Foulard dans l`enseignement supérieur : coup de sonde

Transcription

Foulard dans l`enseignement supérieur : coup de sonde
Foulard dans l’enseignement
supérieur : coup de sonde
Ce n’est pas encore pour la
rentrée scolaire de septembre que
la Communauté française aura
trouvé une conclusion à la saga du
foulard islamique à l’école, étant
entendu que, comme tout le monde
en convient désormais, il faut
absolument légiférer. La difficulté
de trouver un compromis tient à
la contradiction intrinsèque entre
deux arguments mis en avant par les
partisans de l’interdiction.
En effet. Soit on considère que la
question du foulard relève d’une
espèce d’« ordre public » scolaire, et
alors il faut l’interdire totalement,
et tout particulièrement pour les
élèves les plus âgées qui sont les
plus susceptibles de troubler cet
ordre. Soit on considère qu’il s’agit de
protéger l’enfant à un âge où il n’est
pas encore capable de discernement,
et on ouvre la porte à une solution
de compromis autorisant le port du
foulard pour les plus âgées, à partir
de 14 ou (chiffre le plus souvent
cité) 16 ans.
POLITIQUE, n°66
septembre-octobre 2010
Mais il semble à tout le moins qu’il
y ait un accord général pour que la
possibilité même d’une interdiction
généralisée s’arrête à la fin de la
scolarité obligatoire. Pour ce qui est
de l’enseignement supérieur, il ne
devrait pas être question de mettre
une entrave à la liberté religieuse
d’élèves adultes. Ce point de vue
est régulièrement affirmé par des
universitaires qui, comme Guy
Haarscher, militent pour l’interdiction
du foulard aux degrés inférieurs.
Pourtant, dans les Hautes Écoles, et
sans que ça ne soulève de vagues,
l’interdiction semble gagner du
terrain, ainsi qu’en témoigne ce coup
de sonde.
À la Haute École provinciale du
Hainaut-Condorcet, le port du foulard
a été interdit par décision unanime
du Conseil provincial en date du
15 septembre 2009. Le règlement
d’ordre intérieur stipule, dans un
curieux amalgame : « Dans la Haute
école, les étudiants n’exhibent
aucun signe distinctif porteur de
valeurs à caractère xénophobe,
philosophique ou religieux. Dans les
locaux où sont dispensées les activités
d’enseignement, le port d’un couvre-
chef n’est pas autorisé, à l’exception
des impositions professionnelles. »
Or, cet établissement rassemble une
cinquantaine de filières, qui pour
la plupart n’ont rien à voir avec les
domaines régulièrement controversés
de la santé ou de l’enseignement
– dont les filières techniques de
l’ancienne Université du Travail.
À Bruxelles, la Haute École Ilya
Prigogine (l’ancienne École
ouvrière supérieure, libre non
confessionnelle) interdit « tout signe
extérieur ostensible d’appartenance
philosophique ou religieuse lors des
activités d’enseignement ». La Haute
École Francisco Ferrer (Ville de
Bruxelles) « interdit de se présenter
en portant des insignes, des bijoux
ou des vêtements qui reflètent
une opinion ou une appartenance
politique, philosophique ou
religieuse. » À la Haute École PaulHenri Spaak (Communauté française),
l’étudiant « ne portera aucun signe
distinctif philosophique, religieux
et/ou politique tant à l’intérieur de
la Haute École que lors d’activités
extérieures »...
Par contre, à la Haute École de
la Province de Liège, « en ce qui
concerne le port d’insignes, de bijoux
ou de vêtements qui expriment une
appartenance philosophique, religieuse
et/ou politique, les étudiants
devront se conformer, à l’intérieur
de la Haute École, aux exigences des
activités d’enseignement (natation,
laboratoire...) ». À la Haute École de
Namur, on se limite à fixer un cadre
général qui ne ferme aucune porte :
« Les étudiants veilleront, dans leurs
attitudes, propos, comportements et
tenue vestimentaire, tout au long
de leur présence dans la Haute École
ou activités parascolaires, ainsi
que pendant leurs stages : au strict
respect des personnes avec qui ils
entrent en contact (...), au plus grand
respect des différences (physiques,
intellectuelles, psychologiques,
sociales, culturelles...). Ils
appliqueront les règles de savoir-vivre,
de courtoisie, de discrétion et de
déontologie propres à la profession à
laquelle leur formation les prépare. »
Il n’est toujours pas question
d’interdiction dans les
Universités. n HG
Politique
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