des 11e rencontres du jeune théâtre de
Montevideo, 2011)
- Taurus, el juego (nominé au prix Florencio - révélation - attribué
par la société des critiques de théâtre de Montevideo, 2004)
- Mi Muñequita (nominé à six prix Florencio)
- Uz, el pueblo (Teatro Circular, 2005)
- Morir de Sergi Belbel (Teatro Circular, 2005)
- Los Restos de Ana (Djerassi Program, EEUU, 2006)
- Las Nenas de Pepe (Vieja Farmacia, Teatro Solis, 2007)
- Antes/Después de Roland Schimmelpfennig (Teatro Stella, Italie,
2007)
- Obscena (prix Iris, 2008, Espacio Palermo, Montevideo)
- Or (2010)
- Ex (2012)
Il reçoit un grand nombre de prix nationaux et internationaux pour
son travail d’auteur, de metteur en scène et d’acteur.
En 2005, il crée avec Martin Inthamoussu la compagnie d’arts
scéniques COMPLOT qu’il dirige à ce jour, et qu’ont rejoint les
artistes Maria Percovich, Ramiro Perdomo et Sergio Blanco. Il y a
créé ou collaboré à plus de dix-huit spectacles de théâtre et de
danse (www.ciacomplot.com).
cruel
« J’ai vu certaines de ses œuvres à Montevideo
où je travaillais avec la Comedia Nacional, en
2006. Ça a été un vrai choc, raconte-t-il.
Calderón me rappelle l’Argentin Copi : les
délires de ses personnages débouchent sur
des critiques sociales, son traitement de la
sexualité se fait analyse politique. »
L’Ivryen fait traduire cinq pièces de l’Uruguayen
et l’invite pour un atelier au TQI en janvier 2012.
Calderón y écrit Ex. Les deux compères se partagent la mise en scène des trois pièces présentées cette saison.
« Ce qui est fou c’est que la crise économique
de 2001 a été bénéfique pour moi, estime le
prolifique Calderón. Quitte à ne pas trouver de
travail, elle m’a décidé à me lancer dans le
théâtre. »
Ironie du sort ou ressort dramatique ?
• Thomas Portier
Gabriel Calderón.
Du 18 mars au 21 avril au
studio Casanova : 69 avenue
Danielle Casanova.
01 43 90 11 11.
www.theatre-quartiers-ivry.com
En marge
des spectacles
En présence de Gabriel
Calderón et Adel Hakim :
« Le théâtre, comédie du
social »
Le 19 mars à 16 h à l’Institut
des hautes études de
l’Amérique latine : 28 rue
Saint Guillaume Paris 7e.
« Dieu, extraterrestres et
dictature »
Le 23 mars à 16 h au studio
Casanova.
Trilogie
Radical Calderón
Ore - Peut-être la vie est-elle
ridicule ?
Une fille a été enlevée par les
militaires sous la dictature.
Plus tard, son frère veut
s’engager dans l’armée : une
insulte au passé pour le père
et la mère…
Ouz - Le village.
Dieu exige de Grace qu’elle
tue un de ses deux enfants :
Tom, jeune homme plein de
projets, ou l’autiste Dorothée…
Ex - Que crèvent les
protagonistes.
Ana est tourmentée par des
secrets de famille liés à la
dictature. Pour Noël, son
fiancé lui propose de réunir
les membres de sa famille
morts à différents moments…
« Explorations théâtrales en
Amérique latine »
Le 27 mars à 19 h 30 à la
Maison de l’Amérique latine :
217 boulevard Saint Germain,
Paris 7e.
Rencontre avec l’équipe
artistique
Le 4 avril à l’issue de la
représentation, au studio
Casanova.
« Regards croisés théâtre et
cinéma »
Projection destinée aux
scolaires du film Le
labyrinthe de Pan de
Guillermo del Toro
Le 9 avril à 9 h au cinéma
Le Luxy.
Atelier théâtre à la maison
d’arrêt de Fresnes en marsavril.
MARS 2013
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IVRY MA VILLE ●
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