L`énergie créatrice est souvent encore vive à un âge avancé
Transcription
L`énergie créatrice est souvent encore vive à un âge avancé
L’énergie créatrice est souvent encore vive à un âge avancé ! Face à l’allongement de la durée de vie et souvent grâce à une meilleure santé, de nombreuses personnes âgées éprouvent le besoin de s’exprimer. En effet, les seniors dont les capacités intellectuelles sont restées intactes sont souvent dotés d’un potentiel créatif qui ne demande qu’à être stimulé ! C’est la réflexion que s’est fait le Dr Hans Vontobel, lui-même très âgé, après une longue carrière de banquier. Persuadé que les aînés, libérés de la vie professionnelle et forts d’une longue expérience de vie, avaient un besoin de reconnaissance et possédaient souvent un talent caché, il a créé, en 1990 déjà, une fondation « Créativité au Troisième Age » qui anime le concours du même nom. Ouvert à toutes les personnes dès 70 ans, sans activité professionnelle, le concours « Créativité au Troisième Age » a lieu tous les deux ans et s’adresse aussi bien aux personnes domiciliées en Suisse qu’à l’étranger. Il récompense un travail d’écriture (que ce soit un roman, une biographie, un recueil de poèmes, une pièce de théâtre, un scénario de film) ou une composition musicale ou encore la réalisation d’une étude sur un sujet scientifique, philosophique ou autre. Doté d’une dizaine de prix de Fr 10'000.chacun et de distinctions, il n’a pas seulement pour but de récompenser des aînés talentueux mais de les encourager à relever des défis, même à un âge avancé. Quel enjeu ! C’est ainsi que parmi les lauréats du 11ème concours, Madame Simone Dreyer, domiciliée à Posieux/FR et âgée de plus de 80 ans, a reçu une distinction pour son recueil de nouvelles intitulé « Ma Corne de Brume ». Certes, Simone Dreyer marche avec une canne, mais c’est une dame très vive d’esprit, chaleureuse et pleine d’humour ! Et cerise sur le gâteau, elle a une plume ! Ses nouvelles sont pleines de sensibilité. A la lecture de ses récits, on est touché par la poésie qui s’en dégage. Cà et là, un zeste de cruauté qui révèle tout l’humour de son auteure ! S.M. Pourquoi le choix de nouvelles plutôt qu’une autre forme d’écriture ? S.D. Dans « Ma Corne de Brume », j’ai voulu réunir mes derniers écrits. J’avançais lentement dans la vieillesse, J’étais comme dans un étroit chenal prévu pour quelque péniche à la traîne et sur laquelle je naviguais maintenant seule… me disant qu’un jour peut-être – attiré par le son assourdi de ma corne de brume – quelqu’un prendrait plaisir à lire ces pages. S.M. La toile de fond pour chacun de vos récits est donnée avec un sens aigu de l’observation. Cela fait penser à une succession de saynètes ou de courts métrages. Comment vous est venue l’inspiration pour ces nouvelles, très différentes par leur sujet mais toutes reliées à la vie ? S.D. Dans mes écrits précédents, j’avais un support : une vie à décrire ou des tableaux dont je devais m’inspirer. La « nouvelle » pouvait m’offrir une totale liberté quant au sujet, au choix des mots, au temps, aux saisons, à l’ambiance, sans aucune ombre portée sur ce que j’avais envie d’imaginer et cela dans tous les domaines. Pour cet opuscule, le déclic a été par exemple la vue d’une femme élégante dans un cimetière, celle d’un croque-mort dans un bus, le préjudice causé à une amie, mes souvenirs d’enfance dans un chalet de montagne et la lecture d’une vieille lettre égarée… S.M. Chacune de vos nouvelles est empreinte de poésie et d’une grande sensibilité. Y a-til une part de vous-même dans l’histoire de Mathias ? S.D. J’avais onze ans quand l’occasion m’a été offerte de passer des vacances dans un chalet de montagne. C’est le décor de « Mathias »… le reste étant imaginé. J’aime ici le jeu subtil, condensé et intime entre l’affectif, le spirituel, le réel et l’irréel. Ce qui m’intéresse, ce sont les instants précis ou évolutifs qui modulent le récit dans la pensée ou l’action d’un personnage. S.M. Comment avez-vous eu connaissance du concours « Créativité au Troisième Age » et qu’en pensez-vous ? S.D. C’est par la presse que j’ai eu connaissance de ce concours. L’idée était si novatrice, si généreuse, si en dehors des concepts actuels qui favorisent le jeunisme. C’était un peu de cette mentalité africaine ou asiatique vis-à-vis des anciens… J’ai surtout apprécié le fait que ce concours était ouvert à tous. En y pensant, je voyais tous ces candidats se précipiter tant bien que mal sur cette nouvelle route balisée comme dans une course à pied où chacun espère gagner un podium… Je voyais toutes ces personnes âgées courir plus ou moins vite, toutes chaussées de baskets pour ne pas déraper ! Et moi, au milieu d’elles avec ma canne… me demandant ce que je faisais là ! Aujourd’hui, je ne peux que remercier la fondation « Créativité au Troisième Age » pour son désir sincère de stimuler les personnes âgées, en leur donnant confiance en elles, en dépit de leur fragilité. Propos recueillis par Sylvia Marco N.B. – Participez au 13ème concours « Créativité au Troisième Age ». Le délai d’envoi des travaux est fixé au 31 mars 2015. La remise des prix aura lieu en octobre 2016. Toutes les informations peuvent être obtenues auprès de : Créativité au Troisième Age Case postale 2999 8022 Zurich Tél. 058.2835005 (secrétariat ouvert mercredi et jeudi) Ou par e-mail [email protected] www.creativite-au-troisieme-age.ch