Il doit payer 45 000$ de travaux à sa maison vendue... il y a

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Il doit payer 45 000$ de travaux à sa maison vendue... il y a
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ACTUALITÉ | CONSOMMATION
IMMOBILIER | VICES CACHÉS
Il doit payer 45 000$ de travaux à sa maison
vendue... il y a 18 ans
STÉPHAN DUSSAULT @
PUBLIÉ LE: SAMEDI 23 AOÛT 2014, 22H51 | MISE À JOUR: DIMANCHE 24 AOÛT 2014, 1H33
Un vice caché est souvent découvert quelques semaines après avoir emménagé dans la
maison. Mais il y a des cas qui sont dévoilés après des dizaines d'années et qui coûtent des
dizaines de milliers de dollars à d'anciens proprios qui avaient même oublié cette résidence.
Au départ, Christiane Leblanc et Yvan Bouvet voulaient simplement remplacer le parement extérieur
de bois 10 ans après l'achat de leur résidence. Ce que le couple de Drummondville a vu derrière l’a
jeté par terre. Des infiltrations d'eau ont littéralement fait pourrir la charpente.
«C'était dégoûtant», se souvient Yvan Bouvet.
Des expertises établissent que le problème principal en est un d'étanchéité entre le parement de
bois, dans la partie du haut de la maison, et le parement de pierre. Il en coûtera plus de 57 000 $
pour enlever pierre et bois, remplacer la charpente pourrie et tout refaire. Tout ça pour une maison
bâtie en 1986.
Problème anormal
«Il est tout à fait anormal qu’une construction de cet âge soit affectée de façon si importante par la
pourriture», conclut le rapport d’un architecte engagé par le couple d’acheteurs.
L’expert estime que le problème provient de la construction même de la maison.
Les vendeurs, eux, invoquent un délai exagéré. Après cinq ans de bataille juridique, le juge Pierre
Théroux leur donne tort et les condamne en mars 2014 à payer plus de 45 000 $ aux acheteurs, soit
18 ans après la vente de leur maison, en 1996. Tout ça pour un problème dont ils n'étaient même
pas au courant lors de la vente.
Une situation qui semble avoir affecté le vendeur Claude Charbonneau.
«Je ne peux pas répondre à vos questions. C'est trop pénible pour moi», a-t-il poliment répondu au
Journal avant de raccrocher.
«J'ai vu une poursuite intentée 32 ans après la vente. Tu peux demeurer responsable de ta maison
toute ta vie», prévient Me Claude Coursol, spécialisé dans les vices cachés.
Les problèmes de pyrite, qui peuvent se manifester 25 ans après la construction, sont un bon
exemple, rappelle l'avocat lavallois.
Un classique
L'infiltration d'eau est le vice caché le plus fréquent selon Albanie Morin, coordonnatrice à
l'Association des consommateurs pour la qualité dans la construction (ACQC). Et il est souvent
découvert quelques semaines après l'achat d'une maison ou au printemps, lors du dégel.
«Le problème surgit souvent en rénovant. On ouvre des murs et on constate qu'il est rempli de
moisissures ou que les fondations sont fissurées», dit-elle.
Dans certains cas, elle dit même avoir entendu le problème dans leur voix, quand ils l'appelaient
pour obtenir de l'aide.
«Ils avaient les poumons ou les bronches encombrées. Il était temps qu'ils trouvent la cause.»
Et il n'est pas évident de déterminer si le problème est bien un vice caché et non pas un problème
qu'aurait dû voir l'acheteur ou son inspecteur au moment de la visite.
«Ça coûte environ 2000 $ de frais d'experts juste pour savoir si c'est un vice caché ou non. Les
consommateurs doivent avoir les reins solides pour obtenir justice», dit Me Coursol.
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Maison avant les travaux (non daté). Maison de Christiane Leblanc et Yvan Bouvet, de Drummondville, dont la
charpente était pourrie. Les vendeurs ont été condamnés en mars 2014 à leur payer plus de 45 000$ 18 ans après
l'avoir vendu. PHOTO COURTOISIE