Engagé à fond dans tout ce qu`il fait - Carl

Transcription

Engagé à fond dans tout ce qu`il fait - Carl
LA LIBERTÉ
SARINE
15
JEUDI 27 MARS 2008
Engagé à fond dans tout ce qu’il fait
PORTRAIT • Carl-Alex Ridoré, candidat socialiste à la Préfecture de la Sarine, dit avoir le virus de l’activité
au sein de la société. Il a envie de se trouver là où les choses se décident, où les projets naissent et progressent.
MADELEINE JOYE
Un garçon «vrai-
Préfecture ment pas timide la Sarine de» et qui aime
bien obtenir ce
qu’il veut. Un
garçon ouvert,
curieux,
très
sensible. Un homme «extraordinairement passionné et engagé
dans tout ce qu’il fait». Ainsi apparaît Carl-Alex Ridoré, candidat
socialiste à la Préfecture de la Sarine, aux yeux des deux femmes de
sa vie – sa mère et sa femme.
Né à Villars-sur-Glâne de parents d’origine haïtienne, il a déjà
bien rempli ses 36 ans d’existence, que ce soit sous l’angle professionnel – il est titulaire d’un brevet d’avocat – ou celui de
l’engagement dans la société, à
commencer par quinze ans de
scoutisme.
BIO EXPRESS
UNE VIE BIEN
REMPLIE
Pas encore assez
Bac en poche, il s’est offert
une année sabbatique , travaillant
un peu et multipliant les séjours
linguistiques, en Allemagne, ainsi
qu’en Amérique du sud et du
nord. Quelques années plus tard, il
décroche une licence en droit à
l’Université de Fribourg, qui lui
ouvre les portes notamment de
l’Institut de droit européen où il
travaille pendant trois ans, puis
de l’Office fédéral de la justice,
pour la même durée. Parallèlement, il accomplit une formation
en médiation.
Mais ce n’est pas encore assez.
Il retourne à l’Université – celle de
Bâle pour achever son doctorat
en droit, puis celle de Fribourg où
il fait son brevet d’avocat. Une activité, exercée dans une étude
bulloise, qui occupe 60 % de son
temps, le reste étant consacré à la
médiation et à la politique.
La politique, justement. CarlAlex Ridoré s’y donne à fond,
comme dans tout ce qu’il fait. Elu
en 2001 au Conseil général de Villars-sur-Glâne, il en occupe déjà
le perchoir. Il a également rejoint
le comité de la section socialiste
de sa commune dont il a pris la
présidence, fonction qu’il assume
Changer quelque chose chez C.-A. Ridoré? «Rien !», s’exclament sa mère et sa femme, toutes deux préférant «le garder comme il est». A . WICHT
aussi à la Fédération socialiste de
Sarine-campagne.
Le garder comme il est
Du temps pour les loisirs ?
Mais bien sûr. Après avoir fait du
basket pendant ses années de collège (aux côtés de Patrick Koller et
de Harold Mrazek), il s’est tourné
vers le chant qu’il pratique dans
divers chœurs. «La musique en
général et le chant en particulier
m’apportent beaucoup; c’est vraiment une nourriture», dit-il. Il a
même fondé, avec des amis, l’octuor Contretemps.
En plus de tout cela, il est aussi «très présent à la maison», selon
sa femme : il s’engage énormément envers les gens qui lui sont
proches, se débrouille pour avoir
du temps, a de l’attention pour
chacun, ne laisse rien de côté. «Je
ne sais pas comment il fait», rigo-
le Florence Studer Ridoré qui apprécie particulièrement ce côté
«entier». Qu’est-ce que sa mère et
sa femme changeraient chez lui ?
«Rien !», s’exclament-elles, toutes
deux préférant «le garder comme
il est». I
Samedi: Denis Boivin
> Naissance 14 mars
1972 à Villars-surGlâne.
> Scolarité à Villarssur-Glâne et Fribourg;
bac latin-grec à
Sainte-Croix.
> Formation droit aux
Universités de Fribourg et Bâle (licence
bilingue, doctorat en
droit européen, brevet
d’avocat).
> Emplois Institut de
droit européen, Office
suisse d’aide aux réfugiés, Office fédéral de
la justice dans le
domaine des droits de
l’homme. Travaille
actuellement comme
avocat auprès d’une
étude bulloise.
> Autres activités
médiateur, membre de
la commission fédérale d’admission au
service civil.
> Mandats politiques
élu en 2001 au Conseil
général de Villars-surGlâne (président cette
année). Elu au Grand
Conseil en 2006.
> Vie privée marié
depuis 2007 avec Florence Studer.
> Loisirs principalement le chant.
«Je veux que les projets avancent...»
Carl-Alex Ridoré, comment êtes-vous venu
à la politique ?
Ça vient de mon engagement social, au sens large du terme. J’ai toujours été engagé, mon activité la plus lointaine et probablement la plus marquante ayant été le scoutisme que j’ai pratiqué
entre 5 et 20 ans. Je crois que c’est de là que m’est
venu le virus des activités en société. Je pourrais
en parler longtemps...
A la fin des années 1990, je suivais beaucoup
l’actualité et cela m’a donné envie de me lancer.
J’avais hésité à le faire au moment de la Constituante, mais je n’étais pas prêt. J’ai fait le pas en
2001 pour les élections communales. Cela correspond au moment où je suis entré dans l’administration fédérale et j’avais envie de garder le
contact avec «le terrain». Entre le domaine du
droit international et les réalités locales, j’étais
sûr de garder les deux pieds sur terre.
ment des conflits que comme outil de gestion
des collaborations entre communes ou institutions. Dans la formation qu’on suit, l’accent est
mis sur les différents moyens à utiliser en cas de
conflits. C’est bien de les connaître pour y recourir à bon escient.
tant d’entendre ces jeunes gens dire leur vision
du monde. Là, on siège par groupes de trois,
mais je prends mes décisions tout seul. Non seulement cela ne me pose pas de problème, mais je
le fais avec un certain plaisir. La solitude du préfet ne me fait pas peur.
En quoi consistent précisément la formation et le rôle
de médiateur ?
Les médiations familiale et scolaire ont été développées en premier, avec des formations spécifiques. Des formations généralistes sont proposées depuis quelques années. Elles se font en
cours d’emploi. La médiation est essentiellement utile entre personnes appelées à se côtoyer
sur la durée – la famille, les relations professionnelles et de voisinage, par exemple dans les PPE
où les conflits sont nombreux. J’interviens surtout dans les deux derniers domaines.
Qu’est-ce qui vous fait avancer, qui vous
enthousiasme ?
L’idée de pouvoir, avec d’autres, faire des projets,
créer, mettre en place. Cela a été le cas pour l’octuor Contretemps, la Maison de la médiation...
Au niveau politique, c’est pareil. Il faut voir où
sont les besoins et se mettre ensemble pour créer
quelque chose qui y réponde.
Il y a aussi eu l’exemple de votre père...
Clairement, oui. Mon goût de l’engagement
vient en grande partie de lui, mais aussi de ma
mère qui vivait sa profession d’infirmière comme une forme d’engagement.
Comment s’adresse-t-on à vous ?
Je travaille comme indépendant. Mais on s’est
mis à plusieurs pour créer la Maison fribourgeoise de la médiation, afin de donner de la visibilité
à cette activité et pour que les gens intéressés sachent vers qui se tourner.
Quelle est votre motivation pour aller plus loin en
politique ? Vous envisagez de quitter sans regret
votre activité d’avocat ?
Oui. Une chose me frappe en regardant le job de
préfet : c’est la fonction qui rassemble le mieux,
sous une seule casquette, différentes activités
que j’exerce maintenant de manière séparée. Il y
a une parenté avec le métier d’avocat; il y a aussi
l’aspect médiation – autant sous l’angle du règle-
Mais la médiation a ses limites. Comme préfet, il faut
aussi trancher...
Le préfet est une autorité spéciale, puisqu’il y en
a très peu où la personne est seule. Je suis depuis
quelques années membre de la commission fédérale d’admission au service civil. Cela m’intéresse à plusieurs titres : il y a d’une part l’aspect
conflit de conscience, d’autre part c’est impor-
Etes-vous ambitieux ? Avez-vous le goût du pouvoir ?
Je suis ambitieux dans le sens où j’ai conscience
que des choses se décident à un certain niveau et
que j’ai envie d’y participer, mais en gardant une
certaine humilité, le goût de ce qui est simple, local. Ce n’est pas que je veuille le pouvoir, mais je
veux que les projets avancent. S’il faut assumer
une fonction pour cela, je suis prêt, pour autant
que j’aie l’impression de pouvoir apporter
quelque chose.
Comment vos amis vous voient-ils ?
Je crois qu’ils m’apprécient pour mes différentes
facettes. Autant le côté passionné que l’aspect
plus analytique.
Et quel ami êtes-vous ?
Un ami fidèle, je crois. Pour moi, ça compte.
C’est lié à la notion d’engagement qui implique
aussi la continuité. J’ai quelques amis de très
longue date.
Ce que vous aimez, ce que vous n’aimez pas...
J’aime les défis et la musique. Je n’aime pas –
éclat de rire – le hareng. En fait, je ne suis pas fanatique de poisson, au grand désespoir de ma
mère qui est née au bord de la mer et qui adore ses
produits.
Vos parents sont venus de Haïti en Suisse. Connaissez-vous «votre» pays ?
Oui et non. Mes parents ont eu à cœur de toujours nous donner, à ma sœur et à moi, accès à la
culture haïtienne. Ils nous ont parlé en créole autant qu’en français et ma mère cuisine les plats
des deux pays. Mais, de fait, je ne suis allé que
trois fois et demi en Haïti... la demi-fois j’avais 18
mois. Donc je m’y sens quand même assez étranger, d’autant que nous n’y avons quasiment plus
de famille.
Vous vous sentez Suisse, alors ?
Les deux, mais je me sens surtout Fribourgeois.
Avez-vous souffert, ici, d’un racisme sous-jacent ?
Comme enfant, adolescent, jeune homme, non.
C’est peut-être plus facile quand on est né sur
place, l’intégration se fait plus naturellement.
Depuis quelques années cependant, je perçois
plus qu’avant certaines formes de racisme. Pas
forcément à mon égard, mais le contexte social
a changé. Je suis très content de ne pas grandir
aujourd’hui.
PROPOS RECUEILLIS PAR MJN

Documents pareils