Les images satellitaires au service de l`agriculture
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Les images satellitaires au service de l`agriculture
1 Les images satellitaires au service de l’agriculture: inventaire des services développés actuellement. Pierre Lebrun Les images satellitaires ont fait leur entrée en agriculture depuis plusieurs années, pour des usages progressivement plus nombreux, et avec des résultats de plus en plus précis. Leur utilisation dans le cadre des contrôles des surfaces cultivées (PAC) est devenue obligatoire et routinière. Les images prises par les satellites ont aussi mené à des applications plus agronomiques: évaluation de la surface foliaire, estimation de la teneur en chlorophylle, indices de végétation, calcul de l’évapotranspiration… autant de facteurs qui déterminent directement la production de biomasse (et donc le rendement), mais aussi certains critères de qualité (teneur en matière sèche, valeur énergétique,…). L’utilisation de l’information issue des images satellitaires peut également être intégrée dans des modèles de croissance des plantes ou des systèmes d’aide à la décision. Il est alors possible de compléter les lacunes des différentes sources d’information et d’améliorer ainsi les estimations et les prédictions. Certains modèles existent depuis plus de 20 ans, et intègrent toujours davantage de critères observés comme des informations agrométéorologiques ou celles liées aux caractéristiques du sol. Ils se sont affinés par validation avec les observations de terrain, ce qui les rend de plus en plus fiables. Les possibilités d’exploitation de ce couplage images satellitaires et modèles sont multiples. Différents services existent aujourd’hui, proposant des applications le plus souvent payantes, avec divers objectifs : - La conduite « en temps semi-réel » de la culture en fonction des observations effectuées à l’échelle de la parcelle (en agriculture de précision notamment) ; - La connaissance du rendement et de la qualité moyens en culture à l’échelle de l’exploitation comme base de réflexion pour la stratégie de valorisation, ou pour l’organisation pratique des travaux de récolte ; - L’estimation du rendement moyen et de la qualité moyenne des productions à l’échelle d’une zone plus large (région, pays, bassin de production, continent) pour appréhender les évolutions possible des marchés. De quoi se compose l’imagerie satellitaire? Quelles sont les bases des modèles de croissance développés? Quelles sont les limites et les perspectives d’usage des images satellites? La Fiwap s’intéresse depuis 2 ans aux résultats de la recherche appliquée réalisée par le CRA-W en Belgique sur l’usage des images satellitaires. Nous avons aussi approché plusieurs services qui développent des applications concrètes proposées aux professionnels du secteur, à savoir (liste non exhaustive): service BCGMS (Belgique); Basfood (PaysBas); EARS (Pays-Bas). Les bases de l’imagerie satellitaire: Il existe différents types de satellites utilisables (Meteosat, Envisat, Landsat, Spot,…) ayant des capteurs de résolutions spatiales (du sub-métrique au km) et spectrales (multispectral, hyperspecral, radar…) différentes. Le choix se fait notamment en fonction des besoins. Meteosat se distingue par son altitude très élevée (35.800 km) par rapport aux autres (570 à 905 km). Les images utilisées sont prises dans le visible et le proche infrarouge (longueurs d’onde de 400 à 1100 Nm) et dans l’infrarouge thermique (de 5.700 à 12.500 Nm). Elles traduisent la réflectance des cultures, qui varie selon le type de culture, la variété, la couverture du sol, la composition des végétaux, l’état sanitaire,… A partir de ces images, il est alors possible de réaliser certains traitements comme des classifications pour cartographier l’occupation du sol et suivre l’état des cultures ou de calculer des indices de végétation pour des diagnostics agro-environnementaux et la gestion des productions. Les images satellitaires ont une taille maximale (appelée scène) très variable : depuis le globe terrestre entier (Meteosat) jusqu’à une dimension de 60 km de côté. La précision 2 (taille des pixels unitaires) varie entre 5 m et 2,5 km, selon l’utilisation prévue de l’image. Pour une culture dans une parcelle déterminée, les données de réflectance issues de l’imagerie satellitaire peuvent être intégrées dans des modèles de croissance qui assimilent aussi un maximum d’éléments propres à la parcelle (date de plantation, variété, type de sol,…), mais surtout les observations météorologiques locales (pluviométrie, températures, humidité,…). Il en ressort diverses estimations possibles: - Paramètres agronomiques: indice foliaire (surface de feuilles par m2 de sol), statut azoté de la plante,… - Paramètres biophysiques: évapotranspiration, captation du CO2, déficit hydrique (différence entre l’évapotranspiration et les précipitations), - Paramètres de rendement: production de biomasse, rendement actuel, prévisions de rendement final, teneur en matière sèche,… Le coût d’acquisition d’une image scène est assez élevé (plusieurs milliers d’euros), sans compter les coûts liés au traitement de l’image. Actuellement, dans le cadre agricole ou agronomique, les images satellitaires sont acquises principalement par des institutions de recherche ou de développement, à des tarifs préférentiels. Mais leur utilisation dans le cadre de services commerciaux se développe assez rapidement grâce à la mutualisation du service (une image peut service pour plusieurs objectifs, parcelles). Les applications en culture de pomme de terre: L’imagerie satellitaire pourrait jouer un rôle important dans un avenir proche dans le secteur de la pomme de terre: - Au niveau national ou européen, plusieurs modèles permettent d’estimer en cours de culture le rendement final potentiel, et donc la production européenne potentielle (en quantité et en qualité) dès lors que les surfaces implantées sont connues. Etant donné le caractère spéculatif du marché libre de la pomme de terre, cette information est de première importance pour les opérateurs économiques concernés (producteurs, négociants, transformateurs industriels,…) ou pour les organisations professionnelles d’encadrement économique (telles que la Fiwap par exemple) ; - Au niveau sous-régional ou parcellaire : o Un agriculteur peut suivre « en temps réel » les performances de chacune de ses parcelles et repérer ainsi les anomalies ou les résultats particuliers. L’image satellite constitue ainsi un outil de suivi complémentaire au suivi de terrain (auquel elle ne peut cependant pas se substituer totalement); o l’imagerie satellitaire se développera dans les prochaines années dans le cadre de l’agriculture de précision. De nouvelles constellations comme Pléiades 1 & 2 ou Spot 6 & 7 seront très prochainement opérationnelles avec des résolutions spatiales et spectrales meilleures. Couplée à l’ordinateur de bord du tracteur ou du pulvérisateur, l’image satellite d’une parcelle permet par exemple l’application adaptée d’engrais selon les variations spatiales de fertilité mises en évidence par cette même image. Les limites de l’imagerie satellitaire: L’imagerie satellitaire dans le visible et l’infrarouge utilise des longueurs d’ondes qui ne traversent pas la couverture nuageuse. Il faut donc un ciel suffisamment dégagé (par exemple maximum 10 % de nuages) pour que l’image soit pleinement utilisable. Sous nos latitudes, cela pose régulièrement des problèmes. En 2008 par exemple, aucun cliché valable n’a pu être pris durant près de 6 semaines (de mi-juin à fin juillet) sur la zone de Gembloux. Cette année encore, malgré l’été bien ensoleillé, les possibilités de prise d’images ont été perturbées régulièrement. La non disponibilité d’une image doit être envisagée, ce qui explique l’utilisation de plus en plus fréquente d’images multicapteurs (notamment issues du radar) et le couplage de ces informations à des modèles agrométéorologiques. La fiabilité et la précision des modèles de croissance doivent encore progresser. C’est une question de connaissance de la physiologie végétale, mais aussi une question de validation des modèles au fil des années climati- 3 quement différentes. Quels sont les critères de récolte qui peuvent raisonnablement être évalués à l’heure actuelle par l’imagerie satellitaire dans le domaine de la pomme de terre ? En premier lieu la production de biomasse (et donc du rendement): elle est directement liée à l’ensoleillement et à la disponibilité en eau (= pluviométrie – évapotranspiration), et les modèles sont déjà bien éprouvés. Ensuite la teneur en matière sèche, surtout pour les variétés les mieux connues. On sera par contre beaucoup plus prudent avec les éventuelles évaluations des caractéristiques des tubercules. Les services concrets actuellement disponibles pour la pomme de terre: 1. B-CGMS : L’estimation du rendement des productions agricoles belges: Ce service prend la forme d’un bulletin bimestriel élaboré régulièrement tout au long de la saison de culture (actuellement 3 fois entre avril et septembre). Ce bulletin renseigne sur le développement général de la biomasse et donne la valeur estimée la plus probable du rendement moyen des principales cultures à partir d’un ensemble de variables explicatives provenant de 3 sources d’information: données météo, données agrométéorologiques issues du modèle BCGMS (Belgian Crop Growth Monitoring System) et imagerie satellitaire. Les images satellitaires utilisées proviennent du capteur « Végétation » du programme SPOT 4t qui renseigne sur l’état de la végétation par zones de 1 km2. L’approche ne fournit pas de suivi parcellaire individuel et tient pas compte des difficultés de récolte éventuelles. Le service résulte de la collaboration entre 3 partenaires: - Le CRA-W; - L’Université de Liège, Département des Sciences et Gestion de l’Environnement; - Le VITO (Vlaams Instelling voor Technologisch Onderzoek) à Mol. Le bulletin synthétise les conditions météorologiques de la période précédente (pluviométrie, températures via la somme des °C jours, ensoleillement). Il reprend aussi l’information satellitaire, (principalement sous forme d’indices de végétation et de réflectance du feuillage), avec des cartes de Belgique assez détaillées. Enfin, il décrit l’état des cultures (situation actuelle et prévision des rendements) par région agricole, à l’aide de tableaux reprenant les rendements attendus et la comparaison avec une période de référence de 5 années (voir tableau 1). Tableau 1: Exemple de données de rendement calculées par le modèle B-CGMS (extrait du bulletin du 31 août 2007 (6ème année, n°2): Rendement (t/ha) Région agricole Dunes & Polders Région sablonneuse Campine Région sablo-limoneuse Région limoneuse Campine hennuyère Condroz Région herbagère Région herbagère (Fagnes) Famenne Ardenne Région jurassique Belgique Pomme de terre (Bintje) Moyenne 2002 – 06 2007 (prévisions) (source : INS) 44,52 48,64 45,91 51,15 46,99 54,39 45,89 49,77 45,67 49,62 44,86 45,92 46,99 51,92 50,97 58,03 47,93 53,50 37,36 42,41 39,25 44,39 24,65 30,04 45,71 t/ha 49,87 t/ha 2007 (prévisions) / moyenne (%) + 9,3 + 11,4 + 15,7 + 8,7 + 8,6 + 2,4 + 10 5, + 13,9 + 11,6 + 13,5 +,13 1 + 21,9 + 9,1 % 4 Le bulletin est diffusé gratuitement par courriel, sur simple demande auprès d’un des partenaires. Coordonnées : - Université de Liège: Bernard Tychon ([email protected]), Laureline Scohy ([email protected]) ou Antoine Denis ([email protected]. be); - CRA-W Gembloux: Robert ([email protected] ); ou Catherine Marlier - VITO – Mol: Isabelle Picard ([email protected]), ([email protected] ) ou Antoine Royer ( [email protected] ). Herman Eerens Oger ([email protected]) 2. FAST: l’estimation du rendement et de la production européenne de pomme de terre: territoire européen, avec une « fourchette » allant globalement de -7 % à + 8 % selon les pays (voir tableau 2). FAST est l’abréviation de Food Assessment by Satellite Technology (Evaluation des cultures alimentaires par technologie satellitaire). C’est un service développé par la société hollandaise EARS située à Delft, basé sur des images prises toutes les heures dans le visible et l’infrarouge par les satellites météorologiques géostationnaires Meteosat. Ces images sont ensuite traitées en 3 étapes : - Les données horaires sont converties en valeurs moyennes journalières de température à la surface du sol, température de l’air, radiation globale, radiation nette et évapotranspiration potentielle et réelle ; Les prévisions de rendement (et donc de production) sont calculées et publiées aussi par zones sous-nationales: par exemple par Province en Belgique ou aux Pays-Bas, par Région en France, par Länder en Allemagne,… EARS propose 2 abonnements individuels pour les professionnels de la pomme de terre: - Un abonnement à une publication tous les 10 jours à partir du 1er juillet et jusqu’à la fin de la saison, pour un coût de 1.250 € ; - Un abonnement à une publication en fin de saison (2 à 3 message à partir du 1er septembre), pour un coût de 70,00 €. Outre les prévisions chiffrées, EARS élabore des cartes géographiques colorées représentant le différentiel entre le rendement estimé pour la saison en cours et la moyenne des 5 dernières années. Cela permet de visualiser rapidement les bassins où la croissance est favorisée et ceux où la croissance est freinée. EARS fait valoir une expérience d’utilisation d’images satellitaires à travers le monde entier et dans des domaines très divers : suivi des cultures dans le cadre des programmes alimentaires en Afrique de l’Est, évaluation des régimes hydriques en Chine, dynamique des précipitations en Inde, études des zones arides,… Pour une information plus complète : voir www.ears.nl Coordonnées complètes : EARS BV, Kanaalweg 1, NL - 2628 EB DELFT. Tél : 0031 152562404 Courriel : [email protected]/ - Les valeurs de radiation et d’évapotranspiration sont encodées dans un modèle de croissance des cultures, qui simule le rendement de la culture sur base journalière en tenant compte du déficit hydrique éventuel, des pertes de matière sèche pour la respiration, de l’efficience de l’utilisation de la lumière pour la photosynthèse,… - L’estimation des rendements est intégrée dans le calcul de production par région, province ou pays. Les zones urbaines, les surfaces d’eau, les forêts et les zones non exploitées sont exclues de ce calcul, lequel est aussi basé sur les données statistiques officielles des années antérieures. EARS évalue la précision moyenne de son estimation à +/- 1,2 % pour l’ensemble du 5 Tableau 2: Prévisions 2008 EARS et chiffres officiels nationaux publiés: Europe Albanie Allemagne Autriche Belgique Bosnie Herzégovine Danemark Espagne France Grèce Hongrie Italie Lituanie Luxembourg Pays-Bas Pologne Portugal Roumanie Suède Suisse Production totale Prévision FAST Rendement Production Tonne/ha Mille tonnes 18,7 155 43,0 11197 32,0 730 45 2862 10,2 414 37,2 1509 29 2474 44 6956 23,5 789 24 607 27,6 1830 14,0 672 35,0 21 44 6684 20 10639 16 640 15 3876 31 837 47,9 527 Prévision FAST 53.419.000 tonnes Chiffres Eurostat Rendement Production Tonne/ha Mille tonnes 19,9 165 43,2 * 11259 * 33,0 * 756 * 44 2804 10,4 425 34,9 1417 27 2325 45 7183 25,3 848 26 658 25,6 1694 15,0 * 706 * 36,0 * 22 * 46 6993 19 * 10005 * 15 592 14 * 3683 * 32 853 37,0 * 408 * Chiffres Eurostat 52.796.000 tonnes Différence Production Mille tonnes % - 10 -6 - 62 -1 - 26 -3 + 58 +2 - 11 -3 + 92 +6 + 148 +6 - 227 -3 - 59 -7 - 51 -8 + 136 +8 - 34 -5 -1 -5 - 309 -4 + 634 +6 + 48 +8 + 193 +5 - 16 -2 + 119 + 29 Différence + 1,2 % * = chiffres provisoires Eurostat 3. BASFOOD: le suivi des parcelles individuelles: BASFOOD est une société hollandaise située à Eindhoven. Elle développe un service qui permet aux agriculteurs d’inscrire des parcelles individuelles pour un suivi tout au long de la saison de culture. Le service Basfood fonctionne entièrement via un site web très perfectionné (www.mijnakker.nl) mais très convivial, qui donne accès à de très nombreuses fonctionnalités dès que le client y a ouvert un compte (accès protégé par nom d’utilisateur et mot de passe): - Inscription des parcelles en ligne (traçage sur carte (avec indication des routes, chemins,… et/ou sur image satellite)); - Encodage des données de la parcelle (type de culture, date de plantation/semis, variété, date de défanage prévue,…); - Suivi de nombreux critères de culture répartis en 4 groupes: croissance, humidité, nutrition minérale, rendement; - Choix de différents services additionnels: estimation du rendement, conseils par des conseillers techniques partenaires du projet, encadrement pour la fumure, l’irrigation, ou les analyses de sol,… Lorsque l’utilisateur ouvre son compte, il peut, via divers onglets, visualiser chacune de ses parcelles séparément sous la forme d’un graphique et d’une carte colorée (voir exemple plus loin), et ce pour les critères suivants: - L’onglet « croissance » reprend les données de production de biomasse (kg/ha/semaine), l’absorption de CO2, l’indice foliaire (m2 de feuillage par m2 de sol), et l’indice de végétation (reflet de la réflectance du feuillage) ; - En matière d’humidité, le site montre le déficit d’évaporation (mm/semaine), l’évaporation actuelle (mm/semaine), le déficit ou l’excès de précipitations (mm/2 semaines) et l’évaporation de référence; - Les aspects de nutrition minérale sont repris sous la forme de contenu en azote dans la couche supérieure du feuillage (kg N/ha), et de contenu en azote dans le feuillage total (kg N/ha); - Enfin, l’évolution du rendement (tonnes/ha) et du PSE (g/5 kg) sont accessibles également. Le service Basfood est actuellement activé sur la majeure partie du territoire hollandais, ainsi que sur la province du Limbourg belge. 6 (Image BASFOOD extraite de www.mijnakker.nl) Pour toute information: BasFood BV - De Zaale, 11 (Twinning Center) - Nl - 5612 AJ Eindhoven Tél: 0031408514250 7 Les activités de la Fiwap en matière d’imagerie satellitaire depuis l’an passé : Depuis l’an passé, dans le cadre du Centre Pilote Pomme de terre, les images satellites sont entrées dans le programme d’action de la Fiwap au travers de 2 activités principales : - Mettre à l’épreuve le service proposé par Basfood (Pays-Bas – voir par ailleurs): grâce à la collaboration précieuse du PCA (Kruishoutem) et d’un producteur de pomme de terre de Waterland-Oudeman, 3 parcelles de ce producteur situées à la frontière hollandaise (dans la zone couverte par le service « Basfood ») ont été échantillonnées en 2008 en cours de culture et en fin de culture. Les résultats (rendement et PSE essentiellement) ont été comparés aux prévisions fournies par Basfood; - Contribuer à la recherche appliquée réalisée par le CRA-W à Gembloux: une image satellitaire a été acquise fin août 2008, sur laquelle une quarantaine de parcelles de Bintje ont été localisées (dans un rayon de 30 km autour de Gembloux) grâce à la collaboration de nombreux membres (merci à eux!). Une dizaine de ces parcelles ont été échantillonnées en fin de saison pour évaluation du rendement et du PSE. L’objectif est de rechercher, sur les parcelles échantillonnées, une corrélation entre la réflectance et le rendement. L’extrapolation aux autres parcelles identifiées devrait permettre de confirmer ou d’infirmer l’estimation du rendement moyen de la région établie sur base d’autres parcelles de référence. Ces 2 activités ont été reconduites en 2009, et les résultats seront communiqués début 2010. Les recherches actuelles réalisées au CRA-W : Depuis le 1er avril 2008, le CRA-W développe un projet spécifique sur l’utilisation des images satellites (appelé « MIMOSA1 ») dans le cadre des systèmes d’aides à la décision (SAD) favorisant une agriculture raisonnée à l’échelle de l’exploitation ou du territoire. Les travaux concernent la gestion des prairies, et la fertilisation raisonnée des cultures de froment d’hiver et de pomme de terre. Les objectifs généraux du projet sont les suivants : - Développer une méthodologie multi-capteurs capable de gérer l’éventuelle absence d’image; - Intégrer l’information extraite des données d’observation de la terre dans les modèles de croissance des cultures; - Mettre en relation l’information satellitaire avec le statut azoté des cultures de pomme de terre et de froment d’hiver, et l’intégrer dans les SAD relatifs à la fertilisation; - Améliorer le SAD « Opti MAE » relatif à la gestion des prairies. Jean-Pierre Goffart et son équipe (CRA-W DPV) sont directement impliqués dans le projet, dans la ligne des activités développées ces dernières années avec les outils d’évaluation du statut azoté des cultures de pomme de terre (chlorophyllomètre, CropScan,…). Concrètement, il s’agit d’appliquer la méthode de fractionnement de la fumure azotée sur base de la réflectance du feuillage perçue par imagerie satellitaire. 1 Projet MIMOSA : Analyse des méthodes d'intégration des techniques de modélisation et de l'information satellitaire multi-capteurs dans des systèmes d'aide à la décision. http://cra.wallonie.be/index.php?page=24&id=110 Protéger les informations issues des parcelles individuelles ? L’utilisation libre des informations issues des images satellitaires ne risque-t-elle pas de mener à des dérives? Pour peu qu’elle soit accessible au plus grand nombre, l’estimation des productions sur une large zone (le bassin nord-ouest européen par exemple) grâce à l’imagerie satellite est une bonne chose (pour autant qu’elle soit aussi fiable) car elle contribue à la transparence des marchés. Par contre, si elle est d’accès réservé (par exemple par un prix prohibitif) il y a matière à se poser des questions. Une multinationale (de transformation par exemple) aux moyens conséquents se paiera plus facilement une image satellitaire à large échelle qu’une organisation de producteurs. Est-ce bien normal, alors que les parcelles de production sont la propriété des agriculteurs. Question pertinente, si on se rappelle combien la connaissance des productions (en quantité et en qualité) est déterminante pour l’évolution du marché dans les prochains mois. Autre cas de figure qui laisse des interrogations: un suivi parcellaire proche (pour peu, à nouveau, qu’il soit fiable) financé par l’acheteur (un négociant ou une usine par exemple) ôterait au vendeur (le producteur) toute possibilité de garder confidentiel sa production en quantité ou en qualité. Ne dépasse-t-on pas ici des limites sur la propriété privée? A l’heure actuelle, rien ne semble réglementer l’accès à l’information acquise par les satellites, les « yeux de l’espace » toujours plus perçants! Merci à Jean-Pierre Goffart (CRA-W DPV), Robert Oger et Dominique Buffet (CRA-W Biométrie) pour la relecture de ce texte.