« A chaque jour ses difficultés et ses soucis » Charles
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« A chaque jour ses difficultés et ses soucis » Charles
TISSIER Marion Superviseur 72 rue du petit bois Stéphany ORAIN-PELISSOLO 78370 Plaisir « A chaque jour ses difficultés et ses soucis » Charles-Maurice de Talleyrand Anxiété généralisée chez une femme de 36 ans « Choisir c’est renoncer » André Gide Anxiété généralisée chez une femme de 73 ans Mémoire Module 2, AFTCC Paris Année 2013-2014 SOMMAIRE Introduction ............................................................................................................................... 2 P A R T I E T H E O R I Q U E ............................................................................................................ 3 I. Historique et modèles du trouble anxieux généralisé (TAG) .............................. 3 A. Les concepts d’anxiété et de trouble anxieux généralisé .................................................... 3 B. Modélisation du trouble anxieux généralisé ........................................................................ 3 A. B. C. D. II. Clinique du trouble anxieux généralisé .................................................................. 5 Epidémiologie ..................................................................................................................... 5 Diagnostic du trouble anxieux généralisé selon le DSM-IV-tr (2000) ............................... 5 Diagnostic différentiel ......................................................................................................... 6 Comorbidités ....................................................................................................................... 6 III. Prise en charge thérapeutique du trouble anxieux généralisé ........................... 6 A. Les traitements pharmacologiques ...................................................................................... 6 B. Les thérapies cognitives et comportementales, les méthodes d’intervention ...................... 7 IV. Particularités du TAG dans la population âgée ................................................... 8 A. Prévalence ........................................................................................................................... 8 B. Prise en charge du trouble ................................................................................................... 8 V. Echelles d’évaluation ............................................................................................... 9 C A S C L I N I Q U E S .................................................................................................................. 12 I. Madame Noémie C. ................................................................................................. 12 A. Motif de consultation ........................................................................................................ 12 B. Anamnèse .......................................................................................................................... 12 C. Diagnostic et lignes de base .............................................................................................. 14 D. Analyse fonctionnelle ........................................................................................................ 16 E. Analyse de la demande ...................................................................................................... 19 F. Projections thérapeutiques ................................................................................................. 19 G. Conclusion sur le ressenti du thérapeute ........................................................................... 20 A. B. C. D. E. F. G. II. Madame Odette B. ................................................................................................. 21 Motif de consultation ........................................................................................................ 21 Anamnèse .......................................................................................................................... 21 Diagnostic et lignes de base .............................................................................................. 22 Analyse fonctionnelle ........................................................................................................ 24 Analyse de la demande ...................................................................................................... 27 Projections thérapeutiques ................................................................................................. 27 Conclusion sur le ressenti du thérapeute ........................................................................... 28 Conclusion .............................................................................................................................. 29 Bibliographie ......................................................................................................................... 30 Annexe 1 : Situations de choix de Madame B. ...................................................................... 35 1 Introduction Psychologue diplômée depuis 2005, je travaille au centre hospitalier de Poissy-Saint-Germain-enLaye, dans les Yvelines, depuis 3 ans. Cet établissement hospitalier est le plus important de l’ouest parisien. L’activité est répartie en 8 pôles, regroupant 50 services de soins, qui s’adressent aux individus de tout âge et souffrant de toute pathologie : pôles « femme-mère-enfant », « psychiatrie », «urgences-smur-réanimation », « logistiques médico-techniques », « chirurgieanesthésie-blocs opératoires », « médecine interne et cardiovasculaire », « oncologie médicale et infectiologie » ainsi que le pôle « gériatrie-neurologie-rééducation » dont je fais partie. Je suis spécialisée en neuropsychologie et je travaille dans le service de Neurologie. L’activité du service s’oriente principalement autour de la prise en charge de patients souffrant de pathologies vasculaires et neurodégénératives. La spécialité du chef de service fait que nous accueillons beaucoup de patients souffrant de sclérose en plaques. Mon activité principale consiste en la réalisation de bilans neuropsychologiques pour les patients du service. Depuis que je suis inscrite à la formation de l’AFTCC, les membres de l’équipe avec lesquels je travaille ainsi que certains collègues du centre hospitalier (en gériatrie et en psychiatrie) sont informés de la possibilité de m’adresser des patients pour qui une thérapie comportementale et cognitive pourrait être indiquée. « L’étiquette » de neuropsychologue étant bien ancrée dans l’esprit de mes collègues, il a été difficile d’installer cette nouvelle activité. Jusqu’à présent, j’estimais que mon travail auprès des patients dans une démarche neuropsychologique ne nécessitait pas de supervision, d’autant que je suis habituée à partager et à discuter avec les collègues de ma spécialité au sein de l’établissement ou par l’intermédiaire d’un forum professionnel réservé. Les premières séances de supervision dans le cadre de la formation m’ont semblé, par contre, indispensables à l’activité « clinique » et très enrichissantes. Ainsi, j’espère pouvoir rapidement m’inscrire dans une démarche de supervision. 2 PARTIE THEORIQUE I. Historique et modèles du trouble anxieux généralisé (TAG) A. Les concepts d’anxiété et de trouble anxieux généralisé L’anxiété est un état psychologique et physiologique qui s’exprime par des manifestations somatiques, émotionnelles, cognitives et comportementales. Elle se distingue de la peur qui est une réponse émotionnelle faisant suite à la présence actuelle ou future d’un danger. Il s’agit d’un moyen d’adaptation et de préservation de l’homme qui conduit à un comportement de fuite ou d’évitement. Alors que la peur est une réaction normale et adaptative, l’anxiété est pathologique lorsque l’émotion devient envahissante et engendre de la souffrance. C’est en 1980 que le TAG est apparu dans la classification du DSM-III (APA, 1980), il n’était alors qu’un trouble « par défaut », lorsque les symptômes n’étaient pas mieux expliqués par un autre trouble anxieux. Dans la version révisée du DSM-III, le TAG apparaît comme un diagnostic où l’inquiétude en est le symptôme principal. Le TAG se définit par : « anxiété et inquiétudes injustifiées ou excessives (attente craintive) concernant deux ou plusieurs situations ou événements, pendant six mois ou plus, avec présence d’inquiétudes, plus d’une journée sur deux » (APA, 1987). Avec la 4ème version du DSM (1994), des termes plus précis sont apportés afin de faciliter la démarche diagnostique telles que la notion « d’inquiétude excessive et difficile à contrôler » alors que les critères somatiques sont simplifiés (de 18 à 6 items). B. Modélisation du trouble anxieux généralisé Dans le trouble anxieux généralisé, le souci est l’élément central (pensée anxieuse sur un danger futur, indépendant de la volonté) et il existe un système d’alerte émotionnelle qui scrute en permanence ces soucis. L’inquiétude, est un processus stratégique qui permet de venir au bout de la menace par une chaîne de pensées ou d’images négatives. Cette inquiétude résulte de l’intolérance à l’incertitude, qui maintient le niveau de menace perçue car elle ne résout pas le problème posé par le souci. • Théorie cognitive de l’anxiété de Beck (1985) Le point central est la perception d’une menace ou d’un danger. Dans l’anxiété pathologique il y a une surestimation du danger et une anticipation anxieuse. • Les travaux de Borkovec et Inz (1990) Leurs travaux sont centrés sur la nature et la fonction de l’inquiétude. L’inquiétude serait un évitement cognitif servant à éviter les images mentales. Ce processus ferait diminuer les réponses physiologiques, permettrait d’éviter les événements négatifs et se distraire d’un contenu émotionnel 3 plus chargé. L’évitement mental inhibe le processus émotionnel nécessaire pour surmonter les désagréments causés par l’anxiété et contribue donc au maintien de cette dernière. • Modèle cognitif de Craske, Barlow et O’Leary (1992) L’inquiétude y est considérée comme une forme d’appréhension au sujet des événements à venir. L’inquiétude se caractériserait par un phénomène cognitif auquel s’ajoute un état de détresse émotionnelle (anxiété) sur un événement futur aux conséquences incertaines. Ils donnent à cette forme d’inquiétude le nom de souci. • Modèle cognitif de Talis et Eysenk (1994) Le développement des inquiétudes serait déterminé par quatre facteurs ; le coût de la menace, l’imminence, la probabilité d’occurrence et le sentiment d’efficacité personnelle face à cette menace. • Modèle comportemental et cognitif de Dugas, Gagnon, Ladouceur et Freeston (1998) Ils identifient quatre variables : l’intolérance à l’ambigu et à l’incertitude, la conviction de l’utilité du souci (croyances), le déficit dans la résolution de problème et l’évitement cognitif des images pénibles. Il en ressort des schémas cognitifs des patients souffrant de TAG : « Le monde est plein de dangers et de menaces, je suis fragile et ceux que j’aime aussi. On peut survivre, à condition de prendre toutes les précautions adéquates ». Les conséquences comportementales de l’intolérance à l’incertitude sont la procrastination, le perfectionnisme, les vérifications, la difficulté à faire confiance et à déléguer ainsi qu’un important besoin de réassurance. Selon Ladouceur (1999), le souci dans le TAG serait un évitement cognitif utilisé parce qu’il entraîne une activation émotionnelle moins forte que les images, il empêche l’habituation aux scénarii catastrophes. • Modèle cognitif de Wells et Carter (1999) Ce modèle se base sur le rôle des croyances erronées (concernant l’utilité des inquiétudes). Ils classifient 2 types de soucis. Le souci de type 1 concerne les inquiétudes initiales (croyances plus rigides) tandis que le souci de type 2 est une méta-inquiétude, l’appréciation et les croyances négatives du souci. Ladouceur et Dugas en 1999 définissent deux types d’inquiétudes. L’inquiétude de type 1 fait suite à des problèmes actuels et concrets (conflit avec un de ses enfants, par exemple) alors que l’inquiétude de type 2 ne concerne que des problèmes potentiels qui se dérouleraient dans le futur (maladie grave d’un proche sans preuve médicale allant dans ce sens actuellement, par exemple). 4 II. Clinique du trouble anxieux généralisé A. Epidémiologie Le TAG a une prévalence de 2% sur la vie entière dans les pays européens, il concerne 2 fois plus les femmes (Lieb, Becker et Altamura, 2005). Il existe de multiples facteurs de risque tels que la vulnérabilité génétique, les traits de personnalité, l’environnement social ou familial et les événements de vie (perte d’emploi, séparation). B. Diagnostic du trouble anxieux généralisé selon le DSM-IV-tr (2000) Les critères diagnostiques du TAG sont indiqués dans le tableau 1. Tableau 1 : Critères diagnostiques du TAG selon le DSM-IV-tr. Critère A Anxiété et soucis excessifs (attente avec appréhension) survenant la plupart du temps durant au moins 6 mois concernant un certain nombre d’événements ou d’activités (tel le travail ou les performances scolaires). Critère B La personne éprouve de la difficulté à contrôler cette préoccupation. Critère C L’anxiété et les soucis sont associés à trois (ou plus) des six symptômes suivants (dont au moins certains symptômes présents la plupart du temps durant les 6 derniers mois). (1) agitation ou sensation d’être survolté ou à bout (2) fatigabilité (3) difficultés de concentration ou trous de mémoire (4) irritabilité (5) tension musculaire (6) perturbation du sommeil (difficultés d’endormissement ou sommeil interrompu ou sommeil agité et non satisfaisant) Critère D L’objet de l’anxiété et des soucis n’est pas limité aux manifestations d’un trouble de l’Axe I, p. ex. l’anxiété ou la préoccupation n’est pas celle d’avoir une Attaque de Panique (comme dans le Trouble panique), d’être gêné en public (comme dans la Phobie sociale), d’être contaminé (comme dans le Trouble obsessionnel-compulsif), d’être loin de son domicile ou de ses proches (comme dans le Trouble anxiété de séparation), de prendre du poids (comme dans l’Anorexie mentale), d’avoir de multiples plaintes somatiques (comme dans le Trouble somatisation) ou d’avoir une maladie grave (comme dans l’Hypocondrie), et l’anxiété et les préoccupations ne surviennent pas exclusivement au cours d’un État de stress posttraumatique. Critère E L’anxiété, les soucis ou les symptômes physiques entraînent une souffrance cliniquement significative ou une altération du fonctionnement social, professionnel ou dans d’autres domaines importants. Critère F La perturbation n’est pas due aux effets physiologiques directs d’une substance (p. ex. une substance donnant lieu à un abus, un médicament) ou d’une affection médicale générale (p. ex. hyperthyroïdie) et ne survient pas exclusivement au cours d’un Trouble de l’humeur, d’un Trouble psychotique ou d’un Trouble envahissant du développement. 5 C. Diagnostic différentiel Le patient souffrant de TAG se questionne sur l’avenir, les dangers extérieurs qu’il pourrait anticiper ou éviter. Dans l’anxiété normale, les soucis sont contrôlables et moins envahissants, il n’y a pas d’urgence ni de troubles physiques. Dans le stress, il s’agit d’une pression extérieure sur le sujet et sa réaction est plus ou moins adaptée. Dans le Trouble Obsessionnel Compulsif, le patient est obsédé par un danger qu’il pourrait provoquer. Dans la Dépression, on observe un chevauchement des symptômes mais le patient est centré sur le passé avec ruminations. Dans les autres troubles anxieux (phobie sociale, agoraphobie, phobie simple), seul un domaine est concerné par les inquiétudes ou en tout cas il n’y a pas contagion à tous les domaines. D. Comorbidités (Kessler et al., 1994) La tendance aux soucis est souvent présente dès l’enfance, avec une évolution chronique mais d’intensité fluctuante. 90% des patients souffrant de TAG ont un autre trouble (épisode dépressif majeur, addictions, anxiété sociale, trouble panique, trouble de la personnalité). III. Prise en charge thérapeutique du trouble anxieux généralisé La première recommandation suite au diagnostic de TAG est l’information du patient, notamment sur la définition de son trouble, ses manifestations, sa fréquence, ses causes et les différents traitements. Il s’agit d’une étape nécessaire pour obtenir la confiance du patient et ainsi créer une bonne alliance thérapeutique. A. Les traitements pharmacologiques Selon l’HAS (novembre 2011), plusieurs psychotropes peuvent être utilisés dans le traitement des troubles anxieux graves en première intention ou traitement de fond : Escilatopram, Paroxetine (antidépresseur, inhibiteur de la recapture de la sérotonine), Venlafaxine (antidépresseur, inhibiteur de la recapture de la sérotonine, noradrénaline) et Pregabaline (anti-épileptique). Les benzodiazépines sont fréquemment utilisés dans le traitement du trouble anxieux généralisé avec un effet maximal pendant les 3 à 4 premières semaines de traitement. On obtient une amélioration importante pour 35% des patients souffrants de TAG et une amélioration modérée 6 pour 40% (Ballenger, 1999). Ils doivent cependant être limités à l’utilisation en cas d’exacerbation anxieuse, tout comme l’hydroxyzine (HAS, novembre 2011). B. Les thérapies cognitives et comportementales, les méthodes d’intervention • La relaxation Elle vise à réduire l’hyperactivité du système nerveux végétatif. On utilise principalement 2 formes de relaxation : le training autogène de Schultz et la relaxation musculaire progressive de Jacobson. L’objectif de la relaxation est d’obtenir un relâchement musculaire, une respiration lente et un ralentissement cardiaque. • L’exposition comportementale Elle vise l’extinction du comportement par la confrontation répétée à la situation anxiogène. Il existe deux type d’exposition : en imagination et in vivo. L’exposition se fait toujours de manière graduelle et répétée. • Programme de Craske et al. (1992) Craske et al. ont mis en place un programme comprenant 3 composantes : La relaxation contrôlée sur indices (association d’un indice à un état de calme), l’exposition en imagination et la restructuration cognitive (identifier ses plus grandes craintes imaginaires et s’y exposer en imagination de façon prolongée et répétée puis généraliser) et la prévention des réponses de vérification et des comportements d’évitement. Il s’agit d’un programme de 10 à 15 séances : - Explication de l’anxiété généralisée - Relaxation contrôlée sur indices - Modification cognitive : surestimation du risque - Exposition en imagination : penser le pire - Contrôle des soucis : développer des stratégies d’adaptation au pire - Prévention des réponses de vérification - Modification des comportements subtils d’évitement • L’exposition cognitive Il s’agit d’affronter les pensées qui font peur : soucis de type II. Cette stratégie n’est possible qu’après une bonne alliance thérapeutique. Le patient élabore le scénario sous forme d’une flèche descendante (en allant toujours plus loin dans la gravité) favorisant la formation d’images mentales. Il s’agit de rechercher l’habituation, d’affronter ses peurs et de les apprivoiser progressivement. • La résolution de problèmes Gosselin, Dugas et Ladouceur (2002) ont montré que la population souffrant de TAG disposait d’attitudes, d’émotions et de cognitions inefficaces dans le processus de recherche de solutions. Une 7 stratégie cognitivo-comportementale est donc l’apprentissage d’une stratégie de résolution de problèmes : définition spécifique du problème et de l’objectif à atteindre, genèse de solutions possibles, choix de solutions, application et évaluation du résultat (Leblanc, Dugas, Gaudet, Turcotte et Savard, 2006). Les TCC apparaissent comme les thérapies les plus efficaces dans le TAG (ANAES, 2002). Il est à noter que la thérapie doit évidemment être flexible et s’adapter au patient en ajoutant ou supprimant des étapes. IV. Particularités du TAG dans la population âgée A. Prévalence Bien que considéré comme le trouble anxieux le plus fréquent dans la population âgée (Mackenzie, Reynolds, Chou, Pagura, et Sareen, 2011) les études sur la prévalence du TAG chez la personne âgée sont assez hétéroclites. Nous retiendrons que le taux de prévalence est moins élevé chez les personnes âgées que pour la population adulte en général (Bryant, Jackson et Ames, 2008 ; Gum, King-Kallimanis et Kohn, 2009). B. Prise en charge du trouble • La prise en charge pharmacologique La prescription d’un traitement par psychotropes à dose efficace est toujours compliquée dans une population consommant déjà de nombreux médicaments. De plus, un traitement par benzodiazépines est souvent déjà instauré depuis de nombreuses années (Benitez et al., 2008 ; Wolitzky-Taylor, Castriotta, Lenze, Stanley, et Craske, 2010). Par ailleurs, les effets secondaires tels que la somnolence, les risques de chutes ainsi que les troubles cognitifs doivent être précautionneusement mis dans la balance coût/efficacité (Gray et al., 2006 ; Hanlon et al., 1998). Les ISRS sont davantage préconisés dans le traitement du TAG chez la personne âgée mais leur effet plus lent rend l’observance des patients plus difficile (Lenze et al., 2005 ; Baldwin et al., 2005 ; Vasile, Bruce, Goisman, Pagano et Keller, 2005) • La thérapie cognitive et comportementale Ce sont principalement la relaxation et les techniques comportementales qui ont démontré leur efficacité chez les personnes âgées. Hendriks, Oude Voshaar, Keijsers, Hoogduin, et Van Balkom ont confirmé dans une méta-analyse, en 2008, l’intérêt de la prise en charge cognitivocomportementales chez les plus de 60 ans. 8 • Le thermalisme psychiatrique Dubois, Salamon, Poirier et Olié (2008) ont montré que la prise en charge du trouble anxieux généralisé par une crénothérapie (soins thermaux, suivi institutionnel, suivi psychiatrique et éloignement du domicile) avait une action thérapeutique significativement supérieure à un traitement par paroxétine avec une durée du bénéfice au moins à 24 semaines. • La bibliothérapie ou help-self La bibliothérapie ou le « help-self » utilise le livre comme outil de soin. Il s’agit de livres proposés par le thérapeute pour aider le patient à comprendre et agir sur son trouble. En 2012 Brenes et al. ainsi que Zou et al. ont montré que l’utilisation de la bibliothérapie associée à un manuel de techniques cognitivo-comportementales (ou à un matériel disponible sur internet) avec des appels téléphoniques d’un psychothérapeute peut être efficace pour réduire les inquiétudes chez les personnes âgées. V. Echelles d’évaluation Nous détaillerons ici certaines des échelles habituellement utilisées dans l’évaluation du trouble anxieux généralisé mais également les échelles utilisées pour compléter l’évaluation et obtenir des scores de lignes de base. Nous utilisons pour les descriptifs, études de validation et normes (lorsqu’elles sont disponibles), les manuels « protocoles et échelles d’évaluation en psychiatrie et psychologie » de Bouvard et Cottraux, 2010 et « questionnaires et échelles d’évaluation de la personnalité » de Bouvard, 2009. ! Echelle d’appréciation de l’anxiété d’Hamilton Développée par Hamilton (1969), nous avons choisi cette échelle dans le but d’évaluer la sévérité de l’anxiété préalablement identifiée lors de la démarche diagnostique (Pellet, 1993). Par ailleurs, sa bonne sensibilité au changement nous permet d’avoir un outil de ligne de base intéressant. Il s’agit d’une échelle de 14 items, en hétéro-évaluation, après un entretien clinique classique sur une échelle d’intensité de 0 à 4. Il est possible d’obtenir une note globale de 0 à 56 et deux notes partielles : anxiété psychique et anxiété somatique. Des études de validation, on retiendra principalement une excellente sensibilité au changement chez des sujets anxieux ou dépressifs (Maier, Buller, Philipp, et Heuser, 1988 ; Duizabo, 1984). Les normes selon Bech, Kastrup et Rafaelsen (1989) : de 0 à 5 : pas d’anxiété ; de 6 à 14 : anxiété mineure ; 15 et plus : anxiété majeure. ! Questionnaire sur les inquiétudes du Penn State (QIPS) Elaboré par Meyer, Miller, Metzger et Borkovec en 1990 et traduit par Letarte, Freeston et Ladouceur en 1991, nous avons choisi d’utiliser le QIPS puisqu’il est considéré comme l’outil 9 standard de l’évaluation du TAG. Il évalue les principaux symptômes de l’anxiété généralisée que sont les intrusions cognitives ou inquiétudes excessivement irréalistes. Il mesure la fréquence et l’intensité du trouble. Nous utiliserons également le score comme ligne de base. Il s’agit d’un auto-questionnaire de 16 items avec une cotation de 1 à 5. Le score varie de 16 à 80 avec inversion de certains items pour la cotation. Les qualités psychométriques ont été résumées par Molina et Borkovec (1994) et il en ressort que le QIPS possède une consistance interne satisfaisante ainsi qu’une bonne sensibilité au changement. L’interprétation des résultats selon Brillon, 2001 se fait selon les étendues suivantes : entre 35 et 55 : score normal ; entre 55 et 75 : possibilité de TAG. ! Inventaire d’anxiété état-trait Elaboré par Spielberger (1970), nous avons choisi d’utiliser cet inventaire puisqu’il permet d’évaluer les caractéristiques anxieuses de la personnalité (sous échelle anxiété-trait) et l’anxiété actuelle et donc ses changements (sous échelle anxiété-état). Il s’agit d’une auto-évaluation. Les 2 sous-échelles comportent 20 items gradués en quatre degrés (scores de 1 à 4) de fréquence (anxiété-trait) ou d’intensité (anxiété-état). On obtient un score total de 20 à 80 pour chacune des échelles avec inversion de certains items. Une étude de validation de la version française a été conduite par Bruchon-Schweitzer et Paulhan (1993), c’est une échelle brève avec des items clairs et de bonnes qualités métrologiques. Les normes utilisées sont issues du manuel des ECPA et figurent dans le tableau 2. Tableau 2 : normes pour l’inventaire d’anxiété état-trait de Spielberger Hommes Femmes STAI Etat Moyenne (ET) 35,7 (10,3) 40,8 (10,3) STAI Trait Moyenne (ET) 41,9 (9,48) 45,1 (11,1) ! Echelle de phobie sociale de Liebowitz Elaborée par Liebowitz en 1987, cette échelle a pour objectif d’évaluer la peur et les évitements lors des interactions sociales et des situations de performance. Elle a été traduite par Lepine et Cardot et adaptée par Bouvard. Nous avons choisi cet outil puisque nos patientes présentent des signes d’anxiété sociale ; nous l’utiliserons comme ligne de base (échelle sensible au changement). Cette échelle d’hétéro-évaluation contient 24 items ; avec pour la dimension « anxiété » une cotation de 0 (aucune) à 3 (sévère) et pour la dimension « évitement » une cotation de 0 (jamais) à 3 (habituel, 2/3). Plusieurs scores sont possibles, le plus utilisé étant le score total (de 0 à 144). Les études de validation sont peu nombreuses et principalement réalisées auprès de patients phobiques sociaux. Yao et al. en 1999 ont montré que la version française différenciait les sujets phobiques sociaux des sujets contrôles. Cette version est sensible au changement. 10 Les normes utilisées sont celles de la version anglaise (Heimberg et al., 1999) : de 56 à 65 : phobie sociale modérée ; de 65 à 80 : phobie sociale marquée ; de 80 à 95 : phobie sociale sévère. Une note de 30 permet de différencier les sujets contrôles de sujets phobiques sociaux (Mennin et al., 2002). ! Echelle d’estime de soi de Rosenberg Elaborée par Rosenberg en 1969 et traduite en français par Vallières et Vallerand (1990), cette échelle mesure l’estime de soi globale. Nous avons choisi cet outil comme ligne de base afin d’observer si la thérapie mise en place aura également un impact sur l’estime de soi. Cet outil est un questionnaire d’auto-évaluation composé de 10 items selon une échelle de Likert (1 : tout à fait en désaccord à 4 : tout à fait en accord). Pour la cotation, il existe des items en score inversé pour un score total de 10 à 40. Les études de validation ont initialement été conduites par Vallères et Vallerand et montrent une bonne validité et une bonne fidélité de la version française. Une autre étude, transculturelle, menée par Schmitt et Allik (2005) trouve un coefficient de consistance interne moyen de 0,81. Les normes de la version francophone de Vallières et Vallerand (1990) sont proposées dans le tableau 3. Tableau 3 : normes francophones selon Vallières et Vallerand Etude 1, 56 étudiants Etude 2, 308 étudiants Etude 3, 115 étudiants Moyenne (écart-type) 32,66 (5,69) 32,78 (5,69) 32,36 (5,52) ! Le questionnaire des peurs de Marks et Mathews Elaboré par Marks et Mathews en 1979 et traduit par Cottraux, Bouvard et Legeron en 1985, ce questionnaire a pour objectif de mesurer brièvement les phobies ainsi que la dépression et l’anxiété qui en découlent. Nous avons choisi cet outil pour répondre à la demande d’une des patientes qui s’était présentée comme ayant peur de tout. Il s’agit d’un outil d’auto-évaluation contenant 24 items cotés de 0 à 8. On retiendra les scores d'agoraphobie, de phobie du sang et des blessures, de phobie sociale et d’anxiété-dépression avec pour chacun un score compris entre 0 et 40. Les études de validité ont permis notamment de démontrer une fidélité test-retest satisfaisante (Marks et Mathews, 1979 ; Cottraux, Bouvard et Messy, 1987) ainsi qu’une sensibilité au changement des échelles d’agoraphobie et de phobie sociale (Cohen, Monteiro et Marks, 1984 ; Cottraux et al., 1987 ; Heimberg et al., 1990 ; Gelernter et al., 1991). Les normes des sujets contrôles pour les échelles d’agoraphobie et de phobie sociale sont présentées dans le tableau 4 (Cottraux et al., 1987) Tableau 4 : Normes de la version française de Cottraux et al. Score d’agoraphobie Score de phobie sociale Moyenne (écart-type) 4,58 (6,42) 7,27 (6,11) 11 C AS C LINIQUES I. Madame Noémie C. A. Motif de consultation Madame Noémie C. a consulté un psychiatre il y a 18 mois, lorsqu’elle a appris qu’elle était enceinte. En effet, se sachant anxieuse elle craignait de transmettre cette anxiété à son bébé. Après une thérapie plutôt analytique de son anxiété, elle souhaiterait une prise en charge qu’on lui a présentée comme rapide et efficace. B. Anamnèse Madame C. a 36 ans, elle est célibataire, mère d’une petite-fille de 9 mois, Théa. Elle habite en région parisienne et travaille comme cadre dans le secteur publique. La mère de Madame C. est divorcée sans enfant (mariée à l’âge de 20 ans pendant 2 ans) quand elle rencontre le père de Madame C.. Elle a 31 ans, quand Madame C. naît. Madame C. décrit sa mère comme angoissée et déprimée mais elle n’a jamais consulté. Elle la considère comme « pas affectueuse et aigrie ». Madame C. a peur que sa mère transmette son angoisse à Théa (quand Théa se tient debout, sa mère dit « elle va tomber », quand elle tousse, « elle va s’étouffer »). Le père de Madame C. était également marié, séparé de sa première épouse dont il a eu 2 filles. Il a 52 ans à la naissance de Madame C.. Elle évoque un père dépressif qui a fait plusieurs tentatives de suicide, une tendance alcoolique depuis la guerre de 39-45 et une consommation importante de tabac. Madame C. a toujours vu son père prendre des anti-dépresseurs et des somnifères. Un cancer du larynx lui est diagnostiqué à l’âge de 63 ans, il décède 10 ans plus tard, Madame C. a 20 ans. Madame C. n’a pas connu ses grands-parents paternels (sa grand-mère est décédée jeune d’une tumeur au cerveau ; son grand-père, intellectuel de l’époque était décrit comme souffrant de psychasthénie) ; elle n’a connu que sa grand-mère maternelle qu’elle juge également « peu affectueuse et aigrie ». Madame C. n’a jamais eu de contacts avec ses demi-sœurs et son environnement familial se limitait à ses parents, puis à sa mère et sa grand-mère à partir de l’âge de 20 ans. Madame C. a une voix posée, elle raconte son histoire de façon « méthodique » avec des affects appropriés. Elle analyse et est consciente de certaines de ses difficultés. A l’âge de 3 ans, la mère de Madame C. travaille et son père, à la retraite, n’est pas en état de s’occuper d’elle. Alors qu’ils arrivent dans une nouvelle région, elle est accueillie par une nourrice qui a elle-même 4 enfants, dont une fille de son âge. Elle y restera jusque l’âge de 9 ans (en périscolaire, certains week-ends et certaines vacances). Madame C. garde un très mauvais souvenir de 12 cette époque. Elle parle de maltraitance et de dévalorisation. Elle devait être « moins bonne » à l’école que la fille de sa nourrice, on la forçait à manger, elle avait un goûter différent de celui de la fratrie, elle était souvent punie dans la cuisine avec le chien, elle devait appeler la nourrice « maman ». Quand elle rentrait chez elle le soir, Madame C. retrouvait son père alcoolisé. Elle était toujours à l’affût du moindre bruit pour être sûre de pouvoir entendre si une dispute éclatait entre ses parents. Elle garde toutefois de ces années quelques moments agréables, ceux qu’elle passait avec sa mère, à faire des promenades, du vélo, des gâteaux et partir en voyage « au soleil » ainsi que les discussions, les parties d’échecs et le piano avec son père. Madame C. n’a, à cette époque, jamais parlé à ses parents de ce qu’elle vivait chez sa nourrice. Elle commence à en parler à sa mère à l’âge de 14 ans, par bribes. Aujourd’hui, elle y pense encore et en fait des cauchemars. Elle déménage à l’âge de 9 ans et entre au collège. Elle commence à fumer à l’âge de 12-13 ans et à consommer de l’alcool « pour déconnecter ». Elle dit « tomber amoureuse » tous les jours ; elle fait une fugue alors qu’elle est en 4ème et fait une tentative de suicide, qu’elle minimise. Quand Madame C. entre en 1ère, ses parents lui louent un appartement près du lycée. Elle consomme toujours de l’alcool, de façon festive et commence à fumer du cannabis, même seule. Elle estime que ces addictions répondaient à son besoin « d’être libre ». Pour ses études supérieures, Madame C. déménage à une centaine de kilomètres du domicile familial. Elle dit avoir eu beaucoup de difficultés à suivre ses études, a l’impression qu’elle se mettait en échec. Son père décède alors qu’elle est en licence ; elle est diplômée à l’âge de 25 ans et s’installe en région parisienne pour exercer son métier. Madame C. avait consulté pour la première fois un psychiatre lorsqu’elle était au lycée, elle ne l’a vue qu’une fois. Pendant ses études supérieures, elle commence un suivi (somatisation, peur d’être cambriolée), qu’elle a arrêté au bout de 2 ans et qu’elle ne juge pas efficace. En 2008, elle est en arrêt de travail pendant 9 mois pour « dépression » et commence alors un nouveau suivi (pour « phobie sociale avec évitements et somatisation ») qu’elle arrête à sa reprise du travail. Madame C. avait toujours souhaité avoir des enfants, mais son parcours sentimental ne le lui avait pas permis. Lorsqu’elle apprend qu’elle est enceinte, elle ne connaît le père de Théa que depuis 6 mois. Il ne s’agissait pas d’un projet commun. En instance de divorce et déjà père de 2 enfants en bas-âge, le père de Théa assume difficilement cette nouvelle paternité et occasionne de nombreuses ruptures tout au long de la grossesse. Madame C. décide de consulter à nouveau un psychiatre alors qu’elle est enceinte de 3 mois. Il s’agit d’une démarche plutôt analytique ; au cours des premiers mois de vie de Théa, Madame C. 13 décide de s’orienter vers une démarche plus comportementale et cognitive afin de tenter de diminuer « rapidement » son anxiété. C. Diagnostic et lignes de base Nous avons utilisé le MINI (Mini International Neuropsychiatric Interview), dans sa • version française 5.0.0., développé par Sheehan et al. (1992, 1994, 1998). Cet entretien diagnostique structuré a été construit à partir du DSM IV afin d’explorer les principaux troubles psychiatriques de l’axe 1. De cet entretien il ressort : " Episode Dépressif Majeur passé qui correspond à la période d’arrêt de travail entre 2008 et 2009. " Phobie Sociale. Madame C. est très soucieuse du regard des autres. Quand elle sort, elle pense que tout le monde l’observe, la juge, remarque ses défauts ou la regarde pour sa forte poitrine. o La peur semble résider dans le regard que les gens portent sur elle suite à la présence de défauts et non à la peur de présenter des manifestations de symptômes d’anxiété (rougissement, palpitations, sudation,…). Nous hésitons entre la phobie sociale et la peur d’une dysmorphie corporelle comme diagnostic secondaire. En effet, Madame C. présente une préoccupation pour des défauts imaginaires (dissymétrie du visage, existence de boutons, invisibles à une distance sociale de la patiente) ainsi qu’une préoccupation excessive pour des légers défauts (petite cicatrice peu visible). Ces préoccupations sont à l’origine d’une altération du fonctionnement social et ne sont pas expliquées par une anorexie mentale. Toutefois l’apparence physique n’est qu’un thème de préoccupation parmi d’autres thèmes et peuvent ainsi s’inscrire dans le trouble d’anxiété généralisée " Anxiété généralisée. Madame C. se crée en permanence des scénarii à partir d’une information tant qu’elle n’a pas la preuve de réassurance. Exemple : Alors qu’ils étaient toujours en couple, le père de sa fille lui annonce qu’il va partir le mercredi soir plutôt que le jeudi matin comme cela était prévu initialement puisque la réunion du jeudi matin commence à 8h et non à 9h. Sur le moment Madame C. est d’accord et n’y voit pas d’inconvénients. Une fois parti, elle se pose de nombreuses questions et se crée des scénarii qu’elle ne peut interrompre ni rationaliser (« il me dit qu’il est parti plus tôt pour la réunion, mais en fait il va sûrement retrouver Mademoiselle X, il va coucher avec elle, et puis de toute façon, je ne le reverrai plus,… »). o On observe bien une anxiété et des soucis excessifs depuis plusieurs années concernant différents domaines : le domaine sentimental (voir exemple ci-dessus), le domaine professionnel (la perspective de la reprise du travail après plus d’un an d’arrêt pour congé maternité), le domaine amical (doute sur l’honnêteté de ses amis,…), sa fille (questionnement 14 sur son bien-être, sur son sommeil, sur son éveil avec comparaisons permanentes aux autres enfants), son apparence physique (voir ci-dessus), le domaine social (jugement des autres), sa santé (a tendance à dramatiser tout symptôme : un trouble digestif devient un syndrome du colon irritable, un mal de gorge devient une angine, un nez bouché devient une sinusite chronique, un mal de tête devient une migraine,…). Elle estime qu’en cumulé ses « ruminations » l’occupent cinq heures par jour, davantage que lorsqu’elle travaillait. Il y a effectivement des difficultés à contrôler ces préoccupations avec des pensées intrusives obsédantes. L’anxiété et les soucis sont associés à (1) la sensation d’être à bout, (2) à une fatigabilité, (3) à des difficultés de concentration et trous de mémoire, (6) et à une perturbation du sommeil. Cette anxiété entraîne une diminution des sorties et des interactions sociales. Elle génère une importante anticipation pour réaliser des tâches quotidiennes « simples ». Il n’y a pas de prise de substance ni d’affection médicale générale connue. Afin de compléter l’évaluation et d’obtenir des scores de ligne de base pour Madame C. nous avons également proposé les outils suivants (détaillés dans la partie théorique) : • Echelle d’appréciation de l’anxiété d’Hamilton Madame C. obtient un score de 13/56, soit une anxiété mineure. • Questionnaire sur les inquiétudes du Penn State Madame C. obtient un score de 58/80, le diagnostic de TAG peut être envisagé. • Inventaire d’anxiété état-trait Madame C. obtient un score de 63/80 pour l’anxiété-état et 68/80 pour l’anxiété-trait. Ceci indique une tendance à être anxieuse ainsi qu’une anxiété actuelle. • Echelle de phobie sociale de Liebowitz Madame C. obtient un score de 40/144 (23 en peurs, 17 en évitement). Les items cotés au maximum sont « Parler à quelqu’un en situation d'autorité », « Aller à une réception », « Etre le centre d’attention », « Donner une réception ». Le score observé ne met pas en avant de phobie sociale modérée ou sévère mais la distingue des sujets sans phobie sociale. • Echelle d’estime de soi de Rosenberg Le score obtenu par Madame C. est de 25, soit une faible estime de soi. Nous proposons également un agenda d’observation sur une semaine où Madame C. doit y noter les moments et sujets d’inquiétude, voir l’exemple de la journée du mardi, tableau 5. Cette grille d’observation nous permettra d’obtenir comme ligne de base le temps passé pour les inquiétudes et les ruminations. 15 Tableau 5 : journée du mardi, extraite de l’agenda d’observation de Madame C. Heure Anxiété (0 à 10) 7h30 4 10h10 7 12h30 8 14h15 9 19h30 5 21h 7 Situation Je me réveille Je joue avec Théa Théa mange Pédiatre pour Théa Dîner de Théa Je suis toute seule Sujets de l’inquiétude Durée Le rdv chez le pédiatre au moment de la sieste, 20’ l’organisation de la journée il faut que je me dépêche, je dois préparer le repas 30’ Théa ne mange pas assez vite, elle se salit, il va falloir que je la change, on va être en retard Le pédiatre est en retard, Théa est fatiguée, elle s’énerve, ça m’agace, mais il ne faut pas qu’elle le voit La journée a été mouvementée, j’espère qu’elle va bien dormir Théa est couchée, je pense à notre avenir, à son avenir pas de famille autour de nous, son père peu présent… elle va avoir une vie triste… je rumine 60’ 20’ 30’ 120’ D. Analyse fonctionnelle L’analyse fonctionnelle, étape centrale des thérapies cognitives et comportementales, est un modèle interactif reliant le comportement problème aux cognitions et aux émotions du patient tout en considérant les antécédents et les conséquences. Il existe plusieurs modèles d’analyse fonctionnelle, nous utiliserons la grille SECCA (Cottraux et al., 1985) pour sa schématisation claire des étapes synchronique (articulation de la situation problème) et diachronique (mise en lien de la situation problème au regard des antécédents) des comportements problèmes (voir page suivante). Dans l’étape synchronique, nous allons décrire les composantes émotives, cognitives, comportementales et environnementales associées à la situation problème en s’appuyant sur le questionnement socratique. L’étape diachronique consistera à inscrire le comportement problème dans l’histoire du patient, déterminer les circonstances qui ont vu naître puis émerger le comportement problème (facteurs déclenchants initiaux et facteurs précipitants) ainsi que les raisons pour lesquelles le comportement problème s’est installé (facteurs de maintien). De cette analyse fonctionnelle nous formulerons des hypothèses explicatives sur l’apparition et le maintien du trouble qui nous guideront dans l’élaboration d’un contrat thérapeutique. L’analyse fonctionnelle est présentée au patient, lui permettant une meilleure compréhension de son trouble et des liens existants entre son comportement, ses pensées, ses émotions et son environnement. 16 PROBLEME ETAPE CIBLE : Je dois ramener la poussette à la voiture SYNCHRONIQUE Choisit le moment pour sortir, en dehors des heures de sortie et de retour au domicile des personnes (entre 9h et 11h et entre 14h et 15h30) mais pas trop tard le soir (mauvaises fréquentations) Réfléchit à comment s’habiller Anticipation Je suis chez une amie, dans une ville que je ne connais pas. J’ai laissé la poussette de ma fille en bas de l’immeuble, je dois la ramener à la voiture Situation Inquiétude Angoisse Peur Honte Emotion Signification personnelle Comportement ouvert Regarde partout avant de sortir de la cage d’escalier Se dépêche pour aller jusque la voiture Regarde à gauche et à droite tout le long du trajet pour voir si quelqu’un la regarde Cognition Imagerie Environnement Elle en parle à son amie qui essaye de la rassurer, de rationnaliser et qui lui propose d’y aller à sa place Tout m’angoisse Je suis nulle Tout le monde va me regarder et voir tous mes défauts Ils vont me juger Ils vont se moquer de moi Je laisse la poussette en bas… mais non on va me la voler Voit des gens assis sur un banc qui la regardent et se parlent entre eux en se disant « oh t’as vu celle-là comme elle est moche avec ses gros seins et sa tête de travers » 17 ETAPE DIACHRONIQUE • Données structurales possibles o Génétiques : # Père ayant souffert de dépression, d’alcoolo-dépendance, tentatives de suicide # Mère angoissée et dépressive o Personnalité : # Sensible au regard des autres # Manque de confiance • Facteurs historiques de maintien possibles Actuellement en congé maternité, elle a la possibilité d’éviter la situation problème en mettant en place des stratégies (créneaux horaires, temps pour anticiper). Son entourage se propose d’agir à sa place quand elle le demande. • Facteurs déclenchants initiaux invoqués « On m’a toujours dit que j’étais nulle et moche ». A été gardée par une nourrice pendant de nombreuses années où elle devait faire « profil bas » par rapport aux autres enfants ; s’est toujours entendu dire par cette personne qu’elle était nulle, moche, incapable. • Evénements précipitants les troubles A eu il y a 2 ans une opération de la mâchoire et estime depuis que son visage n’est plus symétrique, prise de poids durant la grossesse. • Traitements antérieurs Madame C. a été suivie par un psychiatre à plusieurs reprises : au lycée n’est allée qu’à un rendez-vous ; 2 ans pendant ses études supérieures ; 1 an suite à la dépression en 2008. Actuellement sous Séroplex. En conclusion, Madame C. présente un trouble anxieux généralisé avec antécédents de trouble dépressif. Bien que son anxiété soit étendue à tous les domaines de la vie, on décèle une importante anxiété sociale avec la peur d’une dysmorphie corporelle. L’analyse fonctionnelle d’une situation problème simple est présentée par Madame C. comme un exemple « d’inquiétude idiote » qui lui « pourrit » la vie et lui prend toute son énergie. On observe dans cette analyse, des croyances erronées « on m’a toujours dit que j’étais nulle, je me suis construite avec ce postulat, je ne vais pas changer maintenant », de « bonnes » capacités d’anticipation (stratégies d’évitement) qui lui permettent d’éviter la confrontation aux situations problèmes. On relève également une baisse de l’estime de soi. Nous proposons l’hypothèse que les schémas cognitifs de Madame C. se sont construits par les 18 propos répétitifs de son incompétence d’une personne exerçant l’autorité durant l’enfance sans pouvoir confronter les informations à la réalité. L’opération de la mâchoire et la prise de poids consécutive à la grossesse ont renforcé l’idée selon laquelle elle était moche et grosse. Ces deux facteurs sont associés à un contexte actuel favorisant la mise en place de stratégies telles que choisir le moment où elle peut sortir en étant le moins possible confrontée à ses angoisses que sont le regard et le jugement des autres. E. Analyse de la demande Après avoir explicité l’analyse fonctionnelle à Madame C. et face à sa demande de « ne pas transmettre son anxiété à sa fille », nous lui faisons part de notre hypothèse de travail. Nous revenons sur son agenda d’auto-observation pour établir ensemble le projet thérapeutique. Nous remarquons avec elle qu’alors que sa demande initiale était de « ne pas transmettre son anxiété à sa fille », la plupart des moments passés à s’inquiéter ou ruminer sont des moments en présence de sa fille. Par ailleurs, nous remarquons beaucoup d’anticipation anxieuse. Le contrat thérapeutique établit des entretiens hebdomadaires pour une durée de 12 séances, dans un premier temps. Nous réévaluerons après cette première phase le rythme des séances et leur nombre. F. Projections thérapeutiques L’analyse fonctionnelle présentée ne représentant qu’une partie de ses souffrances, nous nous basons sur les autres analyses fonctionnelles (scénario catastrophe suite à une information anodine, préoccupations concernant sa fille,…) pour construire la prise en charge thérapeutique. • psychoéducation Nous lui proposerons 2 à 3 séances de « psychoéducation » avec explication de ce qu’est le trouble anxieux généralisé, la définition des inquiétudes de type 1 et 2 ainsi que l’intolérance à l’incertitude (Ladouceur et Dugas, 1999). Nous évoquons également l’anxiété sociale, en lien avec le problème cible de l’analyse fonctionnelle. Nous présentons les principes de la démarche cognitivo-comportementale et Madame C. est d’accord pour s’impliquer dans les séances et entre les séances. Nous proposerons de continuer l’agenda des inquiétudes, en notant une fois par jour un « résumé » des inquiétudes de la journée, en essayant de développer davantage les « cognitions ». • Relaxation Nous lui proposerons l’apprentissage de la relaxation selon la technique de Schultz (1958). Nous consacrerons 2 séances à l’apprentissage de cette technique puis demanderons à Madame C. de 19 l’utiliser deux fois par jour grâce à un enregistrement. Nous utiliserons cette technique contre l’anxiété anticipatoire. • Exposition aux inquiétudes et au scénario du pire Nous proposerons les techniques d’exposition aux inquiétudes (3 séances), comme le font notamment Brown, O’Leary et Barlow en 1993 ; Ladouceur et al. en 2000 ; Leahy en 2004 et White en 1999. Nous utiliserons le dialogue sous forme de « flèche descendante » afin de diminuer les émotions associées aux inquiétudes et ainsi pouvoir travailler en « résolution de problèmes ». • Résolution de problèmes Enfin, nous travaillerons sur la résolution de problèmes (3 séances) à la façon de D’zurilla et Nezu en 2010 : Définition du problème, identification du plus de solutions possibles, évaluation de chaque solution puis choix, application de la solution choisie et vérification des résultats. Nous nous aiderons du chapitre 9 du guide clinique de thérapie comportementale et cognitive de Fontaine et Fontaine : Le trouble d’anxiété généralisée, Patrick Gosselin, 2007. • Jeux de rôle et exposition Nous proposerons de jouer la scène de la poussette en jeux de rôle, d’exposer en imagination puis de tenter l’exposition in vivo. • Prévention de la rechute Nous réévaluerons Madame C. à l’aide des outils de la ligne de base et du temps passé aux inquiétudes. Après avoir fait le bilan et renforcer Madame C. quant à ses progrès tout au long de la thérapie, nous tenterons de faire prendre conscience à la patiente qu’il est vraisemblable qu’elle soit confrontée à de nouvelles inquiétudes. La différence résidera dans sa manière de les appréhender, au regard des techniques apprises et appliquées en thérapie. G. Conclusion sur le ressenti du thérapeute Le premier obstacle rencontré a été de « trouver » la patiente. En effet, psychologue spécialisée en neuropsychologie, les patients ne m’étaient pas « naturellement » adressés et il est difficile de faire intégrer une nouvelle orientation aux médecins avec lesquels je travaille. La reprise du travail en décembre 2012 après un congé maternité et une nouvelle grossesse en 2013 n’a fait qu’accentuer les difficultés de recrutement. Cette première difficulté ne m’a pas permis de choisir les cas sur lesquels je voulais travailler pour une première prise en charge cognitivocomportementale. Cette première étude de cas m’a permis toutefois de débuter la prise en charge clinique d’une patiente et d’en assurer le suivi. En effet, la psychologue spécialisée en neuropsychologie que je suis est davantage habituée à ne voir un patient qu’une à deux fois. Il a été compliqué pour moi de 20 mettre en application tout ce que l’on nous a appris à faire. N’étant pas « habituée » à la clinique, même le diagnostic a été une étape compliquée, d’où la nécessité d’utiliser le MINI afin d’être orientée dans mon questionnement. Il a également été difficile de déterminer le nombre de séances. La prise en charge de la patiente ayant débuté avant la rédaction du mémoire, je me suis rendue compte en écrivant la partie théorique que j’aurais dû utiliser d’autres échelles à visée diagnostique ou comme ligne de base. Cela m’a appris que dorénavant pour tout nouveau patient il est important de bien se documenter sur les troubles mis en évidence. J’ai hâte d’être davantage familiarisée avec les échelles d’évaluation et les techniques de prise en charge afin d’éviter les maladresses et les « j’aurais dû ». Pour cette patiente, je pense qu’il serait judicieux d’explorer sa personnalité, de travailler sur l’intolérance à l’incertitude, sur l’estime de soi et également de travailler grâce à la thérapie des schémas (que je ne connais pas encore !). II. Madame Odette B. A. Motif de consultation Madame B. est adressée par la consultation mémoire gériatrique ; en effet elle présente d’importantes plaintes cognitives alors que les tests neuropsychologiques réalisés à plusieurs reprises sont rassurants. Elle est suivie par une psychiatre qui a fait le diagnostic de dépression il y a 2 ans et, devant l’effet limité des anti-dépresseurs, souhaite l’orienter vers une prise en charge cognitive et comportementale. Lors du premier entretien, Madame B. évoque ses « troubles mnésiques » qu’elle juge très invalidants mais parle également de peur, de stress et d’indécision qui l’handicapent au quotidien. B. Anamnèse Madame B. est âgée de 73 ans, mariée, mère d’une fille de 28 ans. Elle a suivi de longues études et a travaillé à un poste haut placé dans l’administration internationale. Elle est retraitée depuis l’âge de 60 ans. Ses parents sont décédés, elle décrit sa mère comme ayant été très angoissée. Elle avait 1 frère, décédé brutalement il y a 2 ans ; et a toujours 3 sœurs en bonne santé mais avec qui elle a peu de contacts. Son mari est toujours en activité professionnelle, il se montre inquiet mais patient avec Madame B. Sa fille a suivi des études longues également et est de retour de 6 mois en Australie. Elle ne semble pas présenter de troubles particuliers. Madame B. dit ne pas avoir été une enfant stressée. Elle rapporte différents événements de vie générateurs d’anxiété et dont elle fait toujours des cauchemars : alors qu’elle était enfant, elle a le souvenir de sa petite sœur recouverte par une vague dans un bateau pneumatique et de l’avoir 21 perdue de vue pendant de longs instants. Elle se rappelle d’avoir été poursuivie par un homme qui montait les marches 4 à 4 dans les escaliers et a été « sauvée » par un des locataires qui a ouvert sa porte. Au début de l’âge adulte, elle raconte s’être perdue dans une ville inconnue, sans adresse alors qu’elle devait y rejoindre ses parents. De l’âge adulte jusqu’à la retraite, Madame B. ne relate pas de difficultés particulières. En effet, elle poursuit de longues études, obtient un poste à responsabilité, se marie et a une fille alors qu’elle a une quarantaine d’années. Les difficultés apparaissent à l’âge de 70 ans. En effet, il y a 3 ans elle présente une importante perte de poids avec aboulie alors que décèdent son oncle et son frère. Suite à ses premiers symptômes, elle consulte un psychiatre et un médecin interniste. Le médecin interniste diagnostique une maladie de Horton (inflammation de la muqueuse des artères) à ce jour traitée. Une dépression a été diagnostiquée il y a 2 ans par le psychiatre avec mise en place d’un traitement antidépresseur par Seropram. Le Lexomil lui a également été prescrit mais Madame B. ne le prend que lorsqu’elle en ressent le besoin. Elle a essayé l’hypnose mais n’a fait que 3 séances, elle envisage une cure thermale, mais la logistique associée la « pétrifie ». Elle parle de « chronicité » de ses troubles depuis la dépression. Ces dernières années, elle trouve que tout devient difficile (aller au yoga, faire ses courses), elle diminue les interactions sociales (évoque ses difficultés auditives) et son mari a repris la gestion administrative. Madame B. rapporte également une plainte cognitive (difficultés pour lire, pour suivre une émission ou une conversation) et a peur d’être hospitalisée à cause de ses « troubles cognitifs » (pour rappel, les différentes évaluations neuropsychologiques n’ont pas mis en évidence de syndrome dégénératif ni même de trouble cognitif). Madame B. « négocie » dès le premier entretien téléphonique pour ne venir au maximum qu’une fois toutes les 2 semaines, l’idée de prendre la voiture lui étant très pénible. Par rapport aux créneaux horaires qui lui sont proposés, elle choisit le dernier et arrive en général en retard (5 minutes). Madame B. apparaît toujours anxieuse en début d’entretien et tend à s’apaiser au cours de la séance. Son débit de paroles est rapide. A ce jour, 5 rendez-vous ont été annulés ou reportés par Madame B. sous divers prétextes (des ouvriers encore présents, la voiture qui ne démarre pas, un problème de chaudière,…). C. Diagnostic et lignes de bases • Bien que le diagnostic ait été posé par le psychiatre, nous proposons le MINI. De cet entretien il ressort : " On ne relève pas d’Episode Dépressif Majeur actuel. " Episode Dépressif Majeur passé qui correspond au diagnostic fait il y a 2 ans. 22 " Dysthymie actuelle : un ressenti de tristesse « permanente » depuis 3 ans avec par moment une perte d’espoir quant à une amélioration possible de son état. " Phobie Sociale : Madame B se dit bloquée par le regard des autres. Par exemple, lorsqu’elle joue au bridge, elle joue mal quand on la regarde et préfère ne pas « parler » même si elle a du jeu. Lorsqu’elle a dû lire un « mot » pour l’anniversaire de son mari, elle a angoissé des jours avant, l’a écrit et lu parce qu’elle n’avait pas le choix et en garde un très mauvais souvenir. Lorsqu’elle a été mécontente d’un achat de légumes, elle ne peut aller en faire la remarque au vendeur, de peur du regard que les autres clients vont porter sur elle, avec élaboration de plusieurs scénarii. o La peur n’étant pas limitée aux situations sociales, il semble que ce diagnostic ne soit pas à retenir " Anxiété généralisée : Madame B se dit préoccupée en permanence par toutes les activités quotidiennes. Tout action, parce qu’elle implique un choix, devient compliquée. Dès le matin par exemple, le choix de sa tenue lui pose problème : « quel temps fait-il, quel temps va-t-il faire, je vais au yoga, qu’est-ce qui est le plus pratique, mais après si je vais au bridge, je ne peux pas m’habiller comme pour aller au yoga… », les repas : « qu’est ce que je vais faire à manger, plutôt cuit, plutôt cru, est-ce qu’on mange de la viande, mais on en a déjà mangé hier, selon la saison, selon ce qui reste dans le frigo, qu’est-ce que je dois aller acheter,… », les courses. Madame B est également anxieuse par rapport au « temps » : « il me reste combien de temps avant de partir en courses, je n’ai pas le temps d’entamer du rangement ; je ne peux pas prendre un rdv avant telle heure sinon je n’aurais pas le temps de revenir du yoga,… ». On observe également une anxiété de performance (au bridge, au scrabble), des inquiétudes permanentes concernant la situation professionnelle de son mari, de sa fille, l’avenir de sa fille mais également sa santé, ses capacités cognitives. o On observe bien une anxiété et des soucis excessifs depuis au moins 2 ans concernant différents domaines : les choix, le temps, sa famille, sa santé,… Madame B ne parvient pas à contrôler ces préoccupations. L’anxiété et les soucis sont associés à (1) la sensation d’être agitée, (2) fatigabilité, (3) difficultés de concentration et trous de mémoire, (4) irritabilité (6) perturbation du sommeil. Cette anxiété entraîne une diminution des sorties (autres qu’habituelles et ancrées depuis plus de 3 ans), des interactions sociales (trop difficile de recevoir des personnes : choix du repas) et familiales (refus au dernier moment de voir certains proches) avec une importante anticipation pour réaliser des tâches quotidiennes « simples ». A la question du temps consacré aux inquiétudes, Madame B. dit n’être 23 tranquille que la nuit, « et encore… ». Il n’y a pas de prise de substance, d’affection médicale générale connue. Afin de compléter l’évaluation et d’obtenir des scores de ligne de base pour Madame B. nous avons également proposé les outils suivants (détaillés dans la partie théorique) : • Echelle d’appréciation de l’anxiété d’Hamilton Madame B. obtient un score de 21/56, soit une anxiété majeure. • Questionnaire sur les inquiétudes du Penn State Madame B. obtient un score de 65/80, le diagnostic de TAG est envisagé. • Inventaire d’anxiété état-trait Madame B. obtient un score de 78/80 pour l’anxiété-état et 79/80 pour l’anxiété-trait. Ceci indique une tendance importante à être anxieuse ainsi qu’une anxiété actuelle majeure. • Echelle d’estime de soi de Rosenberg Madame B. obtient un score de 13 ; soit une très faible estime d’elle-même. • Le questionnaire des peurs de Marks et Mathews Madame B obtient un score normal de 2 en « agoraphobie » et un score pathologique de 28 en « phobie sociale ». D. Analyse fonctionnelle Nous utilisons à nouveau une grille SECCA (voir page suivante). 24 PROBLEME ETAPE CIBLE : Je reçois une personne à dîner SYNCHRONIQUE Anticipation Situation Emotion Dès que l’invitation est donnée, réfléchit à quoi faire Cumule les idées pour l’entrée, le plat et le dessert Je reçois une personne à dîner, mon mari et ma fille seront là Peur d’être complètement bloquée pour trouver le menu Angoisse de ne pas réussir à proposer quelque chose Signification personnelle Comportement ouvert Cognition Prise de Lexomil Achète tout fait au cas où S’y prend la veille pour avoir le temps et être tranquille Environnement Son mari lui dit de ne pas se casser la tête Sa fille dit qu’elle va le faire : cake au roquefort, légumes sautées et crevettes (« oui mais si elle ne le fait pas ? ») N’arrive jamais à improviser Indécise de nature Je ne vais jamais y arriver Je ne fais aucun progrès Ça ne s’arrange pas Est-ce que c’est la dépression ? Est-ce que c’est l’anxiété ? Je ne vais pas faire un couscous, on n’est pas assez nombreux, je ne peux pas non plus faire un steak-frites, on ne sert pas ça à des invités ou alors un tajine, oui mais il faut tous les ingrédients et ça prend du temps… bon de toute façon on ne sert pas de viande le soir… alors du poisson, mais c’est particulier le poisson, estce que la personne va aimer ?... Imagerie 25 ETAPE DIACHRONIQUE • Données structurales possibles o Génétiques : # Sa mère était très angoissée (pas de diagnostic à l’époque) et Madame B. l’a toujours entendu dire « que vais-je faire à manger aujourd’hui ? ». # Une sœur actuellement hospitalisée pour dépression. o Personnalité : # Madame B. se caractérise comme inquiète, indécise, désordonnée, peu assurée, pessimiste, brouillon et lente. # Elle dit perdre facilement ses moyens quand elle est « sous pression » (contrainte temporelle). • Facteurs historiques de maintien possibles A toujours eu peu d’appétit, alors les repas ne l’intéressent pas. Elle n’est pas difficile donc elle peut manger « tout et n’importe quoi », mais pas les autres. Depuis qu’elle est à la retraite, elle a le temps de « se poser des questions ». • Facteurs déclenchants initiaux invoqués Depuis qu’elle est à la retraite alors que son mari travaille encore, Madame B. ne se sent plus sur un même pied d’égalité que son mari ; elle se sent inutile et incapable. • Evénements précipitants les troubles L’épisode dépressif d’il y a 3 ans est venu accentuer son sentiment d’inutilité et d’inefficacité. Elle a également perdue confiance en elle, en ses capacités et a de plus en plus « laisser faire les autres ». • Traitements antérieurs Madame B. est suivie par une psychiatre depuis 3 ans, elle a essayé l’hypnose. Elle suit actuellement un traitement par Seropram et prend du Lexomil « au besoin ». En conclusion, Madame B. présente un trouble anxieux généralisé avec dysthymie. On relève une importante anxiété généralisée avec une anxiété sociale (angoisse de performance, hypersensibilité au regard des autres), une angoisse concernant sa santé (troubles cognitifs) et par extension son avenir (peur d’être hospitalisée) ainsi qu’une inquiétude excessive dès qu’un choix s’impose à elle (vêtements, repas, cadeau…). Alors qu’elle évite les situations sociales, Madame B. met en première position la problématique du choix puisqu’elle y est confrontée de manière quotidienne. Nous proposons l’hypothèse que Madame B. a toujours entendu sa mère se questionner à propos des repas ainsi, depuis qu’elle en a le temps et alors qu’elle se sent de plus en plus inutile et 26 incompétente, elle s’oblige à un nombre important de contraintes pour choisir un menu (équilibré, simple, rapide, qui plaira à tout le monde,…). Cette hypothèse peut s’étendre aux autres choix auxquels elle est confrontée (vêtements, cadeaux, vacances,…), ce qui est extrêmement chronophage. E. Analyse de la demande Après avoir explicité l’analyse fonctionnelle à Madame B. et face à sa demande de « résoudre son indécision », nous lui faisons part de notre hypothèse de travail. Comme ligne de base, en plus des scores obtenus aux outils précédemment cités nous lui proposons de lister les situations auxquelles elle est confrontée sur une semaine, les choix qui s’offrent à elle, le temps passé à y penser, la solution choisie et le temps passé à appliquer la solution choisie (voir quelques exemples en annexe 1, page 35). Nous regarderons ainsi comme mesures de lignes de base : le nombre de situations et le ratio temps passé à y penser par rapport au temps passé à appliquer la solution choisie. Cette liste a pour but de montrer à Madame B. le temps consacré à penser à la bonne solution en comparaison du temps nécessaire à appliquer la solution. Nous faisons la première situation ensemble au téléphone, pour l’aider à identifier et détailler son questionnement. Le contrat thérapeutique établit des entretiens hebdomadaires pour une durée de 14 séances, nous ferons le point à ce moment-là pour éventuellement poursuivre la thérapie. F. Projections thérapeutiques • Psychoéducation Nous lui proposerons 2 à 3 séances de « psychoéducation » avec explication de ce qu’est le trouble anxieux généralisé et la définition des inquiétudes de type 1 et 2 (Ladouceur et Dugas, 1999). Nous lui proposerons de continuer la liste des choix en ajoutant une colonne « satisfaction ». A la demande de la patiente, nous lui recommandons deux ouvrages de Self-Help : « Arrêtez de vous faire du souci pour tout et pour rien » de Ladouceur, Bélanger et Léger, 2008) et « Savoir gérer son stress en toutes circonstances » de Cungi, 2003. • Relaxation Madame B. pratiquant le yoga deux fois par semaine et connaissant des techniques de relaxation, nous ne lui proposerons pas d’apprentissage de la relaxation mais plutôt l’utilisation des techniques au quotidien. • Résolution de problèmes A l’aide des listes rapportées par Madame B., nous utiliserons à nouveau la résolution de problème utilisée dans le cas précédent. 27 • Prévention de la rechute Nous réévaluerons Madame B. à l’aide des outils de la ligne de base et du temps passé aux choix. Après avoir fait le bilan et renforcer Madame B. quant à ses progrès tout au long de la thérapie, nous proposerons d’espacer les séances puis de rester disponible en cas de besoin. G. Conclusion sur le ressenti du thérapeute Avec cette seconde patiente, la difficulté résidait dans la programmation des rendez-vous. En effet Madame B. a annulé ou reporté de nombreux rendez-vous et a choisi les créneaux horaires lui assurant un temps d’entretien court. Cela a été très intéressant pour moi de constater l’impact des difficultés dès la prise de rendez-vous avec une adaptation nécessaire de la façon de travailler avec une alternance de rendez-vous classiques avec des entretiens téléphoniques. Alors que la patiente ne voulait venir qu’une fois toutes les deux semaines, il m’a été agréable d’observer au fil des séances une venue hebdomadaire. Je me rends compte que je n’avais pas « pris » ce critère comme ligne de base, alors qu’il me semble à ce jour reflété les progrès de la patiente. Les complications dues à ce cas ont été l’âge de la patiente avec les problématiques du sujet âgé (plainte cognitive, …) mais aussi des capacités d’analyse et de mise en perspective plus difficile que chez le sujet plus jeune. De même, je pense que pour cette patiente, du fait de son âge il est nécessaire d’avancer très progressivement avec finalement un nouveau « contrat thérapeutique » pour chaque situation problème. Ainsi dans cette première partie nous n’avons pas « traité » la peur de prendre la voiture, l’inquiétude concernant l’avenir de sa fille, sa peur d’être en déclin cognitif et d’être hospitalisée. Nous pensons axer une deuxième phase de thérapie sur la réalisation d’un de ses projets, la cure thermale. 28 Conclusion Ces deux études de cas ont été très intéressantes dans la mesure où avec un diagnostic principal identique les prises en charge ont été différentes, du fait de l’âge des patientes, des troubles associés mais aussi et surtout du fait de la demande initiale. Bien que présentant des diagnostics similaires, la gêne ressentie n’étant pas la même, l’orientation de la prise en charge s’est faite différemment. J’ai été honnête avec les patientes concernant mon niveau d’expertise des thérapies cognitives et comportementales, ce qui je pense les à aider toutes les deux à me faire confiance et leur à donner un sentiment d’utilité. J’ai tenté de contrebalancer mon manque d’expérience par l’argumentation et la justification de mes propositions par des exemples concrets issus de la littérature ou venant de mes collègues. Cette démarche les a aidées dans la confiance mise dans la thérapie. Face à leurs difficultés au cours de la thérapie, je pense notamment aux évitements de Madame B., je suis restée empathique et compréhensive sans remettre en questions ses excuses, j’ai toujours maintenu le lien par des appels téléphoniques et repris contact en cas d’absence prolongé, ce qui je pense les a confortées dans l’implication que j’avais quant à la prise en compte de leurs difficultés et à la volonté de les aider. Les patientes se sont chacune, à leur niveau, impliquées dans la thérapie et se sont astreintes au remplissage des questionnaires initiaux et aux exercices demandés. Il semble que l’alliance thérapeutique ait été correctement créée et j’ai essayé, tout en restant naturelle, d’appliquer la technique proposée par Cungi en 2006, la technique des 4R : Recontextualiser, Reformuler, Résumer et Renforcer. Pour terminer, je dirai que la supervision a été un élément très important pour me donner la confiance nécessaire à la prise en charge des patientes et qui permet de garder une objectivité et obtenir un regard extérieur et neutre. 29 Bibliographie American Psychiatric Association (1980). Diagnostic and statistical manual of mental disorders. 3e ed. (DSM-III). Washigton: APA. American Psychiatric Association (1987). Diagnostic and statistical manual of mental disorders. 3e ed. rev. (DSM-III-r). Washigton: APA. American Psychiatric Association (1994). Diagnostic and statistical manual of mental disorders. 4e ed. (DSM-IV). Washigton: APA. American Psychiatric Association (2000). Manuel diagnostic et statistique des troubles mentaux (4e ed., texte révisé). Washington, DC : Traduction française par J.D. Guelfi et al., Masson, Paris, 2003. Baldwin, D. S., Anderson, I. M., Nutt, D. J., Bandelow, B., Bond, A., Davidson, J. R. T., … Wittchen, H.U. (2005). 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