Chronobiologie et horaires décalés
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Chronobiologie et horaires décalés
Pour en savoir plus : Législation-Réglementation Bibliographie Liens internet Côté région Création : Août 2005 Mise à jour : Janvier 2009 Chronobiologie et horaires décalés Généralités I – La physiologie du sommeil Afin de mieux comprendre les conséquences des horaires de travail sur le sommeil, précisons les différents rôles du sommeil. A/ Les fonctions du sommeil : Nous passons, en moyenne, un tiers de notre vie à dormir. Eu égard à la place qu’il occupe dans notre vie, le sommeil revêt une importance considérable. Il a été démontré que le sommeil lent profond contribuait à la restauration de l’énergie physique. Il constitue le sommeil le plus réparateur au niveau physique. Il permet ainsi à l’organisme de récupérer la fatigue accumulée la veille, en particulier par le renouvellement cellulaire, la sécrétion hormonale etc…. Le sommeil paradoxal semble plutôt impliqué au niveau des fonctions cognitives, notamment par la consolidation des informations acquises au niveau de la veille. Les études ont montré que d’autres grandes fonctions physiologiques présentaient des variations lors du sommeil : fonctions cardio-circulatoires, ventilatoires, ou encore hormonales. Le sommeil participe au bien-être de l’individu. Concernant les besoins de sommeil, il existe trois types de dormeurs définis en fonction du temps de sommeil nécessaire pour se sentir reposé : les « courts dormeurs » (4-6 heures de sommeil par nuit), les « moyens dormeurs » (7 à 8 heures de sommeil) et les « longs dormeurs » (10 heures et plus) De même, on distingue une variabilité inter-individuelle concernant la typologie circadienne. Les sujets appelés « vespéraux » sont plutôt du soir, et sont caractérisés par des horaires d’endormissement et de réveil décalés de plus de 2 heures dans le sens horaire (7 à 16% de la population générale). A l’inverse, les sujets « matinaux » ont des horaires d’endormissement et de réveil décalés de plus de 2 heures dans le sens anti-horaire par rapport aux horaires conventionnels du coucher et du lever (beaucoup moins fréquents). 1 Centre de Conseil et de Documentation Istnf Chronobiologie et horaires décalés – Lille, janvier 2009 B/ La régulation des états de veille et de sommeil : De façon schématique, le sommeil est régulé par deux processus principaux: Le processus circadien (C) et le processus homéostatique (S). a/ Le processus circadien (C) : Les processus circadiens sont caractérisés par une périodicité de 24 heures, et sont de deux types: Les rythmes physiologiques : rythme veille - sommeil, température interne, Les rythmes biologiques : mélatonine, cortisol, hormone de croissance. Ils sont très fortement liés les uns aux autres et interdépendants ; on dit qu’ils sont « synchronisés » (rythme veille-sommeil, température interne). Cette rythmicité circadienne dépend d’une horloge biologique à deux « pacemakers » : le noyau supra chiasmatique de l’hypothalamus dont les cellules battent à leur propre rythme, et la génétique humaine (le gène « clock ») sans doute à l’origine de la période endogène de l’horloge biologique (24,18 heures). L’horloge biologique, pour être synchronisée sur 24 heures, est influencée par un synchroniseur interne : la mélatonine (hormone sécrétée par l’hypophyse, qui renseigne sur l’alternance jour/nuit et met ainsi l’organisme en phase avec l’environnement) et par deux synchroniseurs externes principaux : la lumière de haute intensité (> 2500 lux) et les facteurs sociaux (vie familiale, sociale, associative, de loisirs). b/ Le processus homéostatique (S) : Il correspond à l’accumulation d’une dette de sommeil régulière pendant la veille et à la diminution de celle-ci lors du sommeil. D’autre part, l’intensité du sommeil est d’autant plus importante que la durée de la veille préalable augmente. Ainsi, elle reste indépendante du processus circadien. Des études de privation de sommeil chez le sujet sain ont montré qu’une augmentation de la durée d’éveil entraînait une augmentation de l’intensité du sommeil mais aussi de la profondeur du sommeil. L’excès de sommeil étant à l’origine du phénomène inverse. Ainsi l’activité de veille, corrélée à l’intensité du sommeil, représente un même processus homéostatique. Une des hypothèses avancée est donc l’existence d’un lien entre l’intensité du sommeil, sa fonction réparatrice et le métabolisme énergétique des cellules cérébrales. c/ Le modèle de régulation à deux processus : Ce modèle est basé sur l’existence d’une régulation circadienne du sommeil qui vient s’ajouter à l’homéostasie des états de veille et de sommeil. La capacité à rester éveillé ou à s’endormir résulte de l’action combinée de ces deux forces : le processus homéostatique et le rythme circadien. 2 Centre de Conseil et de Documentation Istnf Chronobiologie et horaires décalés – Lille, janvier 2009 Ainsi, dormir dans la mauvaise phase du cycle circadien (« jet lag », travail posté type 3x8) peut conduire à de profonds troubles de la vigilance, parfois difficiles à traiter. Figure 1 : Régulation du sommeil normal : modèle à deux processus Le processus homéostatique (S) augmente exponentiellement pendant la veille jusqu’à ce qu’il atteigne le seuil haut (H), après quoi le sommeil peut survenir. Ensuite, il décroît pendant le sommeil (zones vertes) jusqu’à atteindre le seuil bas (B) déterminant le moment du réveil. Les seuils haut et bas sont modulés par une fonction physiologique périodique (période T) appelée rythmicité circadienne ou processus circadien (C) (Borbely, 1982). C/ L’architecture du sommeil : Le sommeil de l’adulte jeune est caractérisé par des cycles (sommeil lent sommeil paradoxal) successifs d’une durée de 60 à 90 minutes. Le sujet entre d’abord en sommeil lent puis en sommeil paradoxal environ 50 à 100 minutes après endormissement. Les 2-3 premiers cycles sont surtout riches en sommeil lent profond (SLP) et les derniers en sommeil paradoxal (SP) et sommeil lent léger (SLL). Le sommeil lent représente 75 à 80% de la durée totale de sommeil (dont 60% de SLL et 15 à 20% de SLP) et le sommeil paradoxal 17 à 23% en moyenne. La durée totale de sommeil varie selon plusieurs facteurs : l’âge, les facteurs génétiques et les horaires de coucher et de lever. Dans ces conditions, le sommeil des travailleurs postés serait-il composé d’une proportion plus importante de SLL ? Serait-il plus souvent entrecoupé d’éveils intra sommeil et donc moins récupérateur? 3 Centre de Conseil et de Documentation Istnf Chronobiologie et horaires décalés – Lille, janvier 2009 2 - Les différents types d’organisation du travail A/ Le travail posté : a/ Définition : Selon la Directive du Conseil 93/104/CE du 24 novembre 1993 concernant certains aspects de l’aménagement du temps de travail, les travailleurs postés sont « les salariés dont l’horaire de travail s’inscrit dans le cadre du travail posté ». Cette même directive définit le travail posté comme « tout mode d’organisation du travail en équipe selon lequel des travailleurs sont occupés successivement sur les mêmes postes de travail, selon un certain rythme, y compris le rythme rotatif, qui peut être de type continu ou discontinu, entraînant pour les travailleurs la nécessité d’accomplir un travail à des heures différentes sur une période donnée de jours ou de semaines» (Directive du 24/11/93). Le travail posté se définit selon 5 critères : 1/ La continuité du travail posté : Le travail posté continu : cette organisation ne présente aucune interruption dans le travail et les équipes alternantes se chevauchent (4x8, 5x8, …). Le travail posté semi - continu est interrompu pendant les week-ends et les congés (3x8). Le travail posté discontinu : la plage horaire est étendue sans obligation de couvrir les 24 heures (2x8). 2/ Le type de rotation : Lui-même défini par deux facteurs : Le rythme qui correspond au nombre de jours passés dans le même poste. On distingue les cycles courts (1 à 3 jours) des cycles longs (plus de 5 jours). Le sens de rotation peut être horaire (matin, après-midi, nuit) ou anti-horaire (matin, nuit, après-midi). 3/ La durée maximale du temps de travail : Pour le travail continu, la durée habituelle est de 8 heures. Certaines organisations vont jusqu’à 12 heures voire 24 heures continues (pompiers, urgences…). La réglementation prévoit de ne pas dépasser 10 heures d’affilées, sauf dérogation. 4/ L’alternance des équipes : Les équipes fixes travaillent toujours sur le même horaire (nuit fixe, jour) Les équipes alternantes changent régulièrement de poste (matin, après-midi, nuit). 4 Centre de Conseil et de Documentation Istnf Chronobiologie et horaires décalés – Lille, janvier 2009 5/ Heure de début et de fin de poste : Dans l’idéal, le choix de l’heure de début et de fin de poste devrait tenir compte des critères physiologiques : respecter la période entre 2h00 et 5h00 du matin qui correspond à celle du meilleur sommeil ; et des critères sociaux (fonction du temps de transport, de la vie familiale, des heures habituelles de prise des repas et du coucher). b/ Données épidémiologiques : Le travail posté concerne 20 à 30% des salariés occidentaux. Il touche principalement les postes de sécurité (Urgences, pompiers, police…) ainsi que les grandes entreprises pour des raisons de rentabilité et de mondialisation des communications. Les hommes restent majoritaires dans ce type d’activité. En France, 1 salarié sur 5 travaille en rythme de nuit ou posté, soit plus de 5 millions de travailleurs concernés. Environ 20% de la population active masculine et 15% de la population active féminine travaillent en horaires postés. Le travail en 2x8 est le plus répandu, il concerne près de 60% des travailleurs postés, tandis que le travail en 3x8 en concerne 20% et les autres rythmes de travail alternants 20%. B/ Le travail de nuit : a/ Définitions et épidémiologie : Le travail de nuit correspond à tout travail compris entre 21h00 et 6h00. L’article 2 de l’accord national du 3 janvier 2002 définit le travailleur de nuit comme « celui qui accomplit, au moins 2 fois par semaine, selon son horaire habituel, au moins 3 heures de son temps quotidien entre 21h00 et 6h00 ou au minimum 270 heures de travail de nuit pendant une période de 12 mois consécutifs ». En 1998, 3 millions de salariés ont travaillé de nuit dont un peu plus d’un quart de femmes. b/ Législation : Des textes récents ont modifié le code du travail en matière de travail de nuit. La loi du 9 mai 2001, relative à l’égalité professionnelle entre les hommes et les femmes, encadre le travail de nuit pour l’ensemble des salariés et lève l’interdiction du travail de nuit des femmes. Le nouveau dispositif réglementaire consacre le caractère dérogatoire du travail de nuit. Pour l’ensemble des salariés, le recours au travail de nuit doit être exceptionnel et justifié par des impératifs économiques ou sociaux figurant dans un 5 Centre de Conseil et de Documentation Istnf Chronobiologie et horaires décalés – Lille, janvier 2009 accord conclu avant sa mise en place ou son extension à de nouvelles catégories de salariés (art L 213-1 du code du travail) Depuis le 3 mai 2002, le rôle du médecin du travail est renforcé (art L 213-5) avec la surveillance médicale spécifique (SMS) dont doit bénéficier tout travailleur de nuit avant son affectation à un poste de nuit fixe ou alternant. Elle est renouvelée tous les 6 mois (art R 213-6). C/ Les horaires de jour : En droit du travail, le travail de jour est la norme : c’est le rythme de référence. Il ne présente pas de conséquence particulière sur la santé des salariés. La semaine standard est définie par quatre critères, d’après l’enquête « emploi du temps » réalisée par l’INSEE en 1999 : horaires effectués entre 7h00 et 20h00 cinq jours travaillés (à raison d’un minimum de 5 heures de travail par jour) du lundi au vendredi durée hebdomadaire comprise entre 35 heures et 44 heures deux jours de repos consécutifs et absence de travail les jours fériés. 3 - Conséquences physiologiques du travail posté et du travail de nuit A/ Travail posté et sommeil : Tout d’abord, il n’existe pas de travail posté ou de nuit physiologiquement acceptable. Tout travail posté a des conséquences sur l’horloge biologique. Il en résulte un état de malaise : fatigue, chaud-froid, troubles digestifs, troubles du sommeil. L’adaptation au travail posté est liée à l’équilibre entre trois facteurs : Des facteurs chronobiologiques : rôle important des synchroniseurs externes (lumière et facteurs socioprofessionnels) sur les rythmes biologiques (mélatonine, cortisol) et physiologiques (température interne, rythme veille sommeil) Des facteurs domestiques : vie familiale, sociale et associative, loisirs et environnements (bruit, température, lumière) Un facteur sommeil : les travailleurs postés dorment, en moyenne, 1 heure de moins par jour que les travailleurs de journée. De plus, l’environnement physique (bruit, lumière, T°C) a un impact négatif sur le sommeil. Il en découle des troubles du sommeil de type difficultés d’endormissement, réveils nocturnes ou précoces qui sont fréquents. 6 Centre de Conseil et de Documentation Istnf Chronobiologie et horaires décalés – Lille, janvier 2009 Si l’équilibre est rompu, il y a désadaptation. Les travailleurs postés sont désynchronisés en permanence. Ceci est majoré les premiers jours du changement d’horaires, mais aussi par l’alternance des jours de travail et jours de repos et par la faiblesse des synchroniseurs externes (baisse de l’exposition lumineuse ou exposition lumineuse au mauvais moment, diminution des activités sociales). B/ Les conséquences du travail posté sur la santé: a/ Les troubles du sommeil et de la vigilance: Grâce aux explications physiopathologiques, nous comprenons mieux l’impact du travail posté sur les rythmes circadiens. En effet, ces rythmes sont en désynchronisation permanente lors du travail posté : entre 40 à 80% des travailleurs postés se plaignent de troubles du sommeil et de l’éveil. Les répercussions du travail posté sur le sommeil perdurent même après la cessation d’activité. Des études ont montré qu’après 20 ans de travail posté, les conséquences sur le sommeil sont irréversibles même après arrêt du travail. C’est pour cette raison que la question de reconnaissance en maladie professionnelle est posée, concernant les personnes ayant travaillé pendant plus de 20 ans avec des horaires alternants. b/ Le risque accidentel : La somnolence au volant consécutive au travail posté, augmente le risque d’accident de la route, en particulier sur le trajet du retour après le poste de nuit et le trajet « aller » pour le poste du matin. Certains comparent l’effet de la dette de sommeil à celui de la consommation d’alcool : par exemple, 17 heures d’éveil correspond à une alcoolémie de 0.5g/l et 24 heures d’éveil équivaut à 1g/l d’alcool dans le sang. Le risque accidentel est un risque individuel mais également collectif avec un risque important d’accident du travail impliquant les autres salariés. Les travailleurs de nuit ou postés exercent souvent des professions où le risque lié à la somnolence a été identifié. Plusieurs accidents spectaculaires au cours de ces dernières décennies ont été clairement attribués à la somnolence des opérateurs (l’explosion d’un réacteur nucléaire à Tchernobyl, le naufrage de l’Erika, accidents d’avions,…). c/ Les troubles digestifs : Les signes digestifs les plus fréquents, dont souffrent les travailleurs postés, sont les troubles dyspeptiques, les troubles du transit (ballonnements, constipation) ou les douleurs type ulcère gastro-duodénal. La survenue de ces troubles digestifs s’explique par différents facteurs physiopathologiques : la variabilité des horaires des repas d’une part, la variation circadienne des sécrétions acides gastriques ou de l’hormone de la satiété (orexine), mais aussi par le stress. 7 Centre de Conseil et de Documentation Istnf Chronobiologie et horaires décalés – Lille, janvier 2009 d/ Les troubles cardiovasculaires (CV) : Les travailleurs postés présentent plus de facteurs de risques cardio-vasculaires (CV) que les travailleurs de jour, en raison : du surpoids lié à une mauvaise hygiène alimentaire (repas à heures irrégulières) de la consommation de tabac et de café, qui sont psychostimulants (tachycardie) du stress de la désorganisation des rythmes biologiques et physiologiques et donc du système nerveux autonome (augmentation de la fréquence cardiaque et de la tension artérielle). Une étude prospective sur une population de 504 ouvriers d’imprimerie suivis pendant 20 ans a montré une augmentation du risque relatif des troubles cardiovasculaires (accidents coronariens, infarctus du myocarde) en fonction du nombre d’années de travail posté. Ce risque relatif passe de 1,5 après 5 ans de travail posté à 2,8 après 20 ans de travail posté. D’autre part, parmi les 394 travailleurs postés, 43 ont présenté un accident coronarien, dont 25 victimes d’un infarctus du myocarde. e/ Le risque immunitaire et le risque de cancer : Aux vues des rôles du sommeil, celui-ci permet le renouvellement cellulaire mais aussi de lutter contre les infections. Le manque de sommeil peut donc augmenter le risque infectieux et le risque de cancer. En effet, les travailleurs de nuit développent plus de cancers hormono-dépendants : cancers du sein chez les femmes et cancers de la prostate chez les hommes. D’après une méta analyse faite à partir 13 études dont 7 concernant le personnel naviguant aérien ; le risque relatif moyen de cancer du sein est de 1.48 chez les femmes postées. Une des explications serait d’ordre physiopathologique : l’exposition nocturne à la lumière artificielle entraînerait une diminution du pic nocturne de mélatonine et une augmentation du taux d’oestrogènes circulants, qui serait à l’origine d’un risque plus important de cancer du sein. C’est pourquoi, le CIRC a récemment reconnu le travail posté comme « probablement cancérigène » (classe 2B). f/ Le vieillissement : Les différentes fonctions du sommeil (renouvellement cellulaire) ainsi que l’explication chronobiologique (perturbation chronique de l’horloge biologique) permettent d’expliquer ce mécanisme du vieillissement précoce chez les travailleurs à horaires atypiques. 8 Centre de Conseil et de Documentation Istnf Chronobiologie et horaires décalés – Lille, janvier 2009 C/ Les répercussions du travail de nuit sur le sommeil et la santé des travailleurs : a/ Les accidents de la circulation (chauffeurs routiers) : L’équipe du CHU de Bordeaux a mené une étude sur l’hygiène de sommeil des conducteurs. Les sujets conduisant de nuit présentent une dette de sommeil supérieure à ceux conduisant de jour, expliquant ainsi le pic nocturne de fréquence des accidents liés à la somnolence. Dans 36% des cas, les accidents de la circulation sont liés aux endormissements. Ils surviennent la nuit principalement vers 2-3h00 ou 6-7h00. b/ Les troubles du sommeil et de la vigilance : En moyenne, les travailleurs de nuit dorment 1 heure de moins par 24 heures que les travailleurs de jour. Parmi eux, 60% se plaignent de troubles du sommeil et 30% d’insomnie. La somnolence touche 15 à 20% des travailleurs de nuit, le sommeil étant moins réparateur. c/ Irritabilité, fatigue chronique : Une étude française sur le travail de nuit du personnel hospitalier, retrouve une irritabilité significativement plus fréquente chez les soignantes en nuits de 8 heures. De plus, cette étude montre que les conséquences sur le sommeil et la fatigue restent très importantes lors des nuits de 10 et 12 heures. d/ Obésité : Dans cette même étude française, les résultats confirment la fréquence plus importante d’obésité chez le personnel de nuit. En effet, le manque de sommeil modifie la sécrétion de l’hormone de la satiété. e/Troubles digestifs, troubles cardiovasculaires (CV) : Une étude soulève l’hypothèse que le nombre de nuits consécutives joue un rôle tout aussi important que le nombre d’heures de travail de nuit, sur les troubles gastro-intestinaux. Une autre étude montre que le travail à horaires atypiques, augmente le risque de troubles CV, dont l’infarctus du myocarde. En effet, la dette de sommeil et la modification permanente des rythmes modifient les fonctions CV (augmentation de la fréquence cardiaque, HTA et altération de la sécrétion hormonale de rénine-angiotensine). f/ Risques spécifiques chez la femme : Des études épidémiologiques récentes chez des femmes réalisant un travail posté révèlent des associations significatives avec une sous-fécondité, des avortements spontanés, des naissances prématurées et des symptômes d’éclampsie. Les salariées enceintes ou venant d’accoucher bénéficient de mesures protectrices (Art. L1225-9 du code du travail). Pour en savoir plus sur ce sujet, consultez la synthèse istnf “Grossesse et travail” 9 Centre de Conseil et de Documentation Istnf Chronobiologie et horaires décalés – Lille, janvier 2009 g/ Perturbation de la vie sociale et familiale : Les sujets qui travaillent de nuit vivent en décalage permanent par rapport au reste de la population active. L’étude française parmi le personnel soignant met en évidence un retentissement de la fatigue sur la vie familiale et sociale. Souvent, le cumul du travail de nuit et l’éducation des jeunes enfants conduisent à une rupture des liens familiaux. 4 – Les moyens de prévention A/ Les mesures préventives collectives : a/ Organisation du travail : Avant tout, il faut savoir qu’il n’existe pas de système d’horaires postés idéal. Malgré tout, si jamais le travail à horaires alternants était privilégié par l’entreprise, il serait préférable de choisir un rythme en 2x8 et nuit fixe, moins délétère sur la santé que les 3x8. Si le rythme en 3x8 est choisi, il est conseillé d’organiser la rotation dans le sens horaire (matin, après-midi, nuit). En effet, la période de l’horloge biologique endogène étant légèrement supérieure à 24 heures, l’organisme peut plus facilement adapter son rythme veille/sommeil en cas de retard de phase qu’en cas d’avance de phase. D’autre part, il vaut mieux privilégier les cycles courts de 2 à 3 jours par semaine, ainsi les rythmes circadiens n’ont pas le temps de se désynchroniser et les conséquences sur le sommeil et la santé sont moindres. En effet, si les cycles sont longs, l’organisme va se synchroniser, mais, au terme de la semaine, il lui faut à nouveau se décaler pour se réadapter. Ainsi, les horaires alternants d’une semaine à l’autre, nuisent considérablement à la qualité et la quantité de sommeil, en particulier lors des premiers jours de changement de poste. Concernant les repos, l’idéal est de faire succéder 2 jours de repos après 3 jours de travail ; la récupération n’en est que meilleure. Concernant les heures de début et de fin de poste, il est préférable de débuter le poste du matin après 6 heures du matin afin de respecter le sommeil paradoxal, récupérateur, maximal en fin de nuit. D’après l’étude SVS 81, réalisée par Mullens et al. (2007), le poste du matin expose à une dette de sommeil importante. Ceci correspond à notre population pour qui le poste du matin est le plus pénible tant au niveau du sommeil que de la vigilance. Il serait donc préférable de raccourcir le temps de travail du matin au dépend du poste d’après-midi, mieux toléré. 10 Centre de Conseil et de Documentation Istnf Chronobiologie et horaires décalés – Lille, janvier 2009 b/ Action sur l’environnement physique professionnel : 1/ La lumière d’intensité élevée : Il est conseillé d’utiliser la lumière blanche, sans ultra violet (UV) ni infra rouge (IR), d’intensité supérieure à 2500 lux. Les moyens proposés sont multiples : lampes de bureau, éclairages plafonniers, écrans lumineux muraux. Les modalités d’utilisation sont spécifiques à l’organisation du travail. L’exposition à cette lumière de haute intensité doit s’effectuer, de préférence, en début de poste de nuit ou de matin, pendant 2 à 3 heures, avec une diminution progressive de l’intensité en fin d’exposition. Pour une meilleure efficacité, il vaut mieux éviter toute exposition à la lumière naturelle en fin de poste de nuit ou d’aprèsmidi, afin de faciliter le sommeil ; et de s’exposer au maximum à la lumière, le matin avant de prendre son poste, afin d’améliorer la vigilance. 2/ Lutte contre le bruit : Baisser le seuil sonore dans l’entreprise permet de diminuer le niveau « d’excitabilité » des salariés, facilitant ainsi leur sommeil une fois à domicile. En effet, l’exposition permanente à un niveau sonore élevé a un effet psycho stimulant. En effet, l’environnement bruyant constitue un facteur professionnel favorisant significativement l’insomnie et donc la somnolence. c/ Rythme des repas et gestion des pauses : Il est important de respecter des pauses repas régulières, à heures fixes, pendant chaque poste : matin, après-midi et nuit. La régularité des repas est un élément important dans l’adaptation aux horaires alternants. Il faut donc prévoir une restauration sur place avec des repas chauds, en particulier lors du poste de nuit. Une pause vers 3 heures du matin pour une collation sans café est conseillée. Pour en savoir plus sur ce sujet, consultez la synthèse istnf “Horaires décalés et alimentation” De la même façon, il faut prévoir des temps de pause réguliers pendant le temps de travail. L’article L 212-4 du code du travail stipule que « le temps de travail effectif est le temps pendant lequel le salarié doit être à la disposition de son employeur et pendant lequel il doit se conformer à ses directives sans pouvoir se livrer à ses occupations personnelles ». Ainsi, le temps de pause et de restauration sont considérés comme du temps de travail effectif, si le salarié reste en permanence à la disposition de son employeur. D’autre part, une pause minimale de 20 minutes doit être accordée au salarié après un temps de travail de 6 heures consécutives. C’est un moment de détente pour les salariés qui facilite la tolérance au travail posté et améliore leur vigilance au travail. 11 Centre de Conseil et de Documentation Istnf Chronobiologie et horaires décalés – Lille, janvier 2009 d/ La sieste sur le lieu de travail: On distingue trois types de sieste : La micro-sieste : dure moins de 5 minutes et permet de dissoudre le stress. Ce n’est pas un sommeil réel, mais plutôt un micro sommeil. La sieste « parking » dure 15 à 20 minutes, dans un endroit calme et procure un effet ressourçant. Le sommeil ainsi procuré est constitué de sommeil lent léger uniquement. La sieste « cycle de sommeil » dure au moins un cycle d’environ 1h30. Elle est récupératrice et comprend du sommeil lent profond. Elle est conseillée à domicile, de retour d’un poste du matin, par exemple. Les deux premières propositions sont des solutions possibles sur le lieu de travail après la pause repas, ou avant le retour à domicile, par exemple. La troisième possibilité concerne plutôt la récupération d’une courte nuit après un poste du matin, une fois à domicile. La proposition récente d’instaurer la sieste sur le lieu de travail, faite par le ministre du travail actuel Xavier Bertrand (janvier 2007), a ouvert le débat sur le rôle du sommeil sur le travail. Un article, paru dans la revue « santé et travail » de janvier 2008, plaide en faveur de l’officialisation de cette pratique au sein des entreprises françaises, pour les travailleurs de nuit en priorité. Les bénéfices de la sieste sur le lieu de travail ont été démontrés. Ainsi, les résultats de ces recherchent plaident en faveur d’une institutionnalisation de la sieste nocturne pendant le poste de nuit. En effet, Takeyama et al (2005) ont fait une revue de la littérature sur la sieste pendant le poste de nuit. Tous s’accordent à dire que faire une sieste de nuit diminue la somnolence au travail, augmente le niveau d’attention dans la période qui suit la sieste. De même, MT.Purnell (2002) et son équipe ont étudié les effets de la sieste pendant le poste de nuit chez des travailleurs postés en 2x12, sur les performances et la vigilance. Les résultats prouvent que la réalisation d’une courte sieste sur le lieu de travail lors de la première nuit du cycle de nuit permet d’améliorer les performances au travail. 12 Centre de Conseil et de Documentation Istnf Chronobiologie et horaires décalés – Lille, janvier 2009 B/ Les mesures préventives individuelles : a/ Une hygiène de vie: Il est important pour les travailleurs à horaires irréguliers d’avoir une bonne hygiène de vie. A ceux qui travaillent le matin avant 5 heures, il est conseillé de faire une sieste durant parfois plus d’une heure, pour compenser la dette de sommeil. En termes d’alimentation, il est important de prendre une collation au lever, avant de partir. En cas de travail de nuit, le salarié doit aller dormir le matin, après un petit déjeuner léger. Il veillera à se coucher le plus tôt possible dans une pièce calme, tempérée et dans le noir complet, en prévenant sa famille de son emploi du temps et en débranchant le téléphone afin de respecter son sommeil. Si besoin, il est possible de réaliser une sieste d’environ 20 minutes en début d’après-midi après le repas et/ou en début de soirée avant le travail. Enfin, la pause pour une collation sans café vers 3 heures du matin est importante. Ceux qui travaillent l’après-midi prendront soin de ne pas prolonger leur soirée, malgré la forte tentation de veiller tard pour prendre le temps de se détendre et de faire une coupure après le travail. Pendant les jours de repos, il est primordial de récupérer au maximum, et de dormir suffisamment (siestes, grasse matinée). Enfin, la pratique d’une activité physique régulière est vivement conseillée. Une activité d’endurance, d’intensité modérée, en fin d’après-midi avant 19h, améliore la qualité du sommeil, accroît la vigilance et les performances cognitives. b/ Les luminettes ou luminothérapie individuelle : Afin de conserver une bonne vigilance au travail et une bonne qualité de sommeil pendant les repos, il est important de respecter une exposition lumièreobscurité régulière. Pour cela, les salariés de nuit doivent limiter l’exposition lumineuse lors du retour à domicile afin de faciliter leur sommeil en portant des lunettes solaires, par exemple. A l’inverse, l’exposition lumineuse doit être maximale avant la prise de poste du matin afin de conserver un niveau de vigilance maximum au travail. Une équipe belge (Centre de recherche du cyclotron de l’université de Liège, associé à la société Lucimed) étudie actuellement l’efficacité des luminettes chez les travailleurs postés. Le principe est basé sur une luminothérapie individuelle avec exposition à une lumière blanche d’intensité élevée par l’intermédiaire de lunettes. L’efficacité de la luminothérapie a déjà été prouvée dans le cadre de pathologies psychiatriques comme la dépression saisonnière. Elle est indiquée chez les travailleurs de nuit pendant 30 minutes en début de poste, afin d’augmenter la vigilance au travail et diminuer les risques d’accident. On peut également proposer 13 Centre de Conseil et de Documentation Istnf Chronobiologie et horaires décalés – Lille, janvier 2009 les luminettes pour éviter les « coups de fatigue » avec une exposition de 30 minutes entre minuit et 1 heure du matin. D.Boivin et al (2005), ont basé leur discussion sur une revue de la littérature concernant l’utilité de la luminothérapie comme contre mesure à la mauvaise adaptation des travailleurs postés. Les résultats de cette littérature confirment l’efficacité d’une exposition lumineuse intermittente avec une amélioration significative des scores de vigilance. c/ Organisation des transports : Le co-voiturage permet de diminuer le risque d’accident de la circulation lié à la baisse de vigilance au volant. Le risque étant maximal lors du trajet avant le poste du matin et celui du retour à domicile après le poste de nuit. C’est ce que confirme Akerstedt et al. (2005) dans son étude sur le niveau de vigilance et les performances à la conduite après un poste de nuit. 14 Centre de Conseil et de Documentation Istnf Chronobiologie et horaires décalés – Lille, janvier 2009 5 – Les moyens de dépistage A/ La surveillance médicale spécifique (SMS) : La SMS des travailleurs postés existe depuis 1977, avec le décret du 11 juillet 1977 fixant la liste des travaux nécessitant une surveillance médicale spéciale (travaux en équipes alternantes effectués de nuit en tout ou en partie) Ce décret prévoit une SMS lors de la visite d’embauche, à 2 mois, 6 mois, 1 an puis tous les ans. A l’embauche, doivent être déclarés inaptes les sujets porteurs d’affections organiques chroniques susceptibles de poussées évolutives, altérant les capacités de résistance et d’adaptation (troubles du sommeil sévère, troubles psychiatriques, névroses décompensées). Le médecin du travail a aussi un rôle d’information en insistant sur les règles hygiéno-diététiques. La SMS est devenue obligatoire pour les travailleurs de nuit fixe depuis le 3 mai 2002. L’article R 213-6 du code du travail stipule que tout travailleur de nuit doit bénéficier d’une SMS avant son affectation à un poste de nuit, puis au moins tous les 6 mois. Cette surveillance a pour but de prévenir le risque de désadaptation par le dépistage précoce, de favoriser une bonne hygiène de vie, d’apprécier les conséquences éventuelles sur la santé et d’évaluer les répercussions éventuelles sur la vie sociale et familiale. B/ L’actimétrie en milieu de travail : L’actimétrie est une technique validée pour l’exploration des rythmes veille – sommeil. Plusieurs travaux ont montré que cet outil simple et fiable semble bien adapté à l’étude du sommeil dans les situations de travail posté, notamment chez les travailleurs à horaires atypiques (3x8, nuit). C/ Le dosage de la mélatonine urinaire et du cortisol salivaire: L’utilisation de ces dosages reste difficile à mettre en pratique en milieu du travail et très onéreuse. 15 Centre de Conseil et de Documentation Istnf Chronobiologie et horaires décalés – Lille, janvier 2009 6 - Le cas particulier du « jet lag » : Expression anglaise décrivant l’ensemble des symptômes correspondant à l’adaptation de l’organisme à un nouvel horaire (à partir d’un décalage de trois heures) Le syndrome du décalage horaire est défini comme une affection chronobiologique résultant du passage d’un certain nombre de fuseaux horaires en un bref laps de temps. Le syndrome du “jet lag” correspond à une maladie liée à la désynchronisation des rythmes “jour-nuit”. Les personnes les plus exposées : o Les hommes et femmes d’affaires o Le personnel navigant aérien Les troubles les plus souvent observés : o La symptomatologie apparaît pour des voyages dépassant 4 à 5 fuseaux horaires pour une durée de 4 à 5 jours. o Les vols vers l’Est sont plus pénalisants (durée de journée raccourcie) o Les vols vers l’Ouest sont plus faciles à supporter (allongement de la durée de journée) o Troubles du sommeil (insomnies ou hypersomnie) o fatigue o Troubles digestifs (diarrhée/constipation) o Dégradations des performances, modifications du caractère (irritabilité) o Troubles de la concentration. Les propositions pour atténuer les effets du décalage horaire : o Pour les déplacements de moins de 3 jours, il est conseillé de conserver au maximum le rythme du pays de départ et d’éviter de se décaler. o Pour les voyages vers l’Ouest, la caféine est un excellent adjuvant pour réajuster l’horloge, elle est donc recommandée le jour du voyage. A l’arrivée, l’exposition à la lumière le soir et le port de lunettes de soleil en matinée sont conseillés. o Pour les voyages vers l’Est, l’inverse est conseillé : éviter la caféine pendant le voyage et s’exposer à la lumière le matin. Il est recommandé de bien s’hydrater (boire de l’eau régulièrement) d’éviter les repas lourds ainsi que l’alcool pendant le vol. A l’arrivée, il est recommandé de se mettre immédiatement à l’heure locale (heure des repas, exercice physique, ..) sauf pour les courts déplacements (moins de 3 jours). Enfin, la prise d’hypnotique est fortement déconseillée pendant le vol (LEGER D, troubles du sommeil, Ed Doin, 2001). Ont collaboré à cette synthèse : Dr P.Schindler-Sabot, Chru Lille C. Lefur, Dr es nutrition, Istnf V. Delevoy, Chargée d’études documentaires, Istnf 16 Centre de Conseil et de Documentation Istnf Chronobiologie et horaires décalés – Lille, janvier 2009 Législation-Réglementation Décret n°2006-42 du 13 janvier 2006 relatif au travail de nuit des jeunes travailleurs et apprentis de moins de dix-huit ans Loi n° 2005-882 du 2 août 2005 en faveur des petites et moyennes entreprises Loi n° 2005-810 du 20 juillet 2005 ratifiant l'ordonnance n° 2004-1197 du 12 novembre 2004 portant transposition de directives communautaires et modifiant le code du travail en matière d'aménagement du temps de travail dans le secteur des transports Arrêté du 11 juillet 1977 : fixant la liste des travaux nécessitant une surveillance médicale spéciale Code du travail allant de L213-1 à L213-5 Circulaire DRT du 5 mai 2002 relative au travail de nuit Décret n°2002-792 du 3 mai 2002 (articles L213-1 à L213-5 du code du travail : concerne le travail de nuit, y compris les modalités de la surveillance médicale spéciale Loi n°2001-397 du 9 mai 2001 relative à l'égalité professionnelle entre les femmes et les hommes (JO 10/05/2001) L’ordonnance n°2001-174 du 22 février 2001 concerne le travail de nuit des jeunes travailleurs 17 Centre de Conseil et de Documentation Istnf Chronobiologie et horaires décalés – Lille, janvier 2009 Jurisprudence Cass. Soc. n° 06-45.736 du 2 avril 2008 Modification contrat de travail – Horaires de nuit/Horaires de jour Confirmation de jurisprudence. Le passage, même partiel, d’un horaire de nuit à un horaire de jour constitue une modification du contrat de travail qui doit être acceptée par le salarié. La Cour de Cassation avait déjà statué en ce sens précédemment, incluant également la situation inverse : passage d’un horaire de jour à un horaire de nuit. (Cass. Soc ; n° 98-44.781 du 5 juin 2001) Retrouver le texte sur Légifrance Cass. Soc. n° 06-43.455 du 30 octobre 2007 Licenciement – Modification du contrat de travail Le passage, même partiel, d’un horaire de jour à un horaire de nuit constitue une modification du contrat de travail qui doit être acceptée par le salarié. Dès lors, ne peut constituer un motif de licenciement l’inaptitude du salarié au travail de nuit, alors qu’il travaillait antérieurement de jour et qu’il n’avait pas accepté de travailler de nuit. En l’espèce, dans le cadre d’un accord collectif d’entreprise relatif à la réduction et à l’aménagement du temps de travail, un employeur (clinique) avait imposé le travail par roulement jour et nuit à un groupe de salariées. L’une d’entre elles avait refusé cette modification de contrat de travail, et fait constater son inaptitude au travail de nuit par le médecin du travail, à la suite de quoi elle s’était vue licenciée pour inaptitude définitive au travail et impossibilité de reclassement. Ayant constaté que l’intéressée travaillait antérieurement le jour et n’avait pas accepté de travailler la nuit, la Haute cour a jugé que l’inaptitude de cette salariée ne pouvait constituer un motif de licenciement. Retrouver le texte sur Légifrance Cass. Soc. n°02-42.657 du 7 septembre 2004 – Travail de nuit Un employeur avait rompu de manière anticipée le contrat de travail à durée déterminée d’un salarié chauffeur, qui, travaillant déjà en horaires de nuit, avait refusé la modification de ses horaires. La Cour l’a débouté, considérant qu’en matière d’horaires de travail, de nuit par surcroît, le refus par le salarié de modifications imposées par l’employeur n’est pas constitutif de faute grave. Retrouver le texte sur Légifrance Cass. Soc. n°07-40.092 du 14 octobre 1998 Clause de mobilité + Modification d’horaire nuit/jour Acceptation nécessaire par le salarié Lorsqu'elle s'accompagne du passage d'un horaire de nuit à un horaire de jour ou d'un horaire de jour à un horaire de nuit, la mise en œuvre de la clause de mobilité suppose, nonobstant toute clause contractuelle ou conventionnelle contraire, que le salarié accepte cette mise en œuvre. Retrouver le texte sur Légifrance 18 Centre de Conseil et de Documentation Istnf Chronobiologie et horaires décalés – Lille, janvier 2009 Bibliographie Brasseur G. Horaires de travail : à la recherche de solutions sans décalage (entreprise automobile) Travail et Sécurité, avril 2009,44-45 BAYON V., BENZEKRI-LE LOUET A., PREVOT E., CHOUDAT D., LEGER D. Surveillance à adopter pour les travailleurs postés et de nuit Archives des Maladies Professionnelles, 2008, n°69, 695-707 SCHINDLER P. Etude prospective de l'impact des différents horaires de travail sur le sommeil, la vigilance et la qualité de vie : enquête concernant 413 salariés, employés dans l'industrie automobile Thèse, Université Lille II, 2008 Pénibilité du travail et sortie précoce de l’emploi Premières Informations Premières Synthèses, janvier 2008, n°03.1, 8 p. DESRIAUX J.F. Horaires décalés : salariés à contretemps Santé et Travail, janvier 2008, n°61, 25-41 VUAILLE B. Implications dans le travail posté et les voyages : une horloge alimentaire est découverte dans le cerveau Le quotidien du Médecin, 2008, n° 8 376, p. 5 COURTHIAT M.C, ADAM A., VESPIGNANI H., EMSER W., HANNARTH B. Effets des horaires de travail posté et de nuit sur la qualité du sommeil, la vigilance et la qualité de vie : étude interrégionale franco-allemande Archives des Maladies Professionnelles, 2007, vol.68, 5-6, 482-493 SUDOLSKI P. Le travail de nuit source de pénibilité pour les plus anciens Entreprise et Carrières, décembre 2007, n°885, 12-13 PICUT G. Le temps « hors travail » concerne aussi l’entreprise Entreprise et carrières, du 20 au 26 novembre 2007, n°881, 32-33 TONNEL A. Etudes de l'influence des rythmes de travail sur les troubles digestifs et la prise de poids dans une entreprise agro-alimentaire Mémoire, Licence DIUST, Université de Lille II Droit et Santé, 2007, 55 p. 19 Centre de Conseil et de Documentation Istnf Chronobiologie et horaires décalés – Lille, janvier 2009 DEBADDI F., CHATTI S., MAGROUN I., MAALEL O., MAHJOUB H., MRIZAK N. Le travail de nuit : ses répercussions sur la santé du personnel hospitalier Archives des maladies professionnelles, 2004, 65, n°6, 489-492 BARTHE B., QUIENNEC Y., VERDIER F. L'analyse de l'activité de travail en postes de nuit : bilan de 25 ans de recherches et perspectives Le travail humain, janvier 2004, vol. 67 n°1, p. 41-61 Le point des sur connaissances… Horaires atypiques de travail INRS, ED 5023, juin 2004, 4 p. LEGER D. Troubles du sommeil : « le jet-lag » Ed DOIN, 2001, 84-85 POISSONET C., VERON M. Travail posté, travail de nuit (Wiesensteig, 13-17 septembre 1999) Documents pour le médecin du travail, 2000, n°81, 53-56 KNUISTINGH NEVEN A., EEKHOF J.A.H Le décalage horaire Journal International de Médecine, nov 2000, 3 ; p 8 QUIENNEC Y., TEIGER C., DE TERSSAC G. Repères pour négocier le travail posté Octarès ed. Toulouse, 1985, 255p. 20 Centre de Conseil et de Documentation Istnf Chronobiologie et horaires décalés – Lille, janvier 2009 Liens internet Le travail de nuit INRS, Dossier web, 2002 http://www.inrs.fr/ Horaires décalés et alimentation ISTNF, Dossier web, décembre 2008 http://www.istnf.fr Travail de nuit et travaux en équipes alternantes effectues de nuit en tout ou en partie Surveillance médicale renforcée, Bossons futé, n°40, février 2005 http://www.bossons-fute.com Sommeil et travail à horaires atypiques Dr Eric Mullens, dossier web SVS 81, mis à jour en 2008 http://eric.mullens.free.fr/ Conséquences du travail à horaires décalés sur les rythmes hormonaux et le métabolisme Site Atousanté Travail en rotation CCHST, Canada, avril 1998 http://www.cchst.ca Travail de nuit et travail posté Prevent, Belgique, 2004 http://fr.prevent.be/p/3A4DC4575031773DC1256F0700342265 Répercussions des rythmes de travail sur la santé Université de Rennes, 1999 http://www.med.univ-rennes1.fr/etud/med_travail/cours/rythmes_de_travail.html Le travail posté : matin, après-midi… ou nuit, je ne sais plus où j’en suis Alsace Santé au Travail 67, fiche « Conseils express », mai 2005 http://www.aimt67.org/fiches/19.pdf Le travail de nuit Ministère de l’emploi, de la cohésion sociale et du logement, Fiches pratiques http://www.travail-solidarite.gouv.fr/informations-pratiques/fiches-pratiques/duree-dutravail/travail-nuit.html Le travail en horaires alternants Cnam Paris, 2003 http://www.cnam.fr/ergonomie/labo/TRAVALTT.pdf Travail de nuit Site Sommeil et médecine générale 21 Centre de Conseil et de Documentation Istnf Chronobiologie et horaires décalés – Lille, janvier 2009 Côté région AST 62-59 a proposé un temps de réflexion et d’information sur le travail de nuit à Arras le 30 septembre 2008 Composition du groupe Travail de nuit de l’AST 62-59 : Les docteurs : G. Couteux, Y. Deguisne, D. Dhalluin, M. Hennion, S. Piechel, K Rocca, et M. Wavelet. Mme Petit (SAST) et Mme Patinier (Diététicienne) Pour en savoir plus sur les travaux menés par l'AST 62-59 Résumé Istnf de la journée Trois actions de prévention collectives en direction des salariés postés sont actuellement (mars 2009) menées, avec le « soutien » de l’ISTNF, par des services interentreprises de santé travail de la région. Ces actions ont engagé des démarches pour une demande de co-financement dans le cadre de l’appel à projet 2009 des partenaires régionaux. - Elaboration d’outils, modélisation de démarches, et accompagnement des acteurs santé travail pour la réalisation d’actions collectives de prévention à destination des salariés postés Consultez la fiche détaillée Etude de la faisabilité de la mise en place d’un suivi régulier des salariés postés, de nuit ou décalés par une équipe pluridisciplinaire de santé travail du service interentreprises d’Arras (entretiens infirmiers, consultations médicales et création d’outils) Mise en place d’actions de prévention collectives et individuelles dans les entreprises de transport du bassin de Lens, à destination des chauffeurs poids lourds Consultez la fiche détaillée Consultez la fiche détaillée 22 Centre de Conseil et de Documentation Istnf Chronobiologie et horaires décalés – Lille, janvier 2009