Paix et Sécurité - Centre for Humanitarian Dialogue
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Paix et Sécurité: le leadership des femmes dans la prévention et la résolution des conflits au Sahel La moitié du ciel… Dr. Christiane Agboton Johnson April 2013 Travail réalisé avec la collaboration de K. Koumé et B. Diouf Ce papier de fond a été commandé pour lancer la discussion de la Conférence de haut niveau sur le Leadership des femmes dans les pays du Sahel qui a eu lieu sous le co-parrainage de l’Union Européenne, l’Envoyé spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour le Sahel et ONU Femmes, le 9 avril 2013 à Bruxelles. Les informations et opinions énoncées dans le présent document sont celles de l'auteur (s) et ne reflètent pas nécessairement l'opinion officielle de l'Union européenne ou des Nations Unies. Les institutions de l'Union européenne, les entités des Nations Unies et aucune personne agissant en leur nom ne peuvent être tenues responsables de l'usage qui pourrait être fait des informations qui y sont contenues. Introduction Les années 90 dans les pays du Sahel ont été marquées par une multitude de crises d’intensité variable qui ont bouleversé les équilibres sociaux (entre Nord et Sud du Sahel, aînés et cadets, hommes et femmes, et politiques, société et Etat). Les femmes sahéliennes saisissent l’opportunité de l’avènement de la démocratie pour s’impliquer dans la résolution du conflit de manière visible que ce soit au Nord-Mali et Niger ou au sud du Sénégal. Les femmes sahéliennes ont de tout temps contribué à la médiation des conflits. Au sein de leurs familles et leurs communautés, elles étaient régulièrement consultées par les hommes pour régler certains différends mais agissaient toujours dans l’ombre. A partir des années 90, elles deviennent visibles et s’organisent. Depuis une vingtaine d’années, elles sont en effet très actives dans ce domaine traditionnellement réservé aux hommes, mais n’ont toujours pas acquis de reconnaissance malgré toutes les initiatives qu’elles ont prises en faveur de la paix. Aujourd’hui encore, elles restent reléguées à des seconds rôles et sont rarement invitées aux tables de négociation officielle. La présente étude sur le Leadership des femmes dans la prévention et la résolution des conflits dans l’espace sahélien, se propose de dresser un panorama succinct des initiatives conduites par des femmes du Sahel, particulièrement au Mali, au Niger et au Sénégal. Elle présentera également les principales caractéristiques des mécanismes pertinents au plan régional (Union Africaine) et sous-régional (CEDEAO), ainsi que les efforts menés en faveur d’une mise en œuvre renforcée de la résolution 1325 (2000) du Conseil de Sécurité de l’Organisation des Nations Unies. Cette contribution entend analyser le paradoxe entre la multiplication récente de dispositifs destinés à accroître le leadership féminin en matière de prévention et gestion des conflits et la persistante marginalisation des femmes des négociations de paix et des initiatives officielles de prévention/résolution des conflits. La dernière partie de l’étude s’attachera à présenter des recommandations QUELLES INITIATIVES AUX NIVEAUX SOUS-REGIONAL ET REGIONAL ? LES MECANISMES DE L’UNION AFRICAINE L’Union Africaine (UA) a progressivement mis en place une architecture « genre » en lien avec les Communautés économiques régionales (CER). Cette volonté est résumée dans cette profession de foi de l’UA: « L’autonomisation des femmes et leur égalité avec les hommes devient la base de l’intégration du genre dans l’espace UA, et tous deux constituent le ciment pour l’intégration socioéconomique et politique de l’Afrique ». Plusieurs instruments régissent la place de la femme dans la société. Il s’agit du Protocole à la Charte africaine des Droits de l’Homme et des Peuples, relatif aux 1 Droits des Femmes1 (2003-2005), la Déclaration solennelle sur l'Egalité entre les Hommes et les Femmes en Afrique ou SDGEA (2004) et la Politique de l’Union Africaine en matière de Genre (2008), auxquels est venu s’ajouter le Fonds africain pour les Femmes (2010). Politique de l’Union Africaine en matière de genre La politique de l’Union Africaine en matière de genre se traduit par l’élaboration d’un plan d’action décennal, qui exhorte les Etats parties à mettre en œuvre une action régionale basée sur les principes d’Egalité des genres et d’Autonomisation des Femmes (GEWE), la Convention contre l’élimination de toutes les formes de Discrimination à l’égard des Femmes (CEDEF) et la Plateforme de Beijing pour l’action en Afrique (BPFA). Plus spécifiquement en lien avec les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et le Nouveau Partenariat pour le Développement de l'Afrique (NEPAD), elle encourage les Etats à mettre en place les mécanismes/ processus (politique, institutionnels) à l’horizon 2010, les principes d’égalité (horizon 2015), la parité dans l’espace de l’UA (horizon 2020), ainsi que la ratification complète du Protocole sur les Droits des Femmes en Afrique d’ici à 2015, et sa application totale d’ici à 2020. Division Femme Genre Développement (DFDG) L’Union Africaine est dotée d’une division « genre » chargée de rendre opérationnels les engagements d’équité et d’autonomisation des femmes, en œuvrant essentiellement à l’intégration du genre, la coordination, le plaidoyer, le suivi et l’évaluation, le renforcement des capacités et la programmation de l’autonomisation des femmes ; le mandat inclut la coordination des activités avec des partenaires internes et externes. Par ailleurs, le Président de la Commission de l’UA dispose d’un organe consultatif, le Comité des Femmes de l’Union Africaine (AUWC), qui a remplacé le Comité des Femmes Africaines pour la Paix et le Développement (CFAPD). Ce comité s’occupe essentiellement des questions de paix et de sécurité, du plaidoyer pour l’égalité entre les hommes et les femmes, ainsi que de l’autonomisation des femmes. LE ROLE DE LA CEDEAO Les mécanismes de la CEDEAO, relatifs aux rôles des femmes dans la prévention et la gestion des conflits incluent le Protocole relatif au Mécanisme de Prévention, de Gestion, de Règlement des Conflits, de Maintien de la Paix et de la Sécurité (1999) et le Protocole Additionnel sur la Démocratie et la Bonne Gouvernance (2001), deux textes qui fondent le Cadre de Prévention des Conflits de la CEDEAO (CPCC). En matière d’alerte précoce, le CPCC encourage les bureaux de zone en charge de l’alerte précoce dans les quinze pays membres d’inclure les contributions des 2 organisations féminines dans la collecte et le traitement des données ainsi que lors de l’élaboration et la mise en œuvre d’initiatives de résolution des conflits locaux liés aux données collectées. En matière de diplomatie préventive, il suggère de renforcer les compétences2 des organisations féminines, afin de pouvoir les mobiliser en temps utile aux fins de médiation, de conciliation, de facilitation et de résolution alternative des conflits locaux. En matière de Démocratie et Gouvernance Politique, il exhorte à une pleine participation des organisations de la société civile dans le renforcement de la démocratie et met l’accent sur la nécessité de réserver des postes à responsabilité aux femmes notamment dans les Commissions nationales. Enfin, pour ce qui est du volet Femmes, Paix et Sécurité, il vise à consolider le rôle, la participation et l’impact des femmes dans toutes les phases de la gestion des conflits, y compris l’humanitaire, tout en renforçant les différents mécanismes nationaux et régionaux chargés de les protéger et de les promouvoir. Par ailleurs, entre 2003 et 2004, la CEDEAO a lancé plusieurs initiatives en faveur du genre dont une « Unité Genre » au Secrétariat exécutif à Abuja et un « Centre de Développement du Genre » à Dakar ainsi que l’adoption du « Document de politique sur le Genre ». L’organisation régionale a encouragé la création du Réseau Paix et Sécurité des Femmes de la CEDEAO (REPSFECO) pour mieux coordonner et optimiser les activités des femmes 3 . Dans le cadre du 10ème anniversaire de la Résolution 1325 (2000), la CEDEAO a organisé la rencontre de haut niveau à Dakar en 2010 intitulé «Forum régional : les femmes comptent pour la paix », qui a débouché sur l’adoption de la Déclaration de Dakar sur la mise en œuvre de la résolution 1325 en Afrique de l’Ouest et d’un Plan d’action régional de la CEDEAO4. LES INITIATIVES EN AFRIQUE DE L’OUEST ETUDES DE CAS : MALI, NIGER ET SENEGAL MALI « Derrière chaque barbe pointe le bout d’une tresse », dit un proverbe mandingue. Au Mali, traditionnellement le rôle des femmes au sein de la communauté est de maintenir la cohésion sociale et de contribuer à la stabilité et à la paix. Les décisions au niveau communautaire sont prises par consensus ; les femmes n’y apparaissent pas mais sont consultées 5 . Pour leur propre protection et la survie de la 3 A l’initiative de la Commission de la CEDEAO et du CCDG, réseau créé à Abidjan en 2009 et présent dans les 15 Etats membres de la CEDEAO. 4 Forum régional sur la résolution1325 du Conseil de Sécurité de l’ONU : L’Afrique de l’Ouest s’engage à renforcer le rôle des femmes pour la paix, Communiqué de presse, Dakar, le 17 septembre 2010 5 Poulton R. E.; Youssouf I. « La paix de Tombouctou : gestion démocratique, développement et construction africaine de la paix », UNIDIR, 1999 3 communauté, elles sont éloignées des zones de conflit violent. Une enquête sur les traditions africaines et le droit humanitaire en Afrique6 montre que les femmes n’étaient jamais tuées lors des conflits au Sahel, mais enlevées et épousées par les vainqueurs. Elle l’explique par la représentation que l’homme avait de la femme : « La femme représente l’origine, la source de la vie. En tuant une femme au cours des combats, on tarit le flot de la vie ». Cependant, au début des années 90, les femmes ont bravé la coutume et se sont investies dans la résolution du « conflit touareg »7. Après la chute du régime de Moussa Traoré, des notables de la région de Gao accompagnés des femmes autochtones et d’épouses de militaires du camp Firhoun de Gao se sont rendus sur la base rebelle du Front Populaire de Libération de l’Azawad (FPLA) à Taïkaraine pour négocier avec les responsables du mouvement. De 1991 à 1993, les femmes réunies au sein du Mouvement des Femmes pour la Paix et la Sauvegarde de l’Unité Nationale (MFPSUN) puis de l’Association des Femmes pour les Initiatives de Paix (AFIP) participent aux différentes rencontres sur les bases rebelles au nord de Gao et de Tombouctou. Si les autorités sont franchement hostiles à leur implication dans la résolution du conflit, elles auront pourtant recours à elles en 1992 à Kidal pour convaincre les rebelles de renoncer à leur projet de boycott du référendum constitutionnel. Les femmes ont également négocié la libération des sages, assisté les blessés civils et militaires des groupes armés, et, dans certains cas, rendu possible la restitution de biens enlevés par les rebelles8. Leur implication a contribué à la pacification des régions du Nord comme l’ont reconnu les autorités à cette époque. Elles sont invitées à la Cérémonie de la Flamme de la Paix mais leur implication effective mais pas dans les diverses étapes de la négociation formelle. A partir de la deuxième moitié des années 1990, une fois la paix revenue, les femmes sont progressivement écartées des espaces de prise de décision. En 2012, avec la crise au nord Mali, les femmes ont été l’une des cibles principales des groupes rebelles qui se sont attaqués à leur personne physique (coup de fouets, viols, lapidations) et à leur intégrité morale (imposition du port du voile). En réaction à ces pratiques, le Mouvement des Femmes pour la Sauvegarde de la Paix, en coopération avec d’autres organisations et réseaux régionaux, a lancé un certain nombre d’initiatives d’assistance aux personnes déplacées et de sensibilisation auprès des jeunes hommes afin qu’ils ne rejoignent pas les mouvements rebelles. Contrairement aux années 90, principalement par peur des représailles, les femmes n’ont pas pu engager de dialogue direct avec les rebelles , le radicalisme religieux de certains les empêchant même de parler avec des femmes. Pour autant, en avril 2012, quelques femmes issues des mouvements comme l’AFIP et WANEP se sont 6 Yolande Diallo, Traditions africaines et Droit humanitaire. Genève, 1978- p 8. Atelier sur l’implication des femmes maliennes dans le dialogue sur la paix, Bamako, Mali 16-18 octobre 2012, Center for Humanitarian Dialogue 8 Exemple du vol d’une voiture du CICR, rendue après la médiation des femmes. cf Instabilité Institutionnelle et sécurité humaine- Gorée Institute, 2012 7 4 invitées aux négociations à Ouagadougou alors qu’elles n’y avaient pas été conviées pour réclamer l’arrêt des violences faites aux femmes dans le nord Mali et s’assurer que cette question serait bien inscrite dans la Déclaration finale. Parallèlement, ces mêmes organisations se sont progressivement impliquées dans un autre domaine jusque-là réservé aux hommes: la lutte contre la prolifération des armes légères et de petit calibre (ALPC). Dépassant le niveau communautaire, ces initiatives ont débouché sur la création de réseaux et coalitions qui ont participé à toutes les campagnes sur le contrôle des armes, du Moratoire sur l’importation, l’exportation et la fabrication des armes légères dans l’espace CEDEAO (1998) jusqu’à la ratification de la Convention de la CEDEAO (2006) et l’adoption et la mise en œuvre du Programme d’action des Nations Unies en vue de prévenir, combattre et éradiquer le commerce illicite des ALPC sous tous ses aspects (2001). A chaque fois, les femmes impliquées dans les rencontres internationales se sont battues pour que la dimension genre puisse figurer dans les textes9. NIGER Dans les années 1990, l’implication des femmes a été importante notamment au début du conflit touareg au cours duquel beaucoup d’entre elles ont péri. C’est en effet plutôt du côté des rebelles que les femmes se sont distinguées, en collectant des fonds et en les aidant à cacher les armes. Puis peu à peu, constatant les ravages de ce conflit, elles se sont interposées en tant que médiatrices informelles, ce qui a contribué à la résolution de la crise. En 1992, l’accord de paix a abouti à des solutions aux problèmes de fond (loi de décentralisation, meilleure répartition des ressources, démobilisation et intégration des combattants au sein de l'administration, amnistie, engagement à développer de la même façon les régions du nord, etc.). Mais une fois encore, dès la signature des accords de paix, les femmes sont retournées dans le domaine de l’invisible. Leur rôle n’est pas mentionné dans les accords. Dans les faits, le Réseau des Femmes pour la Paix (REFEPA) a été très actif, notamment dans la région d’Agadez où il avait notamment engagé un travail avec les mères pour qu’elles dissuadent leurs enfants de rejoindre les groupes armées10. Parmi ces femmes engagées depuis les années 90, on retrouve Mariam Bayard Gamathié, qui a été candidate aux présidentielles de 201111 et Aïchatou Ben Wahab, qui a occupé la fonction de Secrétaire d’Etat auprès du Ministre du Commerce, des Transports et du Tourisme (1993) puis Ministre de l’Industrie, de l’Artisanat et des petites et moyennes Entreprises (1994). Aujourd’hui, les organisations de femmes nigériennes de paix et de sécurité, regroupées au sein du Réseau Paix et Sécurité des Femmes de l’espace CEDEAO (REPSFECO) section Niger se sont impliquées dans la crise du Sahel. 9 Si la Résolution du CSNU 1325 figure dans le préambule de la Convention, c’est grâce à la persévérance des femmes à la dernière RevConf. 10 Atelier de Bamako, cité en 2 11 A travers une candidature indépendante avec le Rassemblement des Candidats indépendants pour un Niger Nouveau. 5 Elles ont voulu exprimer leur solidarité aux femmes réfugiées maliennes au Niger en organisant notamment des collectes de produits de première nécessité et de vêtements. SENEGAL Face à un conflit indépendantiste, vieux de plus de 30 ans, qui a « anéanti les efforts de promotion de la femme », 12 des femmes casamançaises 13 se sont impliquées dans la recherche de solutions en ayant recours à des ressources culturelles et traditionnelles de cette région, notamment Kabonketoor14, les femmes « prêtresses du bois sacré » et Usoforal15, les contes traditionnels, le théâtre, le symbole des pagnes tissés. Elles ont organisé une exposition itinérante « Le pagne qui parle » qui a sillonné plusieurs pays pour expliquer la situation des femmes dans le conflit et les initiatives pour la paix prises par les femmes16. L’organisation a également recours aux mécanismes endogènes de règlement des conflits. Avec le CICR, elle a mis au point un programme sur les valeurs traditionnelles. En Casamance, la femme et l’enfant sont traditionnellement considérés comme des personnes sacrées, même si depuis longtemps, elles sont aussi victimes de ce conflit. C’est en utilisant cet argument, qu’elles parviennent à se faire accepter par des groupes armés et peuvent engager un dialogue. Pour renforcer leur plaidoyer, elles ont construit des partenariats à l’échelle de la Casamance17 et de la sous-région, en particulier avec les femmes du Mali et de la Guinée18. Elles ont également mis en place une Plateforme des femmes pour la paix en Casamance (PFPC) 19 réunissant 170 associations de femmes de la Casamance ce qui représente plus de 30 000 membres. Dans les écoles, elles ont introduit des programmes de culture de paix en formant des écoliers comme médiateurs et en créant des comités de médiation. Leur investissement dans la paix a ainsi contribué à la baisse du niveau de violence et au « désenclavement » du conflit20. Très tôt informées et imprégnées de la Résolution 1325 (2000), traduite dans les langues locales, les femmes de Casamance ont eu néanmoins du mal à imposer leur participation aux négociations de Foundiougne en 2005. Par la suite, leur activisme et leur pugnacité ont cependant conduit à des résultats. En 2012, le président de la République leur a exprimé son soutien, avec un certain lyrisme : « J’ai cherché et je crois avoir trouvé […] la porte secrète qui s’ouvre sur les splendeurs des cités de 12 Interview de Tacko DAFFE, Paroles de Femmes, Paroles de Paix, MALAO/UNIFEM, 2006 Male Seynabou : Expériences au Sénégal, in« La sécurité humaine en Afrique de l’Ouest, Défis, synergies et actions pour un agenda régional » Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest/ OCDE, Lomé (Togo), Tome 1 Rapport de synthèse, Oct. 2006/ OCDE, Lomé (Togo), du 28 au 30 mars 2006, Tome 1 Rapport de synthèse, Octobre 2006 14 KABONKETOOR : se réconcilier en langue diola 15 USOFORAL : « Unissons-nous » en langue diola 16 Atelier sur l’implication des femmes maliennes dans le dialogue sur la paix, réf. en 2 17 Avec le soutien de l’UNIFEM et du MALAO : Coalition des femmes artisanes de la Paix, 2005. 18 Giesing Cornelia : Femmes pour la Paix et « gens de la Parole »dans les espaces transfrontaliers, Première rencontre régionale de l’Alliance des initiatives pour la paix , Kankan (Guinée) ,du 28 avril au 5 mai 2006, Gorée Institute (Alliance des initiative pour la Paix en Afrique de l’ouest), décembre 2006. 19 Les activités comprennent une assistance aux victimes de conflits armés, l'organisation de rencontres et de dialogue avec les différentes parties prenantes, des campagnes pour la signature de carnets de pétition demandant l’implication des populations dans la recherche de la paix. 20 Paix, L’observateur N°2850 – Mercredi 20 mars 2013, page 2. 13 6 paix. Cette porte, c’est vous […]. Le flambeau de la paix est là, alors prenez-le pour éclairer notre quête obstinée de paix ».21 Durant la dernière campagne présidentielle, la PFPC a produit et soumis aux quatorze candidats en lice un memorandum pour la paix en Casamance dont neuf d’entre eux ont signé ce document ayant valeur d’engagement pour la paix. Elles ont par ailleurs interrogé les deux candidats présents au second tour sur leur programme pour la Casamance lors d’auditions en présence de plusieurs centaines de femmes. Après les élections présidentielles de 2012, la PFPC a repris le dialogue avec certains représentants du Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance (MFDC), les représentants politiques de Casamance, les religieux et chefs coutumiers ainsi que les autorités militaires afin de poser les bases de la négociation. En janvier 2013, lors d’une nouvelle étape des négociations, Ndèye Fatou Thiam Diédhiou, coordinatrice de la plateforme a été invitée par le gouvernement à faire partie de la délégation pour engager le dialogue avec les différents protagonistes. DES RESEAUX DE LA PAIX AU NIVEAU SOUS-REGIONAL Depuis une quinzaine d’années, notamment suite aux rébellions touareg au Mali et au Niger, de nombreux réseaux d’organisation de la société civile impliqués dans les problématiques de paix et de sécurité ont été créés. Tous ces réseaux dont le plus ancien, West Africa Network for Peacebuilding, Ghana (WANEP) et le plus récent, REPSFECO sont portés par des femmes et/ou intègrent un volet genre. Créé en 2009, le Réseau Paix et Sécurité des Femmes de l’espace CEDEAO (REPSFECO) a amorcé la mise en œuvre de son plan d’action régional pour l’instauration de la paix dans la CEDEAO en contribuant à l’organisation de formations sur la médiation, la prévention et la résolution des conflits à destination d’une trentaine de femmes leaders, issus de la société civile et des sphères gouvernementales22. D’autres programmes sous- régionaux comme le Mouvement pour la lutte contre les ALPC en Afrique de l’Ouest (MALAO)23, le Réseau Femmes dans l’Edification de la Paix (Women in Peacebuilding Network) WIPNET 24 ou l’Alliance des Initiatives Africaines pour la Paix et la Stabilité en Afrique de l'Ouest 25 ont également développé des initiatives spécifiquement dédiées au leadership féminin en matière 21 http://www.lesoleil.sn/index.php?option=com_content&view=article&id=17318:rencontre-avec-la-plate-forme-desfemmes-de-casamance-l-le-senegal-vous-donne-mandat-pour-reussir-cette-paix-r&catid=140:actualites 22 REPSFECO : 32 médiatrices au front de la paix sous-régionale, Le Patriote, 28 mars 2012. 23 Appui aux femmes traditionnelles de Kabonketoor, Projet “Femmes artisanes de la Paix”, Projet PSR/ALPC, célébration du 8 mars ALPC et femmes, lobbying pour inclusion Ministère de la Femme dans la CN, émissions radio, 24 Objectifs de WIPNET: Renforcer la participation des femmes dans toutes les initiatives et dans tous les programmes de WANEP, Renforcer la capacité des femmes à participer à la paix aux niveaux local, national, sousrégional et international, conformément à la Résolution 1325 ; cf. Rapport sur les Débats de la 6ème Conférence Régionale de WIPNET, Grand Bassam, Cote d’Ivoire du 20 au 21 Juillet 2010 25 L'Alliance des Initiatives Africaines pour la Paix et la Stabilité en Afrique de l'Ouest (2005) du Gorée Institute a pour ambition de rassembler les actions en faveur de la paix en Afrique de l’ouest, et de servir de plateforme d’échanges, d’information et de recherches pour la gestion des conflits et la vulgarisation des mécanismes endogènes de résolution et gestion des conflits. 7 de prévention/résolution des conflits. Le Gorée Institute a ainsi organisé des ateliers d’échanges et de formation sur le rôle des femmes dans la gestion et la prévention des conflits ou dans la Réforme du Secteur de la Sécurité26. Il a par ailleurs réalisé une exposition et un documentaire sur une résistante casamançaise, Aline Sitoé Diatta,27 héroïne de la lutte anticolonialiste et symbole du féminisme au Sénégal. Les femmes dans la Lutte contre les Armes légères et de petit Calibre En s’investissant dans la lutte contre la prolifération des ALPC, les femmes des zones en conflit ont bravé un autre tabou et fait œuvre de pionnières. C’est ainsi que cinq femmes émanant de structures féminines ou dirigées par des femmes28 ont compté parmi les initiatrices du Réseau d’Action sur les Armes Légères en Afrique de l’Ouest (RASALAO). Cette intrusion des femmes dans un domaine généralement réservé aux hommes a créé une nouvelle dynamique. Leurs actions de plaidoyer au sein de différentes organisations féminines ont contribué à l’entrée des ALPC dans l’agenda national et sous-régional, 29 à la sensibilisation de divers acteurs aux niveaux national, régional et international sur les ALPC et à l’adoption du Moratoire de la CEDEAO sur les ALPC, sa transformation en Convention30 et à la mise en place des Commissions nationales. Il convient de souligner que ces organisations n’avaient pas de dimension genre clairement spécifiée. Mais le dynamisme des femmes au sein des ces organisations a permis de créer des passerelles avec les organisations spécifiquement féminines impliquées dans les problématiques de paix et de sécurité. Le rôle des femmes dans l’alerte précoce En Afrique de l’Ouest, la société civile contribue au système local d’alerte de la CEDEAO à travers le West Africa Network for Peacebuilding (WANEP). Ce que l’on constate c’est que la dimension genre de même que les discriminations ou violences faites aux femmes ne sont que très marginalement prises en compte dans les dispositifs mis en place par la CEDEAO. Tout en visant à impliquer davantage la société civile dans la collecte des informations et des signes précurseurs de conflits, ce mécanisme n’accorde pas d’attention particulière aux femmes. L’influence religieuse dans les organisations de paix 26 Séminaires à Ziguinchor entre les femmes de Casamance, de Guinée Bissau et de Gambie pour dégager une position sur les négociations de conflits, notamment, celui de Casamance (27 oct. 2007); et sur les conflits en zone sénégambienne et sahélo-saharienne (2-7 sept. 2010). 27 Résistante de Casamance qui a promu la paix à travers la culture pendant la période coloniale, 1ere moitié du 20è siècle. Exposition “Si Aline Sitoé Diatta m’était contée” ’IFAN (Dakar, juil. 2007)- Documentaire (Fév. 2008)L’ouvrage, Aline Sitoé Diatta ou les voies féminines du vivre autrement, paraîtra en 2013 (Odile Tendeng coordinatrice) 28 MNFSPUN Mali – Dr. Mariam Djibrilla Maïga; FEFAM, Niger – Mariam Bayard Gamathié ; (FOSDA, Ghana) –Afi Yakubu ; Council of Churches in (CCSL Sierra Leone) – Florella Hazeley ;MALAO, Sénégal – Dr. Christiane Agboton-Johnson 29 Thelma Ekiyor, « Le rôle de la société civile en Afrique de l’Ouest dans la prévention et la gestion des conflits », UNIDIR, Forum du désarmement, n°4, Dec 2008. 30 Le préambule fait référence à la 1325 et le rôle des femmes apparait dans les activités d’éducation publique de sensibilisation, Art 23. 8 Dans les pays où la religion chrétienne est plus dynamique, on observe un lien étroit entre les églises et les organisations de paix, et un rôle important des femmes dans ces organisations. A la veille de la signature du Moratoire, la Norwegian Initiative on Small Arms Transfer (NISAT) avait soutenu les Conseils chrétiens des Eglises d’Afrique de l’Ouest (FECCIWA) afin de les impliquer dans le lobbying. Le MALAO, structure mixte, rassemblant chrétiens et musulmans a travaillé avec les femmes animistes du « bois sacré » en Casamance. Dans les pays où l’islam est plus prédominant, les femmes bien que souvent très attachées à leur pratique religieuse n’ont pas établi de liens étroits avec les imams. En revanche, des réseaux régionaux tels que WANEP ayant des liens très affichés avec l'église évangélique, ont ouvert des antennes dans des pays de tradition musulmane comme le Mali ou le Niger et travaillent avec des femmes musulmanes. Il n'existe donc pas de cloisonnement entre les différentes religions lorsqu'il s'agit de défendre la cause de la paix, puisque c’est le fondement de toutes les religions révélées. ANALYSE ET RECOMMANDATIONS ANALYSE Des actrices engagées dans des « domaines réservés » Depuis une vingtaine d’années, les femmes se sont engagées dans des actions de médiation, sensibilisation à la paix, accueil des déplacées, réfugiées et victimes de conflit, victimes de violences sexuelles basées sur le genre, lutte contre les ALPC, gestion des conflits communautaires, programmes associant sécurité et développement. D’actions informelles liées à des réflexes de survie face à des situations graves au niveau communautaire, elles ont développé des programmes et ont bien souvent contribué à des avancées en termes politiques aux niveaux national et régional. Par ailleurs, elles n’hésitent pas à recourir à des mécanismes endogènes (cousinage à plaisanterie, rôle traditionnel) qui facilitent une meilleure compréhension et appropriation des populations concernées ainsi qu’aux techniques modernes de plaidoyer, lobbying en partenariat avec les médias traditionnels et modernes. La lutte contre les APLC en est ici un bon exemple. Ces avancées se heurtent cependant à certaines limites (manque de reconnaissance de leur légitimité par les autorités). Alors qu’elles agissent sur le terrain, les organisations féminines ne consacrent que peu de temps à capitaliser leurs réalisations et manquent de visibilité à l’échelon national et international. Enfin, un certain nombre d’organisations connaissent des problèmes de soutien financier, de management et de leadership qui ralentissent ou mettent fin à leurs actions. Par ailleurs, ces organisations peinent à passer le relais aux générations suivantes. C’est l’une des faiblesses notables de ces initiatives que l’on retrouve aussi dans d’autres formes d’organisations comme les partis politiques. L’aspect intergénérationnel n’est pas suffisamment pris en compte, même si des programmes de pérennisation ont été timidement amorcés au Sénégal. Les femmes victimes de violence réduites au silence Avec la crise du Nord du Mali, le Sahel ne fait pas exception aux autres régions du monde, puisque en situation de conflit armé, les violences sexuelles, qualifiées de 9 crime contre l’humanité au regard de la justice internationale, deviennent un fait « ordinaire ». Selon les témoignages recueillis par Amnesty International, des femmes et des jeunes filles ont été violées, parfois collectivement par des hommes armés dont des membres du groupe armé touareg, le Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), notamment à Ménaka et Gao 31 . Bien que ces violences soient condamnées par la société, elles restent difficiles à aborder notamment dans des régions où l’islam est fortement ancré32. Des textes et mécanismes qui peinent à se traduire en politiques Il reste beaucoup à faire en termes d’appropriation locale des textes et mécanismes sous- régionaux et régionaux. Un grand travail pédagogique doit être fait aux niveaux des autorités aux niveaux local et national, notamment des parlementaires et des forces de défense et sécurité qui manquent cruellement d’information dans ce domaine. L’élaboration des Programmes d’Action Nationaux (PAN) pour la mise en œuvre de la 1325, par exemple, a souvent été un exercice dirigé par les ministères de la Femme. On a pu observer à maintes reprises un déséquilibre en faveur des activistes de la société civile qui maîtrisent beaucoup mieux les subtilités de ces textes que les autorités, qui bien souvent les découvrent lors du renouvellement des équipes ministérielles ou parlementaires. Des partenaires au développement réservés Les organisations de femmes impliquées dans les problématiques de paix et de sécurité comme l’ensemble des OSC dans les pays du Sahel dépendent largement des financements des partenaires au développement. Bien souvent, c’est à travers des ONG internationales qu’ils font transiter leurs fonds visant à soutenir des initiatives nationales. Or, il est souvent difficile pour des structures de répondre à des appels d’offres qui demandent de l’expertise dont elles ne disposent pas. Ce qui réduit les ressources financières disponibles pour les organisations. Dans le domaine de la paix et de la sécurité, les programmes de gestion des conflits et de développement demandent du temps pour avoir un impact réel. L’arrêt brutal de programmes peut avoir des conséquences néfastes sur la situation sécuritaire d’un pays et pourtant les partenaires au développement travaillent rarement sur du long terme. Ils demandent des résultats à court terme difficilement atteignables dans des situations fragiles ou instables. On observe également que eu égard à la « donor fatigue » et à l’effet de mode noté chez les partenaires, certaines organisations sont promptes à réorienter leurs programmes pour mieux répondre aux attentes du bailleur, même si cela ne correspond pas à celles du terrain. Des organisations ayant au départ une mission sociale ont pu être tentées d’élargir leur champ d’action en introduisant un volet 31 Le Mali connaît la plus grave crise des droits humains depuis 50 ans ...www.amnesty.org/.../mali-s-worst-humanrights-situation-5... 32 Féminismes islamiques : de la relecture du Coran aux pratiques politiques, focus genre - Le bulletin thématique de Genre en Action, le Réseau francophone international sur Genre et Développement- Bulletin N°11 , Décembre 2011 10 « paix et sécurité » dans leur programme lorsqu’elles ont perçu un intérêt grandissant des bailleurs pour ces problématiques et vice versa. Manque de volonté politique des Etats ? Dans le cadre de la mise en œuvre de la résolution 1325 (2000), par exemple, il a été demandé aux Etats parties de mettre en place des Plans d’actions nationaux (PAN). Au niveau de la CEDEAO, douze Etats sur quinze l’ont fait. Pour autant, dans la plupart des cas, ces PAN ne sont pas assortis de financements adéquats. En effet, suffiront-ils à mobiliser la volonté politique dans ces Etats pour lesquels la thématique n’est pas une priorité et se heurtent ainsi à des difficultés de mise en œuvre. De plus, l’implication des femmes dans les questions de sécurité nationale, n’a jamais été bien accueillie, ni soutenue par les détenteurs du pouvoir politique et ni par les forces armées. En conclusion, les femmes et leurs priorités sont de moins en moins présentes au fur et à mesure que l’on s’éloigne du terrain, que l’on passe de l’informel au formel, vers les sphères de décision structurées, lieux de définition des politiques de sécurité nationale et des besoins en sécurité. RECOMMANDATIONS De très nombreuses réunions, rencontres et déclarations ont déjà produit d’excellentes pistes dont il faudrait certainement s’inspirer. Les recommandations suivantes sont des étapes préliminaires pour favoriser l’émergence d’un leadership féminin dans les domaines de la paix et la sécurité en Afrique de l’Ouest et plus spécifiquement au Sahel. En matière de prévention/résolution des conflits, il convient notamment de rééquilibrer le rapport de force et créer une porte d’entrée pour assurer une présence effective des femmes, la légitimer par une maitrise de la substance et des savoirs/savoir-faire connexes, et l’ancrer en l’inscrivant dans un processus plus large de changement institutionnel, social et personnel. VISIBILITE DES FEMMES LEADERS Soutenir les programmes/projets de femmes ou à leur intention : il est indispensable de renforcer la visibilité des femmes leaders et de leurs initiatives en les identifiant. Cela implique également que des ressources financières suffisantes en durée et en quantité leur soient allouées de manière à ce qu’elles puissent poursuivre leurs initiatives ; Encourager la recherche sur les problématiques des femmes impliquées dans le domaine de la paix et la sécurité qui reste encore très limitée. Il conviendrait de soutenir cette recherche qui permettrait de documenter les expériences, d’identifier les projets ayant un impact réel et de mieux cerner les besoins. Cela devrait également permettre de mettre en évidence l’impact de la violence vis-à-vis des 11 femmes en termes de productivité économique, au niveau du commerce transfrontalier et de la dislocation du tissu social. RENFORCEMENT DU LEADERSHIP Renforcer les capacités des femmes leaders : Pour rejoindre les pôles de décision, les femmes leaders doivent être mieux armées. Pour ce faire, il faut davantage investir dans la formation de ces femmes afin qu’elles puissent être de véritables actrices des négociations à divers niveaux (communautaire, national, régional, international) et jouer pleinement leur rôle. En plus de la formation, il faudrait soutenir leur participation dans les instances de décision, de médiation, de négociation formelle, ce qui conduira progressivement les hommes à appréhender différemment leurs rôles. Faire respecter les engagements des Etats en faveur d’une plus grande participation des femmes leaders dans les processus de négociation et de règlement des conflits au plus haut niveau. CONSTRUCTION D’ALLIANCES Favoriser les rencontres entre femmes leaders d’horizons divers : Quelque soit leur domaine d’intervention, les femmes leaders font face aux mêmes défis. La rencontre de femmes leaders d’expertises différents (parlementaires, juristes, représentantes des forces de défense et sécurité, diplomates, femmes ayant des responsabilités dans leur communauté religieuse) doit permettre de créer des synergies et une communauté d’intérêt. Renforcer l’approche genre aux niveaux des forces armées et de police :Il conviendrait de renforcer l’approche genre dans les formations et les initiatives en matière de relations civilo-militaires. Cela permettrait d’initier des changements de perception et de compréhension du rôle des femmes dans les questions de paix et de sécurité au sein des structures en charge de la gestion de la violence armée. Une attention particulière devrait être accordée aux femmes portant l’uniforme souvent marginalisées dans leurs propres corps d’armes mais qui peuvent constituer des alliées utiles aux organisations de la société civile impliquées dans la prévention et la gestion des conflits. L’introduction de quota dans le recrutement des porteurs d’uniforme mais aussi l’accès des femmes à des grades de haut niveau pourraient permettre aux femmes d’être mieux représentées dans les corps de la police et de l’armée. 12 Renforcer la prise de conscience des femmes et des hommes en uniforme, mais aussi de tous ceux impliqués dans l’appareil de justice sur les violences faites aux femmes pendant les conflits, non seulement par les belligérants nationaux mais internationaux aussi dans le cas de l’intervention d’une force internationale de maintien de la paix. Il conviendrait d’introduire cette problématique dans les modules de formation qui leur sont dispensées pour prévenir l’exploitation et les abus sexuels faits aux femmes. Favoriser les rencontres intergénérationnelles entre femmes : Le partage d’expériences entre femmes d’hier et d’aujourd’hui peut être un véritable moteur pour les nouvelles générations. Cela pourrait encourager les jeunes à poursuivre les combats menés par les anciennes et à celles-çi de passer le flambeau aux plus jeunes. Il pourrait être envisagé de créer au niveau chaque pays un conseil inter-générationnel rassemblant femmes d’expérience (mémoire collective), des femmes contemporaines et des jeunes (pérennisation, introduction style et connaissances différents). MISE EN ŒUVRE DES MECANISMES ET RESOLUTIONS Encourager la mise en œuvre effective des mécanismes et résolutions en matière de genre, paix et sécurité (UA, CEDEAO et ONU). Des initiatives telles que les caravanes ou expositions itinérantes présentant des portraits de femmes africaines leaders d’hier et d’aujourd’hui, l’organisation de tables rondes, la réalisation de documentaires, l’implication des médias contribueraient à la connaissance plus large de ces mécanismes ainsi qu’à leur mise en œuvre par un processus plus large de responsabilisation et d’appropriation. Soutenir financièrement et psychologiquement les femmes victimes de violences qui souhaitent porter plainte afin que la justice puisse leur être rendue par les juridictions nationales et/ou internationales. Bien souvent, les femmes victimes de violences n’osent pas demander justice par peur de représailles ou du regard de leur communauté. Un soutien doit être apporté à ces femmes pour qu’elles puissent être reconnues comme victimes et que leurs blessures physiques, psychiques et sociales puissent être prises en compte et réparées. ETABLISSEMENT DE PASSERELLES ENTRE LA CEDEAO ET L’UA Créer un Forum de haut niveau de femmes La question de l’implication des femmes dans les problématiques de paix et de sécurité ne doit pas se limiter à la région du Sahel. Elle doit être s’élargir à l’ensemble du continent. Les pays du Sahel et de la CEDEAO pourraient initier la création d’un Forum de haut niveau des femmes sur les questions de Paix et de sécurité rassemblant des ministres, diplomates, expert(e)s de haut niveau. Ce forum pourrait être alimenté par les travaux d’un groupe de travail des femmes sur le Sahel. 13 ACRONYMES ET ABREVIATIONS AFIP : Association des Femmes pour les Initiatives de Paix ALPC : Armes légères et de Petit Calibre AUWC : Africa Union Women Comittee/ Comité des Femmes de l’Union Africaine BPFA : Plateforme de Beijing pour l’Action en Afrique CADHP : Protocole à la Charte africaine des Droits de l’Homme et des Peuples CCSL : Christian Council in Sierra Leone/Conseil Chrétien en Sierra Léone CEDEAO : Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest, CEDEF : Convention contre l’Elimination de toutes les Formes de Discrimination à l’égard des Femmes CER : Communauté Economique Régionale CFAPD Comité des femmes africaines pour la Paix et le Développement CPCC Cadre de Prévention des Conflits de la CEDEAO CPS : Comité Paix et Sécurité DFDG : Division Femme Genre Développement DSEG/ASDGEA : Déclaration solennelle sur l'Egalité du Genre entre les Hommes et les Femmes en Afrique FAC : Forces en Attente de la CEDEAO FOSDA : Foundation for Security Development in Africa GEWE/ EGAF : Egalité des Genres et Autonomisation des Femmes KABONKETOOR: « Se réconcilier » en langue diola MALAO : Mouvement contre les ALPC en Afrique de l’Ouest MFSPUN : Mouvement National pour la Sauvegarde de la Paix et de l’Unité nationale NEPAD : Nouveau Partenariat Economique pour le Développement Africain ONU : Organisation des Nations-Unies OMD : Objectifs du Millénaire pour le Développement PFPC : Plateforme des Femmes pour la Paix en Casamance PSR/ALPC : Programme sous-régional/Armes légères et de petit calibre RASALAO: Réseau d’Action sur les Armes Légères en Afrique de l’Ouest REPSFECO : Réseau Paix et Sécurité des Femmes de la CEDEAO SCAR : Système continental d’Alerte Rapide UA : Union Africaine UE : Union Européenne UEMOA : Union Economique et Monétaire Ouest-Africaine UNWomen : ONU Femmes USOFORAL: « Unissons-nous » en langue diola WANEP: West Africa Network for Peacebuilding/ Réseau ouest-africain de l’Edification de la Paix WIPNET :Women in Peacebuilding Network/Réseau des Femmes dans l’Edification de la Paix. 14 BIBLIOGRAPHIE 1. Atelier sur l’implication des femmes maliennes dans le dialogue sur la paix, Bamako, Mali 16-18 octobre 2012, Center for Humanitarian Dialogue 2. Baraï Macaria : « Expériences en Guinée Bissau », Rapport Femmes, Gouvernance endogène et Prévention des conflits en Afrique de l’Ouest Atelier de travail organisé par le Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest/OCDE, Niamey, 26/28 avril 2006 3. Cessez Immédiatement les Tueries des Femmes ! Rapport des femmes d'Afrique de l'Ouest sur la crise politique ivoirienne, WANEP Monrovia (Libéria), 7 avril 2011 4. Comment promouvoir le rôle des femmes dans la reconstruction postconflit », Colloque International Genre et Post-Conflit, Université de Paris 8, UNESCO, Paris, 22 Juin 2011 5. Déclaration de Paris, et Agenda d’Accra sur l’efficacité de l’aide, www.oecd.org 6. Déclaration de Zanzibar et Agenda des Femmes pour une culture de la paix en Afrique pour la Paix (1999) : UNESCO, 2000 7. Déclaration du Réseau paix et sécurité des femmes de la CEDEAO/ Niger : Le Réseau condamne fermement l’enlèvement de travailleurs humanitaires 8. Ekiyor Thelma, « Le rôle de la société civile en Afrique de l’ouest dans la prévention et la gestion des conflits », Forum du désarmement, n°4,UNIDIR, Genève, Déc. 2008 9. Femmes, Gouvernance endogène et Prévention des conflits en Afrique de l’Ouest, rapport Atelier de travail Niamey (Niger), Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest/OCDE, Oct. 2006 10. Giesing Cornelia. Femmes pour la Paix et « gens de la Parole » dans les espaces transfrontaliers, Première rencontre régionale de l’Alliance des initiatives pour la paix, Kankan (Guinée), Gorée Institute, déc. 2006 11. Instabilité institutionnelle et sécurité humaine- Gorée Institute, 2012 12. L’Afrique de l’Ouest : une région en mouvement, une région en mutation, une région en voie d’intégration, Club du sahel et de l’Afrique de l’Ouest/OCDE, Fév. 2007 13. La Convention de la CEDEAO sur les armes légères et de petit calibre, leurs munitions et matériel connexes, CEDEAO, Abuja, Nigéria, Juin 2006 14. La sécurité humaine en Afrique de l’Ouest, Défis, synergies et actions pour un agenda régional , Club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest/ OCDE, Lomé (Togo), Rapport de synthèse, Tome 1,Oct. 2006 15. Le Réseau d’Action sur les Armes Légères en Afrique de l’Ouest, Documents fondamentaux, Juin 2003 16. Paroles de Femmes, Paroles de Paix, MALAO/UNIFEM, 2006 17. Poulton R. E., Youssouf I. La paix de Tombouctou : gestion démocratique, développement et construction africaine de la paix , UNIDIR, Genève, 1999 18. Rapport sur les Débats de la 6ème Conférence Régionale de WIPNET, Grand Bassam, Cote d’Ivoire du 20 au 21 Juillet 2010 19. Répertoire des structures intervenant dans le domaine des Droits de l’homme et du genre, UNOWA, Dakar, 2010 15 WEBOGRAPHIE http://fr.scribd.com/doc/119284150/GTFPS-Rapport-Annuel-d-activites-2012 http://www.achpr.org/fr/instruments/women-protocol/ http://www.africaunion.org/root/AU/AUC/Departments/PSC/ps/psc_publication.html; http://www.ccdg.ecowas.int/ http://www.comm.ecowas.int/sec/fr/docs/traite_revise.pdf http://www.comm.ecowas.int/sec/fr/protocoles/Protocole-additionnel-sur-la-Bonnegouvernance-et-la-democ.pdf http://www.ecowas.int/publications/en/framework/ECPF_final.pdf http://www.endvawnow.org/uploads/browser/files/FactsheetAdolescent_Aug2010_fr. pdf.pdf; http://www.genreenaction.net/spip.php?article3853 http://unwomenwestafrica.blog.com/files/2012/11/Appel-des-femmes-du-mali-auvice-SG-des-NU-20-Octobre-2012.pdf http://www.lesoleil.sn:rencontre-avec-la-plate-forme-des-femmes-de-casamance-l-lesenegal-vous-donne-mandat-pour-reussir-cette-paix http://www.lesahel.org/ www.lesahel.org/ http://lerepublicain-mali.com 16