Princesse Tam Tam parie sur les start-up internes

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Princesse Tam Tam parie sur les start-up internes
Princesse Tam Tam parie sur les start-up
internes
LE MONDE | 10.05.2013 Par Nicole Vulser
La marque de lingerie incite ses salariés à piloter des projets sur des matières ou des
collections. | Princesse tam.tam
Changer la façon de travailler, favoriser l'innovation, gommer les
hiérarchies. C'est le credo de Pierre-Arnaud Grenade, directeur
général de Princesse Tam Tam, l'entreprise de lingerie du groupe
japonais Fast Retailing.
Très concrètement, il a créé au sein de la société huit "microstart-up" animées par des salariés,
qui ont envie de travailler sur un projet ou un sujet : les matières du futur par exemple (la soie
qui ne se repasse pas) ou la naissance d'une nouvelle collection.
C'est ainsi qu'Elodie Bilger, la responsable de la communication de la griffe, est devenue, ditelle, "une vraie patronne". "Je souhaitais qu'une ligne de vêtements de sport voie le jour, qui
soit à la fois technique et mode, plus ajustée, avec des détails plus féminins, et qui incarne
aussi une joie de vivre", explique-t-elle.
Cette jeune femme sportive a choisi son équipe d'une dizaine de personnes selon leur
motivation, leur expertise et leur disponibilité. Elle a travaillé aussi bien avec des financiers
qu'avec les stylistes, dirigées par la directrice du style, Margaux Vidgen.
MÉTHODES DE TRAVAIL INSPIRÉES DE CELLES DE GOOGLE
Moins d'un an après le démarrage du projet, une première ligne estivale de onze vêtements,
baptisée Sporty ! by Princesse Tam Tam, vient d'arriver en boutique. "Cela devient concret
assez vite", se félicite Mme Bilger. La ligne va s'étoffer pour passer à plus de vingt articles
l'hiver prochain.
Ces méthodes de travail sont directement inspirées de celles mises en place chez Google.
L'application à la lettre du "donnez de la liberté aux salariés, ils vous éblouiront".
Cela permet "à chacun d'avoir le droit d'intervenir, d'être moteur dans les changements, et
cela pousse aussi les aînés", explique M. Grenade.
"C'est un peu comme un business angel en interne. A chaque fois, nous donnons des objectifs
de chiffre d'affaires, et il faut faire attention aux coûts", ajoute le directeur général. Le temps
consacré à ces microstart-up ne doit toutefois pas excéder 20 % du temps de travail, expliquet-il.
A ses yeux, la "génération Y" des 25-30 ans doit faire partie de l'aventure, puisque ce sont ces
femmes qui sont directement visées pour devenir les clientes de demain.
Après avoir réorganisé le réseau de magasins dans l'Hexagone et insufflé un renouvellement
des collections de la marque, M. Grenade s'est donné pour objectif d'internationaliser
davantage l'entreprise, les ventes à l'étranger ne constituant qu'un cinquième du chiffre
d'affaires.
1 MILLIARD D'EUROS DE CHIFFRE D'AFFAIRES D'ICI À 2020
"Nous allons ouvrir 80 boutiques dans les trois, quatre prochaines années", assure-t-il.
Notamment à Paris, au Japon, aux Etats-Unis et en Chine, où Fast Retailing, qui est aussi la
maison mère d'Uniqlo, sert de solide base d'appui. Et permet, grâce à sa trésorerie, de financer
l'expansion de la marque de lingerie.
L'ambition du directeur général de Princesse Tam Tam est d'atteindre 1 milliard d'euros de
chiffre d'affaires d'ici à 2020. Fast Retailing, coté à la Bourse de Tokyo, ne publie pas
séparément - sauf pour Uniqlo - les résultats de toutes ses filiales.
Princesse Tam Tam fait partie du pôle qui regroupe Comptoir des cotonniers, la griffe
américaine Theory, ainsi que l'enseigne bon marché Gu. Ensemble, en août 2012, elles
pesaient 1,18 milliard d'euros de chiffre d'affaires. Et visent 1,5 milliard en août 2013.
Autant dire que la marque de lingerie doit devenir au moins cinq fois plus importante pour
atteindre l'objectif fixé par M. Grenade d'ici à 2020. Ce dernier affiche une tranquillité
désarmante : "Il suffit de raisonner en se disant que 2013, c'est 2020 moins 7. C'est un effet
dopant. Il reste sept ans pour atteindre cet objectif, et donc le déroulé se fera plus facilement,
en étant mieux intégré."
Une étonnante méthode d'autopersuasion dans les affaires qu'a aussi faite sienne, jusqu'à
présent avec bonheur, Tadashi Yanai, le PDG de Fast Retailing, persuadé, très tôt, de faire
partie de la cour des géants mondiaux du prêt-à-porter.
Nicole Vulser