L`homme de bois

Transcription

L`homme de bois
UN JOUR, UNE HISTOIRE
Pierrefitte-sur-Aire
L’artisan sculpteur Jean Bergeron travaille autant le bois meusien
que la neige au Canada ou en Italie
L’homme de bois
LE SCULPTEUR MEUSIEN Jean Bergeron, basé à Pierrefitte-sur-Aire revient tout
juste d’un séjour au Canada, où, en compagnie de Benjamin Stiers et de Mireille Corfu, il a réalisé une sculpture sur un bloc de
neige de 2,50 m3. Ils étaient huit équipes
issues d’Europe et du contient américain à
façonner la neige selon leur inspiration. Le
thème était libre. Certains ont représenté
une chouette aux ailes déployées protégeant ses petits. D’autres, un ours polaire,
une main sur laquelle est posée un oiseau
ou encore des formes abstraites. La seule
équipe française présente a choisi de réaliser une sculpture s’inspirant de l’actualité,
en reprenant les trois mascottes des jeux
olympiques de Sotchi. « Ce n’était pas facile
de la faire. La neige avait été compactée
quand il faisait chaud. Puis il y a eu des
températures négatives pendant plusieurs
jours. Résultat, elle était gelée presque jusqu’au cœur », se souvient le sculpteur.
Cette réalisation, déjà testée lors d’un
symposium dans les Alpes italiennes en
janvier dernier, avait permis au sculpteur et
à son équipe de se hisser à la quatrième
place, parmi une dizaine de concurrents.
Mais c’est le bois qu’il sculpte le plus
souvent. Avec sa formation d’ébéniste, il
travaille dans deux menuiseries avant
d’apprendre, pendant deux ans, la sculpture et l’ornémentation et se spécialiser, une
année, dans la fonderie. L’artisan ouvre son
propre atelier en 2011. « J’ai toujours été
attiré par l’art. Je dessine depuis que je suis
tout petit. On m’a orienté vers des études
professionnelles, car je n’étais pas doué
dans les matières générales. Je cherchais
un métier dans le domaine artistique.
Après avoir travaillé en menuiserie, sculpter le bois, c’est logique. La neige, c’est plus
pour le côté ludique », confie Jean Bergeron.
Un Poilu en bois de 1,60 m exposé
à Fleury-devant-Douaumont
Aujourd’hui, son activité est partagée entre les différentes commandes qu’il reçoit.
Cela va de la restauration de boiseries dans
un château ou celles d’un pavillon indochinois (N.D.L.R. : qui lui a pris deux ans), à la
fabrication de tables de pique-nique pour
l’association Vent des Forêts, en passant
par la création d’un décor pour le bal du
festival « Ma rue prend l’Aire ». Le sculpteur anime aussi des foires et des salons,
K Il aura fallu deux mois de travail à Jean Bergeron pour réaliser ce Poilu en bois de sycomore qui
sera exposé pendant le centenaire.
Photo Daniel WAMBACH
afin de promouvoir sa profession et le matériel qu’il utilise.
Dernièrement présent sur la foire de
Verdun pour un fabriquant de tronçonneuses, l’homme décide de façonner un Poilu
dans un tronc de sycomore. « Je n’avais pas
de thème imposé. Mais comme c’était à
Verdun et que nous allions rentrer dans le
centenaire, j’ai eu l’idée du Poilu. J’ai travaillé à partir de photos et j’ai été guidé par
un antiquaire de Verdun », précise le sculpteur.
Après deux mois de travail, l’œuvre est
achevée. Les détails sont précis. Le résultat
est saisissant de réalisme. Le Poilu, gourde
à la ceinture, casque sur la tête, tient sa
baïonnette contre lui. Son corps se mêle
aux veines du bois. « On m’a dit combien de
boutons à la chemise ou quelles épaulettes
il fallait mettre », indique Jean Bergeron,
pas mécontent d’avoir terminé cette sculpture qui mesure près de 1,60 m. Il ajoute :
« Le plus délicat a été de faire la baïonnette.
Je l’ai renforcée pour qu’elle tienne et
qu’elle ne soit pas volée ».
Son œuvre a été vendue. Elle sera exposée à Fleury-devant-Douaumont, pendant
le centenaire.
Mais ce que le jeune homme de 28 ans
préfère sculpter, ce sont les animaux.
« J’aime travailler les lignes. C’est plus facile avec les animaux. Avec les sculptures
figuratives on a moins le droit à l’erreur »,
confie le sculpteur. Sa réalisation préférée
est un renard qui bondit. « Au départ, je
voulais la garder pour moi. Finalement, je
l’ai offerte à un ami pour son mariage »,
raconte le sculpteur.
L’artisan sculpteur va rester quelques
mois en Meuse, avant de, peut-être, repartir
en Allemagne fin août pour un autre symposium. En attendant, le petit Martin, 2 ans,
pourra continuer à emprunter les outils de
son père pour imiter son geste. Une relève
assurée ?
Aurore GANDELIN

Documents pareils